Assemblée: le Programme de développement durable à l’horizon 2030 vu comme l’occasion « unique » de réaliser le contrat social signé, il y a 20 ans, au Sommet de Copenhague
L’Assemblée générale a commémoré aujourd’hui le vingtième anniversaire de l’agenda du développement social, adopté il y a 20 ans, au Sommet de Copenhague, le plus grand rassemblement politique de l’époque, a souligné le Président de l’Assemblée. Les délégations ont vu dans le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 l’occasion « unique » de mettre pleinement en œuvre les 10 engagements agréés dans la capitale danoise.
Quelque 14 000 participants dont 117 chefs d’État et de gouvernement se sont réunis en 1995 à Copenhague pour adopter, a dit le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, « un contrat social mondial plaçant l’être humain au centre du développement » et ayant pour triple objectif l’élimination de la pauvreté, le plein emploi productif et l’intégration sociale. Les personnes ont été placées au centre des efforts, étant entendu qu’elles sont prises dans leur individualité plutôt que dans leur nombre, afin de mieux comprendre leurs attentes et leurs besoins, surtout ceux des groupes vulnérables et désavantagés, a précisé aujourd’hui le représentant de l’Italie.
En dépit des progrès « phénoménaux » enregistrés ces 15 dernières années, grâce au Programme d’action de Copenhague qui a été complété, six et huit ans plus tard, par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le Consensus de Monterrey sur le financement du développement, il s’est avéré clair, a souligné le Président de l’Assemblée générale, qu’une approche plus globale capturant les dimensions économique, sociale et environnementale du développement était nécessaire. Heureusement, cette nouvelle approche réside au cœur même du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ce nouveau Programme constitue une occasion « unique » de réaliser l’agenda de Copenhague, a acquiescé le représentant du Groupe des 77 et de la Chine. En effet, à la fin de 2014, le monde comptait encore plus d’un milliard de pauvres et plus de 201 millions de chômeurs, dont 73 millions de jeunes, sans compter, a énuméré le représentant de la Chine, les nouvelles menaces liées aux conflits, aux changements climatiques et aux crises sanitaires.
Les défis dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne doivent donc pas être sous-estimés, a prévenu le représentant de l’Union européenne, espace frappé par la crise de l’emploi et des politiques sociales. La mise en œuvre du Programme doit s’aligner avec les priorités nationales, a insisté le représentant de l’Égypte, au nom du « Groupe des Amis de la famille », s’étonnant qu’alors qu’à Copenhague, la famille a été consacrée comme caractéristique principale d’un environnement favorable au développement social, des États essayent aujourd’hui de l’extirper de l’agenda de l’ONU « pour promouvoir des questions controversées ». Le représentant du Danemark s’est alarmé de la marginalisation des groupes sociaux comme les LGBT.
Ces deux dernières décennies nous ont appris un certain nombre de leçons, a résumé le représentant du Viet Nam et entre autres, que les politiques sociales doivent être intégrées aux politiques de développement et non être de simples outils pour atténuer l’impact socioéconomique des mesures prises. Le Salvador, a avoué son représentant, avait fait l’erreur de sous-estimer les causes structurelles de la pauvreté, ne comptabilisant cette dernière que sous l’angle de l’accès à l’alimentation. En Guinée équatoriale, a expliqué son délégué, la croissance a permis de vraies avancées sociales mais la chute drastique des cours du pétrole compromet les efforts en cours. Il faut donc espérer, a-t-il dit, que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fournira, à partir de maintenant, les outils d’une responsabilité partagée entre les pays pour les aider à renforcer leurs économies et à placer toutes les ressources disponibles dans le développement durable.
Au cours de cette soixante-dixième session, montrons que la transition vers un monde prospère, pacifique, résilient aux changements climatiques et à faible émission de carbone n’est pas seulement réalisable mais est déjà en cours. Montrons, a conclu le Président de l’Assemblée générale, que le développement durable n’est pas simplement quelque chose de possible mais bien quelque chose d’inévitable.
L’Assemblée générale se réunira lundi 14 décembre à partir de 10 heures pour se prononcer sur les recommandations de sa Sixième Commission chargée des questions juridiques.
RÉUNION DE HAUT NIVEAU À L’OCCASION DU VINGTIÈME ANNIVERSAIRE DU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/70/173)
Déclarations
M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a rappelé que le Sommet a été l’un des plus grands rassemblements politiques de l’époque avec plus de 14 000 participants, y compris des délégués de 186 pays dont 117 étaient représentés par leur chef d’État ou de gouvernement. Les États Membres ont adopté la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague, « un contrat social mondial » plaçant l’être humain au centre du développement. Ce faisant, les États Membres se sont mis d’accord pour faire progresser le développement social grâce à 10 engagements allant de l’éradication de la pauvreté, la réduction des inégalités, en passant par la promotion d’une intégration sociale fondée sur le renforcement et la protection de tous les droits de l’homme.
Les États Membres se sont aussi mis d’accord pour promouvoir la paix et la sécurité internationales, accélérer le développement de l’Afrique et des pays les moins avancés (PMA), et mobiliser des ressources pour réaliser le progrès social. Dans ce cadre, le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement étaient vus comme des composantes du développement durable interdépendantes et se renforçant mutuellement. Les États Membres proposaient ainsi une approche holistique du développement en reconnaissant la viabilité comme un cadre de développement global.
Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le Consensus de Monterrey, adoptés six et huit ans plus tard devenaient alors d’importants vecteurs de la réalisation des objectifs du Sommet social mondial, en particulier l’éradication de la pauvreté. Néanmoins, ces objectifs ne capturaient pas l’intégrité et le souffle des résultats du Sommet de 1995.
En dépit des progrès « phénoménaux » enregistrés dans certains domaines ces 15 dernières années, il s’est avéré clair qu’une approche plus globale capturant les 3 dimensions du développement durable et focalisés se concentrant sur les causes profondes, était nécessaire. Heureusement, cette nouvelle approche réside au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Stratégiquement, l’éradication de la pauvreté reste la base comme c’était le cas à Copenhague.
Si nous avons appris quelque chose du Sommet de 1995, c’est qu’il ne faut pas perdre l’élan. Les gouvernements, la communauté scientifique, le secteur privé, la société civile et les différents organes de l’ONU doivent se mettre ensemble et commencer le travail « ardu » de la mise en œuvre. Nous devons nous dévouer aux 15 années d’action ciblée et porteuse de transformations.
Au cours de cette soixante-dixième session, en particulier, nous devons montrer que la transition vers un monde prospère, pacifique, résilient aux changements climatiques et à faible émission de carbone n’est pas seulement réalisable mais est déjà en cours. Nous devons montrer que le développement durable n’est pas simplement quelque chose de possible mais bien quelque chose d’inévitable.
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) a affirmé que son Groupe avait déjà compris l’importance de mettre l’accent sur la réduction de la pauvreté, le manque d’emploi et l’intégration sociale. À la suite du Sommet de 1995, le Groupe s’était engagé de nouveau en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Aujourd’hui, a-t-il dit, il est crucial d’être conscient de ce qui n’a pas encore été accompli. Il a notamment estimé qu’il était déplorable que l’exclusion sociale continue d’être un défi dans de nombreuses parties du monde. Les Gouvernements doivent donc renforcer leurs efforts pour répondre aux besoins des marginalisés.
Le Groupe des 77 et la Chine souhaiteraient souligner que l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue une occasion unique de mettre fin à la pauvreté et aux privations subies par des centaines de millions de personnes. Il s’agit aussi d’une occasion unique de fournir une autonomie aux femmes, aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux autochtones, aux migrants et aux déplacés ou aux personnes touchées par les conflits. La réalisation des OMD qui n’ont pas encore été atteints demeure une priorité pour le Groupe des 77 et la Chine, a insisté le représentant.
S’agissant de la crise des réfugiés, il a estimé qu’elle représente un obstacle à l’intégration sociale et aggrave encore la pauvreté. « Nous devons prendre davantage de mesures concrètes et concertées pour lever tous les obstacles incompatibles avec la dignité humaine. Cela passe par la pleine réalisation du droit des populations à l’autodétermination, en particulier les populations qui vivent sous le joug de l’occupation car cela freine considérablement leur développement social », a-t-il dit. Avant de conclure, il a encore mis l’accent sur la nécessité pour la communauté internationale de mieux répondre à la réalité du vieillissement des populations et a appelé à renforcer les activités nationales et internationales pour protéger les droits de l’homme des plus âgés d’entre nous.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. EMMANUEL POTHWEI BENJAMIN (Soudan du Sud) a tenu à réaffirmer « la centralité et l’indispensabilité » de l’institution-famille en Afrique et son rôle « critique » dans le développement socioéconomique, culturel et politique du continent. L’Afrique, a-t-il avoué, fait face à de nombreux défis dans la protection et l’appui à la famille en raison de la pauvreté, du difficile équilibre entre vie privée et vie professionnelle et de l’érosion de « la solidarité intergénérationnelle » qui, pendant des générations, a été une « caractéristique clef » des relations familiales. Le représentant a insisté sur les défis d’un continent dont 40% de la population a moins de 15 ans. Il a parlé, dans ce contexte, de la lenteur des progrès dans la création d’emplois mais aussi de la migration internationale qui exigent une coopération renforcée entre l’Afrique et la communauté internationale.
Après avoir passé en revue les initiatives du continent en faveur des personnes handicapées et des personnes âgées, il a reconnu que dans beaucoup de pays africains, les efforts de développement social n’ont pas eu un impact significatif sur la vie de la majorité de la population, en particulier les groupes marginalisés et vulnérables. Il a donc plaidé pour le renforcement du partenariat mondial et pour l’équité dans les règles du commerce international. Il a aussi plaidé pour une aide au renforcement des capacités scientifiques, technologiques et d’innovation du continent, s’agissant en particulier des modes de consommation et de production durables. Le représentant a insisté sur la nécessité d’améliorer la coordination des politiques, s’agissant de la migration et de l’investissement étranger direct (IED).
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. DIEGO ALONSO TITUAÑA MATANGO (Équateur) a souligné que la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague demeurent une référence intégrale en termes de développement social aux niveaux international et national. Il a fortement plaidé en faveur de l’inclusion et de l’intégration sociale en tant que dimensions indispensables et interdépendantes du développement durable, tout comme l’élimination de la faim et de la pauvreté, le droit à un plein emploi productif et à un travail digne et décent pour tous. Il a réitéré à cet égard que la faim et la pauvreté, dans toutes leurs manifestations, figurent parmi « les pires formes de violations des droits de l’homme » et que, dès lors, leur élimination reste un défi d’ordre éthique, politique, social et économique pour tous les pays de la région. Pour la CELAC, il s’agit en particulier de prendre des mesures supplémentaires tendant à la promotion de stratégies de développement inclusives et susceptibles de conduire à une répartition plus équitable des dividendes de la croissance économique, et d’améliorer l’accès aux services de base.
La CELAC veille constamment à la promotion des droits et de la dignité de la femme et de la fille, des peuples autochtones, des personnes d’ascendance africaine, des jeunes, des personnes âgées, des migrants, des personnes handicapées et de tous les groupes vulnérables ou marginalisés. Le représentant a fait particulièrement valoir l’adoption, en juin dernier, de la Convention interaméricaine sur la protection des droits des personnes âgées. Cette Convention régionale est le premier instrument international juridiquement contraignant consacré à la promotion et à la protection effective des personnes âgées.
M. DIEGO ALONSO TITUAÑA MATANGO (Équateur) a insisté, d’emblée, sur le fait que l’élimination de la pauvreté est un impératif « moral » pour l’humanité, et qu’il fallait passer des « objectifs de subsistance humaine », quantifiables par le prisme de la consommation, à des objectifs plus justes, qui prennent en considération la pleine jouissance d’une existence digne pour tous les peuples. Partant, l’Équateur a préconisé un ordre du jour du développement qui privilégie l’être humain, en le plaçant au-dessus du capital. Le représentant a souligné que l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le développement avait bien montré que, partout dans le monde, « le social » était encore subordonné aux intérêts du « grand capital ». Les recettes traditionnelles des institutions financières orthodoxes et leurs doctrines néolibérales qui considèrent l’investissement social comme une dépense pèse encore lourd, a-t-il dénoncé, avant de présenter brièvement le « Sumak Kawsay » ou le « Bien Vivre », une conception multidimensionnelle alternative par opposition à la vision traditionnelle du développement. Il s’agit de vivre dans la dignité et en harmonie avec la nature, avec soi-même et avec les autres, tout en répondant à ses besoins de base.
Pour M. CHARLES WHITELEY, Union européenne, la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague constituent encore à ce jour les plans d’actions les plus complets pour réaliser le développement social. Comme l’a remarqué le Secrétaire général, le caractère unique du Sommet de 1995 résidait aussi dans la volonté politique manifestée alors par les gouvernements de relever les défis sociaux et de reconnaître que le développement social ne pouvait être traité comme une initiative à part mais imposait d’embrasser un ensemble de valeurs, d’objectifs et de priorités tendant vers le bien-être social. Malgré les progrès et au vu des fossés qui restent à combler en terme de pauvreté, de création d’emplois, de développement des talents, d’emplois décents, de protection sociale et de droit du travail, la Déclaration de Copenhague reste plus pertinente et plus valide que jamais.
Vingt ans après, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue un nouveau paradigme universel pour l’éradication de la pauvreté et en faveur du développement durable. Il fait du travail décent et de la protection sociale ses priorités. L’Union européenne considère en effet que l’investissement dans les systèmes de protection sociale est stratégiquement important pour soutenir ceux qui peuvent participer au marché de l’emploi, protéger ceux qui en sont exclus et préparer les individus aux risques potentiels. Malgré les progrès « considérables », les défis qui subsistent, en particulier dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne doivent pas être sous-estimés.
Bien sûr la situation en Europe s’est beaucoup améliorée mais de graves défis subsistent en particulier dans les domaines de l’emploi et des politiques sociales. Les risques et les défis sont particulièrement graves s’agissant des jeunes, du chômage de longue durée, de la pauvreté, des inégalités, de la cohésion sociale et de l’intégration sociale, a reconnu le représentant.
M. OSAMA ABDEL KHALEK (Égypte) s’est déclaré « déçu » par les tentatives de retirer le thème de la famille de l’Agenda des Nations Unies pour promouvoir des questions controversées. Pour l’Égypte, les questions relatives à la famille doivent faire l’objet d’une attention spéciale de la part de tous les États Membres, conformément à leurs lois, traditions et contexte religieux.
La moitié de la population mondiale est âgée de moins de 25 ans, a-t-il poursuivi, dont 1,2 milliard de jeunes de 15 à 24 ans. Pour cette raison, l’Égypte est convaincue que la jeunesse est le moteur de tout développement durable. Après avoir détaillé les efforts de son pays en faveur des jeunes, le représentant a aussi indiqué que l’Égypte a établi un Conseil national des personnes âgées tandis que le Conseil national des questions du handicap est en train de rédiger une nouvelle loi pour garantir aux handicapés leur intégration dans les stratégies nationales de développement durable.
Enfin, a souligné le représentant, le développement social ne peut être atteint alors que le terrorisme continue de sévir dans le monde, raison pour laquelle son pays continue de suivre avec inquiétude les effets négatifs sur le développement social de l’occupation des terres palestiniennes. L’Égypte est convaincue que l’intégration de la dimension sociale dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit respecter les priorités nationales.
Poursuivant au nom du « Groupe des Amis de la famille », le représentant égyptien a insisté sur le fait que dans la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague, la famille compte parmi les caractéristiques principales d’un environnement favorable au développement social. Les deux documents reconnaissent la famille comme l’unité de base de la société et qu’à ce titre, elle doit être promue. La famille, a argué le représentant, est une des institutions sociétales de base qui joue un rôle important dans la réalisation des objectifs sociaux tels que la lutte contre la pauvreté, la réduction des inégalités et l’amélioration du bien-être. La famille est une force de cohésion et d’intégration sociale. Le représentant a donc réitéré sa déception de voir certains États essayer de retirer le thème de la famille de l’agenda de l’ONU pour promouvoir des questions controversées. Ces questions controversées n’ayant aucun fondement juridique dans le droit international, il est donc malheureux qu’elles soient appuyées par certaines entités de l’ONU et certains États Membres. Il est tout aussi décevant que la résolution « historique » sur l’Année internationale de la famille n’ait pas été soumise cette année à l’approbation de l’Assemblée générale.
Or, la Déclaration universelle des droits de l’homme dit que la famille est l’unité naturelle et fondamentale de la société et qu’à ce titre, elle mérite la protection de l’État. Les questions liées à la famille doivent bénéficier d’une attention spéciale de la part de tous et conformément aux lois, traditions et contextes religieux nationaux. Toutes les cultures et toutes les traditions respectent la famille comme gardien des droits de l’enfant, a insisté le représentant.
Au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG), M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a indiqué que les pays du CCG ont élaboré des plans et politiques pour réaliser le développement social. Des institutions politiques ont été mises en place, l’accent étant mis sur l’éducation car il est important d’investir dans les jeunes, « garants de l’avenir ». Le CCG apporte aussi son appui aux jeunes dans les zones de conflit et a dépassé le taux de 0,7% du PIB pour l’aide publique au développement (APD). Le CCG aide la société civile à s’impliquer activement dans la mise en œuvre des programmes d’intégration sociale et milite pour une plus grande participation de la femme à la réalisation des objectifs de développement durable. Pour le CCG, la priorité doit être accordée à la promotion et au respect de la famille, « base d’une société saine ». Le CCG attache la plus haute importance aux personnes âgées en garantissant leur accès aux soins et la formation du personnel de santé gériatrique. Le représentant a aussi parlé de la politique du CCG en faveur des personnes handicapées notamment l’accès au logement, à l’emploi et aux services sociaux.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que le concept de développement social était inhérent aux notions de paix, de démocratie, de respect des droits humains, d’éradication de la pauvreté, de tolérance, de plein emploi et de solidarité. Pour lui, le concept essentiel pour atteindre tous ces objectifs est de centrer les politiques de développement sur les personnes et sur la responsabilité intergénérationnelle. Il s’agit de « réduire la focale » et de se concentrer sur les personnes, prises dans leur individualité plutôt que dans leur nombre, afin de mieux comprendre leurs attentes et leurs besoins, surtout celles qui appartiennent aux groupes vulnérables et désavantagés. Le représentant a dit penser en particulier aux handicapés, auxquels la prochaine session de la Commission du développement social attachera une attention spéciale. Seule la responsabilité intergénérationnelle permettra d’atteindre une dimension vraiment globale et sage qui permettra de laisser aux enfants d’aujourd’hui un monde vraiment meilleur. En ce sens, l’enjeu ne pouvait être mieux posé selon lui que par l’adoption de Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui établit le lien entre les dimensions sociale, économique et environnementale du développement. Chaque État Membre doit se sentir engagé, a insisté le représentant.
M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a rappelé que le Sommet de 1995 avait ouvert la voie aux processus sociaux et que, 20 ans plus tard, la communauté internationale vient de réaffirmer cet engagement en adoptant le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a cependant fait remarquer qu’il ne restait que 20 jours avant de mettre en œuvre ce Programme, dont le développement social est l’un des piliers. C’est la raison pour laquelle il a plaidé pour des mesures visant à mettre l’accent sur les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées –y compris celles qui souffrent d’un handicap– et les individus les plus vulnérables.
Il a expliqué que l’Indonésie s’était engagée à mettre en œuvre des politiques favorables aux pauvres, à l’emploi, à la croissance et à l’environnement comme l’illustre son Plan national de développement. Depuis 2007, l’Indonésie vise en effet à mettre en place des programmes qui ciblent les plus marginalisés en restaurant leur dignité, en améliorant leur accès à la santé et à l’éducation, leurs compétences, leurs conditions de vie et leurs chances d’exploiter leur potentiel économique, y compris dans les zones rurales les plus reculées. Pour ce faire, le Gouvernement s’est associé à la société civile, au secteur privé et aux organisations de jeunes. Depuis 2014, l’Indonésie a mis sur pied des programmes visant à promouvoir l’intégration sociale en réaffectant les subventions qui étaient prévues à l’origine pour le secteur des carburants vers des « activités productives », telles que la construction de routes et de ponts, ce qui ouvre la voie à la création d’emplois.
M. MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a déclaré que, 20 ans après le Sommet de Copenhague et en dépit des progrès énormes réalisés pour atteindre les OMD, la pauvreté accable encore trop de personnes, l’intégration sociale et l’objectif du plein emploi constituant toujours des défis majeurs. Les disparités entre les régions dans le monde et au sein même de certains États constituent, par leur ampleur, une source d’inquiétude légitime, ce qui porte préjudice à l’image de la coopération internationale, et jette le doute sur son action collective au sein des Nations Unies, a-t-il estimé, se félicitant en revanche de l’adoption des 17 objectifs mondiaux pour mettre fin à la pauvreté, aux inégalités et à l’injustice, et faire face aux changements climatiques d’ici à 2030.
Au plan national, le Maroc s’est engagé dans un vaste processus de réformes politiques, économiques, sociales et religieuses, qu’il a inscrit dans une « réelle dynamique de changement sur tous les niveaux » pour renforcer les jalons de l’état de droit et de la démocratie et permettre l’élargissement des espaces de liberté et l’élargissement de l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à la protection sociale. Le représentant a mis en exergue l’Initiative nationale pour le développement, mise en œuvre depuis 10 ans, et qui a permis d’atteindre, en 2013, l’OMD 1 sur l’élimination de la pauvreté, ce qui a valu au Maroc une reconnaissance internationale, comme en atteste sa troisième place parmi les cinq pays au monde à avoir adopté les meilleurs programmes et initiatives d’utilité publique. Le représentant a, en conclusion, souligné la nécessité de trouver les moyens nécessaires au financement des plans de développement durable, raison pour laquelle, selon lui, la coopération internationale doit être « en phase avec la réalité » et s’affranchir de l’héritage du passé, des calculs géopolitiques et des conditionnalités « rédhibitoires ».
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que le changements climatiques, les crises économique, alimentaire et énergétique récurrentes, sans oublier les mouvements des réfugiés, montrent que la réduction de la pauvreté, la création d’emplois et l’intégration sociale peuvent être rapidement ralentis ou anéantis par les chocs économiques, les catastrophes naturelles et les conflits politiques. Les pays sont obligés de façonner et de mettre en place des politiques et des stratégies pour l’intégration sociale qui devrait promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme et aussi permettre de répondre aux besoins spécifiques des groupes sociaux comme les jeunes, les femmes, les personnes handicapées, les migrants et les peuples autochtones. Le représentant a souligné l’importance de l’application effective du droit du travail s’agissant des travailleurs migrants notamment les lois relatives à leur rémunération, aux conditions de travail, à l’accès à la santé, à la sécurité d’emploi et à la liberté d’association.
Il a appelé le système des Nations Unies à continuer d’appuyer les efforts nationaux pour réaliser de manière cohérente et coordonnée un développement social inclusif. Il a insisté sur la nécessité pour les donateurs de respecter l’engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD. Le représentant n’a pas manqué d’énumérer les efforts du Bangladesh durant ces deux dernières décennies en matière de progrès social.
M. MACHARIA KAMAU (Kenya) s’est dit convaincu, en sa qualité de coprésident du processus ayant conduit à l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, que tous les pays sont pleinement engagés dans la réalisation des 17 objectifs et 169 cibles pour parfaire la tâche entamée avec les OMD. Il a rappelé que le Gouvernement kenyan s’employait à l’exécution de programmes visant au renforcement de la participation des femmes, des jeunes, des personnes handicapées et des personnes âgées. Des progrès considérables ont été accomplis dans le domaine de l’enseignement primaire gratuit et universel, et des efforts sont déployés pour qu’il en soit de même pour ce qui a trait à l’enseignement secondaire. D’autre part, la priorité a été accordée à la parité et à l’autonomisation de la femme, tandis que des programmes spéciaux au profit de groupes défavorisés ont été mis sur pied. Le Kenya a aussi posé des jalons significatifs tendant à la réduction de la mortalité infantile, la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et autres maladies, et a joué un rôle pionnier en Afrique en matière de gestion des données et d’exploitation des technologies de l’information. Chaque année depuis 2013, le Gouvernement réserve 2,2 milliards de dollars à la création d’emplois et à la fourniture de biens et services aux femmes, aux jeunes et aux personnes handicapées.
Dans ses efforts visant à promouvoir le développement social, le Brésil ne peut ne pas tenir compte des besoins de sa jeunesse, s’agissant de la santé, de l’éducation, de l’emploi décent ou des libertés, étant donné que 25% de sa population est constitué de jeunes, a insisté M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil). C’est la raison pour laquelle le Brésil a signé, en 2014, la Convention ibéro-américaine relative aux droits des jeunes, qui représente à ce jour le seul instrument international juridiquement contraignant de la sorte. La Brésil est, par ailleurs, membre de l’Organisation ibéro-américaine des jeunes depuis 2010, a-t-il ajouté. Le représentant a salué le travail réalisé par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la jeunesse, ainsi que les différentes initiatives mises en œuvre par les Nations Unies en vue de renforcer la participation des jeunes. Il a cependant estimé que le cadre juridique destiné à protéger ou promouvoir les droits des jeunes n’était pas à la hauteur et s’est dit favorable à la négociation d’un traité sur ces questions.
Outre la place et les droits des jeunes, le Brésil s’inquiète de la croissance démographique rapide de la catégorie des personnes âgées. D’ici à 2050, 30% de la population mondiale sera âgé de plus de 60 ans, a rappelé le représentant. « La communauté internationale doit se concentrer de toute urgence sur les questions liées à la mise en œuvre des droits des personnes âgées », a-t-il insisté. Il a souligné qu’un premier pas important venait d’être réalisé, le 15 juin dernier, avec l’adoption de la Convention interaméricaine sur la protection des droits des personnes âgées. Le représentant, qui a rappelé que le Brésil avait été l’un des premiers pays à signer ce texte, a émis l’espoir que ce processus régional contribuera à imprimer un élan à la négociation d’une convention universelle sur cette question au sein des Nations Unies.
M. WANG MIN (Chine) a relevé les progrès importants effectués sur les 20 dernières années, notamment en matière de lutte contre l’extrême pauvreté qui a été réduite avec succès. Cependant, à la fin de 2014, plus d’un milliard de personnes dans le monde vivent toujours sous le seuil de pauvreté, et plus de 201 millions sont au chômage, dont 73 millions de jeunes. Les problèmes anciens se conjuguent à de nouvelles menaces liées aux conflits régionaux, aux changements climatiques, à l’apparition de nouvelles crises sanitaires, qui tous posent de considérables obstacles au développement social.
Dans ce contexte, le délégué a estimé qu’il n’y avait pas de politique universelle qui puisse s’appliquer à tous. Le Sommet de Copenhague avait identifié comme priorités l’éradication de la pauvreté, le plein emploi et l’adoption de politiques de protection sociale et il revient selon lui à chaque pays, selon les circonstances nationales, d’avancer vers ces objectifs de manière adaptée et équilibrée. En revanche, les pays doivent mettre en place de solides systèmes de sécurité sociale qui garantissent les droits et les intérêts des groupes les plus vulnérables. Actuellement selon lui, les pauvres, les personnes âgées et les handicapés voient leurs conditions de vie empirer et le chômage des jeunes est devenu un problème majeur. Enfin, la communauté internationale doit renforcer sa coopération dans le domaine du développement social et accroitre son soutien aux pays en développement en particulier en Afrique et aux pays les moins avancés pour les aider à mettre en œuvre l’agenda 2030. Elle devrait s’attacher à éliminer les inégalités.
La mondialisation et la technologie ont apporté des avantages considérables à la société mondiale a dit M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) qui a déploré que le manque d’équité dans les processus mondiaux continue d’exacerber les inégalités entre les pays et dans les pays, y compris à élargir le fossé numérique. À cet égard, il a jugé qu’il faut mettre l’accent sur le fait que la réforme du commerce international et des programmes d’ajustement structurel doivent se focaliser sur les peuples. Le modèle indien de gouvernance a un profond impact sur le secteur social, s’est enorgueilli le représentant, expliquant que l’approche est de promouvoir une croissance durable et inclusive. Le mot d’ordre du Gouvernement est « tous pour le développement et le développement pour tous ». Dans ce cadre, la plus haute importance est attachée à l’éducation pour tous, l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme, le développement des connaissances et l’« Inde digitale ». Les femmes rurales, les personnes handicapées et les personnes âgées sont naturellement au centre des efforts. Les pays développés doivent aussi honorer leurs engagements en matière d’aide au développement, en particulier en faveur des pays les moins avancés. L’efficacité de l’action nationale dépend d’un environnement international favorable, a insisté le représentant.
M. EVGENY ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a souligné combien la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague demeuraient toujours d’actualité, malgré l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il s’est joint au message du Secrétaire général, qui a voulu qu’on ne laisse personne de côté dans le développement durable, et a insisté sur la nécessité de mettre en place des programmes visant les personnes handicapées. « De tels programmes méritent particulièrement notre attention car nous devons absolument veiller à créer un environnement qui soit accessible aux personnes qui vivent avec un handicap », a-t-il dit.
Le représentant a également estimé que la communauté internationale devait intensifier ses efforts en vue de venir en aide aux personnes âgées, en rappelant que le Plan d’action de Madrid de 2002 sur le vieillissement constituait un élément extrêmement important. Il a par ailleurs estimé, s’agissant des jeunes, que la communauté internationale pouvait s’inspirer de ce Plan d’action afin de promouvoir leur rôle et leurs droits. Avant de conclure, il a encore mis l’accent sur la nécessité de renforcer la famille et la solidarité intergénérationnelle, tout en n’oubliant pas les valeurs traditionnelles et familiales. Sur ces différentes questions, il a estimé que l’ONU et la Commission du développement social étaient appelées à jouer un rôle déterminant pour élaborer des mécanismes idoines dans les approches sociales.
M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a estimé que pour poursuivre les progrès réalisés dans le Programme d’action de Copenhague, il faut un nouveau mode de coopération internationale. Il faut une réforme de cette coopération qui tienne compte de l’intégration sociale. Le représentant a souligné l’importance de la lutte contre les inégalités, d’une éducation de qualité pour tous et de l’apprentissage tout au long de la vie. Il a mis aussi l’accent sur l’importance de réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme. Le représentant a ajouté qu’il est important de parvenir à une croissance économique durable et inclusive et a terminé en soulignant le rôle fondamental de la société civile hier au Sommet de Copenhague et aujourd’hui dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie) a insisté sur la nécessité de reconnaître les synergies et les liens de complémentarité entre les différentes dimensions du développement durable. Il a rappelé que la pauvreté est un phénomène qui s’explique par différents facteurs et qu’il faut adopter des politiques révolutionnaires sur le long terme pour s’attaquer à ses causes profondes. Pour le représentant, promouvoir la croissance économique n’est plus suffisant car le plein emploi et le travail décent nécessitent la mise sur pied de politiques ciblées qui prennent en compte les personnes âgées, les jeunes, les femmes ou les personnes handicapées, entre autres. « L’attention portée aux besoins des groupes marginalisés est essentielle. Il ne peut y avoir des citoyens de première ou de deuxième catégorie », a-t-il dit.
Pour la Colombie, disposer d’informations précises en temps et en heure est également un élément important du développement social car cela peut favoriser la cohérence entre les projets nationaux et internationaux. Le représentant a insisté sur le rôle fondamental de la coopération internationale à cet égard, afin de renforcer la capacité des États dans la collecte des données et dans leur analyse. Il a émis l’espoir que cette question sera approfondie à la prochaine session de la Commission du développement social.
M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay) a déclaré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue une grande étape pour la pleine réalisation du Programme d’action de Copenhague. Le représentant a en effet prévenu que les inégalités continuent de se creuser dans les pays et entre les pays, comme au Paraguay. Pour lui, le principal défi national est de parvenir à une croissance inclusive et durable qui profite aussi aux femmes, aux jeunes, aux personnes handicapées, aux personnes âgées, aux peuples autochtones et aux populations rurales. Le Gouvernement a mis sur pied une politique nationale de développement et des programmes sociaux en vue de l’élimination de la pauvreté qui reste la priorité nationale. Dans ce cadre, le représentant a souligné l’importance de la coopération internationale et a lancé un appel à la mobilisation des ressources en faveur des pays en développement sans littoral.
M. GHOLAMALI KHOSHROO (Iran) a estimé que les progrès réalisés dans les engagements de Copenhague demeuraient mitigés, et cela, malgré le fait que le monde a connu des changements spectaculaires depuis le Sommet de 1995. Il s’est notamment inquiété des taux de chômage élevés, en particulier celui des jeunes, et des conflits et tensions qui persistent dans le monde, ainsi que de la dégradation de l’environnement et des effets négatifs des changements climatiques. Il s’est toutefois dit encouragé par le fait que 9 des 17 Objectifs de développement durable (ODD) soient intimement liés au développement social.
Il a ensuite fait remarquer que 3 des 10 engagements pris à Copenhague étaient liés aux droits de l’homme mais a estimé que, tant que les droits de l’homme « feront l’objet d’abus ou seront manipulés comme des moyens de pression politiques », il ne faut pas s’attendre à un développement social équilibré et inclusif, a-t-il dit. Il a dénoncé l’imposition de sanctions « aveugles et unilatérales » à des pays en développement et les effets négatifs de celles-ci sur la réalisation du développement social.
Avant de conclure, le représentant a encore une fois lourdement insisté sur les effets dévastateurs des conflits. « Les conflits qui entrainent la déstabilisation des gouvernements ont des conséquences inimaginables sur les avancées réalisées en matière de développement social. Soutenir, financer ou armer des groupes terroristes et les envoyer déstabiliser des pays est devenu une menace supplémentaire, laquelle a des ramifications inimaginables sur le développement social », a-t-il déclaré. Enfin, il a souligné que l’Iran s’attachait à assurer le développement social de ses citoyens comme l’indique, selon lui, la progression constante, ces quatre dernières décennies, dans l’Index du développement humain. Enfin, il s’est dit particulièrement attaché à la promotion et la protection de la famille, car celle-ci fait partie intégrante de tous les plans nationaux en matière de développement.
M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) s’est félicité de ce que la vision, les principes et les objectifs du Sommet de Copenhague aient été prolongés et repris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a rappelé que la candidature de son pays à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour 2017-2018 s’appuyait sur quatre éléments principaux, la sécurité nucléaire, alimentaire, énergétique et d’accès à l’eau. Pour cette raison, l’Afrique et les petits États insulaires en développement figurent en tête des priorités de son pays, dont le Président a proposé que chaque État Membre réserve 1% de son budget de défense au Fonds spécial des Nations Unies pour le développement durable. Il a invité tous les États Membres à visiter l’Exposition internationale qui se tiendra de juin à septembre à Astana sur l’Énergie du futur, qui entend promouvoir un accès juste et équitable à l’énergie des pays en développement et des pays les moins avancés.
L’économie du Kazakhstan est affectée par l’effondrement des marchés mondiaux et le ralentissement de l’économie mondiale, a-t-il poursuivi. Néanmoins le 30 novembre, son Président a annoncé une stratégie active anti-crise basée sur différentes approches, dont le Second plan quinquennal de l’innovation industrielle, qui vise à éliminer les entraves administratives pour les petites et moyennes entreprises et à améliorer la gouvernance, l’éducation et l’accès à la santé. Malgré les difficultés actuelles, le Gouvernement a presque triplé ses dépenses sociales et prévoit l’an prochain d’augmenter de 30 à 40% les salaires des fonctionnaires et de 25% les bourses scolaires et les pensions pour s’ajuster à l’inflation.
Pour M. PHAM THI KIM ANH (Vietnam), le Sommet de Copenhague a continué d’inspirer de nombreuses politiques sur les 20 dernières années, notamment les OMD, l’ « Avenir que nous voulons », le Document final de Rio+20 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Un long chemin a déjà été parcouru pour sortir les populations de l’extrême pauvreté et répondre aux besoins de base, tels qu’emploi, éducation, santé, accès à l’eau. Ce sont là des fondations solides pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Mais de nombreux défis subsistent, anciens et nouveaux qui nous empêchent d’atteindre le développement social pour tous, a-t-il poursuivi, et les vulnérabilités sont parfois rendues plus aigües par les conflits armés et la violence, la volatilité de l’économie mondiale, les catastrophes naturelles et les changements climatiques.
Les deux dernières décennies nous ont donné un certain nombre de leçons: tout d’abord l’éradication de la pauvreté continue d’être le premier défi du développement et au Vietnam, elle a été réduite de 58% en 1993 à 8% en 2014. L’autre leçon est que les politiques sociales doivent être intégrées aux politiques de développement et non constituer des outils servant à corriger l’impact socioéconomique des mesures prises. Troisièmement, tout effort de développement social doit se centrer sur les personnes: leur parole doit être écoutée y compris à la base quand il s’agit de déterminer les politiques de développement. Enfin, un partenariat mondial est indispensable pour parvenir au développement social et la communauté internationale doit renforcer sa coopération, concrétiser ses promesses d’assistance et de transfert de technologie.
M. IB PETERSEN (Danemark) a déclaré que son pays était fier d’avoir organisé le Sommet mondial du développement social auquel il a participé en personne en tant que « jeune diplomate chargé de la planification ». Le Danemark fait partie des rares pays à avoir réalisé l’objectif visant à consacrer 0,7% du PIB à l’APD. Il a ensuite cité l’ancien Président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, qui avait posé la question de savoir « Comment l’humanité peut coopérer pour une vie meilleure? » Cette question reste encore pertinente aujourd’hui, a dit le représentant. Il a ajouté que la dimension sociale du développement durable est un des piliers du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui l’a reconnu comme pièce maitresse du développement. Pour réaliser cet objectif, il est essentiel de n’oublier personne, en particulier les femmes, les jeunes, les peuples autochtones et les personnes âgées. Mais aujourd’hui, s’est alarmé le représentant, d’autres groupes sociaux risquent la marginalisation comme les LGBT et des personnes handicapées. « Nous pouvons y arriver », a-t-il encouragé, en pointant la responsabilité des gouvernements de mettre en place des partenariats, y compris avec le secteur privé. Il a évoqué l’exemple d’une société informatique danoise qui emploie des personnes autistes qui seraient exclues, sans cela. Un long chemin a été parcouru depuis le Sommet de Copenhague mais le développement social n’est pas encore une réalité. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre l’occasion de « retrousser les manches », a-t-il conclu.
Mme LOURDES O. Y. YAPARRAGUIRRE (Philippines) a rappelé que les Philippines étaient connues comme « le grand corps malade de l’Asie ». Or, aujourd’hui, la croissance économique du pays est l’une des plus rapides d’Asie mais les progrès réalisés n’auront de sens que si la population en perçoit les dividendes. Pour faire la différence dans la vie des gens, le pays doit être capable d’offrir des chances de prospérité aux individus et à leur famille grâce à l’éducation, à l’emploi ou à l’entreprenariat. Chaque Philippin doit être en mesure de sentir et de faire partie de la croissance économique. Le but du Gouvernement est de parvenir à une croissance équitable et inclusive et l’un des projets phares est le « Pantawid Pamilyang », un programme qui a le double objectif de fournir une assistance sociale, en offrant un appui monétaire aux familles extrêmement pauvres, et à promouvoir le développement social, en bridant le cycle de la pauvreté intergénérationnelle par des investissements dans la santé et l’éducation des enfants les plus pauvres. Le programme a touché à ce jour, 4,4 millions de foyers et a reçu les félicitations de la Banque mondiale. Parmi les autres initiatives, la représentante a parlé des taxes sur l’alcool et le tabac qui, lancées en 2012, avaient généré au mois d’octobre 2015, une somme de 3,17 milliards de dollars, soit bien au-delà des attentes du Gouvernement. La somme a été totalement consacrée au secteur de la santé, a expliqué la représentante.
Pour M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou), le concept de développement social oblige à embrasser une vision ambitieuse pour l’avenir, à la lumière des Objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. La composante sociale de ce nouvel Agenda essentielle, doit obliger les États à promouvoir des politiques d’autonomisation des personnes et en particulier des groupes sociaux les plus vulnérables à travers des programmes d’intégration sociale afin de bâtir des sociétés plus justes et plus inclusives. Les gouvernements des pays en développement doivent en outre transformer leur croissance économique en visant l’amélioration des conditions de vie des populations. L’État est le premier responsable des politiques publiques qu’il développe et qui doivent répondre aux aspirations et aux besoins de tous les citoyens.
Pour ce qui le concerne, le Pérou a créé le ministère du développement social et de l’inclusion qui vise à réduire la pauvreté, la vulnérabilité et à intégrer les groupes de population restés en marge de la croissance du pays. Pour y parvenir, il a décidé d’une Stratégie nationale appelée « Intégrer pour créer » qui s’exerce à trois niveaux – local, régional et national. Chaque année, le Pérou renforce son budget social, en hausse de 12% cette année par rapport à 2014, pour promouvoir la santé et l’éducation et élargir les programmes sociaux destinés aux plus faibles. Enfin, le Pérou s’est donné pour objectif de réduire la pauvreté qui ne touchera plus que moins d’un cinquième de la population en 2016.
M. HIROSHI MINAMI (Japon) a rappelé que le développement durable s’entendant par l’intégration des trois dimensions économique, sociale et environnementale, et la réalisation des Objectifs de développement durable se traduira par une réelle promotion du développement social. Il a indiqué que son pays soutenait fortement l’Agenda 2030, dont l’approche place l’humain au centre et se réfère à l’idée de « ne laisser personne sur le côté ». Dans ce contexte, le Japon a insisté sur l’autonomisation de la femme et d’autres groupes vulnérables comme les enfants, les handicapés et les personnes âgées. Leur participation et leur intégration sont encouragées à toutes les étapes du développement social, a-t-il assuré.
Le Japon a réformé sa Charte officielle d’aide au développement pour la première fois en 12 ans. Sur les trois prochaines années, il consacrera 350 millions de dollars à l’éducation, notamment des femmes et des filles, à la promotion de l’indépendance et de l’intégration des personnes handicapées et, en tant que société la plus âgée au monde, à l’accès du troisième âge à l’emploi et à la lutte contre la discrimination à leur égard. Le représentant en a profité pour réclamer le soutien des États Membres à la candidature du Professeur Ishiwaka, spécialiste japonais de l’assistance technologique aux handicapés, au Comité des droits des personnes handicapées.
M. RUBEN ZAMORA (Salvador) a reconnu la pertinence de la Déclaration de Copenhague mais regretté que ses trois axes principaux aient été perdus au cours des 20 dernières années. Ainsi, les défis perdurent comme la pauvreté, le fossé entre les pays développés et en développement et les inégalités sociales. Pour atteindre le développement durable, il est fondamental que la communauté internationale vise l’égalité entre les pays et les générations et respecte les principes de souveraineté et de responsabilités communes mais différenciées. Enfin, l’être humain doit être considéré comme le centre et l’objectif ultime du développement. Dans cette perspective, le Salvador renouvelle son engagement à promouvoir le développement social dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Mais le pays insiste sur la nécessité de s’attaquer aux causes structurelles de la pauvreté, a poursuivi le représentant, en estimant que le Salvador l’avait sous-estimée par le passé en ne la comptabilisant que sous l’angle de l’accès à l’alimentation, ce qui est loin d’en refléter toutes les composantes. La pauvreté affecte en effet différentes personnes à différents moments de leur vie et parmi les groupes les plus vulnérables, il faut citer les femmes, les chômeurs, les personnes âgées, les peuples autochtones ou encore les migrants. Il est donc indispensable, a conclu le représentant, d’embrasser une ambition universelle mais adaptée à chacun de ces groupes, en particulier les personnes âgées et les jeunes qui constituent à la fois un groupe à risque et des acteurs stratégiques du développement.
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est félicité de l’occasion qui est donnée de procéder à un examen rétrospectif des ambitions du Sommet de Copenhague 20 ans après. Il a rappelé qu’à l’époque, ce sont les transformations de l’économie mondiale, la mondialisation, la pauvreté, le chômage et la désintégration sociale qui avaient poussé à organiser le débat et à redéfinir les dimensions du développement. Mais en dépit des efforts faits au cours de ces 20 dernières années, les objectifs du Sommet n’ont pas été atteints, a-t-il constaté. Les pays les moins avancés restent en marge de l’économie mondiale, affectés par une extrême pauvreté. Les progrès ont été entravés par une série de facteurs négatifs: outre la réduction de l’aide publique au développement, la baisse des prix des matières premières, parfois les conflits violents et les catastrophes naturelles, les pandémies et la piraterie, qui sont venus s’ajouter à la crise financière et économique mondiale, au terrorisme, au crime organisé et aux effets des changements climatiques.
En Guinée équatoriale, a-t-il poursuivi, la croissance a enregistré des résultats « exceptionnels » grâce à la découverte de gisements de pétrole mais la chute drastique des cours compromet actuellement les efforts du Gouvernement. Comme d’autres pays, la Guinée équatoriale n’a pas été épargnée par la crise financière et économique mondiale. Or, le développement social et surtout la lutte contre la pauvreté, la faim et le chômage ne peuvent être conduits qu’à travers une large coopération internationale, profonde et soutenue entre les États et appuyée par le système des Nations Unies. Il a espéré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 fournira à partir de maintenant les outils d’une responsabilité partagée entre les pays pour les aider à renforcer leurs économies et à placer toutes les ressources disponibles dans le développement.
« On ne peut pas nier, même si des avancées considérables ont été menées, qu’il reste encore des lacunes à combler et des défis à relever », a estimé Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Principauté d’Andorre), en ajoutant que c’est la raison pour laquelle la communauté internationale a dû adopter le Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour achever le travail et faire en sorte que les gens puissent vivre dignement, en toute sécurité et dans le plein exercice de leurs droits de l’homme. « L’expérience des deux dernières décennies nous a montré tout le potentiel d’un véritable pacte mondial pour le développement », a-t-elle dit, en précisant qu’il est indispensable que le secteur privé et la société civile se joignent à la volonté politique et aux efforts du secteur public.
La représentante a ensuite réaffirmé que le Gouvernement andorran avait la ferme volonté de contribuer de manière efficace au développement, notamment par l’intermédiaire de son Plan directeur de la coopération, dont la priorité est de protéger les personnes les plus vulnérables, en particulier les femmes, les enfants et les personnes marginalisées. Avec l’adoption des Objectifs de développement durable (ODD), Andorre adaptera son Plan directeur afin de participer aux efforts de la communauté internationale contre la faim et la pauvreté dans le monde et de contribuer ainsi au développement de notre planète, a-t-elle ajouté.
Mme AMINA SMAILA (Nigéria) a estimé que l’autonomisation des personnes demeure essentielle pour résoudre les problèmes de pauvreté et de chômage. L’autonomisation, l’intégration sociale et l’inclusion sont d’ailleurs inscrites dans les Objectifs fondamentaux et les Principes directeurs de la Constitution du Nigéria, a-t-elle rappelé. Promouvoir la justice sociale et le progrès pour tous sont des devoirs constitutionnels pour le Nigéria et, par conséquent, les politiques publiques doivent inclure des mesures de sécurité sociale pour l’ensemble des citoyens, y compris les plus vulnérables. À cet effet, le Gouvernement nigérian a mis en place des programmes destinés à répondre aux besoins spécifiques de toutes les catégories sociales afin qu’elles puissent participer à tous les aspects de la société.
La représentante a ensuite estimé que la famille demeure une unité fondamentale et qu’il est important que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 -notamment tout ce qui touche aux questions de la pauvreté, des inégalités, de l’éducation, de la santé, du logement, de l’assainissement ou de l’égalité des sexes- soit intimement liée à la famille. Elle a, par ailleurs mis l’accent sur les jeunes, qui figurent au cœur des priorités du Plan national de développement du Nigéria, a-t-elle dit, notamment grâce à des programmes de créations d’emplois, de même que les personnes handicapées, les orphelins, les enfants ou les personnes âgées. Elle a ensuite illustré l’engagement de son pays à promouvoir le développement social en invoquant son adhésion aux différents instruments internationaux.
Mme ANCA JURCAN (Roumanie) a constaté que l’objectif de placer l’être humain au cœur des stratégies de développement était loin d’être pleinement atteint. Malgré de remarquables progrès dans la lutte contre la pauvreté, plus d’un milliard de personnes vivent encore en dessous du seuil de pauvreté et plus de 200 millions sont sans emploi dans le monde, ce qui devrait inciter à placer l’emploi au centre de l’agenda politique mondial et ce qui suppose une combinaison de forte volonté politique, de mesures concrètes et d’actions coordonnées pour apporter des solutions en particulier aux jeunes et aux populations marginalisées.
L’adoption des Objectifs de développement durable témoigne de la volonté d’une approche universelle qui appelle un changement de paradigme, à commencer par l’intégration de tous, aux plans national et international, à savoir les autorités, les partenaires sociaux, la société civile et le secteur privé. L’aspect multidimensionnel du développement social a été souligné et exige que l’on agisse pour mettre fin à la pauvreté et garantir une croissance durable, avec des bénéfices à long terme pour tous.
M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a aussi reconnu que les progrès réalisés depuis le Sommet de Copenhague restent inégaux et n’ont pas permis de nous rapprocher des objectifs fixés. Ces engagements ne seront réalisés que lorsque l’ordre économique mondial aura changé. Il faut mettre en œuvre des politiques vraiment orientées vers le développement social, revoir le rôle de l’État et obtenir des pays développés qu’ils honorent leurs engagements en matière d’APD.
Mais ces engagements restent « une illusion » dans un monde où 17 000 enfants meurent chaque jour alors que l’on peut les soigner, 781 millions d’adultes sont analphabètes et 795 millions de personnes souffrent de la faim. Nous vivons dans un monde, a poursuivi le représentant, où les dépenses militaires sont passées à 1 700 milliards de dollars, l’APD baisse, le protectionnisme prévaut, la dette extérieure des pays en développement augmente, les transferts de technologies sont difficiles et où la crise énergétique s’ajoute aux effets des changements climatiques. Ce sont les pays du Sud qui portent le fardeau de cette injustice, a dénoncé le représentant. Cuba, s’est-il réjoui, a réalisé des objectifs louables avec des moyens modestes. Le pays ne compte plus aucun analphabète et toute la population a un accès gratuit à la santé. Cuba apporte aussi son aide à 158 pays du Sud dans différents secteurs. Tous ces résultats sont obtenus malgré le blocus économique imposé au pays depuis plus de 50 ans lequel blocus nuit non seulement au développement de Cuba mais aussi aux intérêts des citoyens et des sociétés du monde.
Mme MARY FLORES FLAKE (Honduras) a rappelé que l’être humain devait être placé au cœur des sociétés et que la participation et l’inclusion de tous étaient des éléments essentiels pour orienter l’avenir et les processus de développement durable. Toutefois, a-t-elle dit, ce nouveau siècle exige des acteurs engagés, des acteurs qui s’adaptent aux nouveaux défis dans le monde et qui sont porteurs d’innovation. Le Honduras est engagé dans cette démarche au cœur des Amériques, a-t-elle dit, en appelant la communauté internationale à une plus forte convergence et à une coopération plus importante entre les pays et les secteurs.
Elle s’est ensuite félicitée des différentes expériences de développement économique et social qui ont été partagées au cours de cette journée et a considéré que la communauté internationale était à présent face à une occasion « historique » d’interagir et d’œuvrer à un programme qui facilite de nouvelles synergies. C’est dans cet esprit que le Honduras s’attèle à créer des services qui devront créer des opportunités pour plus de 400 000 foyers dans les zones les plus reculées du pays, a-t-elle expliqué, et cela afin d’atteindre les individus les plus marginalisés et leur fournir un accès à la santé, à l’éducation et à un travail décent, entre autres.