Conférence de presse de la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, l’Ambassadeur Samantha Power, des États-Unis
C’est un mois particulièrement chargé qui attend le Conseil de sécurité, tenu de finaliser ses travaux annuels dans un contexte de crises multiples, dont la menace terroriste posée par Daech et l’urgence de trouver une solution politique au conflit syrien, a annoncé, cet après-midi, la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois de décembre et Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, Mme Samantha Power.
Ce programme de travail sera alourdi par le déplacement d’une délégation de membres du Conseil au Burundi, qui est « en proie à une instabilité croissante ». La date exacte de cette mission reste encore à déterminer, a précisé Mme Power au cours d’une conférence de presse au Siège de l’ONU à New York, au cours de laquelle elle présentait le programme de travail mensuel de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
« Nous devons en outre nous préparer aux crises imprévues qui s’invitent à l’ordre du jour », a fait observer la Présidente du Conseil, faisant allusion aux attentats terroristes perpétrés à Paris le 13 novembre dernier.
Alors que le Conseil de sécurité vient d’adopter la résolution 2249 (2015), qui demande la formation d’une coalition internationale en vue d’éradiquer Daech de son « sanctuaire » en Iraq et en Syrie, Mme Power a indiqué que ses membres avaient pris connaissance, « en fin de semaine dernière », d’un autre texte, présenté par la Fédération de Russie, et qui met notamment l’accent sur les mesures à prendre pour tarir les sources de financement de ce groupe terroriste.
Le Conseil de sécurité planche aussi sur un projet de résolution visant à « consolider et harmoniser » le régime de sanctions contre Al-Qaida, élargi depuis son adoption, en 1999, à d’autres organisations terroristes, dont Daech, a ajouté Mme Power. Ce travail s’inscrit dans le cadre d’un examen -récurrent tous les 18 mois- du régime prévu par la résolution 1267 et par toutes les résolutions subséquentes adoptées par le Conseil à ce sujet.
« Nous espérons pouvoir organiser, à cette fin, une séance publique appelée à faire date », a souligné Mme Power, tout en reconnaissant que des points de convergence existaient avec le texte russe, notamment sur la question du financement de Daech. L’objectif de l’examen en cours est de combler les lacunes de mise en œuvre du cadre juridique « considérable » dont s’est doté le Conseil de sécurité, en particulier pour veiller à la reddition de comptes pour les individus se livrant au trafic de pétrole iraquien.
Qualifiant la Syrie d’« incubateur du terrorisme », l’Ambassadeur Power a estimé que l’un des objectifs du Conseil ce mois-ci est de maintenir l’élan suscité par la réunion de Vienne du 14 novembre dernier en faveur d’un règlement politique du conflit syrien, dans l’intérêt de son peuple, « qui vit dans des conditions déplorables depuis trop longtemps ».
Le 21 décembre, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Kyung-wha Kang, présentera d’ailleurs au Conseil un nouvel état de la situation humanitaire dans le pays, au moment où le délai fixé par la résolution 2191 (2014) est sur le point d’expirer. Ce texte prévoit un mécanisme de surveillance de l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie à partir de quatre postes frontières, a précisé la Présidente du Conseil.
Répondant ensuite à la question d’un journaliste en sa qualité nationale, Mme Power a reconnu qu’il « reste encore beaucoup à faire » pour donner effet aux propositions sur lesquelles se sont mis d’accord les 17 pays participants à la réunion de Vienne, ainsi que l’Union européenne et les Nations Unies, notamment l’établissement d’un calendrier, « dans les six prochains mois », pour la rédaction d’une nouvelle constitution, et la tenue d’élections libres et équitables d’ici à 18 mois.
Elle a estimé que la Fédération de Russie et l’Iran devraient accepter le fait qu’aucune transition politique dans laquelle Bashar Al-Assad, l’actuel Président syrien, continuerait de jouer un rôle ne pourrait être acceptée par les autres parties prenantes. Si la prochaine réunion ministérielle de suivi est prévue en décembre, et « même si New York a été évoqué », il n’est pas possible, à ce stade, de préciser le lieu exact de cette rencontre, a fait remarquer Mme Power.
Concernant toujours le Moyen-Orient, la Présidente du Conseil a annoncé que la première séance d’information publique sur le Yémen depuis mars aura lieu le 22 décembre. Elle a souhaité que cette réunion offre l’occasion au Conseil de sécurité d’apporter son soutien à une solution politique au conflit qui déchire le pays et d’informer ses membres des derniers développements sur le plan humanitaire.
Deux autres situations retiendront l’attention du Conseil ce mois-ci. Tout d’abord, celle qui prévaut au Soudan du Sud, où les parties au conflit ont échoué à respecter les délais de mise en œuvre de leurs obligations respectives de signataires de l’accord de paix conclu en août dernier, a regretté Mme Power. Demain, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays, Mme Ellen Margrethe Løj, fera un exposé par visioconférence depuis Juba, la capitale sud-soudanaise, sur les activités de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud sur place (MINUSS), dont le mandat devrait être renouvelé le 15 décembre.
Ensuite, la République centrafricaine, au sujet de laquelle le Représentant spécial par intérim du Secrétaire général pour ce pays, M. Parfait Onanga-Anyanga, fera un exposé le 14 décembre. La Présidente a jugé opportune l’organisation d’une telle séance publique, la première depuis que la capitale Bangui a connu un regain de violences à la suite de la mort d’un jeune musulman dans l’enclave de Kilomètre 5, à la fin de septembre dernier.
Parmi les autres temps forts du programme du Conseil, elle a signalé une réunion, le 15 décembre, sur le Soudan en présence de la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda, ainsi que deux débats. Le premier, sur les Tribunaux pénaux internationaux, se tiendra le 9 décembre; et le second, sur la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), le 21.