En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
78e & 79e séances – matin & après-midi
AG/11744

Suivi du Sommet de Tunis: l’Assemblée appelle à contrer la manipulation d’Internet par les criminels et les terroristes dans le respect des droits de l’homme

Les progrès fulgurants des technologies de l’information et des communications (TIC) imposent de veiller aux détournements qui peuvent en être faits à des fins criminelles ou terroristes, sans rien céder sur le respect des libertés et des droits de l’homme.  L’Assemblée générale a lancé cette double mise en garde dans le Document final de la Réunion de haut niveau qu’elle consacre depuis hier à l’examen de la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information, tenu en 2005, à Tunis.

Au cours de cette Réunion de deux jours, qui a vu Ministres et délégués, experts et représentants d’agences des Nations Unies et d’ONG spécialisées se succéder à sa tribune, l’Assemblée générale a constaté les progrès sidérants des technologies de l’information qui font qu’aujourd’hui 43,4% de la population mondiale, soit 3,2 milliards d’humains, sont connectés à Internet contre 12% seulement en 2005 et que plus de 7 milliards de personnes sont abonnées à la téléphonie mobile.

Dans le Document final* adopté cet après-midi par consensus, les Ministres et chefs de délégation appellent à « promouvoir une culture de la cybersécurité à l’échelle mondiale et à prendre les mesures en ce sens ».  Ils invitent les États à redoubler d’efforts pour adopter de « solides dispositifs nationaux de sécurité » et à coopérer sur les questions transnationales.  L’ONG « Internet Society » a déploré que l’on propose ainsi des solutions nationales à des problèmes internationaux, une lacune sous-tendue par l’idée « fallacieuse » que la coopération entre États suffira à elle seule à résoudre des questions qui requièrent l’expertise et l’engagement de tous les acteurs. 

L’Égypte a suggéré l’élaboration d’un « instrument international » et l’Indonésie celle d’un « code de cyberéthique », dans un contexte où selon la Syrie, les terroristes utilisent les TIC pour commettre des crimes, recruter des combattants et financer leurs opérations.  Son représentant a insisté sur la responsabilité des pays développés et de leurs entreprises « qui dominent les réseaux ».

Mais lutter contre les desseins criminels ne peut se faire au détriment des libertés fondamentales insiste le Document final qui s’inquiète par ailleurs « des menaces graves contre la liberté d’expression et la pluralité de l’information ».  Il « exhorte les États Membres à prendre toutes les mesures qui s’imposent » pour faire respecter la liberté d’opinion et d’expression et réaffirme à cet égard l’attachement des participants à l’Article 19 de la Déclaration des droits de l’homme qui « implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions », rappelle-t-il.

Le Soudan a regretté l’introduction de cette disposition, car si les droits de l’homme sont « nécessaires », a indiqué son représentant, il faut surtout insister sur le droit au développement, sans ingérence dans les affaires intérieures d’États souverains.  « Les droits sociaux et économiques sont les droits qu’il faut prendre en compte », a-t-il martelé.

Le Document final continue par ailleurs de s’interroger sur les formes possibles de gouvernance d’Internet, définie dans l’Agenda de Tunis comme « l’élaboration et l’application par les États, le secteur privé et la société civile, chacun selon son rôle et ses principes, de normes, règles et procédures de prise de décisions quant à l’utilisation d’Internet ».

L’Assemblée a décidé de « prolonger de nouveau pour 10 ans » le mandat du Forum sur la gouvernance d’Internet, qui constitue une espace multipartite d’échanges.  L’ONG « IT For Change » a demandé que l’on abandonne l’idée d’un « exceptionnalisme » selon lequel l’Internet serait si exceptionnellement transnational, mu par la base et relevant du secteur privé qu’il ne saurait être « gouverné » voire n’aurait pas besoin d’être « gouverné ».  L’Internet n’est pas plus transnational que les changements climatiques, pas davantage mu par la base que l’éducation ou la santé et certainement pas plus « secteur privé » que le commerce ou la propriété intellectuelle.  Or, toutes ces questions ont été dotées d’un mécanisme de gouvernance mondiale au sein du système de l’ONU.  L’Internet devrait l’être aussi au lieu d’être abandonné au bon vouloir du monde des affaires et des experts.

Les débats ont par ailleurs reflété au cours des deux jours l’inquiétude des participants face à la persistance de la fracture numérique entre pays développés et en développement, entre hommes et femmes et entre villes et zones rurales.  En 2015, seuls 34% des ménages des pays en développement ont accès à Internet, rappelle le Document final qui appelle à « renforcer les capacités, promouvoir des projets conjoints de recherche-développement et de transfert des technologies », selon des modalités arrêtées d’un commun accord.  Les ministres et chefs de délégation soulignent aussi l’importance du secteur privé, et s’engagent « à répartir efficacement les ressources publiques » en vue du développement des technologies numériques.

Le rôle des TIC a en effet été souligné comme un puissant « moteur » de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Nous aurons besoin de la coopération de tous les secteurs », a insisté le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

D’ici là, les participants ont demandé à l’Assemblée générale d’organiser une nouvelle réunion de haut niveau en 2025 avec l’ensemble des parties prenantes.

L’Assemblée générale tiendra une séance demain jeudi 17 décembre à partir de 15 heures pour adopter les recommandations de sa Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.

*A/70/L.33

RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR L’EXAMEN D’ENSEMBLE PAR L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DU SOMMET MONDIAL SUR LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION

Rapport du Secrétaire général (A/70/63)

Déclarations

Tous nos efforts doivent tendre vers l’objectif de réduire tous les types de fracture numérique, a déclaré M. CHRISTIAN WENAWASSER (Liechtenstein).  Les technologies de l’information et des communications (TIC) jouent un rôle « essentiel » dans le développement durable.  Nous avons donc, a-t-il ajouté, tout à gagner en inscrivant nos discussions dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Nous sommes déjà, a poursuivi le représentant, dans la société de l’information puisque les TIC ont changé la manière dont nous interagissons, consommons et passons le temps, avec des conséquences sanitaires et sociales « imprévisibles ».  Le représentant s’est inquiété pour les enfants et les adolescents qui sont particulièrement affectés par une utilisation « excessive » des TIC, s’exposant souvent aux harcèlements.  Il a aussi manifesté sa préoccupation face à la manipulation des technologies à des fins criminelles.

Les interactions privées et publiques, qui se font de plus en plus en ligne, accroissent également les risques de violation de la vie privée, les gouvernements et les entreprises ayant aisément accès à une masse de données personnelles.  Il faut en effet protéger les droits de l’homme hors ligne comme en ligne mais mettre en œuvre ce principe peut s’avérer difficile, a reconnu le représentant, surtout quand on essaye d’établir l’équilibre entre la liberté d’expression et la nécessité de combattre les discours de haine, ou entre le droit à la vie privée et la lutte contre la criminalité, y compris le terrorisme.  Face à ces défis, nous devons rester fidèles à l’esprit des droits de l’homme.  « Dans le doute, restons du côté des droits de l’homme », a conclu le représentant.

Mme KAREN TAN (Singapour) a indiqué que son pays est une société extrêmement connectée, 9 personnes sur 10 ayant accès à l’Internet.  Singapour est en effet classé deuxième au monde s’agissant de l’accès au réseau.  Mais, a reconnu la représentante, les personnes âgées et les personnes handicapées sont encore à la marge.  Elle a donc fait part de plusieurs initiatives dont la Plateforme « Smart Nation » qui met en réseau plusieurs entreprises dans les domaines de la santé, de la sécurité ou des transports, en aidant les citoyens à utiliser les informations.  Singapour travaille également avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour promouvoir l’usage universel des TIC d’ici à 2020, au profit du développement durable.  Les gouvernements doivent assumer leur rôle dans la gouvernance de l’Internet, laquelle doit être inclusive et répondre à tous les besoins pour être efficace.  Les gouvernements doivent travailler, main dans la main, avec la société civile et les universitaires, entre autres.

Mme BENEDICTE FRANKINET (Belgique) a souligné que les TIC ne sont pas une fin en soi, mais un instrument qui donne aux citoyens les capacités dont ils ont besoin pour agir et pour créer leur propre destin, qui encourage la croissance économique et qui renforce les droits de l’homme.  La fracture numérique sur l’axe Nord-Sud est « inacceptable » au regard du rôle de catalyseur que les TIC peuvent jouer dans le développement humain, a dit la représentante.  Si la coopération avec les pays en développement n’en tient pas compte, elle risque d’accroître la fracture numérique, a-t-elle prévenu, expliquant que la Belgique mobilise donc sa coopération au développement pour tirer parti des TIC.  Elle encourage fortement la créativité numérique dans les interventions classiques.  Nous soutenons, a expliqué la représentante, des efforts spécifiques pour renforcer les compétences, les réglementations et les institutions de nos pays partenaires pour qu’ils puissent, comme nous, récolter les fruits de la société de l’information.  La Belgique joue aussi un rôle actif au sein de l’Union européenne et l’a invitée à renforcer son expertise dans le domaine de la digitalisation pour le développement. 

La représentante a salué le fait que des synergies entre le processus du Sommet mondial sur la société de l’information et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 soient explicitement reconnues.  Les compétences, les cadres réglementaires et les institutions sont les éléments clefs qui doivent être à la base des efforts pour encourager « les écosystèmes numériques locaux et le développement durable », a insisté la représentante qui a aussi souligné le rôle fondamental du secteur privé pour faire en sorte que les avantages du numérique soient accessibles à tous.  La représentante a conclu en affirmant que les pratiques consistant à utiliser les TIC pour la censure en ligne ou la surveillance de masse « ne sont pas acceptables ».  Dans la gouvernance d’Internet, a-t-elle ajouté, aucun acteur, qu’il s’agisse des gouvernements, des entreprises, de la société civile ou des experts techniques, ne peut réellement atteindre les objectifs seul.  C’est pourquoi la Belgique soutient fortement le modèle multipartite qui a démontré sa capacité à donner la primauté aux intérêts généraux contre les intérêts nationaux.  La Belgique reconnaît la nécessité de renforcer la participation des pays en développement à ce modèle, a dit la représentante.

Compte tenu du fait que, dans des conditions favorables, l’accès aux TIC et leur utilisation réduisent les inégalités, transforment les soins de santé et l’éducation, stimulent la création d’emplois, permettent l’exercice des droits de la personne, renforcent le développement démocratique et alimentent la croissance économique, le Canada a aidé des particuliers et des collectivités dans les pays en développement à en tirer parti, a déclaré son représentant, M. VINCENT RIGBY, en donnant des exemples au Kenya, dans les Caraïbes, au Vietnam, en Mongolie ou encore au Sri Lanka.  Des travaux du Centre canadien de recherches pour le développement international (CRDI) ont porté sur les utilisations possibles des TIC pour améliorer les résultats dans le domaine du développement durable.  Le Canada appuie également un réseau mondial de « cybergardiens » qui travaillent avec des chercheurs sur la cybersécurité, pour promouvoir un Internet libre, ouvert et sécurisé.

Le représentant a reconnu qu’il fallait encore faire des progrès pour combler la fracture numérique entre pays et en leur sein.  Sachant que pour chaque tranche de 10% d’augmentation de la pénétration des services Internet à large bande dans les pays en développement, le PIB progresse de 1,38%, le représentant a lancé à la salle: imaginez le coup de pouce qu’un accès renforcé des femmes et des filles à l’Internet représenterait pour l’économie mondiale.  Le Ministère canadien des affaires étrangères entend donc investir 25 millions de dollars canadiens au cours des cinq prochaines années, dans des initiatives qui promeuvent la gouvernance inclusive et responsable de l’Internet, l’essor de la participation démocratique et une plus grande transparence des gouvernements, ainsi qu’une implication significative des citoyens grâce à des plateformes technologiques.  De plus, le CRDI investira 50 millions de dollars canadiens pour exploiter les innovations numériques qui créent des possibilités économiques inclusives et qui contribuent à l’expansion de la démocratie dans les pays en développement.

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a indiqué que son pays défend l’accès de tous à l’Internet et le droit à l’information.  Le fossé numérique est en train d’être comblé mais il faut faire bien davantage, a-t-elle dit, en expliquant que la Nouvelle-Zélande vient de revoir, la semaine dernière, sa stratégie sur la cybersécurité, laquelle se fonde sur le postulat qu’améliorer la compréhension de ces questions facilite l’utilisation des TIC au service du développement durable.  La stratégie reconnaît que l’approche du partenariat, fondée sur le respect et la confiance mutuels, est essentielle pour ancrer une culture de la cybersécurité dans la société.  La Nouvelle-Zélande entend continuer d’aider les pays en développement dans ce domaine, en mettant l’accent sur la région du Pacifique.  De nombreuses questions transversales émergent dans la gouvernance d’Internet, avec des dimensions techniques et politiques, a poursuivi la représentante.  Elle a pris note de la volonté des organisations existantes de s’attaquer à ces questions et de la collaboration nécessaire entre toutes les parties prenantes. 

M. A SABARULLAH KHAN (Sri Lanka) a affirmé que le développement rapide des TIC « a sonné le glas de la distance » et accéléré le processus de développement, mais il n’a pas résolu la fracture numérique.  Il a jugé impératif de « sceller » des synergies avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 compte tenu de la nature transversale des TIC.  Le Sri Lanka s’est efforcé de rendre l’Internet accessible et abordable sur tout le territoire.  La politique nationale a eu pour résultat que l’alphabétisation numérique a grimpé de 3%, en 2005, à environ 50% en 2014.  En mars 2016, la connexion wifi sera accessible dans tout le pays grâce au projet « Loon » de Google.  Des efforts sont également déployés pour encourager le multilinguisme sur l’Internet, dont les langues locales.  Au niveau législatif, des textes ont été adoptés pour garantir la sécurité numérique et lutter contre la cybercriminalité, y compris les abus sexuels, la pornographie infantile et les discours de haine.  M. Perera a également rappelé que son pays est partie à la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, entrée en vigueur le 1er septembre dernier au Sri Lanka.        

M. SAAD ALSAAD (Arabie saoudite) a estimé que l’idée de « la responsabilité multilatérale » est au cœur de la définition de la gouvernance d’Internet sur la base de l’égalité souveraine entre États.  L’Arabie saoudite compte travailler sur ce point car pour le moment, cette gouvernance n’est pas encore une réalité.  Nous n’avons pas amélioré la coopération pour faire en sorte que les gouvernements puissent assumer leurs responsabilités.  Des progrès sont nécessaires pour protéger la sécurité des réseaux et les investissements qu’ils ont nécessités. 

M. SUPRAWOTO, Ministre de la communication, de l’information et de la technologie de l’Indonésie, a expliqué que le taux de pénétration de la téléphonie mobile a atteint 150% de la population indonésienne, avec 350 millions d’abonnements.  Par ailleurs, le nombre d’utilisateurs d’Internet dépasse désormais le chiffre de 88 millions, dont 48 millions d’utilisateurs d’Internet à large bande.  L’Indonésie anticipe d’ailleurs une croissance en la matière de 30% en 2015 et de 70% d’ici à 2025.  Dans ce contexte, le Ministre a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de réduire la fracture numérique et de travailler au renforcement des capacités des pays en développement.  La communauté internationale doit promouvoir le transfert des technologies, ainsi qu’une certaine flexibilité en matière de droits de propriété intellectuelle, a-t-il dit.  S’agissant de l’objectif qui consiste à disposer d’un Internet fiable, sécurisé et ouvert, le Ministre a considéré que les États devaient continuer à promouvoir l’éthique au sein de la société de l’information, notamment par la mise en place d’un code de cyberéthique. 

M. AMR ABOULATTA (Égypte) a estimé que cet examen décennal des engagements de 2005 tombait particulièrement bien puisqu’il intervient après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Malgré des progrès significatifs, des difficultés qui demeurent réclament une coopération au profit des pays en développement, a souligné le représentant, car beaucoup reste à faire pour résorber la fracture numérique entre pays en développement et développés.  L’importance des moyens mis en œuvre est « vitale », des mécanismes de financement appropriés sont nécessaires et le transfert des technologies est attendu pour renforcer les capacités.  Il faut « clairement » énoncer que la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) dépend de l’amélioration des capacités dans les pays en développement. 

Les TIC, a dénoncé le représentant, sont aujourd’hui la cible d’une utilisation « malveillante ».  Il faut donc renforcer la coopération internationale contre la menace terroriste sur Internet et la cyber criminalité.  Il a estimé qu’un instrument international devrait être élaboré dans ce domaine.  Il a approuvé les principes énoncés au Sommet de Tunis sur une gouvernance d’Internet soucieuse de la culture et des traditions des États.

M. DAVID ROET (Israël) a estimé que les TIC vont jouer un rôle transformationnel dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ces technologies peuvent booster la croissance économique et donner lieu à de nouvelles industries.  Elles changent le visage de l’éducation par la démocratisation du savoir, et permettent des services de santé de meilleure qualité.  Pour réaliser l’objectif d’une société de l’information ouverte, la gouvernance d’Internet doit elle-même être ouverte et transparente et inclure toutes les parties prenantes.  À cet égard, Israël reconnait le rôle vital et le riche travail du Forum sur la gouvernance d’Internet et salue la prorogation de son mandat. 

En 67 ans, Israël est passé d’« une terre de marais et de sable » à une « Start-Up Nation », grâce à la collaboration entre le gouvernement et le monde des affaires et des investissements lourds dans l’éducation, la recherche et le développement et les incitations fiscales.  Israël connaît la nature « critique » des TIC pour le développement.  Ces technologies ont aidé à la gestion des exploitations agricoles, à l’augmentation des récoltes et à une consommation plus efficace de l’eau.  Ces technologies ont aussi changé la face de l’économie israélienne, faisant du pays une puissance technologique.  L’engagement d’Israël en faveur des TIC va au-delà de ses frontières, a dit le représentant.  L’année dernière, le pays a conclu avec la Banque mondiale un accord sur le partage des meilleures pratiques dans le secteur des TIC avec les décideurs politiques des pays en développement et le personnel de la Banque mondiale, y compris des cours de formation et l’assistance technique en matière de cybersécurité.

M. MATEO ESTREME (Argentine) a demandé des moyens pour réduire la fracture numérique, l’accès universel aux TIC permettant l’égalité des chances et l’intégration sociale.  Toutes les formes de gouvernance d’Internet doivent prendre en compte l’égalité des sexes, y compris dans les postes à responsabilité.  Le représentant a également attiré l’attention sur les personnes handicapées et les groupes vulnérables.  En Argentine, a-t-il expliqué, les TIC se sont avérées « fondamentales » pour gérer l’énergie et créer des villes intelligentes.  En la matière, l’éducation et le renforcement des capacités sont considérés comme essentiels.  Il a salué l’accent mis dans le Document final de la Réunion de haut sur la promotion de la diversité des contenus sur Internet, permettant un accès universel, donc la stabilité démocratique et la paix.

L’Argentine attache la plus haute importance à la sécurité numérique et insiste sur le respect des droits de l’homme, dont le droit à la vie privée et la liberté d’expression et d’opinion.  Mais, a prévenu le représentant, on ne peut continuer de penser que les accords bilatéraux de coopération technique permettront à eux seuls de venir à bout des délits commis en ligne.  Il faut plutôt une véritable coopération entre tous les pays.  Les gouvernements ont un rôle important à jouer dans la gouvernance d’Internet mais ils doivent préserver l’équilibre entre tous les acteurs, en fonction de leur rôle respectif, a dit le représentant en se félicitant de la prorogation pour 10 ans du mandat du Forum sur la gouvernance d’Internet. 

M. TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a insisté sur les écarts gigantesques qui persistent en matière de connexion, d’innovation et d’accès aux TIC entre le monde développé et en développement, entre les villes et les zones rurales, et entre les hommes et les femmes.  Pour réduire ces inégalités, il a estimé que la communauté internationale devait renforcer la coopération entre toutes les parties prenantes et tirer parti des mécanismes de financement ou d’initiatives telles que les fonds de service universel (USF), qui visent à faire en sorte que les TIC soient accessibles au plus grand nombre. 

Grâce à la coopération avec des partenaires locaux et internationaux, le Gouvernement tanzanien a mis en place une initiative d’extension de son réseau national de fibre optique, baptisée « National ICT Broadband Backbone (NICTBB) », et qui est mise en œuvre en cinq phases.  Nous sommes aujourd’hui à la fin de la seconde phase qui a déjà permis de réaliser 7 560 kilomètres de câbles et de couvrir l’ensemble des districts administratifs du pays, a-t-il précisé.  Cette initiative a eu pour effet d’accroître le taux de pénétration de la téléphonie mobile et d’Internet.  Aujourd’hui, la Tanzanie compte 34 millions d’abonnements à la téléphonie mobile et 11 millions d’internautes.  En juin 2015, le secteur des TIC représentait 3,9% du PIB, a poursuivi le représentant.  Les TIC ont donc eu un effet considérable sur la population de la Tanzanie et ses conditions de vie, en particulier grâce aux services de « M-banking », qui permettent d’effectuer des transactions financières sur les téléphones portables, mais aussi grâce à l’éducation en ligne qui a permis de transformer les rêves de jeunes entrepreneurs tanzaniens en réalité, a-t-il conclu.   

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a appelé la communauté internationale à concentrer ses efforts sur le développement d’une société de l’information qui puisse réduire l’écart numérique entre les différentes parties du monde, entre les États et entre les peuples.  Si Internet représente une nouvelle technologie précieuse pour le développement, le représentant a cependant rappelé que sa plus grande qualité est d’être un outil neutre et ouvert à tous.  Sans cette ouverture et cette neutralité, il n’y aura pas de nouveaux moyens de communication et les échanges du savoir et des connaissances resteront limitées, en risquant d’empêcher le développement des sociétés et des économies et l’émergence des géants de l’Internet.

Le représentant a particulièrement insisté sur les avantages du « IXP- Internet Exchange Point » qui permet aux différents fournisseurs d’Internet d’échanger du trafic entre leurs réseaux.  La Slovénie a instauré de tels points d’échange, sur une base volontaire et sans frais, et cela a permis aux fournisseurs d’échanger du trafic sans coût supplémentaire, tout en augmentant le développement de l’Internet, ainsi que l’accès aux utilisateurs finaux et aux entreprises.  C’est aux sociétés de créer les conditions qui permettront l’introduction et le développement de nouvelles technologies répondant au mieux à leurs besoins, a-t-il dit.  Les pays développés doivent cependant promouvoir le transfert et l’échange des connaissances avec le monde en développement.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a souligné aussi l’importance qu’il y a à combler le fossé numérique entre les pays en développement et les pays développés.  Le Bahreïn vient de lancer sa nouvelle stratégie nationale des TIC comportant plus de 90 mesures axées notamment sur la sécurité et la création d’une plateforme ouverte afin d’encourager les investissements.  La stratégie vise aussi à rendre compétitive la génération future dans le domaine des TIC.  Le Bahreïn a en outre accueilli le Forum régional des TIC qui a vu la participation de 80 États, des sociétés privées et des chercheurs.  Pour le représentant, son pays réunit toutes les conditions nécessaires pour devenir une société de l’information car il a réussi à assurer la sécurité des données et à mettre en place les infrastructures nécessaires.  Le Bahreïn occupe la treizième place sur 190 s’agissant de l’utilisation des TIC.  L’Émir du Bahreïn a même reçu le prix de l’Union internationale des télécommunications pour ses efforts dans le domaine des TIC et en 2012, le Prix de l’administration publique des Nations Unies.

M. KNUT AKSEL WADET (Norvège) a déclaré que l’Internet est devenu aujourd’hui l’infrastructure la plus importante, connectant de plus en plus de gens au fil des jours.  Il a rappelé que l’Internet contribuera à hauteur de 4 000 milliards de dollars aux 20 plus grandes économies du monde.  Mais, a-t-il déploré, des milliards de gens n’y ont toujours pas accès, ce qui les exclut de fait des bénéfices économiques et sociaux liés à l’utilisation d’Internet.  Le travail de connectivité est urgent, non seulement pour des raisons économiques, mais également pour la promotion des valeurs universelles et du sens d’appartenance au monde.  L’accès à l’Internet seul n’est pas suffisant pour développer un pays.  Il faut encore que les gouvernements fassent les bons choix politiques et que des institutions comptables de leurs actes soient mises en place. 

Le représentant a insisté sur trois principes clefs du Sommet mondial de 2005 qui sont particulièrement importants pour la Norvège à savoir: le respect des droits de l’homme hors ligne comme en ligne, la promotion d’une culture mondiale de la cybersécurité et une gouvernance multipartite de l’Internet.  Les États ne devraient pas faire l’erreur de vouloir s’accaparer de ces questions car cela pourrait détruire l’architecture particulière qui a fait le succès d’Internet.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a indiqué que son pays, malgré les difficultés rencontrées, a fait de grands pas en avant dans l’utilisation des TIC et, aujourd’hui 28 millions de personnes ont un abonnement à la téléphonie mobile sur 35 millions d’habitants et 13 millions de personnes ont accès à Internet.  Le secteur privé joue un rôle vital comme en atteste le fait que trois millions travaillent dans les TIC et deux entreprises œuvrent à la téléphonie par câble.  Mais, a prévenu le représentant, il faut insister sur le rôle « crucial » des gouvernements qui ont la responsabilité de diffuser les TIC et de promouvoir les politiques publiques.  Commentant le Document final de cette Réunion de haut niveau, le représentant a noté l’ajout d’une section sur les droits de l’homme.  Si ceux-ci sont « nécessaires », a-t-il reconnu, il faut néanmoins insister sur le droit au développement, sans ingérence dans les affaires intérieures d’États souverains.  Les droits sociaux et économiques sont les droits qu’il faut prendre en compte, a-t-il martelé.  Le représentant a appelé à une plus grande coopération pour la sécurité cybernétique, soulignant ici aussi le rôle « fondamental » des gouvernements.    

M. NAWAF SALAM (Liban) a considéré que la fracture numérique constituait davantage un problème d’inégalités en matière de développement qu’une question de fossé technologique.  Dans ce contexte, l’adoption du Programme de développement à l’horizon 2030, qui vise à ne laisser personne de côté, offre à la communauté internationale l’occasion de renforcer les droits de l’homme, y compris le droit fondamental de tout être humain à pouvoir accéder aux TIC.  Le rôle des TIC comme moteur de promotion sociale ou des droits économiques et politiques n’est plus à démontrer, a-t-il souligné.  Que ce soit dans les zones rurales ou lors de catastrophes humanitaires, ces technologies sont devenues un outil fiable, qui nous permet de toucher tout le monde, d’offrir la pleine jouissance des droits humains fondamentaux et de réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il poursuivi.  C’est pourquoi la communauté internationale doit aussi faire de la réduction de la fracture numérique qui persiste entre les hommes et les femmes une priorité.

Le représentant a ensuite déploré qu’en de nombreux endroits du monde, la liberté d’expression qu’offre les TIC soit bafouée, manipulée ou abusée, et que ces technologies servent à promouvoir l’extrémisme et l’intolérance.  L’Internet doit rester une plateforme d’échanges interculturels et de dialogue, a-t-il affirmé.  C’est en consolidant les capacités numériques de tous que nous préserveront la diversité culturelle mondiale.  S’agissant de la sécurité, le représentant a insisté sur la nécessité de protéger la vie et les données privées des internautes, ainsi que sur l’importance de lutter contre la criminalité en ligne, les attaques numériques, l’espionnage ou le sabotage.  Il a toutefois affirmé qu’aucune mesure de régulation prise par les gouvernements ne pouvait, au nom de la sécurité, nuire aux principes fondamentaux des droits de l’homme.

M. MENDOÇA E MOURA (Portugal) a prévenu que nous faisons face à des défis nouveaux et émergents comme l’Internet des choses, l’informatique en nuage, les mégadonnées, les « machines to Machine systems », les technologies mobiles, les réseaux sociaux et l’interaction entre l’homme et la machine qui ont un impact profond sur la société, l’industrie, les organisations et les entreprises, et le comportement et l’attitude des individus.  En conséquence, il est très important de préserver l’Internet en tant que réseau unique, ouvert, centré sur la personne, multilingue, sûr, fiable, robuste et non fragmenté, appuyant le développement durable, culturel et social.  Ce n’est pas une coïncidence si le Web a été développé dans un laboratoire de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) comme un instrument à accès libre pour tous les chercheurs du monde.

Le représentant a donc plaidé contre la fracture numérique, ajoutant qu’au Portugal, il est largement accepté que le développement des politiques publiques de la société de l’information doit inclure toutes les parties prenantes.  Le Portugal applaudit donc la prorogation du mandat du Forum sur la gouvernance d’Internet pour 10 ans.  Le Portugal est fier d’avoir été, au XVe et XVIe siècles, le premier pays à avoir promu un partage des cultures entre l’Europe, l’Asie, l’Afrique et les Amériques.  Fort de cette histoire, a conclu le représentant, nous sommes préparés à embrasser un effort où gouvernements, entreprises, ONG, techniciens et scientifiques s’embarquent dans un voyage humain et scientifique au cœur duquel réside le développement et l’appropriation sociale d’Internet. 

M. RABEE JAWHARA (République arabe syrienne) a insisté sur le fossé numérique qui ne cesse de s’élargir en dépit des progrès et des déclarations insistant sur l’importance de la coopération pour le combler le plus rapidement possible.  Il semble toutefois que nous sommes plus conscients du problème, a-t-il noté.  Cette responsabilité historique incombe aux pays développés, via le transfert des technologies et l’assistance au renforcement des capacités.  Le représentant a attiré l’attention sur les peuples vivant sous occupation tels que les Palestiniens ou les Syriens du Golan.  Les États doivent aussi veiller à empêcher le détournement des TIC par les terroristes, la Syrie étant en première ligne des pays déterminés à les combattre.  En effet, en Syrie, les terroristes sont en train d’utiliser les TIC pour recruter et commettre des crimes contre les Syriens.  Les TIC leur permettent de transférer des armes, de se financer et de se livrer à des pratiques illicites.  Le représentant a insisté sur la responsabilité des pays développés et celle de leurs entreprises qui dominent les réseaux.  Il a condamné, dans ce contexte, la présence d’entreprises européennes dans des services dont bénéficient les terroristes, citant le journal allemand « Der Spiegel » selon lequel des entreprises européennes fournissent via la Turquie des moyens techniques pour faire fonctionner les réseaux terroristes en Iraq et en Syrie, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Le représentant a aussi dénoncé les pays qui imposent des mesures coercitives, bloquant certains sites et médias syriens.  Or l’espace cybernétique est ouvert quand il s’agit des discours sectaires de la haine pour laver le cerveau des jeunes et des enfants et les exposer à un recrutement par les organisations terroristes.  Avant de conclure sur la nécessité de rendre « plus cohérents » les efforts internationaux pour que les TIC soient au service du développement, le représentant a souhaité que le Document final soit mis en œuvre « sans politisation ».

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCIA (Costa Rica) a souligné l’importance de reconnaître le rôle des parties prenantes indépendamment des pouvoirs politiques et financiers.  L’équilibre des pouvoirs est crucial si nous voulons une société de l’information ouverte et libre.  Le représentant a appuyé le chapitre sur les droits de l’homme dans le Document final et a suggéré la création d’une synergie entre ce processus, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  Les TIC et la numérisation se sont révélées cruciales pour la croissance économique du Costa Rica qui a été qualifié par l’Union internationale des télécommunications d’un des pays les plus dynamiques de la région.  Le Costa Rica occupe en effet la 23e place dans l’indice de l’UIT.  Plusieurs programmes ont été lancés dont un sur haut débit et d’autres sur les femmes entrepreneures et les communautés.  Le représentant n’a pas manqué de souligner que son Président, M. Luis Guillermo Solis, a reçu le titre de « défenseur de l’accès des jeunes aux TIC ».

M. ERVIN NINA (Albanie) a déclaré que son gouvernement a pris le fort engagement à soutenir et à promouvoir les initiatives numériques en tant qu’outil puissant d’une gouvernance modernisée, d’une société ouverte et d’un développement économique durable pour tous les citoyens.  Les efforts à cet égard visent à renforcer la coopération régionale et sont coordonnés avec le cadre institutionnel et juridique de l’Union européenne, conformément au processus d’intégration de l’Albanie.  La Stratégie numérique transversale 2015-2020 définit la vision de l’Albanie pour une nouvelle génération de société de l’information ancrée dans l’Union européenne.  Après avoir longuement expliqué cette vision, le représentant l’a résumé en ces mots: « une société fondée sur la connaissance et l’information par la consolidation des infrastructures numériques dans tout le territoire, l’amélioration de la qualité des services publics en ligne et le renforcement de la transparence dans la gouvernance ».

M. AUGUSTO THORNBERRY (Pérou) a fait valoir que le monde est le témoin privilégié d’une révolution technologique qui devrait permettre à toute personne d’améliorer ses conditions de vie.  Hélas, a-t-il constaté, ce n’est pas encore le cas puisque le fossé numérique est bien réel et continue de se creuser et ce n’est pas un problème qui ne touche que les plus défavorisés.  Le représentant a voulu que l’on prenne le problème « à bras le corps ».  Les thématiques en jeu touchent à la coopération, au développement, à la confiance et à la sécurité.  La transparence et la bonne gouvernance de l’Internet ne seront possibles qu’en appliquant les principes de la Charte des Nations Unies et ceux de la Déclaration des droits de l’homme, dans le cadre d’un modèle multipartite.  Il faudra donc faire preuve d’ouverture, a insisté le représentant qui a proposé de « lancer un débat entre les parties intéressées » pour parvenir à un consensus international sur la gouvernance mondiale d’Internet.

M. OMAR HILALE (Maroc) a considéré que les défis de la gouvernance de l’Internet au niveau international devront être discutés et gérés dans un cadre multilatéral avec la participation des parties prenantes et de la société civile en respectant la souveraineté et l’intégrité des États.  Dans cette optique, a dit le représentant, le Maroc soutient la prorogation du mandat du Forum sur la gouvernance de l’Internet (IGF) afin de renforcer le dialogue multipartite sur les politiques publiques concernant les questions liées à la gouvernance de l’Internet.  Au plan national, le Gouvernement a adopté en 2009 le Plan Maroc Numérique 2013 pour intégrer le Maroc dans l’économie mondiale à travers une insertion simplifiée et largement diffusée des TIC à tous les niveaux de l’État, en intégrant les acteurs de la société ainsi que les entreprises.  Le Maroc a fait ainsi des TIC un moyen de la lutte contre les disparités sociales et régionales, en veillant à assurer un équilibre entre les exigences du marché et les impératifs de l’intérêt général.  Cette approche s’est inscrite dans le cadre d’un modèle sociétal marocain de citoyenneté plaçant le développement humain au centre de la révolution numérique.  

Après avoir mis en évidence les avancées réalisées par le Maroc en termes de démocratisation et de généralisation de l’accès aux services des télécommunications, le représentant a indiqué que pour faire face à la montée de la cybercriminalité, le Maroc s’est engagé depuis 2011 à renforcer ses capacités nationales dans le domaine de la sécurité des systèmes d’information.  De même, une Directive nationale de la sécurité des systèmes d’information a été adoptée en 2014 pour inclure d’autres mesures permettant d’élever et d’homogénéiser les niveaux de protection et de maturité de la sécurité de l’ensemble des systèmes d’informations des administrations et des organismes publics.  Dans l’absence d’un instrument international traitant de la cybercriminalité, a conclu le représentant, il serait nécessaire de renforcer la coopération technique.

Pour Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda), il est essentiel de s’efforcer d’exploiter pleinement le potentiel des TIC.  Le secteur a réalisé des progrès remarquables au Rwanda qui y a investi, conscient de ses retombées importantes sur l’économie, surtout pour un PMA sans littoral.  La santé, l’éducation, le commerce et l’agriculture, tout concourt à promouvoir l’intégration numérique.  Le Rwanda a mis l’accent sur cinq domaines à savoir, le développement des capacités, celui du secteur privé, celui des communautés, la gouvernance électronique et la cybersécurité.  Le pays a lancé l’initiative « Smart Kigali » qui permet un accès gratuit à l’Internet dans les bus, les bâtiments commerciaux et autres espaces publics.  Le but est désormais d’atteindre un taux de pénétration d’Internet de 95% d’ici à 2017.  La représentante a insisté sur les « grands pas » que son pays a effectués dans le domaine des TIC.  Elle s’est enorgueillie du fait que les citoyens sont encouragés à noter leur accès aux services et à leurs dirigeants, étant donné que la plupart des services publics sont en ligne.  Le Rwanda est sur le point de réaliser sa Vision 2020 qui est de devenir un pôle pour les affaires, les investissements et l’innovation, en se servant des TIC comme tremplin. 

M. MALCOM JOHNSON, Secrétaire général adjoint de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a rappelé que deux-tiers de la population des pays en développement n’ont pas accès à Internet et que ce dernier n’est une réalité que pour une personne sur 10 dans les pays les moins avancés (PMA).  C’est la raison pour laquelle, il est trop tôt de parler de société de l’information.  2015 est une année de succès qui a connu l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord mondial sur le climat.  Le Forum de 2015 de l’UIT avait déjà mis en place une matrice de réflexion sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Cette matrice constituera la base des travaux futurs de l’UIT, a dit le Secrétaire général adjoint qui a invité les États à contribuer à l’ordre du jour du prochain Forum.  Avant de conclure, il a annoncé la nomination de 150 candidats au Prix 2016 de l’UIT.

M. GETACHEW ENGIDA, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a rappelé que son Organisation défend le principe d’universalité d’Internet qui oriente les travaux pour un réseau incarnant l’ouverture, le respect des droits de l’homme et l’inclusion de toutes les parties prenantes.  Il a promis de renforcer encore la participation de l’UNESCO à la mise en œuvre des objectifs du Sommet mondial de 2005 indiquant que l’Organisation participe activement à 10 des 18 grandes orientations.  Les infrastructures et la capacité de connexion sont certes importantes mais elles ne valent que très peu si on ne garantit aux femmes, aux filles, aux hommes et aux jeunes un accès égal, a souligné le Directeur général adjoint.  Elles ne valent rien, a-t-il poursuivi, si on ne parvient pas à développer un contenu en langue locale ou à garantir la liberté d’expression, l’accès au savoir, et à créer un environnement favorable.  « Ce sont ces dimensions qui permettront aux TIC de tenir leurs promesses », a-t-il insisté.  Il a prôné une transformation des informations en connaissances pertinentes pour le développement durable maintenant que l’exploitation de la planète a montré ses limites et la nécessité d’investir dans des ressources renouvelables illimitées comme la liberté, l’ingéniosité, la créativité et le savoir.  L’UNESCO peut jouer un rôle clef pour parvenir à une société du savoir à la fois inclusive, ouverte à tous et pacifique, dont la planète a urgemment besoin.

M. PATRICK KEULEERS, Directeur de la gouvernance et de la consolidation de la paix au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a d’abord rappelé que cet examen de la mise en œuvre des textes issus du Sommet de 2005 intervient à l’issue d’une année chargée de décisions visant à façonner notre futur.  Il a notamment cité l’adoption du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe, adopté au mois de mars; celle du Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté il y a trois mois, et qui vise à faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte; ou encore, l’Accord intervenu à la COP21, à Paris, destiné à répondre à la « menace » liée aux changements climatiques.

« Le rôle des TIC dans la réalisation de ces différents objectifs et de ces engagements est reconnu par tous », a-t-il poursuivi, en précisant que cet examen représente donc une occasion unique d’ancrer les TIC dans ces efforts mondiaux.  Il a cependant estimé que, pour ériger des sociétés de l’information inclusives, la communauté internationale devait absolument réduire la fracture numérique.  Cette question constitue bien plus qu’une question d’infrastructures, a-t-il dit, c’est une question qui nécessite des politiques et des stratégies faisant en sorte que l’accès aux TIC et à l’Internet ait un effet significatif sur les conditions de vie des gens, en particulier celles des femmes, des jeunes et des personnes marginalisées. 

Le responsable du PNUD a réaffirmé que les 17 objectifs de développement durable (ODD) et leurs 169 cibles allaient nécessiter toute une gamme de capacités et de ressources importantes.  Dans ce contexte, il a rappelé que les partenariats avaient aussi un rôle vital à jouer.  Nous aurons besoin de la coopération de tous les secteurs.  Nous aurons besoin d’innovation.  Nous ne pouvons plus continuer à travailler de la même manière, a-t-il poursuivi.  Il a réaffirmé l’engagement des agences, fonds et programmes des Nations Unies à renforcer la cohérence de leur action, ainsi que la converge des efforts.  Il a expliqué que les bureaux et les équipes de pays du PNUD avaient déjà commencé à travailler aux niveaux national et local à la mise en œuvre des ODD.  De nouvelles approches innovantes ont été lancées et se sont avérées très utiles pour les pays qui souhaitent trouver un équilibre entre les différentes priorités, tout en répondant à une multitude de défis en matière de développement, a-t-il assuré.  Il a conclu en estimant que « la communauté du Somment mondial » était en bonne posture pour montrer comment les TIC peuvent contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

S’exprimant au nom du Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), M. TORBJORN FREDRIKSSON, Chargé des sciences et des TIC à la CNUCED, a estimé que nous étions très loin d’avoir érigé un monde où tout le monde, dans toutes les régions du monde, peut bénéficier des TIC pour atteindre le développement.  Quatre milliards d’individus ne sont pas en ligne et peu de personnes bénéficient par ailleurs d’un accès à l’Internet à large bande, a-t-il rappelé.  Pour faire de la société de l’information une réalité plus inclusive et centrée sur les individus, la communauté internationale doit accorder la plus grande priorité aux efforts visant à réduire le fossé numérique à la fois entre les pays mais aussi entre les riches et les pauvres, entre les hommes et les femmes, les jeunes et les personnes âgées, les multinationales et les petites entreprises, les régions rurales et les zones urbaines. 

Il faut, par ailleurs, accorder une attention particulière aux pays les moins avancés et soutenir ceux-ci dans leurs efforts visant à rejoindre la société de l’information.  Tous ces efforts ne peuvent aboutir sans la mise en place de processus transparents, ouverts à toutes les parties prenantes, a-t-il estimé.  Cette ambition ne peut, par ailleurs, être réalisée sans mettre l’accent sur l’appui que peuvent apporter les TIC dans la mise en œuvre des ODD.  À cet égard, il a considéré que ces objectifs sont mentionnés « à juste titre » dans le Document final de cet examen de haut niveau.

M. PARMINDER JEET SINGH, ONG « IT for Change » et « Coalition Just Net », a noté que la décennie écoulée depuis le Sommet mondial de 2005 a malheureusement échoué à apporter une réponse adéquate à de nombreuses questions sociales, économiques, politiques et culturelles liées à l’utilisation d’Internet.  Il a donc jugé « urgent » de répondre à la question d’une gouvernance mondiale d’Internet.  En l’occurrence, il a d’abord voulu que l’on abandonne l’idée d’un « exceptionnalisme » selon lequel l’Internet serait si exceptionnellement transnational, mu par la base et relevant du secteur privé qu’il ne saurait être « gouverné » voire n’aurait pas besoin d’être « gouverné ».  L’Internet n’est pas plus transnational que les changements climatiques, pas davantage mu par la base que l’éducation ou la santé et certainement pas plus « secteur privé » que le commerce ou la propriété intellectuelle.  Or, toutes ces questions ont été dotées d’un mécanisme de gouvernance mondiale au sein de système de l’ONU.  L’Internet devrait l’être aussi.

La crainte justifiée des abus par les gouvernements devrait conduire à intégrer des « contrepoids » dans les mécanismes de gouvernance et sûrement pas à nier les besoins multiples et complexes de gouvernance.  Enfin, la prétendue tension entre multilatéralisme et approche multipartite doit être réglée par un test de démocratie.  L’Internet doit en effet être servi par de nouvelles formes de gouvernance participative, ce qui ne veut pas dire que les principes fondamentaux de la démocratie doivent changer.  Seul le peuple, directement ou à travers ses représentants, peut faire les politiques et les lois.  Ni le monde des affaires ni les experts ne sauraient prétendre à un rôle dans la prise de décisions publiques et d’ailleurs cette tendance est une évolution antidémocratique malheureuse de la gouvernance actuelle d’Internet.  Le monde a besoin de toute urgence d’un mécanisme démocratique de gouvernance d’Internet, a insisté le représentant.

M. MATTHEW SHEARS, Directeur de la politique mondiale de l’Internet et des droits de l’homme du « Center for democracy and technology », s’est dit encouragé par le Document final.  Nous avons une mission claire qui est de réaliser une société du savoir et contribuer significativement à la réalisation des ODD.  Ce n’est pas une mince affaire et nous ne pouvons le faire sans travailler ensemble, sans innover dans nos solutions, nos politiques et nos partenariats et sans reconnaître l’importance de l’autonomisation des gens et des communautés.  Nous avons besoin de processus multipartites parce que nous n’avons pas le choix, a prévenu l’orateur.  Pour réaliser les objectifs fixés, il faut plus d’innovation et d’ambition s’agissant des solutions, des politiques, de renforcement de capacités et des technologies. 

Nous devons voir comment les TIC et Internet influencent la réalisation des ODD, en sachant que la connectivité est absolument importante mais que la priorité doit être de comprendre si ceux qui sont les plus touchés par les défis du développement sont équipés pour les relever.  Nous ne pouvons exploiter le potentiel des TIC si l’environnement politique n’encourage pas les communautés et les entreprises à construire des réseaux, à améliorer le savoir et à créer des opportunités.  Il ne s’agit pas seulement de technologie.  Il s’agit de faire en sorte que les gens et les communautés aient les outils et les connaissances nécessaires pour contribuer au développement économique et social.  L’autonomisation vient par la réalisation des droits de l’homme et la dignité numérique de chacun, a conclu  M. Shears. 

Mme DENIZ DUNI AYDIN, Access Now, a appuyé le fait que les droits de l’homme aient été placés au centre du Document final de la Réunion de haut niveau.  L’Internet doit aider les gens à exploiter leur potentiel, en particulier les personnes les plus vulnérables.  Les utilisateurs d’Internet du monde entier ne devraient être soumis à aucune surveillance arbitraire.  Les violations des droits de l’Internet sont un obstacle direct à la libre circulation de l’information et des connaissances et dans ce cadre, il faut appeler à la protection des journalistes et des militants des droits de l’homme.  La représentante a conclu en insistant sur le fait que le débat sur la gouvernance d’Internet doit impérativement inclure les jeunes et la société civile.  

Mme AVRI DORIA, M17M.ORG a déclaré que si en adoptant les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), on ne réalisait pas pleinement l’importance des TIC et de l’Internet, aujourd’hui, « la communauté du Sommet mondial » sait ce qu’il faut faire pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mme Doria s’est réjouie de l’attention accordée aux droits de l’homme dans le Document final au moment où de nombreuses organisations ont peur de mettre en œuvre les politiques pertinentes et où des États violent les droits des femmes, des peuples autochtones et des populations en danger.  Mme Doria a en effet attiré l’attention sur deux domaines à savoir, la violence à l’encontre des femmes et l’utilisation d’Internet pour inciter à la violence contre les homosexuels.  Il faut cesser d’utiliser Internet comme une arme contre les minorités. 

Mme DEBORAH BROWN, Association pour le progrès des communications (APC), qui est à la fois une organisation et un réseau d’ONG réunissant 70 membres dans 47 pays, principalement ceux du Sud, a regretté que le Document final de ce processus d’examen ne fasse pas explicitement mention des droits économiques, sociaux et culturels.  « Mais nous estimons toutefois que ceux-ci sont implicitement mentionnés dans le cadre lié aux droits de l’homme », a-t-elle précisé.  Elle a ensuite exprimé le soutien de son organisation au Plan d’action visant à réduire la fracture numérique entre les sexes, lancé hier par ONU-Femmes, l’UIT et d’autres partenaires.  Elle s’est aussi félicitée du fait que le Document final mette l’accent sur la participation de tous les acteurs concernés, y compris le secteur privé.  Elle a toutefois considéré que le rôle de ce secteur aurait pu être mentionné également comme acteur des efforts à mener pour le respect des droits de l’homme.  Enfin, elle a appelé à la libération de tous les militants, journalistes ou blogueurs emprisonnés pour avoir utilisé l’Internet à des fins de promotion des droits de l’homme et de la justice sociale.

Mme KATHRYN BROWN, Internet Society, a indiqué que son ONG a toujours milité pour que la société de l’information soit focalisée sur le développement et les droits de l’homme.  Il a déploré que le Document final de cette Réunion de haut niveau ne reconnaisse pas la nature « transnationale » d’Internet.  Ce Document propose des solutions nationales à des problèmes internationaux, notamment ceux relatifs à la sûreté et à la sécurité.  Cette lacune est sous-tendue par l’idée fallacieuse selon laquelle la coopération entre États seule suffirait à résoudre des questions qui requièrent l’expertise et l’engagement de tous les acteurs.  Il faut changer pour tenir compte des mutations d’un monde numérique qui ne connait ni frontière ni leader unique.

M. VENI MARKOVSKI, Vice-Président de la Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN), a souligné qu’en travaillant ensemble, on peut relever les défis qui nous concernent tous.  Nous sommes à un tournant de l’histoire dont nous pouvons changer le cours grâce au Programme de développement durable à l’horizon 2030, à l’Accord de Paris sur les changements climatiques et au Document final de cette Réunion de haut niveau, a estimé M. Markovski. 

M. CHRISTIAN WULFF SONDERGAARD, Telenor Group, a déclaré que la priorité est de faire face au fossé grandissant dans la connectivité à large bande.  L’autre défi est de rendre universel l’accès à l’Internet.  La contribution de Telenor est son ambition d’avoir 200 millions d’utilisateurs d’Internet d’ici à 2017.  Pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, Telenor Group estime qu’il faudra des efforts conjoints des gouvernements, de la société civile, des organisations internationales et de l’industrie, mais aussi des investissements massifs.  Pour investir, a souligné le représentant, les entreprises ont besoin d’un certain niveau de « certitude ».  Des cadres et des politiques ouverts, transparents et orientés vers l’avenir doivent être mis en place.  Les gouvernements doivent aussi s’abstenir d’ériger des barrières à la connectivité mobile, en sachant que les taxes et les redevances peuvent constituer une partie importante des coûts d’acquisition et d’utilisation d’un téléphone mobile.  Les gouvernements doivent respecter la liberté d’expression, l’accès à l’information et le dialogue démocratique, et éviter de bloquer les services ou modifier les contenus.  Les gouvernements doivent enfin maintenir la même approche avec tous les opérateurs qu’ils soient du secteur public, du secteur privé, du pays ou de l’étranger.

Pour sa part, M. JOHN DANILOVICH, Chambre de commerce internationale (ICC), qui parlait au nom d’une organisation d’entreprises qui compte 6,5 millions de membres dans 130 pays, la communauté des entreprises privées s’est déjà engagée, en septembre dernier, à contribuer à la réalisation des ODD et il est évident que l’examen des progrès accomplis depuis le Sommet de Tunis aura une incidence sur le succès de ces nouveaux objectifs.  « Les TIC sont au cœur de chacun des 17 ODD », a-t-il rappelé, en reconnaissant que davantage d’efforts devaient être accomplis pour faire en sorte que tout le monde ait accès à Internet.  « Pour connecter le monde, il faut comprendre les barrières qui existent et se concentrer sur les moyens de les lever dans les années à venir », a-t-il insisté.  Il a aussi estimé que la communauté des entreprises avait une voix unique et vitale à faire entendre dans les efforts menés en vue de rendre l’Internet plus fiable et plus sécurisé.  À cet effet, il a encouragé la communauté internationale à multiplier les initiatives qui incluent toutes les parties prenantes en matière de cybersécurité.

M. ALFREDO TIMMERMANS, Telefonica International USA, a réaffirmé la nécessité d’une collaboration entre les secteurs public et privé pour faire en sorte que personne ne demeure en marge de la « révolution numérique ».  Il a précisé que les investissements du secteur privé devaient également être encouragés par les pouvoir publics, en précisant que Telefonica avait investi 120 milliards d’euros en Amérique latine afin d’améliorer la connectivité à Internet.

M. LAMBERT MENDE OMALANGA, Ministre de l’information et des technologies de télécommunications de la République démocratique du Congo (RDC), a dit que les TIC apportent avec elles quelques inconvénients, notamment sur les réseaux sociaux.  Le Ministre a rappelé les déclarations d’un intervenant hier pour dire qu’il faut éviter de donner un chèque en blanc aux réseaux sociaux.  Les gouvernements devraient pouvoir jouer leur rôle de surveillance et conscient de la nécessité d’une approche collective, le Ministre a demandé à tous les États de conjuguer leurs efforts.  La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit tenir compte de tous les défis liés à la création d’une société de l’information. 

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