Les délégations de la Première Commission préconisent un contrôle renforcé des nouvelles technologies dans le contexte du désarmement et de la sécurité internationale
La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a souligné, cet après-midi, la nécessité pour la communauté internationale de réguler de manière plus efficace le développement rapide des nouvelles technologies dans le contexte sécuritaire mondial.
Une trentaine de délégations ont pris la parole après avoir entendu l’intervention de M. Perez, Président du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.
Présentant le dernier rapport du Groupe d’experts, M. Perez a expliqué que les recommandations y figurant soulignent l’importance pour les États Membres de mettre en œuvre des dispositifs efficaces pour empêcher que leur territoire ne soit le théâtre d’une utilisation néfaste des technologies de l’information et des communications. « Ces mesures doivent être prises et appliquées dans le respect des droits de l’homme, de la vie privée et de la liberté d’expression », a indiqué M. Perez.
Le Président du Groupe d’experts a également appelé les États à lutter contre la prolifération de technologies potentiellement nuisibles à travers des accords de coopération entre gouvernements, une attention accrue devant être accordée aux modalités de renforcement de la cybersécurité. « Une coopération améliorée est aussi nécessaire pour atténuer les risques potentiels liés au mésusage des technologies de l’information et des communications susceptibles d’affecter les infrastructures vitales des États », a-t-il déclaré.
Pour sa part, le représentant des États-Unis a affirmé que la « cyberstabilité » internationale et la prévention des conflits étaient conformes au droit international. « Dès 2013, le Groupe d’experts gouvernementaux alors mandaté avait conclu que les normes et mesures de prévention des conflits en vigueur respectaient la Charte des Nations Unies, et que, à cette aune, les activités de sécurisation du cyberespace étaient elles aussi légales », a rappelé le représentant. Les États-Unis, a-t-il ajouté, sont attachés aux principes d’humanité, de nécessité, de proportionnalité et de distinction qui encadrent les normes américaines de protection des infrastructures vitales et les activités des équipes d’intervention en cas d’incident informatique.
Le représentant de l’Algérie a salué la pertinence des recommandations du Groupe d’experts relatives à la promotion de la coopération internationale et au renforcement des mesures de confiance et de transparence « qui visent à limiter le risque de l’émergence des conflits ». À son avis, la communauté internationale doit répondre aux défis d’ordre juridique, moral et humanitaire posés par les armes autoguidées en élaborant un cadre juridique clair régissant cette question.
« Il faut lutter contre la militarisation du cyberspace tout en veillant à préserver les libertés individuelles et la souveraineté des États », a souligné, pour sa part, le représentant de l’Équateur. De son côté, le représentant de la Chine a estimé qu’il fallait établir un nouveau paradigme sur le concept de cybersécurité « qui soit inclusif, intégrant la nécessité de respecter le droit international existant tout en excluant l’esprit de la guerre froide ». Le représentant chinois a également estimé que l’Internet appartenant à tous, il fallait envisager une gouvernance mondiale du Web. Il a indiqué qu’à cette fin, son pays et la Fédération de Russie avaient élaboré un code de conduite sur la sécurité de l’information qui devrait servir de base de travail à de futures négociations internationales dans ce domaine.
La séance a en outre été marquée par la présentation d’un projet de résolution sur les développements dans le domaine de l’information et des communications dans le contexte de la sécurité internationale par la représentante de l’Australie, pays qui a présidé de 2012 à 2013 le précédent Groupe d’experts gouvernementaux. Traditionnellement, ce texte est adopté par consensus lors de la dernière phase des travaux de la Première Commission.
L’adoption de tous les projets de résolution de la Commission débutera lors de sa prochaine séance, lundi 2 novembre, à 15 heures.
Suite et fin du débat thématique sur le désarmement régional et la sécurité
Déclarations
Mme ZIN MAR HTWE (Myanmar) a déclaré appuyer pleinement le rôle des trois Centres régionaux de l’ONU, en particulier le Centre régional pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique, en tant qu’instruments du désarmement et de la non-prolifération par le renforcement des capacités nationales. C’est la raison pour laquelle sa délégation est favorable à la résolution sur cette question, a indiqué la représentante, en annonçant que son pays accueillerait, en coopération avec le Bureau de l’ONU des affaires humanitaires, la prochaine table ronde nationale sur la résolution 1540 du Conseil de sécurité en janvier 2016. Sa délégation salue les Programmes de bourses d’études des Nations Unies sur le désarmement, mais recommande au Bureau des affaires du désarmement d’inviter davantage de femmes à y participer, notamment des pays moins développés. Consciente du fait que les Centres régionaux de désarmement sont financés par des contributions volontaires, la représentante a prié le Secrétaire général des Nations Unies de demander à tous les États Membres, notamment ceux des pays développés, à apporter leurs contributions financières. La revitalisation de ces Centres régionaux pour la paix et le désarmement contribuerait considérablement à la paix et la sécurité mondiales, a conclu la représentante.
M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) s’est déclaré préoccupé par la militarisation accélérée de la Crimée par la Fédération de Russie, notamment par le déploiement d’armes nucléaires. La Fédération de Russie a doublé ses forces armées présentes en Crimée, déployé beaucoup de matériels militaires, dont des avions de combat, des chars, des sous-marins, et transféré nombre d’armes. Elle prévoit même de renforcer cette présence militaire, y compris de déployer des missiles de longue portée et de rénover une ancienne base militaire soviétique, a dit le représentant, ajoutant que cette situation représente une vraie menace pour la paix dans la région. La communauté internationale doit prendre des mesures pour répondre à cette situation, a-t-il dit, appelant par ailleurs la Fédération de Russie à retirer toutes ces forces militaire de la Crimée.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déclaré que grâce à l’appui du Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes, de nombreux États de la région ont pu mener à bien des programmes de désarmement. Le Centre a, par exemple, fourni des formations et renforcé les capacités en matière de gestion, marquage des armes légères et de petit calibre, et aussi dans la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, avant de remercier les délégations qui ont financièrement soutenu ce Centre. C’est pour cela que la délégation présente un projet de résolution sur le Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes que sa délégation espère faire adopter par consensus, a-t-il conclu.
Mme MOUNA OUAZZANI CHAHDI (Maroc) a déclaré que la situation qui prévaut dans la région sahélo-saharienne exigeait une coopération entre les États de la région afin de répondre aux défis posés par les activités terroristes et les crimes transfrontaliers. C’est à cette fin que mon pays a accueilli, en juillet dernier, la Conférence inaugurale de l’initiative sur la sécurité frontalière élaborée entre le Maroc et les États-Unis, a indiqué la représentante, ajoutant que le Maroc avait également accueilli une réunion interlibyenne dans le cadre de sa participation aux efforts de sortie de crise de ce pays. La représentante a également souligné que son pays a été parmi les premiers signataires du Traité de Pélindaba, faisant de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires. À cette fin, le Maroc soutient la création d’une zone similaire au Moyen-Orient, ces zones étant de nature à servir l’objectif commun de sécurité pour tous, a-t-elle conclu.
Mme TAMAR RAHAMIMOFF-HONIG (Israël) a notamment déploré que les pays du Moyen-Orient ne puissent s’appuyer sur des mécanismes de promotion du dialogue entre États. Il n’existe, par exemple, aucune enceinte régionale dédiée aux questions de sécurité nationale et collective, a-t-elle indiqué, notant qu’un tel forum permettrait d’apporter des contributions concrètes à la restauration et au renforcement de la confiance, à l’atténuation des tensions et à la résolution même des conflits. Elle a assuré que son pays continuait de promouvoir le dialogue entre toutes les parties régionales: car « toute discussion pouvant conduire à plus de paix et de sécurité au Moyen-Orient est bonne à prendre, a-t-elle dit. Nous souhaitons que nos voisins adoptent rapidement une approche similaire », a conclu la déléguée israélienne.
M. FARID JABRAYILOV (Azerbaïdjan) a souligné que le conflit non-réglé entre son pays et l’Arménie représentait une menace majeure à la paix et la sécurité tant régionales qu’internationales. Il a condamné la passivité de la communauté internationale, qui ne réagit pas, a-t-il dit, à l’occupation armée d’une partie très importante du territoire de son pays. Il a dit redouter que des terroristes ne mettent la main sur des armes, y compris des systèmes antimissiles, en Arménie, et exhorté ce pays à mettre un terme à sa politique agressive, faute de quoi l’ouverture de pourparlers de paix resterait sans effet au plan régional.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, la Fédération de Russie a déclaré que la déclaration de l’Ukraine n’a rien à voir à ce qui passe dans la réalité. Cette déclaration montre tout simplement ce qui arrive lorsqu’une guerre civile et la haine sont importées de l’extérieur, a-t-il dit, ajoutant que tout le monde en connaît les sources, les parties qui en profitent et celles qui l’ont financée pour reverser le gouvernement en Ukraine. En ce qui la concerne, la Fédération de Russie n’a jamais combattu, ne combat pas et ne combattra pas sa république sœur d’Ukraine, a-t-il affirmé, avant d’inviter les autres délégations à venir visiter la Crimée et constater que la démocratie y prévaut et que la haine n’y est pas présente.
La délégation de l’Arménie, répondant à celle de l’Azerbaïdjan, a déclaré qu’il suffit de regarder les budgets militaires de ce pays pour s’apercevoir qu’ils augmentent alors que l’on parle d’objectifs de développement durable. L’Azerbaïdjan a toujours choisi l’option militaire pour résoudre le différend du Haut-Karabagh, alors que l’Arménie préfère la négociation sur une base réaliste, a-t-il dit.
Exerçant aussi son droit de réponse, le représentant de l’Ukraine, a déclaré que l’annexion de la Crimée était planifiée de longue date par la Fédération de Russie comme l’indiquent les préparatifs qui ont débuté deux jours avant la fuite du Président ukrainien et 28 jours avant la tenue du référendum d’autodétermination en Crimée. La Fédération de Russie avait fabriqué une médaille estampillée de la Crimée pour récompenser les combattants de cette annexion, a-t-il précisé.
En réponse à l’Arménie, l’Azerbaïdjan a déclaré que ce sont, au contraire, les budgets de l’Arménie qui sont les plus élevés du Caucase, faisant d’elle le pays le plus militarisé de la région.
Dans un second droit de réponse, le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que la médaille évoquée par la délégation ukrainienne date de la guerre de 1886, à l’époque où la Crimée ne faisait pas encore partie de l’Ukraine, mais de la Russie.
Répondant encore, l’Ukraine a déclaré parler d’un autre modèle de médaille, spécialement frappée pour l’annexion de la Crimée, et non de celle évoquée par la Fédération de Russie.
Présentation par le Président du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale
Déclarations
M. CARLOS LUÍS DANTAS COUTINHO PEREZ, Président du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale, a rappelé que le mandat du Groupe mettait l’accent sur l’étude des menaces existantes en matière de technologies de l’information et des communications. Nous proposons des mesures de coopération pour remédier aux risques, y compris des mesures de confiance pour renforcer la sécurité du système d’information de la sécurité internationale dans le contexte de la sécurité internationale, a-t-il affirmé. M. Perez a, par ailleurs, indiqué que le Groupe était composé d’experts de 20 États, qui se sont réunis cette année jusqu’en juin 2015 pour avoir des discussions approfondies ayant conduit à la transmission d’un rapport, cet été, à l’Assemblée générale. Il a expliqué que les recommandations aux États figurant dans ce document soulignaient notamment la nécessité pour les pays de mettre en œuvre des dispositifs efficaces pour empêcher que leur territoire ne soit utilisé pour un usage néfaste des technologies de l’information et des communications. Ces mesures doivent être prises et appliquées dans le respect des droits de l’homme, de la vie privée et de la liberté d’expression, a insisté M. Pérez. Il a également appelé les États à lutter contre la prolifération de technologies potentiellement nuisibles à travers des accords de coopération entre gouvernements, une attention accrue devant être apportée aux modalités de renforcement de la cybersécurité. Une coopération améliorée est aussi nécessaire pour atténuer les risques potentiels liés au mauvais usage des technologies de l’information et de la communication susceptibles d’affecter les infrastructures vitales des États, a-t-il dit. En conclusion, M. Pérez a proposé que l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) étudie les modalités de participation du secteur privé, des universités et de la société civile à la réflexion sur le développement de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.
Débat sur les autres mesures de désarmement et de sécurité internationale
M. KAMAPRADIPTA ISNOMO, (Indonésie) a souligné, au nom du Mouvement des non-alignés, l’importance de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication par les États Membres d’une manière compatible avec les principes et objectifs de la Charte. Le Mouvement des non-alignés demande, à cet égard, une intensification des efforts visant à ce que le cyberespace ne devienne pas une zone de conflit, a-t-il dit, avant de noter le rôle central des gouvernements dans l’élaboration des politiques de sécurité relatives à ces technologies. Il s’est dit ensuite préoccupé par l’utilisation de ces technologies de l’information, y compris les réseaux sociaux, d’une manière préjudiciable aux États membres du Mouvement. M. Isnomo a estimé que les Forums internationaux sur le désarmement devaient prendre en compte les normes environnementales pertinentes dans la négociation des traités et accords relatifs au désarmement et a exhorté les principaux pays producteurs d’armes à réduire leurs dépenses militaires et à consacrer les ressources ainsi libérées à la lutte contre la pauvreté.
M. FREDERICO GONZALEZ VIVAS (Uruguay), au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), a déclaré que les technologies de l’information et des communications ne doivent pas être utilisées en violation ou dans le but de violer le droit international. L’espionnage et la surveillance des communications publiques ou privées sont des atteintes au droit international et à l’intégrité territoriale, en plus de violer le principe de bon voisinage entre États. Pour contrer cette situation, les États de la région se sont engagés à protéger et à sécuriser leurs communications, a-t-il indiqué. L’UNASUR salue le rapport du Groupe d’experts et partage leur avis selon lequel l’usage du cyberespace doit être conforme à la Charte des Nations Unies, a dit le représentant.
M. EMAD MORCOS MATTAR (Égypte) au nom de la Ligue des États arabes, a affirmé que la sécurité du cyberespace est nécessaire pour garantir la sécurité internationale. Il faut donc, à son avis, que cet espace soit également soumis aux règles de la Charte des Nations Unies, et que sa gouvernance ne soit pas l’apanage d’un seul État, a-t-il estimé. M. Mattar a également mis en garde contre le recours aux systèmes létaux autonomes et les dangers qu’ils représentent, indiquant qu’il fallait traiter cette question au niveau international.
M. ANDREY V. KRUTSKIKH (Fédération de Russie) a exprimé sa reconnaissance à toutes les délégations qui soutiennent son projet de résolution sur les technologies de l’information et des communications, qui, a-t-il dit, doit être considéré comme une preuve que la communauté internationale cherche un moyen d’assurer que ces technologies ne sont utilisées qu’à des fins pacifiques. Le projet repose essentiellement sur les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux sur le sujet, qui affirme que les dispositions de la Charte des Nations Unies s’y applique, y compris pour les activités dans le cyberespace. Le représentant a proposé la création d’un Groupe de travail chargé de réfléchir à ces questions.
M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a estimé que les nouvelles technologies de l’information et de la communication offraient des opportunités uniques au développement économique et social des pays. Le cyberespace est devenu un moyen utilisé dans divers domaines, y compris les systèmes de défense et de sécurité, a-t-il indiqué, rappelant les risques d’une utilisation de ces nouvelles technologies par des groupes terroristes. La sécurisation du cyberespace est indispensable à travers le renforcement de la coopération internationale en vue de prévenir toute utilisation malveillante des nouvelles technologies, a-t-il déclaré. Pour le représentant algérien, les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux constituent une contribution significative dans le domaine de la lutte contre l’utilisation des technologiques à des fins terroristes et criminelles, notamment en matière de promotion de la coopération internationale et de renforcement des mesures de confiance et de transparence. Concernant les armes autoguidées, il a estimé que leur usage potentiel mettait la communauté internationale face à des défis d’ordre juridique, moral et humanitaire. Il est nécessaire, a-t-il dit, que soit mis en place un cadre juridique clair régissant cette question, et d’empêcher l’utilisation de ces technologies par des groupes terroristes.
Mme JUANA ELENA RAMOS (Cuba) a appelé à la création de normes environnementales dans le cadre des négociations sur les traités de désarmement et de contrôle des armes. Seule la Convention sur les armes chimiques prévoit la destruction des arsenaux en tant que mesure de protection des personnes et de l’environnement, a-t-elle fait remarquer. La représentante a également souligné la nécessité d’intensifier la promotion du multilatéralisme: « Seules des solutions négociées et des accords élaborés collectivement permettront à la communauté internationale de faire progresser les causes du désarmement de la paix », a jugé la représentante cubaine.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a affirmé que son pays était convaincu que la cyberstabilité internationale et la prévention des conflits étaient conformes au droit international. Dès 2013, le Groupe d’experts gouvernementaux alors mandaté avait conclu que les normes et mesures de prévention des conflits en vigueur respectaient la Charte des Nations Unies, et que, à cette aune, les activités de sécurisation du cyberespace étaient elles aussi légales, a rappelé M. Wood. Les États-Unis, a-t-il ajouté, sont attachés aux principes de nécessité, de proportionnalité et de distinction, qui encadrent les normes américaines de protection des infrastructures vitales et les activités des équipes d’intervention en cas d’incident informatique. Le représentant a souhaité la poursuite des discussions sur la question à l’ordre du jour, sur la base des rapports du Groupe d’experts gouvernementaux.
M. ALFREDO FERNANDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a souligné la position du Groupe d’experts gouvernementaux en ce qui concerne l’application du droit international régissant le cyberespace, notant que le Groupe mettait l’accent sur l’importance de quelques principes comme l’égalité souveraine et l’abstention de l’usage de la force dans les relations internationales. Tout en saluant ce rapport, il a estimé qu’il ne mettait pas un point final au débat sur la question de savoir s’il fallait interdire les armes et leur utilisation ou la menace de leur utilisation dans le cyberespace, ou si on devait simplement les contrôler. Le Groupe d’experts doit donc encore résoudre des difficultés techniques, a-t-il prévenu. Étant donné les risques que représente une cyberattaque massive sur les infrastructures d’un État, le représentant s’est inquiété de la direction que prendra le débat sur cette question, soit l’interdiction soit la militarisation du cyberespace. Si le Groupe d’experts est bien placé pour aborder ces questions techniques par nature, le sujet mérite un débat plus large, a-t-il dit.
M. ALLAN PHUA (Singapour) a indiqué que les essais nucléaires récents et la menace d’un quatrième test nucléaire dans la péninsule coréenne était une source d’inquiétude. Il a relevé que tant que certains pays auront des armes nucléaires et d’autres pas, cette situation continuera de constituer un sujet d’insécurité et de méfiance. Afin de faire avancer le désarmement nucléaire, les États dotés devraient prendre des engagements concrets pour réduire considérablement leur arsenal nucléaire de manière transparente, irréversible et vérifiable, a-t-il indiqué, les invitant par ailleurs à se garder de procéder à des améliorations qualitatives de leurs armes ou procéder à des essais. Le représentant a, par ailleurs, affirmé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) demeurait un outil clef pour faire avancer le désarment nucléaire et la non-prolifération, tout en permettant de renforcer la confiance mutuelle au sein de la communauté internationale. M. Phua a également plaidé pour l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, indiquant que les pays de sa région étaient déterminés à garder l’Asie du Sud-Est dénucléarisée. Il a aussi exprimé le souhait que puisse enfin se tenir la conférence d’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
M. HENK COR VAN DER KWAST (Pays-Bas) a estimé que les usages à mauvais escient du cyberespace étaient de nature à créer des troubles en matière de relations internationales et de conditions sécuritaires. Les Pays-Bas qui ont accueilli, en avril de cette année, la Conférence mondiale sur le cyberspace estiment qu’il est donc essentiel que tous les pays respectent les normes de comportement et la Charte des Nations Unies, a dit le représentant, ajoutant qu’après cette Conférence, les Pays-Bas continuerait de promouvoir une utilisation à bon escient des technologies de l’information et des communications. Les Pays Bas sont de ce fait intéressés à joindre un prochain groupe d’experts intergouvernementaux, si un tel groupe devait être créé, a conclu le représentant.
M. IAN MCCONVILLE (Australie), dont le pays a présidé le précédent Groupe d’experts gouvernementaux de 2012 à 2013, a salué le rapport du groupe actuel, avant de présenter le projet de résolution sur les développements dans le domaine de l’information et des communications dans le contexte de la sécurité internationale. Il a également indiqué que son pays serait candidat pour joindre un prochain groupe d’experts gouvernementaux, si un tel groupe voit le jour.
M. FU CONG (Chine) a déclaré que l’importance du cyberespace n’est jamais exagérée, compte tenu de ses répercussions possibles sur la paix et la sécurité internationales. En ce sens, les Nations Unies ont un rôle à jouer, a-t-il estimé. Le représentant a estimé qu’il fallait rechercher un nouveau paradigme sur le concept de cybersécurité, qui soit inclusif et intègre la nécessité de respecter le droit international existant, tout en excluant l’esprit de la guerre froide. Le représentant a également affirmé que l’Internet appartenait à tout le monde et devrait donc être partagé par tous, ce qui sous-tend à son avis l’établissement d’une gouvernance mondiale de l’Internet. Mon pays et la Fédération de Russie avons élaboré un code international de conduite sur la sécurité de l’information dans le but de servir de base de travail sur de futures négociations internationales à cet effet, a indiqué le représentant.
Mme TAMAR RAHAMIMOFF-HONIG (Israël) a notamment souhaité que les travaux futurs du Groupe d’experts gouvernementaux établissent une distinction claire entre le droit international en vigueur et les normes volontaires non contraignantes des États. Cela permettra de consolider la base des consensus à rechercher sur la question des technologies de l’information et des communications dans le contexte du désarmement international, a-t-elle estimé.
M. SIDDHARTAH NATH (Inde) a rappelé que le rôle de la science et de la technologie dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement était un sujet important au cœur de nombreuses délibérations entre les États Membres des Nations Unies. Nous devons nous accorder sur une approche commune prenant en compte les tendances actuelles et anticipant les directions futures, a-t-il estimé. Il a souhaité que le projet de résolution « Rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement », que présente chaque année son pays à la Première Commission, soit adopté par le consensus le plus large possible.
M. LAURENT MASMEJEAN (Suisse) a estimé qu’une attention accrue devait être accordée à la mise en œuvre des rapports du Groupe d’experts gouvernementaux (GEG) traitant des progrès de la téléinformatique dans le contexte de la sécurité internationale, et en particulier à ses recommandations. En outre, les organisations régionales jouent selon lui un rôle crucial dans la mise en œuvre et la promotion du rapport du GEG, notamment l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui a réalisé des progrès significatifs en matière de mesures de confiance. De surcroît, les connaissances d’acteurs non gouvernementaux doivent être mises à profit, « car l’infrastructure sous-tendant le cyberespace est en grande partie créée ou gérée par le secteur privé, le milieu universitaire ou la société civile ». Enfin, a indiqué le délégué, la Suisse soutient pleinement la proposition d’établir un nouveau GEG, auquel elle souhaiterait prendre part, en raison de son expertise accumulée sur le sujet.
Mme D’AMBROSIO (Italie) a affirmé que les conflits n’avaient pas les mêmes conséquences selon les genres. « Les hommes sont les premières victimes de la violence armée directe, alors que les femmes et les enfants forment plutôt la majorité de ce qui est appelé « les dommages collatéraux et les personnes déplacées », a-t-elle dit. Mme D’Ambrosio a souligné la nécessité d’assurer une pleine participation des femmes aux processus de prise de décision et aux stratégies de prévention des conflits. Les femmes et les filles jouent un rôle clef dans la reconstruction et sont des acteurs essentiels des efforts de réconciliation, a-t-elle indiqué, précisant que son pays était l’un des 40 pays à avoir élaboré un plan national d’action, en application de la résolution 1325 (2000) du Conseil. Enfin, elle s’est félicitée que la Conférence du désarmement ait consacré une session informelle à la question des genres et du désarmement.
M. KHALIL UR RAHMAN HASHMI (Pakistan) a déclaré que les technologies nouvelles dans les domaines de la communication ou des drones exigeaient une réglementation en raison de leurs potentiels, qu’il serait possible d’utiliser à des fins pacifiques ou militaires. Si le Groupe d’experts gouvernementaux était renouvelé l’an prochain, il est à espérer que les questions relatives aux normes de bonne conduite y seraient évoquées dans ce cadre-là, a-t-il dit, affirmant que la Conférence du désarmement devrait aussi se pencher sur la question des drones armés et autres systèmes létaux autonomes. Il faut interdire ces systèmes, et imposer un moratoire aux pays qui les utilisent, a-t-il poursuivi, indiquant que l’utilisation de drones armés était contraire à la Charte des Nations Unies. Il faudrait par ailleurs surveiller le développement de l’intelligence artificielle, qui pourrait conduire à une autre course aux armements, a-t-il indiqué, estimant que la non-réglementation de telles technologies est de nature à menacer la paix et la sécurité internationales.
M. FERNANDO LUQUE MARQUEZ (Équateur) a déploré l’absence de normes régulant l’usage des nouvelles technologies dans le contexte du désarmement et de la sécurité internationale. S’il faut lutter contre la militarisation du cyberspace, a-t-il dit, il convient dans le même temps de préserver les libertés individuelles et la souveraineté des États.
M. ABDULAZIZ A M A ALAJMI (Koweït) a attiré l’attention sur la question de l’intelligence artificielle, dont les applications, qui peuvent être détournées à des fins délétères, notamment pour produire des armes létales, doivent être encadrées juridiquement par la communauté internationale.
M. JULIO HERRAIZ ESPANA (Espagne) a appelé à la coopération internationale et notamment à l’échange d’informations entre États dans le but de réduire les risques liés aux cyberattaques. L’Espagne dispose déjà d’une stratégie nationale à cet égard et un de ses experts a fait partie du Groupe d’experts gouvernementaux, a indiqué le représentant. Rappelant les recommandations issues du rapport final de ce Groupe, le représentant a appelé à la création d’un nouveau groupe d’experts gouvernementaux chargé de mettre l’accent sur le droit à la vie privée, à la sécurité et sur l’accès à l’Internet comme un atout de développement.
Mme DELFINA JANE ALOYSIUS DRIS (Malaisie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a présenté le projet de résolution intitulé « Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est (Traité de Bangkok) » (A/C.1/70/L.58) qui réitère l’engagement de l’ASEAN à résoudre toutes les questions relatives aux objectifs et principes de ce Traité. Elle a également présenté le projet de résolution intitulé « Suite donnée à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires » (A/C.1/70/L.51), qui est à ce jour parrainé par 54 délégations. Ce texte, dans ses paragraphes 1 et 2, reflète des décisions importantes de la Cour, a-t-elle dit.