En cours au Siège de l'ONU

7389e séance – matin
CS/11793

En présence de plusieurs ministres, le Conseil de sécurité tient un débat pour réaffirmer et redynamiser les buts et principes de la Charte des Nations Unies

Une douzaine de ministres des affaires étrangères ont participé aujourd’hui au débat public organisé par la présidence chinoise du Conseil de sécurité qui avait invité* à réfléchir sur le thème: « Maintien de la paix et de la sécurité internationale: tirer les enseignements du passé et réaffirmer notre attachement indéfectible aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies ».

La discussion de ce jour-ci a permis aux intervenants de faire l’inventaire des moyens qui sont à la disposition de la communauté internationale et de l’ONU pour faire face aux menaces de plus en plus complexes qui se posent à la paix et à la sécurité internationales, tout en examinant des propositions pour les renforcer.

Outre le Secrétaire général et les 15 membres du Conseil de sécurité, le débat a bénéficié de la participation de 67 autres délégations qui ont réaffirmé leur attachement aux principes fondamentaux de la Charte, au moment où l’ONU célèbre, cette année, son soixante-dixième anniversaire.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne a même proposé d’adopter, à l’occasion de cet anniversaire, une déclaration universelle qui réaffirmerait la validité des valeurs fondatrices de l’Organisation.

« La Charte des Nations Unies est un document vivant », a souligné à l’ouverture de la réunion le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en notant que « ses principes ont résisté à l’épreuve du temps ».

Le Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. Wang Yi, qui présidait ce jour les travaux du Conseil de sécurité, a cependant tenu à inviter le Conseil et les États Membres à redonner du souffle à la Charte et à lui donner un nouveau dynamisme face aux nombreuses menaces « non traditionnelles » qui se posent aujourd’hui à la sécurité du monde, notamment le terrorisme et les changements climatiques.

Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, le règlement pacifique des différends internationaux, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et la protection des droits de l’homme constituent les principes enracinés dans la Charte, ont réaffirmé avec force les participants au débat.

Toutefois, malgré cette adhésion universelle à ces valeurs, les échanges entre délégations  ont mis en évidence des cas de violations de la Charte commises par certains États qui s’ingèrent dans les affaires intérieures d’autres pays et créent ainsi des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Alors que le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie dénonçait « l’appui apporté au coup d’État anticonstitutionnel survenu en Ukraine », d’autres délégations, comme celles de l’Estonie et du Royaume-Uni, lui ont opposé « l’occupation et l’annexion illégale de la Crimée », et « l’intervention militaire en cours dans l’est de l’Ukraine » dont serait responsable son pays.  Le Ministre des affaires étrangères lituanien a estimé que « la Russie fait usage de sa puissance militaire en violation des droits souverains d’autres États ».  Cela est inacceptable, venant  d’un membre permanent du Conseil de sécurité, a relevé le représentant de l’Ukraine.

Le fait que ce genre de situation perdure est révélateur d’un manque d’unité au sein de l’Organisation, ont estimé certains intervenants.  Dans sa déclaration, le Secrétaire général a noté que, si la recherche et le maintien de la sécurité collective sont l’objectif central que s’est fixé l’ONU, il n’y a plus aujourd’hui de consensus ou d’unanimité sur ce que cela signifie.  À ce propos, la représentante des États-Unis a regretté les divisions existant entre les Etats Membres, qui empêchent le Conseil de sécurité de réagir efficacement face à des crises graves.  Elle a pris pour exemple l’inaction du Conseil « face aux actions menés par le régime syrien contre son propre peuple ».  Le Secrétaire général et plusieurs délégations ont donc invité les États Membres, dont ceux siégeant au Conseil de sécurité, à fortifier le sens de l’unité au sein de l’Organisation. 

Des cas où le Conseil a, au contraire, fait preuve d’unité et à de ce fait agi avec efficacité, ont aussi été évoqués, les délégations mentionnant à cet égard le consensus qui a été trouvé concernant la destruction des armes chimiques de la Syrie ou la lutte contre la menace posée par les combattants étrangers qui se rendent dans les zones de conflit en reviennent formés aux méthodes terroristes pour poser un danger à leur pays d’origine.

Dans ce même esprit d’unité, le représentant de la France a rappelé que son pays avait proposé un encadrement de l’usage du veto au Conseil quand des atrocités de masse ont été commises par les parties à un conflit.  De nombreux intervenants ont réaffirmé leur appui à cette initiative qui permettrait d’éviter la paralysie du Conseil dans des situations urgentes.

La discussion d’aujourd’hui a aussi donné l’occasion à certains États Membres, comme le Brésil, de redire leur espoirs de voir se réaliser la réforme tant attendue du Conseil de sécurité, qui doit aboutir pour revitaliser cet organe et lui donner un regain de légitimité.

Pour renforcer la mise en œuvre des principes de la Charte, le Conseil de sécurité doit aussi veiller à ce que les missions de maintien de la paix disposent d’une autorité et de moyens suffisants, y compris en matière d’état de droit et de protection des civils.  C’est ce qu’ont demandé plusieurs délégations en soulignant, dont celle de la Nouvelle-Zélande, qui a estimé que ces mandats ne sont pas assez centrés sur les vrais problèmes à résoudre.  En amont, des ministres et des représentants ont mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la performance de l’ONU et de la communauté internationale en matière de prévention des conflits.  Le représentant du Pakistan a, à cet égard, exprimé le souhait que le Conseil de sécurité utilise davantage le Chapitre VI de la Charte et qu’il n’ait recours aux outils du Chapitre VII, constitués de mesures coercitives, qu’en « dernier ressort ». 

Au cours du débat, des délégations ont vu la protection des droits de l’homme comme étant le rempart principal qui permettrait d’éviter un conflit.  En citant le cas de la Syrie, elles ont estimé que dès que les droits de l’homme sont bafoués, le risque de conflit s’élève.  À cet égard, la représentante des États-Unis a mis en garde contre les risques provenant des violations des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée et au Darfour.

 

* Cf. Lettre en date du 3 février 2015 dans laquelle le Représentant permanent de la Chine a informé le Secrétaire général que le Conseil tiendrait le 23 février un débat public.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Réfléchir sur l’histoire, réaffirmer l’engagement résolu dans les buts et principes de la Charte des Nations Unies

Lettre datée du 3 février 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Chine auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/87)

Déclarations

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a rappelé que l’ONU avait été créée pour empêcher une autre guerre mondiale, et qu’elle avait réussi dans cette entreprise.  Ces 70 dernières années auraient été encore plus sanglantes sans l’ONU, a-t-il estimé.  Il a aussi mentionné les progrès accomplis dans d’autres domaines de la vie des populations mondiales, notamment grâce à l’autonomisation des femmes et aux progrès du droit international et de la gouvernance internationale.  Le monde d’aujourd’hui est très différent de celui de 1945, a-t-il remarqué en soulignant que le nombre d’États Membres a presque quadruplé et que de nouvelles puissances ont émergé.  Il a aussi parlé de la mondialisation, de l’urbanisation, de la migration, des changements démographiques, des progrès technologiques et des changements climatiques.

Malgré toutes ces évolutions, a poursuivi le Secrétaire général, les aspirations de la Charte restent valables, et sont toujours d’une grande valeur et vitales.  Il a fait valoir que la Charte était un document vivant, contenant des principes qui ont résisté à l’épreuve du temps, comme le règlement pacifique des différends et la protection des droits de l’homme.  La sécurité collective est l’objectif central de l’Organisation des Nations Unies, a-t-il ajouté.  M. Ban a toutefois remarqué qu’il n’y avait plus d’unanimité sur ce que cela signifie, et il a invité le Conseil et les États Membres à fortifier le sens d’unité, qui doit prévaloir.

La responsabilité primordiale de prévention des conflits incombe aux États Membres, a dit M. Ban Ki-moon, la Charte étant claire à ce sujet.  Toutefois, il a regretté que, trop souvent, les États Membres ne soient pas à la hauteur de cette responsabilité.  Il a rappelé que le travail commun est fondé sur l’égalité souveraine de tous les États Membres des Nations Unies.  Le Secrétaire général a souligné que les mesures précoces de prévention des conflits et de protection des droits de l’homme renforcent la souveraineté des États, au lieu de la restreindre.  Il s’est demandé à cet égard si des efforts précoces pour traiter des violations des droits de l’homme et des doléances politiques exprimées en Syrie n’auraient pas permis d’y éviter l’escalade qui a mené le pays vers la situation atroce dans laquelle il est aujourd’hui.  « Ce sont les violations graves des droits de l’homme qui portent atteinte à la souveraineté », a insisté Ban.

Pour le Secrétaire général, le but primordial de l’action onusienne est de soutenir tous les acteurs des différentes institutions des pays, ce qui permet d’appuyer la souveraineté nationale.  Il a prôné une transformation conceptuelle de la façon dont nous concevons l’action des Nations Unies en matière des droits de l’homme.  Nous devons agir avant que la situation ne se détériore, a aussi demandé le Secrétaire général, appelant à ne pas rester indifférents.  Les gouvernements acquièrent et renforcent leur souveraineté en assumant la responsabilité, à l’égard de leurs populations, du respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de la gouvernance inclusive, a répété M. Ban. 

Le Secrétaire général a aussi fait remarquer que le terrorisme et l’extrémisme sont devenus des menaces graves transnationales.  Il a parlé du sommet sur la lutte contre le terrorisme qui a eu lieu à Washington la semaine dernière, à l’occasion duquel il a souligné la nécessité de réagir de manière décisive.  Enfin, il a appelé les États Membres à utiliser le soixante-dixième anniversaire de l’ONU, qui a lieu cette année, « pour réfléchir à notre entreprise commune - opérations de maintien de la paix, consolidation de la paix, autonomisation des femmes, réduction des risques de catastrophes et beaucoup d’autres missions encore ».  Nous devons aussi, cette année, prendre des mesures porteuses de transformations en faveur du développement durable et dans le domaine des changements climatiques, a-t-il ajouté.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré que l’année 2015 représentait un moment historique pour réfléchir au passé et se tourner vers l’avenir.  Il y a 70 ans, a-t-il rappelé, la Chine a été une force importante dans l’alliance du monde contre le fascisme, puis dans l’adoption de la Charte de l’ONU.  La Charte définit les normes fondamentales qui régissent les relations internationales contemporaines et correspondent aux intérêts essentiels des pays.  Ces normes restent pertinentes, a insisté le Ministre.

Toutefois, la vision inscrite dans la Charte ne s’est pas pleinement matérialisée, a constaté M. Wang.  Des menaces « non traditionnelles » à la sécurité, comme le terrorisme, apparaissent tous les jours, a-t-il dit.  De nouveaux défis, tels les changements climatiques, surgissent et les inégalités subsistent, a-t-il donné comme exemples.  M. Wang a estimé qu’il faut « redonner du souffle à la Charte et relancer son dynamisme ». 

Le Ministre des affaires étrangères de la Chine a présenté la vision qu’a son pays pour un monde où « tout le monde doit être gagnant » au XXIe siècle.  Tout d’abord, il faut défendre la paix et prévenir les conflits, a souligné M. Wang.  À cet égard, a-t-il fait valoir, la meilleure solution, c’est de respecter la Charte de l’ONU.  « Toute mesure unilatérale qui contourne le Conseil de sécurité est illégale », a-t-il déclaré.  Ensuite, a-t-il recommandé, il vaut mieux choisir la coopération et ne pas systématiquement vouloir privilégier l’affrontement.

Ensuite, a poursuivi M. Wang, il convient de veiller à ce que la justice l’emporte et non pas l’hégémonie.  « Aucun pays du monde n’a le droit d’imposer sa volonté à d’autres pays », a souligné le Ministre.  Il a prôné le respect de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de chaque État et défendu le droit de chacun d’eux de choisir son mode de développement économique et social.

Enfin, a dit M. Wang, il faut travailler ensemble pour renforcer les communautés et privilégier les intérêts communs.  Aujourd’hui, a-t-il conclu, le Festival du printemps, tradition chinoise, marque le coup d’envoi de la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que l’ensemble de principes, objectifs et règles de la Charte constituent la source la plus importante du droit international.  L’ONU n’a pas été créée pour que le monde connaisse une vie de paradis, mais plutôt pour qu’il ne connaisse pas l’enfer, a-t-il dit en citant Dag Hammarskjöld.  Au cours des 40 premières années d’existence de l’Organisation, le monde a été marqué par l’existence d’un système bipolaire implacable, a-t-il noté en constatant que les années suivantes ont été plus tortueuses et marquées par des infractions aux principes fondamentaux des Nations Unies, comme notamment celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a parlé à cet égard de la Serbie.  La recherche par une certaine dominance mondiale, illusoire, est menée avec l’usage de méthodes peu reluisantes, a-t-il dit.  Il a notamment dénoncé l’appui apporté au coup d’État anticonstitutionnel survenu en Ukraine.

M. Lavrov a aussi regretté les méthodes qui visent à écarter le Conseil de sécurité pour l’empêcher de jouer son rôle sur des questions qui relèvent pourtant de sa compétence, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  L’utilisation des mécanismes de sanctions relève de la compétence exclusive du Conseil de sécurité, a tenu à rappeler M. Lavrov.  Il a estimé que les mesures coercitives unilatérales ne sont que l’expression d’une mentalité obsolète de blocs. 

« Voulons-nous que le Conseil de sécurité soit efficace et influent pour le maintien de la sécurité internationale, ou qu’il soit la scène de combats et de propagande? » a demandé le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie. 

M. Lavrov a donc demandé que soient prises des mesures afin de rétablir la légitimité de la politique mondiale et éviter celle du « deux poids deux mesures ».  Il a invité le Conseil de sécurité et les États à réfléchir aux moyens de renforcer les dispositions du droit international touchant aux relations amicales entre deux États, de façon à empêcher le renversement anticonstitutionnel du gouvernement d’un État.  Il a aussi conseillé de s’appuyer sur le manuel de règlement pacifique des conflits établi par le Secrétariat des Nations Unies.  Des résultats positifs ne seront possibles que si les membres du Conseil de sécurité s’unissent, comme ils ont pu le faire pour éliminer les armes chimiques en Syrie ou faire face à la menace des combattants étrangers, a-t-il estimé.  Il a évoqué comme exemples à suivre la résolution sur l’assèchement des sources de financement des terroristes, qui a été adoptée ce mois-ci à l’initiative de la Russie, ainsi que la création de nouvelles missions de maintien de la paix déployées au Mali et en République centrafricaine (RCA).  Il a également lancé un appel au Conseil de sécurité pour que des progrès soient accomplis dans le combat contre Boko Haram et contre le terrorisme en Afrique du Nord.

Mme DELCY ELOÍNA RODRÍGUEZ GÓMEZ, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a réaffirmé le besoin que soient respectés les principes consacrés par la Charte, notamment l’indépendance et le droit des peuples à la libre détermination de leur avenir et modèle des sociétés.  Les États doivent pouvoir se développer dans le cadre de l’égalité souveraine entre tous les pays, a-t-elle estimé.  Elle a dénoncé les actions unilatérales menées par certains États hégémoniques, « qui mènent de manière permanente des guerres médiatiques, économiques et financières » pour assujettir d’autres pays. 

À ce sujet, a-t-elle insisté, « les déclarations belliqueuses de certains confirment qu’ils commettent des violations du droit international et des atteintes aux principes qui régissent l’ONU et sa Charte ».  De même, les actions antiterroristes conduites par ces États ont violé les droits de l’homme de millions de citoyens, a déploré la Ministre, avant de souligner que son pays privilégie le règlement pacifique des différends.

Mme Rodriguez a appelé l’attention du Conseil sur les statistiques relatives aux dépenses militaires mondiales, « dont 37% sont concentrées dans un seul pays ».  Le Venezuela, s’est-elle félicitée, fait partie d’une région considérée comme une zone exempte de violence et d’armes nucléaires.  Elle a notamment appuyé le droit légitime de la Palestine à devenir Membre à part entière de l’ONU et condamné les manifestations contemporaines de néocolonialisme et de discrimination raciale.  Enfin, elle a demandé aux Nations Unies d’adapter leurs institutions aux réalités du monde, et a cité Gandhi en concluant son intervention.  « Il n’y a pas de chemin vers la paix, mais la paix est le seul chemin possible », a-t-elle à cet égard déclaré.

M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a regretté que le Conseil de sécurité soit souvent impliqué beaucoup trop tard dans les conflits émergents et qu’il ne mette pas assez l’accent sur la prévention des crises.  En outre, les soldats de la paix rencontrent trop d’obstacles dans l’accomplissement de leur mission et sont placés en situations de danger à cause d’un manque de ressources, a-t-il noté.  Un autre problème, a-t-il estimé, est représenté par des mandats qui, confiés aux missions de maintien de la paix, ne sont cependant pas assez centrés sur les vrais problèmes à résoudre.  Ces défis, qui entravent la capacité du Conseil à être à la hauteur de sa tâche sont anciens, a remarqué M. McCully tout en faisant des suggestions pour que le Conseil de sécurité puisse faire de réels progrès sur cette question.  Il a d’abord appelé à écouter davantage les « petits pays qui, trop souvent, ne sont pas entendus au Conseil ». 

Le Ministre a aussi suggéré d’améliorer l’utilisation du droit de veto, et il a félicité la France de sa décision de s’abstenir volontairement d’utiliser ce droit dans les cas où auraient été commis des crimes de masse.  M. McCully a également demandé de mettre l’accent sur le Chapitre VI de la Charte, à savoir la prévention des conflits.  À cet égard, il a comparé les 8 milliards de dollars consacrés chaque année au financement des missions de maintien de la paix de l’ONU avec les moyens minimes déployés en matière de prévention de conflit.  Enfin, il a demandé au Conseil de sécurité de ne pas envoyer de Casques bleus sur le terrain sans leur donner les moyens nécessaires à l’accomplissement de la mission qui leur est confiée.

M. DATO SRI ANIFAH HAJI AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, s’est félicité du débat organisé aujourd’hui, étant donné la nature complexe et multidimensionnelle des menaces émergentes à la paix et à la sécurité internationales.  Il a dressé un bilan, qu’il a qualifié de « mitigé » des actions du Conseil de sécurité depuis sa création.  Il a rappelé que cet organe a été paralysé pendant la guerre froide, notamment lors des atrocités commises par les Khmers rouges au Cambodge.  Malgré l’optimisme né de l’effondrement du bloc soviétique, le fait est qu’aujourd’hui, « la prépondérance militaire et économique de certains États continue de modeler les relations internationales », a constaté M. Anifah Haji Aman.

Le Ministre a estimé que « les gains positifs de la mondialisation », notamment dans les domaines des technologies de l’information et de la communication et des transports, doivent être préservés.  Il a souligné l’importance des discussions en cours sur l’ensemble des objectifs de développement durables (ODD) pour améliorer le bien-être des peuples.  Il a toutefois mis en garde contre « les effets pervers » de la mondialisation, et a cité à cet égard les manipulations opérées par certains dans les domaines de la science et de l’information.

La montée du terrorisme est un problème à résoudre de manière urgente, a ensuite souligné le Ministre, d’autant plus que des groupes terroristes « ambitionnent de jouir d’un statut égal à celui des États », ce qui va totalement à l’encontre de tous les principes de la Charte.  Les États doivent agir de façon concertée pour faire face à cette menace.  Si la compréhension des menaces à la paix et à la sécurité internationales a évolué au fil du temps, a ensuite estimé M. Anifah Haji Aman, les principes de la Charte restent pertinents et la capacité du Conseil à être souple et à s’adapter demeure essentielle. 

M. LINAS ANTANAS LINKEVIČIUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a rappelé que son pays ne figurait pas parmi les 50 signataires de la Charte des Nations Unies, qui a eu lieu le 26 juin 1945 par 50 nations.  « La Lituanie n’y était pas en raison de l’occupation soviétique », a-t-il dit.  Pendant le règne de Staline, environ 300 000 Lituaniens ont été déportés, exilés et enfermés dans les goulags soviétiques situés dans les zones les plus reculées de la Sibérie, du Cercle arctique, et en Asie centrale.  La plupart n’ont jamais pu revoir la Lituanie.

Le Ministre a indiqué que la Lituanie célébrerait le mois prochain le vingt-cinquième anniversaire de la restauration de son indépendance.  « Dans le contexte des tentatives menées par la Russie de réécrire l’histoire et d’inverser la tendance des transitions des années 1990 », cet anniversaire est encore plus précieux et rappelle que la communauté internationale ne doit pas baisser la garde, a dit le Ministre lituanien.

Ce que nous voyons aujourd’hui en Europe, c’est la puissance militaire de la Russie utilisée en violation des droits souverains des États et la poursuite d’une ambition néo-impériale qui n’a pas sa place au XXIe siècle, a-t-il ajouté.  Parlant de l’Ukraine, il a affirmé que « le désir d’une nation de décider de son propre avenir n’est pas une forme de fascisme, pas plus que la volonté d’une nation à embrasser la démocratie, la bonne gouvernance et à lutter contre la corruption ne l’est », tout comme l’acceptation des valeurs européennes et l’intention de poursuivre la voie de l’intégration euro-atlantique.  Il a ainsi jugé « imprudentes, irresponsables et dangereuses les accusations et les manipulations du Kremlin contre Kiev ».

À l’approche du soixante-dixième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, tous les États, sans exception, doivent renouveler, sans équivoque et clairement, leur engagement en faveur des valeurs inscrites dans la Charte et des normes et principes du droit international.

M. AMINU WALI, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a rappelé que la Charte des Nations Unies avait résisté à l’épreuve du temps.  En même temps, il a remarqué que la Charte jouait un rôle secondaire lorsque le droit international était interprété en fonction des intérêts nationaux.  On ne peut cependant pas remplacer les dispositions de la Charte, comme celles ayant trait au principe du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, qui restent au cœur des relations internationales, a-t-il insisté.  Le Ministre a prôné le règlement pacifique des différends, comme le prévoit d’ailleurs la Charte.  Le Conseil de sécurité devrait donc utiliser toutes les voies pour atteindre cet objectif, a-t-il souhaité. 

Le Ministre nigérian a appelé tous les États Membres à respecter la souveraineté des autres États et à dénoncer toute mesure qui y porte atteinte.  Les relations internationales deviennent de plus en plus complexes, avec des intérêts qui se chevauchent, ce qui exige d’autant plus de respecter le droit international, a-t-il dit en se plaignant des tentatives menées par certains États en vue de créer des distorsions dans l’interprétation du droit international sur la base de leurs intérêts nationaux.  Enfin, il a souligné le lien qui existe entre paix, sécurité et développement.  Alors qu’on se rapproche des cibles fixées dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), de grandes disparités persistent entre les États Membres, a remarqué M. Wali en appelant l’ONU à diriger les efforts déployés pour atteindre les objectifs de développement durable.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a souligné que les buts et principes de la Charte restent pertinents et continuent d’orienter l’ONU, permettant ainsi de « mesurer notre efficacité collective ».  Toutefois, « il est trop facile au cours des débats de perdre de vue les peuples dont les droits et le bien-être sont touchés par les mesures » prises par le Conseil, a-t-elle jugé.  Pour mieux travailler ensemble, a-t-elle conseillé, le Conseil de sécurité doit jouer le rôle robuste que lui a attribué la Charte pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales. 

Mme Power a estimé que le Conseil de sécurité doit prendre les mesures qui s’imposent lorsque les circonstances l’exigent.  Or, a-t-elle déploré, le Conseil n’a pas été à la hauteur pour condamner les actions du régime syrien contre son propre peuple.  « Les divisions entre les États Membres continuent d’empêcher le Conseil d’agir », a-t-elle insisté en concluant « qu’on a donc déçu les peuples, qui sont au cœur de la Charte ». 

La représentante a recommandé ensuite aux États de s’acquitter de leurs obligations, et notamment de mettre en œuvre les décisions prises par le Conseil, notamment en ce qui concerne les sanctions et les embargos.  D’autre part, actuellement, a-t-elle noté, les opérations de maintien de la paix sont renforcées grâce aux mandats plus robustes qui leur sont confiés.  Mais, malheureusement, le Conseil « est resté silencieux » quand le Gouvernement soudanais a été sommé de répondre après les allégations de viols collectifs commis contre des femmes au Darfour en octobre dernier, a regretté Mme Power.

En plus, a-t-elle poursuivi, les États doivent agir de bonne foi, conformément aux principes de la Charte.  Elle a ainsi reproché à la Fédération de Russie de « former, armer et appuyer les séparatistes qui ont saisi des territoires en Ukraine, en violation flagrante de la Charte ».

La représentante a estimé que « l’ONU doit élaborer des manières plus efficaces d’exercer des pressions sur les États qui oppriment leurs peuples ».  À cet égard, elle a rappelé que l’Assemblée générale a condamné les « violations indicibles » des droits de l’homme commises par le régime de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), au vu des informations recueillies par la commission d’enquête créée par le Conseil des droits de l’homme.  Les États-Unis pensent que la situation qui prévaut à l’intérieur de la RPDC révèle que « des violations généralisées des droits de l’homme peuvent représenter une menace à la paix et à la sécurité internationales ».

« La violence en Syrie affecte quant à elle près de 4 millions de personnes », a ensuite estimé Mme Power.  Cette violence déstabilise également les pays voisins.  Or, la stabilité est importante pour le progrès social et économique durable, a-t-elle rappelé, ajoutant que le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales constitue le fondement de la paix et de la prospérité.  Elle a mis en garde les États « qui essaient de déformer les buts et principes de la Charte en disant que les droits de l’homme n’ont aucun lien avec la paix et la sécurité internationales ».  Elle a conclu en soulignant que « la souveraineté ne peut pas être un bouclier derrière lequel on s’abriterait pour que les États tuent aveuglément », comme l’a déclaré le Président Obama devant l’Assemblée générale, il y a quelques années.

M. IGNACIO YBAŇEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a affirmé que son pays était fermement engagé en faveur des buts et des principes de la Charte de San Francisco, lesquels exigent, cependant, un effort soutenu auquel nous sommes tous appelés à contribuer.  Les objectifs à atteindre sont un défi quotidien à relever, a-t-il dit.

Le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation est une occasion idéale offerte à tous les États Membres pour renouveler leurs vœux, proclamés dans le préambule de la Charte, et exprimer leur engagement en faveur de ses buts et principes, a dit le Vice-Ministre des affaires étrangères espagnol.  L’Espagne, a-t-il dit, est favorable à une commémoration solennelle en cette occasion, qui se ferait par la proclamation d’une déclaration universelle qui réaffirme la validité des buts et principes de la Charte.

Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la performance de l’ONU et de la communauté internationale en matière de prévention des conflits.  L’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Secrétariat peuvent sans aucun doute établir des lignes directrices pour une action combinée qui, respectueuse des principes de la Charte, peut servir plus efficacement le but de maintenir la paix, a-t-il estimé.

L’Espagne croit fermement à la nécessité de renforcer les instruments de prévention des conflits.  La promotion du dialogue interculturel et interreligieux à travers l’Alliance des civilisations et le Centre international Roi Abdullah pour le dialogue interculturel et interreligieux, et le développement de mécanismes de médiation, sont des échantillons multiples de notre participation active dans le domaine de la prévention des conflits et de la médiation.  Le dénominateur commun de ces initiatives est un effort déterminé pour créer des canaux et des mécanismes efficaces de coopération, promouvoir la compréhension et la tolérance, et élever des digues contre le fanatisme et la violence, a-t-il souligné.

L’Espagne est d’avis qu’une certaine quantité d’utopie est nécessaire pour faire progresser le monde, a indiqué le Ministre.  Dans cet esprit, il a souligné que l’utilisation du droit de veto était l’un des freins les plus importants à une réalisation pratique de l’objectif du maintien de la paix et de la sécurité internationales en vertu des termes de la Charte.  L’Espagne appuie donc l’initiative française en faveur d’un code de conduite par lequel les cinq membres permanents du Conseil s’engageraient à ne pas faire usage du droit de veto dans les cas où des atrocités de masse sont prouvées. 

M. MANUEL AUGUSTO, Secrétaire d’État aux relations extérieures de l’Angola, a estimé que l’Organisation des Nations Unies avait joué un rôle crucial dans le maintien de la paix et la sécurité internationales, en favorisant des relations plus amicales entre les nations, et en promouvant la coopération dans la résolution des problèmes internationaux et dans la codification du droit international comme base de la coexistence pacifique entre les États.

Dans notre monde contemporain, avec la prolifération des conflits armés, qui sont principalement intra-étatiques, et sont dus à l’exclusion politique, sociale, économique ou à l’intolérance religieuse, raciale, tribale, et au manque de respect des droits de l’homme fondamentaux, l’ONU est confrontée à la nécessité d’adapter ses stratégies pour continuer à assurer le maintien de la paix et de la sécurité, a-t-il expliqué.

Il a dit constater avec regret le fait qu’au cours des 70 années de son existence, l’ONU n’a pas été en mesure de concrétiser la déclaration de ses fondateurs: sauver les générations futures du fléau de la guerre, puisque la guerre et les conflits violents continuent de faire partie de la vie quotidienne de millions de personnes.  M. Augusto a estimé que l’ONU demeure le rempart principal protégeant la promotion des droits de l’homme.  Ses travaux en faveur du respect des droits de l’homme et de la codification du droit international des droits de l’homme sont des contributions importantes dans le combat mené pour la dignité humaine et, par conséquent, pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il dit.

Rappelant que la Charte a établi les principes qui constituent le fondement des relations internationales contemporaines, à savoir le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, le règlement pacifique des différends internationaux et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, il a souligné que certains pays continuaient, malgré cela, de s’ingérer dans les affaires intérieures d’autres États, en violation totale de la Charte, créant ainsi des menaces à la paix et à la sécurité internationales.

La pauvreté endémique, l’exclusion sociale et économique, le refus de laisser les peuples jouir de leurs libertés fondamentales constituent aujourd’hui un cocktail explosif et une réelle menace pour la paix et la sécurité.  Le développement, le bien-être et la démocratie sont les piliers de sociétés pacifiques et inclusives, a poursuivi M. Augusto, précisant que le lien entre la paix et le développement était central à cet égard et essentiel pour le maintien de la paix et de la sécurité.

M. Augusto a souligné le rôle décisif qu’a joué le Conseil de sécurité dans le processus de condamnation et d’isolement du régime de l’apartheid en Afrique du Sud, lequel fut une source majeure de conflit en Afrique australe et une menace sérieuse pour la paix et la sécurité internationales.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a évoqué « l’annexion illégale de la Crimée par la Russie et la déstabilisation dans l’est de l’Ukraine » pour illustrer le fait que les conflits persistent à travers le monde.  Il a aussi parlé des conflits qui existent à l’intérieur des frontières de certains États, notamment à cause des divisions ethniques et du terrorisme.  Ces menaces sapent grandement la souveraineté des États, a-t-il noté en appelant le Conseil de sécurité à agir.  Il a notamment invité le Conseil à renforcer son action dans le domaine de la prévention des conflits, en utilisant tous les outils à sa disposition.  Le maintien de la paix est un des outils que le Conseil de sécurité a développé alors que la Charte ne le mentionnait pas, a-t-il rappelé.  Il s’est félicité des améliorations apportées à ce mécanisme, notamment pour lutter contre la violence sexuelle dans les conflits et pour améliorer le rôle des femmes dans le maintien de la paix.

Le représentant a ensuite souligné que, comme l’a réaffirmé la résolution 2171, les violations des droits de l’homme constatées dans un pays peuvent être le signe qu’un conflit est sur le point d’éclater.  « Les droits de l’homme font donc partie intégrante de la mission du Conseil de sécurité », a-t-il estimé.  En effet, lorsqu’un État ne peut plus garantir le respect des droits de l’homme, la paix et la sécurité internationales s’en trouvent menacées, a dit M. Lyall Grant.  Selon le représentant britannique, la Charte est claire sur ce cas et le Conseil de sécurité doit donc intervenir pour mettre un terme à ces violations.  M. Lyall Grant a également souligné l’importance de la reddition de la justice en rappelant que son pays avait accepté la compétence obligatoire de la Cour internationale de Justice.  Nous luttons aussi contre la pauvreté et en faveur de l’égalité des droits entre hommes et femmes, et ce, afin de garantir des sociétés inclusives.  Il a donné l’exemple du printemps arabe pour illustrer les liens entre manque de développement et conflit.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a considéré que « les menaces croissantes et en évolution constante nécessitent de nouvelles ripostes ».  Elle a évoqué le fléau de la guerre et ses conséquences, les conflits armés internes, les millions de personnes déplacées et réfugiées dans le monde.  « La liste est longue et le tableau est triste », a-t-elle dit.  La représentante a mis l’accent sur « les nouvelles formes de terrorisme basées sur l’idéologie et le lavage de cerveau ».  Le défi à relever, a-t-elle reconnu, est de savoir comment les principes de la Charte restent pertinents aujourd’hui.  Après avoir rappelé que la Charte commence par les mots « Nous, peuples des Nations Unies », elle a souligné que les droits fondamentaux des États et des personnes « ne sont pas mutuellement exclusifs ».

« Les organes de l’ONU doivent réagir lorsque les États commettent des atrocités contre leurs propres peuples », a ensuite estimé la représentante.  Or, de nombreuses fois, « le Conseil de sécurité n’a pas pris les mesures nécessaires alors que des millions de vies auraient pu être sauvées », a-t-elle déploré, en se référant aux crimes de masse commis au Rwanda, dans les Balkans, en Syrie ou en Palestine.

La Jordanie est d’autre part d’avis que le Chapitre VII de la Charte est invoqué trop souvent pour prendre des sanctions, dans le cadre d’un processus qui manque de transparence, alors que le Chapitre VI a été moins utilisé au cours des dernières décennies, a souligné la représentante.  Elle a estimé que « le respect des régimes de sanctions est sapé par leur caractère volumineux ».  Toutes les parties prenantes doivent être consultées avant que de telles mesures ne soient prises, a-t-elle préconisé en soulignant que « l’application du droit international doit échapper aux intérêts individuels des États ».

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a souligné que dans son chemin vers l’horizon d’une « paix perpétuelle », la communauté internationale s’appuyait sur les repères que sont ses valeurs, une organisation, et le respect des principes de droit international.  Ces normes collectives visent à contenir la force dans le respect des principes énoncés à l’Article 2 de la Charte des Nations Unies, a dit M. Delattre.  Il est essentiel de tout faire pour régler les différends par des moyens pacifiques, a-t-il recommandé.  La France souligne à ce titre le rôle essentiel de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans le renforcement de l’état de droit international, et elle reconnaît sa contribution au travers de ses nombreux avis consultatifs.

Le maintien de la paix et de la sécurité internationales est devenu un enjeu plus complexe dans des sociétés plus fragmentées et plus inégalitaires, alors que la globalisation permet au terrorisme de multiplier les victimes et les souffrances, de se jouer des frontières et de déstabiliser des États entiers, a expliqué M. Delattre, mettant également l’accent sur le drame syrien et ses 220 000 victimes qui réclament justice, et bien d’autres atrocités de masse.

Le représentant a déclaré que sans attendre une réforme de la Charte, la France avait proposé un encadrement de l’usage du veto au Conseil de sécurité en cas d’atrocités de masse, qui constituerait une évolution majeure.  « Il est de notre devoir de signifier combien le siège de membre permanent est une responsabilité et non un privilège ou une quelconque ambition liée à un statut », a-t-il dit.

La France, a-t-il poursuivi, reste convaincue que la meilleure protection contre les conflits restera le développement économique et harmonieux et le respect des droits de l’homme.  Créer les conditions les plus satisfaisantes dans tous les domaines de la vie internationale assure de lui-même le maintien de la paix, a indiqué le représentant.  De même, il a rappelé que dans le cadre des efforts menés sous l’égide des Nations Unies pour protéger la planète, Paris organiserait le rendez-vous majeur que constitue la vingt et unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 2015, laquelle devra aboutir à un accord ambitieux et universel pour préserver le climat de la planète. 

La France, a insisté M. Delattre, soutient avec détermination une réforme du Conseil de sécurité, les dernières crises ayant renforcé la nécessité de rendre l’Organisation plus efficace et plus représentative des équilibres mondiaux, pour assurer pleinement sa mission de maintien de la paix.

M. BANTE MANGARAL (Tchad) a remarqué que le terrorisme avait obligé les États Membres à renforcer leur adhésion aux objectifs et principes de la Charte.  Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il rappelé, reconnaissent que ces buts ont une valeur universelle et éternelle.  Mais leur réalisation est rendue de plus en plus complexe, a-t-il regretté avant d’inviter les États à s’interroger sur les moyens que le Conseil de sécurité a mis en œuvre pour y parvenir.  Il a prévenu que, dans le monde actuel, caractérisé par le manque de développement, le non-respect de l’état de droit tant aux niveaux national qu’international, ne peut laisser espérer la paix. 

Le représentant a dénoncé le recours parfois abusif de certains États membres permanents du Conseil au droit de veto, qui empêche le Conseil de sécurité de parvenir à ses objectifs.  Il a, à cet égard, donné des exemples, comme la question de la Palestine, le Rwanda, la Bosnie-Herzégovine, et, plus récemment, la Syrie.  Le monde peut faire mieux si nous unissons nos efforts pour que le Conseil de sécurité ait une stratégie d’ensemble plus cohérente pour amener la paix dans le monde, a dit le représentant.  Il a prôné la résolution pacifique des différends, ainsi que la réforme du Conseil de sécurité.  Cet organe doit également renforcer sa coopération avec les organisations régionales, a-t-il dit.  Il a en outre demandé qu’un plus grand usage soit fait des mécanismes de médiation.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a estimé que les objectifs et principes de la Charte sont le patrimoine de la communauté internationale et permettent de garantir la primauté de l’état de droit.  Ces principes forment un corpus intégral et universel, auquel on ne peut pas déroger, a-t-il ajouté.  Même au nom d’une évolution nécessaire, on ne peut pas altérer les principes juridiques de souveraineté des États, du respect de bonne foi des obligations internationales, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance politique, de la résolution pacifique des différends et de la non-utilisation de la force, a souligné M. Barros Melet.

M. Barros Melet a en même temps reconnu que le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États ne pouvait empêcher la communauté internationale de se prononcer sur des situations où les droits fondamentaux des populations et des personnes sont atteints.  Le Conseil de sécurité a reconnu, dans ses résolutions 2150 et 2171, que la responsabilité de protéger peut être utilisée pour prévenir de graves crimes internationaux, et notamment des génocides, a-t-il rappelé.  Alors que nous sommes passés d’un droit international de la coexistence à un droit de la coopération, le rôle politique et juridique que doit continuer de jouer l’ONU est essentiel, a-t-il dit.  Enfin, il a souligné les liens d’interdépendance qui existent entre les trois piliers des Nations Unies – paix et sécurité, droits de l’homme et développement.

M. IVICA DAČIĆ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a déclaré que la mise en œuvre des activités des organes principaux des Nations Unies ne peut être couronnée de succès que si cela se fait pour le bien de tous les États Membres, et en accord avec les principes de la Charte des Nations Unies, notamment ceux relatifs à l’intégrité territoriale et à la non-ingérence dans les affaires internes des États.  Il a indiqué que la Serbie attache du prix au respect du droit international et à l’état de droit, à la résolution pacifique des différends par le dialogue, et au respect mutuel entre les peuples.  Il a relevé que la Serbie assure, en ce moment, la présidence tournante de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et qu’en cette qualité, elle salue la coopération fructueuse entre l’OSCE et les Nations Unies, notamment dans la perspective du maintien de la paix et de la sécurité dans l’espace allant de Vancouver (Canada) à Vladivostok (Fédération de Russie).  Le Ministre a ensuite souligné que la seule voie vers la paix et la prospérité passe par la coopération et le respect mutuel.  Il a ajouté que la Serbie a des raisons de croire en ses valeurs après les moments difficiles et les défis que le pays a connus au cours des années 1990, ainsi que tout récemment avec la question du Kosovo et de la Metohija, dont les pourparlers se déroulent en ce moment entre Belgrade et Priština, sous l’égide de l’Union européenne.

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a déclaré que « la Fédération de Russie a violé de façon flagrante la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».  « Sans exagérer, la Russie a déclenché une guerre hybride contre l’Ukraine », a-t-il dit.  En particulier, il a jugé « horrifiant » que de telles violations aient été commises par un membre permanent du Conseil de sécurité.  La Russie ignore les dispositions de la Charte et ne respecte pas ses obligations politiques et juridiques découlant d’autres accords internationaux, y compris le Mémorandum de Budapest, a poursuivi M. Klimkin.  « Pour justifier ses actions brutales, elle se cache derrière une interprétation erronée effrontée des documents pertinents », a-t-il insisté.

Alors que nous nous préparons à célébrer le soixante-dixième anniversaire de la création de l’ONU, « nous devons tout faire pour que cette Organisation reste un acteur clef dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales », a fait valoir le Ministre ukrainien.  À cet égard, il a jugé « inacceptable que des violations flagrantes des principes de la Charte soient dissimulées ou même niées » par certains pays.  Les États qui en sont responsables doivent être traduits en justice, a dit M. Klimkin.  « Le concept de responsabilité internationale devrait être renforcé par un ensemble clair de sanctions applicables à ceux qui sont coupables de violations », a-t-il jugé.

La situation qui prévaut dans la partie orientale de l’Ukraine « demande une riposte immédiate », a insisté M. Klimkin.  Il faut tout faire « pour mettre un terme au militarisme et à l’expansionnisme croissant de la Fédération de Russie, qui ignore les accords récents de Minsk et ne prend pas en compte le cessez-le-feu, attaquant Debaltseve et d’autres villes et villages ukrainiens », a dit M. Pavlo Klimkin.  Enfin, a déclaré le Ministre, « nous envisageons de demander à l’ONU de déployer une opération de maintien de la paix en Ukraine », ce qui est indispensable pour aider à mettre en œuvre les Accords de Minsk.

M. ANWAR GARGASH, Ministre d’État des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a jugé essentiel que le Conseil de sécurité consulte les États concernés, même lorsqu’il s’agit de situations complexes qui évoluent rapidement.  Il a aussi invité le Conseil à soutenir le rôle important des organisations régionales dans les efforts de règlement pacifique des différends.  En outre, a ajouté le Ministre, il faut tenir davantage compte du coût humain des débats à rallonge et de l’inaction.  À cet égard, il a cité l’exemple de la crise en Syrie où le nombre de personnes déplacées a atteint 11 millions.  Dans de nombreux endroits de la région, en particulier en Syrie, en Iraq et au Yémen, les défis actuels ont mis en évidence la nécessité d’un engagement international légitime, a fait remarquer le Ministre.  Il a salué les efforts du Conseil de sécurité visant à impliquer le Conseil de coopération du Golfe lors de l’adoption de la résolution 2201 concernant le Yémen. 

En ce qui concerne la Libye, le Ministre a appelé à trouver d’urgence un accord politique, qui doit s’accompagner d’une position musclée pour lutter contre le terrorisme.  La communauté internationale doit se montrer résolue, sinon la situation en Libye ne fera que se compliquer, a-t-il prévenu.  Le Ministre a ensuite salué les progrès accomplis sur le plan international dans la lutte contre le terrorisme, citant le Sommet de Washington sur la violence extrémisme qui s’est tenu la semaine dernière, la résolution visant à assécher les sources de financement des groupes terroristes et celle sur la lutte contre les combattants étrangers.  Il a aussi apprécié les progrès réalisés pour empêcher la transmission de messages extrémistes par les médias sociaux.  Il faut, a-t-il ajouté, que l’on s’attaque en même temps aux causes profondes de l’extrémisme.  Le Ministre a mentionné, à cet égard, une initiative diplomatique de son pays qui a créé un groupe de contact sur la lutte contre l’extrémisme.

M. ASOKE MUKERJI (Inde) a regretté que le Conseil de sécurité « se réfère de façon sélective aux buts et principes de la Charte, pour satisfaire les intérêts nationaux des États Membres puissants ».  Les décisions du Conseil qui ne sont pas directement liées au maintien de la paix et de la sécurité internationales ne peuvent pas avoir la priorité et empiéter sur les compétences de l’Assemblée générale, a-t-il souligné.

Par ailleurs, M. Mukerji a estimé que le terrorisme menaçait directement le développement des pays.  À cet égard, il a regretté qu’il n’y ait pas d’action concertée au sein du Conseil pour appliquer ses propres résolutions, y compris les résolutions 1267 et 1373.  « L’établissement de la liste des auteurs des crimes terroristes les plus haineux relève du bon vouloir d’États Membres puissants », a-t-il déploré.  En outre, le représentant a regretté que le Conseil de sécurité n’invite pas les États contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix à participer à ses décisions.  Il a dit qu’il fallait donner la priorité au Chapitre VI de la Charte et au règlement pacifique des différends.  Il a estimé que les situations « purulentes » que l’on observe en Afrique, en Asie occidentale, et, plus récemment, en Europe, « illustrent bien l’incapacité du Conseil ou sa réticence » à recourir à ces dispositions.

M. PER THÖRENSSON (Suède) a plaidé en faveur du respect de la souveraineté nationale face à une agression externe et il a dit que la Suède soutenait le respect de la dignité de toute personne privée de la jouissance de ses droits de l’homme.  Il a toutefois reconnu que la tâche du Conseil de sécurité est plus difficile à mener que jamais dans un monde interconnecté où ce qui se passe dans un pays affecte, à terme, ce qui se passe « dans les autres y compris le mien ».  Face aux conflits intra-étatique et interétatiques, au terrorisme, au crime organisé, ainsi qu’aux épidémies, il est de plus en plus évident que les menaces sécuritaires ne connaissent plus de frontières.  Pour y faire face, le monde doit agir de manière collective, a-t-il préconisé.  

Pour la Suède, cela passe par la prévention, la médiation, la coopération régionale et, en dernier recours, par l’usage de la force, a dit M. Thörensson.  Il a regretté que la capacité et la volonté d’agir collectivement laissent beaucoup à désirer de nos jours.  La Suède attend par conséquent de la part du Conseil de sécurité qu’il agisse systématiquement dans l’esprit de la Charte, qu’il ne cède à aucune menace; et que ses membres ne puissent abuser de la confiance placée en eux pour se servir de leurs prérogatives au sein du Conseil afin de promouvoir leurs propres intérêts nationaux.  Il a également défendu l’idée qu’il fallait associer au principe de souveraineté de l’État, celui de la sécurité humaine et de la sécurité de l’État, et que le principe de souveraineté ne saurait être invoqué pour attendre de la communauté internationale qu’elle ignore des crimes flagrants.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a relevé que l’Organisation des Nations Unies ne pouvait relever actuellement les défis les plus majeurs, comme lutter contre le terrorisme et faire face aux changements climatiques, sans que ses États Membres ne soient unis dans leurs efforts.  Il a rappelé que l’entreprise ambitieuse de la Société des Nations s’était soldée par un échec, compte tenu de sa composition limitée et de l’absence de mécanisme de mise en œuvre de ses décisions.  Nous ne devons pas laisser l’ONU suivre la même voie, a-t-il lancé, souhaitant que les Nations Unies soient au cœur de l’ordre international.  M. De Aguiar Patriota a cependant noté les signes alarmants de failles dans le système de l’ONU.  Il a cependant apprécié que les cadres de coopération se soient améliorés, citant le remplacement du G7 par le G20, la création du Conseil des droits de l’homme et de la Commission de consolidation de la paix, ainsi que la composition élargie à tous les États du Conseil de gouvernance du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  S’agissant de la paix et de la sécurité, la communauté internationale doit améliorer ses structures de gouvernance, a-t-il souhaité.  Il a invité les membres du Conseil et tous les États Membres à réfléchir aux conséquences de l’inaction, et lancé un appel pour que soit menée la réforme tant attendue du Conseil de sécurité, afin de le revitaliser et lui donner un regain de légitimité.

M. SAHEBZADA KHAN (Pakistan) a souligné que l’engagement de son pays envers le maintien de la paix et de la sécurité internationales est d’autant plus évident que plus de 140 soldats pakistanais ont péri dans le cadre d’opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité utilise davantage le Chapitre VI de la Charte et qu’il n’ait recours aux outils du Chapitre VII qu’en « dernier ressort ». 

Le Pakistan estime que le recours à la force doit être compatible avec le principe de la sécurité collective consacré par la Charte.  En outre, il faudrait utiliser le plus possible la Cour internationale de Justice (CIJ) pour faciliter le règlement des différends entre États.  Le représentant a de même défendu les droits inaliénables qu’ont tous les peuples, et en particulier celui d’exercer librement leur droit à l’autodétermination.  Tous les États Membres de l’ONU, quelle que soit leur taille ou leur population, ont un intérêt égal dans la création d’un ordre international juste et paisible, et leur participation aux affaires du monde doit se faire sur un pied d’égalité, a estimé M. Khan.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies, a rappelé qu’en mai 2009, le Conseil de sécurité avait salué la déclaration et le changement apporté à ses textes par l’Union africaine, à l’issue d’une réunion de son Assemblée des chefs d’État et de gouvernement, pour reconnaître que tout changement anticonstitutionnel d’un gouvernement peut poser une menace à la paix et à la sécurité internationales.  En juillet 2011, le Conseil avait exprimé ses inquiétudes quant aux conséquences des changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales, a-t-il aussi souligné.  L’Union européenne est très attachée au principe selon lequel les États doivent s’abstenir de recourir à la force et à la coercition pour modifier le tracé des frontières internationales, a ensuite dit le représentant en rappelant la détermination de l’Union européenne à préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  M. Mayr-Harting a aussi souligné le rôle important que joue la médiation dans le règlement des différends, ainsi que celui des mécanismes judiciaires, comme la Cour internationale de Justice, dont il a apprécié les avis consultatifs.  Il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait d’envisager d’accepter la compétence de la Cour.  M. Mayr-Harting a ensuite fait le lien entre le respect de l’état de droit au plan international et au niveau national.  Tout pays qui insiste sur le respect de l’état de droit chez lui doit le faire aussi à l’extérieur de ses frontières, a-t-il insisté.  Enfin, il a plaidé en faveur d’une plus grande coopération entre l’ONU et l’UE, ainsi qu’avec les autres organisations régionales, comme l’Union africaine.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a rappelé que la Seconde Guerre mondiale, « déclenchée par l’Allemagne », a coûté des millions de vies et dévasté des pays dans le monde entier.  Devenue Membre de l’ONU en 1973, l’Allemagne reconnaît que ses intérêts sont ancrés dans les systèmes de sécurité collective, a-t-il expliqué.  Sa politique étrangère est notamment inspirée par « le projet historique de l’unification européenne ». 

Forte des leçons du passé, « l’Allemagne est prête aujourd’hui à embrasser plus de responsabilités dans le monde, dans un cadre multilatéral, et en mettant l’accent sur la diplomatie, le règlement pacifique des différends et la prévention des crises », a déclaré M. Braun.  En 70 ans, a-t-il reconnu, l’ONU a démontré sa capacité à s’adapter à de nouvelles réalités et à faire face aux défis émergents.  Depuis les procès de Nuremberg, il est de plus en plus admis que « les droits de l’homme doivent être respectés partout dans le monde ».

De même, le représentant a souligné que, dans un monde où les ressources naturelles sont épuisables, « aucun pays ne peut prospérer au détriment des autres ».  À ce sujet, a-t-il dit, les changements climatiques représentent une menace globale qui requiert des solutions allant au-delà des frontières des États.

S’agissant de la composition du Conseil de sécurité, M. Braun a estimé qu’il était temps de revoir la structure de cet organe principal des Nations Unies qui, a-t-il fait observer, n’a pas changé depuis 1945.  Enfin, il a considéré que « la violation flagrante de l’intégrité territoriale de l’Ukraine à travers l’annexion illégale de la Crimée » constituait l’un des plus grands défis à l’ordre international.  Il a également condamné l’utilisation de gaz de chlore par le régime syrien et les radicaux extrémistes qui, de l’Afrique de l’Ouest à l’Iraq, de Paris à Copenhague, menacent les valeurs consacrées par la Charte des Nations Unies.

M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a dénoncé la menace ou l’emploi de la force par des États qui appliquent des mesures unilatérales.  Il n’y aura pas de paix ni de sécurité sans développement, a-t-il aussi averti.  Le Conseil de sécurité doit s’acquitter de ses prérogatives conformément à la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté, en rappelant que les membres du Conseil de sécurité doivent être les premiers à résister au recours à la guerre.  Il a aussi demandé au Conseil de sécurité de ne pas réinterpréter le mandat qui lui a été confié, en mettant l’accent sur l’importance du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. 

La composition du Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit devenir plus démocratique.  « Nous avons aussi besoin d’une Assemblée générale revigorée afin de faire régner un ordre démocratique équitable », a-t-il ajouté.  Réaffirmant que Cuba était très attachée aux buts et principes des Nations Unies, il a assuré que

son pays avait lutté en faveur de la paix et qu’il continuerait à le faire, avec ses modestes ressources et toute son énergie.  Enfin, le représentant a plaidé en faveur de la coopération internationale pour promouvoir un développement durable et faire régner la paix et la sécurité internationales. 

M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a estimé que les principes établis par la Charte des Nations Unies nourrissent un système au sein duquel « les États, grands ou petits, peuvent cohabiter et travailler de façon coopérative, libre, indépendante et démocratique, dans un environnement sûr et au profit de leurs populations respectives et de l’humanité en général ».  Pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales, il a toutefois fait remarquer qu’« il n’existe pas de recettes générales applicables à tous les cas ».

Le Conseil de sécurité, a précisé M. Ruiz, a pris l’habitude d’aborder des questions thématiques transversales, « ce qui risque de simplifier des sujets qui devraient être traités au cas par cas ».  Il a donc mis en garde contre « les approximations ou l’adoption de mesures généralisées qui ne correspondent pas aux contextes spécifiques et ne tiennent pas compte de la diversité des facteurs qui font que telle ou telle situation mérite, ou ne mérite pas l’attention du Conseil ».  Mettant ensuite l’accent sur le Chapitre VIII de la Charte consacré aux accords régionaux, il a noté que les plus grands succès enregistrés par l’ONU en général, et par le Conseil de sécurité en particulier depuis la création de l’Organisation il y a 70 ans, ont concerné des cas où les organisations régionales ont été impliquées.

M. JOON OH (République de Corée) a déclaré que face aux différents défis qui se posent à la sécurité et à la paix internationales, les principes de la Charte des Nations Unies devraient continuer de guider nos efforts.  Les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États ne sont pas des objectifs en soi, a-t-il expliqué.  Ce sont des moyens que nous utilisons pour réaliser nos valeurs, pour prévenir la guerre et protéger l’humanité.  « Mais parfois nous sommes témoins de situations où les principes sont évoqués pour des raisons de convenance politique », a ajouté M. Oh Joon. 

Le représentant a par ailleurs fait remarquer que les opérations de maintien de la paix évoluaient pour mieux répondre aux nouvelles réalités sur le terrain et protéger les populations civiles.  L’examen complet des opérations de maintien de la paix sera, à cet égard, une autre étape importante.  Il a également indiqué que notre quête pour une ONU plus responsable et plus efficace ne sera pas complète sans une coopération commune pour la réforme du Conseil de sécurité qui demeure le premier outil de nos efforts collectifs pour maintenir la paix et la sécurité.  Cette réforme devrait être orientée vers le futur et assurer une représentation plus équitable des États Membres de l’Organisation et non pas se contenter d’étendre le statut exceptionnel qui avait permis de mettre fin à la Deuxième Guerre mondiale, 70 ans plutôt, a estimé le représentant.  

M. RICARDO ALDAY GONZÁLEZ (Mexique) a rappelé que la sécurité collective reposait sur le respect de la souveraineté et de l’égalité juridique des États, ainsi que sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.  Il a estimé qu’il ne saurait y avoir de paix durable sans justice.  Le représentant a prôné le renforcement de l’état de droit afin de mieux prévenir les conflits armés.  Pour régler leurs différends, les pays d’Amérique latine recourent fréquemment à la Cour internationale de Justice, a-t-il indiqué par ailleurs, en souhaitant que tous les pays acceptent la compétence de cette juridiction.  Le représentant a ensuite appelé à réfléchir aux moyens de rendre l’ONU plus efficace pour répondre aux défis du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a plaidé en faveur d’une plus grande utilisation des mécanismes de prévention.  Il a ainsi suggéré d’établir un lien entre responsabilité de protéger et diplomatie préventive. 

M. Alday a aussi recommandé que le Conseil de sécurité se dote de méthodes de travail plus transparentes et efficaces, afin de conserver toute sa pertinence.  À titre national et en tant que membre du mouvement « Unis pour le consensus », nous encourageons des solutions accessibles pour empêcher la paralysie du Conseil, a-t-il dit.  Le représentant a aussi fait valoir que les modalités institutionnelles établies en vertu de la Charte des Nations Unies ne doivent pas s’opposer aux objectifs mêmes de la Charte.  C’est pourquoi nous avons rejoint l’initiative de la France sur la limitation du recours au droit de veto en cas de crimes de guerre, de génocide ou contre l’humanité.  L’élection du prochain Secrétaire général offre une occasion exceptionnelle pour renforcer la transparence et de reddition de compte, a-t-il estimé.  « Nous devons renforcer l’ONU dans le monde, ce qui passe par le renforcement du Chapitre VI de la Charte, relatif au règlement pacifique des différends », a-t-il préconisé.

M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) a fait remarquer que, « pour les petits pays en particulier », le respect de la Charte est crucial.  Pour lui, la Charte « envisage un Conseil de sécurité activiste qui puisse répondre aux besoins du monde ». 

À cette fin, le représentant a souhaité que les États Membres, en particulier les membres permanents, fassent davantage d’efforts pour dépasser leurs différences.  Il a demandé aux membres du Conseil de ne pas bloquer les actions « visant à prévenir ou à mettre fin à des atrocités de masse (génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre) ».  Enfin, il a estimé qu’il faudrait placer les droits de l’homme et la dignité des personnes, notamment les droits des civils dans les conflits armés, « au centre de nos efforts comme l’exige la responsabilité de protéger ».

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a déclaré que les défis auxquels fait face la communauté internationale continuent d’augmenter.  Des crises simultanées éclatent aujourd’hui, engendrant des conséquences plus graves sur de nombreuses populations à travers le monde depuis la Deuxième Guerre mondiale.  Les groupes terroristes font preuve d’une brutalité excessive.  Leur utilisation des médias sociaux expose les jeunes hommes et femmes vulnérables de tous les pays du monde à leur propagande de haine.  La brutalité de l’État islamique d’Iraq et du Levant et sa revendication territoriale constituent un défi sécuritaire urgent que nous devons combattre, a-t-elle souligné. 

Le Conseil de sécurité, qui identifie les signes avant-coureurs de conflit, doit utiliser tout le poids de son autorité politique et d’autres moyens de prévention pour s’attaquer à ces signes lorsqu’ils émergent, y compris le recours aux sanctions pour perturber les actions des déstabilisateurs, et endiguer les flux des fonds, des armes et des combattants qui alimentent le conflit.  Le Conseil de sécurité doit aussi veiller à ce que les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales disposent de l’autorité, de la clarté et de la direction suffisantes pour mener à bien leurs mandats bien ciblés et réalisables, y compris pour améliorer l’état de droit et protéger les civils.  La représentante a ajouté que les Nations Unies avaient également un rôle à jouer pour prévenir que les pays sortant d’une crise ou d’un conflit y sombrent à nouveau.  Dix ans après la création de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds pour la consolidation de la paix, nous pouvons revoir l’architecture de la consolidation de la paix pour s’assurer qu’elle réponde aux objectifs fixés.

L’Australie réaffirme son engagement aux principes de la responsabilité de protéger et salue l’initiative de la France de ne pas recourir au droit de veto dans les situations où des atrocités de masse sont commises, a indiqué Mme Bird.  La représentante a encouragé à de nouveaux progrès sur cette initiative.  Elle a aussi fait remarquer que sans l’engagement des femmes dans les réponses au conflit et la consolidation de la paix, il ne peut y avoir de solution durable à un conflit.  Elle s’est dite convaincue que l’enquête et la poursuite des crimes internationaux les plus graves sont essentielles pour établir une paix durable.  Malheureusement, aujourd’hui, des crimes punis par le Statut de Rome sont commis dans de nombreux endroits sur une échelle alarmante.  Il est du devoir de chaque État de recourir à la justice pénale contre les responsables de crimes internationaux.  La CPI a un rôle vital à jouer lorsque les États sont incapables ou refusent d’agir.  La CPI mérite le plein appui de la communauté internationale.

Mme MÓNICA BOLAÑOS PÉREZ (Guatemala) a réaffirmé l’attachement de son pays aux principes et buts énoncés par la Charte des Nations Unies en matière de maintien de la paix.  Les États ne doivent invoquer les principes de la souveraineté et de l’intégrité nationales pour s’abstenir de s’acquitter des obligations internationales comme la protection de leurs populations qui incombe en premier lieu aux gouvernements. 

Le Conseil de sécurité doit, pour sa part, strictement adhérer aux principes de la Charte et la communauté internationale doit pouvoir compter sur un Conseil efficace puisque les membres qui y siègent agissent en son nom.  Toutefois, dans bien des cas, comme sur les dossiers palestinien et syrien, le Conseil a mis à mal ses obligations vis-à-vis de la communauté internationale, a regretté la représentante.  C’est pourquoi elle a encouragé les membres permanents du Conseil de sécurité à adhérer la proposition de la France pour limiter le recours au veto.  En outre, elle réclame que les membres permanents du Conseil aient systématiquement à justifier leur usage du veto.

En tant que membre fondateur des Nations Unies, le Guatemala estime qu’il faut une action du Conseil de sécurité et des autres organes des Nations Unies pour parvenir à un véritable multilatéralisme en matière de paix et de sécurité internationales.

Mme BENEDICTE FRANKINET (Belgique) a fait remarquer qu’il suffisait de jeter un coup d’œil sur la carte du monde pour constater combien la paix et la sécurité internationales sont fragiles et combien il importe de rester pleinement engagé dans la mise en œuvre des objectifs et principes de la Charte des Nations Unies qui doit, selon elle, guider l’action commune dans ce domaine.  « Soixante-dix ans plus tard, nous en sommes encore à appliquer les principes de la Charte de manière sélective », a regretté la représentante, en faisant référence aux violations graves de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l’Ukraine.  Depuis quelques années, a-t-elle reconnu, on s’efforce de développer les instruments et les mécanismes qui permettraient de mieux prévenir et répondre aux crimes, atrocités et violations graves des droits de l’homme, par le biais des tribunaux pénaux internationaux et/ou le renforcement des mandats des opérations de maintien de la paix en matière de protection des civils.  À cet égard, a-t-elle dit, la Belgique se félicite de l’initiative du Secrétaire général « Rights Up Front », de même que de l’établissement du cadre d’analyse pour la prévention des crimes d’atrocité. 

En dépit de ces avancées, les conflits très violents actuels démontrent combien il faut rendre le système encore plus opérationnel.  « Ces mécanismes de prévention demeureront lettre morte si nous n’avons pas la volonté politique de nous en servir et d’agir avant qu’il ne soit trop tard », a averti la représentante pour laquelle la responsabilité de protéger les civils est ancrée dans la Charte des Nations Unies, même si elle incombe en premier lieu aux gouvernements.  La Belgique, qui exerce actuellement la présidence du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, organisera le 8 mai prochain, une conférence de haut niveau sur le thème « la tolérance est plus forte que la haine » qui devrait mettre en lumière combien la diversité des sociétés est un atout, plutôt qu’un risque, a annoncé Mme Frankinet. 

Lorsqu’un État n’exerce pas sa responsabilité de protéger sa population -soit parce qu’il ne le veut pas ou soit parce qu’il ne le peut pas- la communauté internationale doit agir et le Conseil de sécurité a une responsabilité particulière à cet égard et doit être prêt à recourir à tous les instruments que la Charte met à sa disposition, a souligné la représentante.  C’est dans ce contexte que la Belgique déplore le recours au veto pour bloquer l’adoption de résolution sur la situation en Syrie.  C’est aussi pourquoi elle appuie l’initiative de la France en faveur d’une abstention volontaire du recours au droit de veto dans les situations où des crimes d’atrocités sont commis ou sont imminents, et compte sur le soutien des membres du Conseil de sécurité.

M. MARTIN SAJDIK (Autriche) a réaffirmé l’attachement de son pays aux principes et buts de la Charte des Nations Unies ainsi qu’au droit international.  Toutefois, il ne faut pas le faire de façon sélective, a averti le représentant, qui estime que cet attachement repose sur les trois piliers: paix et sécurité, développement, et droits de l’homme et état de droit.  Les États doivent de bonne foi respecter l’ensemble de ces principes, a exigé le représentant avant de réitérer l’appel lancé aux États pour qu’ils respectent les traités internationaux qu’ils ont ratifiés et qu’ils cherchent à régler leurs conflits par des moyens pacifiques, y compris en recourant à la Cour internationale de Justice, et qu’ils coopèrent pleinement avec d’autres mécanismes de justice internationale pour mettre fin à l’impunité.  Comme l’a souvent réaffirmé le Conseil de sécurité, la primauté du droit et la justice constituent la pierre angulaire dans la prévention et le règlement des conflits, a-t-il rappelé, en précisant que cela concerne également le respect des droits de l’homme.  La paix et la sécurité, ainsi que le respect des droits de l’homme, sont étroitement liés, a-t-il dit.  Pour l’Autriche, la réaction collective pour faire face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales doit reposer sur le respect du droit tant au plan national qu’au plan international. 

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a souligné la nécessité de trouver les moyens d’améliorer l’efficacité du système des Nations Unies, en particulier du Conseil de sécurité, tout en gardant à l’esprit les buts, les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies.  De même, a—t-il dit, il convient de réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour définir le modus operandi de l’Organisation au cours des 70 ans à venir.

Le Conseil de sécurité n’a guère évolué dans ses interactions avec les autres organes.  Il n’a ni adapté ses méthodes de travail, ni fait face à une population mondiale croissante, a-t-il fait remarquer.

Pour le représentant, le Conseil de sécurité doit améliorer ses méthodes de travail pour assurer davantage de transparence.  En outre, le droit de veto est incompatible avec les sociétés ouvertes que nous cherchons à bâtir, a-t-il dit, en prônant un usage limité de ce droit.  Enfin, il a mis l’accent sur l’importance de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix, les deux devant être traitées à part égale avec le maintien de la paix.

M. RON PROSOR (Israël) s’est dit convaincu que la plus grande menace à la paix et la sécurité internationales était celle que posent les groupes islamistes radicaux comme le Hezbollah, Al-Qaeda, Boko Haram et l’État islamique (EIIL).  Il s’agit, a-t-il souligné, d’une guerre entre civilisations, entre la tyrannie et la liberté, entre société plurielle et société totalitaire.  Cette menace ne cesse d’augmenter et, pourtant, le Conseil de sécurité a hésité à prendre des mesures et, parfois même, baissé les bras face aux États qui financent et accueillent ces groupes terroristes.  « Si nous voulons combattre le terrorisme, il faut traiter tous les groupes terroristes de la même manière.  Il n’y a pas de bon et de mauvais terrorisme », a-t-il prévenu.  Il a ainsi évoqué le cas du Hezbollah « qui tient le Liban en otage depuis plus de 30 ans ».  Dans ce « théâtre de l’absurde », M. Prosor a indiqué qu’il ne serait pas surpris si on accordait un rôle de premier plan à l’État islamique au sein du Conseil des droits de l’homme qui, selon lui, ne peut pas prétendre défendre la sécurité internationale tout en accueillant des pays qui sapent activement la paix et la sécurité internationales.

Revenant sur les actes terroristes commis par l’État islamique, le représentant d’Israël a fait remarquer que des millions d’hommes et de femmes attendent des Nations Unies qu’elles défendent leur dignité et leurs droits, en faisant observer que « nous ne sommes pas en train de faire assez pour leur venir en aide.

Évoquant le principe du respect des droits de l’homme, il a dénoncé le fait que le principal organe chargé de cette fonction, le Conseil des droits de l’homme, puisse actuellement avoir pour membre des pays comme l’Arabie saoudite, le Venezuela, le Qatar et l’Algérie.  « J’imagine que personne dans cette salle ne voudrait être traduit en justice dans l’un de ces pays », a-t-il lancé à la salle.  Pour sa délégation, le Conseil des droits de l’homme a été cour « circuité » par ces régimes qui sapent la paix internationale et le respect des droits de l’homme.  Plutôt que de critiquer ces régimes, ces pays sont élus au sein des organes des Nations Unies responsables du maintien de la paix et la sécurité internationales, a-t-il dénoncé.

La seule harmonie ici est la « chorale des condamnations contre Israël » alors même que la pire crise humanitaire a lieu en Syrie, a-t-il ironisé, en faisant remarquer que l’Assemblée générale n’avait adopté qu’une seule résolution pour condamner le régime syrien. 

Le représentant israélien a ensuite présenté son propre palmarès des « Oscars du maintien de la paix et de la sécurité internationales », en décernant à l’Iran l’« Oscar du meilleur acteur » pour prétendre être un pays attaché à la paix tout en développant des capacités nucléaires et adoptant une politique négationniste à l’égard de l’Holocauste; l’Oscar du meilleur second rôle au Hezbollah pour son soutien indéfectible au régime de Bashar Al-Assad; l’Oscar des meilleurs effets spéciaux va à l’Arabie saoudite pour avoir réussi à faire disparaître les femmes de l’espace public; et, enfin, l’Oscar du meilleur montage à l’Autorité palestinienne pour avoir réussi à réécrire l’histoire.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) s’est félicité du travail fourni par les Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, tout en reconnaissant les défis posés dans le monde par l’extension de l’extrémisme et du terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, le réchauffement climatique et les maladies infectieuses.

Il a mis l’accent sur la nécessité de réaffirmer que les buts et principes de la Charte des Nations Unies sont d’égale importance.  Le représentant a rappelé le principe consacré par la Charte selon lequel les différends internationaux doivent être réglés par des moyens pacifiques sur la base du droit international et non sur la force ou la coercition.

Le Japon déploie d’immenses efforts pour respecter pleinement le droit international et est fier des résultats obtenus.  Alors que l’Organisation célèbre cette année son soixante-dixième anniversaire, le Japon exprime sa détermination à redoubler d’efforts en vue de réformer et de renforcer le Conseil de sécurité, a dit M. Yoshikawa.

M. MARGUS KOLGA (Estonie) a déclaré qu’en examinant le grand nombre de conflits dans le monde et leurs conséquences catastrophiques sur les populations civiles en Syrie, en Ukraine, au Moyen-Orient, en Somalie ou au Soudan du Sud, il est clair que le Conseil de sécurité n’a pas toujours été à la hauteur de ses tâches.  De nombreuses tentatives pour adopter des résolutions sur une réponse internationale efficace pour mettre fin à ces crises et pour tenir responsables les auteurs des crimes atroces avaient été bloquées par des membres permanents du Conseil. 

Trop souvent, l’histoire nous a montré comment le privilège du droit de veto, ou même simplement la menace de l’utiliser, a fait l’objet d’un usage abusif en paralysant les travaux du Conseil de sécurité et l’empêchant ainsi d’agir dans des situations urgentes.  Le plus triste exemple de cette inaction est la catastrophe humanitaire en Syrie qui dure maintenant depuis quatre ans.  L’Estonie reste fidèle à la proposition française sur l’établissement d’un code de conduite sur l’autolimitation de l’utilisation de veto.  Une telle mesure aiderait le Conseil à être à la hauteur de son mandat.  En outre, le Conseil peut et devrait contribuer à la protection des droits de l’homme à travers son pouvoir de référer des cas de violations à la CPI.  Le Conseil devrait prendre des mesures pour assurer qu’un appui adéquat soit donné à la Cour afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat.

En outre, tout en se concentrant sur le rôle du Conseil dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, on ne peut pas ignorer la situation sécuritaire qui s’est gravement détériorée en Europe.  Le conflit en Ukraine a montré que les principes fondamentaux du droit international, notamment le respect de l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale et l’inviolabilité des frontières d’un pays, peuvent être violés.  Avec l’occupation et l’annexion illégale de la Crimée et l’intervention militaire en cours dans l’est de l’Ukraine, un membre permanent du Conseil de sécurité a agi en violation du droit international, des principes de la sécurité européenne, en particulier ceux énoncés dans l’Acte final d’Helsinki, la Charte de Paris et d’autres accords, a-t-il déploré.  Malgré ces violations, ces principes demeurent valables et doivent être pleinement respectés, a-t-il dit.  L’indépendance, la souveraineté nationale et l’inviolabilité territoriale constituent des principes fondamentaux des États, a rappelé M. Kolga.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que la pratique avait démontré, au cours des sept décennies écoulées, la nécessité de respecter la Charte des Nations Unies, de changer certaines méthodes de travail pour assurer la crédibilité de l’Organisation et renforcer son efficacité.

Le délégué a dénoncé l’attitude hégémonique, selon lui, de certains États qui utilisent l’Organisation pour défendre leurs propres intérêts et ferment les yeux sur l’occupation israélienne des territoires arabes.  Il a critiqué le fait que la Charte avait été ignorée par certains États dans le cadre de la politique « de deux poids, deux mesures ». 

Tous les efforts visant à faire face au terrorisme ne réussiront pas sans le respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il dit, en critiquant l’utilisation du Conseil de sécurité pour intervenir de manière flagrante dans les affaires intérieures de la Syrie.

Il a vivement dénoncé l’incursion hier en territoire syrien de la Turquie, démontrant, selon lui, les intentions de ce pays d’étendre son influence dans la région.  Le délégué a brandi un ouvrage de 500 pages qui, a-t-il assuré, contient les noms de milliers de terroristes tués en octobre 2013 et dont certains sont des ressortissants de pays membres du Conseil de sécurité.

M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) a réaffirmé l’importance de donner la priorité à la réalisation de l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine dans toute l’Afrique, à travers les efforts collectifs des pays membres.  À cet égard, le représentant a encouragé le Conseil de sécurité à approfondir sa relation avec les organisations régionales et sous régionales.  Bien que l’Acte constitutif de l’Union africaine reconnaît l’implication de chaque État membre dans la responsabilité de protéger ses citoyens, l’Union africaine a le droit d’intervenir à des fins de protection humaine en cas de crimes de guerre, de génocide et de crimes contre l’humanité.

L’Union africaine s’est adaptée et réformée pour mieux répondre aux nouvelles réalités.  Le représentant a ensuite appelé le Conseil de sécurité à s’adapter, à son tour, aux réalités d’aujourd’hui.  L’Afrique du Sud reste engagée au Consensus d’Ezulwini qui appelle à élargir la composition du Conseil de sécurité en faisant passer le nombre de ses membres de 15 à 26, dont au moins deux sièges de membres permanents et cinq sièges de membres non permanents à l’Afrique. 

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a déclaré que son pays avait pour priorité d’être un État Membre responsable et d’apporter son soutien à l’action des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix.  Pour cela, il est convaincu que les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies sont aujourd’hui plus importants que jamais et qu’il faut les respecter de façon équilibrée, honnête et impartiale.  Il a ajouté qu’il ne saurait y avoir de paix sans développement et, dans ce contexte, il a mis l’accent sur l’importance de la coopération internationale. 

Attaché au multilatéralisme et à la diplomatie préventive, le Kazakhstan estime que le Conseil de sécurité ne devrait recourir à la force qu’en dernier recours lorsque les tentatives diplomatiques et la négociation ont échoué.  Tous les pays, petits et grands, ont besoin d’être protégés et devraient avoir une voix au sein du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  À cet égard, sa délégation est également attachée au respect des droits de l’homme et à la protection des civils.  Il a également rappelé que son pays avait fermé de manière volontaire sa centrale nucléaire en 1991, ce qui s’inscrit dans la volonté de protéger les générations futures de la guerre et des conflits, qui est celle des Nations Unies.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que l’engagement de l’Italie vis-à-vis de la paix et de la sécurité internationales se mesurait au fait qu’elle est le premier pays contributeur de troupes parmi les pays occidentaux.  Mais, « comme nous le rappellent trop souvent nos tweets quotidiens, nos efforts sont constamment mis à l’épreuve par de nouvelles menaces qui exigent un partenariat multilatéral renforcé », a-t-il constaté, en faisant allusion au terrorisme, aux changements climatiques, à l’élimination de la pauvreté ou à l’épidémie causée par le virus Ebola.

Compte tenu de la complexité et des coûts croissants de la gestion des crises, M. Lambertini a estimé qu’il faudrait renforcer la prévention des conflits et la médiation.  Il s’agit là d’un « investissement stratégique pour créer des environnements plus stables et de meilleures conditions économiques et sociales », a-t-il précisé.  Pour lui, il faudrait passer de la réaction à l’action, et du règlement d’une crise ou d’un conflit à la prévention.  Il a souligné l’importance des partenariats avec les organisations régionales et rappelé que l’Italie avait contribué à la création du cadre d’analyse des atrocités massives du Bureau pour la prévention du génocide.  En outre, a-t-il ajouté, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) constitue la pierre angulaire de ce qui devrait devenir un système intégré de responsabilité pour mettre fin à l’impunité des auteurs de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.

M. GHOLAM ALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé que le Mouvement avait toujours insisté pour que la communauté internationale renouvelle son engagement à renforcer et à défendre les principes de la Charte des Nations Unies et le droit international ainsi que les moyens envisagés dans la Charte pour assurer le règlement pacifique des différends sans oublier le principe de non-recours à la menace ou à la force.

Le délégué a préconisé notamment que des mesures soient prises pour mener des relations extérieures sur la base des idéaux, des buts et des principes du Mouvement, de la Charte des Nations Unies et du droit international, ainsi que des déclarations adoptées par l’Assemblée générale.  Il a appelé à éviter de reconnaître, d’adopter ou de mettre en œuvre des mesures coercitives extraterritoriales ou unilatérales, notamment des sanctions économiques contre d’autres pays.  Le recours au Chapitre VII de la Charte pour régler des questions qui ne posent pas une menace à la paix et à la sécurité internationales doit être, selon le Mouvement des pays non alignés, évité.

Pour M. FREDERICK M SHAVA (Zimbabwe), qui s’exprimait au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), les buts et principes devraient continuer à guider l’action de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et la sécurité internationales.  Alors que le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation approche à grand pas, il faudrait se pencher, a-t-il estimé, sur la réalité géopolitique actuelle et sur la manière de la refléter au sein du Conseil de sécurité puisqu’il agit, en vertu de la Charte des Nations Unies, « au nom de tous les États Membres ».  Il a dénoncé la politique des « deux poids deux mesures » au sein du Conseil et le fait que le droit international ne semble s’appliquer qu’aux petits et faibles États alors que les États puissants peuvent agir en toute impunité.  

La SADC est également préoccupée par la tendance actuelle du Conseil de recourir à des mesures coercitives alors que toutes les autres options du Chapitre VI de la Charte n’ont pas été épuisées.  Pour la SADC, les Nations Unies doivent continuer à promouvoir le règlement pacifique des conflits et le recours à la force ne doit s’exercer qu’en dernier ressort.  Il est également impératif d’associer les organisations régionales et sous-régionales aux efforts de maintien de la paix, comme le stipule le Chapitre VIII de la Charte, a rappelé le représentant qui a passé en revue le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.  Pour sa part, la SADC a mis sur pied une force en attente d’intervention rapide.  Avant de conclure, le représentant a mis l’accent sur le lien entre paix, développement et droits de l’homme, en souhaitant que le programme de développement pour l’après-2015 en tienne compte.

M. BOGUSLAW WINID (Pologne) a rappelé que son pays avait été la première victime de la Deuxième Guerre mondiale en Europe.  Paradoxalement, « en raison de l’objection de l’un des alliés, le Gouvernement polonais légitime avait été privé de son droit de participer » à l’élaboration de la Charte et à la Conférence de San Francisco, a-t-il regretté.  Ce n’est qu’un demi-siècle plus tard que la Pologne a pu recouvrer pleinement sa souveraineté. 

Évoquant les nouvelles menaces à la paix et à la sécurité internationales, M. Winid a souligné que l’Ukraine était confrontée aujourd’hui à une agression militaire étrangère qui remet en cause les buts et principes consacrés dans le préambule de la Charte des Nations Unies et dans son Article 2.  Des terroristes et des criminels qui prétendent agir au nom de l’islam agissent en violation de la dignité humaine et des libertés fondamentales, a regretté le représentant de la Pologne.  L’ONU doit utiliser tous les outils dont elle dispose, y compris les sanctions, dans les cas où les normes internationales sont clairement bafouées, a-t-il estimé.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a mis l’accent sur la nécessité pour l’Organisation des Nations Unies et les États Membres de faire davantage pour la promotion et la protection des droits de l’homme et traiter les inégalités croissantes.  Le respect des droits de l’homme est la base, a-t-il souligné, de la paix, de la stabilité, du développement et de la prospérité, tandis que le Conseil de sécurité a un rôle essentiel en vue de faire en sorte que chacun puisse jouir de ses droits fondamentaux et de ses libertés.

Pour le représentant slovène, il est nécessaire de continuer d’adapter les méthodes de travail du Conseil de sécurité et de réguler l’usage du droit de veto dans des actions visant à prévenir ou à mettre fin aux actes les plus abominables, comme le génocide, les crimes contre l’humanité ou les crimes de guerre.

M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a rappelé que la Charte des Nations Unies souligne l’importance du rôle et des travaux du Conseil de sécurité dans la protection des civils, la promotion de l’égalité des droits des hommes et des femmes, ainsi que dans l’émancipation, le respect des droits, la protection et le bien-être des femmes et des jeunes filles en situation de conflit.  Le Canada estime qu’il est important que le débat d’aujourd’hui porte sur la façon dont le Conseil doit évoluer pour répondre aux problèmes et questions que connait le monde.  Le représentant a ajouté que la légitimité de la « famille onusienne », et tout particulièrement celle du Conseil de sécurité, repose sur son efficacité, sur la qualité et la rapidité de ses décisions et sur sa capacité à obtenir l’appui nécessaire au lancement d’interventions en temps de crise.  « Nous ne pouvons permettre que le Conseil de sécurité puisse être utilisé pour servir l’intérêt politique de certains de ses membres et qu’il bafoue les principes mêmes sur lesquels il a été fondé », a dit le représentant.

Le Canada attend du Conseil de sécurité qu’il intervienne lorsque les principes directeurs des Nations Unies sont bafoués ou ignorés, et lorsque cela crée des menaces à la paix et à la sécurité.  Ses membres doivent dans le même temps respecter l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale des autres États Membres, a poursuivi le représentant avant de constater à regret que cela n’avait pas été le cas en Ukraine.

Le Canada pense que les horreurs commises en Iraq et en Syrie par le groupe terroriste EIIL soulignent plus que jamais la nécessité pour le Conseil de faire preuve de véritable leadership pour apporter un soutien aux femmes et à la liberté de religion, a dit le représentant.  Il a également dénoncé les viols collectifs perpétrés au Darfour où « le Gouvernement du Soudan dissimule tout simplement ces horreurs ».  Ainsi le Canada demande que les Nations Unies mènent, sans plus tarder, une enquête sur ces agressions.  Abordant également la situation en Syrie, le représentant a déploré que des centaines de milliers de personnes ne reçoivent pas les secours d’urgence essentiels « parce que le régime Assad interdit l’accès du territoire aux humanitaires ».  Ces quelques exemples sont la preuve qu’en de trop nombreux endroits du monde, des civils sont délibérément ciblés en cas de conflit, ce qui est contraire aux principes de la Charte, a estimé le représentant

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a reconnu que le nombre croissant de conflits interétatiques, la menace du terrorisme et de l’extrémisme violent, de même que d’autres crimes transnationaux organisés perpétrés par des acteurs non étatiques, sont des défis « plus graves que jamais ».  La prévalence de la pauvreté et de l’inégalité, la propagation de maladies pandémiques, l’impact des changements climatiques et d’autres défis d’ordre socioéconomique ont également des conséquences importantes pour la sécurité et la survie de l’humanité dans son ensemble.

M. Alemu a estimé que les États devraient combattre le terrorisme ensemble, sans recourir à la politique des « deux poids, deux mesures », et dans l’esprit de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité.  Pour lui, il faudrait également se pencher sur les causes profondes du terrorisme.  À cet égard, il a jugé « crucial » le succès du programme de développement pour l’après-2015.  Les États devront s’engager à réaliser les objectifs ambitieux établis dans le cadre de ce programme lors de la troisième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba en juillet prochain.

M. TIM MAWE (Irlande) a indiqué que son pays était guidé par les principes du dialogue et du compromis pour trouver une solution aux conflits intraitables entre les peuples, du respect de l’état de droit et de la solidarité au sein de la communauté internationale quand un État démocratique est menacé, d’un engagement solide en faveur du maintien de la paix tout en préservant la neutralité militaire irlandaise, de l’importance du développement et de la promotion des droits de l’homme.

Le représentant a également affirmé que l’Irlande participerait activement dans les négociations intergouvernementales concernant la réforme de la composition du Conseil de sécurité de manière à ce que cet organe reflète davantage les réalités du monde d’aujourd’hui.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a fait remarquer qu’en dépit des actions et efforts de l’ONU depuis 1945, des millions de personnes dans le monde avaient placé leur confiance dans l’Organisation et, en particulier, dans le Conseil de sécurité, mais ont dû réviser leurs attentes à la baisse lorsqu’elles ont été victimes de guerres, de violations des droits de l’homme ou d’autres atrocités contre lesquelles l’ONU n’a pas su les protéger.  En 2013, le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile et de personnes déplacées avait dépassé 50 millions de personnes, dont la moitié était des enfants, a rappelé le représentant.  Les crises en Syrie et au Soudan du Sud sont d’autres exemples des échecs de la prévention des conflits.  L’Albanie est particulièrement préoccupée par la situation en Ukraine depuis un an et rappelle que la résolution 68/262 de l’Assemblée générale qui soutient la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine n’avait toujours pas été mise en œuvre et que le Conseil de sécurité n’arrivait pas à sortir de l’impasse sur ce dossier.  Saluant l’Accord de paix récent, qui reste cependant « fragile », l’Albanie réitère son appel pour un engagement sincère et sérieux du Conseil pour qu’une solution durable puisse être trouvée en Ukraine. 

La crédibilité et la légitimité du Conseil de sécurité dépendent en large partie de sa capacité à agir efficacement et rapidement, en particulier face aux violations des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité.  Dans ces cas, le recours au veto « trahit la confiance placée par des millions de personnes pour lesquelles les Nations Unies sont le seul espoir », a souligné le représentant, avant d’ajouter que cela encourageait les dictatures et sapait les efforts internationaux pour venir à bout de l’impunité.  C’est la raison pour laquelle l’Albanie soutient l’initiative de la France visant à limiter l’exercice du droit de veto dans des situations de génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et nettoyage ethnique.  Le Conseil de sécurité doit se donner les moyens de pleinement respecter et appliquer les buts et principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il dit avant de conclure.

M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie) a fait part des priorités défendues par son pays en vue de rendre le système des Nations Unies plus réactif, efficace et transparent.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de diriger le Conseil de sécurité vers plus de démocratie, de représentation, d’efficacité et de responsabilité, tout en adoptant une approche globale et holistique.

La Turquie appuie les processus d’examen de cette année concernant les opérations de maintien de la paix, de consolidation de la paix et la question de genre.  Il a souligné l’importance d’une utilisation efficace de l’Article VI de la Charte des Nations Unies pour promouvoir la prévention des conflits.  Enfin, il a insisté sur le lien entre sécurité, développement et droits de l’homme, ainsi que sur le respect des principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et d’indépendance politique des États Membres, consacrés dans la Charte.

Le représentant de la Turquie a, par ailleurs, démenti catégoriquement les allégations faites auparavant par une délégation concernant ses activités militaires contre Daech et dont le Secrétaire général avait été informé le jour-même.

M. AHMED SAREER (Maldives), au nom du Groupe ACT (Responsabilité, Cohérence et Transparence), a souhaité davantage d’inclusion et de responsabilité pour accroître l’efficacité du Conseil de sécurité.  À cet égard, il a salué les efforts du Conseil qui avait augmenté, de 7% en 2014, le nombre de ses réunions publiques et privées par rapport aux consultations à huis clos.  Il lui a recommandé de communiquer régulièrement l’état d’avancement des mesures prises pour améliorer ses méthodes de travail.

Par ailleurs, le représentant a souhaité que le Conseil entame un débat sur le processus de nomination du Secrétaire général de l’ONU.  Il a appelé à une plus grande transparence, y compris au niveau de la publication des candidatures, et à la participation élargie des États Membres au processus.  Il a également proposé que le Conseil recommande plus d’un nom à l’Assemblée générale.

Enfin, s’agissant du droit de veto, le représentant a appelé tous les membres du Conseil à s’abstenir de voter contre une action visant à prévenir ou à mettre fin à un génocide, des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre. 

M. TETE ANTONIO, Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a déclaré que face à la prolifération des menaces transfrontalières, l’heure était à la mobilisation et à la consolidation des efforts de tous les acteurs de la communauté internationale, ainsi qu’au renforcement des partenariats stratégiques dans le respect du principe de la primauté du mandat du Conseil de sécurité dans le domaine de la préservation de la paix.  Il a ajouté que depuis 2002, l’Union africaine avait déployé nombre d’opérations de soutien à la paix en réponse à des situations de conflit sur le continent africain, notamment au Burundi, au Darfour, au Mali, en République centrafricaine et en Somalie.  Les efforts de stabilisation entrepris par ces missions et les sacrifices consentis par leur personnel ont facilité la tâche des missions onusiennes qui ont finalement pris le relais, a indiqué M. Antonio qui a souhaité le renforcement de ce partenariat à la faveur d’une lecture novatrice des dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. 

Pour ce faire, il est essentiel que les deux organisations parviennent à une plus grande cohérence politique pour renforcer davantage le partenariat à la fois en ce qui concerne les consultations préalables à la prise de décisions, la compréhension commune de ces questions et le soutien aux efforts de paix sous conduite africaine, a expliqué l’Observateur de l’Union africaine.  Il faudrait également répondre de manière appropriée aux demandes légitimes de financement des opérations de soutien à la paix engagées par l’Union africaine, en coopération avec les Nations Unies.  Avant de conclure, il a lancé un appel aux États Membres pour corriger l’injustice infligée à l’Afrique qui demeure le seul continent à ne pas être représenté dans la catégorie des membres permanents du Conseil de sécurité et sous représenté dans la catégorie des membres non permanents, en appuyant la position africaine commune énoncée dans le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre), rappelant que l’année 2015 marquait le soixante-dixième anniversaire de l’ONU, a souligné que Chypre, grâce à cette Organisation, s’était engagée dans la voie de l’indépendance en adhérant aux buts et principes de la Charte et la plupart des traités et conventions internationaux.  Chypre demeure cependant un cas où les principes de la Charte restent bafoués en raison de l’occupation turque, a rappelé le représentant.  Son pays ne demande pas une aide, il demande simplement que le droit international soit respecté, a-t-il précisé.  Compte tenu du fait que cette situation dure depuis des décennies, il a voulu savoir si les buts et principes de la Charte sont réellement défendus par le Conseil de sécurité ou si c’est la loi du plus fort qui l’emporte.  Pour sa délégation, il ne fait pas de doute que l’intérêt collectif repose sur le respect de la primauté du droit.

Mme SIMONA MICULESCU (Roumanie) a déclaré que la myriade de conflits auxquels nous assistons aujourd’hui, des conflits gelés en Europe orientale, dans la région de Transnistrie, dans le Haut-Karabakh, en Abkhazie et en Ossétie, ou encore ceux qui sont actuellement en Ukraine ou sur les rives de la Méditerranée, auxquels s’ajoutent des phénomènes terribles comme le terrorisme et la violence extrémiste, exigent que l’ONU et la communauté internationale restent vigilantes et travaillent sans relâche pour fournir des secours à travers une action commune. 

Elle a ajouté que la promotion de l’état de droit dans les relations internationales avait été la ligne constante de la politique étrangère de la Roumanie.  Elle a rappelé que le Sénat roumain avait adopté, le 5 février dernier, la loi sur l’acceptation de la juridiction obligatoire de la CIJ. 

Mme Miculescu a aussi déclaré que la Roumanie considérait comme élément important le rôle des acteurs régionaux pour le bon fonctionnement, l’efficacité et la légitimité du système collectif de sécurité.  Si le Conseil de sécurité garde la principale responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité, les organisations régionales sont de plus en plus reconnues comme un instrument de prévention, de résolution et de gestion de conflits.  La représentante a rappelé que le Chapitre VIII de la Charte de l’ONU stipule les principes directeurs des partenariats entre les organisations régionales et les institutions de l’ONU.  « La Charte ne donne pas une définition précise des organisations régionales permettant ainsi une variété d’efforts de coopération.  Il est clair que ces efforts devraient être entrepris avec volonté et des partenaires capables, dans le but d’assurer le succès », a estimé la représentante. 

M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a affirmé que la Constitution de son pays reflétait à maints égards l’esprit qui avait présidé à la création de cette Organisation internationale.  Il a rappelé que, conformément à son obligation constitutionnelle, l’Indonésie participait depuis le début des années 50 aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. 

À la lumière des défis mondiaux d’aujourd’hui, l’Indonésie célèbre, au mois d’avril de cette année, la commémoration du soixantième anniversaire de la Conférence Asie-Afrique afin de réaffirmer les principes de la Conférence de Bandung.  Cette commémoration comprendra un sommet Asie-Afrique afin de permettre aux pays des deux continents de renforcer leur coopération. 

M. CHAYAPAN BAMRUNGPHONG (Thaïlande) a déclaré que la priorité pour les Nations Unies et la communauté internationale était de plaider pour l’égalité sociale, le respect et la promotion des droits de l’homme, la souveraineté et la tolérance pour prévenir l’expansion du terrorisme et de l’extrémisme.  Pour faire face à ces défis, la Thaïlande estime que les principes et buts de la Charte des Nations Unies restent universels, applicables et pertinents.  Nous avons besoin de nouvelles méthodes de travail, approches et mesures conformes à la Charte et au droit international, a-t-il dit.  La Thaïlande encourage la poursuite des discussions entre les États Membres, les institutions des Nations Unies et la société civile sur ce sujet dans différents forums.

Le représentant a aussi souligné que l’intérêt national restait un objectif suprême et sans compromis pour chaque pays.  Il a expliqué qu’une approche possible de prévenir le conflit et extirper le terrorisme et l’extrémisme était de réaliser et d’attacher une plus grande importance au respect mutuel des principes fondamentaux consacrés par la Charte.  Le monde d’aujourd’hui doit parvenir à une compréhension mutuelle, a estimé le représentant. 

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a noté que, depuis les années 1990, les opérations de maintien de la paix sont devenues la règle plutôt que l’exception pour rétablir la paix et la stabilité, ce qui est particulièrement vrai pour les conflits internes qui ont lieu dans la région des Grands Lacs.  Il a mis l’accent sur l’importance de la sécurité et, à cet égard, sur celle de la mobilisation précoce de moyens suffisants pour le renforcement des capacités permettant que des activités connexes, comme le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR), soient menées.  Le Burundi se félicite de la réussite de son programme de DDR qui a permis une bonne intégration des anciens éléments rebelles au sein de l’armée régulière.  Il est disposé à partager son expérience avec d’autres nations dans le cadre du partenariat tripartite Burundi-pays concernés-Nations Unies et/ou Union africaine, a dit M. Shingiro.  Le représentant a mis l’accent sur le fait que les mandats des opérations de maintien de la paix (OMP), et leurs prorogations, doivent être élaborés dans le strict respect des buts et principes énoncés par la Charte des Nations Unies.  Il faut en particulier que le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique des États et la non-ingérence dans leurs affaires internes, soient garantis.  Face à la multiplication des mandats incluant la protection des civils, le Burundi insiste sur le fait que cette responsabilité incombe au premier chef aux États, qui en la matière sont souverains, et qu’elle ne saurait servir de prétexte pour promouvoir un changement de régime, une intervention militaire ou tout autre acte contraire aux dispositions de la Charte, a insisté le représentant. 

Le maintien de la paix ne doit pas non plus se substituer à d’autres mécanismes existants moins coûteux, comme la diplomatie préventive et les efforts politiques de règlement pacifique des conflits en amont, a estimé M. Shingiro.  Il semble également nécessaire de renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales dans ce domaine, et ceci est en particulier vrai concernant l’Union africaine.  Le Burundi a mis l’accent sur l’importance de l’intégration de la consolidation de la paix de manière cohérente et intégrée afin qu’elle puisse répondre aux besoins des pays concernés, conformément au principe de l’appropriation nationale.  Le représentant a également plaidé en faveur de l’intégration des femmes tout au long des processus de paix.  Il a en outre souhaité un renforcement du dialogue tripartite entre Conseil de sécurité, Secrétariat et pays fournisseurs de contingents et un appui du Conseil aux initiatives régionales et sous-régionales.

M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a souligné trois points qui sont au cœur de la paix, de la justice et du développement notamment la prévention des conflits, le droit de veto et le règlement pacifique des différends.  S’agissant de la prévention des conflits, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à se prévaloir autant que possible des outils prévus par le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies pour prévenir les conflits.  L’autre élément crucial est une action rapide du Conseil en réponse à une alerte précoce en particulier quand de graves violations des droits de l’homme ou des atrocités de masse sont sur le point d’être commises.  Il a aussi salué le rôle plus proactif du Secrétaire général.  En ce qui concerne le droit de veto, le représentant a appuyé l’initiative de la France pour un code de conduite volontaire des cinq membres permanents pour qu’ils renoncent à exercer le droit de veto dans de telles situations.

Le représentant a encouragé le Conseil à prendre des mesures pour que les procédures de règlement pacifique soient utilisées non seulement par les États, mais également par des acteurs non étatiques.  En vertu des articles 34 et 36 de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité peut recommander que les parties règlent de manière pacifique leur différend.  Il peut également suggérer la forme spécifique qu’il juge la plus appropriée et demander d’être informé sur les résultats.  Lorsque la CIJ est compétente, le Conseil peut également inviter instamment les parties à porter leur différend devant la Cour.  Le Conseil pourrait aussi encourager les parties à accepter la compétence de la Cour lorsque la sienne n’a pas encore été reconnue, a expliqué le représentant.

M. JOSÉ LUIS RIVAS (Uruguay) a réaffirmé l’attachement de son pays, membre fondateur de l’ONU, aux buts et principes de la Charte.  Il s’est toutefois dit préoccupé par le fait que ceux-ci ne sont pas observés dans plusieurs parties du monde.  

Le représentant a noté que 120 000 militaires, policiers et civils sont déployés dans diverses missions de maintien de la paix, « un chiffre record » qui prouve que la tâche du maintien de la paix et de la sécurité internationales est immense.  Il a souligné, en particulier, le rôle de l’Uruguay dans les missions de l’ONU en République démocratique du Congo et en Haïti.  Rappelant que le consentement préalable des États est essentiel, il a toutefois fait remarquer que la plupart des conflits armés étaient interétatiques.  S’il a reconnu qu’il incombait en premier lieu aux États de protéger leur population, il a également dit que la communauté internationale devait intervenir en cas de « risque imminent de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de nettoyage ethnique ». 

M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a affirmé que son pays appuyait l’initiative de la France visant à restreindre l’usage du droit de veto lorsque le Conseil de sécurité est appelé à se prononcer sur des cas d’atrocités de masse.  Il a néanmoins mis l’accent sur la nécessité de discuter de cette très importante question à l’Assemblée générale afin qu’elle puisse obtenir le soutien le plus large possible des États Membres des Nations Unies.

Par ailleurs, le représentant a souligné l’importance, alors que l’on s’achemine vers l’adoption du programme de développement pour l’après-2015, de garantir la poursuite de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) comme une composante essentielle des prochains objectifs de développement durable.  Il a également insisté sur la nécessité de reconnaître le caractère indispensable de lutter contre les effets des changements climatiques.  Cette question, a-t-il dit, a été soulevée par les petits États insulaires en développement du Pacifique dans le contexte des menaces à leur existence et à leur développement durable.

M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a estimé qu’une action efficace du Conseil de sécurité passait par des actions basées sur le respect des principes sur lesquels l’ONU avait été créée et dans le cadre des fonctions et pouvoirs octroyés par la Charte.

Selon le délégué, la première préoccupation de ce Conseil, en tant que garant de la paix et de la sécurité internationales, doit être que les principes d’égalité souveraine et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres États soient respectés.  Le délégué équatorien a déploré une augmentation du nombre de résolutions émises par le Conseil de sécurité en vertu des dispositions du Chapitre VII de la Charte.  Il a demandé à ce que, dans des situations de conflit et de menaces potentielles à la paix et à la sécurité internationales, les mesures soient décidées de manière progressive en ayant recours d’abord aux dispositions du Chapitre VI sur le règlement pacifique des différends et du Chapitre VIII sur les accords régionaux.

Reprenant les termes du Président Eisenhower en 1961, Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a réaffirmé que « malgré tous ses défauts, l’ONU continuait de représenter le meilleur espoir, conçu et créé par l’homme, pour substituer la table de conférence au champ de bataille ».  Il incombe à chaque État Membre de l’ONU de respecter à la lettre les buts et principes de la Charte dans le contexte actuel de crises et de conflits persistant.  Faisant partie du Groupe des pays amis de l’état de droit, les Philippines réitèrent leur appel à placer la primauté du droit au cœur des efforts de paix dans le monde, à commencer au niveau national.  Elles s’efforcent à appliquer cette approche pour rétablir la paix dans le sud du pays dans l’espoir de voir un jour l’émergence d’un « Mindanao musulman pacifique ».  La représentante a également passé en revue la manière dont son gouvernement cherche à régler le différend maritime qui touche l’ouest du pays, en mer de Chine, par le biais de mécanismes établis en vertu du droit international et, notamment, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

Mme KATALIN BOGYAY (Hongrie) a estimé que l’ONU avait été créée pour le dialogue.  Les fondateurs de l’ONU s’étaient engagés à « préserver les générations futures du fléau de la guerre », a-t-elle souligné avant de dire qu’il faut apprendre aux enfants dès leur plus jeune âge à « respecter et à célébrer la diversité de la race humaine ».  Préoccupée par les conflits, les effusions de sang et la souffrance humaine, elle a estimé que le monde avait besoin de connaître « un nouveau Siècle des lumières » et que l’ONU pouvait jouer, à cet égard, un rôle de chef de file. 

Enfin, la représentante a regretté que « le Conseil de sécurité et la communauté internationale semblent être paralysés » dans bien des situations.  Or, l’histoire a déjà prouvé que l’inaction ne fera que prolonger la souffrance humaine et provoquer d’autres atrocités, a-t-elle mis en garde. 

« Nous ne devons pas penser que la Seconde Guerre mondiale s’est terminée avec un vainqueur et des vaincus, mais avec un nouveau monde déterminé à assurer la paix et la sécurité », a insisté M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte).  Il faudrait, a-t-il dit, œuvrer davantage en ce sens pour réformer le Conseil de sécurité pour qu’il soit plus transparent et représentatif.  Le représentant a souligné l’importance de la consolidation de la paix, du maintien de la paix et des missions diplomatiques, tout en mettant l’accent sur la diplomatie préventive.  Il a souligné également le caractère essentiel de lutter de conserve contre les défis posés par l’extrémisme et le terrorisme.  Le fait que la question palestinienne n’ait toujours pas été réglée est en contradiction avec les principes de la Charte des Nations Unies et le droit international, a estimé le représentant égyptien avant de conclure.

Mme ADRIANA MURILLO RUIN (Costa Rica), se ralliant à la position des pays de l’initiative ACT et du groupe des amis de l’état de droit, a constaté que 70 ans après la création de l’Organisation des Nations Unies, la prévention des conflits restait l’une des principales raisons de l’existence de l’ONU.  Elle a ainsi souligné le lien intrinsèque entre paix, développement et respect des droits de l’homme.  Il est urgent que le Conseil de sécurité ajuste son travail en matière de prévention et de règlement pacifique de conflits, a souligné Mme Murillo Ruin.  Elle lui reproche d’avoir développé des outils en vertu du Chapitre VII de la Charte, alors que cela avait été beaucoup moins le cas pour les instruments de règlement pacifique des différends prévus par le Chapitre VI, et demande qu’il y soit remédié.  En tant que membre du Groupe pour la médiation, le Costa Rica souhaite que le Conseil de sécurité maximise les moyens disponibles pour la diplomatie préventive et qu’il coordonne davantage son travail avec celui des organisations régionales et des autres organismes onusiens avec des compétences pertinentes.

La représentante a également abordé la question des violations des droits de l’homme et a estimé que ces cas devraient être dénoncés et portés devant les autorités compétentes, y compris le Conseil de sécurité.  Dans ce contexte, a-t-elle précisé, le principe de la souveraineté devrait être interprété comme souveraineté responsable notamment de la protection de la population.  Le Costa Rica appuie l’initiative du Secrétaire général « les droits avant tout » et réitère que les aspects liés à la protection des droits de l’homme doivent être clairement stipulés dans les mandats des missions de maintien de la paix.  Enfin, le Costa Rica exhorte le Conseil de sécurité à utiliser des méthodes de travail plus flexibles et plus inclusives en partant du principe d’égalité souveraine entre les États.  Par ailleurs, il s’oppose à l’utilisation du droit de veto au sein du Conseil et soutient la proposition de la France pour un code de conduite dans ce domaine.  S’agissant du choix du nouveau Secrétaire général, la représentante a exigé un processus plus transparent, plus inclusif et plus démocratique.

M. AN MYONG HUN (République populaire démocratique de Corée) a estimé que les droits égaux des États souverains n’étaient pas reflétés dans les activités de l’ONU et qu’ils étaient « bafoués et ignorés », « sous prétexte de démocratie, de lutte contre le terrorisme, de protection des droits de l’homme, de liberté d’expression ou de non-prolifération ».  Cela est le résultat de l’action d’un membre permanent du Conseil qui cherche à jouer le rôle de policier du monde à travers des blocs militaires ou des alliances militaires bilatérales qui n’ont rien à voir avec l’ONU, a-t-il affirmé.

Certains États exercent le droit de lancer des missiles, quand ce même droit est refusé à d’autres, a-t-il dénoncé.  De même, on ferme les yeux devant « les tortures horribles commises par un membre permanent » pour « fabriquer un problème de droits de l’homme » pour un autre État Membre, « sur la base de faux témoignages ».  Dans le même esprit, il a qualifié de « mensonges du siècle » les accusations portées contre l’Iraq et ses prétendues armes de destruction massive en 2003.  La façon dont le Conseil de sécurité gère le problème coréen au Conseil de sécurité n’est pas orientée vers la promotion de la paix et de la sécurité dans la péninsule coréenne, a-t-il résumé.  Le représentant a fustigé « la stratégie d’un membre permanent qui est de détruire la souveraineté et le droit d’exister d’un État Membre de l’ONU ».  Il a ainsi accusé directement les États-Unis d’avoir détruit toutes les bases d’un dialogue.

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a salué l’esprit de compromis qui avait présidé à l’élaboration de la Charte des Nations Unies.  Bien que la Charte ne contienne pas de référence au terrorisme, le travail normatif résultant des conventions multilatérales contre le terrorisme montre qu’elle était en avance sur son temps et qu’elle avait ouvert la voie à une interprétation concertée entre les États », a-t-il estimé.  La notion de « menace à la paix » a évolué, puisqu’elle englobe maintenant les actes terroristes, la prolifération des armes de destruction massive, l’absence de bonne gouvernance, la criminalité transnationale organisée, les changements climatiques, la propagation des pandémies et la pauvreté.

Le représentant a estimé que la promotion de la paix internationale, la prévention et le règlement des conflits, et la quête de la justice internationale étaient liées à la réalisation d’un développement durable.  Toutes ces tâches, a-t-il insisté, requièrent un effort collectif.  Aujourd’hui, « le défi consiste à trouver des formes de gouvernance mondiale plus inclusives ».

Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a condamné toutes les actions visant à saper la paix et la sécurité, telles que le changement de régime, la rupture de l’ordre constitutionnel, l’incitation à la violence, le recours à la force, ou encore le coup d’État.  Récemment, les 33 pays de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes avaient proclamé la région « zone de paix », s’est-elle félicitée.  Elle a néanmoins condamné « les politiques subversives et agressives » menées contre certains pays de la région, comme le Venezuela dont le Président a été victime d’une tentative de coup d’État et d’assassinat. 

Dans « notre Amérique », a assuré la représentante, « nous continuerons à lutter pour éliminer le colonialisme, particulièrement dans les Caraïbes, y compris à Porto Rico, et pour mettre fin à l’occupation des Îles Malouines ».  Elle a ajouté que les puissances occupantes devaient cesser leurs politiques qui menacent la paix et la sécurité de la région.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a mis l’accent sur la nécessité de renforcer et de concrétiser l’engagement solide des États Membres en faveur des principes de la Charte des Nations Unies, y compris les principes d’égalité souveraine, de souveraineté nationale, d’intégration territoriale, de non-ingérence et de règlement pacifique des différends.  Il faudrait également, a-t-elle estimé, redoubler d’efforts en vue de résoudre des questions telles que la pauvreté, la faim ou les inégalités, causes d’insécurité et d’instabilité.

En outre, le Viet Nam souligne la nécessité de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales grâce à des actions concrètes, pratiques, y compris le développement et la promotion de principes, de normes et de codes de conduite conformément aux principes établis dans la Charte.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a déclaré que la sécurité européenne est une fois de plus délibérément contestée par l’agression militaire continue de la Russie contre l’Ukraine.  La communauté internationale tout entière doit réagir à l’annexion de la Crimée et la tragédie qui se déroule dans l’est de l’Ukraine.  Dans ces temps troubles, la Géorgie est aux côtés du peuple ukrainien dans leur quête de démocratie.  Le représentant a appelé la Fédération de Russie à cesser sa politique agressive contre des États souverains.  Il a aussi rappelé l’agression de la Fédération de Russie contre la Géorgie dans les années 1990 et qui s’est aggravée en 2008 quand la Russie a mené deux opérations militaires contre la Géorgie et occupé deux régions: Abkhazie et Tskhinvali.  Les actions russes dans ces régions sont en contradiction des principes fondamentaux du droit international.

Mais en dépit de ces provocations, a dit le représentant, la Géorgie reste engagée à adopter une approche pacifique et constructive.  Elle s’est constamment engagée en faveur d’une résolution diplomatique et pacifique du conflit avec la Fédération de Russie.  Malheureusement, ces efforts n’ont pas donné de résultats en termes de résolution pacifique de conflit, a regretté le représentant.  « Nous apprécions hautement les discussions internationales de Genève et nous continuerons notre participation constructive de bonne foi dans ce cadre clef établi pour la mise en œuvre de l’Accord de cessez-le-feu du 12 août 2008 », a assuré le représentant qui a rappelé que la Géorgie avait été directement affectée par l’incapacité des Nations Unies à prendre des actions concrètes quand, dans la foulée de la guerre d’août 2008, tous les efforts du Conseil de sécurité pour trouver une solution constructive étaient tombés dans la trappe de la déficience structurelle du Conseil permettant à un membre permanent et partie au conflit de faire obstacle à toute mesure significative prise par le Conseil.  Ces lacunes ont permis, par un scénario paradoxal, d’interrompre le mandat de la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie par un veto, créant ainsi un vide en matière de sécurité.  Les crises syrienne et ukrainienne sont d’autres exemples flagrants en la matière, a déploré le représentant.

Mme MIRSADA ČOLAKOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a rappelé que le soixante-dixième anniversaire de l’Holocauste et le vingtième anniversaire du génocide de Srebrenica, cette année, étaient célébrés à un moment où des conflits tragiques déchirent plusieurs régions du monde.  Elle a souligné que la nature des conflits avait beaucoup changé.  Les crises dont est saisi le Conseil de sécurité montrent qu’un équilibre n’a pas encore été atteint.  C’est pourquoi, il faudrait faire une meilleure utilisation des instruments que fournit la Charte des Nations Unies, ainsi que les capacités de tout le système onusien.  La Bosnie-Herzégovine, a indiqué sa représentante, salue le code de conduite que propose la France pour limiter l’utilisation du droit de veto par les membres permanents du Conseil en cas d’atrocités de masse.  Mme Colaković a aussi suggéré d’utiliser les bons offices du Secrétaire général et de ses conseillers spéciaux.  En matière de consolidation de la paix, elle a invité le Conseil de sécurité à consulter les pays qui ont une expérience dans ce domaine.

Mme IVANA PAJEVIĆ (Monténégro) a souligné que le rôle de l’ONU était plus important que jamais face à l’impact mondial de conflits nationaux et régionaux et aux nouvelles menaces mondiales à la paix et à la sécurité internationales.  Pour relever ces défis, il faudrait, a-t-elle estimé, une ONU plus efficace et une réforme en profondeur de l’Organisation.  Le Monténégro attache un intérêt particulier à l’amélioration de l’ordre mondial en matière de primauté du droit.  Tous les États doivent respecter les principes fondamentaux du droit international, coopérer en vue de combattre toute forme de terrorisme et les violations flagrantes des droits de l’homme, et faire en sorte que les responsables de ces actes soient traduits en justice. 

En outre, il faudrait réaffirmer l’engagement collectif en faveur du multilatéralisme et des buts et principes de la Charte des Nations Unies pour parvenir à une culture de paix, de justice, d’équité, de démocratie et d’état de droit, a affirmé la représentante.  « Soixante-dix ans après la création de l’ONU, nous devons prendre conscience du fait que les problèmes et défis du monde exigent désormais une réponse collective mondiale », a-t-elle dit.  Aucune autre organisation ne jouit de la légitimité nécessaire pour unifier la communauté internationale autour de cette cause commune, a-t-elle estimé avant de conclure.

M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan) a affirmé que le conflit armé en cours entre son pays et l’Arménie continuait de poser une menace sérieuse à la paix et à la sécurité régionales et internationales.  Il a déclaré que depuis plus de 20 ans, l’Arménie utilisait la force contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan en violation flagrante du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

L’impasse actuelle dans le processus de règlement du conflit ne bénéficie à personne, a-t-il dit, en précisant qu’il ne pouvait être résolu que sur les bases du plein respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan dans ses frontières internationalement reconnues.  L’Arménie, a-t-il poursuivi, doit retirer ses forces armées du Nagorno-Karabakh et d’autres territoires occupés de l’Azerbaïdjan, s’engager de manière constructive dans le processus de règlement du conflit et satisfaire à ses obligations internationales.

M. JANIS MAZEIKS (Lettonie) a fait remarquer que les buts et principes de la Charte des Nations Unies sont d’une actualité poignante pour certains États Membres de l’ONU.  « Qui aurait pu penser qu’un membre permanent du Conseil de sécurité annexerait illégalement une partie d’un autre État souverain, 20 ans seulement après s’être engagé à respecter l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de l’Ukraine? » a-t-il demandé.

Le représentant a estimé que l’inaction du Conseil de sécurité, lorsque des atrocités massives sont commises, est « contraire à l’esprit de la Charte des Nations Unies ».  Les membres permanents dotés du droit de veto ont une responsabilité particulière lorsqu’il s’agit d’utiliser ce droit, a-t-il ajouté.  Malheureusement, dans le cas de la Syrie, le Conseil n’a pas été en mesure d’empêcher le régime de perpétrer des crimes contre sa propre population.  Il a même bloqué le renvoi du dossier devant la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il déploré.  Pour sa délégation, « de tels échecs ont d’immenses coûts humains », car des civils innocents deviennent les victimes de crimes contre lesquels l’ONU s’était engagée à les protéger.

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a estimé que l’augmentation du nombre d’États Membres avait été source de problèmes et de conflits, que ce soit à la suite de la décolonisation ou après la dissolution de l’Union soviétique.  Si nous prenons au sérieux notre responsabilité envers les autres, ou notre détermination à lutter contre les crimes atroces, nous ne devrions pas permettre la suppression de la liberté au nom de l’intégrité territoriale, a-t-il dit.  Le conflit dans le Haut-Karabagh, a-t-il dit, n’a toujours pas été résolu. 

Le représentant s’est dit convaincu que ce conflit ne peut être réglé que par voie négociée et pacifique.  Il a appelé tous les membres de la communauté internationale à soutenir ce processus.  Il faudrait, a-t-il ajouté, mettre en œuvre des mesures de confiance telles que le retrait des tireurs d’élite et la création d’un mécanisme d’enquête sur les violations de cessez-le-feu.  Le représentant a également appelé à renforcer la prévention de manière à éviter que des crimes de génocide, comme celui que son pays a connu en 1915, ne se reproduisent.  Cette année, les Arméniens commémorent le 100e anniversaire du génocide arménien et de nombreux pays se sont montrés solidaires avec son pays, a-t-il assuré, en regrettant que certains continuent de nier l’existence de ce génocide. 

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a estimé que la communauté internationale, représentée par le Conseil de sécurité, avait échoué à prévenir et à mettre fin à l’occupation dans la région du Moyen-Orient.  De même, la communauté internationale n’a pas réussi à protéger les peuples des massacres commis contre eux par des autorités qui ont perdu leur légitimité, a-t-il ajouté, en évoquant le conflit en Syrie.

En outre, le représentant saoudien a affirmé que la communauté internationale n’avait pas pu être à la hauteur des menaces actuelles qui ont pris de nouvelles formes, tel le terrorisme international.  Il a également mis l’accent sur les lacunes de la communauté internationale dans la mise en œuvre de mesures visant à aider des pays à s’extraire de situations d’après-conflit.  Le délégué saoudien a, par ailleurs, dénoncé l’intervention qu’il a jugée cynique et arrogante du représentant d’Israël.

M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a déclaré qu’il était frustrant de constater que l’ONU est incapable de prévenir ou de répondre rapidement à des conflits susceptibles de devenir violents et de donner lieu à un génocide et à d’autres atrocités massives, comme ce fut le cas au Rwanda en 1994.  Il a toutefois émis l’espoir que la « multilatéralisation » de la prévention des conflits contribuera à réduire, à l’avenir, le nombre d’occasions manquées.  En outre, il a estimé que la responsabilité de protéger les populations civiles devrait être au cœur de toute opération de maintien de la paix ou de toute intervention militaire appuyée par l’ONU. 

Le représentant a ensuite estimé que le Conseil de sécurité était « un organe non démocratique dans sa composition, qui résulte d’une réalité géostratégique dépassée ».  Il a donc souhaité un élargissement du Conseil parmi les deux catégories de membres, « avec les mêmes droits et privilèges ».  Compte

tenu des menaces modernes à la paix et à la sécurité internationales, il a également souhaité que les États, les organisations régionales et l’ONU concentrent leur attention sur les causes sous-jacentes des conflits, tout en renforçant leurs capacités d’intervention quand des civils sont en danger.

M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) a appelé à réaffirmer les principes de la Charte des Nations Unies.  Il a salué les actions prises par les Nations Unies pour les faire respecter, notamment ce qui avait été fait pour réagir à l’agression flagrante du Koweït par l’ancien régime iraquien.  Le représentant a cependant regretté la politique des « deux poids deux mesures » qui est parfois suivie, ou l’absence de volonté politique qui aggrave le sort de la population en péril.  Le représentant a regretté que la communauté internationale n’ait pas pu mettre fin à l’occupation israélienne et résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les Palestiniens.  

« Nous avons été témoins de destructions indescriptibles », a-t-il rappelé.  Quand le Conseil sera-t-il prêt à utiliser les outils mis à sa disposition par la Charte des Nations Unies?  « Quand le Conseil de sécurité va-t-il répondre aux appels du peuple syrien? » a-t-il demandé.  Il est important pour les États Membres d’évaluer les actions du Conseil de sécurité et pour ce dernier de renforcer sa coopération avec les organisations régionales, en vertu du Chapitre VIII de la Charte.  Enfin, il a appelé à une réforme du Conseil de sécurité pour qu’il agisse de manière plus efficace, plus transparente et plus représentative.  Le Groupe des États arabes, de même que les petits États, doit disposer d’un siège au sein du Conseil de sécurité, a-t-il précisé.

M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a déclaré que l’absence de politique de tolérance, de démocratie, de bonne gouvernance et d’état de droit constituent des causes de conflit mais, a-t-il fait remarquer, la distribution inéquitable des revenus résultant de l’exploitation des ressources naturelles est certainement encore plus importante.  La création de l’Organisation des Nations Unies et, en particulier, de son Conseil de sécurité, at donné une plateforme pour répondre aux conflits entre les États et renforcer l’état de droit.  Le Botswana garde l’espoir que les membres du Conseil parleront un jour d’une seule voix et agiront conformément aux objectifs et principes fondamentaux consacrés par la Charte des Nations Unies pour protéger l’humanité tout entière. 

« En tant que pays africain, fier de notre héritage continental et de nos traditions, le Botswana s’engage à contribuer à la réalisation d’un monde pacifique non seulement en marge du Conseil de sécurité, mais aussi en contribuant à ses efforts », a assuré le représentant qui a souhaité « voir l’Afrique représentée au sein du Conseil à la fois parmi les membres permanents et les membres non permanents ».  

M. JAMES NDIRAGU WAWERU (Kenya) a réaffirmé la validité des principes fondateurs de l’ONU alors même que l’Organisation va fêter ses 70 ans.  Toutefois, l’Organisation doit être réformée pour mieux refléter la réalité actuelle, ce qui s’avère être difficile du fait du « manque de flexibilité et de l’intransigeance de certains États Membres ».  Il faudrait, a-t-il préconisé, adopter une approche plus préventive pour répondre aux nouveaux défis et pour faire en sorte que les mesures coercitives ne soient utilisées qu’en dernier recours.  À cet égard, sa délégation partage la position de l’Union africaine sur les réformes de l’ONU, en particulier pour ce qui est de la réforme du Conseil de sécurité.  Le représentant a également mis l’accent sur le lien indéniable qui existe entre paix et développement.  Tout en notant le succès des Nations Unies pour éviter les

conflits interétatiques, il a estimé qu’il faudrait impérativement renforcer les capacités de l’Organisation pour agir en cas de conflit intra-étatique ce qui passe, selon lui, par des outils préventifs tout en respectant les principes de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale. 

Cela est possible si l’ONU renforce son partenariat et la confiance mutuelle avec les organisations régionales et sous régionales comme l’Union africaine, a estimé M. Grignon.  La capacité collective de faire face aux menaces à la paix et la sécurité internationales passe, a souligné le représentant, par l’application impartiale du droit international, la promotion économique et l’inclusion sociale.  À la veille du soixante-dixième anniversaire de l’ONU et alors que nous sommes en train de définir le nouvel agenda du développement pour l’après-2015, il faudrait saisir cette opportunité pour écrire un nouveau chapitre de notre histoire collective, a conclu le représentant. 

M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a déclaré que la Charte des Nations Unies était l’expression de « notre engagement commun à faire primer le droit sur la force », et l’interdiction du recours à la force est à cet égard d’une importance capitale.  Il a également rappelé que chaque État avait la responsabilité de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.  Il incombe aux États Membres de l’ONU de mettre en œuvre les moyens appropriés, diplomatiques et humanitaires afin d’aider à protéger les populations contre ces crimes.  Dans ce contexte, la Suisse soutient l’initiative de la France visant à limiter l’exercice du droit de veto en cas d’atrocités de masse.  Elle invite tous les membres du Conseil, permanents et non permanents, à s’engager volontairement à s’abstenir de voter contre les actions proposées par le Conseil en vue de prévenir ou faire cesser ce type de crimes.

La Charte reconnaît que l’état de droit, y compris le respect et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, est essentiel pour garantir le maintien de la paix et la sécurité internationales, a rappelé le représentant.  C’est pour cette raison que la Suisse s’associe à la déclaration faite par l’Autriche, au nom de certains membres du Groupe d’amis sur l’état de droit.  Lutter contre l’impunité en cas de violation du droit international fait partie inhérente de la Charte, a estimé le délégué, qui a appelé à sanctionner ces infractions.  La Cour pénale internationale et d’autres mécanismes jouent dans ce contexte un rôle crucial, a-t-il précisé.

Des situations comme celles de l’Ukraine et la Syrie représentent un énorme défi pour le système de l’ONU, a indiqué le représentant, en rappelant que l’OSCE avait favorisé un dialogue inclusif dans le cas de l’Ukraine, approche à laquelle son pays avait adhéré.  La Suisse encourage ainsi à continuer à renforcer ses capacités de médiation et de bons offices ainsi que sa collaboration avec les organisations régionales.  Elle souligne également l’importance du multilatéralisme.  « Les défis de notre temps sont trop grands et trop complexes pour qu’un pays, quel qu’il soit, puisse s’y attaquer seul », a affirmé le représentant, qui souhaite une enceinte où tous les États peuvent se réunir afin de travailler à des solutions efficaces.  À cet égard, et en tant que coordonnatrice du groupe transrégional de 24 États « Responsabilité, Cohérence et Transparence » (ACT), la Suisse poursuivra ses efforts en vue de réformer les méthodes de travail du Conseil de sécurité, a assuré son représentant.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a affirmé que son pays se prêtait volontiers aux efforts visant la réconciliation et le règlement des différends, à l’image de l’action de médiation par le Roi Mohammed VI dans le règlement de la crise dans la région du fleuve Mano.  De même, le Maroc s’est-il engagé dès 1960 dans les efforts des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Si des progrès ont été réalisés, beaucoup d’efforts sont nécessaires pour relever les nouveaux défis engendrés par les nouvelles mutations qu’a connues le monde, dont la globalisation, les effets socioéconomiques de la crise financière et économique mondiale, les changements climatiques, la multiplication de conflits et surtout le fléau du terrorisme.  Le représentant marocain a également souligné qu’il était impératif de mener une lutte collective, coordonnée et efficace contre toutes les formes d’extrémisme, de haine et de xénophobie et contre toute provocation ou atteinte à la foi et à la sensibilité d’autrui, quels qu’en soient les motifs et les manifestations.

Reprenant la parole, le représentant de la République islamique d’Iran a répondu aux allégations fallacieuses prononcées par le représentant d’Israël.  Pour lui, Israël cherche à détourner l’attention de la communauté internationale de ses propres pratiques illégales.  « L’islamophobie qu’il diffuse dissimule les atrocités commises contre le peuple palestinien ». L’Iran, a-t-il assuré, s’est toujours efforcé d’assurer la paix et la sécurité dans la région et au-delà.

À son tour, le représentant de la Syrie a répondu aux allégations faites par le représentant de la Turquie.  Il a estimé que le régime turc et ses services de renseignement ont cherché un prétexte, avec le déplacement d’un mémorial, pour intervenir dans son pays. Il a dénoncé « les liens qui unissent la Turquie à l’EIIL » et demandé au Conseil de sécurité de condamner l’acte d’agression de la Turquie.  Par ailleurs, il a mis en garde en tant que l’on appliquera la politique des « deux poids, deux mesures » à l’ONU, Israël continuera à commettre ses crimes en toute impunité.

Réagissant aux propos de la Syrie, la représentante de la Turquie a assuré que son pays n’ignorait nullement les souffrances qui avaient été commises pendant la Première Guerre mondiale.  La déclaration faite par le Premier Ministre turc sur les évènements de 1915 et la commémoration parlent d’eux-mêmes, a-t-elle ajouté.  Le génocide est une idée précise et il faut des preuves bien établies pour le qualifier, a-t-elle indiqué, en expliquant qu’il était nécessaire de procéder à un examen scientifique impartial de tous les documents.  La proposition de la Turquie de créer une commission historique commune est toujours valable, a assuré la représentante.  Par ailleurs, elle a regretté qu’une délégation ait fourni une interprétation partiale de l’histoire de Chypre.  La Turquie, a-t-elle affirmé, soutient la mission de l’ONU sur le terrain ainsi que les bons offices du Secrétaire général pour trouver une solution juste à ce problème.  Enfin, elle a rejeté les allégations sans fondement avancées par le représentant du « régime syrien ».

Répondant aux déclarations de l’Iran et de l’Arabie saoudite, le représentant d’Israël a affirmé que ces pays soutiennent le terrorisme et la répression brutale de leurs propres citoyens.  Il s’est dit indigné que l’Iran organise un concours de caricatures pour démontrer que l’Holocauste n’a jamais existé.  L’Arabie saoudite, qui prive les femmes de leurs droits fondamentaux, prône maintenant la défense des droits de l’homme, a-t-il ironisé.

 

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