Soixante-dixième session,
15e séance – matin
AG/DSI/3532

Les délégations divisées sur les mesures de prévention de la militarisation de l’espace extra-atmospherique

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a tenu ce matin son débat thématique sur l’espace extra-atmosphérique, après avoir entendu les toutes dernières délégations intervenir sur la question des armes de destruction massive.

Si toutes les délégations se sont accordées sur l’importance du maintien du caractère pacifique de l’espace extra-atmosphérique, deux blocs se sont en revanche clairement constitués s’agissant des mesures à prendre pour éviter la militarisation de l’espace extra-atmosphérique. 

D’un côté, les États membres du Groupe des États arabes, de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) et du Mouvement des pays non alignés, menés par la Fédération de Russie, ont estimé que toutes les activités dans l’espace extra-atmosphérique devraient être règlementées par les Nations Unies afin d’en garantir l’universalité, le caractère pacifique et pour l’intérêt des nations.  La principale question est de savoir s’il y a des pays qui ont l’intention de déployer des armes dans l’espace, s’est interrogé le représentant de la Fédération de Russie, affirmant qu’un État au moins y serait favorable, un tel déploiement correspondant à sa doctrine de domination.  Pour sa part, la représentante du Pakistan a déploré qu’en dépit du risque croissant de militarisation de l’espace, certains États continuent de s’opposer au lancement de négociations sur cette question dans le cadre de la Conférence du désarmement.  Cela prouve leur volonté de protéger leur monopole technologique et de maintenir leur concept militaire de « domination dans l’ensemble du spectre », a-t-elle affirmé.   

Dans ces conditions, les délégations de ce groupe d’États, qui comprenait la Chine, le Venezuela, le Myanmar, Cuba, l’Algérie et le Bangladesh, entre autres,  ont souligné qu’il était impératif et pressant d’adopter des mesures juridiquement contraignantes et internationalement négociées, et dans cette optique, ont toutes apporté leur soutien au projet de texte proposé par la Fédération de Russie et la Chine devant la Conférence du désarmement et visant à prévenir une course aux armements dans l’espace.   

Pour leur part, les membres du bloc opposé, mené par des pays membres de l’Union européenne et les États-Unis, ont rappelé que les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux mis en place à la Conférence du désarmement soulignaient la nécessité de règlementer les activités dans l’espace extra-atmosphérique par des mesures de confiance et de transparence volontaires.  Dans ce contexte, il faut privilégier des réponses rapides et pragmatiques reposant sur des mécanismes souples de coordination, a affirmé la représentante de la France, précisant que l’adoption du projet d’élaboration d’un code de conduite sur les activités extra-atmosphériques constituerait un premier pas encourageant.

De son côté, le représentant des États-Unis a jugé que le texte présenté par la Fédération de Russie et la Chine ne constituait pas une bonne base de travail, dans la mesure où il ne prenait pas en compte les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux, ne définissait pas ce qu’est une arme dans l’espace et ignorait l’existence d’armes antisatellites déployées au sol.      

D’autres délégations ont exprimé leurs propres préoccupations s’agissant de l’espace extra-atmosphérique.  Pour l’Australie, par exemple, la communauté internationale devrait accorder la priorité à la question des risques que présente la multiplication des débris spatiaux, d’autant que, de l’avis des experts, l’espace est proche de la saturation en déchets spatiaux.  La délégation du Japon a fait remarquer à ce sujet que, les armes antimissiles étant de nature à créer des débris spatiaux, il faudrait tout simplement interdire la destruction d’objets spatiaux par les armes.  La République islamique d’Iran, sans être nécessairement favorable à l’élaboration d’un code de conduite proposé par l’Union européenne, a estimé qu’un tel document, s’il devait voir le jour, devait être inclusif, équilibré et fondé sur des négociations menées dans le cadre des Nations Unies. Pour le représentant de l’Italie, le code de conduite devrait avoir un champ d’application élargi et tenir compte des activités pacifiques dans l’espace. 

La Première Commission reprendra ses travaux le lundi 26 octobre, à 10 heures, pour entamer son débat thématique sur les armes classiques.  

DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Questions relatives aux autres armes de destruction massive (suite)

Déclarations

M. TOSHIO SANO (Japon) a condamné l’utilisation des armes chimiques pendant le conflit syrien, quelle qu’en soit la partie.  Il s’est dit convaincu qu’il était essentiel d’identifier et de traduire en justice les auteurs d’attaques chimiques en Syrie, le Japon se tenant prêt à coopérer pleinement avec le Mécanisme conjoint ONU-Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  En outre, le représentant a salué le rôle de la Convention sur les armes chimiques au cours des 40 dernières années, et a appelé à son universalisation. 

M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a souhaité que la prochaine conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques soit l’occasion de renforcer le régime juridique de cette dernière.  Il a indiqué que la Russie proposerait à la conférence de renouveler le mandat du Groupe d’experts à composition non limitée créé par la Convention.  En ne mobilisant que des ressources nationales, la Convention ne peut pas fonctionner pleinement, a-t-il souligné.  Il a par ailleurs salué l’efficacité de la Convention sur les armes chimiques, dont les efforts dans un contexte particulièrement difficile ont conduit au démantèlement du programme d’armes chimiques de la Syrie. 

M. ASAAD IBRAHIM (République arabe syrienne) a déclaré que son pays, depuis le début de la crise, a régulièrement mis en garde la communauté internationale contre les risques d’utilisation d’armes chimiques par des groupes terroristes, d’autant que ces armes leur sont fournies par les États qui les appuient.  Mais en dépit de ces alertes, rien n’a été fait pour les empêcher de les utiliser contre des civils, a-t-il affirmé.  La Syrie pour sa part s’est toujours conformée à ses obligations vis-à-vis de l’OIAC, notamment en détruisant près de 90% de ses stocks d’armes chimiques, a affirmé le représentant.  Mon pays souhaiterait même renforcer cette coopération, mais cela ne sera pas possible tant qu’Israël reste le seul État de la région à ne pas adhérer et ratifier la Convention sur les armes chimiques et refuse toujours de travailler avec l’OIAC, a prévenu le représentant.  

Le représentant s’est ensuite demandé quelle était la vraie définition d’une arme de destruction massive, quand on sait que les États-Unis utilisent toutes sortes d’armes dans le monde, notamment en Iraq ou en Afghanistan.  Il est essentiel de ne pas politiser ce sujet, a poursuivi le représentant, précisant qu’il fallait faire preuve de prudence lorsque des rapports biaisés et rédigés avec des méthodes et des témoins douteux sont présentés aux Nations Unies.

M. REZA POURMAND-TEHRANI (République islamique d’Iran) a affirmé que toutes les armes chimiques doivent être détruites.  C’est l’un des principaux objectifs de l’OIAC, a-t-il dit, se félicitant au passage de la destruction des arsenaux chimiques syriens.  Le représentant s’est cependant dit très préoccupé par les éléments d’enquête attestant de l’utilisation d’armes chimiques par des groupes terroristes en Syrie et a appelé le prochain mécanisme d’enquête à faire toute la lumière sur ces allégations.  S’agissant des armes biologiques, le représentant, a plaidé pour un renforcement du régime de vérification de la convention sur les armes biologiques, y compris par l’adoption d’un protocole additionnel contraignant qui tienne cependant compte du droit légitime des États à utiliser la technologie biologique à des fins pacifiques.

Questions relatives à l’espace extra-atmosphérique (aspects du désarmement)

Déclarations

M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie), au nom du Mouvement des non-alignés, a indiqué qu’un code de conduite encadrant les activités spatiales devrait être conforme au mandat de tous les organes pertinents des Nations Unies et élaboré à l’occasion d’un processus de négociation inclusif, transparent et fondé sur la recherche du consensus.  Le représentant a également estimé très important que toute initiative concernant la question des missiles prenne en compte les besoins sécuritaires de tous les États Membres ainsi que leur droit inaliénable aux utilisations pacifiques des technologies spatiales.

M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie) a brièvement estimé que seul un instrument juridiquement contraignant pourrait empêcher la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.  Ce document devra être négocié dans le cadre de la Conférence du désarmement revitalisée, a-t-il indiqué.

M. RODRIGUEZ VIVAS (Uruguay), au nom de l’UNASUR, a notamment souligné que la coopération internationale était essentielle pour assurer les transferts de technologies spatiales et permettre ainsi à tous les États d’exercer pleinement leur droit aux usages pacifiques des technologies spatiales les plus récentes.  Concernant les négociations sur un instrument juridiquement contraignant contre le déploiement d’armes dans l’espace, il a estimé que le projet de traité sino-russe sur la prévention du placement d’armes dans l’espace, présenté en 2008 à la Conférence du désarmement, demeurait la meilleure base de travail à Genève. 

M. TAREK MAHFOUZ (Égypte), au nom du Groupe des États arabes, a déclaré que toutes les activités dans l’espace extra-atmosphérique devraient être règlementées par les Nations Unies, afin d’en garantir l’universalité, le caractère pacifique et pour l’intérêt des nations.  Le Groupe des États arabes demande donc que l’on adopte un traité juridiquement contraignant dans ce sens, qui prévient le déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique.

M. JACEK BYLICA, de l’Union européenne, s’exprimant également au nom d’un autre groupe d’États, a affirmé que l’objectif des États membres du groupe était de préserver le caractère pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  C’est à cette fin que l’Union européenne a proposé un code de conduite non juridiquement contraignant pour les activités dans l’espace extra-atmosphérique, a-t-il indiqué. Si ce code est adopté, il constituerait un premier pas, a dit le représentant, déplorant que les négociations sur cette question n’aient toujours pas abouti.  Le représentant a ensuite estimé que le texte présenté par la Fédération de Russie et le Chine visant à prévenir une course aux armements dans l’espace (PAROS) ne constituait pas une bonne base de travail et ne répondait pas aux défis de la communauté internationale.

M. ROBERT WOOD (États-Unis) a également estimé que le document de travail présenté par la Fédération de Russie et la Chine sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace était biaisé et ne répondait pas aux problèmes actuels de l’espace extra-atmosphérique, notamment la question des débris et des risques de collision entre objets spatiaux.  Cette position ne correspond même pas aux recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux mis en place à la Conférence du désarmement, a remarqué le représentant américain, car elle ne définit pas ce qu’est une arme dans l’espace et ne prend pas en compte l’existence d’armes antisatellites déployées au sol.  Du point de vue de ma délégation, seules des mesures de confiance et de transparence sur une base volontaire seraient efficaces pour répondre à ces défis, a-t-il conclu. 

M. MUSTAPHA ABBANI (Algérie) a estimé que l’espace était un patrimoine humain partagé par tous et qu’il fallait, de ce fait, créer un environnement transparent et de confiance sur cette question importante afin de permettre à tous les pays d’exercer leur droit à l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  Le représentant algérien a par ailleurs estimé que la course aux armements dans l’espace avait des conséquences potentiellement néfastes sur la sécurité mais aussi le développement et réitéré à cet égard la pertinence du document présenté en 2015 par le Mouvement des non-alignés sur la nécessité de prévenir la militarisation de l’espace.  Il a également jugé nécessaire l’élaboration collective au sein de la Conférence du désarmement d’un instrument juridiquement contraignant de prévention de la militarisation de l’espace, l’initiative sino-russe constituant à son avis une base de travail pertinente.  Le représentant a aussi estimé que le projet de code de conduite de l’Union européenne ne devrait pas empêcher la poursuite des efforts d’élaboration dudit instrument juridiquement contraignant. 

Mme TEHMINA JANJUA (Pakistan) a déploré qu’en dépit des dangers croissants de militarisation de l’espace extra-atmosphérique, des pays continuent de s’opposer au lancement de négociations sur cette question à la Conférence du désarmement.  Ce comportement signale la volonté de ces États de protéger leur monopole technologique et le maintien, en l’état, du concept militaire de « domination dans l’ensemble du spectre », a-t-elle estimé.  La représentante a par conséquent exhorté les États qui s’y opposaient à expliquer clairement leur position quant à l’élaboration de mesures juridiquement contraignantes de prévention d’une course aux armements dans l’espace. 

Mme ALICE GUITTON (France) a estimé que la réponse de la communauté internationale aux défis à la sécurité spatiale devait se faire dans le respect de la Charte des Nations Unies et être globale, « couvrant à la fois les aspects civils et militaires ».  Elle a affirmé que la France privilégiait une réponse rapide et pragmatique fondée sur la promotion de pratiques responsables et l’élaboration de mesures volontaires de confiance et de transparence, reposant sur des mécanismes souples de coordination.  La représentante a souligné à cet égard que le projet d’élaboration d’un code de conduite sur les activités extra-atmosphériques répondait à cette double nécessité d’une approche transversale et de mesures axées sur la confiance et la transparence.  À son avis, un instrument juridiquement contraignant reposant sur un mécanisme solide et adapté de vérification devrait pouvoir résoudre la question difficile de la définition d’une arme dans l’espace et se traduire en fin de compte par un gain réel en termes de sécurité.

M. ALFREDO FERNANDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a estimé qu’un conflit armé dans l’espace extra-atmosphérique aurait des conséquences catastrophiques pour l’humanité, ajoutant que le risque a augmenté avec la multiplication de satellites à usage double, pacifique et militaire, mais aussi avec le développement d’armes antisatellites.  C’est pour cette raison que le Venezuela estime que toutes les initiatives visant à accroître la transparence et la confiance entre les États en matière d’activités dans l’espace extra-atmosphérique sont souhaitables.  Aucune de ces mesures ne peut toutefois remplacer l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant sur la prévention de la militarisation de l’espace, a-t-elle indiqué, soutenant par conséquent le projet de texte présenté à la Conférence du désarmement par la Fédération de Russie et la Chine.  

M. DARREN HANSEN (Australie) a déclaré que, pour sa part, la priorité devrait être la prévention de la multiplication et des risques présentés par les débris spatiaux, d’autant que des experts prévoient la saturation prochaine de l’espace en débris spatiaux et que les mesures à prendre pour y faire face pourraient avoir des coûts très élevés.  L’Australie estime donc qu’il faut avancer sur le projet d’une codification, a dit le représentant.  Il a également affirmé que le développement et le déploiement d’armes antisatellites constituaient une menace pressante en matière de sécurité spatiale, du fait qu’elles contribuaient considérablement au risque d’augmentation des débris spatiaux.  Cette question devrait être abordée dans un esprit de coopération, a conclu le représentant.

M. JUN SAITO (Japon) a affirmé  que les armes antisatellites étaient la véritable menace aujourd’hui.  À son avis, il faudrait trouver le moyen d’interdire la destruction des satellites afin de renforcer le caractère pacifique de l’espace extra-atmosphérique et prendre des mesures pour éviter la création de nouveaux débris spatiaux, a-t-il dit.  

M. MATTHIAS HALTER (Suisse) a déclaré que face aux nouveaux défis que présentent les utilisations de l’espace, son pays prônait le renforcement du cadre normatif international afin de préserver la sécurité et la stabilité dans l’espace ainsi que son utilisation sur le long terme.  Pour le représentant, une première étape du processus de régulation du domaine spatial pourrait être l’adoption et la mise en œuvre par les États de mesures de transparence et de confiance sur la base de celles proposées dans le rapport du Groupe d’experts gouvernementaux.  La Conférence du désarmement pourrait, quant à elle, se pencher sur les recommandations qui se rapportent au domaine militaire et encourager leur mise en œuvre par les pays, a-t-il ajouté.  M. Halter a en outre souligné que l’interdiction ne devrait pas s’appliquer seulement à l’utilisation d’armes dans l’espace ou contre un système spatial: « elle devrait également concerner le développement et les essais de telles armes, en particulier les armes antisatellites à même de générer des débris spatiaux, a-t-il précisé.

M. JI HAOJUN (Chine) a souligné que l’espace extra-atmosphérique se détériorait avec la multiplication des déchets orbitaux et des débris spatiaux.  Il a également mis en avant « la tendance grandissante à la militarisation de l’espace » qui a « un impact direct sur la sécurité spatiale et l’architecture stratégique internationale ».  Il a ensuite rappelé le consensus de la communauté internationale sur l’usage pacifique de l’espace et le rejet d’une course à l’armement, consacrés dans la résolution PAROS de 1994.  Il a poursuivi en rappelant les efforts déployés par son pays et la Fédération de Russie depuis 2008 pour développer un projet de traité relatif à la prévention du déploiement d’armes dans l’espace et de la menace ou de l’emploi de la force contre des objets spatiaux (PPWT).  Il a indiqué que ce projet avait été mis à jour en juin dernier, pour tenir compte des recommandations d’autres États Membres, puis transmis à la Conférence du désarmement.  Il a appelé tous les États Membres à lancer des négociations multilatérales pour concrétiser ce projet de traité et « maintenir effectivement la paix et la sécurité dans l’espace ». 

Réaffirmant ensuite son soutien aux mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales, il a rappelé qu’elles pouvaient contribuer à renforcer la confiance mutuelle, mais « pas remplacer la négociation d’un traité contraignant sur le contrôle des armes dans l’espace ».

Concluant sur le Code de conduite de La Haye, le représentant a rappelé que de nombreux États Membres avaient des préoccupations sur le fond comme sur la forme.  Il a appelé les États à l’origine de cette initiative à poursuivre des négociations dans le cadre des Nations Unies et « de manière équitable, transparente et ouverte, afin que le Code de conduite intègre ces préoccupations et qu’il puisse au final, être efficace et largement soutenu ».

M. RODOLFO BENITEZ (Cuba) a déclaré que son pays défendait le droit de tous les États à l’utilisation pacifique de l’espace extraatmosphérique « sur un pied d’égalité et sans discrimination ».  Il a appelé au renforcement du régime juridique pertinent afin de garantir la sécurité et la transparence des activités spatiales à long terme.  Cuba appuie le projet de traité de prévention de la  militarisation spatiale sur la base de l’initiative sino-russe présentée en 2008 à la Conférence du désarmement, a-t-il indiqué.  En outre, Mme Bénitez a estimé qu’un code de conduite ne pourrait pas se substituer à une interdiction du déploiement d’armes dans l’espace, « qui est déjà saturé de satellites espions ».

M. MOHAMMED AL-HUWAILAH (Koweït) a appelé au renforcement du cadre juridique international régissant les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, notant que le préalable était la prévention d’une course aux armements et la création d’un environnement multilatéral fondée sur la transparence et la confiance interétatiques.  Les traités, s’ils sont entrés en vigueur il y a plusieurs décennies, doivent être appliqués et ensuite dotés d’un mécanisme juridique interdisant le déploiement d’armes dans l’espace, a précisé le représentant.

M. VINICIO MATI (Italie) a souligné l’extrême importance de maintenir une utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique et d’empêcher sa militarisation.  Il a estimé que la première étape pour y parvenir était la mise en œuvre des mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales.  Il a rappelé le rapport de 2013 du Groupe d’experts gouvernementaux, dont les conclusions insistaient sur la nécessité pour les États Membres de rester engagés « dans une coopération bénéfique à l’humanité permettant de préserver à long terme la paix et la sécurité dans l’espace ».  Le représentant a ensuite réitéré son soutien à l’initiative européenne de Code de conduite de La Haye, souhaitant qu’il devienne « un instrument pragmatique, basé sur une approche préventive, et destiné à renforcer la coopération internationale dans l’espace extra-atmosphérique ».  « Il doit être large dans son champ d’application et prendre en compte les activités pacifiques dans l’espace », a-t-il indiqué, déplorant à ce propos que des négociations multilatérales n’aient pu être lancées pour en faire un instrument juridique international.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a estimé que l’espace extra-atmosphérique ne devait pas être le prochain théâtre d’une course aux armements, avec le risque d’un conflit.  C’est pour cela, qu’à  son avis, la conclusion d’un instrument international juridiquement contraignant sur la prévention d’une course aux armements serait un élément pour parvenir à cet objectif.  Il est plus facile de prévenir une course aux armements que de chercher à la contrôler une fois qu’elle s’est produite, a affirmé le représentant, indiquant que son pays et l’Équateur présenteraient un projet de résolution demandant à la Conférence du désarmement d’entamer les négociations pour aboutir à un traité sur le déploiement d’armes dans l’espace.

M. FERNANDO LUQUE MÁRQUEZ (Équateur), en tant que coparrain d’une résolution sur la prévention d’armements dans l’espace, s’est aussi prononcé en faveur d’un instrument international juridiquement contraignant dans ce domaine.

M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a déclaré que la question à se poser en premier lieu était de savoir si, oui ou non, des États auraient l’intention de déployer des armes dans l’espace.  Si un État en particulier le fait, on peut le comprendre car cela correspond à sa doctrine de domination des autres nations, a affirmé le représentant.  La position défendue par les États-Unis et les pays du bloc de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) sur les mesures de confiance ou le code de conduite est à ce titre hypocrite, a estimé le représentant, indiquant que les États-Unis avaient violé l’accord de 1972 signé avec la Russie sur la défense antimissiles, qui constituait une base de mesures de confiance.  Il faut aujourd’hui se mettre d’accord sur le non-déploiement d’armements dans l’espace et s’assurer que cela n’arriverait pas, et ensuite il sera possible d’examiner les autres questions, dont celles relatives aux débris spatiaux, a conclu le représentant.  

M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh) a souligné que l’espace extra-atmosphérique était un « héritage commun de l’humanité » et qu’il devait être préservé de toute militarisation.  Il a rappelé que les États ayant des connaissances et capacités spatiales avaient « la responsabilité première » d’assurer un usage exclusivement pacifique de l’espace et de prévenir une course aux armements.  Il a poursuivi en estimant que des mesures supplémentaires devaient être mises en place pour permettre « une vérification effective » de l’absence de course aux armements, soulignant que le régime actuel ne le garantissait pas.  Dans ce contexte, il a appelé la Conférence du désarmement, « seul organe multilatéral du désarmement », à lancer sans délai des négociations sur les questions liées à la prévention d’une course aux armements dans l’espace.  « Le projet de traité, présenté à la Conférence du désarmement en juin 2014, peut être une bonne base de discussions », a-t-il ajouté, en faisant référence au projet de la Fédération de Russie et de la Chine.  En conclusion, il a réaffirmé « l’immense importance » des mesures de transparence et de confiance sur les activités dans l’espace et du Code de conduite de La Haye élaboré par l’Union européenne, estimant toutefois que ces deux instruments ne devaient pas être considérés comme un substitut à un instrument juridique international contraignant sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace (PAROS).

M. TAREK MAHFOUZ (Égypte) a déclaré que son pays et le Sri Lanka présenteraient cette année encore leur projet de résolution traditionnelle sur la prévention de la course aux armements dans l’espace.  Il a ajouté que l’Égypte, jeune nation spatiale et membre du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, exhortait la communauté internationale à assurer la fourniture d’une assistance technique adaptée aux besoins de tous les pays désireux de renforcer leur développement économique et scientifique. 

M. KANG MYONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a déploré le déploiement de systèmes de défense antimissiles couplé à celui d’armes spatiales par les États-Unis, « prétendument pour contrer la menace balistique représentée par un pays en particulier ».  Il a estimé que le projet de traité sur la prévention du placement d’armes dans l’espace, présenté en 2008 à la Conférence du désarmement par la Russie et la Chine, constituait toujours une base pertinente de travail en vue de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant.

M. YE GYAW MRA (Myanmar) a rappelé que l’espace extra-atmosphérique était un héritage commun de l’humanité et qu’à ce titre il devait être exploré et exploité à des fins pacifiques uniquement.  Il a réitéré son soutien aux mesures de transparence et de confiance pour les activités dans l’espace, les qualifiant de « conditions préalables pour prévenir » une militarisation de l’espace.  Il a ensuite insisté sur « la responsabilité première » des États ayant des connaissances et capacités spatiales pour assurer un usage exclusivement pacifique de l’espace et prévenir une course aux armements.  Il a par ailleurs estimé que la Conférence du désarmement devait jouer un rôle de premier plan dans la négociation d’un accord sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace, précisant que cette année encore, son pays serait coauteur des deux résolutions portant sur la « prévention d’une course aux armements dans l’espace » et le « non placement en premier d’armes dans l’espace ».  

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur du Saint-Siège, a estimé qu’en attendant la conclusion d’un instrument juridiquement contraignant pour renforcer le cadre d’utilisation de l’espace à des fins pacifiques, l’adoption rapide d’un code de conduite tel que proposé par l’Union européenne était nécessaire.

M. REZA POURMAND-TEHRANI (République islamique d’Iran) a estimé qu’un code de conduite devait être inclusif et fondé sur des négociations menées au sein des Nations Unies, tenir compte de tous les points de vue et intérêts et parvenir à un équilibre sur les activités de chacun dans l’espace extra-atmosphérique.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la  République de Corée  a déclaré que la République populaire démocratique de Corée devrait d’abord respecter les souhaits de la communauté internationale et cesser ses lancements de missiles balistiques dans l’espace.

En réponse, la délégation de la République populaire démocratique de Corée  a déclaré que l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins pacifiques relevait du droit légitime de tout État.  La République populaire démocratique de Corée est fière de procéder à des lancements de satellites à des fins de développement et continuera à le faire, à sa guise, a assuré le représentant.  

Dans un second droit de réponse, la République de Corée a fait remarquer que les résolutions du Conseil de sécurité interdisaient à la République populaire démocratique de Corée d’utiliser la technologie balistique.  Elle ne peut donc pas l’utiliser, a dit le représentant.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a déclaré que les interventions de son collègue sont irresponsables et, en conséquence, il les rejette. 

 

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