Le Conseil de sécurité encourage les États Membres à définir une stratégie commune pour un développement partagé, inclusif, durable, garant de paix et de stabilité après 2015
Le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, encouragé les États Membres à « définir une stratégie commune des Nations Unies en matière de développement partagé », celle-ci devant constituer « la clef de la prévention des conflits et de l’instauration d’une stabilité à long terme et d’une paix durables ».
Le Conseil de sécurité, dans une déclaration présidentielle adoptée au cours d’un long débat public sur le « développement sans exclusion pour le maintien de la paix et la sécurité internationales », que présidait le Chef de l’État chilien, Mme Michelle Bachelet Jeria, a mis « l’accent sur l’importance de déceler les facteurs de conflit que sont l’exclusion sociale, économique, politique, culturelle et religieuse, l’intolérance et l’extrémisme violent, qui peut déboucher sur le terrorisme, et de les combattre ».
L’objectif de ce débat public du Conseil visait, ainsi que le souligne la présidence chilienne du Conseil de sécurité dans son document de réflexion*, adressé au Secrétaire général pour distribution aux États Membres, à consolider le principe selon lequel le développement sans exclusion contribue efficacement à la préservation de la paix et la sécurité internationales.
La discussion, à laquelle ont pris part près de 80 délégations, dont une dizaine étaient conduites par des ministres, reposait sur une conception globale de la sécurité internationale tenant compte de l’interdépendance entre les trois piliers du système des Nations Unies: paix et sécurité, développement et droits de l’homme.
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a entamé le débat en affirmant que l’ONU se tenait prête à accroître son appui aux pays dans la promotion du développement inclusif.
M. Ban a exhorté le Conseil de sécurité à jouer son rôle en faisant en sorte que le message selon lequel le programme de développement durable pour l’après-2015 est une opportunité importante pour renforcer l’interdépendance entre le développement, la paix et la sécurité, et les droits de l’homme, soit entendu au cours de la poursuite des négociations et reflété dans l’accord final.
Pour le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil), l’exclusion politique est souvent un facteur clef des situations où un pays connait une rechute dans un conflit violent d’où il était sorti, une exclusion d’autant plus dangereuse lorsqu’elle coïncide avec d’autres formes d’inégalités. Il a ensuite donné quelques exemples de situations où la CCP avait contribué à créer des sociétés plus inclusives, comme au Burundi, en Guinée, en Guinée-Bissau ou en Sierra Leone.
La Présidente de la « Gbowee Peace Foundation Africa » et prix Nobel de la paix (2011), Mme Leymah Gbowee, qui participait au débat a, de son côté, appelé le Conseil de sécurité à faire preuve de beaucoup d’introspection. Il est temps, a-t-elle insisté, de changer les systèmes et les structures qui rendent impossible la réalisation de la paix et de la sécurité internationales.
« Nous sommes tous venus dans des embarcations différentes, mais nous nous retrouvons tous, à présent, dans le même bateau », a-t-elle lancé en citant Martin Luther King Jr., dont la mémoire était célébrée aujourd’hui aux États-Unis.
Mme Michelle Bachelet Jeria, la Présidente du Chili, a estimé que les supposées « menaces traditionnelles à la sécurité » avaient été désormais remplacées par de « nouvelles menaces » qui sont de nature non étatique et non militaire, citant à cet égard les « guerres infranationales » et les « dangers transnationaux » tels que le terrorisme, le crime organisé, le trafic de drogues, le blanchiment d’argent, le commerce des armes, le trafic des personnes, les catastrophes naturelles, la prolifération de maladies et la détérioration de l’environnement.
La résolution de ces problèmes passe par l’adoption d’une approche multidimensionnelle prenant en compte les causes profondes des phénomènes qui en sont à l’origine, a estimé la Présidente du Chili. Cette approche devrait tenir compte des tensions qui ont des conséquences locales, régionales et mondiales, a-t-elle ajouté, évoquant, à cet égard, les tensions socioéconomiques, ethniques, tribales, religieuses ou idéologiques, ainsi que celles liées au genre.
Identifier et agir rapidement lorsque des signes d’exclusion apparaissent dans un pays spécifique sont des objectifs qui incombent à l’ONU, aux organisations régionales et sous-régionales et aux acteurs nationaux concernés, a observé le Ministre des affaires étrangères de l’Angola, M. Manuel Domingos Augusto.
Plusieurs intervenants ont assuré que l’instauration d’une paix durable ne pouvait se faire que si les États prenaient en main leurs intérêts et exerçaient leurs responsabilités, réaffirmant que, lorsqu’un pays émerge d’un conflit, il incombe, conformément au principe de l’appropriation nationale, en premier à ses autorités nationales de définir les priorités et la stratégie de consolidation de la paix à mettre en œuvre.
Le Ministre des affaires étrangères d’Haïti, M. Pierre Duly Brutus, a indiqué que le Gouvernement haïtien, tout comme la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), attachent un intérêt égal à l’appropriation, par les institutions nationales d’Haïti, des projets mis en œuvre conjointement.
Nombreuses en outre ont été les délégations qui, à l’instar du Conseil de sécurité dans sa déclaration présidentielle, ont insisté sur la nécessaire participation, à un niveau encore plus large et plus élevé, des femmes à tous les débats portant sur la prévention et le règlement des conflits armés, le maintien de la paix et de la sécurité, et la consolidation de la paix après les conflits. Le représentant de la France a ainsi jugé essentiel d’associer, dès maintenant, les femmes aux négociations de paix au Mali.
*S/2015/6
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Lettre datée du 6 janvier 2015, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Chili auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2015/6)
Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il a, en vertu de la Charte des Nations Unies, la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et qu’il est déterminé à œuvrer à l’instauration d’une paix durable dans toutes les situations dont il est saisi.
Le Conseil souligne que sécurité et développement sont étroitement interdépendants, se renforcent mutuellement et sont des conditions essentielles d’une paix durable, sachant que les corrélations qui existent entre eux sont multiples, complexes et varient selon les cas.
Le Conseil réaffirme qu’aider un pays au sortir d’un conflit à retrouver durablement la paix impose l’adoption d’une démarche globale et intégrée, qui embrasse le politique, la sécurité, le développement, les droits de l’homme et l’état de droit, et renforce la confluence entre ces domaines, tout en s’attaquant aux causes profondes du conflit, notamment par des mesures visant à renforcer l’état de droit aux niveaux national et international, favoriser une croissance économique et un développement durables, éliminer la pauvreté, promouvoir la tolérance politique, religieuse et culturelle, la liberté d’opinion et d’expression, la cohésion et l’intégration sociales, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des sexes, et le respect et la protection des droits de l’homme, et faciliter la réintégration et la réinsertion.
Le Conseil affirme que l’instauration d’une paix durable ne peut se faire que si les États prennent en main leurs intérêts et exercent leurs responsabilités, et réaffirme que lorsqu’un pays émerge d’un conflit, c’est, conformément au principe de l’appropriation nationale, à ses autorités nationales qu’il incombe au premier chef de définir les priorités et la stratégie de consolidation de la paix.
Le Conseil souligne que l’action intégrée menée sur le terrain en matière de sécurité et de développement, qui se doit d’être coordonnée avec les autorités du pays, peut grandement contribuer à la stabilisation et à l’amélioration des conditions de sécurité et à la protection des civils. Il note l’importance que revêt à cet égard la coopération avec la société civile. Il affirme qu’il ne saurait y avoir de paix et de développement durables sans la participation de toutes les parties prenantes et souligne que les femmes doivent pouvoir participer activement à tous les stades de la consolidation de la paix, de la conclusion des accords de paix et des programmes de développement. Il se dit prêt à, au besoin, engager un dialogue avec d’autres acteurs, dont les organismes, fonds et programmes des Nations Unies et les institutions financières internationales, au sujet de telle ou telle situation inscrite à son programme de travail.
Le Conseil encourage les États Membres à définir une stratégie commune des Nations Unies en matière de développement partagé, compris comme étant la clef de la prévention des conflits et de l’instauration d’une stabilité à long terme et d’une paix durables. Il met à cet égard l’accent sur l’importance de déceler les facteurs de conflit que sont l’exclusion sociale, économique, politique, culturelle et religieuse, l’intolérance et l’extrémisme violent, qui peut déboucher sur le terrorisme, et de les combattre. Il met également l’accent sur l’importance de détecter et d’analyser au plus tôt les situations d’exclusion qui se manifestent dans les États sortant d’un conflit et appelle l’attention des États Membres sur le rôle que jouent à cet égard les mesures d’atténuation, notamment celles inspirées des meilleurs modèles et pratiques d’inclusion aux niveaux local, national, régional et mondial.
Le Conseil sait qu’il faut que les femmes participent plus encore à tous les débats portant sur la prévention et le règlement des conflits armés, le maintien de la paix et de la sécurité et la consolidation de la paix après les conflits, et que ces débats fassent une place plus grande encore aux questions relatives à la problématique hommes-femmes, et réaffirme qu’il entend, lorsqu’il créera ou reconduira des missions des Nations Unies, inclure dans leur mandat des dispositions sur la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les situations de conflit ou d’après conflit.
Le Conseil invite les États Membres à prendre des mesures concrètes pour aider davantage les jeunes, notamment ceux qui se trouvent dans des situations de conflit armé, et encourage la participation des jeunes, selon qu’il convient, aux activités relatives à la protection des enfants et des jeunes touchés par des situations de conflit armé, que ce soit au stade de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix ou de l’après-conflit.
Le Conseil rappelle la nécessité de mettre en place de véritables programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) ouverts à tous, assortis notamment d’un volet libération et réintégration pour les enfants précédemment associés à des forces ou groupes armés, en y associant les personnes et les communautés locales touchées et sans négliger l’impératif de lutte contre l’impunité.
Le Conseil constate que les groupes terroristes qui tirent profit de la criminalité transnationale organisée pourraient contribuer à affaiblir les États touchés, en particulier y saper la sécurité, la stabilité, la gouvernance et le développement social et économique, et donc compliquer les efforts de prévention et de règlement des conflits. Il souligne que le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité transnationale organisée, lorsqu’ils se conjuguent, peuvent exacerber les conflits dans les régions concernées, et note que les groupes terroristes tirant profit de la criminalité transnationale organisée peuvent, dans certaines situations et certaines régions, entraver les efforts de prévention et de règlement des conflits.
Le Conseil encourage les États Membres à faire participer, par exemple dans le cadre d’un dialogue interreligieux, interethnique et interculturel, les populations locales et les organisations non gouvernementales concernées à l’élaboration de stratégies de lutte contre le discours extrémiste violent qui peut inciter à la commission d’actes de terrorisme, à empêcher l’instauration de conditions propices à la propagation de l’extrémisme violent, qui peut conduire au terrorisme, y compris en donnant voix au chapitre aux jeunes, aux familles, aux femmes, aux chefs religieux et culturels et aux responsables de l’éducation, et tous les autres groupes de la société civile concernés, et à adopter des stratégies personnalisées visant à lutter contre l’embrigadement dans cette forme d’extrémisme violent et à promouvoir l’inclusion et la cohésion sociales.
Le Conseil souligne à nouveau qu’il importe de prévoir et de lancer des activités de consolidation de la paix dès les premiers stades de la planification et de l’exécution des opérations de maintien de la paix, selon qu’il convient, ce qui implique notamment que celles-ci soient dotées d’un mandat clairement défini et réalisable. Il met l’accent sur l’importance de préciser explicitement les rôles et responsabilités respectifs des opérations de maintien de la paix, des équipes de pays des Nations Unies et des autres acteurs, condition d’un soutien rationnellement intégré qui réponde aux priorités et aux besoins de consolidation de la paix de chaque pays, tels qu’ils ont été définis par les autorités nationales, afin d’assurer la cohérence de l’action menée, notamment lorsque des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales travaillent aux côtés d’autres acteurs de la consolidation de la paix des Nations Unies ou d’organisations régionales et sous-régionales. Il met également l’accent sur l’importance pour les organismes des Nations Unies d’agir de façon intégrée durant la transition des opérations autorisées par le Conseil.
Le Conseil note que, pour mener à bien les multiples activités que peut prévoir le mandat d’une opération de maintien de la paix dans des domaines comme la réforme du dispositif de sécurité, le désarmement, la démobilisation et la réintégration, l’état de droit, la justice transitionnelle ou les droits de l’homme, il est indispensable d’adopter une perspective tenant compte de l’étroite corrélation qui existe entre sécurité et développement. Il apprécie à cet égard les mesures de consolidation de la paix prises à un stade précoce des missions de maintien de la paix, qui consistent notamment à créer des conditions favorables au relèvement de l’économie et à fournir des services essentiels. Il considère que de telles mesures sont de nature à inspirer une confiance croissante dans les missions.
Le Conseil souligne que la reconstruction, le relèvement économique et le renforcement des capacités sont des conditions essentielles du développement à long terme des pays au lendemain de conflits et d’une paix durable, et attache à cet égard une importance particulière à ce que les pays prennent leur sort en main, tout en soulignant le rôle notable de l’assistance internationale.
Le Conseil note qu’aux fins du règlement des questions touchant au maintien de la paix et de la sécurité internationales qui lui sont soumises, il importe qu’il puisse s’appuyer sur des analyse des conflits et des informations contextuelles portant notamment sur les problèmes sociaux et économiques qui sont des facteurs de conflits, risquent de compromettre l’exécution de ses décisions ou mettent en péril l’entreprise de consolidation de la paix. Il prie donc le Secrétaire général de veiller à lui fournir de telles informations dans les rapports qu’il lui présente.
Le Conseil rappelle que l’exploitation illicite des ressources naturelles a contribué et contribue encore à entretenir des conflits. Il considère qu’à cet égard les organismes des Nations Unies peuvent jouer un rôle en aidant comme il convient les États concernés, à leur demande et dans le plein respect de leur souveraineté sur leurs ressources naturelles et du principe de l’appropriation nationale, à empêcher l’accès illicite à ces ressources et à jeter les bases de leur exploitation licite en vue de favoriser le développement, cette aide pouvant consister en particulier à donner aux pays sortant d’un conflit les moyens de mieux gérer leurs ressources.
Le Conseil, afin d’être à même de s’acquitter comme il se doit des responsabilités que lui confère la Charte des Nations Unies dans les situations de conflit et d’après conflit, encourage les organismes des Nations Unies à coopérer étroitement entre eux et avec les organisations régionales et sous-régionales, et d’autres organisations, tant au Siège que sur le terrain, et se dit disposé à examiner les moyens d’améliorer cette coopération.
Le Conseil demande qu’il soit donné effet rapidement, en consultation avec les organisations régionales, aux stratégies régionales touchant à la sécurité, à la gouvernance, au développement, aux droits de l’homme et aux questions humanitaires, comme la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.
Le Conseil encourage les États Membres, en particulier ceux qui sont représentés dans les organes directeurs des organismes, fonds et programmes des Nations Unies, à promouvoir la cohérence de l’action menée par les Nations Unies en période de conflit et dans les situations d’après conflit.
Le Conseil rappelle sa résolution 1645 (2005), reconnaît le rôle important que joue la Commission de consolidation de la paix dans le dispositif de consolidation de la paix et souligne qu’il entend resserrer ses liens avec elle, notamment en faisant davantage fond sur son rôle consultatif. Il invite la Commission à redoubler d’efforts pour améliorer la cohérence des politiques de ses partenaires et les aligner sur les stratégies et priorités nationales en matière de consolidation de la paix, et pour obtenir un soutien et un réel engagement aux niveaux régional et international en faisant œuvre de mobilisation et en instaurant des partenariats avec les institutions financières internationales, les pays voisins et les organisations régionales et sous-régionales. Il souligne l’importance de l’aspect régional de la consolidation de la paix et la nécessité de mobiliser les acteurs régionaux et de collaborer avec eux en ce qui concerne les questions de politique et la situation propre aux différents pays dans le cadre des conseils donnés par la Commission.
Le Conseil insiste sur la contribution que le Conseil économique et social peut apporter en matière économique, sociale, culturelle et humanitaire, et souligne l’importance d’une coopération étroite au sens de l’Article 65 de la Charte des Nations Unies.
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la question débattue aujourd’hui, à savoir comment assurer un développement sans exclusion pour le maintien de la paix et la sécurité internationales, était centrale dans la mission des Nations Unies. M. Ban a déclaré que 2015 était une année d’action sur le front du développement durable. Nous nous efforçons, a-t-il dit, d’achever le travail requis pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), de lancer un nouveau programme de développement pour l’après-2015 et d’obtenir un accord sur les changements climatiques.
Le Secrétaire général s’est dit encouragé de constater que, dans leurs délibérations, les États Membres avaient accordé une attention considérable à la paix et à la sécurité, ainsi qu’aux droits de l’homme, notant en particulier qu’ils avaient explicitement établi un lien entre la paix et l’inclusion sociale et l’accès à la justice pour tous, et appelé à une prise de décisions inclusives et représentatives.
Il a souligné que sa propre contribution à ce débat soulignait l’importance de la justice en vue de bâtir des sociétés pacifiques et inclusives, en promouvant des institutions fortes et réactives, ainsi que cela est reflété dans le rapport de synthèse qu’il a présenté à l’Assemblée générale le mois dernier. Nous avons désormais, a-t-il dit, une occasion importante d’élargir le programme de développement au niveau mondial et de mettre l’accent sur l’importance de promouvoir des sociétés inclusives en assurant un monde plus pacifique.
En dépit du consensus autour du constat selon lequel les hauts niveaux d’inégalité observés au cours des dernières décennies avaient des incidences dommageables sur les plans social, politique et environnemental, l’exclusion et les inégalités persistent, a ajouté M. Ban, citant le manque d’accès aux services de base et au dialogue politique des personnes défavorisées, parmi lesquelles les pauvres, les handicapés, les migrants, les autochtones et les personnes âgées. Il a également, à cet égard, mentionné la discrimination à l’égard des femmes et des filles, et le manque de protection sociale.
Le Secrétaire général a en particulier estimé que les gouvernements, le secteur privé et la société civile devaient exprimer leur engagement en faveur de l’éducation, de la santé, de la création d’emplois et d’autres mesures clefs, et a noté que les institutions de gouvernance et de représentation politique demeurent quelques-uns des déterminants les plus essentiels au développement inclusif.
Affirmant que l’ONU se tenait prête à accroître son appui aux pays dans la promotion du développement inclusif, M. Ban a exhorté le Conseil de sécurité à jouer son rôle en garantissant que le message selon lequel le programme de développement durable pour l’après-2015 est une opportunité importante pour renforcer l’interdépendance entre le développement, la paix et la sécurité, et les droits de l’homme, soit entendu au cours de la poursuite des négociations et dans l’accord final portant sur ce programme.
M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), Président de la Commission de consolidation de la paix, a souligné que l’inclusion est un aspect central de la consolidation de la paix, le dialogue entre les factions belligérantes étant nécessaire pour réparer les ruptures et mettre fin aux incompréhensions. Il a fait observer que l’exclusion politique est souvent un facteur clef des situations de rechute dans un conflit violent, l’exclusion politique étant de surcroit particulièrement dangereuse lorsqu’elle coïncide avec d’autres formes d’inégalités. Il a aussi signalé que la compétition pour le contrôle des ressources naturelles a un impact particulièrement négatif sur la possibilité d’éviter de potentiels conflits. Il a également mis en exergue l’interdépendance entre la sécurité, la justice et les initiatives de développement dans le cadre de la promotion de la paix. Reconnaître l’interdépendance entre ces trois approches distinctes ne suggère pas que le Conseil devrait se saisir de responsabilités liées aux questions de développement, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) étant mieux à même de le faire, mais qui souligne la nécessité de coordonner les approches et de travailler avec plus de synergie, a-t-il indiqué. M. De Aguiar Patriota a aussi jugé nécessaire de tirer pleinement parti de la fonction consultative de la Commission.
Il a ensuite donné quelques exemples de situations où la Commission de consolidation de la paix (CCP) avait contribué à créer des sociétés plus inclusives. Ainsi, au Burundi, les efforts déployés par la Commission, entre autres, ont permis de renforcer le dialogue entre le Gouvernement et les partis politiques, ce qui a notamment contribué à l’adoption d’une feuille de route consensuelle pour l’organisation des élections de 2015.
En Guinée, a-t-il enchainé, la Commission a appuyé les efforts du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest afin de faciliter un dialogue entre le Gouvernement et les partis politiques, ce qui a permis d’édifier une base solide pour la réussite des élections parlementaires de 2013. En Guinée-Bissau, le Fonds pour la consolidation de la paix a appuyé la création de la première « Case de veille » qui a permis d’augmenter la participation des femmes aux élections présidentielle et législatives, a indiqué le Président de la CCP. M. De Aguiar Patriota a aussi parlé de la Sierra Leone. Il a ensuite souligné l’importance que revêt l’inclusion sexospécifique, précisant que c’était un élément clef de tout effort de consolidation de la paix. La Commission a d’ailleurs adopté une déclaration politique 2013 à ce sujet.
Poursuivant son intervention, M. De Aguiar Patriota a aussi fait savoir que la Commission avait activement promu le lancement de la feuille de route pour la réconciliation nationale au Libéria de 2013. Il a également parlé de l’épidémie d’Ebola et a indiqué que la Commission avait attiré l’attention sur les possibles implications politiques de cette maladie en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.
Mme LEYMAH GBOWEE, Présidente de la Fondation Gbowee pour la paix, a tout d’abord lancé, avec une touche d’humour, qu’en tant que militante pour la paix, elle ne serait sans doute plus jamais invitée au Conseil de sécurité après son intervention d’aujourd’hui. Elle a parlé de la création, par un groupe de femmes, et alors que la guerre civile au Libéria entrait dans sa quatorzième année, de la « Liberia Mass Action pour Peace », faisant observer que les femmes membres de ce mouvement, originaires de groupes ethniques profondément impliqués dans la guerre, avaient différents objectifs militaires. Mais lorsqu’il est devenu apparent que l’égoïsme et l’avarice supplanteraient toujours la paix, ces femmes se sont révélées prêtes à faire le sacrifice ultime en utilisant des stratégies non violentes et le dialogue pour négocier le règlement pacifique de la guerre, a-t-elle indiqué.
Ces femmes, a-t-elle enchainé, savaient qu’il fallait réaliser la paix avant de pouvoir la consolider. La question qui se pose devant cette auguste assemblée, est maintenant de savoir si nous avons réussi à réaliser la paix au plan international, s’est interrogée ensuite la représentante. Mme Gbowee a estimé que nous vivons tous empreints d’un profond sentiment de peur. Toutes les petites choses qui donnent à la vie la peine d’être vécue nous ont été retirées, comme la joie de prendre l’avion, ou la liberté de pratiquer un culte ou une foi selon nos propres termes. L’éducation des filles, a-t-elle poursuivi, est gravement menacée; les femmes ne peuvent plus prétendre qu’elles ont l’autonomie de leur corps; et la liberté d’expression est devenue une chose du passé. Le militarisme est quant à lui considéré comme la principale solution à tout problème, quel qu’il soit, a-t-elle déploré. « Si c’est à cela que ressemblent la paix et la sécurité internationales qui doivent être maintenues, je préférerais vivre en guerre et lutter pour réaliser la paix », a-t-elle lancé.
Mme Gbowee a ensuite parlé de l’esprit d’unité qui avait caractérisé l’initiative des femmes libériennes. Elle a expliqué que ces dernières avaient décidé de faire corps pour réaliser leur vision et gagner leur combat, faisant par ailleurs observer que la notion de « combat commun » est consacrée dans la Charte du Conseil de sécurité. Or à l’heure actuelle, s’est-elle inquiétée, la division existe même là où le consensus devrait prévaloir. L’exclusion, a dénoncé la lauréate du prix Nobel de la paix, est à l’ordre du jour, même dans le cadre du processus de réalisation de la paix et de la sécurité au niveau mondial. Et les femmes continuent d’être exclues des processus, et elles n’y sont ajoutées qu’après coup.
Pour que la paix, la sécurité et le développement international deviennent une réalité, Mme Gbowee a appelé le Conseil de sécurité à faire preuve de beaucoup d’introspection. Elle a indiqué qu’alors qu’il y a 70 ans, la logique qui avait donné lieu à la nomination de cinq membres permanents faisait sens, les dynamiques actuelles avaient changé les anciennes réalités rendant cette logique obsolète. Il est temps, a-t-elle insisté, de changer les systèmes et les structures qui rendent impossibles la réalisation de la paix et de la sécurité internationales. « Nous sommes tous venus dans des embarcations différentes, mais nous nous retrouvons tous, à présent, dans le même bateau », a-t-elle lancé en citant Martin Luther King Jr.
Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, qui dirigeait cette séance de travail du Conseil de sécurité, a relevé que de nos jours, on ne voit plus de grandes confrontations militaires entre États comme c’était le cas au XXe siècle. Mais, a-t-elle ajouté, cela ne signifie pas que le monde vit dans la paix. Elle a expliqué que les soi-disant « menaces traditionnelles à la sécurité » ont été désormais remplacées par « de nouvelles menaces » de nature non étatique et non militaire. Elle a ainsi cité « des guerres infranationales » et les « dangers transnationaux » tels que le terrorisme, le crime organisé, le trafic de drogues, le blanchiment d’argent, le commerce des armes, le trafic des personnes, les catastrophes naturelles, la prolifération de maladies et la détérioration de l’environnement. Mme Bachelet a estimé que la résolution de ces problèmes passe par l’adoption d’une approche multidimensionnelle qui prenne en compte les causes profondes de ces phénomènes. Elle a indiqué que cette approche devrait ainsi tenir compte des tensions qui ont des conséquences locales, régionales et mondiales. Elle a, à cet égard, évoqué les tensions socioéconomiques, ethniques, tribales, religieuses ou idéologiques, ainsi que celles liées au genre.
La Présidente du Chili a ensuite souligné que la paix est un prérequis pour la promotion et la protection des droits de l’homme fondamentaux, et que l’inclusion sociale et le développement inclusif sont des conditions pour la paix. Elle a, à ce propos, cité le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui avait déclaré, en septembre dernier, que « sur le long terme, la plus grande menace que l’on puisse opposer au terrorisme n’est pas la puissance des missiles, mais plutôt les politiques d’inclusion, l’éducation, les emplois et les opportunités réelles ». Elle a noté que ces facteurs sont également des outils efficaces de prévention d’autres formes de conflits, et qu’ils sont importants dans la consolidation de la paix et de la démocratie et la promotion de l’état de droit, ainsi que dans la sauvegarde des libertés individuelles et la construction de sociétés plus justes. Mme Bachelet a en outre affirmé que c’est fort de ce constat que le Chili a entrepris des efforts pour réduire les écarts sociaux entre différents groupes et empêcher que des couches de la population ne soient pas laissées en arrière et marginalisées. Elle a regretté que dans de nombreux pays à travers le monde, le fossé soit profond entre la réalité vécue et cet idéal d’inclusion et de justice, et que ce fossé ne semble pas se réduire avec le temps. Elle a expliqué que la situation est particulièrement alarmante au sein des États « multinationaux et multiethniques » dans lesquels les droits des minorités ne sont pas respectés, et dans les États où des minorités puissantes oppriment des majorités faibles et dispersées. C’est une situation, a-t-elle ajouté, qui crée la frustration et la rancœur, qui elles-mêmes, favorisent la radicalisation et la violence armée.
Mme Bachelet a par ailleurs relevé que l’Amérique latine, région du monde où on observe les plus grands taux d’inégalités, est également la région du monde qui connait le plus fort taux d’homicides et une des régions les plus affectées par le trafic de drogues et le crime organisé. Cela ne semble pas être un hasard, a relevé la Présidente du Chili qui a aussi déclaré que la violence terroriste en Europe occidentale a crû dans un contexte de malaise grandissant et, selon les plus pessimistes, d’échec du modèle de coexistence multiculturelle, où l’intolérance et les phobies de tous genres ont le vent en poupe. Elle a en outre rappelé que la prévention des conflits, la consolidation de la paix et la construction de la démocratie passent par la participation de tous les acteurs sociaux à la vie nationale, y compris les femmes qui doivent jouer un rôle de chef de file pour la création de conditions de vie meilleures sur la planète. Elle a précisé que l’exclusion de cette tranche de la population rend impossible la réalisation de ces objectifs. Elle a, dans ce contexte, pris pour exemple le Libéria pour expliquer que tout processus inclusif est plus à même d’être couronné de succès. Elle a aussi ajouté que la consolidation de la paix a pu être possible au Libéria grâce à la création de mécanismes œuvrant à l’inclusion de tous les acteurs sociaux. Les femmes y ont joué un rôle de premier ordre, a dit Mme Bachelet en citant Mme Leymah Gbowee, activiste de la paix et des droits des femmes et prix Nobel de la paix 2011, qui a pris part au débat de ce jour au Conseil de sécurité.
Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a déclaré que le monde était confronté à deux grandes crises: l’épidémie d’Ebola et l’extrémisme violent, lesquels menacent tous deux la stabilité et la prospérité de nombreux pays, tout en menaçant la paix et la sécurité internationales.
Le lien entre la paix, la sécurité et le développement sans exclusion va bien au-delà d’Ebola et de l’extrémisme violent, a-t-elle ajouté. La santé économique et sociale d’un pays est liée à la capacité de ce pays à maintenir la paix et la sécurité, a estimé la représentante des États-Unis en soulignant l’importance de travailler avec les femmes et les jeunes filles. Elle a ainsi évoqué le rôle que jouent les femmes pour renforcer la paix et la sécurité, citant en particulier l’exemple du conflit au Libéria.
Mme Power a mis l’accent sur la nécessité d’investir dans les ressources pour lutter contre Ebola et aider les pays touchés par l’épidémie en les aidant à se doter de systèmes de soins plus solides et plus résilients. Elle a précisé que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, avait lancé un programme de santé mondiale pour préparer les pays à affronter et éviter des épidémies comme celle provoquée par le virus Ebola. Elle a en outre insisté sur l’action menée par les États-Unis en Afghanistan.
Mme Power a conclu son intervention en rappelant l’appel pour l’action pour l’égalité des droits lancée il y a un demi-siècle par Martin Luther King, à qui la journée d’aujourd’hui est consacrée aux États-Unis.
M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Ministre des affaires étrangères de l’Angola, a déclaré qu’identifier et agir rapidement lorsque des signes d’exclusion apparaissent dans un pays spécifique sont des objectifs qui incombent à l’ONU, aux organisations régionales et sous-régionales et aux acteurs nationaux concernés. Avec les gouvernements nationaux, ils devraient développer des mécanismes d’alerte précoce pour ensuite mener des actions intégrées aux niveaux national, régional ou international afin d’agir immédiatement sur les causes de tensions et de malentendus avant qu’ils ne dégénèrent en conflit. Le représentant a ajouté que la prévention de conflit est un important facteur dans la construction d’un monde plus pacifique.
Dans les situations postconflit, dans les sociétés qui généralement ont connu des problèmes, il est impératif de formuler des plans d’action qui harmonisent et renforcent la politique, la sécurité, le développement et les droits de l’homme et les aspects de l’état de droit, avec pour objectif de promouvoir la réconciliation, la bonne gouvernance et le renforcement de la cohésion sociale. Dans les pays qui émergent d’un conflit armé, la consolidation de la paix doit être menée comme faisant partie du processus d’inclusion qui aide à surmonter les incompréhensions, restaurer la confiance et jeter les bases d’une paix durable. L’Angola, qui est un pays traversant une période postconflit, a conduit son processus de consolidation de la paix en tenant compte de paramètres compatibles avec ces principaux éléments, a souligné le représentant.
Depuis 2002, le Gouvernement angolais a mené un important programme de réintégration économique et sociale en faveur des segments de la population marginalisés pendant le conflit armé. Le programme a en particulier bénéficié aux ex-combattants et à leurs familles. Traduisant cette priorité dans notre politique nationale, l’année 2015 a été proclamée « Année de la femme rurale », a indiqué le représentant. En général, notre appréciation du rôle de la femme dans la société angolaise est positive, a-t-il indiqué. La promotion de la femme a fait des progrès remarquables ces dernières années, et les femmes occupent désormais un espace important dans la vie économique, politique et sociale de l’Angola, a indiqué le représentant.
M. IGNACIO YBÁNEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, a souligné l’interdépendance des trois piliers sur lesquels reposent les Nations Unies. L’idée de la paix et de la sécurité, depuis l’adoption de la Charte des Nations Unies il y a 70 ans, a changé, a expliqué le Ministre, mettant l’accent sur la nécessité d’assurer le fonctionnement d’institutions impartiales, de lutter contre la pauvreté, la corruption, la violence contre les femmes, et d’assurer l’éducation. En d’autres termes, la notion de paix et de sécurité est une notion inclusive, a-t-il précisé.
L’inclusion sociale, économique et de genre des migrants est prioritaire, a notamment souligné le Vice-Ministre. Il a indiqué que des politiques sociales liées à l’intégration des populations de migrants dans la société d’accueil afin d’éviter la création de poches d’exclusion et de prévenir la xénophobie sont nécessaires et importantes.
L’Espagne a fait également le pari de la diplomatie préventive, a poursuivi M. Ybánez, notant que son pays était membre fondateur du Groupe de l’initiative pour la médiation des Nations Unies et, avec la Turquie, fondateur de l’Alliance des civilisations.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné que l’ONU est une plateforme de dialogue unique en son genre. Il s’est inquiété du fait qu’à l’heure actuelle, le potentiel de conflits ne fait qu’augmenter dans le monde. Dans ce contexte, a-t-il fait observer, des problèmes traditionnels, comme la prolifération des armes par exemple, sont mis en exergue. Le représentant a appelé au renforcement des mécanismes de dialogue et de réaction aux crises. Il a également estimé que la consolidation de la paix doit s’orienter sur les priorités définies par les États.
M. Churkin a estimé nécessaire de tirer davantage profit des apports de la Commission de consolidation de la paix. Il s’est opposé à toute large interprétation de la question du développement durable et a mis en garde contre toute politisation de cette question. Le représentant a aussi fait observer qu’il n’existe pas d’avis unifié sur le contenu des structures liées à la justice et aux droits de l’homme. Intégrer ces questions à l’agenda du Conseil de sécurité constitue un doublon, a-t-il prévenu. Les questions portées à l’attention du Conseil doivent uniquement concerner les menaces à la paix et à la sécurité, a-t-il souligné.
M. Churkin a ensuite fait observer que les conditions nécessaires pour établir la stabilité sont spécifiques à un contexte donné, mais que les processus nécessaires à cette fin doivent toujours reposer sur l’implication de l’ensemble de toutes les couches de la société concernée. Le représentant a par ailleurs indiqué que le Gouvernement de la Fédération de Russie avait organisé, le 15 janvier, à Moscou, un forum sur la coopération et la paix.
M. KAYODE LARO (Nigéria) a rappelé qu’il était reconnu qu’il ne saurait exister de sécurité sans développement et inversement. Les efforts de développement devraient viser à faire en sorte qu’aucun groupe et aucun individu ne soient laissés de côté ou marginalisés, a-t-il notamment souligné.
Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir l’intégration des femmes dans les efforts de règlement des conflits et en faveur de la paix. La participation des femmes à ces processus permet de consolider la paix et la sécurité, a-t-il observé.
Le Conseil de sécurité doit continuer de défendre le concept de développement sans exclusion, a insisté le représentant. Il a souligné aussi l’importance de tenir compte de la participation de la société civile et du secteur privé.
Il a expliqué que son pays, le Nigéria, déployait tous les efforts pour empêcher l’extrémisme à court terme et sa résurgence à long terme. Un vaste plan de réformes a été mis en œuvre, notamment sur le plan de l’éducation, a-t-il indiqué. Des institutions politiques solides sont essentielles en vue de faire participer tous les groupes à la vie sociale, a-t-il ajouté.
M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) s’est inquiété du manque de communication constaté au cours de différents processus décisionnels, ou au sein des gouvernements et autres organisations politiques. L’émergence de nouveaux concepts, la complexité du terrorisme et l’émergence de l’extrémisme représentent des défis notables à relever, a noté le représentant. Il a estimé que les pays en situation postconflit devraient bénéficier d’une assistance qui tienne compte du lien entre l’activité politique, les droits de l’homme et l’état de droit. Il a rejeté la marginalisation et l’exclusion de toute composante de la société, au vu de l’impact potentiel de cette marginalisation sur la stabilité du pays concerné. Le représentant a aussi insisté sur l’importance de l’appropriation nationale pour assurer une paix durable, ajoutant que les politiques adoptées doivent être réalistes et adaptées au contexte donné. Le changement doit provenir de l’intérieur des pays et non leur être imposé de l’extérieur, et il doit tenir compte des connaissances locales et ne pas ignorer les dynamiques internes de ces sociétés, a-t-il notamment commenté.
Le représentant de la Jordanie a aussi dit l’importance d’intégrer les femmes à tous les processus de maintien et de consolidation de la paix, ainsi que celle de remplacer les structures ayant contribué à l’émergence d’un conflit. La Jordanie estime que l’adoption de politiques de développement axées sur l’intégration devrait permettre de lutter contre le sentiment d’injustice qui permet aux extrémistes de recruter des jeunes désœuvrés ou qui se sentent marginalisés.
Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) s’est dit préoccupée par l’augmentation, au niveau mondial, des attaques et des meurtres de journalistes et de personnels des médias sociaux qui cherchent à dénoncer l’impunité, la corruption et les abus de pouvoir. Leurs reportages dans les zones de conflit montrent des violations massives des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité et aident à sensibiliser l’opinion publique internationale sur la protection des civils, a-t-elle relevé. Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à rester activement engagé sur la question de la protection des journalistes dans les zones d’instabilité pendant les périodes de conflit.
Elle a ajouté que les violations des droits de l’homme constituent souvent les premiers signes de l’éclatement d’un conflit. Quand elles ne sont pas traitées, elles deviennent un obstacle à la réconciliation et aux processus de consolidation de la paix et du développement. C’est pourquoi, la Lituanie appuie l’initiative « Les droits de l’homme avant tout » qui devrait lier les efforts de développement, de consolidation de la paix et de prévention. La paix durable requiert qu’aucun groupe de la société ne soit marginalisé, a indiqué la représentante.
En particulier, la paix et le développement nécessitent l’inclusion pleine et systématique des femmes dans tous les aspects de la vie sociale, comme partenaires égaux dans le processus de prise de décisions, de médiation et dans la résolution des conflits. Les femmes ont un rôle à jouer dans la réconciliation, la consolidation de la paix et le développement durant la période de l’après-conflit. La paix et le développement ne peuvent être durables sans la reddition de comptes, a ajouté la représentante, indiquant que l’état de droit qui est au cœur de la gouvernance démocratique, offre un cadre de justice et d’équité en offrant à la société un ensemble de règles auxquelles peuvent avoir recours tous les membres de la société. Ces règles doivent garantir l’égalité de tous devant la loi.
M. ALEXIS LAMEK (France) a estimé qu’il appartenait en premier aux États de mener des processus inclusifs pour prévenir l’apparition de conflits, une tâche que le Conseil de sécurité ne peut qu’encourager. La prévention des conflits, a-t-il ajouté, passe aussi naturellement par le respect des droits de tous les citoyens, y compris de leurs droits économiques, sociaux et culturels, ce qui exige des institutions légitimes, la transparence dans la gestion des fonds publics, une chaine pénale indépendante et des forces de sécurité respectueuses du droit. Il a suggéré d’axer en particulier les politiques sur l’égalité entre les genres et la participation des femmes aux processus décisionnels. À cet égard, M. Lamek a salué l’action fondatrice qu’a menée ces dernières années à New York Mme Bachelet, la Présidente du Chili, lorsqu’elle était Directrice exécutive d’ONU-Femmes, un organe avec lequel la France mène de nombreux programmes de coopération, notamment au Maroc, en Tunisie et en Égypte. Il a jugé essentiel d’associer, dès maintenant, les femmes aux négociations de paix au Mali. Le représentant a par ailleurs souligné les progrès indéniables accomplis grâce au dispositif de consolidation de la paix mis sur pied il y a 10 ans, tout en appelant à les renforcer. Enfin, il a invité les États Membres et l’ONU à tirer parti de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 et de la célébration du soixante-dixième anniversaire de l’ONU pour poursuivre la lutte contre les inégalités et améliorer la cohérence dans les actions menées par les différents organes de l’ONU.
M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé qu’au vu de l’importance du thème débattu au cours de cette séance, il serait opportun et judicieux pour les Nations Unies d’organiser un débat dans un espace ouvert et démocratique, par exemple au sein de l’Assemblée générale, afin de garantir la participation de tous les États Membres à la réflexion en cours. Il a souligné qu’en dépit du fait que le Conseil de sécurité ne soit pas l’organe approprié de prise de décisions sur les questions de développement, il n’en demeure pas moins que ses décisions, dans le domaine de la paix et la sécurité internationales, peuvent avoir un impact positif, ou des conséquences néfastes sur le développement à long terme des nations. M. Ramirez a en outre affirmé que les menaces les plus sérieuses à la paix et la sécurité internationales ne viennent pas des pays les moins développés ou des États les plus pauvres. Il a indiqué qu’en vue de modifier les effets négatifs résultant de la colonisation et d’une architecture mondiale injuste, il faudrait opérer de profonds changements dans les politiques et les normes socioéconomiques liées au modèle de production économique et de consommation non durable actuellement en cours.
M. Ramirez a appelé la communauté internationale à promouvoir davantage le développement durable, et il a invité les pays développés à tenir les engagements qu’ils ont pris en matière d’aide publique au développement (APD), ainsi qu’en matière de transfert de technologies et dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques. Il a aussi invité les donateurs à respecter l’engagement pris, le 31 mars 2010, de débloquer 10 milliards de dollars pour la reconstruction et le développement socioéconomique d’Haïti. Il a par ailleurs indiqué que le Gouvernement du Venezuela attache du prix à la promotion d’un développement inclusif et équitable. C’est un élément clef de la révolution bolivarienne et qui se traduit par la mise en œuvre de programmes sociaux visant à éliminer la pauvreté, l’exclusion sociale, l’illettrisme, la famine et les maladies, a-t-il conclu.
M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré que ce débat public illustrait l’engagement du Conseil de sécurité par rapport au lien qui existe entre la paix et le développement. Le représentant de la Chine a mis l’accent sur la nécessité d’accroître les investissements dans le développement pour lutter contre les causes premières des conflits.
La communauté internationale et les Nations Unies devraient attacher plus d’importance à la promotion du développement mondial, les pays développés devant aider davantage les pays en développement, notamment en leur permettant d’atteindre les objectifs de développement agréés, a préconisé le représentant.
Il a ensuite souligné l’importance de la médiation et des bons offices dans le règlement des conflits. De même, il faut, a-t-il recommandé, insister sur la consolidation de la paix pour empêcher les pays concernés de retomber dans les conflits dont ils avaient pu auparavant sortir.
M. JIM McCLAY (Nouvelle-Zélande) a dit que son pays pense que le développement inclusif est central pour une paix durable. Il a présenté la Nouvelle-Zélande comme une « championne des approches et des solutions pratiques ». Dans cette mouvance d’approche pratique, il a estimé que les missions de maintien de la paix de l’ONU doivent achever la mise en œuvre de leurs mandats en s’assurant, avant de partir, qu’elles laissent derrière elles des personnels solides et capables de rester actifs dans leurs domaines de spécialisation sur le long terme. Il a ensuite relevé que la paix durable, dans des situations postconflit, passe par l’examen des causes profondes du conflit, et que cela requiert du Conseil de sécurité, et de l’ONU dans son ensemble, qu’ils adoptent une approche intégrée et multidimensionnelle. Le représentant a ensuite souligné que les accords de paix et la réconciliation doivent tenir compte de toutes les composantes de la société, et surtout des couches marginalisées comme les femmes, les jeunes et les anciens combattants. Il a également souhaité qu’un travail plus poussé soit mené pour comprendre les liens qui existent entre le crime transnational organisé et le terrorisme, qui sont tous des facteurs de déstabilisation des États.
M. McCLay a par ailleurs plaidé pour une plus grande collaboration entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, et il a souligné l’importance d’une approche intégrée pour atteindre une paix et un développement durables. Il a pris en exemple le cas à succès du Timor-Leste, qui a connu un conflit interne au début des années 2000, et qui est désormais un pays contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix onusiennes. Il a aussi cité le cas des Îles Salomon, qui ont connu l’instabilité en 2003, et il s’est félicité du rôle joué par des acteurs régionaux tels que l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont contribué à la restauration de la stabilité dans le pays. Il a enfin souligné que les petits États insulaires en développement (PEID) sont particulièrement fragiles et instables du fait de leur superficie réduite, de leur isolement géographique, de leurs ressources naturelles limitées et du manque d’infrastructures qui les handicapent et caractérisent, sans oublier la menace que leur posent les changements climatiques. Il a estimé que les interventions dans ce type de pays doivent tenir compte de leurs spécificités et vulnérabilités.
M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) s’est inquiété, outre de la prolifération de l’extrémisme, entre autres, de la persistance d’une multitude de conflits armés qui se déroulent à l’intérieur des frontières de certains États. Il a insisté sur la nécessité de promouvoir des sociétés stables par l’intermédiaire d’un développement harmonieux et juste. Un développement sans exclusion est essentiel pour la stabilité, a-t-il souligné.
M. Zene Cherif a déclaré qu’il revient à chaque pays de définir des stratégies de développement appropriées. Il n’en a pas moins estimé que le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer au sein des pays sortant d’un conflit, citant notamment comme exemples les situations en Iraq, au Yémen, au Mali ou encore en République démocratique du Congo, entre autres. Il s’est par ailleurs inquiété du fait qu’en Lybie, une loi exclut la participation de tous les partis politiques au processus postconflit.
Le représentant a par ailleurs recommandé de renforcer les activités qui appuient l’autonomisation des femmes et des jeunes et de privilégier la création d’institutions de lutte contre l’exclusion. Il a aussi insisté sur la nécessité de lutter contre le sous-développement, appelant notamment à la mise en œuvre de la Stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel. M. Zene Cherif a également jugé nécessaire de mettre fin aux interférences étrangères et a souhaité que cette question soit examinée dans le cadre de la prévention des conflits. Le représentant a enfin appelé l’ONU à mieux appuyer les efforts régionaux en matière de paix et de sécurité y compris par la mise à leur disposition de ressources financières et humaines.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a rappelé que son pays célébrait cette année le 800e anniversaire de la signature de la Magna Carta qui fut une étape décisive pour le développement du Royaume-Uni. Il fut en effet décidé, en essence, que les monarques ne pourraient pas exercer leurs pouvoirs de manière arbitraire et sans limites. C’était le début de l’état de droit, a-t-il expliqué. Il a remarqué que, de manière générale, les conflits étaient favorisés par la marginalisation sociale, politique et économique de groupes spécifiques. Il s’est remémoré le rapport sur le développement humain dans la région arabe de 2004 qui prévenait du grave manque de libertés et de bonne gouvernance dans le monde arabe, et prévoyait comme conséquence de cet état de choses une situation d’instabilité. Il a relevé que l’échec du Conseil de sécurité ne résidait pas dans son manque de prévisions, mais dans son manque d’actions. M. Lyall Grant a donc recommandé aux membres du Conseil de réfléchir aux moyens de soutenir le développement d’institutions nationales inclusives.
Nous devons d’abord être patients, a suggéré M. Lyall Grant, soulignant que, selon la Banque mondiale, il faut entre 10 et 17 ans pour réaliser des progrès significatifs dans les institutions d’un pays. Il a indiqué à cet égard que le Royaume-Uni tenait ses promesses en termes d’aide publique au développement. Il a aussi invité le Conseil à reconnaitre que le risque de conflit augmente si les institutions politiques nationales ne sont pas inclusives, et a mis l’accent sur le rôle de prévention et sur la volonté politique dont le Conseil devrait faire preuve en prenant des mesures quand une situation l’exige. Le représentant a également fait le lien entre l’extrémisme violent et le manque d’inclusion, en faisant référence aux attentats commis en France, au Yémen, au Nigéria, en Iraq, en Syrie et au Pakistan. Il faut aussi, a-t-il ajouté, mieux comprendre les facteurs qui favorisent l’extrémisme. Le représentant a enfin invité le Conseil et la communauté internationale à inclure davantage les femmes dans les institutions politiques, les négociations en faveur de la paix et les prises de décisions politiques. Il a apprécié à cet égard la décision de demander une étude complète sur la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.
M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a commenté la nature intra-étatique et intra-nationale de nombreux conflits qui se déroulent dans le monde et la présence croissante d’acteurs non étatiques en leur sein. Il a reconnu les efforts déployés jusqu’à présent par le Conseil de sécurité pour s’adapter à l’évolution des conflits, avec notamment l’adoption de la résolution 2177 sur Ebola ou de la résolution 2178 sur la lutte contre les combattants terroristes étrangers. Il a toutefois jugé nécessaire d’adopter une approche encore plus stratégique et holistique pour faire face aux menaces actuelles.
Le représentant a dit qu’il est important de bien saisir l’interconnexion entre la paix, la sécurité et le développement et de promouvoir la création de sociétés stables et inclusives au sein desquelles « la radicalisation, la violence et l’extrémisme sont complétement rejetés ». Pour parvenir à cela, M. Haniff a parlé de l’importance de l’autonomisation nationale, ainsi que du rôle des femmes. Il a parlé des stratégies lancées par le Gouvernement de la Malaisie pour assurer aux femmes une part équitable des ressources du pays et une bonne information sociale et politique, entre autres. Des mesures ont également été prises pour offrir des perspectives d’avenir aux jeunes. Le représentant a par ailleurs estimé que la promotion des droits civils et politiques doit aller de pair avec les progrès réalisés sur le plan du développement. Il a ensuite reconnu que les défis auxquels font face les sociétés en développement multiethniques, multireligieuses et multiculturelles sont énormes, et que ces défis sont d’autant plus colossaux pour des sociétés en situation postconflit.
M. Haniff a ensuite parlé de la situation en Malaisie où, a-t-il indiqué, des clivages sociaux définis par l’ethnicité étaient particulièrement prononcés au moment de l’indépendance en 1957. L’adoption de « stratégies radicales » sur le plan socioéconomique et politique a été nécessaire pour réaliser la paix et éliminer la pauvreté, a-t-il indiqué, citant notamment en exemple la politique de création de « nouveaux villages ». Ces derniers, a-t-il expliqué, ont permis de rassembler des communautés qui vivaient à proximité des forêts et qui étaient susceptibles d’être victimes d’intimidations et d’actes de coercition de la part de groupes insurgés au moment où la Malaisie a connu une insurrection communiste. Ces villages, établis à proximité d’agglomérations dotées d’une infrastructure de base, ont permis de donner aux populations un nouveau sentiment de sécurité conjugué à des perspectives économiques, et ce faisant, ces dernières ont pu consacrer leurs efforts à l’amélioration de leur situation économique. La Malaisie, a-t-il ajouté, a également constaté que la concrétisation de la consolidation de la paix et des efforts d’édification de la nation doivent aller de pair avec la tolérance et la modération.
M. TANASAK PATIMAPRAGORN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a estimé qu’au vu de l’évolution du contexte sécuritaire dans le monde, le travail du Conseil de sécurité doit aller au-delà de la simple résolution de conflits et s’axer davantage sur leur prévention. Il l’a notamment appelé à s’attaquer aux causes premières des conflits, à commencer par la pauvreté et l’injustice sociale, entre autres, pour enrayer l’augmentation de l’extrémisme. Au lieu d’imposer des sanctions ou de privilégier une riposte militaire, le représentant a misé sur la promotion de politiques économiques et sociales inclusives. La Thaïlande est convaincue qu’un développement inclusif permettrait de faire avancer notre objectif de paix et de sécurité durables pour tous, a-t-il indiqué. Ce développement doit donc être partie intégrante des stratégies de prévention de conflit et de consolidation de la paix.
M. Patimapragorn a aussi appelé le Conseil de sécurité à garder à l’esprit l’interconnexion entre le développement et la sécurité et son impact direct sur le bien-être des populations. Il a également réclamé une plus grande cohérence entre les efforts déployés par les principaux organes du système de l’ONU. Le représentant a par ailleurs insisté sur l’importance d’appuyer l’agenda sur les femmes, la paix et la sécurité et a réaffirmé l’appui de la Thaïlande à la campagne « HeForShe » pour l’égalité entre les sexes.
M. LUIS ALMAGRO, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a déclaré qu’il ne faisait aucun doute que le développement inclusif au sens large était lié à l’ordre du jour de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix. La stabilité politique, la gouvernance démocratique et l’intégrité territoriale des États sont des conditions nécessaires pour générer le développement et sont, par conséquent, des facteurs qui contribuent à la prévention des conflits, a estimé M. Almagro.
Pour le Ministre, la consolidation de la paix comme objectif à long terme est une tâche transversale qui doit commencer dans les premières étapes du maintien de la paix. Il est important, a-t-il dit, que le Conseil de sécurité examine les moyens de mettre l’accent sur la dimension de développement et de respecter les droits de l’homme dans les mandats octroyés aux missions de maintien de la paix.
M. Almagro a rappelé que l’Uruguay, l’un des principaux contributeurs de troupes à ces missions, reconnaissait qu’il est important de faire preuve d’une vision politique des droits de l’homme essentiels dans tout processus de règlement des conflits. En tant que candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2016-17, l’Uruguay exprime son engagement en faveur d’une approche globale de la promotion de la paix et de la sécurité internationales qui lie le développement inclusif au maintien de la paix et de la sécurité.
Le Conseil de sécurité, a dit le Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, devrait contribuer par son travail, et en coordination avec d’autres agences des Nations Unies opérant sur le terrain, à la transformation des situations d’après-conflit dans des environnements qui favorisent la stabilité et le développement à long terme.
M. HÉCTOR TIMERMAN, Ministre des relations extérieures et du culte de l’Argentine, a souligné que tout programme de développement de l’ONU doit se fonder sur le respect des droits de l’homme. Il a fait savoir que le Gouvernement argentin avait privilégié l’adoption d’une politique sociale axée sur l’inclusion. Le développement sans exclusion, a-t-il indiqué, repose sur l’élargissement des droits et la promotion d’un gouvernement actif capable de les promouvoir et de corriger les inégalités sociales. Le Ministre a aussi dit l’importance d’adopter des politiques de lutte contre la discrimination et de renforcer par ailleurs les organes de défenses des droits de l’homme de l’ONU.
M. Timerman a aussi appelé à lutter contre les causes sous-jacentes du terrorisme international, citant notamment les attentats commis en France et au Yémen. Il a voulu que la priorité soit accordée aux stratégies de lutte contre le terrorisme qui mettent l’accent sur les causes de la propagation de ce fléau, notamment la violation des droits de l’homme, la marginalisation économique et l’exclusion politique. Il s’est dit convaincu que la prévention repose sur le plein respect des droits de l’homme et que la lutte contre le terrorisme doit être complétée par des efforts de lutte contre la pauvreté et de promotion d’un développement inclusif.
M. PIERRE DULY BRUTUS, Ministre des affaires étrangères d’Haïti, a remarqué qu’une opération de maintien de la paix, quelle que soit l’ampleur des ressources déployées en soutien au renforcement des capacités de sécurité, ne saurait suffire par elle-même à conduire à la paix et à l’équilibre au sein de la communauté visée, si elle méconnait ou sous-estime les liens entre sécurité et développement, ainsi que ceux existant entre développement sans exclusion et maintien de la paix. Il a estimé que, pour être véritablement efficace à long terme, le maintien de la paix doit s’inscrire dans un projet politique d’ensemble qui tienne compte de toutes les nouvelles menaces à la sécurité proprement dite, et qui prenne également en compte toutes les situations génératrices de sous-développement qui contiennent les germes de conflits futurs. Il a ainsi expliqué que, dans le cadre d’une concertation avec les membres du Conseil de sécurité sur le mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le Gouvernement haïtien avait toujours fait valoir son souci de voir ses partenaires attacher une plus grande importance aux besoins de développement d’Haïti.
M. Brutus a cependant reconnu que la responsabilité du développement et du maintien de la paix incombe d’abord aux autorités nationales. Il a souligné que le Gouvernement haïtien, comme la Mission de l’ONU, attachent un intérêt égal à l’appropriation, par les institutions nationales, des projets mis en œuvre conjointement. En ce qui concerne la situation politique en Haïti, il a tenu à rassurer les partenaires de son pays: Haïti a surmonté avec succès la crise qui menaçait de compromettre les acquis du programme de stabilisation entrepris ces 10 dernières années, a-t-il indiqué. Il a salué le soutien apporté par la communauté internationale au peuple et au Gouvernement haïtiens tout au long de cette crise exceptionnelle, lui demandant de poursuivre ce soutien en vue de la consolidation de l’état de droit et de la démocratie dans son pays. M. Brutus a estimé que l’expérience de la MINUSTAH, malgré ses limites, pouvait servir de modèle dans la conception de mandats de maintien de la paix efficaces.
M. LEONARDO ARIZAGA, Vice-Ministre des relations extérieures et de la mobilité humaine de l’Équateur, a expliqué que le plus important, pour son pays et ses habitants, est de vivre en harmonie avec la nature. Grâce à une politique de redistribution des richesses, suivie depuis 8 ans, l’Équateur a réussi à réduire le niveau moyen de pauvreté de sa population de 15% et à améliorer l’éducation de base de ses populations. De plus, la qualité des services publics s’est améliorée, a ajouté M. Arizaga en énumérant les différents progrès accomplis. Il a en même temps constaté que la scène internationale souffre toujours des conséquences d’un ordre mondial injuste et immoral. Il a plaidé en faveur d’un nouvel ordre économique mondial qui soit juste et solidaire, et d’une nouvelle architecture financière internationale, qui donnent la priorité à la protection de l’environnement et à l’inclusion sociale. L’Équateur promeut un développement basé sur le talent humain, l’éducation, le savoir et l’innovation, tout cela dans le respect des droits de l’homme, a-t-il assuré. Le Vice-Ministre des relations extérieures de l’Équateur a ensuite réitéré la nécessité urgente de faire avancer la réforme des Nations Unies, afin de rendre l’Organisation plus démocratique, plus efficace et plus transparente. Enfin, il a réitéré l’importance de l’inclusion pour la stabilité politique d’un pays, ainsi que de la gouvernance démocratique.
Mme VANESSA RUBIO, Vice-Ministre des affaires étrangères pour l’Amérique latine et les Caraïbes du Mexique, a déclaré que le monde se heurtait à des défis de plus en plus complexes, et que les sociétés humaines exigeaient des gouvernements et de la communauté internationale qu’ils réagissent à ces développements. Le monde actuel a besoin d’un engagement renouvelé de notre part en faveur d’approches innovantes, a-t-elle déclaré, soulignant que les nouveaux paramètres devaient être guidés par l’inclusion sociale.
Mme ALEJANDRA LIRIANO DE LA CRUZ, Ministre adjoint des affaires étrangères de la République dominicaine, a constaté que les priorités les plus urgentes pour les populations touchées par un conflit armé sont souvent la sécurité et le développement. Elle a appelé le Conseil de sécurité à faire preuve d’une volonté manifeste de protéger les populations civiles des conflits armés. Elle a toutefois estimé qu’au vu de la complexité des menaces posées actuellement à la paix, notamment le terrorisme, les changements climatiques ou encore le trafic de stupéfiants, le Conseil de sécurité devrait réexaminer son système d’opération afin de le rendre plus effectif, notamment en matière de prévention. Mme De la Cruz a notamment appelé au renforcement de l’aspect multidisciplinaire des opérations de maintien de la paix.
Les pays qui sortent d’un conflit, a-t-elle enchainé, devraient pouvoir compter sur des programmes d’aide effectifs afin de pouvoir rétablir leurs institutions politiques, judiciaires, sécuritaires et socioéconomiques. La Ministre adjointe a par ailleurs salué l’appui qu’accorde le Conseil de sécurité à Haïti. Elle a ensuite insisté sur l’importance de combattre la pauvreté extrême et de consacrer d’avantage d’attention à l’appui à apporter aux États fragiles ou qui émergent d’un conflit.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) a souligné que l’élimination de la pauvreté et une croissance économique soutenue, équitable et inclusive constituaient un environnement favorable à la paix et contribuaient à éliminer les causes de conflits. Le Conseil de sécurité, dans ses opérations et missions de maintien de la paix, s’emploie à résoudre les conflits dus au manque de croissance et d’inclusion, a estimé le représentant, d’où, a-t-il dit, la nécessité de tenir compte de la dimension des privations économiques et de la marginalisation au cours de la recherche des causes des conflits et des solutions à leur trouver.
Le représentant du Pakistan a estimé que les activités des différentes entités de l’ONU ne devraient pas empiéter les unes sur les autres et faire doublons. Il a recommandé que des efforts soient déployés pour promouvoir plus de synergie et une mise en commun des moyens et des capacités des différents organes d’intervention afin de renforcer l’efficacité du système des Nations Unies.
M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a déclaré qu’il existait différents organes au sein du système des Nations Unies pour gérer les questions relatives aux trois piliers de l’ONU que sont la paix, la sécurité, le développement et les droits de l’homme. Synergie et complémentarité devraient être les mots d’ordre et non pas le chevauchement ou la cooptation. Dans la mesure où des questions sur le développement inclusif sont soulevées, le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, ne devrait pas empiéter sur le mandat de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social. Si le Conseil doit agir au nom de tous les États Membres, il n’a pas la légitimité, en raison de son caractère non représentatif, de défendre les États sur le bien-fondé de l’inclusion politique, a soutenu M. Bishnoi.
La question n’est pas tant de savoir comment le Conseil de sécurité devrait englober la notion d’interdépendance des trois piliers pour garantir la sécurité internationale, mais la façon dont le système des Nations Unies dans son ensemble doit le faire. Traditionnellement, le pilier du développement du système des Nations Unies a été le plus souvent sous-financé et même dans les cas où le système des Nations Unies concentre ses efforts sur le développement, il se détourne de plus en plus de sa mission principale qui est d’éliminer la pauvreté et la faim dans le monde et d’établir une coopération internationale solide pour aider les pays en développement à réaliser leurs objectifs de développement. Le représentant de l’Inde a insisté pour que le programme de développement aboutisse à des résultats et non pas à la confusion.
Mme MÓNICA BOLAÑOS PÉREZ (Guatemala) a mis l’accent sur la nécessité de comprendre que la pauvreté et l’injustice sociale à elles seules ne conduisaient pas obligatoirement à la violence et aux conflits, d’où l’importance d’analyser d’autres facteurs.
Elle a souligné l’importance de la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui représente un pont institutionnel entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC) et les institutions de Bretton Woods. La représentante a, en outre, insisté sur le rôle clef que doivent jouer les femmes et sur la nécessité de la mise en œuvre du principe de la responsabilité de protéger.
M. THOMAS MAYR-HARTING, Union européenne, a souligné que les nombreux conflits qui ont lieu en ce moment à travers le monde invitent à prendre en compte leurs causes profondes en promouvant le développement durable, l’inclusion, l’égalité, l’état de droit et le respect des droits de l’homme et des processus politiques inclusifs. Il a ajouté qu’une paix durable requiert le respect des personnes les plus démunies et la satisfaction de leurs besoins. Cela passe par le respect de leurs droits économiques, sociaux et culturels. Il a aussi relevé qu’une paix durable passe par le respect des libertés fondamentales, y compris la liberté d’expression, d’opinion, d’assemblée et d’association, à la fois sur Internet et ailleurs. La paix durable, a-t-il poursuivi, requiert l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles, qui sont des agents de paix et de développement. Dans l’optique du développement, M. Mayr-Harting a prôné une justice indépendante, une force de police digne de confiance, et un secteur public non corrompu. Il a aussi déclaré que le développement dépend d’un secteur privé actif et de l’existence et du bon fonctionnement d’institutions légitimes.
Le représentant a reconnu que ces prérequis d’une paix durable sont de la responsabilité première de chaque État Membre, mais que leur absence conduit à des conséquences qui sont du ressort du Conseil de sécurité. Il a invité le Conseil a identifié de nouvelles approches pour prévenir et gérer les conflits, par exemple en encourageant la réduction des dépenses militaires pour libérer des fonds à allouer à la promotion de la cause du développement durable. « La meilleure manière de prévenir les conflits est de soutenir la gouvernance démocratique, le respect des droits de l’homme et le développement économique », a-t-il déclaré. Il a évoqué des programmes mis en œuvre par l’Union européenne au Mali et en Somalie, et il a précisé qu’une partie importante de cette entreprise est d’apporter un soutien aux autorités nationales afin qu’elles résolvent des problèmes transnationaux tels que la criminalité transfrontalière, le terrorisme, le trafic de drogues et la piraterie. Par ailleurs, il a rappelé que la consolidation de la paix, en 2014, a été mise à mal par l’épidémie à virus Ebola qui affecte certains pays d’Afrique de l’Ouest dont certains sont en situation de sortie de conflit.
M. MARTIN SAJDIK (Autriche), a pris la parole au nom des membres du Réseau sur la sécurité humaine, et a expliqué que la sécurité humaine offre des réponses qui englobent la paix et la sécurité, le développement, et les droits de l’homme, qui sont trois piliers du système des Nations Unies. La sécurité humaine, une approche préventive, permet d’adopter des politiques efficaces pour traiter des causes sous-jacentes des menaces à la paix, a-t-il précisé. Il a remarqué que l’approche « sécurité humaine » avait permis de trouver des solutions plus efficaces et durables aux conflits, avec la promotion de l’inclusion de toutes les parties prenantes, en particulier celle des femmes et des groupes marginalisés, et en s’appuyant sur les capacités locales. Dans les situations de conflit, le réseau sur la sécurité humaine a toujours mis l’accent sur la sécurité et la dignité des civils, a-t-il rappelé. M. Sajdik a aussi souligné l’importance d’une approche centrée sur les personnes dans la transition vers la consolidation de la paix et le développement. Il a donné l’exemple de la République démocratique du Congo, où l’approche « sécurité humaine » a été adoptée dans la réintégration des anciens combattants et des groupes de jeunes marginalisés, ce qui a permis de compléter les efforts du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix.
M. PER THÖRESSON (Suède), intervenant au nom des pays nordiques, a fait observer que le développement est toujours politique, et que la paix et le développement sont des processus sociétaux appuyés par les populations. Il a souligné qu’il ne peut y avoir de paix, ni de développement sans la participation des plus marginalisés, l’exclusion économique et sociale étant la cause de nombreux conflits actuels. Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de bien comprendre les facteurs qui unissent ou qui divisent les populations et les communautés, et d’établir la confiance entre l’État et la société afin de renforcer la cohésion sociale.
M. Thöresson a fait observer que la participation politique inclusive est un moyen de résoudre ou de prévenir les conflits, et il a qualifiée de « critique » la participation des femmes à l’établissement, au maintien et à la consolidation de la paix. Il a appelé le Conseil de sécurité à encourager les Représentants et envoyés spéciaux du Secrétaire général à consacrer d’avantage d’attention à la question du développement inclusif dans leurs rapports. Le représentant a aussi estimé que la médiation devrait être utilisée à toutes les étapes du « cycle de conflit ». Une meilleure cohérence s’impose également entre les actions de l’ONU et celles des autres différents acteurs du développement.
M. Thörensson a aussi mis l’accent sur le rôle que peuvent jouer les processus de justice transitionnelle pour permettre aux sociétés de se défaire d’un passé violent. Il a par ailleurs estimé qu’une action décisive s’impose pour faire face aux changements climatiques qui, a-t-il averti, représenteront une importante menace sécuritaire stratégique à l’avenir.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a indiqué que, selon le Rapport 2011 sur le développement mondial, 90% des conflits qui ont vu le jour pendant les années 2000 étaient des rechutes dans d’anciennes guerres civiles. Il a ensuite parlé du rapport du Groupe de travail sur les enseignements tirés de la Commission de consolidation de la paix, précisant que selon celui-ci, le retrait des missions de l’ONU a pour conséquence de limiter ensuite la capacité de l’ONU à appuyer des processus politiques inclusifs sur le terrain dans les pays où étaient déployées ces missions. Le rapport, a-t-il rapporté, souligne que la Commission de consolidation de la paix devrait fournir une plateforme politique pour appuyer l’engagement envers les pays en transition. En outre, au cours du retrait d’une mission, la Commission pourrait également appuyer les efforts du Conseil de sécurité en lui fournissant des conseils sur la consolidation holistique de la paix sur le terrain et en attirant son attention sur les possibilités qu’il y a de voir un pays retomber dans un conflit duquel on le croyait sorti. Le représentant a aussi appelé le Conseil de sécurité à travailler avec la Commission afin de renforcer ses propres fonctions d’alerte précoce et de prévention de conflit.
Au cours de son intervention, M. Okamura a aussi abordé la question du développement inclusif, indiquant notamment qu’au cours des 20 dernières années, le Japon avait activement appuyé les efforts de consolidation de la paix de nombreux pays africains par l’intermédiaire de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). Il a précisé que ce processus prend en considération l’interconnexion entre la consolidation de la paix et le développement et met par ailleurs l’accent sur la promotion des femmes et des jeunes et le rôle qu’ils sont appelés à jouer dans leurs sociétés.
M JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud), parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que ce Groupe d’États Membres en général ne s’exprime pas lors des débats du Conseil de sécurité, car son intérêt principal est le développement économique et social. Le débat de ce jour ayant trait à cette question, l’Afrique du Sud veut présenter les vues de ces pays qui représentent deux tiers des États Membres de l’ONU, a indiqué M. Mamabolo. Il a souligné les liens indéniables qui existent entre la paix et la sécurité et le développement. De nombreux gouvernements n’ont pas réussi à combler les aspirations de développement de leur population, a-t-il remarqué, ce qui a causé des tensions et des conflits. Il a aussi dénoncé l’insuffisance de l’aide au développement dont le niveau est très inférieur à ce qui avait été promis, et celle du transfert de technologies en faveur des pays qui en ont besoin. Le manque d’ouverture des marchés des pays industrialisés aux produits des pays en développement est aussi à dénoncer, a dit le représentant.
M. Mamabolo a souligné que le mandat du Conseil de sécurité a avant tout trait au maintien de la paix et de la sécurité internationales, comme le prévoit la Charte des Nations Unies. Il a appelé les États Membres et notamment ceux membres du Conseil, à respecter le principe de la séparation des mandats des organes des Nations Unies. Alors que le programme de développement pour l’après-2015 démarre, il a exigé que soit respecté les prérogatives et le rôle qui échoient à l’Assemblée générale dans ce processus. Le Président de l’Assemblée générale a désigné des cofacilitateurs chargés de ce processus, auquel doivent participer toutes les parties prenantes, a-t-il rappelé avant d’assurer que le Groupe des 77 et la Chine comptaient y participer pleinement. Il a plaidé en faveur d’un programme de développement global qui contribue au développement international et qui, sur le long terme, permette à tous les pays de parvenir à la prospérité et à la paix.
M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a relevé que sans sécurité, il ne saurait y avoir de développement. Il a noté que l’Iraq, bien que doté de ressources naturelles importantes voit ses ambitions de développement sapée par l’insécurité qui règne à travers le pays. Il a déclaré que le terrorisme en cours en Iraq est une menace sérieuse posée à l’avenir de l’Iraq, mais aussi à la paix et la stabilité internationales. Il a en outre noté que les peuples qui souffrent de l’insécurité ne peuvent pas réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et il a lancé un appel à la conception d’un programme de développement pour l’après-2015 qui tienne compte de la nécessité de juguler le terrorisme international.
Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a souligné que la consolidation de la paix était un effort de longue haleine qui devait mobiliser l’ensemble des forces vives des pays et régions concernés et bénéficier d’un appui cohérent et à long terme de la communauté internationale. Les efforts de consolidation de la paix n’auront d’impact durable que s’ils contribuent à la mise en place de processus politique sans exclusive et s’ils favorisent l’éclosion d’institutions nationales compétentes et redevables à l’égard de leurs citoyens, a-t-elle précisé. Les situations en République centrafricaine et au Soudan du Sud nous ont, par exemple, montré que le risque de résurgence d’un conflit était hélas élevé et que les causes profondes d’un conflit n’étaient pas traitées de façon adéquate.
La représentante a aussi déclaré qu’il était primordial de garantir la participation des femmes et des jeunes et d’autres groupes de la société trop souvent exclus de la prise de décisions. C’est pourquoi il est important de créer des perspectives d’avenir pour les jeunes qui représentent une part croissante de la population dans les pays en développement. Mme Lucas a estimé que la marginalisation des jeunes et l’absence de perspectives professionnelles en faisaient des proies faciles pour les discours attisant la haine et l’extrémisme. D’acteurs de la paix et du développement, ils risquent de devenir des acteurs de l’instabilité et de la violence, a prévenu la représentante du Luxembourg, avant de conclure.
M. RON PROSOR (Israël) a estimé qu’au moment où l’ONU travaille à l’élaboration d’un nouveau programme de développement pour l’après-2015, il faudrait créer un environnement favorable au développement de sociétés pacifiques. Attirant l’attention sur le manque d’inclusion des femmes dans les sociétés et la vie politique, il a dénoncé en particulier les sociétés qui oppriment les femmes. Cette oppression, a-t-il dit, a des conséquences sur le développement des pays. Le représentant d’Israël a rappelé que, dans des situations comme celle qu’a connue le Rwanda, les femmes avaient contribué considérablement à la reconstruction et à la consolidation de la paix après un conflit. Israël, a assuré M. Prosor, a ouvert ses portes à toutes les nations, en accueillant des personnes de toutes les races, toutes les religions et toutes les nationalités. Le représentant israélien a parlé du système de kibboutz qui a édifié une société centrée sur la coopération et l’égalité. Israël continue d’investir en faveur des femmes, a-t-il ajouté. M. Prosor a aussi souligné la nécessité de miser sur les jeunes, en faisant référence aux jeunes qui, en l’absence de perspectives d’avenir, s’engagent dans l’islamisme radical et commettent des attentats suicides. Il a demandé que la communauté internationale confronte l’extrémisme et éradique le radicalisme.
M. BOGUSLAW WINID (Pologne) a espéré que les examens à venir du dispositif de maintien de la paix et des opérations de maintien de la paix de l’ONU, qui seront menés en 2015, ainsi que le suivi de la mise en œuvre de la résolution 1325, permettront de mener une réflexion sur les liens entre développement et maintien de la paix. Même si le Conseil de sécurité n’est pas saisi de la question du développement, a-t-il expliqué, le Conseil traite trop souvent des effets du sous-développement sur les sociétés qui en souffrent. Il a dès lors apprécié que l’on reconnaisse les liens existant entre les deux questions, ainsi que la coopération fructueuse établie entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix. M. Winid a aussi jugé utile de prévoir des mandats multidimensionnels pour les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales de l’ONU. Pour éviter la récurrence du cycle de violence, a-t-il estimé, il faut que le Conseil organise davantage de réunions selon la formule Arria qui permet d’y inclure des représentants de la société civile. Enfin, soulignant que les changements climatiques avaient un effet générateur et multiplicateur de conflits, M. Winid s’est félicité que la Conférence des Nations Unies sur cette question, qui a eu lieu à Varsovie en 2013, ait permis d’adopter des décisions importantes en la matière. Il a aussi souligné l’importance du respect des droits de l’homme, dont la liberté d’expression et l’inclusion des femmes dans la vie politique et civile, pour réduire les risques de conflit.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a dit que la promotion de sociétés inclusives est un impératif moral qui est par ailleurs un « investissement stratégique » dans la sécurité, le développement économique et la création d’institutions fortes. Il a parlé du programme PRODERE, qui a été lancé par l’Italie en Amérique centrale pendant les années 1990 et qui a permis de venir en aide à 700 000 personnes déplacées ou réfugiées dans six pays de la région.
Tournant ensuite son attention vers la situation des minorités, M. Lambertini a constaté que ces derniers sont souvent les premières victimes des conflits et des inégalités socioéconomiques. Pour faire face à ce double défi, il a jugé nécessaire de les inclure dans les processus de prise de décisions. Le représentant a ensuite parlé de la participation de l’Italie à des programmes de formation professionnelle des agents de maintien de l’ordre, en Afghanistan notamment. Il a aussi cité le programme du Centre d’excellence pour la stabilité des unités de police, créé en 2001 à Vicenza. L’Italie appuie par ailleurs la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité et a lancé des projets pour assurer sa mise en œuvre en Afghanistan, au Liban, en Somalie ainsi que dans les territoires palestiniens autonomes.
M. Lambertini a par ailleurs annoncé que l’Italie et cinq autres pays avaient appelé à la tenue, le 24 février, sous la houlette du Président de l’Assemblée générale, d’un débat consacré à l’interconnexion entre la justice criminelle, le maintien de l’ordre et le développement. L’Italie et la Thaïlande organiseront par ailleurs un évènement de haut niveau sur les droits de l’homme, le maintien de l’ordre et la justice criminelle pendant le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale qui se tiendra au Qatar au mois d’avril, a annoncé le représentant.
M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a indiqué que le développement inclusif est la meilleure solution pour éviter l’essor des extrémismes et de la violence à travers le monde. Il a ainsi souhaité que dans les phases de prévention et de gestion des conflits, et dans le cadre de la consolidation de la paix en Afrique, les institutions judiciaires et le cadre légal soient renforcés. Il a en outre prôné la mise en place d’opérations de maintien de la paix disposant de mandats spécifiques et complexes adaptés aux questions sociales ou politiques à résoudre, et a encouragé la promotion d’un rôle plus important pour les femmes dans la recherche de réponses aux questions de paix et de développement qui se posent aux pays en conflit. Dans ce souci d’inclusion, le représentant a relevé que le Kazakhstan a promulgué des lois visant à reconnaitre les 130 groupes ethniques et les plus de 20 courants religieux qui existent et cohabitent dans le pays. Il a indiqué que la candidature du Kazakhstan à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité est basée sur la volonté de défendre une vision et un programme qui promeuvent la sécurité humaine à travers la sécurité nucléaire, alimentaire et énergétique.
M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a estimé que les stratégies purement militaires ou sécuritaires n’étaient pas suffisantes pour aborder et faire face aux situations de conflit actuelles. Il faut, a-t-il expliqué, que le Conseil de sécurité examine les moyens permettant de favoriser le développement de conditions propices à l’établissement d’une paix durable, sachant que le bien-être social et économique est un besoin central. Il a apprécié que le Conseil ait pris des mesures en ce sens et ait intégré des tâches de reconstruction dans certains mandats d’opérations de maintien de la paix. Il a cependant estimé qu’il fallait que le Conseil renforce ces efforts, notamment en travaillant davantage de concert avec la Commission de consolidation de la paix, ainsi qu’avec les fonds et programmes de l’ONU. Le représentant a ensuite plaidé en faveur d’une plus grande participation des femmes aux solutions à apporter aux conflits et à la consolidation de la paix. Enfin, il a recommandé au Conseil de sécurité de continuer à travailler de concert avec les différentes composantes du système de l’ONU dans la poursuite des objectifs de développement et de sécurité, en utilisant au mieux ses méthodes de travail pour bénéficier des compétences de chaque organe dans son domaine de prédilection.
M. ZSOLT HETESY (Hongrie) a indiqué que l’autonomisation des femmes, à travers l’éducation, le renforcement de leurs capacités de leadership et leur implication dans les processus de prise de décisions, est profitable à toute la société, notamment dans les pays en proie aux conflits. Le représentant a ensuite indiqué que l’un des obstacles au développement de la Hongrie est la situation dans laquelle vivent certains de ses groupes vulnérables affectés par la pauvreté, dont les Roms. Il a indiqué que des programmes gouvernementaux sont en cours de mise en œuvre pour promouvoir l’épanouissement des Roms, y compris leur implication à tous les niveaux de prise de décisions. M. Hetesy a enfin estimé que l’éducation est l’une des armes les plus puissantes contre la discrimination et les inégalités. Il a expliqué que grâce à l’éducation, une paix durable est possible, car l’ignorance, l’incompréhension, l’érosion de la culture et la perte des identités culturelles sont généralement le point de départ du fanatisme.
M. MARGUS KOLGA (Estonie) a constaté qu’il y a moins de conflits et de violence dans les pays démocratiques où le respect de l’état de droit et la jouissance des droits de l’homme prévalent. Il a insisté sur l’importance de la prévention des conflits et de l’inclusion, et a recommandé d’élaborer des politiques précises à cette fin. Il a aussi souligné que la création d’institutions effectives et responsables est un moteur puissant pour un développement inclusif et durable. M. Kolga a ensuite indiqué que le risque de rechute d’une société ou d’un pays dans la violence pourrait être évité en répondant aux causes sous-jacentes de la violence et en bâtissant des institutions résilientes et des sociétés pacifiques. Le représentant a aussi souligné que les femmes doivent être intégrées à toutes les étapes de consolidation de la paix. En la matière, il a notamment estimé que tous les examens des opérations de maintien de la paix effectués dans le cadre de l’application de la résolution 1325 doivent être menés à bien. Le représentant de l’Estonie a ensuite souligné que la liberté d’expression et de réunion, et l’accès aux médias sociaux et à l’Internet, sont partie intégrante du respect de l’état de droit.
M. HARALD BRAUN (Allemagne) a estimé que la paix et la sécurité internationales ne pouvaient être réalisées que si les sociétés étaient inclusives, les minorités respectées, l’état de droit effectivement en vigueur et la pauvreté combattue. Il a ajouté que le développement durable et inclusif était une condition sine qua non pour la paix et la stabilité. Il a aussi estimé que les efforts de développement devraient être axés sur le capital humain, en particulier les groupes les plus vulnérables. Le représentant s’est dit convaincu qu’en mettant fin aux discriminations à l’encontre des femmes et en impliquant ces dernières aux processus de développement, les résultats seraient encore plus positifs. Il a annoncé que l’autonomisation économique des femmes sera l’une des priorités de la présidence allemande du G-7, cette année. Le représentant a par ailleurs souhaité que l’examen de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, prévu cette année, permette de renforcer la capacité de prévention et de consolidation de la paix des Nations Unies.
Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a souligné que la sécurité humaine était une condition nécessaire du développement social, politique et économique des pays. Elle a précisé que les personnes avaient besoin de sécurité économique, alimentaire, sanitaire, environnementale, personnelle, communautaire et politique, afin de pouvoir réaliser leur potentiel, exercer leurs libertés et profiter du développement international. Elle a dénoncé l’exclusion, cause de conflits, en rappelant qu’ils constituaient également une menace au développement durable des personnes et des cultures. Elle a ainsi voulu démontrer que le développement inclusif était un facteur fondamental de la prévention de la violence et du processus de construction et de consolidation de la paix. Mme Flores a ensuite plaidé en faveur de la prévention pour éviter d’instaurer des conditions propices à l’exclusion et contribuer, au contraire, à la cohésion sociale et au dialogue. Le Panama, a-t-elle dit, apprécie ce genre de débat qui s’établit entre les organes des Nations Unies. Avant de conclure, elle a demandé au Conseil de sécurité de faire davantage pour faire participer activement les femmes aux missions de paix.
M. GUILLERMO RISHCHYNSKI (Canada) a souligné qu’il était de la plus grande importance que chaque individu soit libre de pratiquer sa religion, en rappelant que plusieurs communautés ethniques et religions -qui partagent une humanité commune, une humanité de tolérance, d’acceptation de l’autre et de paix- constituaient le tissu social du Canada. Il a indiqué que l’expérience des conflits en Afrique et au Moyen-Orient laisse voir qu’il ne saurait y avoir de paix et de sécurité dans des régions où il n’y a pas de dialogue entre les différentes communautés religieuses. Il a en outre déclaré que la pleine participation des femmes et des filles dans tous les aspects de la vie sociale était une condition sine qua non pour toute paix, toute prospérité et tout développement qui se veut durable.
Le rôle des femmes et des filles est notamment important en période de crise, a-t-il noté, en expliquant qu’elles sont des agents de stabilité et de renforcement de la résilience de leur famille et communauté et sont, par ailleurs, des voix de modération et de paix. Le représentant a, sur un tout autre plan, émis le vœu que le réexamen de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU permettrait de revoir les priorités de la consolidation de la paix dans les pays en proie aux conflits. Le Canada, a-t-il assuré, soutient l’objectif 16 des objectifs de développement durable (ODD) établis par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, relatif à la promotion des sociétés pacifiques et inclusives. Le représentant a cependant estimé qu’une cible spécifique sur le renforcement de la participation des femmes dans les processus de paix aurait dû être assortie à cet objectif.
M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a affirmé que la paix et le développement durable ne pouvaient être atteints sans tenir compte des besoins de tous, y compris des enfants, des garçons et des filles, des femmes, des personnes handicapées, des réfugiés et des personnes déplacées. Tous les acteurs concernés, y compris la société civile à tous les niveaux doivent participer et contribuer à la transformation des sociétés de la guerre vers la stabilité, le développement et la gouvernance démocratique, a-t-il ajouté.
Pour le représentant, la participation des femmes et une pleine intégration sont des principes fondamentaux d’une réforme en profondeur du secteur de la sécurité, qui fait partie intégrante de tout effort de consolidation de la paix, et que la Slovaquie prône fièrement.
M. JAVAD SAFAEI (République islamique d’Iran) a lancé un appel urgent pour qu’un consensus soit trouvé afin de répondre aux grandes menaces et défis majeurs, en adoptant des mesures concrètes qui s’attaquent aux causes profondes de ces problèmes. Il a souligné que le développement, la paix et la sécurité, ainsi que les droits de l’homme, sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Il a reconnu la nécessité de renforcer l’inclusion, en soulignant qu’il faudrait le faire tant au niveau national qu’au niveau international. Les pays qui ont le plus faible indice de développement humain sont ceux qui connaissent le plus de conflits, a-t-il noté. C’est pourquoi, a estimé M. Safaei, le développement durable, qui permet un partage équitable des richesses, est très important pour trouver une solution aux racines mêmes des conflits. Il a aussi fait le lien entre développement et sécurité, en précisant que l’un dépendait de l’autre. Le représentant iranien a recommandé de ne pas aborder les conflits et les tensions de manière fragmentée. La communauté internationale, a-t-il poursuivi, devrait s’engager en faveur du bien-être humain, de la liberté et du progrès pour tous. Cela doit se faire dans le respect, la tolérance, le dialogue et la coopération entre les cultures, les civilisations et les peuples, a-t-il rappelé.
M. TIM MAWE (Irlande) a mis l’accent sur trois aspects clefs, selon lui, à un développement sans exclusion pour le maintien de la paix et la sécurité internationales. Il a d’abord souligné l’importance de renforcer les institutions, en rappelant que 90% de toutes les guerres civiles au cours des 15 dernières années avaient éclaté dans les pays qui avaient également connu une guerre civile au cours des 30 années précédentes. De même, la mise en place d’institutions fortes nécessite l’appropriation nationale, le leadership et la volonté politique, a-t-il souligné, en s’appuyant sur l’exemple du règlement de la situation en Irlande du Nord.
Le deuxième aspect est le rôle essentiel que les femmes jouent dans ces efforts visant au maintien de la paix, a-t-il dit, en citant l’ancien Présidente irlandaise Mary Robinson: « La participation des femmes à la prévention et à la résolution des conflits est essentielle pour construire d’une paix durable, car, a-t-il fait observer, aucune société ne peut se développer -économiquement, politiquement ou socialement- quand la moitié de sa population est marginalisée ».
Enfin, M. Mawe a souligné la corrélation entre de graves violations des droits de l’homme et les menaces à la paix et la sécurité internationales.
M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a déclaré que les inégalités socioéconomiques étaient les causes majeures des conflits et de la criminalité organisée, s’ajoutant ainsi à d’autres causes comme l’exclusion politique, les violations des droits de l’homme, l’injustice et la culture de la violence. Il a déclaré que l’un des éléments clefs d’une paix durable et de l’atteinte du développement durable était l’état de droit. La justice et la réconciliation doivent être promues par tous les moyens, y compris par le biais des tribunaux internationaux, a estimé le représentant, avant de souligner que le respect des droits de l’homme et l’adoption de mesures de reddition de comptes en cas de violation étaient essentiels à cette fin. M. Logar a par ailleurs souligné que l’égalité entre les genres et l’autonomisation des femmes étaient cruciales pour le développement inclusif, la sécurité et une paix durable. Avant de conclure, il a plaidé pour qu’une place plus importante soit accordée, au sein des Nations Unies, à la prévention des conflits et à la résolution pacifique des différends, notamment par le biais des efforts de médiation des Nations Unies et de la médiation des acteurs nationaux et régionaux.
M. EUGÈNE-RICHARD GASANA, Ministre d’État du Rwanda en charge de la coopération, a énuméré les facteurs qui contribuent à la résilience des communautés, dont la bonne gouvernance et le développement sans exclusion. « Après le génocide des Tutsis de 1994, de nombreux défis se sont posés au Rawanda », a-t-il indiqué, expliquant la nécessité de créer un climat de paix et de sécurité pour tous. Cela a exigé des sacrifices de la part de tous les Rwandais, a rappelé M. Gasana. Il s’est souvenu que le caractère inclusif des prises de décisions avait été essentiel pour promouvoir la réconciliation, avec l’inclusion des groupes marginalisés, comme les femmes et les jeunes. Le Ministre d’État rwandais a ainsi témoigné de l’importance de l’inclusion pour resserrer les liens entre les différents segments de la société. Après le génocide, a-t-il poursuivi, le Rwanda a connu une croissance économique soutenue qui a permis de réduire les inégalités, ceci grâce aux efforts du Gouvernement, qui a notamment investi dans le secteur de la santé. M. Gasana a toutefois reconnu les difficultés qui se posent encore au Rwanda du fait des racines profondes des divisions qui existent encore dans la société. Les accords de paix peuvent être l’occasion de favoriser la réconciliation, a-t-il remarqué, recommandant au Conseil de sécurité de veiller à ce que ces processus soient inclusifs en y permettant la participation de tous les membres de la société du pays affecté. Il a ajouté que les pays sortant de conflit ont besoin de l’appui de la communauté internationale notamment au plan technique, afin de pratiquer une gouvernance participative. La Commission de la consolidation de la paix est bien placée pour fournir un tel appui, a-t-il estimé.
M. HALIT ÇEVIK (Turquie) a mis l’accent sur la nécessité, pour obtenir une paix et une stabilité durables, de s’attaquer aux causes profondes des problèmes. Pour aborder la nature interconnectée des menaces mondiales actuelles et pour prévenir la rechute dans les conflits, la réponse doit être globale et multidimensionnelle, a-t-il ajouté.
Pour le représentant de la Turquie, il est notamment nécessaire de construire des synergies accrues entre la Commission de consolidation de la paix (CCP), le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, le Fonds de consolidation de la paix, le Conseil de sécurité, l’ensemble des membres des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales et les organismes internationaux. De même, de solides partenariats avec la société civile et le secteur privé doivent être établis. Ainsi, a estimé M. Cevik, le système des Nations Unies pourra mieux répondre aux défis de sécurité et de développement, d’une manière rentable et durable.
Il a en outre invité à encourager les politiques qui mènent à une plus grande participation, inclusion et autonomisation économique de tous les segments de la société, y compris les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les groupes minoritaires et les migrants, dans les processus de paix et de développement.
Par ailleurs, le représentant turc a insisté sur l’importance de tenir un débat international sérieux en vue de réduire les écarts entre les points de vue divergents sur des questions comme la stigmatisation, les stéréotypes, l’intolérance, le racisme, la discrimination, la liberté d’expression, de religion et de croyance. L’Alliance des civilisations, lancée conjointement par son pays et l’Espagne, fournit un cadre essentiel pour surmonter les clivages artificiels et construire des ponts entre les cultures et les religions, a-t-il dit.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a prôné la démocratie et l’état de droit pour éviter les conflits. Il a indiqué que la paix et le développement social ne pouvaient se faire sans que toutes les composantes sociales ne soient impliquées, y compris les femmes et les enfants. Il a estimé ensuite que pour bâtir des sociétés solides, il faudrait mettre en place des programmes pour assurer l’épanouissement des jeunes. Convaincu que l’on ne pouvait promouvoir la paix sans soutenir le développement, il a invité la communauté internationale à soutenir le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), qu’il a qualifié de « programme de développement de l’Afrique établi par les Africains ». Le représentant égyptien a par ailleurs souhaité que le programme de travail du Conseil de sécurité ne soit pas surchargé par des tâches qui n’ont rien à voir avec son mandat et l’a invité à ne pas empiéter sur le mandat d’autres organes des Nations Unies.
M. AWALE ALI KULLANE (Somalie) a indiqué que le Gouvernement somalien avait mis en place des mesures qui devraient permettre la stabilisation du pays. Ces mesures, contenues dans le « New Deal Somali Compact », ont permis notamment de mettre sur pied des structures de gouvernance en Somalie et la promotion des politiques d’inclusion sociale. Il a ensuite estimé que tout débat sur la consolidation de la paix en Afrique devrait tenir compte du rôle des femmes, cette « majorité peu représentée et qui souffre particulièrement en temps de conflit ». Il a en outre noté que l’emploi des millions de jeunes, notamment en Afrique, devrait leur permettre de contribuer au développement de leur pays, afin qu’ils ne soient pas privés de leurs droits. Le représentant a enfin émis le vœu que les politiques adoptées par le Gouvernement somalien permettent au pays d’émerger de 24 ans de guerre civile en étant plus fort qu’avant le début de l’instabilité.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a relevé qu’il y ait un consensus de la communauté internationale sur la nécessité de lutter contre les causes profondes des conflits, dont l’exclusion et la discrimination. Il faudrait appliquer des politiques d’inclusion sociale et économique, dans le but de réduire les inégalités. Il a suggéré de créer les conditions propices au développement inclusif. Cela est particulièrement important, a-t-il dit, dans les sociétés caractérisées par la pluralité ethnique et culturelle. Le représentant a assuré que son pays était déterminé à édifier des sociétés inclusives. La lutte contre l’inégalité économique et l’exclusion sociale, la promotion de l’état de droit et la garantie des droits de l’homme sont des objectifs qui se renforcent mutuellement, a souligné le représentant. Il a donc recommandé d’adopter des mesures en ce sens dans le cadre des missions de maintien de la paix de l’ONU. Avant de conclure, M. Meza-Cuadra Velásquez a mis l’accent sur le rôle important de la Commission de consolidation de la paix qui, selon lui, permet de faire le lien entre la sécurité, le développement inclusif et le respect des droits de l’homme.
M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a souligné les liens évidents qui existent, dans les travaux des Nations Unies, entre le développement inclusif et la sécurité. Le développement inclusif, a-t-il dit, va de pair avec le respect des principes démocratiques et des droits de l’homme, et reconnaît l’importance du rôle des femmes dans tous les domaines. L’Indonésie, pays qui connaît une multitude de cultures, religions, ethnies et langues, respecte strictement les valeurs de la diversité, l’inclusion, la tolérance et l’harmonie, a-t-il assuré. Le représentant s’est réjoui des efforts du Conseil de sécurité visant à mettre en place un cadre solide de développement, même s’il n’est pas, à l’origine, l’organe chargé de traiter des questions de développement. Il a aussi recommandé au Conseil d’aligner ses travaux sur les objectifs des entités du système de l’ONU en matière de paix et de prospérité, tout en poursuivant son engagement en faveur de la Commission de consolidation de la paix. Il faudrait également, a-t-il ajouté, que le Conseil utilise de manière efficace ses travaux et la doctrine qu’il a développée conjointement avec le Conseil économique et social (ECOSOC) et l’Assemblée générale. Avant de conclure, il a suggéré d’investir davantage en faveur d’une solution aux causes profondes des conflits, en éliminant la pauvreté, l’injustice et la marginalisation.
M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a indiqué qu’un développement inclusif est particulièrement important pour la Géorgie, qui est un pays multiethnique et multiconfessionnel. Il a affirmé que « 20% du territoire national géorgien se trouve sous occupation étrangère illégale » et que le Gouvernement de la Géorgie œuvre pour renforcer sa politique d’engagement avec « les régions géorgiennes d’Abkhazie et de Tskhinvali/Ossétie du sud ». Le représentant a notamment expliqué que la stratégie « Engagement par la coopération » développée à cette fin met l’accent sur l’octroi de soins de santé aux populations « dans les territoires occupés », la création de mécanismes pour permettre aux gens de pouvoir suivre des études dans le reste de la Géorgie ou encore le maintien de documents de voyage de statut neutre pour assurer le respect de la liberté de mouvement. La Géorgie cherche également à identifier comment partager les bénéfices issus de la coopération avec l’Union européenne « avec les populations des régions occupées » et à atténuer l’impact de l’installation de fils barbelés par les « forces occupantes » dans les villages adjacents de la ligne d’occupation.
M. Imnadze s’est ensuite penché sur les problèmes liés aux « influences étrangères négatives », lesquelles attisent, a-t-il estimé, les tensions domestiques et créent bien trop souvent des lignes de faille, « comme c’est le cas en Géorgie et en Ukraine notamment ». Le représentant a dit « qu’après l’annexion de la Crimée, la Russie prend à présent des mesures pour annexer les territoires géorgiens occupés d’Abkhazie et de Tskhinvali/Ossétie du sud ». Les soi-disant traités d’alliance et de partenariats stratégiques qui ont été signés ou préparés avec les autorités de facto de ces régions ciblent de toute évidence la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie, s’est-il insurgé. Il a averti que « ces traités ne feront que renforcer les lignes d’occupation et mettront à mal la liberté de mouvement », entres autres. L’application de ces textes aura également un impact délétère sur la situation des personnes déplacées et des réfugiés, et par conséquent sur les efforts déployés en faveur d’un développement inclusif.
M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné que la stabilité des sociétés et leur développement, ainsi que le respect des droits de l’homme étaient indissociables et que la participation effective de tous les citoyens aux affaires de leur société et de la lutte contre la discrimination et les inégalités étaient des éléments essentiels pour atteindre un développement durable. Le représentant a rappelé que l’exclusion ou la marginalisation politique économique étaient des facteurs qui favorisent l’instabilité politique à l’intérieur des États. Il a jugé primordial que la communauté internationale assiste les pays sortant d’un conflit ou à faibles revenus dans leurs efforts de reconstruction économique afin de leur permettre de s’attaquer aux causes économiques et sociales des conflits. M. Hilale a aussi considéré que la création d’emplois et l’apport d’une réponse efficace aux besoins des jeunes devraient être au centre de tout programme de développement à venir.
Concernant le terrorisme, le représentant du Maroc s’est dit convaincu que l’approche sécurité, « élément indispensable à la lutte contre le terrorisme », ne pouvait, à elle seule, faire face, d’une manière efficace, à la montée de l’extrémisme et du terrorisme, mais devrait être complétée par des mesures d’inclusion économique et sociale et d’une éducation religieuse et civique appropriée. Il a aussi parlé de l’importance de la coopération régionale et internationale dans ce domaine.
M. Hilale a ensuite affirmé que la gouvernance nationale pour favoriser la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme ne pouvait réussir que si elle était appuyée par une gouvernance internationale équitable qui est menée dans l’intérêt des pays en développement et dans le respect de leurs choix politiques et économiques. Il a également parlé du « rôle crucial » que joue la coopération internationale dans la coordination des politiques sur les plans politique, économique et sécuritaire afin de parvenir à de meilleurs résultats dans le domaine du développement.
M. OH JOON (République de Corée) a indiqué qu’au cours de son mandat de deux ans au sein du Conseil de sécurité, son pays avait appuyé la priorité accordée à l’inclusion en faveur de la paix et de la prospérité. Toutefois, l’issue envisagée n’avait pas toujours été gratifiante. Bien trop souvent, a-t-il déploré, les appels réitérés sonnent comme des phrases creuses face aux dures réalités et des considérations d’ordre politique qui empêchent souvent les solutions raisonnables de voir le jour. Le représentant a également constaté que dans les pays en conflit, les priorités des parties prenantes nationales ne coïncidaient pas toujours avec celles de la communauté internationale. La création d’une unité nationale est donc primordiale car si les parties prenantes nationales sont fragmentées, l’appui de la communauté internationale le sera aussi, a-t-il commenté.
M. Oh a également souligné l’importance que revêt le leadership national, en faisant notamment observer que le partage des ressources limitées avec d’anciens ennemis nécessitaient courage et vision, et que la communauté internationale ne saurait remplacer ce rôle. Le représentant de la République de Corée a aussi mis l’accent sur la participation des entités régionales. La notion de société inclusive, a-t-il estimé, devrait être intégrée au programme de développement pour l’après-2015.
M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a estimé que la création d’un nouvel ordre international véritablement juste, démocratique et équitable restait, aujourd’hui encore, une chimère. La démocratisation du Conseil de sécurité est toujours en suspens, a-t-il noté, en plaidant en faveur d’une ONU plus démocratique et efficace. De l’avis du représentant, le monde dispose des moyens nécessaires pour éliminer la pauvreté, mais ce qui lui manque c’est la volonté politique. L’élimination de la pauvreté, a-t-il souligné, exige une coopération solidaire et juste. Le représentant a rappelé que les dépenses consacrées à l’armement étaient 340 fois plus importantes que le budget biennal des Nations Unies et de ses organes spécialisés. Avec ces ressources, a-t-il fait remarquer, on aurait pu réaliser un grand nombre des OMD. Le représentant cubain a ensuite plaidé en faveur de l’élimination totale des armes de destruction massive, y compris des arsenaux nucléaires. Le programme de développement pour l’après-2015, qui couvrira les 15 prochaines années, doit se baser sur la responsabilité commune mais différenciée, a-t-il insisté. La meilleure façon pour le Conseil de sécurité de contribuer au développement inclusif est de s’ériger contre l’occupation étrangère, l’agression et les guerres de conquête, a-t-il également déclaré. Enfin, le représentant a souligné que la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, proclamée zone de paix, était à l’avant-garde de la promotion de la paix et du règlement pacifique des différends.
Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a déclaré qu’à la veille de la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement et du lancement du programme de développement pour l’après-2015, la communauté internationale avait l’unique opportunité de mettre fin à la pauvreté et aux inégalités et d’assurer le développement inclusif qui contribuera au maintien de la paix et de la sécurité internationales. La représentante a ajouté que les différends liés à l’exploitation des ressources naturelles étaient une des causes de conflits et d’insécurité. Elle a aussi dit que la paix, la sécurité et le développement durable ne seraient atteints que lorsque les inégalités sous toutes leurs formes et manifestations seraient éliminées.
Pour établir une paix durable dans les pays sortant d’un conflit, il est nécessaire d’assurer qu’il n’y a pas de retour au conflit. L’ONU et le Conseil de sécurité doivent s’engager de façon significative à travers la prévention et l’alerte précoce, la résolution des conflits, la consolidation de la paix et le maintien de la paix et la sécurité internationales, a soutenu Mme Grignon. Pour combattre le terrorisme et la violence extrémiste, il faudrait créer des sociétés résilientes à ces fléaux, a-t-elle dit, avant de souligner que le programme de développement pour l’après-2015 devrait s’attaquer à la pauvreté généralisée, l’inégalité, l’exclusion et la faiblesse des institutions de gouvernance.
M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a rappelé qu’au cours de sa présidence du Conseil de sécurité en février 2011, le Brésil avait organisé un débat similaire à celui de ce jour, axé sur les liens entre la sécurité et le développement, au cours duquel une déclaration présidentielle (PRST/2011/4), avait été adoptée. Il a rappelé qu’en 2005, le dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies avait été mis sur pied, en précisant que le développement et la sécurité étaient étroitement liés, se renforçaient mutuellement et occupaient une place centrale pour l’édification d’une paix durable. Il a ainsi déclaré que les stratégies purement militaires ou sécuritaires n’étaient pas en elles-mêmes efficaces pour le règlement de la plupart des conflits du monde contemporain.
Le représentant a indiqué qu’en Amérique du Sud, des efforts avaient été mis en œuvre pour lutter contre la pauvreté et assurer l’inclusion sociale et économique de millions d’habitants de la région. Au cours de la récente crise économique mondiale, s’est-il félicité, l’Amérique du Sud avait été la seule région du monde où les inégalités avaient été réduites de manière significative. Il a invité les décideurs à ne jamais négliger ceux qui souffrent le plus de l’exclusion sociale, notamment les migrants, les personnes déplacées, les femmes et les enfants, les minorités ethniques et religieuses, les personnes âgées, les personnes victimes de handicap et les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT).
M. De Aguiar Patriota a par ailleurs déclaré que la pauvreté en elle-même n’était pas une menace à la paix, précisant que des pays très militarisés et prospères étaient souvent à l’origine de nombreuses menaces graves à la paix mondiale. Il a invité le Conseil à déterminer si l’exclusion sociale était un facteur d’instabilité plus important que, par exemple, le militarisme ou l’utilisation unilatérale de la force. Il a également invité le Conseil de sécurité à être conscient de ses responsabilités en matière de sécurité mondiale, et « d’éviter de suivre délibérément un agenda qui est axé exclusivement sur les conflits dans le monde en développement ».
Le représentant a en outre indiqué que la Commission de consolidation de la paix, que le Brésil avait présidé l’année dernière, est une instance idoine pour assister le Conseil de sécurité sur des sujets portant sur la promotion du développement socioéconomique inclusif, notamment comme élément de prévention de la rechute des pays sortant d’un conflit. L’importance d’allier les stratégies de développement et les stratégies de sécurité, en vue d’instaurer une paix durable, est clairement perceptible dans le cas des pays comme Haïti et la Guinée-Bissau, a estimé M. De Aguiar Patriota. Avant de conclure, il a appelé, en sa qualité de Chef de la formation pays de la Guinée-Bissau de la CCP, la communauté internationale à soutenir ce pays dans ses efforts pour un développement durable.
M. FEDERICO GONZÁLEZ (Paraguay) a invité les États qui veulent voir les droits fondamentaux être pleinement respectés, notamment la paix et la sécurité internationales, à adopter des politiques publiques qui garantissent le développement durable et inclusif. Il a demandé aux Nations Unies de tout faire pour parvenir à l’adoption d’un programme de développement pour l’après-2015 qui soit ambitieux. Il a estimé que la démocratie devait continuer à être un pilier fondamental de la sécurité, en ce qu’elle est indispensable à un développement social viable. Le Paraguay accorde une grande importance aux mesures prises en matière de démocratie, d’état de droit et d’inclusion sociale par les organisations régionales, a-t-il poursuivi. M. González a cité la Déclaration d’Asunción de l’Organisation des États américains, qui a réaffirmé les accords pris dans les instruments internationaux de promotion et de protection des droits de l’homme. Enfin, il a demandé au Conseil de sécurité d’intégrer dans tous ses débats la promotion de l’égalité des genres, de l’égalité des chances et d’un accès de tous aux services de protection sociale.
M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a parlé de la nécessité de régler les conflits internes avant qu’ils ne menacent la paix et la sécurité internationales, et la promotion de façon proactive des sociétés stables à titre préventif. Il a souligné l’existence d’une large gamme d’outils de prévention dont disposent les États pour mettre en œuvre leur responsabilité de protéger leurs citoyens des crimes de masse et pour aider les uns et les autres dans l’exercice de cette responsabilité à titre préventif. Le Conseil de sécurité doit rester saisi de cas de modèles existants ou émergents de formes d’exclusion de nature sociale, économique ou autre et de déterminer si elles constituent des situations graves ou un risque imminent pour le maintien de la paix et la sécurité internationales, a estimé le représentant.
Le programme de développement pour l’après-2015, pour contribuer efficacement à la réalisation d’un développement durable et inclusif des pays, doit répondre à certains critères. Il devrait être un programme universel, s’appliquant aux populations de tous les pays, y compris les Pays-Bas, et multidimensionnel. « Nous pouvons réaliser un développement durable inclusif et réduire les inégalités en fixant des objectifs qui visent à ce que 80% du progrès soient réalisés par 40% de la base de nos sociétés. Le représentant a aussi insisté sur les efforts engagés en faveur de processus de paix inclusifs et autres processus politiques dans les pays en conflit, à la fois au niveau bilatéral et à travers les activités des Nations Unies, citant à cet égard la contribution de 4,5 millions de dollars des Pays-Bas au Département des affaires politiques.
M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a assuré que son pays œuvrait à la promotion des procédures de règlement pacifique des conflits. Il a ainsi appelé les États Membres à s’engager en faveur de l’état de droit, du respect des droits de l’homme, des libertés et de la démocratie. Il a estimé que les organisations régionales et sous-régionales pourraient jouer un rôle plus important dans le règlement des conflits comme cela a été démontré en Afrique. Le représentant a souhaité que l’ONU soit réformée afin de mieux répondre aux nouvelles réalités géopolitiques du monde. Le représentant a aussi plaidé pour que des efforts soutenus soient investis en faveur de la prévention des conflits. À cette fin, il a souligné que la responsabilité de protéger devrait rester pour l’ONU une priorité et que les auteurs de crimes contre l’humanité devraient rendre compte de leurs actes.
M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a rappelé que, selon certaines études, 65 pays étaient, au début de cette année 2015, en proie à une forme de conflit armé. Il a expliqué que la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion de groupes pouvaient être une source de conflits violents. La Croatie est en faveur d’un développement qui amène à un changement transformateur, afin de ne laisser personne en marge, a-t-il assuré. Le représentant a souligné que les droits de l’homme, l’inclusion sociale et l’autonomisation des femmes étaient les pierres angulaires d’une prospérité durable pour tous. Son pays, a-t-il rappelé, avait organisé deux évènements de haut niveau sur l’autonomisation politique et économique des femmes dans les situations postconflit, au cours des semaines ministérielles des soixante-huitième et soixante-neuvième sessions de l’Assemblée générale. M. Drobnjak a également souligné qu’il faudrait entreprendre des efforts sur tous les fronts à la fois. Les élections démocratiques, par exemple, feront plus de mal que de bien si elles ne sont pas menées comme il se doit, a-t-il fait remarquer. C’est pourquoi, il a conseillé de traiter de toutes les questions cruciales en même temps dans les politiques de prévention et de développement postconflit. Par ailleurs, M. Drobnjak a appelé à renforcer les relations entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, ainsi qu’avec l’ECOSOC, en suivant une approche intégrée à la paix et au développement.
M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) après avoir rappelé que le développement et la paix étaient étroitement liés et se renforçaient mutuellement, a fait observer que la marginalisation des groupes sociaux était une des causes des conflits à travers le monde. Il a pris ensuite l’exemple du groupe terroriste État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) pour expliquer comment des acteurs non étatiques peuvent se servir des préceptes religieux pour recruter des adeptes qui se sentent exclus. Le représentant a également estimé qu’il faudrait des institutions transparentes et la participation de tous les citoyens pour prévenir des conflits.
M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a déclaré que la capacité des gouvernements à prévenir les conflits reposait sur la mise en place des politiques d’inclusion. Il a soutenu que les situations de discrimination et d’exclusion étaient la cause de la plupart des conflits. Il a ensuite indiqué que des politiques de bonne gouvernance étaient une condition sine qua non pour des sociétés stables et tournées vers le développement. La discrimination et l’exclusion représentent l’antithèse de la démocratie, a aussi souligné le représentant, qui a déclaré que le génocide et d’autres crimes atroces contre l’humanité étaient la forme la plus déshumanisante de l’exclusion et de la discrimination.
Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a souligné que le développement inclusif, la paix et la sécurité internationales étaient étroitement liés. Elle a indiqué que l’inclusion active de toutes les parties prenantes à la vie politique, sociale et économique d’un pays permettait non seulement de prévenir la marginalisation et une éventuelle radicalisation mais aussi de promouvoir des sociétés stables et pacifiques. La paix, a-t-elle souligné, ne peut être durable en l’absence d’un développement inclusif.
La représentante a ensuite parlé de la situation dans son pays au sein duquel vivent 54 différents groupes ethniques. Elle a indiqué que les politiques et stratégies nationales de son pays étaient fondées sur l’inclusion, l’égalité, la non-discrimination, la conciliation et la tolérance et accordaient une attention particulière à la situation des pauvres, des minorités ethniques, des femmes et des enfants. Mme Nguyen a également parlé des efforts déployés par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour débloquer le potentiel de chacun de ses États membres. Elle a aussi appelé au renforcement de la coopération internationale.
M. MICHEL SPINELLIS (Grèce), rappelant que la Grèce était membre de « Human Security Network », a déclaré qu’une approche humaine de la sécurité pouvait faire une contribution particulière au débat d’aujourd’hui. Tout en confrontant les multiples vulnérabilités qui affectent les pays et communautés, à travers sa vision multidimensionnelle et globale, la sécurité humaine répond à ces défis à travers les éléments de paix et de sécurité, le développement et les droits de l’homme, les trois piliers du système des Nations Unies.
Le développement inclusif réduit le risque de conflits et contribue à assurer une stabilité à long terme et une paix durable. Il assure des opportunités égales et l’accès équitable aux services de base, indispensables au développement social et inclusif. L’ONU joue un rôle clef dans la promotion du développement inclusif, a souligné M. Spinelis. Le Conseil de sécurité a l’unique opportunité de mettre en œuvre des politiques de développement inclusif à travers ses opérations de maintien de la paix qui, a-t-il rappelé, jouent un rôle majeur dans la reconstruction et le développement des sociétés au lendemain d’un conflit. Le représentant a fait remarquer que le lien entre sécurité et développement était aussi un lien pertinent au moment où la communauté internationale œuvre aux moyens de répondre à la menace du terrorisme. C’est pourquoi des progrès concrets dans les domaines de la sécurité, la justice, les droits de l’homme et l’état de droit sont essentiels à la fois pour lutter contre le terrorisme et pour la réalisation du développement durable, a soutenu M. Spinelis.
M. TUY RY (Cambodge) a déclaré que de nombreux conflits avaient surgi à cause de la disparité socioéconomique, l’inégalité des sexes, les différences idéologiques et religieuses. Ils exigent une attention accrue des États Membres qui, a-t-il dit, devraient œuvrer pour parvenir à une solution meilleure et durable. Il est important de garantir l’équité et la répartition équitable, l’intégration régionale et internationale des pays sortant d’un conflit afin qu’ils ne sombrent à nouveau dans un conflit, a insisté le représentant. La paix peut être fragile, mais elle peut être soutenue par un développement à long terme, a-t-il dit. Cela implique le respect de l’état de droit, la promotion des droits de l’homme, la justice et le dialogue interreligieux. Le Cambodge considère que de nombreux pays en développement n’ont pas atteint leurs OMD principalement en raison d’engagements non respectés, du manque de ressources, d’une faible participation et de la sécurité alimentaire, a indiqué son représentant. Cette situation a été encore aggravée par l’incertitude financière dans les pays développés qui ont été contraints de réduire leur engagement en matière d’aide publique au développement. Des efforts mondiaux plus audacieux sont nécessaires alors que nous approchons de la date butoir pour réaliser les OMD, a souligné le représentant avant de conclure.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a souhaité que, lorsqu’on parle du développement au Conseil de sécurité, on préserve les accords internationaux importants qui avaient été adoptés par consensus, comme le Document final de Rio+20 et les OMD qui constituent la base du programme de développement pour l’après-2015. Il a estimé que la complexité des opérations de maintien de la paix exigeait d’adopter une approche différente de celle qui est suivie aujourd’hui. Il faut aussi tenir compte des besoins de chaque État ou de la région où sont mobilisées les forces de maintien de la paix, sans chercher à appliquer un modèle unique, a-t-il dit, avant de souligner l’importance du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ces pays. M. Castillo a ensuite plaidé en faveur du renforcement de la Commission de consolidation de la paix et de sa coordination avec les États. Par ailleurs, il a recommandé que l’interdépendance entre sécurité et développement tienne compte de l’équilibre socioéconomique dans les pays sortant d’un conflit. Dans certaines situations où les problèmes sont d’ordre socioéconomiques, a-t-il fait remarquer, l’approche basée uniquement sur des considérations purement sécuritaires n’a pas donné les résultats attendus. « La sécurité, oui, mais à condition d’assurer la sécurité d’un travail décent, la sécurité alimentaire, d’un logement et d’un monde libre de drogues et de trafics illégaux », a-t-il dit en conclusion.
Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan), rappelant que son pays était déchiré par un conflit et subissait une occupation étrangère, a souligné que la paix ne pouvait être réalisée sans justice. Elle a insisté sur l’importance de garantir, dans la solution durable d’un conflit entre États, l’intégrité territoriale de l’État agressé. Elle a également souligné qu’une telle solution devrait prendre en considération la situation des populations déplacées par la force et leur retour sur leurs terres, tout comme l’exploitation illicite des ressources naturelles du pays occupé. Une consolidation de la paix efficace, a-t-elle soutenu, passe par le respect de l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des États.
M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Benin) a dit que la persistance de grandes inégalités socioéconomiques entre les États et à l’intérieur des États pourrait alimenter la radicalisation, l’extrémisme, et surtout favoriser les conflits asymétriques. Le développement d’un pays est l’affaire de toutes les couches sociales de populations qui y vivent. Le développement doit être inclusif, a souligné M. Zinsou. Les jeunes, les femmes et les minorités sont souvent marginalisés dans certains pays alors qu’ils disposent d’immenses potentialités pour contribuer au développement, a-t-il déploré. Les réformes impulsant le développement sans exclusion et favorisant l’accès à la prospérité partagée peuvent contribuer à prévenir les guerres et assurer une paix durable, a ensuite estimé le représentant.
Au regard de ces considérations, la communauté internationale devra davantage s’intéresser aux dysfonctionnements structurels au sein des États, qui bien que relevant des affaires intérieures, ont une incidence certaine sur la paix et la sécurité internationales, a poursuivi M. Zinsou. Il a aussi insisté sur la nécessité, pour les dirigeants politiques, de quelque bord qu’ils soient, de passer du discours à la prise en compte concrète des liens existant entre les notions de développement, de paix et de sécurité. Il a estimé que les actions menées sur le terrain par les Nations Unies en matière de sécurité et de promotion du développement durable doivent plus que jamais être coordonnées avec les activités des gouvernements des pays bénéficiaires afin de contribuer, de manière significative et efficace, à une stabilisation et une amélioration de la situation sécuritaire et à la protection des civils.