En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
2e séance - matin
AG/DSI/3520

La Première Commission réaffirme la priorité de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires

« L’accord sur le nucléaire iranien indique que des avancées sont possibles », estime le Haut-Représentant par intérim pour les affaires de désarmement

À l’ouverture du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale), le Haut-Représentant par intérim pour les affaires de désarmement, M. Kim Won-soo, a demandé aux États Membres de poursuivre les efforts en cours vers un monde exempt d’armes nucléaires.  M. Kim, qui a souligné la persistance de la menace d’armes nucléaires qui « mettent en péril notre propre existence », a qualifié de « responsabilité collective » la nécessité de parvenir au désarmement nucléaire complet et irréversible.

Les délégations qui ont pris la parole ce matin ont abondé en ce sens, en plaidant notamment pour l’application de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) relatif au désarmement général et complet et pour l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  Plusieurs délégations ont en outre réitéré leur appel en faveur de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

Les dossiers iranien et syrien ont également été évoqués.  « L’accord sur le nucléaire iranien conclu en juillet dernier constitue un signe d’espoir et indique que des avancées sont possibles », a pour sa part estimé M. Kim.  « Cet accord a démontré que des solutions diplomatiques existent « sur des questions hautement techniques et politiquement complexes », a renchéri le représentant de la Suisse, M. Urs Schmid.  De son côté, le représentant de l’Union européenne (UE) a souligné que l’accord était conforme au TNP et que l’Union européenne appuierait toutes les missions de vérification en Iran de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

S’agissant de la crise syrienne, M. Kim Won-soo a affirmé que les États continueraient d’aider le Conseil de sécurité et le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies (OIAC-ONU) à mener à bien leur mission.  Il a en outre rappelé que l’usage des armes chimiques avait des effets effroyables sur les populations, « 250 000 Syriens ont été tués avec des armes classiques ».  « Il n’existe pas de solution militaire en Syrie, seul un règlement politique permettra une sortie de crise », a-t-il indiqué.

S’exprimant au nom des pays nordiques, M. Kai Sauer, le représentant de la Finlande, a exprimé sa profonde préoccupation concernant l’utilisation de chlore en tant qu’arme, « ainsi que les allégations d’utilisation de gaz moutarde en Syrie », soulignant que l’usage d’agents chimiques allait à l’encontre du droit humanitaire et de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Il a invité toutes les parties à la Convention à devenir membres de l’OIAC et souligné que le renforcement de la coopération internationale pour éviter le terrorisme était « un but important ».

L’Indonésie, au nom du Mouvement des pays non alignés (MNA), et Oman, au nom du Groupe des États arabes, ont regretté vivement l’échec de la neuvième Conférence d’examen du TNP, qui prévoyait la convocation d’une conférence pour établir une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Fustigeant le manque de volonté politique « de certains États » d’assumer leurs responsabilités en matière de sécurité internationale, le représentant d’Oman, M. Mohamed Ahmed Al-Shanfari, a estimé que la non-réalisation des zones exemptes prévues par les résolutions de l’Assemblée générale affaiblissait « un peu plus encore le régime du TNP ».  « Israël refuse toujours d’adhérer au TNP, signalant par là-même son refus de se soumettre au régime de contrôle de l’AIEA, ce qui constitue une menace flagrante à la sécurité et la stabilité de la région », a-t-il déclaré.

Pour ce qui est des armes classiques, la représentante du Nigéria, Mme Joy Ogwu, a salué, au nom du Groupe des États d’Afrique, l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes en décembre 2014 et réaffirmé le droit souverain de tout État d’acquérir, de fabriquer, d’exporter, d’importer ou de stocker des armes conventionnelles et leurs composants à des fins de défense.  La représentante s’est en revanche dite préoccupée par le commerce, le transfert, la fabrication ou la possession et l’accumulation illicites d’armes légères et de petit calibre (ALPC) dans de nombreuses régions du monde, « et particulièrement en Afrique ».  Elle a assuré la Commission de la détermination du Groupe des États d’Afrique à appliquer le Programme d’action des Nations Unies sur les ALPC.

Appelant pour sa part à l’universalisation de la Convention sur les armes à sous-munition, le représentant du Mexique, M. Jorge Montaño, a indiqué que son pays portait ses efforts sur l’aide aux victimes « de ces armes qui ont des conséquences effroyables et frappent aveuglément ».  En outre, à son avis, il faudra trouver des synergies entre instruments sur les armes classiques pour accélérer, entre autres, l’opérationnalisation du Traité sur le commerce des armes.

Au nom de la CARICOM, M. Eden Charles, le représentant de Trinité-et-Tobago, a indiqué que le trafic illicite de drogues, d’armes, le blanchiment d’argent ou la cybercriminalité étaient des défis pour les pays de la région.  « Un plan stratégique adopté en 2013 pour la période 2015-2019 vise à renforcer la capacité des pays de la région de faire face à ces dangers », a-t-il affirmé, estimant à 70% le taux des meurtres dus aux ALPC.  Il a ajouté qu’en dépit des différentes initiatives régionales, la CARICOM restait convaincue de l’efficacité d’une coopération internationale plus étendue en matière de commerce des armes.

La Première Commission poursuivra son débat général demain matin à 10 heures. 

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. KIM WON-SOO, Haut-Représentant par intérim pour les affaires de désarmement, a souligné la persistance de la menace des armes nucléaires, qui « planent sur nous et mettent en péril jusqu’à notre propre existence ».  Il a qualifié de « responsabilité collective » la nécessité de parvenir au désarmement nucléaire, ce qui exigera, à son avis, de difficiles compromis.  M. Kim a, par ailleurs, estimé que l’accord sur le nucléaire iranien constituait un signe d’espoir et que des « des avancées étaient possibles » dans ce domaine.  Après avoir appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité d’interdiction des essais nucléaires, il a invité les États Membres à avancer sur la voie de l’élaboration d’un traité sur l’interdiction des matières fissiles à des fins militaires « universel et non discriminatoire ».  S’agissant des menaces émergentes, M. Kim a souligné que les nouvelles technologies offraient des possibilités de développement mais posaient également des risques sérieux en matière de sécurité.  « Ces technologies évoluent plus rapidement que les cadres juridiques et les réglementations: la Première Commission, par le biais de ses résolutions, y compris celles relatives aux agissements d’acteurs non étatiques, doit aider à combler ce fossé », a-t-il poursuivi. 

S’agissant de la crise syrienne, le Haut-Représentant par intérim a assuré que les États continueraient d’aider le Conseil de sécurité et le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’Organisation des Nations Unies (OIAC-ONU) à mener à bien leur mission.  Je suis convaincu que la Syrie et l’ensemble des parties au conflit feront preuve de la même diligence, a-t-il ajouté.  M. Kim a également rappelé que l’usage des armes chimiques avait des effets effroyables sur les populations, 250 000 Syriens ont été tués avec des armes classiques, y compris des armes lourdes.  Il n’existe pas de solution militaire en Syrie, seul un règlement politique permettra une sortie de crise, a-t-il affirmé.  Concernant les armes classiques, M. Kim a exhorté les États parties au Traité sur le commerce des armes, qui est entré en vigueur l’an dernier, à fournir les moyens techniques nécessaires à sa pleine opérationnalisation.  En conclusion, le Haut-Représentant par intérim a rappelé les États à leurs obligations financières, conformément aux traités auxquels ils sont parties.  Les contributions non acquittées, a-t-il dit, pèsent sur l’efficacité et le bon fonctionnement de certaines conventions et sur celui de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le désarmement.  Le succès à long terme des mécanismes de désarmement nécessite un financement durable, a indiqué M. Kim Won-soo.

M. ABDURRAHMAN MOHAMMAD FACHIR, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a réitéré, au nom du Mouvement des pays non alignés, que, pour les membres de son Mouvement, le désarmement nucléaire restait la priorité absolue, les menaces que font peser les armes nucléaires sur l’humanité étant préoccupantes.  De plus, a-t-il dit, la doctrine militaire de pays dotés n’a pas changé, certains envisageant même de moderniser leurs arsenaux ou de développer de nouvelles ogives.  Les pays non alignés soulignent, à ce sujet, la nécessité de mettre en œuvre la résolution 69/85 de l’Assemblée générale sur le suivi de la réunion de haut niveau sur le désarmement nucléaire et se préoccupent de la doctrine de certains États dotés et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui justifie l’utilisation d’armes nucléaires contre des États non dotés.  À son avis, il y a donc urgence de parvenir à la réalisation d’un instrument international juridiquement contraignant garantissant la non-utilisation de ces armes contre les États non dotés, en attendant la destruction totale des armes nucléaires.  Le représentant s’est en revanche félicité de l’accent mis sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, notamment aux Conférences d’Oslo, de Nayarit et de Vienne et a rappelé la nécessité pour tous les États nucléarisés de se conformer au droit international et au droit international humanitaire. 

La non-prolifération des armes nucléaires est une autre des priorités du Mouvement, a poursuivi le Ministre, saluant à ce sujet l’adhésion de l’État de Palestine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et déplorant le manque de consensus à la Conférence d’examen du TNP de 2015, en particulier l’opposition des États-Unis, du Canada et du Royaume-Uni concernant la mise en œuvre d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Cette opposition met en péril la crédibilité du TNP, en plus d’être contraire à la résolution de 1995, a estimé M. Fachir.  Il a en outre réaffirmé la position de son Mouvement selon laquelle la non-prolifération ne devrait pas être un prétexte pour priver les États de leur droit souverain de recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, exprimant son opposition à toute tentative de limiter ou d’interdire l’importation de matériels nucléaires à ces États, en raison notamment de son illégalité au regard des traités internationaux existants.  Il a salué dans ce contexte la signature de l’accord conclu sur le nucléaire iranien en juillet dernier, qui, à son avis, prouve une fois de plus que la diplomatie reste le meilleur moyen de résoudre les différends. 

Le Ministre a, par ailleurs, estimé que le manque de mécanisme de vérification dans l’architecture de la Convention sur les armes chimiques était une lacune qu’il fallait combler, notamment par l’adoption d’un protocole juridiquement contraignant et non discriminatoire à ladite Convention.  Dans ce cadre, a-t-il indiqué, le Mouvement était d’avis que les questions concernant les armes de destruction massive devaient être débattues au sein de l’Assemblée générale.  Il a également invité les États producteurs à s’abstenir de vendre des armes légères à des acteurs non étatiques et à mettre en œuvre le Programme d’action en vue de prévenir, de combattre et d’éliminer le commerce illicite de ce type d’armes sous tous ses aspects.

M. KYAW TIN (Myanmar), au nom de l’Association des nations de l’Asie de Sud-Est (ASEAN), a estimé qu’en dépit des efforts des Nations Unies, le nombre de conflits régionaux, ainsi que d’actes de violence perpétués par des terroristes, ne cessaient d’augmenter.  Le représentant a réitéré que le désarmement nucléaire restait une priorité de la plus haute importance et partageait l’aspiration générale à un monde sans armes nucléaires.  Il a regretté profondément que les espoirs mis dans une élimination complète des armes nucléaires soient dans l’impasse depuis deux décennies et a appelé la Conférence du désarmement à établir le plus rapidement possible un comité ad hoc sur le désarmement nucléaire.  Il a également réaffirmé l’engagement de l’ASEAN envers les principes et objectifs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui reste à son avis pertinent, en dépit de l’échec en 2015 de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Par ailleurs, le représentant a souligné l’importance d’établir une zone exempte d’armes nucléaires, notamment dans le Moyen-Orient, ainsi que la nécessité pour les États dotés de l’arme nucléaire de fournir d’inconditionnelles assurances contre l’utilisation ou la menace de l’utilisation de ces armes.  Le représentant a affirmé que l’ASEAN jouait un rôle primordial dans le maintien de la paix dans la région et souligné l’importance de renforcer la non-prolifération nucléaire afin d’y maintenir la stabilité et la prospérité.  Il a également réitéré l’engagement de l’Association à défendre le Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est et a insisté sur l’importance d’une application entière et effective de ce Traité.  En conclusion, le représentant a affirmé la nécessité de maintenir la paix dans la péninsule coréenne, soulignant le soutien de l’ASEAN aux efforts de dénucléarisation pacifique de la péninsule, y compris l’établissement d’un climat propice aux pourparlers à six parties, ainsi qu’un dialogue continu entre les deux Corée.  Ce dialogue pourrait déboucher, à son avis, sur une complète et réelle dénucléarisation de la péninsule coréenne, ainsi que sur la réunification des Corée.

M. KAI SAUER (Finlande), au nom des pays nordiques, a affirmé que la mission internationale pour détruire les armes chimiques en Syrie, de 2014,  était sans précédent.  C’était la première fois que l’arsenal d’un pays a été supprimé de cette façon et les pays nordiques sont fiers d’y avoir participé, a-t-il déclaré.  Il a exprimé sa profonde préoccupation concernant l’utilisation de chlore en tant qu’arme, ainsi que les allégations d’utilisation de gaz moutarde en Syrie, soulignant que l’utilisation d’agents chimiques allait à l’encontre du droit humanitaire et de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Le délégué a invité toutes les parties à la Convention à devenir membres de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et les États parties qui n’ont pas totalement mis en œuvre la Convention à le faire au plus vite.  Renforcer la coopération internationale pour éviter le terrorisme est un but important, a-t-il souligné.

La Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction est une pierre angulaire du désarmement international et de l’architecture de la non-prolifération, qui concrétise une norme mondiale contre le développement et l’utilisation de telles armes, a-t-il poursuivi.  Le délégué a reconnu que les biotechnologies évoluaient rapidement et que cette ambitieuse initiative nécessitait le renforcement de la Convention sur les armes biologiques.  Dans le processus menant à la huitième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité, il a estimé que les États parties devaient se concentrer sur les domaines où l’unité est possible, de façon pragmatique, y compris le renforcement de la collaboration entre les scientifiques et les communautés de désarmement.

M. MOHAMED AHMED AL-SHANFARI (Oman), au nom du Groupe des États arabes, a réaffirmé l’engagement des pays arabes en faveur d’un monde débarrassé des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive.  « Nous devons mettre en place des mécanismes d’entraide multilatéraux en la matière pour permettre la pleine mise en œuvre des accords conclus en vertu des principes et objectifs de la Charte des Nations Unies », a-t-il ajouté.  La proclamation du 26 septembre comme Journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires est un pas concret vers l’accomplissement de cet objectif, a-t-il également indiqué.  Le représentant a assuré que les États arabes continueraient de contribuer aux efforts de désarmement nucléaire à travers leur participation active dans toutes les instances internationales, déplorant à ce sujet qu’Israël ignore les demandes internationales de mise sous contrôle de ses arsenaux nucléaires.  Les autres États dotés évitent, quant à eux, de mettre en place un échéancier clair de démantèlement de leurs armes nucléaires, a-t-il aussi regretté.  Pour M. Al-Shanfari, seule la réalisation de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires relatif à l’élimination de toutes les armes nucléaires pourrait constituer une garantie irréversible de non-utilisation de ces armes. 

Il a en outre regretté l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, marquée notamment par l’absence d’avancées sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  « Israël refuse toujours d’adhérer au TNP, signalant par là-même son refus de se soumettre au régime de contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique, ce qui constitue une menace flagrante à la sécurité et la stabilité de la région », a estimé le représentant.  Fustigeant le manque de volonté politique de certains États d’assumer leurs responsabilités, il a réaffirmé que la non-réalisation d’autres zones exemptes prévues par plusieurs résolutions de l’Assemblée générale affaiblissait « un peu plus encore le régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ».  C’est la même absence de volonté politique, a-t-il noté, qui continue de paralyser les travaux de la Conférence du désarmement à Genève.  Il a recommandé, à cet égard, que les États se concentrent sur la revitalisation de la Conférence « au lieu de nous éparpiller dans la création d’autres mécanismes ».  Il a conclu en soulignant que, pour les pays arabes, l’espace extra-atmosphérique doit être utilisé « uniquement » à des fins pacifiques.

M. MACHIEL COMBRINK, (Afrique du Sud), au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, a indiqué que, comme dans le passé, il présenterait un projet de résolution durant le débat sur les armes nucléaires.

Alors que des progrès ont été réalisés dans la limitation de la prolifération horizontale des armes nucléaires, la Coalition reste préoccupée par le manque de progrès dans le domaine du désarmement nucléaire.  C’est ainsi, a-t-il poursuivi, que la Coalition déplore profondément l’absence de résultats concrets de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015.  C’est une occasion manquée qui aurait pu contribuer à l’amélioration de l’application complète des engagements et obligations souscrits lors des Conférences des Parties chargées d’examiner le Traité de 1995, 2000 et 2010, a noté le représentant, qui a par ailleurs exprimé sa préoccupation face à l’impact de ces résultats sur la crédibilité du TNP et le régime de désarmement nucléaire.  Le TNP reste cependant la pierre angulaire du désarmement nucléaire, a-t-il affirmé.

Le délégué a par ailleurs exprimé sa déception sur la non-application de la résolution de 1995 relative à l’établissement d’une zone sans armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Compte tenu du fait que quatre décennies sont passées depuis l’entrée en vigueur du TNP, le statu quo dans ce domaine n’est plus acceptable, a-t-il estimé, affirmant qu’il était temps pour les États de montrer leur engagement envers l’élimination des armes nucléaires.

M. EDEN CHARLES, (Trinité-et-Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a affirmé que la criminalité transnationale, notamment le trafic illicite de drogues, des armes, le blanchiment d’argent ou la cybercriminalité restaient le principal défi des pays de cette région.  Des initiatives régionales ont été prises, notamment un plan stratégique adopté en 2013 pour la période 2015-2019, qui vise à renforcer la capacité des pays de la région face à ces dangers, a-t-il indiqué, chiffrant à 70% le taux des meurtres dus aux armes légères et de petit calibre.

Malgré ce mécanisme régional, la CARICOM reste convaincue qu’une coopération plus large à l’échelon international est l’outil le plus efficace pour lutter contre ce fléau, a poursuivi le représentant, qui considère le Traité sur le commerce des armes comme un instrument pertinent pour lutter contre le commerce illicite des armes classiques.  Toutefois, pour assurer son efficacité, il faudra que toutes les parties, et en particulier les pays producteurs, adhèrent pleinement à l’objectif de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

Le représentant a estimé que le danger nucléaire persistait aujourd’hui, 70 ans après les terribles dégâts provoqués par les bombardements atomiques à Hiroshima et à Nagasaki.  C’est pour cette raison également que la CARICOM réaffirme sa ferme opposition au transport de déchets nucléaires dans la mer des Caraïbes, a affirmé le représentant, pour qui cette activité pose des menaces à la sécurité, à la viabilité et au développement de la région.  Les États concernés doivent mettre un terme à cette activité et reconnaitre la CARICOM comme une zone exempte d’armes nucléaires, a-t-il conclu.

Mme JOY OGWY (Nigéria) s’est félicitée, au nom du Groupe des États d’Afrique, des évolutions positives intervenues dans le domaine des armes, notamment l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes (TCA), la tenue de la première Conférence des États parties sur la question, la deuxième réunion des experts gouvernementaux sur le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects ou encore la neuvième Conférence d’examen des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Toutefois, a-t-elle indiqué, le Groupe souhaite plus de progrès et des mesures concrètes, d’autant que la situation sécuritaire du monde ne cesse de se dégrader. 

Le Groupe des États d’Afrique réaffirme par ailleurs que, la priorité reste le désarmement nucléaire et l’élimination de toutes les armes nucléaires, a-t-elle dit, regrettant à ce sujet que la neuvième Conférence d’examen du TNP n’ait pu aboutir à un consensus, en particulier sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, en dépit des efforts déployés par de nombreuses délégations.  Pourtant, a poursuivi la représentante, les zones exemptes d’armes nucléaires comme celles de Pelindaba (Afrique) de Tlatelolco (Amérique du Sud et les Caraïbes), de Rarotonga (Pacifique-Sud), de Semipalatinsk (Asie centrale), de Bangkok (Asie du Sud-Est) et de Mongolie consolident la crédibilité du TNP.  Le Groupe reste en outre favorable à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et à la revitalisation des travaux de la Conférence du désarmement, qui se trouvent dans l’impasse depuis 19 ans.  Cet organe doit entamer sans tarder des négociations sur le désarmement nucléaire, a estimé la représentante. 

Après avoir salué l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes en décembre 2014, la représentante du Groupe des États d’Afrique a réaffirmé le droit souverain de tout État d’acquérir, de fabriquer, d’exporter, d’importer ou de stocker des armes conventionnels et leurs composants à des fins de défense, en conformité avec la Charte des Nations Unies.  Elle s’est en revanche déclarée préoccupée par le commerce, le transfert, la fabrication ou la possession et l’accumulation illicites d’armes légères et de petit calibre dans de nombreuses régions du monde, et particulièrement en Afrique et a réaffirmé la détermination du Groupe à mettre en œuvre le Programme d’action en vue de prévenir, de combattre et d’éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.  

M. JOHN GATT-RUTTER, de l’Union européenne, a salué l’accord sur le nucléaire iranien intervenu le 14 juillet dernier et dont l’Union européenne est partie.  Cet accord est conforme au TNP et l’Union européenne appuie les missions de vérification de l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA) et appelle à la mise en œuvre de la feuille de route pour la clarification des questions passées et présentes en suspens, a indiqué le représentant.  Il s’est également félicité de la tenue de la première Conférence d’examen des États parties au Traité sur le commerce des armes, précisant qu’il était de la responsabilité de tous de progresser vers plus de transparence pour la mise en œuvre de ce Traité et son universalisation.  L’Union européenne se félicite de la tenue de la prochaine Conférence d’examen qui doit avoir lieu à Genève l’an prochain pour aborder les aspects budgétaires et se concentrer sur les questions de fond, a-t-il poursuivi.  S’agissant de la non-prolifération des armes nucléaires, l’Union européenne regrette que la Conférence d’examen du TNP de 2015 n’ait pu aboutir à un consensus dans son document final, appelle à la mise en œuvre des documents finaux des précédentes conférences d’examen et réaffirme son soutien à la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient, a-t-il indiqué.

L’Union européenne est également préoccupée par les allégations d’utilisations continues d’armes chimiques en Syrie, a affirmé le représentant, estimant que les éléments de preuve fournis par la mission d’établissement des faits témoignent de l’utilisation de moyens substantiels sur le terrain dont seul le « régime syrien » dispose, a dit le représentant, qui s’est également inquiété du fait que des acteurs non étatiques aient pu utiliser ces armes en Syrie. 

Le représentant a par ailleurs réaffirmé que l’Union européenne était favorable au renforcement de la coopération dans le cadre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la prolifération nucléaire et continuerait de promouvoir l’universalisation du TICEN.  C’est dans ce contexte que l’Union européenne condamne le programme d’essais nucléaires mené par la République populaire démocratique de Corée, qui non seulement représente une menace à la paix et à la sécurité, mais est aussi une violation des obligations internationales de ce pays et des résolutions du Conseil de sécurité qui lui demandent d’abandonner ces essais, a poursuivi le représentant.  En conclusion, M. Gatt-Rutter a déploré que les négociations sur le code de conduite sur les activités dans l’espace extra-atmosphérique proposé par l’Union européenne n’aient pas abouti sur un consensus et a appelé les délégations à appuyer ce projet de texte en vue de faciliter un usage pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  

M. JORGE MONTAÑO (Mexique) a rappelé que seules les armes nucléaires ne faisaient pas l’objet d’une interdiction expresse dans le droit international.  Notre obligation morale est d’éliminer ces arsenaux, notamment pour faciliter la mise en œuvre du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030 que nous venons d’adopter, a ajouté le représentant.  M. Montaño a ensuite constaté que la Commission du désarmement n’était toujours pas en mesure de transmettre des recommandations à l’Assemblée générale et que la Conférence était toujours à l’arrêt.  Déplorant en outre l’échec de la neuvième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et l’impossibilité de convoquer une conférence établissant une zone dénucléarisée au Moyen-Orient, il a affirmé que, tant que les États dotés justifieraient la possession d’armes nucléaires, « ils feront courir, de fait, le risque de leur utilisation ». 

À son tour, le représentant a plaidé pour la pleine application de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires relatif à l’élimination complète des armes nucléaires et a souligné la nécessité morale de lutter contre les risques humanitaires de l’emploi d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive.  Nous devons stigmatiser ces armes, condamner les conséquences de leur utilisation, a-t-il insisté, afin de les faire interdire.  Appelant par ailleurs à l’universalisation de la Convention sur les armes à sous-munition, il a indiqué que son pays mettait l’accent sur l’aide aux victimes « de ces armes qui ont des conséquences effroyables et frappent aveuglément ».  Enfin, de l’avis de M. Montaño, des synergies entre instruments sur les armes classiques doivent être mises en place pour, entre autres, accélérer l’opérationnalisation du Traité sur le commerce des armes.

M. URS SCHMID (Suisse) a attiré l’attention sur la dimension humanitaire des armes nucléaires, les travaux entrepris en la matière ayant souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes « pour prévenir le risque d’une détonation nucléaire et avancer vers un monde exempt d’armes nucléaires ».  Il a également jugé essentiel de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient: « La Suisse a soutenu activement les efforts en lien avec la conférence prévue sur ce sujet par le document final de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010 », a-t-il signalé.  M. Schmid a par ailleurs qualifié d’historique l’accord sur le nucléaire iranien, accord ayant démontré que des solutions diplomatiques sont possibles « sur des questions hautement techniques et politiquement complexes ».  Le représentant suisse a aussi appelé à l’élaboration d’un cadre normatif destiné à assurer la sécurité et la stabilité de l’espace extra-atmosphérique.  Nous saluons l’attention portée cette année à cette thématique, qui fera l’objet d’une réunion conjointe avec la Quatrième Commission, a-t-il déclaré.  M. Schmid a conclu en déplorant que l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) se trouve confronté à une situation financière extrêmement précaire.  Il a appelé l’Assemblée générale, via sa Première Commission, à garantir la poursuite de ses activités.

 

 

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