À la Première Commission, les délégations réclament toujours la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient
La Première Commission, chargée du désarmement et de la sécurité internationale, a tenu cet après-midi son débat thématique sur le désarmement régional, au cours duquel l’accent a été mis sur les mesures de sécurité régionale adoptées ou attendues par les délégations.
Un certain nombre de délégations, intervenant sur la question de la sécurité au Moyen-Orient, ont exprimé leur déception quant au fait que l’objectif d’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient n’ait toujours pas été réalisé, malgré le vaste soutien de la communauté internationale et les dispositions de la résolution de 1995 en ce sens. Cette situation, accompagnée du refus d’Israël d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et de soumettre ses installations au régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), menace la paix et la sécurité régionales, ont affirmé la plupart de ces délégations, notamment celles du Mouvement des pays non alignés et du Groupe des États arabes. Pour ce dernier, l’établissement de cette zone reste une priorité, a déclaré l’Égypte, s’exprimant en leur nom, avant de présenter un projet de résolution sur les dangers d’une prolifération nucléaire dans la région du Moyen-Orient.
La République islamique d’Iran, pour qui cette zone est également une priorité, a précisé que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, nécessitait de vives pressions sur Israël. Pour sa part, le représentant des États-Unis a estimé que seul un dialogue direct entre les États de cette région permettrait d’aboutir à un tel objectif.
Par ailleurs, l’Algérie a présenté un projet de résolution sur le renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région méditerranéenne dont l’objectif est de faire de cette région un espace de dialogue, d’échanges et de coopération garantissant la paix, la stabilité et la prospérité. La délégation de Malte a salué ce texte, qui s’imposait, à son avis, en raison de la dégradation de la situation sécuritaire en Libye, en Syrie, mais aussi en raison de la menace posée par les migrations irrégulières et le trafic d’êtres humains en Méditerranée.
Le représentant de la Fédération de Russie s’est, pour sa part, demandé s’il était possible de créer une zone de sécurité régionale dans un monde où le bloc militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), dirigé par un pays qui a utilisé des armes nucléaires en 1945, menace directement son pays. La Lettonie a, quant à elle, invité les États à respecter les règles en vigueur concernant les activités maritimes et aériennes civiles, appelant tous les États à en tenir compte dans le cadre de leurs activités militaires.
En début de séance, la Première Commission a entendu les présentations des rapports d’activités des différents centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement. Les directeurs des Centres régionaux pour la paix et le désarmement en Afrique, en Asie et dans le Pacifique et en Amérique latine et dans les Caraïbes ont présenté les activités menées par leurs centres dans leurs régions respectives.
Les délégations des États directement concernés, notamment ceux de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), du Myanmar et du Togo ont présenté en détails les activités de coopération avec différents centres. Le Nigéria, au nom du Groupe des États d’Afrique, a salué les contributions de ces centres, avant d’appeler la communauté internationale à leur accorder les ressources financières nécessaires à leur bon fonctionnement.
La Première Commission poursuivra ce débat demain à 15 heures, avant d’entamer celui sur les autres mesures de désarmement et de sécurité internationale.
Groupe de questions relatives au désarmement régional et à la sécurité
M. XIAOYU WANG, Chef du Service du désarmement régional, a souligné que les centres régionaux, à la demande des États, prenaient des mesures en fonction des caractéristiques spécifiques de chaque région, avec l’ambition de renforcer la sécurité des États et de contribuer à la paix et à la sécurité internationales. Il a rappelé que le fonctionnement des centres régionaux était financé par les contributions volontaires des États, et ajouté qu’au cours des trois dernières années les programmes des centres régionaux s’axaient autour de trois domaines prioritaires: le renforcement des capacités juridiques et techniques nécessaires à la mise en œuvre des principaux accords et traités; la promotion du dialogue et des mesures de confiance par le biais de cycles d’ateliers et de conférences sur les armes de destruction massive et les armes classiques et la sensibilisation aux objectifs des traités multilatéraux. M. Wang a noté que l’an dernier les centres régionaux avaient mené 90 activités financées par des contributions extrabudgétaires et qu’il s’était efforcé de renforcer ses liens avec les organes pertinents des Nations Unies, y compris les organisations régionales et sous-régionales, avec la société civile et d’autres parties prenantes au désarmement et à la sécurité internationales.
Mme OLATOKUNBO IGE, Directrice du Centre régional pour la paix et le désarmement en Afrique, a indiqué que le Centre avait continué d’accorder la priorité à la prévention du trafic illicite des armes légères et de petit calibre, notamment par l’élaboration d’un manuel de formation aux enjeux des programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion. Nous avons également contribué à la rédaction d’un guide destiné aux États d’Afrique centrale pour les aider à adapter leurs législations nationales sur les petites armes aux instruments internationaux, dont la Convention de Kinshasa, a-t-elle indiqué. Mme Ige a aussi précisé que le Centre aidait les gouvernements, dont ceux du Mali, du Nigéria et du Togo, à élaborer et mettre en œuvre des plans d’action sur les armes légères et de petit calibre et s’efforçait de renforcer les capacités des organisations de la société civile spécialisées dans le contrôle des armes. Mme Ige a en outre affirmé que le Centre réalisait une étude dans neuf pays dans le cadre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui vise à fournir des données actualisées sur le problème que posent les armes légères dans cette région fragilisée par les agissements d’organisations terroristes.
M. YURI KRYVONOS, Directeur par intérim du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique, a indiqué que son centre a mené à bien sept projets, essentiellement tourné vers le renforcement des capacités et de l’assistance technique pour la mise en œuvre des instruments internationaux relatifs aux questions de désarmement et à la non-prolifération, la promotion du dialogue et de la confiance à travers des conférences et des activités de plaidoyer et de programmes d’éducation. Ces activités ont bénéficié à près de 400 personnes, a-t-il précisé. Parmi ces activités, il y a eu des programmes de formation pour la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes et du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, a-t-il précisé, ainsi que deux conférences annuelles sur la promotion du dialogue et de la confiance entre États Membres, l’une consacrée à la question des armes létales autonomes, l’autre aux armes nucléaires, leurs conséquences humanitaires et à l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires et à l’interdiction des essais nucléaires.
Mme MELANIE REGIMBAL, Directrice du Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et les Caraïbes, a affirmé que son centre avait aidé plusieurs États Membres dans la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes, du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur les armes chimiques et de la résolution 65/69 de l’Assemblée générale sur les femmes, le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes.
Le centre a également répondu à l’appel de huit États afin de les aider à mieux lutter contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, leur fournissant des formations, du matériel et des équipements, a-t-elle dit. Elle a donné comme exemple le cas du Pérou, où le centre s’est engagé dans l’application du Programme de désarmement national, qui a permis la destruction de plus de deux mille armes. Le Salvador et le Pérou ont également reçu une aide en matière de gestion des stocks d’armes légères et de petit calibre et de munitions, a-t-elle précisé. Enfin, le centre a coopéré avec l’Organisation maritime internationale pour la formation d’un certain nombre de fonctionnaires nationaux en gestion de risques dans leurs domaines maritimes respectifs, a conclu la Directrice.
Débat thématique sur le désarmement régional
M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie), au nom du Mouvement des non-alignés, a déploré l’absence de progrès dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, estimant que le retard pris à ce niveau sapait la crédibilité et l’efficacité du régime établi par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il a exhorté Israël, seul pays de la région à ne pas encore l’avoir fait, à adhérer sans délai au Traité, à renoncer à la possession et au développement d’armes nucléaires et à placer ses installations sous le régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Le Mouvement des non-alignés invite instamment tous les États dotés de l’arme nucléaire de ratifier les traités et protocoles établissant des zones dénucléarisées et à respecter rigoureusement le statut de ces régions, a indiqué M. Isnomo. Enfin, le représentant a présenté deux projets de résolution du Mouvement, l’un portant sur la mise en œuvre de la Déclaration faisant de l’océan indien une zone de paix, l’autre sur les centres régionaux pour la paix et le désarmement, « outils permettant d’accroître la stabilité et la sécurité des États Membres.
Mme MARIA CLAUDIA GARCIA MOYANO (Uruguay), au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), a expliqué que tous les États d’Amérique du Sud ayant adhéré aux principaux traités de désarmement, le continent était devenu une zone « de facto » exempte d’armes de destruction massive. Après avoir plaidé pour l’établissement d’un instrument juridiquement contraignant sur les assurances de sécurité négative, elle a évoqué les plans biennaux d’action en matière de coopération militaire et maintien de la paix mis en œuvre par les pays de l’UNASUR. L’application de ces plans d’action est coordonnée par le Centre d’études stratégiques de défense, une institution qui produits des études et sensibilise les populations de nos nations aux enjeux du désarmement et de la sécurité régionale et internationale, a précisé la délégué. Elle a expliqué que le registre de défense du Centre compilait les précieuses informations fournies par les membres de l’Union et coordonnait l’élaboration de mesures de coopération et de confiance. Concernant les activités du Centre régional pour la paix et le désarmement de l’ONU, elle a notamment souligné qu’elles impliquaient la société civile et que les programmes du Centre devaient être conduits en tenant compte des priorités exprimées par les États. Cette année, l’accent a été mis sur l’assistance technique et juridique à la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes, a-t-elle dit.
M. TAREK MAHFOUZ (Égypte), au nom du Groupe des États arabes, a présenté son projet de résolution sur les dangers d’une prolifération nucléaire dans la région du Moyen-Orient, affirmant que la demande d’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient correspondait à celles semblables ailleurs dans le monde. Il a regretté que les précédentes décisions sur cette question n’aient toujours pas abouti à un résultat, malgré l’approche prônée par les non-alignés à la dernière conférence d’examen du TNP de mai 2015. Le Groupe arabe continue néanmoins de poursuivre cet objectif, a dit le représentant, déplorant le refus d’Israël de rejoindre le TNP et de soumettre ses installations au régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Cette attitude est un danger pour la paix dans la région et une atteinte au régime du TNP, a-t-il affirmé.
M. GEORGE TALBOT (Guyana), au nom des 14 États membre de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a affirmé que les États de la région avaient adopté une approche multidimensionnelle en matière de sécurité, compte tenu de leur fragilité. Ils ont privilégié la coopération, notamment en matière de lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, a-t-il poursuivi, précisant que ce type d’armes étaient utilisées dans 75% des cas d’homicide dans cette région. C’est ainsi, a-t-il précisé, que la CARICOM coopère activement avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et le Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes (UNLIREC) qui est engagé dans la gestion des risques liés aux armes légères et de petit calibre. La CARICOM se prépare en outre à mettre en œuvre le Traité sur le commerce des armes et, avec le concours du Mécanisme de financement des Nations Unies pour la coopération en matière de réglementation des armements, les États de la région travaillent sur l’élaboration d’une loi modèle permettant l’harmonisation des différentes législations nationales dans la région. La CARICOM met aussi en œuvre la résolution 1540 du Conseil de sécurité et son Plan d’action, toujours avec le concours de l’UNLIREC, a indiqué le représentant.
M. ABIODUN RICHARDS ADEJOLA (Nigéria), au nom du Groupe des États d’Afrique, a salué les contributions du Centre régional pour la paix et le désarmement en Afrique au renforcement des capacités des États pour mieux lutter pour la prévention des armes légères et de petit calibre et mettre en œuvre les instruments pertinents, dont notamment le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. « À l’approche du trente-huitième anniversaire du Centre, il est impératif que les États Membres lui accordent les ressources financières nécessaires à son bon fonctionnement », a dit le délégué.
M. ABDELKARIM AIT ABDESLAM (Algérie) a réaffirmé l’attachement de son pays à la pleine mise en œuvre de la résolution adoptée par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 1995 sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a salué le rôle des centres régionaux pour la paix et le désarmement des Nations Unies, en particulier les activités du centre africain qui couvrent de nombreux domaines d’action. Le représentant a en outre souligné les nombreuses mesures prises par son pays pour renforcer la coopération antiterroriste dans la sous-région sahélienne, notamment les efforts de médiation de son pays qui ont abouti le 15 mai 2015, à la conclusion de l’accord de paix global pour la paix et la réconciliation national entre le Gouvernement du Mali et les autres parties maliennes. Il a également affirmé que l’Algérie ne ménageait aucun effort pour aider à la reconstruction de la Libye. Enfin, il a présenté un projet de résolution relatif au renforcement de la sécurité et de la coopération en Méditerranée, dont l’objectif demeure, a-t-il indiqué, de faire de cette région un espace de dialogue, d’échanges et de coopération garantissant la paix, la stabilité et la prospérité.
M. YASAR AMMAR (Pakistan) a estimé que les accords régionaux de désarmement et de contrôle des armes devaient se concentrer sur les capacités militaires les plus déstabilisantes et sources de déséquilibres, dans les domaines conventionnels et non conventionnels. Il a ainsi jugé essentiel de parvenir à un équilibre des forces conventionnelles et des stocks d’armes par le biais d’initiatives régionales de coopération. À cet égard, il a souligné l’efficacité avérée des mesures de confiance, qui, à son avis, ont l’avantage de tenir compte des spécificités locales et régionales en matière de sécurité et de développement. En conclusion, le représentant a indiqué que, cette année encore, sa délégation présenterait trois projets de résolution, sur le désarmement régional, les mesures de confiance dans le contexte du désarmement régional et le contrôle régional des armes classiques.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a souligné que les initiatives en faveur de la non-prolifération et du désarmement au niveau régional et mondial se renforçaient mutuellement. Il a indiqué que son pays poursuivait ses échanges avec les États de l’Association des pays de l’Asie de Sud-Est (ASEAN) pour résoudre les problèmes qui subsistaient et signer et ratifier au plus vite le Traité de Bangkok instaurant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est. « Nous saluons les efforts régionaux des États pour montrer leur engagement envers les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, notamment via l’instauration de zones exemptes d’armes nucléaires en Amérique Latine et dans les Caraïbes, en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Asie centrale et dans le Pacifique Sud », a-t-il ajouté, précisant que ces zones « facilitaient la coopération régionale pour l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, consolident la sécurité et la paix régionale, renforcent le régime international de non-prolifération nucléaire et contribuent à l’objectif de désarmement ».
Rappelant l’accord passé avec la République islamique d’Iran en juillet, il a indiqué que son pays se concentrait aussi sur les efforts de la communauté internationale pour faire face à la menace que fait peser le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée.
Le représentant a, par ailleurs, vivement critiqué la Fédération de Russie, l’accusant de « violations délibérées et répétées de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, qui ont minées l’architecture sécuritaire de l’Europe ». « Nous appelons la Russie à cesser ses activités déstabilisatrices en Ukraine », a-t-il lancé, tout en se disant « engagé dans l’intensification des efforts visant au contrôle des armes » dans cette région d’Europe.
En conclusion, il s’est dit « déçu » que la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire de 2015 n’ait pu déboucher sur l’adoption d’un Plan d’action « en raison des différences de vue sur les moyens d’arriver à la création d’une une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient ». « Il n’y pas de substitut au dialogue direct entre les États de cette région », a-t-il insisté, avant de préciser que son pays était « prêt à poursuivre la coopération avec les diplomates de cette région du monde qui ont une vision, de la créativité et une vraie détermination ».
M. MOHAMED AL YAMMAHI (Émirats arabes unis) s’est déclaré préoccupé par le manque de progrès en matière de désarmement nucléaire dans la région du Moyen-Orient, qui s’est traduit notamment par l’échec de la conférence d’examen du TNP de 2015. Pour autant, il faut continuer de travailler sur cet objectif, a-t-il déclaré, avant d’appeler Israël à adhérer au TNP. Le représentant a également invité la République islamique d’Iran à profiter de la conclusion de l’accord sur son programme nucléaire pour rassurer la communauté internationale sur le caractère pacifique dudit accord.
Mme NATASHA MELI DAUDREY (Malte) a salué le projet de résolution de l’Algérie portant sur le « Renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région méditerranéenne ». Il s’est par ailleurs déclaré très préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire » en Libye et a déploré « l’incapacité des factions libyennes à s’entendre sur l’Accord politique proposé par le Représentant spécial du Secrétaire général ». « Le désarmement et la réconciliation nationale sont des conditions préalables pour un succès », a-t-il indiqué.
Le représentant a par ailleurs évoqué la situation en République arabe syrienne, réitérant son soutien aux efforts de médiation du Représentant spécial du Secrétaire général, Staffan de Mistura. Il a également souligné les menaces posées par l’État islamique et les combattants étrangers qui rejoignent ses rangs, reconnaissant « l’urgence et la nécessité politique de contrer cette avance » et « le rôle central des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme ».
Abordant enfin « la menace posée par les migrations irrégulières et le trafic d’êtres humains en Méditerranée », il a appelé à la constitution d’une « coalition internationale contre le trafic d’êtres humains, mandatée par les Nations Unies pour intervenir et entraver les opérations des trafiquants de personnes qui tirent profit de cette situation ». « Il est aussi impératif de reconnaître l’importance d’aborder cette question migratoire dans une perspective globale, pour offrir une protection aux personnes vulnérables qui sont dans le besoin et s’attaquer aux migrants illégaux qui ne remplissent pas ces critères », a-t-il indiquer, avant de préciser ce que son pays considérait comme des priorités: la lutte contre les trafiquants, le renforcement de la présence européenne en mer Méditerranée, l’intensification des rapatriements des illégaux et le renforcement de la coopération avec les pays d’origine de ces migrants illégaux, en particulier en Afrique.
M. JĀNIS MAŽEIKS (Lettonie) a invité les États à respecter les règles en vigueur concernant les activités maritimes et aériennes civiles, notamment la Convention de Chicago. Les États doivent en tenir compte dans le cadre de leurs activités militaires, a-t-il affirmé, indiquant que son pays était favorable à un débat international pour discuter de la question afin de lever toute ambiguïté la concernant.
M. VINICIO MATI (Italie) a réaffirmé l’attachement de son pays à l’action multilatérale de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et relevé l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires, estimant qu’il s’agissait d’instruments de non-prolifération et de désarmement nucléaire. En tant que pays faisant partie de l’espace méditerranéen à proximité du Moyen-Orient, l’Italie est particulièrement sensible à tout développement dans la région, notamment en matière de désarmement et de non-prolifération, a expliqué M. Mati. Le représentant a par ailleurs réaffirmé son plein appui au processus visant la pleine mise en œuvre de la résolution adoptée lors de la Conférence d’examen du TNP de 1995 sur le Moyen-Orient, regrettant qu’en dépit des efforts du Facilitateur, l’Ambassadeur Laajava de Finlande, et du Secrétaire général de l’ONU, la conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes nucléaires n’ait toujours pas pu avoir lieu. À ce sujet, il s’est dit confiant que l’adoption de l’Accord sur le nucléaire iranien le 14 juillet dernier, qui est conforme aux principes du TNP, contribuerait à créer un environnement plus propice à la convocation d’une telle conférence. En conclusion, il a estimé que l’opération de destruction des armes chimiques syriennes était la plus importante opération multilatérale de désarmement entreprise depuis 10 ans et a précisé que l’Italie y participait activement.
M. REZA POURMAND TEHRANI (République islamique d’Iran) a estimé que le seul obstacle réel à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient était le comportement « irresponsable » du « régime israélien ». Il a ajouté que le refus d’Israël de renoncer à ses armes nucléaires et d’accéder au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) avaient accru le risque de prolifération des armes de destruction massive dans la région, et empêché l’adhésion de certains pays à des instruments interdisant la production ou la détention d’armes de ce type. Pour établir une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, la communauté internationale n’a d’autre choix que d’exercer les pressions les plus vives pour qu’Israël adhère sans délais au TNP, a affirmé le représentant.
Mme DEL SOL (Cuba) a souligné la nécessité de prendre en compte les spécificités de chaque région en matière de désarmement régional: « En l’espèce, il ne saurait y avoir de solution unique imposée », a-t-elle affirmé, jugeant que les solutions internationales et régionales se complètent mutuellement. La représentante a ajouté que l’élaboration des mesures de confiance doit bénéficier de la contribution de toutes les parties concernées par ces véritables « accords régionaux ». Cuba soutient la création de zones exemptes d’armes nucléaires, qui reposent notamment sur des mécanismes de coopération interétatique de première importance, a encore indiqué la déléguée. Enfin, elle a appelé à la tenue d’une conférence établissant une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient, contribution potentielle à la paix et à la sécurité internationales que le Secrétaire général de l’ONU lui-même appelle de ses vœux, a-t-elle conclu.
Mme CATHERINE BOURA (Grèce) a déploré l’absence de progrès lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015, au cours de laquelle les États parties n’ont pu s’entendre sur l’adoption par consensus d’un Plan d’action. Elle a regretté qu’« une feuille de route concrète pour l’organisation d’une conférence internationale sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient » n’ait pu être déterminée, rappelant que les zones exemptes d’armes nucléaires « créent de la confiance entre États et promeuvent la paix, la stabilité et la sécurité ». Elle a également appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
La représentante s’est par ailleurs félicitée de l’adoption par consensus, en début d’année, de la Déclaration de Vienne sur la sécurité nucléaire et de l’organisation de conférences diplomatiques sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires.
En conclusion, elle a rappelé combien il était « crucial » que tous les États « remplissent de manière résolue et urgente leurs obligations de désarmement » et réaffirmé le rôle central de l’AIEA pour encadrer l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, en particulier via le renforcement des conditions de sécurité.
M. MAZAMESSO KADJENDA (Togo) a rappelé que son pays abritait le siège du Centre des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC). Grâce au Centre, des réformes et des programmes de renforcement des capacités institutionnelles ont été élaborés, et des campagnes de sensibilisation, de collecte et de marquage des armes légères et de petit calibre ont été menées. Ces dernières années, le Centre s’est surtout focalisé sur la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité, en organisant des ateliers sous-régionaux à Lomé, et a ainsi concouru à la promotion de la paix et à la stabilité du continent. Cependant, les potentialités de cette institution ne sont pas utilisées comme il conviendrait, a-t-il estimé. Le Centre régional n’a pu mener ses actions qu’à minima, en raison du manque de ressources dû au fait que les États ne versent pas leurs contributions. Le délégué a espéré que l’institution deviendra un outil catalyseur en Afrique pour les politiques régionales de prévention des conflits, ainsi qu’un centre de formation et de renforcement des capacités des États pour toutes les thématiques liées au désarmement et à la sécurité en Afrique. Le Togo réaffirme son engagement à doter le Centre de nouvelles infrastructures et les négociations sont déjà entamées avec le Secrétariat des Nations Unies sur les modalités pratiques, a assuré M. Kadjenda.
L’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, le 24 décembre 2014, marque une étape importante dans le processus de contrôle de la circulation des armes, munitions et autres équipements militaires, a souligné le représentant. Il a estimé que la communauté internationale ne pourra tirer un plein intérêt de cet instrument que s’il s’universalise et bénéficie d’une mise en œuvre intégrale. À cet égard, le délégué a souhaité que les trois Centres régionaux des Nations Unies pour le désarmement et la paix assistent de façon soutenue les États dans la réalisation de ces objectifs. Il a conclu en expliquant que, suite à la ratification du Traité le 8 octobre dernier, le Togo envisage de revoir sa législation nationale rapidement, ainsi que le Code pénal et le Code de procédure pénale, afin de les inscrire dans le cadre défini par le Traité.
M. SARMAD MUWAFAQ MOHAMMED AL-TAIE (Iraq) a déploré qu’en dépit du soutien dont bénéficie l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, cet objectif n’a pas été réalisé. Cela risque de déstabiliser la région et nuire à l’universalité du TNP et du système de non-prolifération, a-t-il estimé, affirmant que, dans ces conditions, les coauteurs de ladite résolution devaient prendre leurs responsabilités et déployer toute leur volonté politique pour créer cette zone.
M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a déclaré que la fin de la guerre froide a pu faire croire à la disparition des désaccords politiques majeurs. Les « partenaires occidentaux » de la Fédération de Russie ont cependant vite changé cette donne, avec l’apparition d’armes nucléaires en Europe, et la déstabilisation de la Libye et de l’Iraq, avant de juger « étrange » que les États-Unis parlent de déstabilisation de l’Ukraine. Est-ce possible de créer une sécurité régionale dans un monde où on augmente la portée des missiles et où le bloc militaire de l’OTAN, administré par un pays qui a utilisé des armes nucléaires en 1945, menace la Fédération de Russie?, s’est interrogé le représentant russe.
M. HELDER LUCAS (Angola) a présenté, au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, un projet de résolution sur les mesures de confiance régionales et les activités du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale. Ce texte appelle de nouveau à des efforts globaux pour combattre le terrorisme et les agissements des groupes illégaux armés, ainsi qu’à prévenir plus activement la prolifération des armes légères et de petit calibre et les autres activités criminelles qui affectent notre région, a-t-il indiqué. M. Lucas a précisé que la version 2015 du texte mettait l’accent sur l’importance de fournir une assistance aux États de la région afin de leur permettre de mieux répondre aux problèmes posés par les réfugiés et les personnes déplacées sur leur territoire.
M. MAMOUDOU MANA (Cameroun) a rappelé que certains pays d’Afrique centrale, notamment le Nigéria, le Cameroun, le Tchad et le Niger, sont depuis plus de deux ans la cible des attaques de Boko Haram, ce qui a incité l’Afrique centrale à entreprendre l’élaboration d’une Stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes. Le Gouvernement camerounais a également adopté des mesures au niveau national dans ce domaine, mais cette lutte ne peut être menée qu’avec le concours de l’ensemble de la communauté internationale, a souligné le représentant. Il a également remercié tous les pays amis ainsi que les agences des Nations Unies sur le terrain qui ont contribué à la lutte contre Boko Haram, à l’encadrement des réfugiés et des personnes déplacées, à la lutte contre la radicalisation et à la réduction de l’impact socioéconomique de l’afflux de réfugiés sur les populations locales.
M. MAHFOUZ (Égypte) a réaffirmé la validité de la résolution de 1995 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Se référant au document de travail pertinent du Groupe arabe, soutenu par le Mouvement des non-alignés, il a appelé Israël à adhérer sans délais au TNP et il a prié le Secrétaire général de convoquer une conférence pour lancer l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant portant création de ladite zone.
Mme LYASHUK (Bélarus) a affirmé que son pays a été le premier de l’ère post-soviétique à débarrasser son territoire des armes nucléaires et à adhérer au TNP. Le Bélarus a également été le premier pays à adhérer au Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe et a normalisé ses rapports avec ses voisins letton et lituanien, ainsi qu’à élaborer un plan d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur les armes chimiques dans sa région. Mon pays est en outre en voie d’élaborer un programme d’enregistrement des armes légères et de petit calibre, a indiqué la représentante, entre autres mesures citées.
M. TIGRA SAMVELIAN (Arménie) a notamment affirmé que l’Azerbaïdjan ignorait complètement les dispositions de l’accord de cessez-le-feu de 1994, en fournissant en armes les positions de l’Armée de défense du Nagorno-Karabakh. Il s’est dit profondément préoccupé par l’utilisation récente et délibérée, par les militaires azerbaidjanais, d’armes lourdes contre des villages frontaliers et a exhorté l’Azerbaïdjan à respecter l’accord de cessez-le-feu et tous les accords afférents.
Droits de réponse
Le représentant de la Géorgie a déploré la tentative de la Fédération de Russie de tourner en ridicule l’invasion de la Géorgie, ce qui équivaut à nier cette grave agression et les nettoyages ethniques qui ont suivi. La Fédération de Russie occupe un cinquième du territoire géorgien et empêche les populations victimes de nettoyage ethnique de rentrer chez elle, a-t-il dit.
Le représentant des États-Unis a déclaré que c’était la Fédération de Russie qui empiétait sur les frontières d’autres pays, « pas l’OTAN ».
Le représentant de la Fédération de Russie a demandé s’il était encore possible de croire en la véracité des propos prononcés par la délégation de la Géorgie. Il s’est également demandé pourquoi les États-Unis évoquaient publiquement ici ce qui faisait l’objet de discussions bilatérales.
Le représentant de l’Ukraine s’est ému de ce que la Première Commission soit le théâtre de plaisanteries au sujet de l’agression meurtrière menée par la Fédération de Russie contre ce pays.
Le représentant de la Fédération de Russie a affirmé qu’il n’y avait jamais eu d’agression de la Russie, contre l’Ukraine, « qui est un peuple frère ».
Le représentant de l’Ukraine a répondu que les positions de son pays sur la question étaient bien connues: « l’agression russe est bien réelle et se poursuit », a-t-il dit.