Soixante-dixième session
23e séance – matin
AG/DSI/3539

Première Commission: les mesures de prévention d’une course aux armements dans l’espace divisent les délégations

Les délégations adoptent également deux projets de résolution sur les armes de destruction massive

 

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, ce matin, l’adoption de ses projets de décision et de résolution. 

Si des mesures liées aux armes de destruction massive ont fait l’objet d’un large consensus, les deux résolutions adoptées sur ce point l’ayant été sans être mises aux voix, la prévention d’une course aux armements dans l’espace a divisé les délégations. 

C’est ainsi que le projet de résolution de la Fédération de Russie sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace, adopté par 122 voix pour, a été rejeté par 4 États, dont les États-Unis.  Près de 50 délégations se sont en outre abstenues.  Si ce texte était adopté par l’Assemblée générale, il demanderait que des travaux de fond démarrent au plus tôt à la Conférence du désarmement sur la base du projet de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace présenté par la Chine et la Fédération de Russie. 

Le représentant russe, présentant ce texte, a souligné la nécessité que les activités spatiales deviennent « prévisibles et sûres » par le biais de mesures pratiques.  Rappelant l’engagement de son pays à ne pas placer en premier des armes dans l’espace, il a indiqué que cette initiative était soutenue par un nombre croissant de pays.  « Si tous les États prennent le même engagement, nous aurons la garantie politique que personne, jamais, n’osera placer des armes dans l’espace », a-t-il assuré, déplorant qu’un « seul État, qui veut dominer l’espace, s’oppose à notre action commune pour empêcher une course aux armements dans l’espace en exerçant des pressions sur les États membres de l’Union européenne ».

Pour sa part, le représentant des États-Unis a indiqué que ce projet de résolution était problématique « car il ne reprend pas les propositions du Groupe d’experts gouvernementaux, ne définit pas ce qu’est une arme dans l’espace extra-atmosphérique et ne se concentre que sur les armes déployées dans l’espace et non les armes antisatellites déployées sur terre ».  C’est pour ces raisons que sa délégation a voté contre ce texte, a-t-il précisé.

S’exprimant après l’adoption du projet de résolution, le représentant du Luxembourg a déclaré que les 28 États membres de l’Union européenne s’étaient abstenus, réservant leur préférence « à des mesures volontaires pour les activités dans l’espace, comme le propose le projet de code de conduite de l’Union sur le sujet ».  « Les pays membres de l’Union européenne sont en outre inquiets par l’ambiguïté découlant de la notion de « premier à déployer des armes dans l’espace », qui insinue que des États pourraient continuer à développer des capacités militaires dans l’hypothèse où ils seraient les seconds à y déployer des armes », a souligné le représentant luxembourgeois.

La Première Commission a, par ailleurs, entériné un projet de résolution sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace.  S’il était adopté par l’Assemblée générale, celui-ci demanderait à tous les États, en particulier aux États dotés de capacités spatiales importantes, de contribuer activement à la réalisation de l’objectif consistant à utiliser l’espace à des fins pacifiques et à prévenir la course aux armements dans l’espace, et de s’abstenir d’actes incompatibles avec cet objectif et avec les traités en vigueur en la matière, afin de maintenir la paix et la sécurité dans le monde et de favoriser la coopération internationale. 

Les délégations ont en outre adopté, par consensus, deux projets de résolution sur les armes de destruction massive.  Aux termes du premier de ces textes, relatif à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction, l’Assemblée générale, rappelant qu’il a été décidé à la septième Conférence d’examen que la huitième Conférence d’examen se tiendrait à Genève au plus tard en 2016, soulignerait l’importance d’une préparation transparente et ouverte à tous de cette réunion.

Enfin, par le projet de résolution sur les mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive, l’Assemblée générale demanderait à tous les États Membres d’appuyer l’action menée au niveau international pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs.  Elle lancerait aussi un appel à tous les États Membres pour qu’ils envisagent d’adhérer sans tarder à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et de la ratifier.

Intervenant sur ce texte, le représentant du Pakistan a déclaré qu’il gagnerait, à l’avenir, à refléter au plus près la réalité du risque de possession d’armes de destruction massive par des groupes de terroristes.  « Ce risque reste beaucoup plus grand que la possibilité que des acteurs non étatiques ne s’emparent de telles armes », a-t-il précisé à cet égard.  Il a aussi estimé qu’il conviendrait de lier la lutte antiterroriste et la non-prolifération. 

La Première Commission poursuivra demain, à 10 heures, l’adoption de ses projets de résolution et de décision.

DÉCISION SUR TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Explications de vote sur les résolutions adoptées hier

La représentante de la France a indiqué que la résolution L.26 rappelait que les efforts conduisant au désarmement nucléaire ne pouvaient être menés que sur la base du principe de sécurité non diminuée pour tous, conformément à la résolution 1887 du Conseil de sécurité.  Elle a expliqué l’abstention de son pays sur ce texte en raison des références aux conséquences humanitaires d’un éventuel emploi de l’arme nucléaire.  La France continue d’œuvrer à un monde plus sûr pour tous et à créer les conditions d’un monde sans armes nucléaires, conformément aux termes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-elle indiqué.  Pour son pays, l’arme nucléaire est un moyen de dissuasion destiné à la seule protection de ses intérêts vitaux, a souligné la déléguée.

Le représentant de l’Inde a notamment indiqué que sa délégation s’est abstenue sur la résolution L.2, ce texte devant, selon lui, se concentrer sur la région qu’elle entend traiter.  L’Inde s’est également abstenue sur la résolution L.23, « car il n’est pas question de devenir État partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en tant qu’État non doté d’armes nucléaires ».  Les armes nucléaires font partie intégrante de notre sécurité nationale, a indiqué le délégué.  Nous avons voté en faveur de la résolution sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, car la discussion sur ce sujet doit se poursuivre dans les enceintes multilatérales du désarmement, de la sécurité internationale et du développement, a poursuivi le représentant indien.  Sur la résolution L.38, nous nous sommes abstenus car l’engagement humanitaire n’est pas le résultat recherché par les mécanismes de désarmement, a-t-il encore souligné.  En matière de désarmement nucléaire, l’accent doit être mis sur la réduction des arsenaux et le renforcement des régimes de vérification, a-t-il encore estimé.  La dimension éthique du désarmement nucléaire étant importante, nous avons salué plusieurs dispositions de la résolution sur le sujet, mais les impératifs éthiques ne doivent pas supplanter les dimensions juridiques, ce qui nous a amené à nous abstenir sur ce texte, a-t-il expliqué.  Nous nous sommes aussi abstenus sur la résolution L.44 sur le désarmement nucléaire, mais cette abstention ne signifie pas que nous rejetons ces dispositions, a conclu le représentant.

Le représentant du Japon a affirmé qu’en tant que seul pays à avoir subi des bombardements nucléaires, le Japon a voté en faveur des trois résolutions portant sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires.  Le Japon s’est, en revanche, abstenu sur les projets de résolution portant sur le désarmement nucléaire et l’illicéité des armes nucléaires, car sa délégation ne partage pas l’approche de ces deux textes et estime que les conditions ne sont pas réunies pour un désarmement nucléaire complet, a expliqué le représentant.  

La délégation du Royaume-Uni, s’exprimant également au nom de la France et des États-Unis, a expliqué l’opposition de ces trois pays aux projets de textes sur le désarmement nucléaire, par le fait que les auteurs semblent s’écarter du consensus de 2010 et introduisent des concepts non inscrits au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Pour ces puissances nucléaires, le désarmement nucléaire ne peut se faire que par une approche progressive et lorsque les conditions de sécurité pour tous le permettront, a indiqué le représentant.  

La représentante d’Israël a déclaré que sa délégation a adhéré au consensus sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient en dépit des réserves sur ce projet de texte.  Cette attitude prouve la bonne volonté d’Israël de parvenir à cet objectif, comme il l’a toujours fait en participant aux processus de négociation à cette fin, a rappelé sa représentante.  Cependant, a-t-elle souligné, cet objectif ne pourra devenir réalité tant que des obstacles persistent dans la région, notamment l’absence d’un forum régional permanent qui permettrait une discussion entre États de la région.  Le refus de certains États de reconnaître l’existence d’Israël constitue en outre un obstacle à la discussion, a-t-elle poursuivi.  La délégation a également voté en faveur du projet de texte relatif au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, car Israël a toujours appuyé cette résolution depuis qu’il a signé ce Traité en 1996; toutefois Israël n’appuie pas les paragraphes 6 du préambule et 1 du dispositif, a précisé la représentante. 

Le représentant de l’Espagne a précisé, à propos de la résolution L.55, que la création de zones exemptes d’armes nucléaires était une contribution à la paix et à la sécurité régionales, y compris en Afrique où la paix doit ouvrir la voie à la réalisation du développement durable.  Il a toutefois indiqué que son pays ne signerait pas le Protocole III du Traité de Pelindaba portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, l’Espagne étant liée avec de nouveaux pays africains par des traités bilatéraux « qui vont plus loin en matière de désarmement nucléaire ».  C’est pourquoi, nous nous sommes abstenus sur ce texte, a-t-il signalé.

Le représentant de l’Allemagne a déclaré, au nom d’un groupe de pays « qui se sont abstenus ou opposés aux résolutions sur les conséquences humanitaires et l’engagement humanitaire », que ce point de l’ordre du jour « doit être une force qui nous unit ».  Pourtant la nécessité d’accorder la même attention au désarmement nucléaire et à la sécurité humaine n’est pas reflétée dans ces résolutions, a-t-il regretté. 

Le représentant de la Bulgarie a dit croire à un monde sans armes nucléaires, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires étant l’instrument qui doit permettre « d’atteindre ce noble objectif ».  Il a indiqué que son pays ne soutenait pas la réunion d’une conférence extraordinaire en vue d’établir une convention interdisant l’utilisation d’armes nucléaires: car à son avis, une telle initiative parallèle, aux objectifs louables, affaiblirait le régime de non-prolifération ».

Le représentant du Brésil a indiqué avoir voté pour la résolution sur l’élimination des armes nucléaires, même si la délégation estime que le projet de résolution aurait pu être plus ambitieux en faisant référence au non-respect de l’article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) par les puissances nucléaires.  La délégation a également voté en faveur du texte sur l’interdiction des essais nucléaires, même si elle regrette que le texte ne fasse pas référence aux déclarations adoptées lors des conférences sur l’interdiction des essais nucléaires, notamment en ce qui concerne le développement de nouvelles armes nucléaires. 

La représentante de la Finlande a déclaré avoir voté en faveur de la résolution sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires en raison de l’urgence de cette question.  Elle n’a cependant pas appuyé le projet sur les engagements humanitaires en faveur de l’interdiction et de l’élimination des armes nucléaires en raison du manque d’ambition de ce texte, a dit la représentante.

Le représentant de la Norvège s’est abstenu lors du vote du projet de texte sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, en dépit de sa conviction sur les conséquences catastrophiques et indiscriminées d’une frappe nucléaire.  La délégation partage l’avis de ses « alliés de l’OTAN » selon lequel le désarmement nucléaire doit se faire sur une base progressive et non par l’imposition d’un cadre normatif contraignant, a expliqué le représentant.  

La représentante de la Nouvelle-Zélande, au nom d’un groupe d’États, a déclaré à propos de la résolution L.15 que, cette année encore, « nous avons voté en faveur de ce texte en raison de la mention explicite à l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et aux dimensions humanitaires des armes nucléaires qui y figurent ».  En sa capacité nationale, elle a indiqué que son pays avait voté contre la résolution L.20 sur la réduction du danger nucléaire du fait « qu’elle mentionne uniquement les cinq États dotés de l’arme nucléaire dans la mission de réduction du risque nucléaire ».  Concernant le projet de résolution L.21, la représentante a indiqué que son pays avait voté contre également « car nous ne sommes toujours pas convaincus par ses objectifs et son appel à des négociations sur une convention interdisant les armes nucléaires, l’accent devant être prioritairement mis sur l’élimination vérifié des arsenaux existants ».  Au sujet de la résolution L.26; elle a déclaré avoir voté pour ce texte soulignant les conséquences humanitaires de « toutes les armes nucléaires ».  Son pays a également soutenu les projets de résolution L.38 et L.40, a-t-elle indiqué.

La représentante de Cuba a notamment déclaré qu’hier, pour la première fois, « nous avons eu trois résolutions sur la dimension humanitaire des armes nucléaires, que nous avons appuyées ».  Il faut avancer sans délai sur la voie d’un instrument juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, dont le développement et le perfectionnement coûtent des milliards de dollars qui pourraient être consacrés au développement, a-t-elle estimé 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que sa délégation avait voté en faveur de la L.44 sur le désarmement nucléaire, « qui doit l’emporter sur la non-prolifération ».  « Les États dotés des plus importants arsenaux devraient être les chefs de file en la matière », a-t-il précisé.  Il a noté que son pays avait voté pour la résolution L.2, « car nous sommes en faveur de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient ».  « Nous nous dissocions toutefois des références à l’appel universel au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires », a-t-il précisé.  « Nous nous sommes abstenus sur les résolutions relatives aux dimensions humanitaires des armes nucléaires, car la doctrine de la République populaire démocratique de Corée ne représente aucune menace à la paix et à la sécurité internationales », a souligné le représentant, expliquant en outre que, cette année encore, sa délégation avait rejeté le projet de résolution L.46 sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, « car nous rejetons les références qui y sont faites aux résolutions arbitraires du Conseil de sécurité qui visent notre pays ».  « Les essais auxquels nous procédons relèvent de la légitime défense et je rappelle qu’à ce jour, les cinq États dotés d’armes nucléaires les plus puissants ont procédé à eux seuls à 99% des essais nucléaires », a-t-il précisé. 

Le représentant de la Suisse, s’exprimant d’abord au nom de la Suède et de son pays, a déclaré qu’ils avaient voté en faveur de la résolution sur l’engagement humanitaire car ces deux pays partagent les objectifs et l’appel lancé aux puissances nucléaires dans ce texte.  Les deux délégations sont en faveur d’instruments juridiques efficaces, notamment pour interdire les armes nucléaires, avec la participation des puissances nucléaires et de leurs alliés, a indiqué le représentant.  S’exprimant cette fois à titre national, il a indiqué que la Suisse avait voté en faveur du texte sur le risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient, car son pays soutient l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région.  La Suisse a aussi voté en faveur de la résolution sur le suivi de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire de 2013, car elle est compatible avec les consensus sur les trois piliers du TNP, a-t-il précisé.  En revanche, a-t-il poursuivi, son pays a voté contre les résolutions relatives à l’interdiction des armes nucléaires et à la réduction du danger nucléaire car elle rejette l’approche de ces deux textes.  

La Chine s’est abstenue sur les projets de résolution sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, de l’engagement humanitaire et sur les aspects éthiques des armes nucléaires, a indiqué son représentant.

La Suède s’exprimant aussi au nom de la Suisse, a déploré que la résolution sur les impératifs éthiques pour un monde exempt d’armes nucléaires ne fasse pas de différence entre le droit, la morale et l’éthique. 

Le représentant de la République islamique d’Iran a déclaré, concernant la résolution L.1, que sa délégation avait voté en faveur de ce texte appelant à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Nous appuyons cet objectif important, qui est une priorité pour l’Iran depuis 1979, date à laquelle nous avions proposé l’établissement d’une telle zone pour la première fois, a-t-il rappelé.  Pour le délégué iranien, l’État d’Israël, détenteur d’un arsenal nucléaire, continue d’être la seule entrave aux efforts régionaux pour réaliser cet objectif et représente la principale menace à la sécurité des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de la région.  Concernant le projet de résolution L.26, il a déclaré que son pays partageait l’objectif de ce texte demandant l’élimination totale des armes nucléaires.  « Toutefois, des demandes y figurant sont inacceptables, notamment celles liées à la région de l’Asie de l’Est », a-t-il indiqué.  « Il n’est pas normal que le texte ne mentionne pas les risques que pose le fait que les installations nucléaires d’Israël ne sont pas placées sous le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) », a-t-il souligné.  Enfin, le représentant a indiqué que sa délégation avait voté en faveur du projet de résolution L.46  sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, « dont nous sommes parties ».  « Nous rejetons toutefois les dispositions mentionnant explicitement notre pays », a-t-il dit. 

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que son pays s’est opposé à la résolution présentée par le Japon sur l’élimination des armes nucléaires, en raison de son caractère inacceptable pour son pays et de la dangereuse tendance à réécrire l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale.  Plus de 27 millions de Russes et 35 millions de Chinois ont péri dans ce conflit, tandis que les États-Unis ont largué « sur un Japon déjà à terre » deux bombes nucléaires en guise de « tests cyniques sur les populations civiles », a souligné le représentant.  Pour sa délégation, insister sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires est une tentative de détourner l’attention de la communauté internationale, a-t-il jugé, ajoutant qu’il faut au contraire prendre en compte tous les aspects du désarmement nucléaire, y compris les aspects stratégique et de sécurité pour tous. 

Autres armes de destruction massive

Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (L.12)

Aux termes de ce texte adopté par consensus, l’Assemblée générale, rappelant qu’il a été décidé à la septième Conférence d’examen que la huitième Conférence d’examen se tiendrait à Genève, au plus tard en 2016, soulignerait l’importance d’une préparation transparente et ouverte à tous de la huitième Conférence d’examen, et encouragerait les États parties à mettre en œuvre un processus préparatoire qui facilite une étude rigoureuse et équilibrée des questions de fond et de procédure concernant l’examen de la Convention et son application.  Elle prierait le Secrétaire général de continuer de prêter l’assistance voulue aux gouvernements dépositaires de la Convention, de fournir tous services nécessaires aux fins de l’application des décisions et recommandations issues des conférences d’examen et d’offrir l’assistance et les services que peuvent nécessiter la dernière réunion des États parties durant le processus intersessions en cours ainsi que la préparation et le déroulement de la huitième Conférence d’examen.

Par le projet de résolution sur les mesures visant à empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive (L.19) adopté par consensus, l’Assemblée générale demanderait à tous les États Membres d’appuyer l’action menée au niveau international pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes de destruction massive et leurs vecteurs.  Elle lancerait aussi un appel à tous les États Membres pour qu’ils envisagent d’adhérer sans tarder à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et de la ratifier.

Explications de vote

Le représentant du Pakistan, au sujet de la résolution L.19, a déclaré que sa délégation appuyait ce texte qui, a-t-il indiqué, gagnerait néanmoins à être renforcé en reflétant au plus près la réalité des risques de possession des armes de destruction massive par des groupes de terroristes.  Ce risque reste beaucoup plus grand que la possibilité que des acteurs non étatiques ne s’emparent de telles armes, a-t-il ajouté.  Le contrôle des armes biologiques devrait concerner davantage les grandes puissances industrielles, a-t-il aussi souligné.  Il conviendrait, par ailleurs, de lier la lutte antiterroriste et la non-prolifération, a-t-il conclu.

Espace extra-atmosphérique (aspects de désarmement)

Déclarations

Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que son pays soutenait activement les efforts visant à maintenir l’espace extra-atmosphérique exempt d’armes.  Il faut parvenir à la prévisibilité et à la sécurité des activités spatiales en adoptant des mesures pratiques, a-t-il ajouté, rappelant l’engagement de son pays à ne pas placer en premier des armes dans l’espace.  Cette initiative est soutenue par un nombre croissant de délégations, s’est-il réjoui, notant que le nombre de coauteurs de la résolution L.47 était proche des 50.  Si tous les États prennent le même engagement, nous aurons la garantie politique que personne, jamais, n’osera placer des armes dans l’espace, a-t-il dit.  Seul un État, qui veut dominer l’espace, s’oppose à notre action commune pour empêcher une course aux armements dans l’espace en exerçant des pressions importantes sur les États membres de l’Union européenne, a-t-il relevé.  L’espace ne doit jamais devenir une arène de confrontations armées, a ajouté le délégué. 

La représentante de Cuba a indiqué que son pays s’était porté coauteur des deux résolutions.  « Tous les États ont le droit d’explorer l’espace à des fins pacifiques. »  Par contre, a-t-elle prévenu, « une course aux armements dans l’espace entraînerait de graves dangers pour la paix et la sécurité internationales ».  Cuba s’est engagé à ne pas placer d’armes dans l’espace, et appelle à la création d’un instrument juridique contraignant contre la militarisation de l’espace extra-atmosphérique, a-t-elle indiqué.

La représentante de l’Ukraine a déclaré que sa délégation voterait contre le projet de résolution proposé par la Fédération de Russie sur le non-déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, car cette proposition « n’est pas crédible », compte tenu du comportement de la Fédération de Russie qui déploie des armes en Crimée, a dit la représentante.

La Chine, qui est coauteure des trois résolutions présentées au titre du groupe thématique sur l’espace extra-atmosphérique, a dit les soutenir toutes, en particulier celle sur la prévention et le non-déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique. 

Explications de vote

Les États-Unis, après un examen profond du projet de texte, voteront contre le projet de résolution sur le non-déploiement en premier des armes dans l’espace extra-atmosphérique, a dit le représentant américain.  Ce projet est problématique à de nombreux égards, car il ne reprend pas les propositions du Groupe d’experts gouvernementaux, ne définit pas ce qu’est une arme dans l’espace extra-atmosphérique et ne se concentre que sur les armes déployées dans l’espace et non sur les armes antisatellites déployées sur terre, a-t-il indiqué.

Le Luxembourg, au nom d’un groupe d’États, a déclaré que les pays de ce groupe, qui comprend les 28 États membres de l’Union européenne, s’abstiendront lors du vote sur le non-déploiement en premier des armes dans l’espace extra-atmosphérique.  Les États de ce groupe sont plutôt favorables à des mesures volontaires pour les activités dans l’espace, comme le propose le code de conduite de l’Union européenne sur le sujet.  Ces pays sont en outre inquiets par l’ambiguïté découlant de la notion de « premier à déployer des armes dans l’espace », qui insinue que des États pourraient continuer à développer des capacités militaires dans l’hypothèse où ils seraient les seconds à y déployer des armes.  L’absence de définition claire de ce qu’est une arme dans l’espace est aussi source de préoccupation, de même que l’accent mis sur les armes dans l’espace extra-atmosphérique et non sur les armes antisatellites sur terre, a conclu son représentant.

Le Mexique appuiera le projet de texte sur le non-déploiement en premier d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, car il refuse que l’espace extra-atmosphérique soit le prochain théâtre d’une course aux armements.  Cette position a été appuyée par le Costa Rica et le Chili.

Par un projet de résolution sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace (L.3), adopté par 173 voix pour et trois abstentions (Israël, États-Unis, Palaos), l’Assemblée générale demanderait à tous les États, en particulier aux États dotés de capacités spatiales importantes, de contribuer activement à la réalisation de l’objectif qui consiste à utiliser l’espace à des fins pacifiques et à prévenir la course aux armements dans l’espace, et de s’abstenir d’actes incompatibles avec cet objectif et avec les traités en vigueur en la matière, afin de maintenir la paix et la sécurité dans le monde et de favoriser la coopération internationale.  Elle inviterait la Conférence du désarmement à créer un groupe de travail au titre du point de son ordre du jour intitulé « Prévention d’une course aux armements dans l’espace » le plus tôt possible pendant sa session de 2016.

Avec le projet de résolution sur le non-déploiement d’armes dans l’espace en premier (L.47), adopté par 122 voix pour, 4 contre (Israël, Géorgie, Ukraine, États-Unis) et 47 abstentions, l’Assemblée générale demanderait instamment que des travaux de fond débutent au plus tôt, à la Conférence du désarmement, sur la base du projet révisé de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux présenté par la Chine et la Fédération de Russie.  Elle soulignerait qu’en l’absence d’un tel accord, d’autres mesures peuvent contribuer à faire en sorte que des armes ne soient pas déployées dans l’espace et engagerait tous les États, en particulier ceux qui mènent des activités spatiales, à envisager de s’engager politiquement à ne pas être les premiers à déployer des armes dans l’espace.

Explication de vote

La délégation de l’Australie a déclaré s’être abstenue lors du vote de la résolution sur le non-déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique, car le texte présentait des lacunes, notamment en termes de définition de ce qu’est une arme et dans la non-prise en compte des menaces représentées par les armes antisatellites.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, la Fédération de Russie a présenté ses condoléances au « peuple frère de l’Ukraine » pour les morts causés après le coup d’État constitutionnel soutenu par l’Union européenne et les États-Unis.  Le régime de Kiev utilise des armes contre son propre peuple, a dit le représentant, affirmant ensuite que la Fédération de Russie n’a pas mené d’offensive contre l’Ukraine et ne le ferait jamais.

Exerçant également son droit de réponse, la délégation des États-Unis a déclaré que son pays avait appuyé les forces et le changement démocratiques en Ukraine.  La Fédération de Russie doit cesser de saper la démocratie dans ce pays, a lancé le représentant.

Répondant aussi à la Fédération de Russie, la représentante de l’Ukraine a déclaré que la seule manière pour ce pays de montrer son amour pour le peuple ukrainien est de cesser de le tuer.   

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.