En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
39e & 40e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4149

Le nombre record de déplacés oblige le HCR à repenser l’aide humanitaire, affirme le Haut-Commissaire pour les réfugies devant la Troisième Commission

Près de 60 millions de personnes dans le monde se trouvent dans des situations de déplacement forcé à la suite de conflits ou de persécutions, a déclaré cet après-midi, devant la Troisième Commission, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. António Guterres.

Des records ont été atteints cette année en Europe, où 6 000 et 8 000 personnes arrivent chaque jour dans les îles grecques.

Aucun État ne peut, à lui seul, s’atteler à la tâche qui consiste à les accueillir et à les assister, a renchéri le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, qui s’est également adressé à la Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.

M. Lykketoft a annoncé qu’il organiserait, le 20 novembre prochain, une réunion sur la tragédie mondiale des migrants, en mettant l’accent sur les réfugiés syriens. 

Aujourd’hui, pour la première fois depuis longtemps, la protection des réfugiés est au centre de l’attention internationale, a constaté le Haut-Commissaire, en présentant son rapport annuel.

Les événements dramatiques en Europe, où des centaines de milliers de personnes, en majorité syriennes, sont venues chercher refuge au cours des derniers mois, ont contribué à cet état de fait, mais, a-t-il dit, « n’oublions pas que nous faisons face à un problème mondial ».

M. Guterres a évoqué les déplacés et les réfugiés d’Iraq, de Libye, du Yémen, d’Afghanistan, du Soudan du Sud, de la République centrafricaine, du Burundi, du Nigéria et de l’Ukraine. 

Soumis à des pressions sans précédent, comme l’ensemble du système humanitaire international, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a dû renforcer sa capacité institutionnelle d’intervention d’urgence.

Dans un contexte où les enfants non accompagnés sont de plus en plus nombreux, le HCR s’efforce aussi de repenser ses approches traditionnelles de l’aide humanitaire, a indiqué le Haut-Commissaire.

S’agissant des contributions financières au HCR, M. Guterres a souligné que 46% de ses besoins en ressources n’étaient pas couverts.

Lors du débat général qui a suivi le dialogue interactif avec le Haut-Commissaire, le délégué de l’Union européenne a souligné que 750 000 personnes avaient demandé l’asile en Europe au cours des neuf premiers mois de l’année 2015.  L’Union européenne a pris des mesures face au phénomène de la traite des personnes, a-t-il assuré.  Les opérations maritimes coordonnées en mer Méditerranée ont contribué à sauver la vie de plus de 208 000 personnes. 

Ce matin, la Commission a terminé son débat sur l’élimination du racisme et de la discrimination raciale et sur le droit des peuples à l’autodétermination.

Demain, la Troisième Commission poursuivra, à partir de 10 heures, le débat sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés.  

ÉLIMINATION DU RACISME, DE LA DISCRIMINATION RACIALE, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE

a) Élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée

b) Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION

Débat général

Mgr JOSEPH GRECH, observateur du Saint-Siège, a dressé un bilan sombre des conflits et des persécutions dans le monde qui, a-t-il dit, demeurent les principales causes des mouvements de réfugiés et de déplacés à travers le monde.  Leur nombre, a-t-il déclaré, a presque quadruplé depuis l’année dernière, passant d’environ 11 000 à 42 500 par jour.  En dépit du caractère complexe, ainsi que la dimension juridique que revêt la migration, il a attiré l’attention sur la nécessité de plutôt voir la face humaine de ce phénomène en vue de traiter les migrants comme des êtres humains et ayant des droits.

Mgr Grech s’est également dit attristé par le fait que dans les pays d’origine de certains migrants et réfugiés, les crimes les plus odieux contre la liberté de religion continuent d’être commis, notamment les exécutions, les conversions forcées, ainsi que la confiscation de propriétés comme punition pour avoir professé une autre religion.  À cet égard, il a lancé un appel à la communauté internationale à mettre tout en œuvre pour empêcher les acteurs non étatiques de continuer à violer les droits fondamentaux.

M. SEMERE AZAZI AMIR (Érythrée) a rappelé les principes de la Charte des Nations Unies relatifs à la dignité et au respect des droits fondamentaux de tous les êtres humains.  Le racisme continue d’exister et cause des souffrances et des tragédies.  La Conférence de Durban a marqué un tournant décisif pour remédier à cette situation et les documents qui en sont issus apportent des directives claires sur la voie à suivre. 

La recrudescence d’expressions relevant du colonialisme et de l’esclavage sur la base de préjugés raciaux a des incidences sociales et économiques pour de nombreuses personnes, y compris celles d’ascendance africaine.  Dans ce cadre, il convient d’assurer la participation pleine et entière de cette catégorie de personnes, conformément au plan d’action de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

La protection des migrants et des familles demeure d’une importance cruciale et il s’agit de régler d’une façon humaine et collective la question de la migration.  L’Érythrée a enduré, par ailleurs, des décennies de guerre, pour affirmer le droit de son peuple à l’autodétermination.

M. LIANG HENG (Chine) a estimé que toutes les formes de racisme avaient des causes historiques, politiques, sociales et économiques qui sont profondes et complexes.  Il faut prendre des mesures dans tous les domaines pour éliminer ces causes.  La Chine appuie une politique de « tolérance zéro » pour ce qui est du racisme aux niveaux national et international. 

Le droit à l’autodétermination est le droit politique « sacrosaint » des peuples de tous les pays de s’opposer à l’agression extérieure et à la colonisation; il sauvegarde la souveraineté nationale, l’indépendance et la dignité des peuples.  Toutefois, l’exercice du droit à l’autodétermination doit respecter les buts et les principes de la Charte des Nations Unies, a ajouté M. Liang.  Il ne doit pas être faussé et utilisé comme excuse pour briser des États souverains et pour inciter à la haine entre les groupes ethniques.    

M. JOHAN ARIEF JAAFAR (Malaisie) a déclaré, pour ce qui est du droit à l’autodétermination, que la Malaisie reste convaincue que la solution au conflit israélo-palestinien est celle des deux États avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.  Ainsi, il a dit que son pays continuerait à militer pour la création d’un État souverain de Palestine en mesure de vivre en paix avec Israël. 

À cet effet, il a rappelé que la Malaisie avait organisé, en juillet dernier, une réunion formule Arria, la première depuis plus de 20 ans, en vue de mettre en lumière la situation insoutenable dans les territoires palestiniens occupés.  Elle visait également à donner l’impulsion à la communauté internationale pour agir de manière urgente afin de mettre un terme à l’occupation la plus longue de l’histoire moderne, a déclaré M. Jaafar.  Il est plus que crucial de s’efforcer de respecter le droit légitime à l’autodétermination, lequel constitue l’un des principes fondamentaux des Nations Unies depuis sa création, a-t-il conclu.

M. ACHSANUL HABIB (Indonésie) a rigoureusement condamné toute manifestation de racisme et d’intolérance et dit son inquiétude face à la montée en puissance des discours et actes de violence haineuse contre des groupes ou des communautés.  Il est de l’obligation des États d’encourager la tolérance, la diversité et la coexistence pacifique, a souligné le représentant en insistant sur la Déclaration et le Programme d’action de Durban issus de la Conférence sur l’élimination du racisme.

Il a dénoncé l’utilisation de l’Internet, à mauvais escient, par des groupes fascistes ou radicaux, pour divulguer des discours de haine et d’incitation à la violence contre des communautés données.  L’Indonésie s’est dotée d’une loi qui élargit la protection de la personne de toutes formes d’intolérance. 

Les États doivent aussi mener des enquêtes en cas d’incidents violents ou de ciblage de personnes et de communautés spécifiques.  L’Indonésie a ensuite appuyé, sans réserve, les efforts du Groupe de travail sur les personnes d’ascendance africaine, qui a déjà fait de grandes avancées depuis le début de son mandat l’année dernière.  Les Nations Unies doivent garantir l’application intégrale du plan d’action de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

Le représentant a réitéré l’attachement de l’Indonésie à l’élimination du racisme, insistant que la Convention sur ce sujet est très importante et fournit une série d’orientations aux États. 

Mme NADYA RASHEED, observatrice de l’État de Palestine, a rappelé que, depuis plus de 50 ans, le peuple palestinien était privé de son droit à l’autodétermination par Israël, la Puissance occupante.  Les colonies de peuplement qu’Israël continue de construire, en violation du droit international, en sont la manifestation la plus flagrante. En 2014, les constructions ont augmenté de 40% par rapport à 2013 et ce sont aujourd’hui 600 000 colons qui vivent en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, contre 192 768 en 2009.  

D’après le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, l’impact des colonies illégales de peuplement israéliennes sur la contigüité territoriale des terres palestiniennes et sur l’environnement et les ressources naturelles pourrait avoir un caractère irréversible.  De plus, a poursuivi la déléguée, les droits du peuple palestinien sont constamment violés par les colons israéliens, « souvent armés et fanatiques », qui ont été illégalement transférés dans l’État occupé de Palestine.        

Mme Rasheed a souligné ensuite que les activités israéliennes de peuplement dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, s’apparentaient à une « ségrégation de facto ».  Les Palestiniens et les colons israéliens sont traités de façon inégale pour ce qui est de l’usage des routes et des infrastructures, ou de l’accès aux services de base et aux ressources hydriques.  Les lois israéliennes en Cisjordanie favorisent les Israéliens, a ajouté Mme Rasheed.

La représentante a reproché à Israël de poursuivre sa politique d’« apartheid » aux dépens de tout un peuple et de la paix.  Elle a déploré « une épidémie de violence au sein des forces d’occupation israéliennes » et la montée des actes racistes antiarabes et xénophobes, des manifestations et des discours, en particulier de la part des colons israéliens qui attaquent les Palestiniens et leurs biens et jouissent d’un haut degré d’impunité.  Le mois dernier, a-t-elle souligné, plus de 70 Palestiniens ont été tués.  Des membres du Gouvernement israélien appellent ouvertement les Israéliens « à prendre les armes » et cette culture de la haine et de l’incitation à la violence a conduit à « des attaques terroristes » contre des familles palestiniennes.

M. NIKULAS PETER JOHN HANNIGAN (Islande) a encouragé à œuvrer en vue d’une mise en œuvre totale de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et a instamment exhorté tous les États à devenir parties.

Le mouvement massif de personnes qui fuient les affres des conflits, ou la pauvreté extrême, rend le combat contre le racisme d’autant plus urgent.  Il a noté, pour la déplorer, l’intensification des discours de haine partout dans le monde et plus particulièrement en Europe.  Il a estimé qu’il fallait supprimer les effets affaiblissants et les divisions engendrées par le racisme en vue de continuer à édifier des sociétés solides et résilientes en Europe.

D’un autre côté, de par son histoire, l’Islande a toujours défendu le droit des peuples à l’autodétermination, consacré par la Charte des Nations Unies et affirmé dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Il a enfin réaffirmé son appui continu à la réalisation de ce droit par le peuple palestinien, notamment à travers la candidature de l’État de Palestine aux Nations Unies.

M. ERVIN NINA (Albanie) s’est enorgueilli de l’histoire de son pays du fait de sa diversité et appuyé les droits des Roms.  Dans cette optique, l’éducation est une priorité nationale qui contribue au respect mutuel et à la cohésion sociale, a-t-il déclaré, en mettant en exergue les mesures législatives et institutionnelles de garantie de l’inclusion des enfants roms dans le système scolaire, de même que la prise en compte des droits de la communauté rom, en lui offrant des services de qualité. 

L’amélioration du quotidien des groupes marginalisés demeure l’une des priorités du Gouvernement, en coopération avec des programmes des Nations Unies.  Les services médicaux, d’emploi et d’aide économique ont également été mis à la disposition des Roms. 

Aujourd’hui, les phobies n’oublient personnes, a-t-il dit, en regrettant que les principes inscrits dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ne soient pas pleinement appliqués alors même que cet instrument célèbre son cinquantième anniversaire cette année.  Il a encouragé à des efforts conjoints contre le racisme en se gardant de tentatives visant à diluer l’importance des principes de lutte contre le racisme.

M. RATTAN LAL KATARIA (Inde) a dit que son pays était « le meilleur exemple d’une société multireligieuse, multiethnique et multiculturelle ».  La Constitution indienne consacre l’égalité de tous et interdit la discrimination raciale.  L’Inde est une démocratie où le pouvoir judiciaire et les médias sont indépendants, et où la société civile est active, contribuant efficacement à la lutte contre la discrimination raciale.

Abordant la question du droit à l’autodétermination, M. Kataria a estimé que « l’ONU et d’autres forums internationaux ne devraient pas être utilisés pour redéfinir de manière sélective certains principes de base de la Charte ».  Il a déclaré que l’État du Jammu-et-Cachemire faisait partie intégrale de l’Union de l’Inde.  Le peuple du Jammu-et-Cachemire a exercé son droit à l’autodétermination au moment de l’indépendance de l’Inde et a, depuis lors, participé régulièrement à des élections libres, justes et ouvertes à tous les niveaux.  Le représentant a condamné l’occupation illégale d’une partie de cet État par le Pakistan.

Mme HUSNIYYA MAMMADOVA (Azerbaïdjan) a affirmé que le pays avait été, pendant des siècles, un creuset de civilisations, d’où l’importance pour l’État de lutter contre l’extrémisme et contre tous ceux qui prônent la supériorité d’une communauté sur une autre.  Elle a remarqué que l’occupation étrangère ne favorisait pas la lutte contre les incidents violents et qu’il fallait y mettre fin. 

La déléguée a regretté que l’Arménie, pays monoethnique puisqu’il a tout fait pour l’expulsion de populations locales, occupe illégalement une partie du territoire de l’Azerbaïdjan.  L’Arménie cultive une culture de la haine contre tous ceux qu’elle considère inférieurs, a-t-elle dénoncé, en invoquant les diatribes de hauts responsables politiques de ce pays qui prônent la haine raciale et un nationalisme dangereux.

M. SAHAK SARGSYAN (Arménie) s’est attardé sur la situation au Nagorno-Karabakh où la population autochtone arménienne mène une lutte depuis plus de deux décennies pour se libérer de la discrimination, du harcèlement, de l’arbitraire, ainsi que du déni de ses droits.  Le délégué a dénoncé la répression brutale, ainsi que les pogroms dont la population du Nagorno-Karabakh ont été la cible de la part de l’Azerbaïdjan, pour avoir voulu exercer leur droit à l’autodétermination.  Il a donc renouvelé son appel à un règlement pacifique de ce conflit grâce à des négociations consensuelles appuyées par la communauté internationale, et basées sur les principes du droit international, y compris le droit impératif à l’autodétermination.

Cependant, il a noté des défis, y compris le bellicisme, la propagande haineuse, et les violations du cessez-le-feu par l’Azerbaïdjan, qui constituent des entraves au processus de paix.  M. Sargsyan a loué la bravoure du peuple du Nagorno-Karabakh qui, face aux fléaux que sont le racisme et l’agression, a été capable de se défendre et de créer un État libre et démocratique.  Par conséquent, il a relayé l’appel de l’Arménie à la communauté internationale à reconnaître le droit des peuples du Nagorno-Karabakh à déterminer librement leur destin, et à être débarrassé de la discrimination, du harcèlement et des menaces constantes de guerre et d’extermination.

M. MUAZ MOHAMAD A-K AL-OTOOM (Jordanie) a appuyé le droit à l’autodétermination, pilier fondamental des droits de l’homme sans lequel ceux-ci ne sauraient être pleinement réalisés.  Il a affirmé qu’il est impossible de priver tout un peuple de son autodétermination sous aucun prétexte que ce fut. 

La cause palestinienne reste le point central de la situation qui prévaut au Moyen-Orient, d’où l’urgence de l’établissement de l’État de Palestine avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il a invité Israël à accorder une attention spéciale aux différents points qui posent encore problème, en particulier la question des colonies de peuplement, la construction du mur et les réfugiés palestiniens.

Mme AICHA ISSOUFOU (Niger) a rappelé que son pays avait ratifié, en 1967, et sans aucune réserve, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et qu’il avait présenté, en août 2015, son rapport périodique combiné au Comité chargé du suivi de son application. 

Après avoir énuméré des dispositions de la Constitution nigérienne assurant à tous l’égalité devant la loi, la représentante a ajouté que le Niger protégeait également les croyances, soulignant qu’aucune religion ni croyance ne peut s’arroger le pouvoir politique, ni s’immiscer dans les affaires de l’État. 

En outre, toute propagande « particulariste de caractère régionaliste », raciale ou ethnique, toute manifestation de discrimination raciale, sociale, sexiste, ethnique, politique ou religieuse, sont punies par la loi.  De la même façon, les partis politiques à caractère ethnique, régionaliste ou religieux sont interdits.  Elle a réaffirmé, en conclusion, l’engagement du Niger à la Déclaration et au Programme d’action de Durban qui constituent le cadre idoine pour la lutte contre le racisme.

M. OUSMAN F. NJIE (Gambie), qui a salué les mesures prises au sein des Nations Unies en vue de lutter contre le colonialisme et rappelé le souvenir des victimes de l’esclavage, a également noté que les résolutions prises pour lutter contre les effets dévastateurs de l’esclavage ne s’étaient pas limitées qu’à de simples déclarations.  Selon le délégué, le débat sur l’esclavage et ses effets négatifs sur l’Afrique doit être amplifié tout en prenant en pleine considération les dimensions morales et sociologiques du problème. 

C’est donc à dessein que sa délégation a préparé un projet de résolution portant sur l’esclavage, le colonialisme, la réparation, ainsi que les restitutions, a-t-il affirmé, tout en soulignant que des consultations régionales sont en cours pour soutenir ce projet qui sera présenté lors de cette session de l’Assemblé générale.  Il a ainsi formé le vœu que toutes les délégations apporteront leur appui à ce projet de résolution en vue de corriger cette grande injustice historique.

M. PIERRE FAYE (Sénégal) a dénoncé les violations des droits du peuple palestinien, en particulier son droit à l’autodétermination, sapé par l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Préoccupé par la situation délétère qui règne dans les territoires palestiniens occupés, il a réitéré l’attachement de son pays à la solution des deux États.  

Par ailleurs, le représentant a déploré la recrudescence du racisme dans le monde, notamment contre les personnes d’ascendance africaine, les migrants, les peuples autochtones, les demandeurs d’asile, les réfugiés ou les personnes déplacées.  S’il a noté des progrès au cours de la première année de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, il a dit que des efforts restaient nécessaires dans l’accès à la justice et aux droits économiques, sociaux et culturels, et, en particulier, qu’il fallait « s’attaquer à la question lancinante du profilage racial ».

Enfin, il a jugé important de « trouver une solution viable à la question des migrants dans le monde », en tenant compte du développement et des droits de l’homme, et en faisant participer les pays d’origine, de transit et de destination.

Droits de réponse

La représentante d’Israël a noté que son homologue de la Palestine avait eu un « discours victimaire » qui exonère les prétendues « victimes » de toute responsabilité, sans évoquer, à aucun moment, les souffrances infligées aux civils israéliens.  Elle a cité à cet égard l’assassinat par trois Palestiniens d’un jeune enseignant israélien qui travaillait aussi bien avec les Arabes qu’avec les Juifs. 

Pour le seul mois d’octobre, une dizaine d’Israéliens ont été tués par des terroristes palestiniens et 135 autres ont été blessés.  Elle a constaté que bien qu’ils ne soient pas des soldats, les civils israéliens voient leur vie menacée en permanence.  La déléguée a regretté cette répétition de discours creux par les Palestiniens et les a appelés à revenir à la table des négociations.

Le Pakistan a voulu préciser certains faits soulevés par l’Inde, notamment concernant le Jammu-et-Cachemire qui, pour le Pakistan, ne fait certainement pas partie de l’Inde.  Au contraire, ce territoire est litigieux et le Pakistan a appelé depuis longtemps à un plébiscite libre, sous les auspices des Nations Unies pour régler cette question. 

Les élections orchestrées dans le Jammu-et-Cachemire ne sont pas reconnues par le Conseil de sécurité ni par la population même.  Le représentant a aussi demandé de ne pas passer sous silence le droit légitime du peuple de Jammu-et-Cachemire à l’autodétermination.  Le Pakistan exige la réalisation de ce droit pour tous les habitants de cette région.

L’Azerbaïdjan a jugé que les commentaires de la délégation de l’Arménie interprètent mal l’intervention de l’Azerbaïdjan.  Elle a regretté que la démarcation des frontières des deux pays ait été illégalement décidée par l’Union soviétique en 1993.  Ce que l’Arménie présente comme un acte d’autodétermination n’est en fait qu’une utilisation de la force et des actes illégaux. 

Le Président actuel, ancien Ministre de la défense de l’Arménie, n’a-t-il pas déclaré que le plus important n’est pas le territoire mais bien la préservation d’un groupe ethnique, ce qui n’a pas fini d’indigner la communauté internationale.  Dénonçant une rhétorique belliqueuse et des crimes de haine, elle a dit le choc provoqué par l’expression « compatibilité ethnique » utilisée par ledit Président, qui a recours à des études honteuses pour justifier sa falsification flagrante de l’histoire. 

L’Inde a condamné « les commentaires hors contexte et non fondés du Pakistan », qui constituent une ingérence dans ses affaires intérieures.  « Le peuple du Jammu-et-Cachemire a choisi pacifiquement son destin », mais le Pakistan continue d’appuyer les groupes terroristes qui opèrent dans cet État.  L’Inde s’est dite prête à traiter toutes les questions en suspens par le dialogue bilatéral.

L’État de Palestine a répondu à Israël qui détourne l’attention de son occupation illégale et brutale de la Palestine.  « Israël se moque de la communauté internationale et de sa proposition d’une solution des deux États » et alimente la spirale de la violence.

L’Arménie a rejeté « les mensonges » de l’Azerbaïdjan et dénoncé le racisme de ce pays vis-à-vis de ses propres minorités ethniques et religieuses.  « Il n’a aucune tolérance et désapprouve toutes les critiques », au lieu de contribuer à la paix générale.

Le Pakistan a reproché à l’Inde de modeler à sa guise l’autodétermination.  Le droit à l’autodétermination du peuple du Jammu-et-Cachemire doit s’exercer sous les auspices de l’ONU. 

L’Azerbaïdjan, jugeant que l’Arménie n’avait pas d’arguments à offrir, a défendu son esprit de tolérance.  « L’Arménie a expulsé des centaines de milliers de personnes d’un territoire azerbaïdjanais. »

L’Inde a estimé que le droit à l’autodétermination ne devrait pas être interprété de façon erronée.  « Le Pakistan devrait examiner sa propre situation avant de parler de l’Inde. »

L’Arménie a réfuté l’allégation d’agression et reproché à l’Azerbaïdjan de violer de façon répétée les résolutions du Conseil de sécurité. 

« Qu’ont fait les enfants, les femmes et les hommes israéliens pour mériter ce qu’il se passe et qu’ont-ils à voir avec la colonisation? », a demandé Israël.

« Les Palestiniens souffrent d’un système total d’oppression totale et Israël est responsable de la situation sur le terrain », a rétorqué l’État de Palestine.  

Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés et questions humanitaires aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés et questions humanitaires (A/70/12)

Déclarations liminaires

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a déclaré qu’il avait décidé de mettre l’accent sur la valeur et la dignité de chaque être humain et sur l’interdépendance des droits de l’homme, sans lesquelles les Nations Unies ne sauraient aller de l’avant.  Il a appelé à réitérer l’engagement en faveur de la pleine jouissance des droits de l’homme. 

Passant au thème abordé cet après-midi par la Troisième Commission, il a indiqué que, cette année, environ 60 millions de personnes ont été forcées de quitter leur foyer, et qu’aucun État ne peut, à lui seul, s’atteler à la tâche qui consiste à les accueillir et à les assister.  Lors de la semaine de haut niveau et de la réunion annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, il a décidé d’organiser, le 20 novembre prochain, une réunion sur la tragédie mondiale des migrants, en mettant l’accent sur les réfugiés syriens. 

La séance d’aujourd’hui, en Troisième Commission, sur les réfugiés, les rapatriés et les déplacés dans le monde, est essentielle pour trouver des solutions et une réponse humanitaire à la crise des migrants en mer Méditerranée et ailleurs, a commenté M. Lykketoft.

Le Président de l’Assemblée générale a ensuite recommandé de trouver un compromis afin de mettre fin aux conflits et aux violences.  Une solution durable consisterait à trouver les moyens pour que chacun puisse jouir pleinement des dividendes du développement, a-t-il dit.  Dans ce cadre, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un vecteur qui favorisera la traduction, sur le terrain, des engagements des États.

À l’avenir, l’Assemblée générale, et surtout les Deuxième et Troisième Commissions, et autres institutions de l’ONU, devront s’adapter à ce Programme, en se fondant sur l’approche très riche qui a permis l’adoption des objectifs du développement durable.  Pour avancer rapidement dans la mise en œuvre de ce Programme, le Président de l’Assemblée générale a annoncé qu’il avait convoqué un débat de haut niveau en juillet pour aborder la problématique des hommes, femmes et enfants frappés par les conflits.

M. OMAR HILALE, Président de la Commission chargée des questions sociales, humanitaire et culturelles (Troisième Commission), a salué la « feuille de route » ébauchée par le Président de l’Assemblée générale, notamment sur la situation dramatique des réfugiés et migrants qui frappent aux portes de l’Europe.  Il a pris note du prochain débat de haut niveau de l’Assemblée générale sur les droits de l’homme en temps de conflit car il y va de la dignité humaine, et de toute une série de droits comme le déplacement, le droit d’association ou tout simplement le droit à la vie en général.

Toutes les grandes commissions ont l’obligation statutaire de faire tout leur possible pour que soit dûment inscrite dans leur agenda la question du respect de tous les droits de l’homme, intrinsèquement imbriqués avec celle du développement, a affirmé M. Hilale.  L’ONU est là pour leur mise en œuvre et leur défense, a-t-il conclu.

Quant à la Troisième Commission, elle est très consciente de l’obligation d’inscrire son action dans le cadre de l’adoption historique du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. Hilale enfin a rappelé que la Troisième et la Deuxième Commissions tiendraient d’ailleurs une réunion conjointe pour voir comment procéder en synergie.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. ANTÓNIO GUTERRES, a présenté son rapport portant sur la période allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015 (A/70/12).

Aujourd’hui, pour la première fois depuis longtemps, la protection des réfugiés est au centre de l’attention internationale, a constaté le Haut-Commissaire.  Les événements dramatiques en Europe, où des centaines de milliers de personnes sont venues chercher refuge au cours des derniers mois, ont contribué à cet état de fait, mais, a-t-il dit, « n’oublions pas que nous faisons face à un problème mondial ».

Dans le monde, 60 millions de personnes se trouvent dans des situations de déplacement forcé à la suite de conflits ou de persécutions.  Le nombre de personnes forcées de quitter leur domicile chaque jour a presque quadruplé, passant de 11 000 en 2010 à 42 500 en 2014.  Les besoins humanitaires dépassent la capacité de réponse de la communauté humanitaire internationale.

La liste des crises humanitaires de grande ampleur simultanées est plus longue que jamais, a dit M. Guterres.  Les mégacrises en Syrie et en Iraq ont déraciné plus de 15 millions de gens.  En 2015, deux millions de personnes ont été déplacées au/du Yémen et 300 000 en Libye.  Quelque 2,5 millions de réfugiés afghans se trouvent en exil prolongé en Iran et au Pakistan.   

En Afrique, le Soudan du Sud compte 1,6 million de déplacés internes et 760 000 réfugiés.  Pour la République centrafricaine, ces chiffres sont respectivement de 415 000 et 470 000.  La violence dans le nord-est du Nigéria a également déplacé 2,5 millions d’habitants, et plus de 200 000 Burundais se sont réfugiés dans les pays voisins depuis la crise survenue en avril dernier.

De même, a poursuivi M. Guterres, la situation en Ukraine a déplacé au moins 2,6 millions de personnes dans le pays et à l’extérieur.

Pas moins de 750 000 personnes sont arrivées en Europe depuis janvier, a précisé le Haut-Commissaire.  Plus de 3 400 ont péri noyées.  En ce moment, ce sont entre 6 000 et 8 000 personnes par jour qui arrivent dans les îles grecques.  « L’Union européenne est en mesure de gérer cette crise, mais, pour cela, il faut une approche régionale unie et globale », a-t-il dit.  D’après lui, la décision de relocaliser 160 000 demandeurs d’asile dans l’Union européenne était « un pas dans la bonne direction », mais sa mise en œuvre a été « bien trop lente ».

Pour que le système fonctionne, a-t-il avancé, il faut établir des procédures et des accords de réception adéquats près des points d’entrée, afin de pouvoir aider, enregistrer et filtrer des dizaines de milliers de personnes.

C’est à la fois une crise de la migration et une crise de réfugiés, a continué M. Guterres.  La dignité et les droits de l’homme des personnes qui arrivent aujourd’hui en Europe doivent être respectés.  Selon lui, le Sommet Union européenne-Afrique sur la migration, qui se tiendra à Malte la semaine prochaine, devrait être l’occasion de développer des politiques communes tenant mieux compte de la mobilité humaine.

Les Syriens représentent la majorité des réfugiés arrivés eu Europe cette année.  Il a trois raisons à cela, a analysé M. Guterres: la plupart d’entre eux ne croient plus en une solution politique pour arrêter la guerre; leurs conditions de vie se sont détériorées; l’assistance humanitaire internationale a diminué du fait d’un financement insuffisant.    

Au cours de la période considérée, a expliqué le Haut-Commissaire, le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a dû renforcer sa capacité institutionnelle d’intervention d’urgence.  En 2014 et 2015, 650 missions d’urgence ont été déployées sur le terrain.

Dans un contexte où les enfants non accompagnés sont de plus en plus nombreux, le HCR aide des États à élaborer des systèmes nationaux d’asile.  Il y a exactement un an, le HCR a lancé la campagne mondiale pour mettre fin à l’apatridie d’ici à 2024. 

Le HCR s’efforce en outre de repenser ses approches traditionnelles de l’aide humanitaire, a indiqué le Haut-Commissaire.  Les mesures visant à favoriser l’autosuffisance des personnes déplacées en exil ont constitué un changement important par rapport aux modèles de « prise en charge et d’aide de subsistance ».  Il s’agit notamment d’aider les réfugiés à accéder au marché de l’emploi et à trouver des moyens de subsistance. 

S’agissant des contributions au HCR, M. Guterres a souligné que 46% de ses besoins en ressources ne sont pas couverts.  Il a évoqué l’impact dramatique des coupes financières au Programme alimentaire mondial (PAM) sur des millions de réfugiés qui ont vu leurs rations diminuer de 34% en 2015.

Les partenariats restent un élément central de l’action du HCR, a poursuivi M. Guterres.  Pour la vaste majorité des réfugiés, il n’y a pas de solutions durables en vue.  Le HCR redouble donc d’efforts pour trouver des stratégies de protection et de recherche de solutions. 

Plus que tout, a fait valoir le Haut-Commissaire, « nous devons pouvoir comprendre et examiner les causes profondes du déplacement ».  Ce sera d’ailleurs le thème du dialogue de décembre sur la protection.  S’il est évident que les conflits armés sont les principaux vecteurs du déplacement, il faut aussi se pencher sur l’interaction entre les effets de la croissance démographique, de l’insécurité alimentaire et énergétique et de la pénurie d’eau.

En conclusion, M. Guterres a dit que le Sommet humanitaire mondial de 2016 sera l’occasion de faire en sorte que le système humanitaire dans son ensemble puisse répondre aux défis croissants.  D’une manière générale, il a préconisé de nouveaux engagements en faveur de la protection et de la participation des réfugiés, et de la responsabilité à leur égard.    

Dialogue interactif

La déléguée de l’Algérie a mis en avant la situation dans les camps de Sahraouis, tout en demandant au HCR d’aider à l’amélioration de la situation humanitaire dans ces camps.  À cet égard, elle a souhaité avoir des informations détaillées sur ce qui est fait en matière de coordination avec d’autres institutions pour apporter une réponse aux inondations qui ont touché ces camps.

Pour sa part, la représentante de la Norvège a souhaité avoir l’avis du Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés en termes de solutions que peut apporter la communauté internationale pour prévenir les cas de déplacement et trouver des solutions plus systématiques.  Par ailleurs, elle l’a interrogé sur la manière de répondre aux besoins d’assistance le long des routes utilisées par les réfugiés pour fuir les conflits.

De son côté, le délégué de l’Iraq a voulu savoir comment le HCR évaluait la réponse des donateurs face à la situation des réfugiés en Iraq.   En outre, il a demandé si le HCR, dans le cadre de ses efforts en vue de lutter contre les violences sexuelles, initiait des programmes visant à aider les femmes victimes de violences sexuelles pour les aider à être intégrées dans la société.

Le Cameroun, notant la prochaine tenue du sommet humanitaire du HCR, a émis le vœu de voir M. Guterrez apporter des éclairages concernant la tolérance et la solidarité internationale pour répondre aux défis des réfugiés et des déplacés.

Le délégué du Soudan a demandé ce que le HCR comptait faire pour aider les pays touchés fortement par les mouvements de déplacés et de réfugiés.  De plus, il a rappelé que son pays avait organisé, en novembre dernier, une réunion sur la traite des êtres humains.  Aussi, il a demandé quel type d’appui technique serait apporté aux pays de la région pour renforcer leurs capacités.

Le Maroc qui a axé son intervention sur les recommandations du Conseil de sécurité notamment l’enregistrement des réfugiés du camp de Tindouf, a attendu de M. Guterrez qu’il fournisse des explications sur les mesures prises par le HCR à cet égard.

La déléguée de la République démocratique du Congo (RDC) s’est dite préoccupée par l’annonce de la fermeture en janvier 2016 du Bureau du HCR de Ifondo en raison de contraintes budgétaires.  Elle a rappelé que cette zone hébergeait le plus grand nombre de réfugiés en RDC et a lancé un appel pour que le centre ne ferme pas ses portes et continue ses activités.

Pour la Turquie, il est urgent que la communauté internationale unisse ses efforts au regard des conflits actuels, estimant que le Sommet humanitaire d’Istanbul en 2016 sera le lieu idéal pour répondre à toutes ces préoccupations.

Avant la réponse du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, le Président de la Troisième Commission a estimé que les contributions volontaires avaient baissé face aux défis auxquels fait face le HCR.  Il a dit être optimiste quant à l’issue du sommet humanitaire de l’année prochaine qui devrait permettre à l’ONU d’avoir une vision et une feuille de route pour une meilleure gestion du flux migratoire mondial dû aux crises. 

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a répondu que les camps de réfugiés avaient été dramatiquement affectés par les inondations.  Des réunions ont eu lieu entre les différents acteurs humanitaires et il a été décidé d’envoyer par voie aérienne une assistance et des biens de première nécessité.  Il a salué la Norvège pour son insistance à assurer la protection des enfants migrants et réfugiés par air, terre et mer.  Il a dit son appui à l’initiative norvégienne d’axer le forum sur les questions liées aux enfants sur cette question précise. 

Il a rappelé que dans les Balkans, il n’avait pas été aisé de recueillir l’assentiment de tous les pays concernés par la vague de réfugiés, notamment dans la perspective de l’arrivée de l’hiver.  Les activités des trafiquants et des passeurs sont connues et menées au grand jour, en particulier en ligne, donc il est essentiel de redoubler d’efforts et de coopération pour combattre la traite des personnes, les réseaux de passeurs et les trafiquants de drogues. 

Les États ne semblent pas accorder suffisamment d’attention à la traite des personnes, a-t-il dit, soulignant que le moment était venu pour des opérations robustes contre les trafiquants, dans toutes les régions.  L’Iraq, bien qu’il dispose de ressources pétrolières, est loin d’être une nation riche et, à l’évidence, la communauté internationale n’en fait pas assez pour la population de ce pays. 

La guerre en Syrie a des répercussions significatives en Iraq, qui pâtit également de la chute des prix du baril de pétrole.  Il a remercié le Gouvernement de l’Iraq pour son assistance aux réfugiés syriens en dépit de sa situation difficile.

Le Haut-Commissaire a déclaré ne pas réellement comprendre les critiques de certains pays africains ayant participé au dialogue, notamment le Cameroun, quant au manque d’efficacité du HCR, en particulier en République démocratique du Congo.  Les agences d’aide et les donateurs doivent faire des efforts plus spécifiques en cette direction, a-t-il estimé.  Des programmes urbains sont fortement recommandés par le Haut-Commissariat, y compris au Soudan.  Il a abondé dans le sens de la Libye et a remercié, en outre, le Gouvernement iranien qui vient de décider de faciliter l’accès des réfugiés afghans à l’éducation et à la couverture médicale.

Le Maroc a joué un rôle très important car il a sans cesse appelé le Haut-Commissariat à la transparence à travers un service d’audit et de contrôle.  Il reste toutefois que le Haut-Commissariat est très limité pour certaines choses.

M. Guterres a ensuite plaidé en faveur de la garantie des droits des demandeurs d’asile.  Quant à l’appui à la Turquie, pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens, il a espéré que les priorités du développement figureront au premier plan des décisions des donateurs et des pays industrialisés.

Débat général

Avant le début du débat général de l’après-midi, les membres de la Commission ont applaudi la présence de Mme HALIMA EMBAREK WARZAZI, fervente partisane des droits de l’homme au Maroc et aux Nations Unies, qui, selon les termes du Président de la Commission, est « une pasionaria de la Troisième Commission, une femme qui a présidé ses travaux en 1963 et pris part à plus de 50 de ses sessions ».

Mme HANTASOA FIDA CYRILLE KLEIN (Madagascar), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SACD), a appuyé la recommandation du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés appelant à l’adoption d’approches novatrices dans l’assistance et la réponse humanitaires.  Elle s’est inquiétée du nombre sans précédent de 60 millions de personnes déplacées enregistré en 2014, et du fait que l’Afrique subsaharienne accueille 26% des réfugiés et plus de 11 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.

La situation dans les États de la SADC n’est pas reluisante, a-t-elle dit, puisqu’ils ont également un certain nombre de réfugiés, déplacés à l’intérieur, rapatriés et demandeurs d’asile.

L’insécurité récurrente, les instabilités politiques en République démocratique du Congo RDC) et dans les pays voisins ont conduit au mouvement massif de dizaines de milliers de personnes.  Les pays de la SADC accueillent plus de 130 000 réfugiés, 270 000 demandeurs d’asile et plus de 1 500 rapatriés. 

Dans ce contexte, elle a réitéré l’attachement au Mémorandum d’entente de juillet 1996 entre la SADC et le Haut-Commissariat.  Elle a mis l’accent sur l’initiative et le plan stratégique de la SADC pour la période 2010-2015 centrés sur la réinsertion sociale des réfugiés, et a évoqué les besoins en termes d’harmonisation des politiques, procédures et gestion des réfugiés.  La Convention sur la protection des réfugiés de l’Union africaine est un instrument clef, a-t-elle affirmé.

M. CHARLES WHITELEY, délégué de l’Union européenne, a noté que 750 000 personnes avaient demandé l’asile en Europe au cours des neuf premiers mois de l’année 2015.  Les conflits dévastateurs en Syrie et dans certaines parties de l’Iraq, la pauvreté et l’insécurité en Afghanistan, dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Ouest, et le chaos en Libye ont poussé des masses de gens à partir vers des pays voisins et en Europe.  L’Europe, a-t-il insisté, assiste à un nombre d’arrivées sans précédent, soit plus d’un million de réfugiés et de migrants en 2015, essentiellement via les îles grecques.

L’Union européenne a pris des mesures face au phénomène de la traite des personnes.  Ainsi le renforcement des opérations maritimes coordonnées en mer Méditerranée a-t-il contribué à sauver la vie de plus de 208 000 personnes.  En outre, a poursuivi le délégué, l’Union européenne coopère avec ses partenaires dans les Balkans, en Turquie, au Liban et en Jordanie.  Les 11 et 12 novembre prochains, un sommet Union européenne-Afrique sur la migration se tiendra à La Valette, à Malte.

M. Whiteley a jugé essentiel de se pencher sur les causes profondes du problème, en prenant notamment en compte le fait que le nombre de réfugiés vivant dans des situations prolongées augmentait et que le temps moyen passé en exil approchait de 20 ans. 

Il a reconnu que les organisations humanitaires, comme le HCR, subissaient une pression énorme, d’autant plus que ses besoins financiers ne sont pas entièrement satisfaits.  Le nombre de mineurs non accompagnés, un groupe particulièrement vulnérable, a cru au cours des dernières années, représentant 4 demandeurs d’asile sur 100.    

M. IHOR YAREMENKO (UKRAINE), s’exprimant au nom de l’Organisation pour la démocratie et le développement économique (GUAM), a déclaré que les civils continuaient de payer un lourd tribut et que les réfugiés ne cesseraient d’alimenter les flux migratoires tant que les causes de leurs malheurs ne seraient pas prises en compte.  Ainsi, il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle redouble d’efforts en vue de faciliter le règlement des conflits sur la base de normes consensuelles et des principes du droit international, en particulier le respect de la souveraineté des États touchés. 

Il a souligné que plusieurs pays du GUAM étaient confrontés aux problèmes de déplacement de masse, rappelant la nécessité d’apporter des solutions immédiates et à long terme afin de protéger les personnes déplacées.  Il est indispensable d’améliorer les moyens de subsistance de ces personnes, l’accès au logement, à la santé et au monde du travail, a-t-il déclaré.  Il s’est dit encouragé par le partenariat entre le HCR et les acteurs humanitaires et du développement, en lançant un appel à continuer son engagement auprès des pays du GUAM.

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a souligné qu’il y a plus d’un siècle, son pays avait accueilli des millions d’Asiatiques, d’Européens et d’Arabes, et qu’aujourd’hui, il avait aussi reçu des réfugiés haïtiens et syriens, en particulier.  Des visas sont aussi accordés aux demandeurs d’asile.  Suite à un accord avec le Haut-Commissariat, plusieurs mesures de facilitation ont été prises et un deuxième bureau d’accueil a été ouvert à São Paulo pour favoriser la gestion puis l’intégration des personnes au sein de la société brésilienne dès leur arrivée.  Une protection physique et juridique est également offerte aux personnes vulnérables, et le programme « Bolsa familia », de transfert monétaire, a été élargi aux réfugiés. 

Les pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés du Moyen-Orient doivent bénéficier de plus d’aide, a-t-il exhorté, avant de défendre également le droit des 10 millions d’apatrides dans le monde à une nationalité.  Il s’est en outre félicité du plan régional de résilience des réfugiés, qui tient également en considération les besoins et les aspirations des communautés d’accueil.

Le délégué a encouragé à persévérer dans l’approche liant les activités de développement à l’assistance humanitaire, en particulier des efforts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM) pour améliorer la sécurité alimentaire des déplacés et des réfugiés en leur permettant de participer à des activités agricoles.

Le Brésil a remarqué, par ailleurs, que des athlètes réfugiés pourront participer aux Jeux olympiques dans le pays.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a déclaré que son pays était touché de près par le phénomène d’afflux de migrants, soulignant que près de 3 000 migrants avaient vu leur bateau faire naufrage en Thaïlande.  Son pays, a-t-il dit, a apporté l’aide nécessaire pour secourir ces personnes.  Il a précisé que la Thaïlande avait organisé une réunion sur les migrations avec des représentants du Gouvernement et des partenaires pour élaborer des solutions visant à aider les migrants et les personnes victimes d’exploitation. 

Le délégué a soutenu que son pays avait adopté une nouvelle loi en vue d’indemniser les victimes d’exploitation, précisant qu’elle s’attaquait à toute entreprise impliquée dans l’exploitation des personnes, et qu’elle autorisait la fermeture de ces sociétés.

Il a indiqué que son pays mettait tout en œuvre pour combler les lacunes dans la législation nationale en augmentant le nombre des naturalisations des personnes victimes d’apatridie.  En outre, il a précisé que des certificats de naissance avaient été attribués à plus de 3 000 enfants issus de parents migrants.

Mme KYLIE HOLMES (États-Unis) a affirmé que son pays avait contribué à hauteur d’1,3 million de dollars aux efforts du Haut-Commissariat en faveur des  réfugiés, des déplacés et des apatrides.  Avec la recrudescence des crises, des victimes en mer et de l’afflux de nombreuses personnes en Europe, le Haut-Commissariat a revu ses approches et a œuvré dans la perspective du développement durable. 

Cependant, comme les besoins dépassent les ressources disponibles, le Haut-Commissariat devrait trouver les moyens de renforcer ses capacités organisationnelles en menant des campagnes afin d’améliorer ses ressources pour son travail sur le terrain.  L’approche fondée sur le processus et les résultats est correcte, a-t-elle encore estimé. 

M. MOHAMED MOUSSA (Égypte) a déclaré être préoccupé par la restriction de l’espace accordé aux demandes d’asile des réfugiés, appelant au respect les dispositions du régime des réfugiés.  Pour le délégué, la question du déplacement des personnes doit être examinée d’un point de vue du développement et de l’humanitaire.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue une base solide pour une approche humanitaire et de développement, a-t-il déclaré. 

L’Égypte prône un appui financier et politique en vue d’aider les pays se relevant de conflit, ainsi que les femmes et enfants qui restent les plus vulnérables dans les situations de conflit.  Évoquant la charge énorme que font peser les réfugiés sur les pays voisins, il a affirmé que près de 400 000 Syriens étaient enregistrés en Égypte et bénéficiaient du même droit à l’éducation, à l’accès à la santé, au même titre que les Égyptiens; des avantages dont bénéficient également environ deux millions de Palestiniens qui résident en Égypte, a-t-il renchéri.

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a affirmé que la crise des réfugiés était une partie des nombreuses situations pénibles vécues par le peuple syrien en raison de l’ingérence de certains gouvernements dans les affaires de la Syrie, qui utilisent les réfugiés pour exercer un chantage et des pressions sur le Gouvernement syrien. 

Pour un retour effectif des Syriens, il est indispensable, comme condition préalable, de mettre fin aux crimes perpétrés par les groupes terroristes, de même qu’aux mesures coercitives unilatérales contre la Syrie.

Mme GALINA S. KHVAN (Fédération de Russie) a jugé indispensable de préserver les mécanismes universels de protection des réfugiés, des déplacés et des demandeurs d’asile.  La coopération avec le Haut-Commissariat est incontournable partant du fait que c’est la structure internationale chargée de cette question.  Elle a toutefois mis en exergue la nécessité d’objectivité, d’indépendance et d’impartialité de ce mandat.  Le seul moyen de mettre un point final à la crise passe par une solution politique en Syrie, a-t-elle affirmé.

En 2014 et 2015, la Russie a accordé un million de dollars à l’assistance aux réfugiés, ainsi que 10 millions de dollars pour aider le Liban et la Jordanie aux fins de répondre aux besoins urgents des réfugiés syriens sur place.  Depuis avril 2014, la Russie a accueilli plus d’1,1 million d’Ukrainiens, dont la majorité ne souhaite pas retourner dans le pays.

Elle a insisté sur les dispositions des Accords de Minsk à ce propos.  La déléguée s’est félicitée de l’approche concrète et non politisée du Haut-Commissariat en Ukraine, puis a appelé les personnes qui ont fui cette région à regagner le Sud-est de l’Ukraine.  La Russie continuera à fournir au Haut-Commissariat tout le soutien nécessaire.

Mme MATTHIAS HALTER (Suisse) a estimé que les conflits qui déchirent le Moyen-Orient et l’Afrique ainsi que les tragédies de la Méditerranée et les défis humanitaires étaient en constante mutation.  Elle a mis l’accent sur l’importance des efforts à déployer, la responsabilité partagée et le fait que l’assistance humanitaire ne se substituera jamais à la responsabilité des États de protéger leur population. 

La Suisse a aussi insisté sur le respect du droit humanitaire, du respect des droits de l’homme et de la protection de la population civile.  L’ampleur de la catastrophe humanitaire en Syrie marque particulièrement la population civile et surtout les enfants, alors que l’insuffisance des ressources financières contraste dangereusement avec l’accroissement presque quotidien des besoins.  En augmentant son budget de près de 70 millions de francs suisses, la Suisse s’engage à contribuer à la protection et à l’assistance des réfugiés, des déplacés internes ainsi que des communautés hôtes.

L’action humanitaire a atteint aujourd’hui ses limites, ce qui dénote une absence de volonté politique pour résoudre les conflits.  Elle a exhorté à rechercher, en priorité, une solution politique rapide à la guerre en Syrie.  La Suisse s’est déclarée prête à accueillir de nouvelles négociations à Genève.  Elle a rappelé que, le 13 octobre dernier, s’est achevée à Genève la consultation mondiale de l’initiative Nansen au cours de laquelle le programme pour la protection des déplacés au-delà des frontières dans le cadre des catastrophes et des effets des changements climatiques a été adopté par 110 États.

M. KANG SANGWOOKI (République de Corée) a déclaré qu’il était indispensable d’accélérer le processus du développement durable et de s’assurer que personne ne soit laissé à la traîne comme le recommande le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

D’un point de vue humanitaire, il est essentiel qu’un cadre plus inclusif soit mis en place dans le domaine du partenariat entre les acteurs humanitaires et ceux du développement, lorsqu’une crise éclate.  Par conséquent, il a lancé un appel au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour qu’il continue de jouer un rôle constructif dans le suivi du Sommet mondial humanitaire.

M. YIĞIT CANAY (Turquie) a estimé que la réponse aux besoins des réfugiés devait être considérée comme une réponse à la menace à la paix et à la sécurité internationales.  Aussi, il s’est dit convaincu que les responsabilités devaient être partagées entre les pays de départ, de transit et d’accueil.  Pour le délégué, le prochain sommet humanitaire qui se tiendra en Turquie en mai permettra de mieux élaborer les réponses garantissant la vie de milliers de personnes.

Il a donné des assurances quant à la volonté de son pays à maintenir ses portes ouvertes pour les personnes qui fuient, mais l’ampleur du phénomène dépasse les capacités d’un seul pays, a-t-il expliqué.  Il a souligné qu’au début de la crise des migrants qui touche son pays, la Turquie avait réclamé une aide internationale pour répondre aux besoins de 200 000 Syriens vivant sur le sol turc et recevant des soins de santé, une formation, ainsi qu’un accès à l’éducation.  Il a insisté notamment sur la nécessité de construire de nouvelles infrastructures rappelant le caractère indispensable du partage du fardeau international.

M. MOHAMMAD HASSANI-NEJAD (République islamique d’Iran) a déclaré que son pays avait accueilli trois millions de réfugiés, entraînant un coût sur l’économie, en particulier sur le marché du travail.  Il a souligné que son pays avait supporté ce fardeau avec des ressources limitées et sans l’aide de la communauté internationale.

Ainsi, en 2015, environ 400 000 enfants ont été scolarisés sans frais, et ont reçu une éducation au même titre que les enfants iraniens.  Il a également ajouté que tous les réfugiés avaient bénéficié d’une assurance santé.  Le délégué a noté le besoin de s’attaquer aux causes du problème, en soulignant que les autorités iraniennes mettaient un point d’honneur à assurer le rapatriement consenti des Afghans dans leur pays.  Cette approche permet de contribuer au développement et à la reconstruction de l’Afghanistan, a-t-il dit, insistant sur la nécessité pour la communauté internationale de continuer à investir dans ce processus.

M. HARRISON WINGIA MSEKE (République-Unie de Tanzanie) a indiqué avoir accueilli avec générosité et détermination 110 812 nouveaux réfugiés cette année venus du Burundi.  Le problème des réfugiés est une responsabilité collective, a-t-il rappelé, en notant cependant le déficit financier dans les opérations humanitaires, celle en Tanzanie étant très largement sous-financée.  La Tanzanie s’est acquittée de son rôle en accueillant les réfugiés mais la communauté internationale ne fait pas la part qui lui revient, a regretté le représentant.  L’intégration socioéconomique de l’immense population de réfugiés de longue durée va aussi exiger des efforts accrus, a-t-il poursuivi, avant de signaler que certaines mesures très positives prises par le Gouvernement tanzanien sont restées invisibles pour la communauté internationale.  La Tanzanie coopère aussi dans le domaine du développement.  Il a félicité le Gouvernement américain qui a proposé de recevoir sur son territoire des milliers des réfugiés qui se trouvent actuellement dans son pays.

M. YE MINN THEIN (Myanmar) a déclaré que son pays s’engageait à apporter son appui aux réfugiés, précisant que les autorités avaient récemment sauvé plus de 1 000 réfugiés en mer.  Soulignant que le phénomène de la traite des êtres humains était très complexe au Myanmar, il a mis en garde contre les rapports d’organisations et de médias qui donnent des chiffres fantaisistes sur la situation dans le pays. 

Il a expliqué que les réfugiés secourus dans son pays étaient des réfugiés économiques.  Face aux crimes odieux commis par les passeurs, le Myanmar a pris des mesures pour partager des renseignements avec les pays voisins, mais également lancer des campagnes de sensibilisation dans les zones à risque, a dit le délégué.  Parallèlement, il a affirmé que le Myanmar préparait un projet de loi sur la traite des êtres humains depuis 2015, et qu’un organe central chargé de la lutte contre la traite des migrants avait été mis en place.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a regretté les chiffres record de réfugiés et déplacés depuis la Seconde Guerre mondiale.  Les requérants d’asile arrivent en masse et les opérations humanitaires sont très nombreuses dans presque toutes les régions du monde.  Face à cette situation, il est impératif d’examiner avec plus de responsabilités les causes sous-jacentes à la mobilité soudaine de tant d’êtres humains. 

Les États doivent s’évertuer à trouver des solutions sûres pour toutes ces personnes, dans le respect de leurs droits fondamentaux.  Les gens doivent pouvoir rentrer chez eux dans la dignité et avoir la possibilité de subvenir à leurs besoins tout en étant protégés de toute forme de violence.  Il a rappelé les principes de base de la Charte des Nations Unies, notamment la résolution pacifique des conflits par la négociation et le dialogue.  Le Haut-Commissariat pour les réfugiés restera toujours un allié d’importance pour les Mozambicains qui ont aussi, dans une époque pas si lointaine, connu les affres de la guerre, a-t-il conclu.

Droits de réponse

La déléguée de la Lettonie, répondant à la Fédération de Russie, a souligné que son pays protégeait les personnes victimes d’apatridie.  Dénonçant une désinformation, elle a précisé que les anciens citoyens de l’Union soviétique n’étaient pas des apatrides car le Gouvernement leur assure une protection.

Pour l’Estonie, il faut souligner que l’intégration dans la société est une priorité.  En effet, la citoyenneté est facilitée par le processus de naturalisation des personnes qui veulent obtenir la nationalité.  La déléguée a déclaré que l’Estonie était parmi les rares pays où tous les résidents de longue date ont le droit de voter lors des élections locales.

Quant au représentant de la Fédération de Russie, il a demandé que la Lettonie et l’Estonie mettent en œuvre les recommandations des experts des mécanismes des droits de l’homme, afin de faire cesser le phénomène honteux de l’apatridie et de respecter les droits des minorités nationales.

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