En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
76e & 77e séances – matin & après-midi 
AG/11741

Dix ans après le Sommet sur la société de l’information, l’Assemblée générale examine les progrès et les défis liés à la fulgurance du numérique

Il y a 10 ans, nul ne pouvait prédire les progrès fulgurants et les défis considérables qu’apporterait ce qu’on appelait à l’époque « la révolution numérique dans le secteur des technologies de l’information et des communications ».  C’est sur ce constat que les États ont entamé, aujourd’hui devant l’Assemblée générale, une Réunion de haut niveau de deux jours consacrée à l’examen de la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information, qui s’est tenu en 2005, à Tunis.

L’initiative de ce Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) remonte à la Conférence des plénipotentiaires de 1998 de l’Union internationale des télécommunications (UIT).  Sur une proposition de la Tunisie, l’institution spécialisée des Nations Unies, avait décidé d’engager un débat mondial sur la nouvelle société de l’information et ses enjeux.  Le Sommet mondial n’a eu lieu que quelques années plus tard et en deux phases: la première à Genève, en décembre 2003 et la seconde à Tunis, en novembre 2005.

En 2005, 12% seulement de la population mondiale avait accès à Internet, principalement en Amérique du Nord et en Europe, tandis que les « smartphones » n’étaient même pas une idée pour le commun des mortels, ont rappelé les États-Unis.  À présent, 3,2 milliards de personnes sont désormais connectées, soit 43,4% de la population mondiale, tandis que le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile a atteint le chiffre de 7,1 milliards.  L’Inde, aujourd’hui un acteur majeur sur le marché des technologies de l’information et des communications (TIC), illustre à elle seule la fulgurance de cette société de l’information.  Il lui a fallu 20 ans pour parvenir aux 100 premiers millions d’internautes mais seulement trois ans pour les 100 millions qui ont suivi, et 18 mois pour les autres 100 millions. 

« Les technologies de l’information et des communications ont créé de nouvelles formes de participation à la vie publique et d’activités économiques qui auraient été inimaginables, il y a 10 ans », a affirmé, ce matin, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  Trois mois après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a souligné combien les TIC se présentent comme l’un des moteurs des efforts qui seront menés aux niveaux national et international dans le domaine du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.

Mais le monde d’aujourd’hui est-il plus avancé qu’il y a 10 ans?  Est-il plus sûr et plus viable?  Avons-nous plus d’égalité grâce à cette « révolution numérique »?  « La réponse n’est pas évidente », a reconnu, très ému, le Ministre de la communication et de l’économie numérique de la Tunisie.  En 2010-2011, « la jeunesse tunisienne a utilisé les TIC pour exprimer son mécontentement face au régime autocratique et s’en est servi pour le renverser.  Certes, les TIC ont favorisé l’autonomisation de la jeunesse mais les jeunes qui ont permis ce changement sont aujourd’hui au chômage, et la démocratie doit encore faire ses preuves », a reconnu le Ministre. 

En une décennie, et malgré les engagements pris à Genève ou à Tunis, de nombreux pays n’ont pas encore pu tirer parti de ces technologies et le fossé numérique s’est agrandi, ont reconnu de nombreuses délégations.  Si la proportion des ménages connectés à Internet est de 78% dans les pays développés, elle n’est que de 5% dans les pays les moins avancés, a rappelé le Bangladesh au nom du Groupe des PMA.

Dès lors, « nous devons faire en sorte que les TIC soient intégrées dans les stratégies de mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable (ODD).  Nous devons créer une politique et un environnement juridique favorables à l’investissement, au développement et à la diffusion de ces technologies », a exhorté le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft.  Son appel a été relayé par de nombreux États Membres.  Beaucoup de pays ont illustré ce constat amer par les inégalités d’accès aux technologies entre les pays développés et les pays en développement, entre les villes et les zones rurales, ou entre les hommes et les femmes.

La Suisse, notamment, s’est dite grandement préoccupée par le fait que de nombreuses femmes et filles se voient privées des perspectives d’évolution dans leur vie professionnelle, sociale, politique et économique en raison d’un accès inégal aux TIC, alors que « combler le fossé numérique entre les sexes est l’un des meilleurs moyens de promouvoir un développement durable universel », a insisté son représentant.

Pour l’Union européenne, le risque aujourd’hui réside dans une nouvelle fracture numérique entre ceux qui ont accès aux hauts débits et les autres.  « Un Africain sur 100 a accès au haut débit et les autres, à un Internet rudimentaire et insuffisant pour une société de l’information telle que nous l’avons définie il y a 10 ans », a souligné son représentant.  En Fédération de Russie, par exemple, où l’État s’est engagé à ce qu’en 2020, 87% de la population soit connectée, plus de 215 000 kilomètres de câbles optiques doivent encore être installés pour toucher les zones les plus reculées, a expliqué le Vice-Ministre des télécommunications.

Nombreux ont été ceux qui ont insisté sur le fait que les TIC sont venus avec leur lot de nouveaux défis et de questions très sensibles liées à la stabilité et à la sécurité d’Internet, à la lutte contre le terrorisme, à la cybercriminalité, à la liberté d’expression et d’information, ou plus généralement au respect des droits de l’homme en ligne.  Pour le Pakistan, par exemple, la communauté internationale doit empêcher les terroristes d’abuser d’Internet.  « Notre ennemi commun, c’est la cybercriminalité transnationale », a par exemple souligné la France.  Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), l’Équateur a vigoureusement condamné l’espionnage des données privées par des acteurs étatiques et non étatiques.

La Lettonie a souhaité que les TIC protègent la diversité linguistique et culturelle dans le monde, à l’heure où les contenus en lignes n’existent que dans une dizaine de langues, tandis que les Pays-Bas et les Maldives au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, ont insisté sur le rôle crucial des TIC dans les interventions d’urgence ou en cas de catastrophes.

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, mercredi 16 décembre, à partir de 10 heures.  Elle devrait adopter le document final de cette Réunion. 

RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR L’EXAMEN D’ENSEMBLE PAR L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DU SOMMET MONDIAL SUR LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION

Rapport du Secrétaire général (A/70/63)

Déclarations

Il y a 10 ans, a rappelé M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, les dirigeants du monde ont proclamé leur « engagement et détermination à édifier une société de l’information à dimension humaine, solidaire et privilégiant le développement ».  Ce faisant, ils ont souligné le pouvoir des technologies de l’information et des communications (TIC) et leur aptitude à contribuer positivement à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Depuis lors, d’importants progrès ont été enregistrés: les niveaux d’accès, d’utilisation et de compétences s’agissant des TIC ont continué de s’améliorer dans le monde.  Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), 43,4% de la population mondiale est en ligne et les abonnements à la téléphonie mobile ont atteint le chiffre de 7,1 milliards en 2015. 

Les TIC, s’est réjoui le Président, ont joué un rôle de plus en plus important dans la promotion du développement économique et social, comme l’amélioration de la productivité, la facilitation du commerce, la création d’emplois de qualité, la fourniture de services Internet tels que la santé et l’apprentissage en ligne, et l’amélioration de la gouvernance.

N’oublions pas les défis qui restent à relever, a prévenu le Président, en citant les différentes formes de fossé numérique au sein des pays et entre ces derniers.  Dans de nombreux pays, les progrès dans les TIC n’ont pas conduit à un développement durable généralisé.  De nouveaux défis ont émergé quant à la stabilité et la sécurité d’Internet, les droits de propriété sur les données et les droits de l’homme en ligne.

La résolution qui couronnera cette Réunion de haut niveau, a révélé le Président, reconnaît plusieurs de ces défis et le travail qui reste à faire.  Il reconnaît aussi les liens entre les TIC et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui vise à terminer l’œuvre inachevée des OMD.  Ce Programme et celui d’Addis-Abeba sur le financement du développement reconnaissent tous deux que les TIC sont des facilitateurs multisectoriels de la réalisation des objectifs agréés.

Nous devons donc, a dit le Président, faire en sorte que les TIC soient intégrées dans les stratégies de mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Nous devons créer une politique et un environnement juridique favorables à l’investissement, au développement et à la diffusion des TIC.

Nous devons, a poursuivi le Président, renforcer nos efforts pour offrir un accès équitable et abordable aux TIC et améliorer les capacités et les compétences en la matière, en particulier dans les pays en développement et dans les communautés marginalisées.  Nous devons faire en sorte que la gouvernance d’Internet promeuve une répartition équitable des ressources, facilite l’accès de tous et garantisse un fonctionnement stable et sûr d’Internet.  Nous devons enfin faire en sorte que les libertés fondamentales et les autres droits de l’homme exercés hors ligne le soient également en ligne.  Finalement, a conclu le Président, sur la base de l’expérience de ce qui a marché ces 10 dernières années, nous devons renforcer la collaboration multipartite pour réaliser la vision du Sommet de 2005 et des ODD.

Les technologies de l’information et des communications (TIC), a renchéri le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. BAN KI-MOON, ont créé de nouvelles formes de participation à la vie publique et d’activités économiques qui auraient été « inimaginables », il y a 10 ans.  Cette Réunion de haut niveau, s’est-il réjoui, se tient trois mois après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour lequel les TIC peuvent être un moteur.  Le Secrétaire général n’a pas pour autant oublié les défis de la fracture numérique, surtout entre les sexes alors que plus de 80% des ménages dans les pays développés ont accès à Internet, 2 sur 3 en sont privés dans les pays en développement.  Les femmes comptent pour la moitié de la population mondiale mais elles sont 200 millions de moins que les hommes à accéder à Internet. 

Il faut combler ce fossé d’autant plus que la technologie mobile et l’argent virtuel ont l’énorme potentiel d’intégrer dans le circuit bancaire 2 milliards de femmes et d’hommes dans le monde.  En encourageant l’innovation financière, on promeut l’inclusion financière, on multiplie les opportunités et on travaille à la croissance économique.  L’utilisation sécurisée des données nouvelles et non traditionnelles des sources de données peut aider les acteurs du développement à anticiper, planifier, cibler, mettre en œuvre, surveiller et être comptables de leurs actes.

Le Secrétaire général a appelé à œuvrer à « une culture mondiale de la cybersécurité » qui exige de tous les partenaires qu’ils protègent et promeuvent les droits de l’homme tout en luttant contre la cybercriminalité et les cyberattaques.  D’ici à 2020, on estime qu’il y aura six fois plus d’applications connectées à Internet que d’êtres humains sur la terre.  Il faut coopérer pour réfléchir aux implications d’une telle situation et faire en sorte qu’Internet devienne l’espace inclusif d’un bien public mondial.  Il est important de redoubler d’efforts pour bâtir un Internet ouvert sûr, sécurisé, fiable et inclusif.  Le Secrétaire général a félicité l’Assemblée générale pour avoir prorogé de 10 ans le mandat du Forum sur la gouvernance d’Internet.

En 2015, a conclu le Secrétaire général, la communauté internationale s’est lancée dans le périple de l’action climatique, de la viabilité et de la prospérité pour toutes les nations et les communautés qui partagent cette planète.  Les TIC et Internet doivent aider à avancer dans ce périple.  Veillons à ce que les résultats de cette Réunion de haut niveau nous permettent d’atteindre notre objectif commun d’un monde viable, équitable et connecté pour chacun et partout.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. SIYABONGA CWELE (Afrique du Sud) a insisté sur les mérites de la large bande en termes d’éducation, de santé, de services publics et de développement.  Le représentant a souligné l’importance, pour les pays en développement, de pouvoir se doter des infrastructures nécessaires pour le développement des TIC et en tirer pleinement parti.  Il a attiré l’attention sur des problématiques liées à l’Internet comme la confidentialité, la protection des données, la cybercriminalité et l’accès équitable de tous à cet instrument. 

Un accent particulier doit être mis sur les jeunes lorsque l’on parle de l’accès universel aux TIC, entre autres pour améliorer leurs compétences mais également les sensibiliser aux risques comme la cybercriminalité.  Le délégué a, à son tour, abordé la question du fossé numérique sous l’angle du genre, affirmant que l’Internet est souvent devenu un outil pour l’exploitation et la violence à l’égard des femmes.  Le Groupe des 77 et la Chine demandent des normes et des protocoles pour garantir le bon usage du cyberespace ainsi que des mesures robustes pour lutter contre la cyber criminalité au plan international.

Soulignant également le fossé numérique entre monde développé et en développement, il a appelé à des partenariats et à des programmes pour casser les monopoles actuels en termes de technologies, de logiciels et de matériel informatique.  Les gouvernements devraient en outre harmoniser les cadres juridiques et règlementaires, a encore suggéré le représentant.  « Les mêmes droits qu’ont les gens hors ligne, doivent être protégés en ligne », a-t-il dit, estimant que le processus du Sommet mondial doit être perçu à la fois sous l’angle du développement économique et de la diffusion des TIC, mais également sous l’angle du respect et de la réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  M. Cwele a plaidé pour plus de transparence et de démocratie dans le nouvel ordre mondial de l’information, y compris en termes de gouvernance.

M. GÜNTHER OETTINGER, Union européenne, a remarqué que, depuis 10 ans, l’augmentation de l’accès à Internet change profondément la société.  Ces cinq dernières années, le taux de pénétration a été multiplié par 7, passant à 14,3% c’est-à-dire 3,4 milliards de personnes qui ont aujourd’hui accès à Internet dont 1,4 milliard dans les pays en développement lesquels ont d’ailleurs enregistré la plus forte poussée.  La raison de cette croissance est liée à l’offre et à la demande, l’offre facilitée par des partenariats public-privé et un cadre réglementaire favorable, et la demande, correspondant aux besoins d’accès d’éducation, de santé et d’innovation des citoyens.  Les pouvoirs publics doivent garantir un contexte propice, les entreprises faire preuve d’audace et la société civile faire entendre la voix des démunis.  La révolution numérique doit se poursuivre et connecter ceux qui ne le sont pas encore doit être notre priorité car « moindre connectivité veut dire moindre développement ».  C’est un objectif réaliste et réalisable, a insisté le représentant.

Mais le risque réside dans une nouvelle fracture numérique entre ceux qui ont accès au haut débit et les autres.  Avec le téléphone mobile en Afrique, qui est important, on a le plus fort progrès d’accès mais le haut débit concerne moins de 20% des Africains.  Un Africain sur 100 a accès au haut débit et les autres, à un Internet rudimentaire et insuffisant pour une société de l’information telle que nous l’avons définie, a dit le représentant.  L’autre problème à surveiller au cœur du contexte européen, a-t-il poursuivi, a trait au multilinguisme.  Même si les réseaux sont disponibles, les gens ne se connectent que s’ils peuvent accéder à ce qui les intéresse dans une langue qu’ils comprennent.  Nous voulons la diversité, qu’elle prospère et qu’elle se développe et c’est encore plus important sur le plan mondial.  Quand on veut réunir des milliards d’internautes, il faut tenir compte des langues locales et régionales et élargir les compétences numériques.  Le Document final de la réunion reconnaît l’importance de l’économie numérique et l’Union européenne s’en félicite d’autant plus qu’elle a adopté, au début de l’année, une stratégie pour l’encourager.

Les 10 ans de progrès écoulés depuis le Sommet ont permis de consolider l’Internet dans son rôle de moteur de la croissance et du développement.  L’Europe travaille depuis longtemps pour qu’Internet demeure un réseau ouvert et transparent.  Elle défend ardemment la gouvernance multipartite d’Internet et félicite l’Assemblée générale pour avoir prorogé le mandat du Forum sur la gouvernance d’Internet.  C’est l’exemple même d’une institution qui associe des gouvernements et qui peut être décliné sur tous les plans local et régional.  L’économie numérique est un moteur mondial pour une croissance sans frontière et sans limite et il faut lutter pour qu’Internet représente un avantage pour tous et partout.

Mme MARINA KALJURAND, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a fait remarquer combien l’Internet et l’inter-connectivité sont devenus des facteurs décisifs du développement, de la croissance, de la prospérité et de la stabilité.  Elle a illustré l’un de ces bénéfices par un exemple simple.  En Estonie, 96% de la population introduit à présent sa déclaration d’impôts en ligne, opération qui prend moins de cinq minutes à finaliser.  « Nous estimons que nous réalisons, annuellement, une économie de l’ordre de 2% de notre produit intérieur brut (PIB) rien qu’en ayant instauré la signature en ligne », a-t-elle expliqué.  Cela représente à la fois un gain en termes de temps, de ressources humaines et de coûts.  Par ailleurs, les technologies de l’information ont permis de créer des nouveaux partenariats qui fonctionnent parfaitement entre les pouvoirs publics, le secteur économique et la population, a-t-elle ajouté.

La Ministre a cependant reconnu qu’adopter les technologies de l’information n’était pas toujours un facteur de développement.  C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’une gouvernance mondiale efficace d’Internet, ainsi que d’une coopération étroite entre les différentes parties prenantes, c’est-à-dire à la fois les pouvoirs publics mais aussi la société civile, le monde académique et les techniciens de l’information.  L’une des questions les plus sensibles demeure, par ailleurs, la sécurité des TIC.  La cyber menace n’est pas une question abstraite pour l’Estonie, qui a été l’un des cinq premiers pays au monde à avoir été victime, en 2007, d’attaques ciblées contre ses réseaux à des fins politiques, a-t-elle souligné.  « Ce n’est qu’en renforçant la coopération en matière de défense des réseaux mais aussi les échanges d’informations et d’expertises entre les pays que nous pourrons conserver le contrôle de nos propres services », a-t-elle insisté.  Avant de conclure, elle a également insisté sur la fracture numérique entre les pays développés et les pays en développement, mais aussi entre les hommes et les femmes.  Elle a estimé qu’aujourd’hui le monde ne peut pas se permettre d’offrir la croissance et l’innovation à une seule moitié de la population. 

M. NOOMANE FEHRI, Ministre de la communication et de l’économie numérique de la Tunisie, a estimé que depuis le Sommet de Tunis en 2005, une plateforme de suivi s’est avérée très utile pour les parties prenantes désireuses de mettre en œuvre le Programme sur les TIC.  Il y a 10 ans, nous avons essayé de convaincre le monde de l’importance des TIC pour développer nos sociétés et aujourd’hui, avec le Document final de cette Réunion de haut niveau, il faut passer à l’étape suivante, à savoir, la façon dont nous allons atteindre nos objectifs.  La Tunisie a une histoire intéressante à raconter, a-t-il poursuivi: la jeunesse a utilisé les TIC pour exprimer son mécontentement face au régime autocratique et s’en est servi pour le renverser.  Les TIC ont favorisé l’autonomisation de la jeunesse, a déclaré le Ministre en s’exprimant en tant que « un des 11 millions de personnes récompensées par le prix Nobel de la paix ».  Mais, a-t-il reconnu, les jeunes qui ont permis ce changement sont aujourd’hui au chômage et la démocratie doit encore faire ses preuves.  Le monde aujourd’hui est-il plus avancé qu’il y a 10 ans?  Est-il plus sûr et plus viable?  Avons-nous plus d’égalité?  « La réponse n’est pas évidente », a répondu le Ministre, invoquant les écarts qui restent à réduire et tout d’abord, la fracture numérique entre ceux qui sont connectés et les autres, un écart qui va s’accroissant. 

Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, il est 110 fois plus difficile pour un enfant africain que pour un autre enfant d’un pays en développement d’accéder à la culture et à Internet.  Les enfants parlent la langue du XXIe siècle mais les dirigeants leur répondent avec la langue du XIXe siècle.  « Les enfants ne peuvent plus supporter ça », a martelé le Ministre, en ajoutant que dans les pays en développement, il est toujours plus difficile pour les filles d’accéder à Internet.  L’économie numérique est la réponse à l’égalité des chances, à la prospérité et à la viabilité.  Elle représente aujourd’hui 7% du produit intérieur brut (PIB) de la Tunisie, mais le but est de devenir un des chefs de file de la région dans ce domaine.  La Tunisie veut connecter chaque foyer en haut débit et réaliser une économie numérisée à 100% d’ici à 2020.  Elle veut aider le secteur privé à aller plus vite et vise une administration publique sans papier. 

Mais le Ministre n’a pas oublié de mentionner qu’une nouvelle urgence a vu le jour dans le monde, celle de la lutte contre le terrorisme et contre la cyberinsécurité.  Nous devons tous lutter ensemble « tout en appliquant et respectant l’état de droit et les valeurs des droits de l’homme », a-t-il répété à deux reprises.  Les compagnies privées doivent renforcer leur coopération avec les pouvoirs publics en la matière car le monde change.  « Ce ne sont plus les espèces les plus fortes ni les plus intelligentes qui survivent mais celles qui sont le plus capables de s’adapter au changement », a conclu le Ministre, en citant Darwin. 

M. ANDRÉS GÓMEZ-LOBO, Ministre du transport et des télécommunications du Chili, a déclaré, à son tour, que les TIC peuvent contribuer à accélérer la réalisation des ODD, en s’enorgueillissant du fait que son pays est dans le peloton de tête en termes d’utilisation des TIC.  Quelque 70% des 18 millions de Chiliens utilisent Internet et l’objectif est de monter ce taux à 98%.  Pour le Ministre, le défi est l’accès au haut débit notamment pour les populations marginalisées et les régions isolées.  D’autres défis concernent l’éducation et la gouvernance en ligne.  Pour les relever, le Gouvernement a lancé un nouveau programme à l’horizon 2020 comprenant 60 mesures visant à réduire les fractures persistantes.  À son tour, le Ministre a insisté sur le fait que les mêmes droits et les mêmes obligations doivent être respectés hors ligne comme en ligne.  La vie privée mérite le respect sur Internet aussi et le Chili veut être un acteur de premier plan pour la défense des libertés face à l’espionnage massif des individus sur Internet.  Le Gouvernement élabore d’ailleurs une politique nationale sur la sécurité en ligne et note que la loi sur la neutralité du réseau n’a pas été un frein aux investissements.

Le Secrétaire d’État chargé de la culture, du sport et de la communication du Royaume-Uni, M. JOHN WHITTINGDALE, a rappelé qu’il s’agisse du télégraphe, des câbles sous-marins ou des travaux pionniers sur le Web, son pays a joué un rôle essentiel.  La vie de milliards d’individus s’en est trouvée améliorée et nous devons faire en sorte que ces bénéfices parviennent aux quatre coins du monde.  Si 3,4 milliards d’individus sont en ligne, beaucoup reste à faire car 4 autres milliards n’y sont toujours pas, la plupart dans les pays en développement dont un nombre disproportionné de femmes, a insisté le Ministre.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il expliqué, le Royaume-Uni n’a cessé d’insister sur les liens entre les TIC et le Programmes de développement durable à l’horizon 2030.  Les programmes de développement que le pays finance sont mus par les TIC mais il faut pour cela créer un environnement propice, à savoir stimuler la concurrence, créer des systèmes fiables de taxation et mettre en place un environnement réglementaire stable.  Pour autant, les gouvernements ne pourront seuls créer cette société de l’information – d’où l’importance des partenariats entre autres, avec la société civile et les milieux techniques et universitaires.

Notre expérience a montré l’importance des approches multipartites qu’il s’agisse de l’installation des bandes passantes larges ou de la protection des enfants en ligne.  Les TIC représentent de nouveaux défis qui exigent des solutions nouvelles.  Il est donc important d’avancer ensemble, a encouragé le Secrétaire d’État.  Il y a quelques années, a-t-il rappelé, le Premier Ministre David Cameron convoquait le premier Sommet sur l’exploitation des enfants en ligne, signant là la conviction du pays que la lutte contre les abus sexuels à l’encontre des enfants va de pair avec celle contre la cybercriminalité, le harcèlement, le terrorisme et autres menaces.  Il faut apprendre à être sécurisé en ligne mais, a prévenu le Secrétaire d’État, les gouvernements n’y arriveront pas en faisant cavalier seul.  Le Ministre a insisté sur le caractère « essentiel » de la liberté d’expression d’autant que dans bien des régions, des menaces graves pèsent sur elle et le pluralisme de l’information.  Le Ministre a cité les censures en ligne, les restrictions d’accès aux réseaux sociaux, l’intimidation des journalistes et les attaques contre eux.

Internet a permis à des milliers de blogueurs de s’exprimer et aujourd’hui leurs droits sont menacés.  Le Royaume-Uni en appelle à tous pour préserver les libertés fondamentales.  Les droits de l’homme valent tout autant en ligne qu’hors ligne » sinon nous ne pourrons atteindre le développement durable mondial dans l’éthique souhaitée.  Nos travaux ne font que commencer, travaillons pour que les 4 milliards d’individus qui ne sont pas en ligne rejoignent bientôt la communauté des internautes, a-t-il conclu. 

Mme HESSA AL JABER, Ministre de l’information et des technologies de l’information du Qatar, a brossé le tableau des progrès réalisés dans le domaine des TIC de ces dernières années dans le monde.  Le Qatar, a-t-elle souligné, se trouve actuellement dans la phase de transition entre une économie basée sur les ressources naturelles à une économie du savoir.  La vision nationale 2030 rejoint les objectifs du Sommet mondial sur la société de l’information et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La vision met l’accent sur les investissements dans les infrastructures de pointe et vise à moderniser les services publics.  Elle veut aussi préserver les infrastructures essentielles pour assurer la sécurité en ligne des citoyens.  Grâce à cette vision, des progrès ont été réalisés qui permettront au Qatar de devenir un pays de premier plan en matière des TIC.  Déjà aujourd’hui, les technologies ont renforcé l’accès des personnes handicapées à l’éducation en ligne et à la santé en ligne.  La Ministre a aussi mis l’accent sur la stratégie nationale de la sécurité en ligne pour protéger les informations et s’attaquer à la cybercriminalité.  Le Gouvernement compte utiliser les TIC pour créer un environnement innovant pour les jeunes et les entreprises et offrir à tous les dernières technologies de pointe.  Le Qatar a progressé vers son objectif de devenir un « État-intelligent », a conclu la Ministre. 

« Il y a 10 ans, nul ne pouvait prédire comment la société de l’information évoluerait mais deux choses semblaient déjà certaines: sa vitesse de progression serait fulgurante; ses développements nécessiteraient un examen approfondi tous les 10 ans », a affirmé Mme MARITE SEILE, Ministre de l’éducation et des sciences de la Lettonie.  « Aujourd’hui, le monde est plus connecté que jamais.  Il y a plus d’abonnements de téléphonie mobile que d’êtres humains sur la planète et, dans bien des pays –y compris la Lettonie– le secteur des TIC est devenu l’un des moteurs de l’économie, tandis que toute une gamme de services publics ou de formations sont disponibles en ligne », a-t-elle souligné.  Pour la Lettonie, ces possibilités sont extrêmement importantes pour les diasporas qui peuvent, ainsi développer leur identité et rester connectées à leur pays d’origine.  Ces progrès positifs ne vont toutefois pas sans défi pour les pays en développement.  C’est la raison pour laquelle elle, la Ministre a insisté sur la nécessité de développer un environnement propice au développement technologique.  « L’accès n’est pas l’unique solution », a-t-elle dit.  « Il faut éduquer aux nouvelles technologies dès l’école et promouvoir un apprentissage tout au long de la vie.  Il faut aussi renforcer l’esprit critique et le respect de la tolérance.  Enfin, il est fondamental que les droits que chacun exerce dans la vie soient respectés en ligne.

La Ministre a ensuite estimé que la communauté internationale devait utiliser les TIC dans un souci de protection de la diversité linguistique et culturelle dans le monde, un défi qui s’avère aujourd’hui particulièrement important pour les langues qui ont peu de locuteurs.  Il y a 500 ans, la presse écrite permettait le développement des langues et cultures locales.  Aujourd’hui, alors que les contenus en lignes n’existent que dans une dizaine de langues, la communauté internationale peut vivre un nouvel « effet Gutenberg », en misant sur les contenus locaux, le multilinguisme et la diversité multiculturelle mondiale.  Ces 20 dernières années, le secteur letton des TIC a activement travaillé à la promotion des contenus locaux et à la préservation du patrimoine culturel sous format numérique.

Pour M. JOSÉ CLASTORNIK, Directeur exécutif de l’Agence de développement du Gouvernement électronique de l’Uruguay, le pays a connu des changements profonds depuis le Sommet de 2005.  L’Agence de développement a été créée cette même année pour mettre en œuvre une politique du numérique dotée d’objectifs clairs et quantifiables, et soutenue par des lois.  Différents efforts ont été lancés pour promouvoir l’égalité des droits et sensibiliser aux risques du numérique.  Le Gouvernement a réalisé d’importants efforts d’investissement pour garantir l’accès gratuit à Internet -100% des écoles sont connectées- et à la fibre optique à tous les ménages du pays.  L’Uruguay est aujourd’hui doté de l’Internet le plus rapide et le moins coûteux de la région.

Ces efforts visaient à ce que toute la population puisse tirer parti des TIC sur un pied d’égalité.  En conséquence, la fracture numérique entre les ménages et entre les femmes et les hommes, est aujourd’hui « infime ».  Un ordinateur est offert à chaque enfant et une tablette à chaque retraité dans les foyers à faible revenu.  Par ailleurs, un projet de traçabilité a été lancé afin de mettre sur un pied d’égalité les producteurs de bétail, grands et petits, car le bétail est un des piliers de l’économie de l’Uruguay.  Nous avons aussi, a dit le représentant, démocratisé l’accès au Gouvernement et à la gestion de la chose publique via le numérique.  Nous sommes aujourd’hui le troisième pays au monde en termes de participation électronique de la population et nous faisons en sorte que 100% des services publics soient bientôt accessibles en ligne, a conclu l’orateur, avant d’estimer que « nous devrons être plus audacieux encore et aller au-delà des simples déclarations pour orienter notre action et réaliser les aspirations des peuples ».

M. DAVID OCAMPOS, Secrétariat national des TIC du Paraguay, a dit que son gouvernement a développé une stratégie nationale pour l’accès de tous à Internet et mis en œuvre, en conséquence, des politiques visant à aider les individus de se former.  Ces deux dernières années, le Gouvernement a redoublé d’efforts dans le domaine du contenu Internet de l’administration publique, pour améliorer la transparence.  Chaque citoyen peut télécharger les informations qu’il veut et dans le domaine de l’éducation, le Gouvernement vise à offrir à chaque élève un accès à Internet.  Il continue d’ailleurs de concevoir des applications pour permettre au citoyen l’accès aux données publiques et travaille, pour ce faire, avec le secteur privé.  Le Ministre a déclaré que la sécurité en ligne passe par l’éducation.  Des bulletins d’alerte sont lancés par le Gouvernement qui a aussi développé un plan national multipartite.  

M. RACHID ISLAILOV, Vice-Ministre des télécommunications de la Fédération de Russie, a rappelé que pour la première fois il y a 10 ans, on a esquissé, au plus haut niveau, les principes d’une société de l’information, économiques, technologiques, sociaux, culturels et autres.  Le Vice-Ministre a souligné « l’importance colossale » des TIC pour stimuler l’innovation et l’autonomisation de certains groupes et contribuer à la croissance.  Il a fait valoir le « lien indissociable » avec la réalisation des ODD.  Mais, a-t-il néanmoins prévenu, le processus est loin d’avoir atteint tous ses objectifs et le Sommet+10 montre que nombre de questions subsistent: réduire le fossé dans l’accès au haut débit, améliorer les capacités d’exploiter pleinement les TIC, diminuer les écarts entre les sexes et renforcer l’utilisation des TIC en prenant en compte les besoin des États.  Mais, les citoyens doivent aussi être rassurés sur le fait que leurs données sont protégées, a-t-il insisté.  Le Vice-Ministre a regretté que le Document final de la Réunion de haut niveau ne tienne pas compte des principes de la législation des TIC et souligne les « insuffisances » dans la capacité du Forum de gouvernance d’Internet de faire face aux défis de la sécurité. 

Le Vice-Ministre n’a pas manqué de souligner le rôle des TIC pour faciliter des contacts plus étroits entre le Gouvernement, la société civile et le secteur privé.  Le Gouvernement russe continue de transférer les documents électroniques de l’administration publique en ligne pour l’accès de tous, aussi éloignés soient-ils.  L’État s’est engagé à ce qu’en 2020, 87% de la population soit connectée.  « Compte tenu de notre étendue, on comprend l’ampleur du défi », a souligné le Vice-Ministre.  L’amélioration de la réglementation est en cours et outre les ondes courtes, plus de 215 000 km de câbles optiques doivent être installés, même dans les lieux où la population se limite à 250 ou 500 habitants.  Le Vice-Ministre s’est félicité du consensus atteint autour du Document final « même si ce ne fut pas facile ».

M. JOSÉ ANTÔNIO MARCONDES DE CARVALHO, Sous-Secrétaire d’État chargé de l’environnement, de l’énergie, de la science et de la technologie au Ministère des relations extérieures du Brésil, au nom d’un pays pionnier de la promotion d’un débat sur la gouvernance d’Internet, s’est targué de l’expérience nationale dont le Comité directeur sur l’Internet (CGI.br) établi en 1995 et la tenue, l’an dernier, du « Net Mondial ».  Le représentant a voulu que l’ensemble des principes et la feuille de route adoptés ainsi à Sao Paulo servent de point de départ pour l’évolution du « futur écosystème de l’Internet ».

Il est grand temps, a-t-il poursuivi, d’inverser la tendance selon laquelle la majorité des pauvres restent exclus des bienfaits des TIC et sur chaque utilisateur dans le monde, deux autres sont marginalisés.  Il faut veiller à ce que l’Internet soit accessible à tous, comme le dit le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Vice-Ministre a espéré que la Réunion de haut niveau favorisera les efforts visant la réduction de la fracture numérique entre et à l’intérieur des États.  Il a appelé à une action urgente pour fournir aux pays en développement un meilleur accès, le savoir-faire et les ressources nécessaires aux investissements dans les TIC, en particulier les infrastructures.  Il a également appuyé la protection des droits de la personne en ligne et hors ligne, notamment le droit à la vie privée et la liberté d’expression, qui exigent des filets de sécurité plus robustes contre les abus et les violations dans l’espace numérique, a-t-il insisté.  

M. YASUO SAKAMOTO (Japon) a souligné que l’expansion de l’Internet a dépassé les attentes, ajoutant que dans le futur, l’exploitation des TIC n’aura pas de limites, notamment dans des domaines tels que les changements climatiques, la santé, l’éducation ou encore la prévention des catastrophes.  Il a rappelé que les principes du Sommet mondial de 1995 intègrent la réduction de la fracture numérique, l’accès à l’information, le renforcement des capacités, le maintien de la sécurité, l’importance des médias et le respect de la diversité culturelle.  La question majeure est de pouvoir atteindre un niveau où on peut accéder à toutes les informations facilement, sans laisser personne derrière.  Pour ce faire, a-t-il préconisé, il faudrait mettre sur pied des infrastructures de communication, en assurer l’accessibilité et lutter contre l’analphabétisme.  Il est tout aussi important de continuer d’améliorer la diffusion des informations, à la fois sur les plans qualitatif et quantitatif, aux niveaux national et international, et d’en assurer la libre circulation.  Le représentant a par ailleurs souligné l’importance qu’il y a à ce que le débat sur la société de l’information inclue plusieurs parties prenantes et pas seulement les gouvernements.  À un espace mondial connecté reliant les êtres humains et les biens, la sagesse humaine passe à l’épreuve: comment utiliser cet espace pour la prospérité de toute l’humanité?

M. JORGE LUIS PERDOMO DI-LELLA, Vice-Ministre de la communication de Cuba, a estimé que pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il faut aller au-delà des TIC car, s’est expliqué le Vice-Ministre, beaucoup de pays les utilisent pour menacer les autres.  Il a donc prôné la coopération entre les États, exhortant ces derniers à faire en sorte qu’Internet soit une zone de paix et de prospérité.  Après avoir énuméré les efforts du Gouvernement cubain pour l’accès de la population à Internet, en particulier s’agissant de la santé et de l’éducation, le Vice-Ministre a dénoncé les effets du blocus économique imposé à Cuba depuis plus de cinq décennies.  Mais, a-t-il assuré, la communauté internationale pourra toujours compter sur le soutien de Cuba à l’établissement d’un ordre international juste et équitable.

M. NGUYEN MINH HONG, Vice-Ministre de l’information et de la communication du Viet Nam, a déclaré que le postulat selon lequel les TIC représentent une « grande chance » pour booster la croissance économique et tisser des liens entre pays ne se vérifie pas toujours.  La vérité est que la société de l’information a creusé l’écart entre les riches et les pauvres, au lieu de le resserrer, non seulement aux niveaux mondial et régional, mais aussi à l’intérieur des pays eux-mêmes.  Les TIC, notamment Internet, sont souvent utilisées pour des objectifs illégaux, comme l’incitation au terrorisme, à la violence, aux conflits interreligieux et autres activités. 

Au Viet Nam, le développement des TIC a été considéré, ces dernières années, comme une priorité pour le développement économique et la réduction de la pauvreté.  En juin 2015, on comptait 136, 8 millions d’abonnements à la téléphonie mobile, la technologie 3G étant déployée dans toutes les 63 provinces.  Le taux de pénétration d’Internet est de 38,5% d’habitants et les applications sont encouragées pour améliorer la compétitivité.  Le  Viet Nam promeut aussi l’industrie des logiciels et des ordinateurs.  Pour aller de l’avant dans la société de l’information, le Vice-Ministre a estimé qu’il faut réfléchir à la manière de réduire la fracture numérique entre les zones rurales et urbaines.  Il a appuyé dans ce contexte, la prorogation du mandat du Forum sur la gouvernance d’Internet.

 « À l’heure où nous devenons de plus en plus dépendants d’Internet en termes de croissance économique, d’innovation et de développement, il est indispensable que soient mises en place les conditions préalables à un Internet libre, ouvert à tous et sécurisé », a affirmé M. URI ROSENTHAL (Pays-Bas).  Il a notamment rappelé que cette vision avait été au cœur de la Conférence mondiale sur le Cyberespace, qui s’est tenue à La Haye en avril dernier.  Il a ajouté que le respect des droits de l’homme constitue l’autre préalable indispensable à la réalisation du développement et d’une société de l’information inclusive.  C’est dans ce contexte que les Pays-Bas ont créé, en 2011, la « Free Online Coalition » qui s’active, avec l’aide de partenaires internationaux, à promouvoir un Internet libre et ouvert à tous.

Le représentant a insisté sur le rôle crucial que peuvent jouer les TIC dans les interventions d’urgence ou en cas de catastrophes.  « La possibilité de pouvoir utiliser rapidement un grand nombre de données grâce à ces technologies a été démontrée lors des crises humanitaires et c’est une évolution que soutient mon pays à travers l’initiative Global Pulse de l’ONU. »  Il a précisé que les Pays-Bas comptaient d’ailleurs mettre l’accent sur ce point lors du prochain Sommet mondial sur l’action humanitaire.  En outre, le pays explore, en consultation avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la possibilité de rendre disponible l’expertise mondiale qui existe dans ce domaine, en la regroupant dans un centre spécialisé dans les données, qui serait installé à La Haye.  Ce centre pourrait fournir à la fois des conseils et des formations, a-t-il précisé.  S’agissant de la sécurité, il a souligné que les Pays-Bas investissaient dans le développement de capacités en matière de cybersécurité dans le monde.  Les Pays-Bas sont, par ailleurs, cofondateurs du Forum mondial sur la Cyberexpertise (GFCE) lancé en avril 2015, à La Haye.

Mme NERIDA O’LOUGHLIN, Secrétaire d’État aux affaires numériques de l’Australie, a rappelé que l’Internet avait changé la façon de travailler, de fournir l’information, d’être en contact avec ses proches et même de jouer.  Une connectivité sans précédent existe désormais au-delà des frontières.  En Australie, sur une population de 24 millions de personnes, 13 millions sont connectées et plus de 21 millions sont abonnées au téléphone mobile.  En juin 2015, le commerce électronique a augmenté de 2,3% au cours de l’année, atteignant les 267 milliards de dollars.  « Toute limite réelle ou perçue n’est pas liée à la technologie mais à notre vision du monde », a déclaré la Secrétaire d’État, en citant son Premier Ministre.  Elle s’est félicitée que le Document final de cette Réunion de haut niveau mette l’accent sur la fracture numérique notamment celle que l’on voit dans son pays entre les villes et les communautés rurales s’agissant de l’accès au haut débit.  

L’Australie est mise sur des bouquets multitechnologiques pour fournir les infrastructures nécessaires à la réduction de ce fossé.  Un satellite lancé en septembre permettra de fournir du haut débit dès 2016 aux communautés isolées.  Le Gouvernement a aussi lancé de nouvelles initiatives pour encourager les femmes et les filles à étudier les sciences et les mathématiques, alors que seule une étudiante sur 10 fait des études d’ingénieur.  Le Gouvernement a investi 13 millions de dollars pour surmonter ces difficultés en misant sur les TIC.  Pour le Gouvernement, ce programme d’innovation est une « cause commune », l’essentiel des infrastructures d’internet étant gérées par les partenaires privés, une évolution que la Secrétaire d’Etat a attribuée à la décentralisation.  Tout le monde a un rôle important à jouer, a-t-elle dit, en pointant le doigt sur l’administration et la société civile mais en reconnaissant aussi que les TIC présentent des défis pour les gouvernements.

Le modèle multipartite est l’instrument permettant un Internet ouvert, libre et non fragmenté, a déclaré M. WITOLD KOŁODZIEJSKI, Secrétaire d’État à la numérisation de la Pologne.  Il a dit voir dans ce postulat deux éléments cruciaux pour son pays dont le premier est la nécessité d’une coopération entre toutes les parties prenantes basée sur les principes d’ouverture, d’égalité et d’approche allant du bas vers le haut.  Le deuxième élément est « l’Internet non fragmenté ».  La fragmentation d’Internet, a prévenu le représentant, est une « menace colossale » dont la prévention doit être notre priorité.  « Changeons, modifions et améliorons l’Internet mais faisons-le avec prudence pour ne pas détruire les valeurs et les solutions techniques qui ont fait de lui le média mondial si particulier qu’il est aujourd’hui. »  Un Internet fragmenté veut dire la perte de tous les avantages et possibilités que l’on tire aujourd’hui d’un réseau uniforme mondial.  L’Internet est le vecteur du développement et en le fragmentant, nous perdrions un instrument de prospérité, d’éducation et d’emploi pour des millions de personnes.  L’Internet non fragmenté est une sphère de droits de l’homme et de libertés fondamentales qui doivent être protégés comme ils le sont hors ligne. 

Mme ANUSHA RAHMAN KHA, Ministre chargée des TIC du Pakistan, a estimé qu’en 10 ans, la communauté internationale avait su créer « intégration et sécurité » autour des TIC, un facteur essentiel de la transparence et de la bonne gouvernance.  Au Pakistan, l’objectif est de numériser l’ensemble du pays, en visant en particulier les femmes et l’accès au haut débit.  Chacun comprend le rôle des TIC pour faciliter de nouveaux modèles d’entreprenariat et la croissance dans tous les secteurs, mais la question la plus importante de ces 10 dernières années est l’accès sans précédent à l’information.  Il faut maintenant connecter ceux qui ne le sont pas.    

La Ministre n’a pas oublié de souligner que l’Internet est venu avec son lot de préoccupations en matière de sûreté et de sécurité.  La confiance des internautes et l’augmentation du nombre des abus ont de lourdes conséquences pour la paix et la sécurité, la diversité des menaces augmentant d’autant plus les risques.  Pour la Ministre, la communauté internationale doit empêcher les terroristes d’abuser d’Internet et s’entendre sur des normes minimales de protection des utilisateurs.  Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables dans le cyberespace et il faut une coopération internationale accrue dans la gestion des TIC et le renforcement des capacités pour « contrer les menaces ».  L’Internet est un outil mondial dont la gouvernance doit être transparente et commune à tous les États, a-t-elle ajouté.  La protection des droits et de la vie privée exige des États qu’ils élaborent de nouveaux outils.  Nous devons examiner tout l’écosystème des TIC pour progresser sur les ODD et parvenir à l’objectif commun de développement socioéconomique.

Mme CATHERINE A. NOVELLI, Sous-Secrétaire d’État à l’énergie et à l’environnement des États-Unis, a rappelé qu’au moment du Sommet de 2005, 12% seulement de la population avait accès Internet, principalement en Amérique du Nord et en Europe, et sur des ordinateurs portables.  Les smartphones n’étaient même pas une idée pour le commun des mortels et dans le monde en développement, l’accès à Internet, s’il existait, était tout simplement hors de prix.  Quelle différence en 10 ans, s’est exclamée la Sous-Secrétaire d’État.  La coopération multipartite, les investissements du bas vers le haut et l’innovation encouragés par le Sommet ont facilité le dynamisme de l’industrie de la technologie que l’on connaît aujourd’hui.  La Sous-Secrétaire d’État a vu trois raisons à cela: la faible capacité, les institutions intergouvernementales à prendre rapidement des décisions, ce qui est incompatible avec « la vitesse d’Internet »; la prise en compte des points de vue des parties prenantes essentielles dans la politique internationale d’internet; et le refus d’un plus grand contrôle gouvernemental qui pourrait conduire les régimes répressifs à pratiquer la censure ou à contrôler les contenus, ce qui est un anathème de l’essence-même d’Internet. 

En collaboration avec toutes les parties prenantes, le Département d’État américain vient de lancer l’initiative « Global Connect » qui vise à connecter 1,5 milliards d’autres personnes d’ici à 2020.  L’initiative travaillera pour encourager les pays à intégrer la connexion à Internet dans leur stratégie de développement et à adopter des politiques pro-croissances numériques; à encourager les institutions internationales du développement à donner la priorité à l’accès numérique; et à promouvoir les solutions innovantes de l’industrie des technologies pour élargir la connectivité.  Dans ce contexte, le Département d’État organise en avril 2016 la Conférence « Global Connect », en marge des réunions du printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), à Washington.

M. MAJA FJAESTAD (Suède) a déclaré que le message qu’il emportera avec lui dans son pays est que « l’Internet demeure une force du bien, du développement, des droits de l’homme et de l’autonomisation des peuples partout dans le monde ».  Il s’est dit satisfait de voir que chaque pays plaide pour un accès égal des femmes et des filles aux TIC, se félicitant en outre du rôle de la coopération suédoise à ce propos.  Relevant que les femmes renoncent à Internet pour des raisons de sécurité et d’intégrité, il a expliqué cette situation par le fait que les structures de pouvoir patriarcales qui constituent un obstacle à leur épanouissement dans la vie réelle sont également à l’œuvre en ligne.  Les femmes sont la cible de discours de haine et de la cyber violence, faisant observer qu’il s’agit là à la fois d’une question de sécurité et de droits de l’homme.  Il a affirmé à ce propos que les droits de l’homme sont le fondement même de la société de l’information, notant qu’il est fallacieux de vouloir opposer ces droits à la sécurité, alors que ces deux notions vont de pair, a—t-il argué.  Il a par ailleurs annoncé que le Forum mondial de l’Internet de Stockholm va accueillir des centaines de délégués du monde entier l’année prochaine, afin de discuter notamment des questions de technologie, du genre et du développement durable.

« C’est l’humain qui est au centre de la société de l’information.  Tout le monde –femmes, hommes, enfants, adolescents, y compris les personnes handicapées– devrait pouvoir accéder aux TIC et en faire bon usage », a réaffirmé M. PHILIPP METZGER, Secrétaire d’État et Directeur de l’Office de la communication suisse.  Dans ce contexte, il a estimé que la communauté internationale devait continuer d’accorder la plus haute priorité à la réduction des fractures numériques. 

Pour que les possibilités offertes par les TIC puissent être pleinement exploitées, il est indispensable d’assurer un accès non censuré à l’information, en veillant à la liberté d’expression et à la protection du droit à la vie privée.  « Il s’agit de permettre la libre formation de l’opinion publique, une participation éclairée des citoyens aux débats démocratiques, ainsi que leur pleine participation à la vie politique », a-t-il dit, en précisant que ces défis concernent tout particulièrement les femmes et les jeunes filles.  Il s’est en effet dit grandement préoccupé par le fait que nombre d’entre elles se voient privées des perspectives d’évolution dans leur vie professionnelle, sociale, politique et économique en raison d’un accès inégal aux TIC.  « Combler le fossé numérique entre les sexes est l’un des meilleurs moyens de promouvoir un développement durable universel », a-t-il insisté.  

Le Secrétaire d’État a ensuite expliqué que les principes de la coopération et l’engagement d’acteurs multiples qui caractérisent le processus du Sommet de 2005 depuis ses débuts, ainsi que la poursuite de la mise en œuvre de ses conclusions, exigera l’engagement de toutes les parties concernées, c’est-à-dire les organisations internationales mais aussi le secteur privé, la société civile, la communauté technique et universitaire, les agences de l’ONU et les gouvernements.  La Suisse s’est d’ailleurs engagée dans cette voie en lançant la « Geneva Internet Platform (GIP) », qui est l’un des principaux centres d’accueil des grands forums où sont examinées et adoptées les politiques liées au numérique, et qui s’attache particulièrement à soutenir les petits États et les pays en développement.

M. J. S. DEEPAK (Inde) a insisté sur le fait qu’il était indispensable que les pays en développement soient pleinement pris en compte dans le Document final de cette Réunion de haut niveau.  L’examen d’aujourd’hui reconnait l’importance de combler le fossé numérique entre les pays et entre les sexes pour faire des TIC un outil puissant de développement.  La technologie peut changer le monde et transformer la vie des personnes, les autonomiser et concrétiser le « développement pour tous » prôné par le Premier Ministre indien, a dit son représentant.

L’Inde est aujourd’hui un acteur majeur sur le marché des TIC s’agissant, en particulier, des services en ligne.  Nous avons créé, s’est enorgueilli le représentant, le troisième écosystème le plus important au monde pour les start-up.  Depuis le Sommet de 2005, l’Inde a fait un saut très important: en 2000, elle comptait moins de 30 millions de téléphones mobiles pour une population d’1 milliard d’individus et en 2015, elle compte plus d’un milliard de connexions.  Avec l’élimination des barrières tarifaires, l’Inde s’attend à une explosion semblable dans les trois prochaines années.  Il lui a fallu 20 ans pour parvenir aux 100 premiers millions d’internautes mais seulement trois ans pour les 100 millions qui ont suivi et 18 mois pour les autres 100 millions. 

Nous pensons aussi que sur le prochain milliard d’internautes, 500 millions seront en Inde.  Et pourtant, a remarqué à son tour le représentant, près de 900 millions d’Indiens n’ont toujours pas accès à Internet, ce qui entraine une asymétrie dans l’accès à l’information « qu’il faut absolument combler ».  Le pays a donc lancé « Digital India » pour gommer le fossé entre « les avec » et « les sans ».  En tant que plus grande démocratie au monde, l’Inde est attachée à donner une voix aux inaudibles.  Mais elle est aussi attachée à partager ses connaissances avec les autres pays en développement.  Elle a par exemple lancé un plan ambitieux pour connecter entre eux 53 États de l’Union africaine grâce au « PAN-African e-Network Project ».

S’agissant de la cybersécurité, un grand nombre de défis sont mal compris et mal pris en compte, a dit le représentant qui a suggéré une convention mondiale sur la cybercriminalité d’autant qu’on ne parle pas d’« un jeu à somme zéro » mais bien d’un développement gagnant-gagnant.  

Au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a fait valoir que la Déclaration et le Programme d’action du Sommet de 2005 avaient relevé le fait que les PMA nécessitaient une attention particulière dans les efforts pour bâtir des infrastructures de télécommunications.  Le Sommet avait notamment appelé les fournisseurs de réseaux à proposer des tarifs abordables à ces pays.  En 2011, le Programme d’action d’Istanbul sur les PMA avait fixé, à son tour, comme objectif spécifique d’accroitre de façon significative l’accès aux télécommunications afin de fournir un accès Internet à chaque individu d’ici à 2020.  Cet objectif a encore été renforcé par le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Or, a souligné le représentant, la réalité est qu’à peine 5% des foyers dans les PMA ont accès à Internet et que dans la plupart de ces pays, il s’agit d’un Internet sommaire, et dans les régions rurales, d’un Internet insignifiant.  La coopération internationale est donc essentielle et en particulier le transfert des technologies.  Sans appui, les PMA ne pourront pas se lancer avec succès sur l’autoroute de l’information, malgré une population jeune et avide de connaissances.

Le Bangladesh estime que l’accès à la formation est un critère de développement et a fait des TIC un facteur clef de ce développement.  Les procédures d’accès ont été simplifiées et des systèmes d’apprentissage en ligne ont été lancés dans tout le pays.  Cette année, les services TIC qui emploient 200 000 personnes ont généré 300 millions de dollars.  Dans les cinq prochaines années, cette somme devrait grimper à 1 milliard.  Le pays compte d’ailleurs sur ce secteur pour sortir de la catégorie des PMA, dans les cinq prochaines années, « à condition que les partenaires honorent leurs engagements ».

Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a souligné le rôle majeur des TIC dans le développement des pays sans littoral.  Il a donc déploré la « très grande fracture numérique » entre ces pays et les autres, pointant un taux moyen d’utilisation d’Internet, en 2014, de 20,6% contre 32,4% dans les autres pays en développement et 40,6% pour la moyenne mondiale.  Le principal obstacle est le coût élevé des technologies, a dit la représentante.  Elle a donc souligné l’objectif 17 qui vise à renforcer l’accès à la science, à la technologie et à l’innovation et la coopération Nord-Sud et Sud-Sud et la coopération triangulaire régionale et internationale dans ces domaines et améliorer le partage des savoirs selon des modalités arrêtées d’un commun accord, notamment en coordonnant mieux les mécanismes existants, en particulier au niveau de l’ONU et dans le cadre d’un mécanisme mondial de facilitation des technologies.  L’objectif vise aussi à promouvoir la mise au point, le transfert et la diffusion de technologies respectueuses de l’environnement en faveur des pays en développement, à des conditions favorables, y compris privilégiées et préférentielles, arrêtées d’un commun accord, et à faire en sorte que la banque de technologies et le mécanisme de renforcement des capacités scientifiques et technologiques et des capacités d’innovation des pays les moins avancés soient pleinement opérationnels d’ici à 2017.  L’objectif vise enfin à renforcer l’utilisation des technologies clefs, en particulier l’informatique et les communications.  Les pays en développement sans littoral ont dûment pris compte de l’importance que le Programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement accorde aux TIC.  Nous appelons la communauté internationale, a conclu la représentante, à mettre en œuvre « ce qui est sur papier » et nos partenaires au développement, à appuyer nos investissements dans les TIC pour nous aider à réduire la fracture numérique. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. SERGIO SHCHERBAKOV (Équateur) a déclaré, que les TIC sont des outils utiles pour la promotion du développement humain, de l’intégration sociale et de la croissance économique, ou encore la réalisation des objectifs de développement agréés au niveau international.  Pour cette raison, la CELAC continue de veiller au renforcement d’une coopération régionale orientée vers l’innovation, la formation des ressources humaines et le transfert des nouvelles technologies et des bonnes pratiques de gestion.  La CELAC s’efforce également d’améliorer l’utilisation des TIC pour générer des solutions dans tous les domaines de la vie, et plus particulièrement l’accès à la justice, la santé, l’éducation et l’agriculture.  Le représentant a ensuite vivement encouragé un meilleur suivi des processus de Tunis et de Genève compte tenu de la persistance de l’écart numérique et du déséquilibre entre les pays, et entre les régions.  Il a estimé que l’Internet devait être un bien public mondial ouvert, transparent, démocratique et pleinement participatif, reposant à la fois sur un processus multilatéral et une multiplicité de parties prenantes.

La CELAC condamne vigoureusement l’espionnage des données privées par des acteurs étatiques et non étatiques et appelle au plein respect de la souveraineté des États et des droits de l’homme.  Le représentant a fait part de la profonde préoccupation des États de la région face à la vulnérabilité des enfants s’agissant de la traite, du trafic, de la vente à des fins d’exploitation sexuelle, des abus, de la vente d’organes, du tourisme sexuel, de la pornographie et de la cybercriminalité.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme RUEANNA HAYES (Trinité-et-Tobago) a estimé que le processus engagé par le Sommet de 2005 et les documents finaux et processus de suivi qui s’y rattachent sont essentiels pour faciliter une coopération régionale et internationale pour la mise en place d’un environnement propice à l’accès des pays en développement aux TIC.  La CARICOM invite toutes les parties prenantes à reconnaitre le rôle porteur essentiel des TIC et de l’Internet pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Au plan régional, l’accès aux TIC et leur plus grande utilisation dépend d’une approche commune entre plusieurs parties prenantes.  La CARICOM a donc mis en place un programme de développement des TIC, parallèlement à une stratégie régionale de développement digital.  Toutefois, la mobilisation des ressources pour financer les investissements dans ces nouvelles technologies, en particulier dans les infrastructures et la connectivité, reste difficile.  À ce titre, l’aide publique au développement (APD) peut jouer un rôle intéressant.  Par conséquent, les pays de la CARICOM appellent la communauté internationale à intensifier son soutien dans ce domaine et à renforcer ses partenariats ainsi que les transferts de technologie de manière à pouvoir répondre aux besoins particuliers de « petites sociétés ».  La CARICOM invite en outre le système des Nations Unies et ses fonds et programmes à intégrer la question des TIC dans sa programmation du développement.

S’agissant des menaces, comme la cybercriminalité et la cyberinsécurité, la CARICOM plaide pour une approche collaborative aux plans national, régional et international dans la mesure où le cyberespace n’a pas de frontières géographiques traditionnelles.  En tant que petits États insulaires, les pays de la CARICOM saluent l’expansion des TIC au service de la protection de l’environnement, des énergies renouvelables et des villes résilientes aux changements climatiques.

Au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires en développement, M. AHMED SAREER (Maldives) a fait remarquer combien le monde a changé depuis les réunions de Genève et le Sommet de Tunis, il y a dix ans.  Tous les États, petits et grands, vulnérables ou non, ont vécu ce moment « révolutionnaire », comprenant le rôle des TIC et les opportunités qu’ils offrent pour le développement économique et social et l’efficacité dans tous les domaines.  Pour cette raison, les « Orientations de Samoa » qui balisent le développement des petits États insulaires ont identifié clairement la nécessité d’encourager l’accès à Internet et de renforcer les réseaux technologiquement avancés.  Nos stratégies de développement ont pris en compte depuis des années les opportunités d’investissement dans la santé, l’éducation, la prévention des risques de catastrophes ou la lutte contre les changements climatiques.  Notre éloignement géographique, notre dispersion sur de grandes zones et notre vulnérabilité aux catastrophes naturelles ont montré, a dit le représentant, que les TIC peuvent jouer un grand rôle dans nos économies mais qu’elles représentent aussi des risques significatifs.  Ce sont ces défis que nous devons relever, le Sommet ayant déjà identifié le fossé numérique et l’absence d’accès à des technologies fiables et performantes.  Mais l’accès à l’information en soi n’entraine pas l’accroissement des connaissances.  Il faut encore que les technologies et les contenus répondent aux besoins locaux.

S’agissant de télédétection, de surveillance sismique, de surveillance des tsunamis et des capacités d’alerte, les petits États insulaires en développement et d’autres pays les plus vulnérables doivent pouvoir compter sur une coopération appropriée.  Il faut que l’Internet et le haut débit soient placés dans un processus de développement sans politisation.  À la fin d’une « grande année pour le multilatéralisme », il est temps de se tourner vers la mise en œuvre des décisions et de passer à l’action, a conclu le représentant.

Mme ALEJANDRA LAGUNES SOTO RUIZ, Coordonnatrice de la stratégie nationale du numérique à la Présidence du Mexique, a déclaré que son pays adhère à la vision selon laquelle les TIC jouent un rôle fondamental pour le progrès économique et social.  Le Mexique a lancé en 2013 une réforme ambitieuse des télécommunications, élaboré sa stratégie numérique et adopté la Charte nationale des données.  Internet est une plateforme d’innovation, d’éducation, de santé et de participation citoyenne, favorisant l’égalité des sexes.  Au nom de son Gouvernement qui accorde de l’importance à la gouvernance par Internet, le représentant a invité toutes les parties prenantes à participer au Forum mondial sur la gouvernance d’Internet qui se tiendra en 2016 au Mexique.  

M. OMER FATIH SAYAN, Président de l’Administration de l’information de la Turquie, a souligné que l’économie numérique avait été un sujet important lors du Sommet du G20 à Antalya et souligné la connexion entre TIC et PIB.  Pourtant le fossé numérique figure toujours à l’ordre du jour.  La connectivité doit donc être l’objectif  principal.  Plusieurs solutions financières existent, du partenariat public-privé aux fonds spéciaux.  De son côté, la Turquie a pris plusieurs mesures réglementaires pour renforcer l’accès aux TIC, des technologies qui peuvent être vitales pour des villes viables ou de meilleurs services sociaux.  Il faut donc les déployer « au cœur de nos politiques ».  Respecter les droits de l’homme et la liberté d’expression est d’autant plus important que la gouvernance d’internet doit placer l’humain au centre de tous.  Tous les droits de l’homme doivent être protégés hors ligne comme en ligne.  Il faut surtout protéger les droits de l’enfant, vulnérable face aux contenus nuisibles.  C’est un devoir et une obligation de rendre les TIC plus sûres.  Comme il n’y a pas d’intermédiaire entre les fournisseurs de contenu et les enfants, ce sont aux premiers qui doivent assumer la responsabilité de mettre en place des mécanismes de protection des utilisateurs. 

Dix ans après le Sommet de Tunis, il est très important, a conclu le représentant, de mettre en place des règles pour garantir la vie privée des utilisateurs et les protéger contre les contenus illégaux.  Il faut lutter contre les actions illégales, y compris l’utilisation d’Internet à des fins terroristes.  Les organisations terroristes ne devraient pas pouvoir manipuler Internet à des fins de propagande et en la matière, une coopération renforcer entre toutes les parties prenantes sera « indispensable », a conclu le représentant.

À l’instar du Programme de développement durable à l’horizon 2030, M. GERHARD HESSE (Autriche), a souligné le rôle moteur d’Internet pour les progrès socioéconomiques.  L’Autriche soutient la prorogation du mandat de Forum sur la gouvernance d’Internet (FGI) qui reste, selon elle, l’instrument le plus important pour développer davantage l’environnement de l’information et de la communication au 21ème siècle.  « La libre circulation de l’information est à la base de toute société d’information » a-t-il poursuivi en remarquant que cela n’était possible que si les droits de l’homme,  la liberté d’opinion et d’expression ainsi que la confidentialité des données sont correctement protégés. 

Toutefois, si les TIC et l’Internet sont un moteur important pour l’amélioration de la qualité de vie des citoyens du monde, il n’en demeure pas moins que des inégalités importantes persistent en termes d’accès.  Par conséquent, le représentant a appelé à une société de l’information plus inclusive, ajoutant qu’aucun enfant ne doit quitter l’école sans des compétences numériques.

M. ALEX SCEBERRAS TRIGONA, Envoyé spécial du Premier Ministre de Malte, s’est demandé s’il fallait que l’Internet se développe de lui-même ou alors s’il doit être considéré comme un héritage commun de l’humanité, et dans ce cas être géré comme tel.  Il a estimé qu’aucun gouvernement ne devrait avoir un rôle prééminent en matière de gouvernance de l’Internet, proposant à cet effet que cette gouvernance soit multilatérale, transparente et démocratique, avec l’implication des gouvernements, du secteur privé, de la société civile et des organisations internationales.  Il a appelé la communauté internationale à mettre également l’accent sur la cyber sécurité et proposé que la question de « la protection de l’Internet comme héritage commun de l’humanité » soit débattue par l’Assemblée générale à sa prochaine session.

M. STEFAN SCHNORR (Allemagne) a fait remarquer que, de nos jours, les TIC relient les individus et les entreprises, tous continents et tous secteurs confondus et à une vitesse chaque fois plus rapide.  Il a également relevé que depuis les Sommets de Genève et Tunis, des jalons ont été posés: la couverture Internet a été élargie et le nombre d’utilisateurs a explosé, alors que, simultanément, le coût d’utilisation a fortement baissé.  Il a aussi réaffirmé l’appui de l’Allemagne à ses partenaires alors qu’ils s’emploient à la mise en place d’une société de l’information centrée sur l’être humain, inclusive et orientée vers le développement.

À cet égard, il a défendu l’intégration, dans cette démarche, des droits de l’homme et des libertés fondamentales qui doivent être protégés hors ligne et en ligne.  Il a loué les initiatives conjointes de son pays et du Brésil, qui ont joué un rôle important dans les progrès considérables enregistrés sur cette question au sein de l’Assemblée générale et au Conseil des droits de l’homme.  Le représentant a toutefois regretté la tendance actuelle à ajouter de nouvelles questions au processus, ce qui risque d’occulter les éléments clés et l’importance du Programme d’action de Tunis.  Il a recommandé de discuter de l’utilisation « intelligente » des TIC en adéquation avec les besoins de tous.  Il a insisté sur le fait que l’Internet ne doit pas être sous le contrôle exclusif d’une seule partie prenante qu’il s’agisse des sociétés ou des gouvernements mais que sa gouvernance doit relever de la responsabilité de tous les groupes.        

Mme RITA FORSI (Italie) a déclaré que l’objectif principal du Sommet de 2005 était de combler la fracture numérique entre les pays développés et en voie de développement, et de faciliter la réalisation des OMD en utilisant les TIC.  Elle a rappelé que l’Italie s’est, avec l’Union européenne, énormément engagée durant ces années.  L’Internet jouant un rôle clef dans le développement, l’Italie soutient les structures de gouvernance multipartite basées sur un ensemble de principes conformes aux droits de l’homme et à la liberté d’expression, ce qui inclut la liberté d’expression, le droit à la vie privée, le droit à la protection des données, le droit de réunion et d’association pacifiques.  Chaque citoyen devrait avoir le droit d’accès à l’Internet à très haut débit pour être correctement intégré dans la communauté mondiale, a-t-elle déclaré.

M. RICARDO MOR SOLÁ, Ambassadeur de l’Espagne pour la cybersécurité, a déclaré que les TIC ont transformé la réalité sociale et économique de l’humanité et ce, à grande vitesse.  Les TIC sont un vecteur fondamental du développement durable et, en cela l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est une bonne chose.  Mais, a prévenu le représentant, les nouveaux défis du développement appellent l’engagement de tous les pays.  M. Sola a rappelé le caractère transversal des droits de l’homme et a souligné l’importance d’assurer l’égalité des droits entre le monde virtuel et le monde réel.  Il a insisté, à son tour, sur le fait que les TIC peuvent contribuer à l’autonomisation des femmes et des filles et l’égalité des sexes.  Il a donc préconisé de stimuler les investissements dans le numérique par des mesures d’incitation fiscale et dans la lutte contre le fossé numérique, il a suggéré une approche multidimensionnelle.  Face à une urbanisation croissante, les TIC peuvent être les catalyseurs des villes « intelligentes » et régler les problèmes d’accès à l’eau et à l’énergie.

Mme PIA RANTALA-ENGBERG, Ambassadrice des cyberaffaires de la Finlande, a réaffirmé l’attachement de son pays au processus du Sommet mondial de 2005, tout en indiquant qu’il reste beaucoup à faire, en particulier pour ce qui a trait au lien entre ledit processus et l’ordre du jour mondial du développement.  Dans le cadre de sa politique de coopération ces dix années écoulées, la Finlande a notablement investi dans les conditions préalables au développement, à la croissance et à l’innovation numérique, en appuyant entre autres la mise sur pied  d’une société de l’information et des capacités numériques dans les pays en développement.  Outre ses contributions financières, la Finlande a également investi dans le partage d’expérience et du savoir-faire.

L’Ambassadrice a voulu que l’on ne laisse personne sur le bord de la route de ce processus « vital ».  Tous les groupes, y compris la société civile, le secteur privé, les minorités, les peuples autochtones et les personnes handicapées, doivent être en mesure de participer au développement numérique et à la prise de décisions pour façonner la société de l’information.  Dans le même esprit, elle a exhorté à des efforts plus concertés afin de garantir aux filles et aux femmes l’égalité des chances dans ce domaine.  « Le monde ne peut se permettre de ne se servir que de la moitié de son potentiel humain s’agissant de la croissance et de l’innovation », a-t-elle argué.   

Mme AMPARO ARANGO, Directrice de l’Institut des télécommunications de la République dominicaine a souligné l’importance de faire de l’équité entre les sexes l’axe transversal du Document final de cette Réunion de haut niveau et d’accorder une attention spéciale au fossé numérique entre les sexes et à l’engagement de tous les pays à le surmonter.  Elle s’est félicitée du rôle central des TIC à tous les niveaux de l’éducation.  Les TIC, a-t-elle dit à son tour, apparaissent clairement comme un catalyseur de développement.  La représentante a estimé, dans ce contexte, qu’il faut un groupe de travail chargé de définir des critères quantifiables pour la réalisation des objectifs fixés.  Elle a attiré l’attention sur la nécessité de prendre en compte « fermement » le harcèlement et les abus dont souffrent principalement les femmes et les filles sur Internet.  Elle a réitéré la grande valeur que son pays accorde au caractère « démocratique et inclusif » du processus d’examen qui a permis à davantage de pays d’y participer avec le soutien des entités des Nations Unies comme ONU-Femmes.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a dit que l’examen d’ensemble de la mise en œuvre des textes issus du Sommet de 2005 vient à point nommé pour réaffirmer l’engagement des États, à la lumière des nouveaux développements et pour tenir compte de la nouvelle donne en matière de développement durable et d’éradication de la pauvreté, du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce Programme, a dit la représentante, reconnaît l’importance des TIC pour la réalisation des ODD, en écho aux grandes orientations retenues dans le cadre du Sommet mondial.  Elle a ajouté que le Document final de cette Réunion de haut niveau détaille bien les efforts complémentaires requis pour réaliser la vision développée par le Sommet.  Il souligne l’importance de combler le fossé numérique pour créer les potentialités techniques devant permettre aux TIC d’être des instruments du développement.  Il serait toutefois illusoire, a prévenu la représentante, de mesurer nos progrès uniquement à l’aune de la diffusion des TIC sous un angle purement économique.  Elle s’est dite satisfaite que le Document final souligne la nécessité de mesurer le chemin parcouru également au regard de la réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui sont autant d’éléments constitutifs d’une société de l’information inclusive et à dimension humaine privilégiant le développement. 

M. WANG MIN (Chine) a rappelé que nous sommes réunis aujourd’hui pour voir comment les résultats du Sommet de 2005 ont été mis en œuvre.  Pour cela, nous devons être conscients que les objectifs fixés n’ont pas été atteints, comme en témoigne la persistance voire l’aggravation du fossé numérique.  La Chine préconise donc que l’accès aux TIC soit une priorité dans la réalisation des ODD.  Il faut renforcer l’aide aux pays en développement pour l’amélioration de leurs infrastructures.  Le représentant a aussi demandé l’amélioration de la gouvernance mondiale d’Internet, estimant qu’à cet égard, il faut appuyer le rôle de la société civile.  Il s’est prononcé pour un modèle équilibré de gouvernance qui ne penche pas trop en faveur des entreprises et des ONG.  S’agissant de la cybersécurité, le représentant s’est dit favorable à un code de conduite dans le cyber espace et face aux menaces, il a préconisé des négociations au sein de l’ONU.  La Chine, a-t-il annoncé, organise prochainement la deuxième Conférence mondiale sur l’Internet qui portera notamment sur les questions émergentes et le cyber espace. 

Mme ZHANAT ZHAKHMETOVA, Responsable de la communication et de l’information au Ministère des investissements et du développement du Kazakhstan, a insisté sur la nécessité de développer l’accès à Internet sur des bases équitables pour que chaque pays soit à égalité et puisse en tirer les bénéfices.  Elle a plaidé pour des réseaux interactifs qui permettent les échanges sur des secteurs clefs dont la santé.  En la matière, la protection des droits privés est un sujet important.  En 10 ans, le Kazakhstan a créé une infrastructure de gouvernance électronique fiable.  70% des citoyens sont aujourd’hui connectés, naviguant sur plus de 700 services en ligne.  Ce sont autant de mesures de mise en œuvre des ODD et de création d’une société innovante.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a remarqué que les TIC apportent dans les foyers tout ce qui se passe dans le monde, en bien comme en mal et rend l’information facile à assimiler et à partager.  Elles ont un impact pluridimensionnel sur tous les aspects de notre vie mais elles ne sont pas encore une réalité pour tous.  Nous avons aujourd’hui la chance de pouvoir y remédier, ne la ratons pas et agissons, a encouragé le représentant.  2015 a été une année profitable au multilatéralisme avec les accords sur le développement durable et de changement climatique ainsi qu’avec le Sommet d’Addis-Abeba.  Les textes issus de ces trois rendez-vous constituent une possibilité de développement et de changement de cap qui nous interdit de continuer « comme avant ».  Nous  n’avons pas de manuel à suivre mais il y a une chance à saisir.

Nous aurons besoin, a dit le représentant, d’une coopération accrue pour assurer l’accès universel aux TIC pour que l’internet contribue véritablement à la réalisation des objectifs de l’Agenda post-2015 comme la lutte contre la pauvreté et l’accès universel à l’éducation ou à la santé. Il faut pour ça combler la fracture numérique, créer un environnement propice  à une gouvernance d’internet, ouverte et transparentes et faire en sorte que les droits de l’homme soient respectés en ligne. Si on s’y attelle, on peut démultiplier l’impact de chaque dollar dépensé pour développer les infrastructures internet dans chaque région du monde, a calculé le représentant, en ajoutant « établir la confiance et assurer la cyber sécurité par la coopération internationale est une obligation. »

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) associée au groupe des 77 et de la Chine, a insisté sur le fait que son pays avait tôt reconnu le potentiel des TIC pour l’innovation et le progrès économique.  Il a d’ailleurs investi considérablement dans ce secteur, ce qui lui permet d’affirmer qu’aujourd’hui 100% de la population bénéficie d’une couverture cellulaire pour téléphones mobiles.  C’est cette volonté nationale qui a permis à son pays d’émerger en tant qu’acteur économique mondial, a-t-elle insisté. 

Elle s’est toutefois dite consciente que ce potentiel demeure inaccessible encore à une grande part de la population mondiale et que ceux qui sont aujourd’hui privés d’accès sont de fait de plus en plus marginalisés.  Le temps est donc venu d’appliquer ce principe de « ne laisser personne sur le côté »  quand il s’agit des technologies de l’information et des communications.  L’implication des femmes doit être soutenue, a-t-elle poursuivi, en estimant que le fossé entre hommes et femmes dans les Emirats était désormais marginal mais que beaucoup restait néanmoins à faire.  Alors que des groupes extrémistes font usage d’Internet pour recruter et à des fins de radicalisation, la communauté internationale doit prendre acte dans son examen des décisions du Sommet de 2005 de la menace que cet usage constitue et le combattre, a-t-elle conclu.

M. JANG-KEUN LEE, Directeur général adjoint des Organisations internationales au Ministre des affaires étrangères de la République de Corée a souligné que depuis le Sommet mondial de Tunis des progrès considérables ont été accomplis.  Les TIC ont joué le rôle de catalyseur pour assurer le développement de l’Internet et des technologies mobiles, en créant des emplois et des entreprises et en facilitant le partage des connaissances dans le monde.  Malgré tout, combler le fossé numérique reste une difficulté de taille tout comme renforcer la confiance dans Internet.  La gouvernance en la matière constitue un thème clef dont il faudra traiter à l’avenir.  Pour le Représentant de Corée, le modèle multipartite est « indispensable ».

Tous les acteurs, y compris les gouvernements et le secteur privé doivent unir leurs efforts pour relever les défis, en particulier ceux liés au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’accès à Internet pour tous est un objectif possible, a dit le représentant, en citant le succès de son pays qui était à la traine en 1980 avec un taux de pénétration de 7% seulement des lignes téléphoniques.  Aujourd’hui, le pays peut se vanter des meilleurs scores s’agissant des TIC.  L’accès rapide à l’Internet rapide et la réglementation sur la concurrence ont permis à la République de Corée de devenir l’un des pays les plus connectés au monde.  « Notre pays est prêt à partager son expérience » a souligné le représentant.  La République de Corée apporte déjà son assistance à des pays en développement dans les domaines du renforcement des capacités et du transfert des technologies.  La mise en place de politiques favorables aux TIC doit se faire par le biais de la coopération, avec entre autres, pour réaliser les priorités du Sommet et concrétiser les objectifs du Document final de cette Réunion de haut niveau.

M. DAVID MARTINON, Ambassadeur pour la cyber diplomatie et l’économie numérique de la France, a déclaré que la fracture numérique reste trop importante.  À cet égard, il faut aider les 65% des foyers encore privés d’Internet dans les pays en développement, surtout les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées.  M. Martinon a reconnu les différentes approches des États concernant la gouvernance de l’Internet qu’il a attribuées à des « malentendus » estimant que le débat qui portait sur des termes plutôt que des concepts était mal posé.  Il a estimé que les solutions et les réponses à ce « faux » débat sur la gouvernance d’Internet devaient être recherchées au sein de l’ONU.  S’agissant de la lutte contre la cybercriminalité, il a dit que l’Accord de Budapest reste un outil remarquable et a insisté sur le fait que le développement des TIC doit s’inscrire dans le respect des droits de l’homme qui doivent s’appliquer en ligne, s’agissant  notamment des droits d’auteurs.  La censure est à bannir, a-t-il aussi insisté, avant d’appeler à la protection des blogueurs dont certains sont emprisonnés et leur vie parfois menacée, a-t-il rappelé.  Il a également réitéré le fait que face au « faux » débat sur la gouvernance d’Internet, c’est au sein de l’ONU qu’il faut rechercher les solutions.  Il a conclu en soulignant combien les États ont besoin du secteur privé pour promouvoir l’Internet.

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a insisté pour que les TIC soient centrées sur les personnes et le développement afin de leur donner un impact socio-économique positif.  Il a jugé que le Programme d’action du Sommet de Tunis restait pertinent malgré les défis qui imposent d’accorder une plus grande attention aux TIC au service du développement durable.  Il a appelé en particulier à un accès réel des zones rurales à Internet et à la mise en place d’outils financiers appropriés.  Renforcer la coopération internationale sera aussi indispensable, surtout pour la lutte contre la cybercriminalité.  Les TIC, a poursuivi le représentant, ont un impact sur les trois dimensions du développement durable.  Il a appelé à des synergies pour une gouvernance « claire » d’Internet.  Il a salué le Document final qui sera adopté demain, lequel réitère la nécessité de renforcer l’accès aux outils financiers mais appelle aussi à intensifier le transfert des technologies pour réduire la fracture numérique à tous les niveaux et favoriser ainsi une plus grande confiance et une plus grande sécurité dans l’utilisation d’Internet.  Les TIC doivent vraiment œuvrer à la promotion du bien-être social, a conclu le représentant.

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