Première Commission: les délégations déplorent le manque de volonté des États au sein des mécanismes de désarmement des Nations Unies
Les représentants des mécanismes de désarmement prennent également la parole
La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entamé aujourd’hui son débat thématique sur les mécanismes de désarmement, après avoir entendu les dernières interventions des délégations dans le cadre du débat sur les armes classiques.
Au cours du débat sur les mécanismes de désarmement, la plupart des délégations ont observé avec regret l’impasse dans laquelle se trouvent ces mécanismes des Nations Unies, en particulier la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement, deux organes qui n’ont adopté aucun document depuis près de 20 ans pour la première, et plus de 15 ans pour la seconde. De nombreuses délégations, notamment celles du Groupe arabe, par le truchement de l’Égypte et de la République islamique d’Iran, ont affirmé que cette situation de blocage n’était pas imputable aux mécanismes eux-mêmes, mais au manque de volonté des États, en particulier la politique de sélectivité et du « deux poids deux mesures » que ces États pratiquent.
Pour sa part, la délégation de Cuba a précisé que cette politique sélective s’est encore manifestée à la dernière Conférence d’examen du Traité sur la Non-prolifération (TNP). De son côté, le représentant de l’Algérie a jugé que la Conférence du désarmement était parfaitement capable de débattre simultanément de toutes les questions qui lui sont présentées et de trouver des compromis décisifs.
Certaines délégations ont plaidé pour une sortie de crise par un regain de volonté politique et par le renforcement du multilatéralisme. L’Indonésie, au nom du Mouvement des non-alignés, a annoncé qu’elle présenterait cette année un projet de résolution sur la promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la prolifération, et un autre sur le Groupe de travail à composition non limitée, appelant à l’adoption de ces textes sans mise aux voix. L’Uruguay, au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) a également soutenu cette approche multilatérale, ajoutant que c’est dans ce cadre que pourraient être négociés une convention interdisant les armes nucléaires, ainsi qu’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles et un instrument de prévention de la militarisation de l’espace. Pour sa part, l’Afrique du Sud, qui assumera la présidence de la Conférence du désarmement en janvier prochain, a estimé que si cet organe ne réussit toujours pas à faire son travail, il faudrait songer à suspendre ses travaux dans l’attente de la conclusion d’un accord.
La Suisse, qui accueille la Conférence du désarmement, a également déploré l’incapacité des États Membres à surmonter les clivages de longue date à l’origine des paralysies de la Conférence du désarmement et de la Commission du désarmement. Elle a proposé que cette dernière n’examine qu’un seul point de l’ordre du jour à chaque session et estimé que la revitalisation du mécanisme de désarmement nécessitait un réexamen de toutes les options proposées par les États Membres.
L’Union européenne a quant à elle proposé que les projets de résolution présentés devant la Première Commission soient moins répétitifs, qu’ils abordent des questions plus pertinentes et que la Conférence du désarmement entame des négociations pour le traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles. Pour la Chine, sortir la Conférence du désarmement de son inertie actuelle implique l’actualisation des points à son ordre du jour et l’élargissement du nombre de ses membres afin d’en restaurer la légitimité et l’autorité. Pour le Pakistan, la revitalisation « à tout prix » de la Conférence du désarmement ne doit pas passer par un affaiblissement de son mandat et de ses moyens d’agir. Ce n’est pas en changeant les méthodes de travail ou en touchant à son mandat que cet instrument redeviendra ce qu’il était, a déclaré sa représentante.
De nombreuses délégations ont également estimé qu’en l’absence d’un compromis sur une revitalisation des mécanismes de désarmement, la tenue d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement s’imposait. Pour la France, transposer les sujets de la Conférence du désarmement à l’Assemblée générale de l’ONU serait hasardeux et contreproductif. Le contournement des instances de désarmement n’est pas une solution, car il ne permettra pas de lever les oppositions, pas plus qu’il ne transcendera les clivages politiques, a prévenu la représentante de ce pays, appelant au contraire à travailler sur des mesures progressives, pragmatiques et réalistes.
La Première Commission a par ailleurs entendu les représentants des mécanismes de désarmement, dont Mme Higgie Dell, Représentante permanente de la Nouvelle-Zélande à la Conférence du désarmement et Présidente de la Conférence du désarmement. Celle-ci a indiqué que toutes les tentatives de faire adopter un programme de travail et un règlement intérieur, ou même d’élargir la Conférence du désarmement à d’autres membres ou même d’accroître la participation de la société civile se sont heurtées à un blocage, en raison de la règle de consensus qui prévaut au sein de la Conférence du désarmement. En l’état actuel, les délégations ne sont pas disposées à faire adopter quelque document que ce soit, a-t-elle souligné. Pour sa part, le Directeur de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) M. Jarvo Sareva, a attiré l’attention sur la situation financière difficile de son institut. Ces trois dernières années, moins de 20 États ont fait des contributions volontaires à l’UNIDIR. En 2015, ceux-ci ont versé 475 000 dollars à son Institut, alors que les coûts de fonctionnement dépassent le million de dollars, a-t-il précisé. M. Fodé Seck, Président de la Commission du désarmement des Nations Unies, a quant à lui déclaré qu’en dépit des résolutions de l’Assemblée générale lui demandant d’intensifier ses négociations en vue de parvenir à un ordre du jour, la Commission était restée enlisée, cette année encore, dans ses divisions. À son tour, le Président du Conseil consultatif pour les questions de désarmement, M. Istvan Gyarmati, a rappelé que le Conseil avait formulé en 2015 des recommandations aux États Membres sur la maîtrise des armements dans le cadre des opérations de maintien de la paix et de la formation sur la préparation des missions de l’ONU.
La Première Commission poursuivra, demain, à 15 heures, son débat thématique sur les mécanismes de désarmement.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR
Groupe de questions relatives aux armes classiques (suite)
Déclarations
M. AWALE ALI KULLANE (Somalie) a déclaré que les pays en développement sont les destinations préférées des marchands d’armes qui ne se soucient pas des conséquences socioéconomiques de ces armes, de la violence qu’elles engendrent ni des activités terroristes qu’elles nourrissent. Pour la Somalie, prévenir ces conséquences doit être la priorité de la communauté internationale, a dit le représentant, avant de présenter les mesures prises par son pays pour limiter le commerce illicite des armes. Ainsi, la Somalie appuie la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et de son instrument de traçage, et a adhéré au Traité sur le commerce des armes et à la Convention sur les armes à sous munitions. La Somalie appuie également la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité et estime que sa pleine mise en œuvre doit intégrer une approche de genre. La participation des hommes et femmes à tous les niveaux du processus prise de décisions doit être encouragée, a dit le représentant.
Mme MARITZA CHAN (Costa Rica) a souligné la nécessité de renforcer les synergies entre le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Cela implique l’adoption de mesures juridiquement contraignantes sur le marquage et le traçage des armes, a estimé la représentante. Elle a également déclaré appuyer les résolutions présentées par l’Autriche et la Croatie en ce qui concerne les conséquences humanitaires des armes à sous munitions. Le Costa Rica condamne en outre l’usage des drones armés. À son avis, il faudrait en réglementer l’utilisation afin de s’assurer qu’une distinction est faite entre les combattants et les civils. À cet égard, la délégation s’est déclarée favorable à la création d’un groupe de travail qui se pencherait sur le sujet, a conclu la représentante.
Mme CHARLENE ROOPNARINE (Trinité–et-Tobago) a invité les États Parties au Traité sur le commerce des armes, y compris les pays producteurs et exportateurs, à honorer leurs obligations juridiques en vertu du Traité. Elle a également encouragé tous ceux qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité et réaffirmé l’attachement de son pays à la pleine mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Elle a souhaité que la sixième Réunion biennale des États parties au Programme d’action, portant création d’un mécanisme de renforcement de l’assistance et de la coopération internationales, qui favoriserait aussi l’échange de bonnes pratiques.
Mme MARÍA SOLEDAD URRUELA ARENALES (Guatemala) a estimé que le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects se renforçaient mutuellement. Ils sont liés entre eux et il est essentiel d’intensifier les synergies pour améliorer la réalisation de leurs objectifs, a-t-elle dit. La représentante a notamment estimé capital de réaffirmer le lien entre désarmement et développement ainsi que les conséquences humanitaires de la présence excessive d’armes légères et de petit calibre.
M. E. E. IMOHE (Nigéria) a salué l’entrée en vigueur « historique » du Traité sur le commerce des armes, qui marque une étape importante dans les efforts collectifs visant à mettre fin au commerce non réglementé des armes légères et de petit calibre, a dit le représentant, indiquant aussi que son pays avait ratifié ce Traité dans l’espoir que sa mise en œuvre efficace et sans discrimination contribuerait à lutter contre le commerce illicite de ces armes. C’est pour cela que le Nigéria a déjà pris des mesures au niveau national pour s’assurer que ses lois sont conformes à ce Traité, a-t-il précisé. Le représentant a, par ailleurs, présenté avec le Mexique un projet de résolution sur le Traité sur le commerce des armes, qui vise à prévenir et à éradiquer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.
M. BRIGADIER THEREGO SERETSE (Botswana) a souligné la nécessité de renforcer la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects pour préserver l’intégrité des processus. Il a estimé que la coopération et l’assistance aux efforts nationaux étaient indispensables pour que la mise en œuvre du Programme d’action porte ses fruits, notant que l’application de la résolution 2220 du Conseil de sécurité, qui appréhende ces questions, pourrait contribuer au succès du Programme d’action. La communauté internationale doit travailler activement avec les organisations régionales et sous-régionales à la réalisation des objectifs de prévention de la circulation illicite et massive des armes légères et de petit calibre, a-t-il indiqué.
Mme BENEDICTE FRANKINET (Belgique) a présenté le projet de résolution sur la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, élaboré avec le Chili et le Mozambique. Elle a expliqué que ce texte appelait de nouveau à l’universalisation de la Convention, forte actuellement de 162 États Parties, et à la mise en œuvre du Plan d’action de Maputo.
Débat thématique sur les Mécanismes de désarmement
Mme DELL HIGGIE, Représentante permanente de la Nouvelle-Zélande à la Conférence du désarmement et Présidente de la Conférence du désarmement, présentant le rapport des activités de cette année, a déclaré qu’un nombre record de déclarations a été atteint cette année au sein de la Conférence du désarmement. Si la plupart des délégations s’inquiètent des blocages de la Conférence du désarmement depuis 20 ans, « certaines voient le verre à moitié vide, d’autres le voient à moitié plein, tandis que d’autres voient le peu de liquide dans le verre », a dit la Présidente. Elle a indiqué que toutes les tentatives de faire adopter un programme de travail et un règlement intérieur ont échoué, en raison notamment de la règle de consensus pour l’adoption de tout document à la Conférence du désarmement. En l’état actuel, les délégations ne sont pas disposées à faire adopter quelque document que ce soit, a-t-elle ajouté.
Mme Higgie a, par ailleurs, affirmé qu’il y a eu des débats sur l’élargissement de la Conférence du désarmement et la participation de la société civile. Sur ces deux points également, les délégations n’ont pu s’entendre, a-t-elle dit. Alors que la Nouvelle-Zélande quittera la présidence du Conférence du désarmement pour laisser la place au Nigéria, Mme Higgie a souhaité bonne chance à son successeur et l’a assuré de la disponibilité de sa délégation à collaborer avec lui.
M. FODE SECK, Président de la Commission du désarmement des Nations Unies, a noté qu’en dépit des résolutions de l’Assemblée générale lui demandant d’intensifier ses négociations en vue de parvenir à un ordre du jour, la Commission est restée enlisée, cette année encore, dans ses divisions. Les présidents des groupes de travail doivent maintenir leurs discussions sur un ordre du jour pendant les périodes intersessions, a-t-il affirmé. M. Seck a noté que si « à l’intensification de nos efforts pouvait s’ajouter une réelle volonté politique, nous pourrions véritablement relever les défis auxquels nous nous heurtons à la Commission et fournir des recommandations concrètes, conformément au souhait des États Membres et du Secrétaire général de l’ONU ». Enfin, M. Seck a demandé aux délégations d’adopter le rapport de la commission dont ils sont saisis.
M. ISTVAN GYARMATI, Président du Conseil consultatif pour les questions de désarmement, a notamment rappelé que le Conseil avait formulé, en 2015, des recommandations aux États Membres sur la maîtrise des armements dans les opérations de maintien de la paix et la formation sur la préparation des missions de l’ONU. Il a ajouté que les réflexions du Conseil se concentraient de plus en plus sur les acteurs non étatiques et le désarmement, et qu’il prônait, à l’instar de la société civile, une approche inclusive à leur égard. La dimension humanitaire du désarmement nucléaire nécessiterait une étude approfondie, qui viendrait compléter et renforcer les études destinées à sensibiliser à la nécessité d’une entrée en vigueur sans délais du Traité d’interdiction des essais nucléaires, a estimé M. Gyarmati.
M. JARVO SAREVA, Directeur de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), a rappelé une nouvelle fois la situation financière difficile de l’UNIDIR. Depuis des années, cette agence connaît des difficultés financières en raison de la baisse de financements du budget ordinaire des Nations Unies et des contributions volontaires des États, a-t-il indiqué. Il y a 25 ans, les subventions du budget ordinaire de l’ONU étaient de 220 000 dollars par an, contre un peu moins de 290 000 dollars aujourd’hui, a-t-il dit, ajoutant que les États sont au courant de cette situation depuis longtemps.
Pour réduire les coûts, de nombreux services ont été délocalisés et le niveau de rémunération du Directeur adjoint de l’Institut réduit, a-t-il indiqué. L’UNIDIR a également réduit le nombre de ses produits disponibles en publiant moins d’ouvrages et en misant davantage sur les produits interactifs. Ces trois dernières années, moins de 20 États ont fait des contributions volontaires à l’UNIDIR. En 2015, ils ont versé 475 000 dollars, alors que les coûts totaux dépassent le million de dollars, a précisé M. Sareva, avant de remercier les délégations de ces États pour leur soutien.
M. AGUSTINUS ANINDITYO ADI PRIMASTO (Indonésie), au nom du Mouvement des non-alignés, a annoncé que celui-ci présenterait cette année un projet de résolution sur la promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la prolifération, et un autre sur le Groupe de travail à composition non limitée. Nous souhaitons que ces projets de résolution soient adoptés sans être mis aux voix, a-t-il dit. Le représentant, constatant ensuite que la volonté politique des pays était le moyen le plus sûr de sortir le mécanisme de désarmement de l’ONU de l’impasse, a exhorté les États Membres à travailler ensemble, à coopérer davantage et à honorer leurs engagements en faveur de la paix et de la sécurité internationales.
Mme MARÍA CLAUDIA GARCÍA MOYANO (Uruguay), au nom de l’UNASUR, a rappelé que les traités élaborés dans le cadre du mécanisme de désarmement des Nations Unies avaient posé les jalons du multilatéralisme en faveur de la paix et de la sécurité internationales. Elle a également appelé la communauté internationale à sortir la Conférence du désarmement de la paralysie, en faisant preuve de la volonté politique nécessaire. C’est dans ce cadre que pourrait être négociée une convention interdisant les armes nucléaires, projet soutenu par une majorité de pays et une très large part de l’opinion publique, a-t-elle assuré. C’est également à la Conférence du désarmement que doivent être négociés un traité sur les matières fissiles et un instrument de prévention de la militarisation de l’espace, a-t-elle poursuivi. Concernant la Commission du désarmement, organe spécialisé et délibérant de l’ONU, elle a exhorté les délégations à faire tout leur possible pour que la session 2016 donne « enfin » lieu à des recommandations concrètes. En conclusion, elle a souligné l’importance du maintien du fonctionnement et de l’indépendance de l’UNIDIR.
M. TAREK MAHFOUZ (Égypte), au nom du Groupe arabe, a estimé que les mécanismes de désarmement des Nations Unies ne pouvaient être amendés en dehors d’une décision expresse des États Membres. Dans ce contexte, les membres du Groupe arabe appellent à la tenue d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement. Pour ceux-ci, le blocage de la Conférence du désarmement n’est pas imputable à la Conférence elle-même, mais au manque de volonté politique des États. De l’avis du Groupe arabe, les quatre questions dont doit s’occuper la Conférence du désarmement, à savoir la définition d’instruments juridiquement contraignants sur les matières fissiles, les garanties de sécurité négative, l’espace extra-atmosphérique et l’interdiction des armes nucléaires, sont non seulement des priorités, mais également liées les unes aux autres. C’est pour cette raison que le Groupe arabe appelle les États à progresser sans délais sur ces questions, a conclu le représentant.
M. ANDRAS KOS, Union européenne, a estimé que la Première Commission de l’Assemblée générale devrait être réformée pour accroître son efficacité. Cela lui permettrait, à son avis, d’examiner des projets de résolution plus pertinents, moins répétitifs, qui lui seraient présentés moins fréquemment et de manière équilibrée afin d’alléger son ordre du jour. Le représentant a par ailleurs affirmé que la priorité de l’Union européenne à la Commission du désarmement était l’interdiction de la production des matières fissiles et a demandé à cet effet aux États d’avancer sur cette question. Les États qui possèdent des armes nucléaires et qui ne l’ont pas encore fait devraient adopter un moratoire sur la production de matières fissiles, a poursuivi le représentant, se prononçant en outre en faveur de l’élargissement de l’ordre du jour de la Commission du désarmement, afin qu’elle puisse discuter des nouvelles questions de sécurité et de désarmement international. S’agissant de l’UNIDIR, le représentant de l’UE a demandé aux délégations de lui apporter tout le soutien financier nécessaire.
M. ABDELKARIM AIT ABDESLAM (Algérie) a appelé les États Membres à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour revitaliser les travaux de la Conférence du désarmement. Son mode opératoire n’est pas en cause, a-t-il assuré, ajoutant que les États pourraient sortir la Conférence de l’impasse s’ils parvenaient à se mettre d’accord sur la question du désarmement nucléaire global. Il a indiqué que la Conférence du désarmement avait les moyens de trouver des compromis décisifs, comme l’a montré l’adoption en mai 2009 de sa décision 1864, sous la présidence algérienne. Le représentant a par ailleurs appuyé la tenue de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement, afin d’examiner de manière approfondie toutes les questions de désarmement et de réaffirmer la vocation du mécanisme de désarmement onusien.
Mme TEHMINA JANJUA (Pakistan) a estimé que pour réaliser des progrès par les différentes composantes du mécanisme onusien de désarmement, il était indispensable de tenir rigoureusement compte des priorités sécuritaires de tous les pays. La poursuite de politiques de coopération nucléaire discriminatoires par de grandes puissances a suscité des doutes et des déséquilibres, a-t-elle relevé. Ces politiques, à son avis, ont sapé les normes internationales de non-prolifération et accentué l’asymétrie des stocks de matières fissiles en Asie du Sud. La représentante a également préconisé de ne pas affaiblir la Conférence du désarmement en lui retirant certaines de ses prérogatives au motif qu’il faudrait la revitaliser « à tout prix ». Ce n’est pas en changeant les méthodes de travail de la Conférence ou en touchant à son mandat que cet instrument redeviendra ce qu’il était, a-t-elle lancé, le Pakistan appelant à la recherche de consensus véritablement équilibrés.
M. VAANCHIG PUREVDORJ (Mongolie) a indiqué que sa délégation présenterait un projet de résolution sur la notion de neutralité permanente, « non pas lors de la présente session mais en mai prochain devant la plénière de l’Assemblée générale ».
Mme ALICE GUITTON (France) a estimé que la règle du consensus constitue la garantie d’une participation efficace et du respect des intérêts légitimes des États et donc de sécurité non diminuée pour tous. Loin d’être un obstacle, elle est l’assurance que les accords seront appliqués par tous, a-t-elle dit. La France, qui comme les autres, regrettent les blocages à la Conférence du désarmement, souligne toutefois le caractère substantiel des discussions qui se sont tenues en 2014 et 2015, notamment sur le traité d’interdiction de production des matières fissiles, qui ont permis de transcender les clivages et d’aborder les questions concrètes, s’est félicitée Mme Guitton, appelant au lancement des négociations sur ce Traité.
La représentante de la France a également remarqué que la Commission du désarmement n’a produit aucune délibération depuis 1999. Pour autant, à son avis, transposer les sujets de la Conférence du désarmement à l’Assemblée générale de l’ONU serait hasardeux et contreproductif. Le contournement des instances n’est pas une solution, car il ne dissiperait pas les oppositions, pas plus qu’il ne transcenderait les clivages politiques, a prévenu la représentante, appelant au contraire à travailler sur des mesures progressives, pragmatiques et réalistes.
Mme CHANTELLE NAIDOO (Afrique du Sud) a déploré l’attitude d’un petit groupe d’États qui refusent de s’acquitter de leurs responsabilités en matière de désarmement international et qui, au final, bloquent les travaux de la Conférence du désarmement. Il semble que certains cherchent davantage une illusion de progrès qu’un progrès réel, a dit la représentante, expliquant pourquoi sa délégation n’a pas participé aux négociations pour l’élaboration d’un projet de programme de travail à la Conférence du désarmement, compte tenu du caractère répétitif et stérile de ce processus depuis près de 20 ans.
En 2011, l’Afrique du Sud avait proposé avec la Nouvelle-Zélande et la Suisse un projet de résolution adopté par consensus sur la revitalisation des mécanismes multilatéraux de désarmement. Alors que l’Afrique du Sud prendra la présidence de la Conférence du désarmement en janvier prochain, elle estime que des initiatives nouvelles sont possibles et elle reste dans ce contexte disposée à étudier toute autre proposition. Cependant, si la Conférence du désarmement continue de ne pas parvenir à faire son travail, il faudra sans doute songer à suspendre ses travaux en attendant qu’un accord soit trouvé, a estimé la représentante.
M. SIDDHARTHA NATH (Inde) a salué les travaux du Groupe de travail sur le programme de travail de la Conférence du désarmement ainsi que le rapport publié sous la présidence finlandaise. Il a en revanche déploré que son pays ait été « exclu » des travaux sur des mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales du Groupe d’experts gouvernementaux constitué par le Secrétaire général de l’ONU. Il a souhaité que la composition de futurs groupes d’experts soit plus équilibrée et représentative, afin de permettre à tous les États Membres d’apporter des contributions à la revitalisation du mécanisme de désarmement onusien.
M. BENNO LAGGNER (Suisse) a déploré l’incapacité des États Membres à surmonter les clivages de longue date à l’origine des paralysies de la Conférence du désarmement et de la Commission du désarmement. Sur cette dernière, il a proposé que chaque session n’examine qu’un seul point de l’ordre du jour à la fois et estimé que la revitalisation du mécanisme de désarmement nécessitait que toutes les options proposées par les États membres soient revues. Le représentant a par ailleurs jugé nécessaire de procéder à l’évaluation approfondie des méthodes de travail de la Conférence du désarmement et de ses interactions avec la société civile. Concernant l’UNIDIR, il a exhorté les pays à assurer son fonctionnement grâce à un système de financement durable destiné à pérenniser ses activités. Il a également demandé aux délégations de soutenir le projet de résolution de la France sur l’UNIDIR.
M. JI HAO JUN (Chine) a notamment estimé que, pour sortir de l’inertie, le mécanisme de désarmement onusien devait actualiser les points de son ordre du jour international. Le développement rapide des sciences et des technologies militaires a un effet profond sur les équilibres stratégiques ainsi que sur les processus de contrôle des armes, a-t-il dit. Le représentant a également souligné la nécessité d’élargir la représentation au sein de la Conférence du désarmement afin d’en restaurer la légitimité et l’autorité.
M. ALI RABATJAZI (République islamique d’Iran) a déclaré que le multilatéralisme était la seule voie pour examiner les questions de désarmement international. La Conférence du désarmement et la Commission du désarmement doivent rester les seuls organes pertinents en la matière, a-t-il dit. Mais le vrai problème des mécanismes de désarmement des Nations Unies est le manque de volonté des États, en plus de leur sélectivité et de leur politique de deux poids deux mesures. Loin d’accuser ces organes, il faudrait se tourner vers ces États qui pensent que ces organes ne devraient se pencher que sur une seule question, a-t-il estimé.
Mme RAMOS (Cuba) a affirmé que le vrai problème des mécanismes de désarmement des Nations Unies était le manque de volonté des États, comme l’atteste la dernière conférence d’examen du TNP. Du point de vue de Cuba, la Conférence du désarmement est parfaitement capable de débattre simultanément de toutes les questions qui lui sont présentées, a-t-elle estimé, ajoutant que les blocages à la Conférence du désarmement ne doivent pas servir de prétexte pour négocier des questions de désarmement de manière non inclusive, hors de son enceinte. Cuba appelle à la tenue d’une Quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement, a conclu la représentante.
M. ALEXANDER KMENTT (Autriche) a appelé les délégations à soutenir le projet de résolution de son pays et du Mexique préconisant la création d’un groupe à composition non limitée pour relancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire. Il a par ailleurs rappelé l’attachement de son pays aux travaux de l’UNIDIR, qui, pendant des décennies, a fourni aux États Membres de précieuses contributions dans les domaines du désarmement, du contrôle des armes et de la non-prolifération. Il est vital que la Première Commission agisse pour que soit mis en place un système de financement durable des activités de l’UNIDIR, a-t-il déclaré.
M. JULIO HERRAIZ (Espagne) a déclaré que, compte tenu des progrès accomplis, la Conférence du désarmement est prête à adopter un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles. Par conséquent, les délégations devraient s’y atteler en entamant des négociations sur le sujet, a-t-il dit. S’agissant des méthodes de travail de la Conférence du désarmement, l’Espagne estime que ces débats devraient être rationnalisés afin d’aborder des questions plus concrètes, mais aussi que la règle du consensus devait être préservée, le nombre des membres de la Conférence du désarmement accru et la société civile pleinement intégrée aux débats, a indiqué le représentant.