En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
59e & 60e séances – matin & après-midi
AG/11729

L’Assemblée générale tient un débat sur les demandeurs d’asile syriens et entend le Liban, la Jordanie et la Turquie plaider leur cause de pays d’accueil submergés

L’Assemblée générale a tenu aujourd’hui un débat pour « sensibiliser l’opinion mondiale au drame des migrants en situation irrégulière en particulier les demandeurs d’asile syriens, dans le bassin méditerranéen ».  Ce point a été inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée à la demande la Turquie qui, avec le Liban et la Jordanie, a plaidé sa cause de pays d’accueil submergé.

Cette réunion, a expliqué le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, vise à jeter la lumière sur l’une des situations humanitaires les plus pressantes de notre monde.  Depuis le mois de janvier dernier, plus de 880 000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe et 3 500 personnes au moins ont trouvé la mort sur les routes.

La situation des plus de 12 millions d’hommes, de femmes et d’enfants déplacés et réfugiés syriens mérite une attention spéciale de même que les pays voisins de la Syrie, à savoir le Liban, la Jordanie, la Turquie et l’Iraq.  La situation exige, a dit le Président, une réponse collective de la communauté internationale. 

Cinq domaines prioritaires ont été identifiés par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon: s’attaquer aux causes sous-jacentes de la crise, gérer les flux de réfugiés, protéger leurs droits de l’homme, augmenter le financement de l’action humanitaire et adopter une approche globale « car aucun pays ne peut résoudre seul un problème qui est intrinsèquement international ».  M. Ban Ki-moon a annoncé la convocation le 4 février 2016, à Londres, d’une Conférence des donateurs sur la crise humanitaire en Syrie.  Il a rappelé qu’en mai, se tiendra le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul et, en septembre, un Sommet de haut niveau sur la gestion des grands mouvements des migrants et des réfugiés, ici à New York.

Entre-temps, le Secrétaire général a dit avoir demandé au Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de convoquer en mars une Conférence sur la réinstallation des réfugiés.  Il faut un changement « spectaculaire », a justement dit le Haut-Commissaire, M. António Manuel de Oliveira Guterres, pour qui un des éléments du changement, serait un lien plus étroit entre les acteurs humanitaires et ceux du développement.  Il faut changer une situation qui veut que des pays comme le Liban, la Jordanie et la Turquie, parce qu’ils sont « à revenu intermédiaire », n’aient pas accès à certains canaux de la coopération au développement. 

Le Plan libanais de réponse à la crise mis en place par le Gouvernement et les partenaires internationaux n’a recueilli que 39% des fonds requis, a prévenu le représentant du Liban dont le pays accueille désormais 1,2 million de réfugiés syriens, soit près de 30% de sa population.  La croissance économique s’est arrêtée, le taux de pauvreté a augmenté de 60% et celui du chômage a doublé, sans compter les risques de radicalisation et de militarisation d’une partie de la population réfugiée. 

La Banque mondiale et les institutions financières internationales doivent revoir leurs politiques et fournir aux pays à revenu intermédiaire une aide au développement adéquate, a plaidé le représentant.  Il a proposé un mécanisme de suivi des Conférences annuelles de donateurs qui prendrait la forme d’un comité 3+3 de haut niveau, composé des représentants du Secrétaire général, du HCR et du PNUD ou de la Banque mondiale, d’un côté, et de ceux du Liban, de la Jordanie et de la Turquie, de l’autre. 

Nous appelons tous les donateurs à adapter leurs stratégies car la crise se prolonge, s’est alarmé, à son tour, le représentant de la Jordanie qui a prévenu que l’accueil des Syriens représente aujourd’hui le quart du budget national.  Avec 2,2 millions de réfugiés syriens et iraquiens, la Turquie, a argué son représentant, est le plus grand pays d’accueil.  Le financement des besoins urgents mais aussi des efforts de développement à long terme sont « essentiels », a-t-il souligné, prévenant que les ressources pour les uns ne devraient pas être versées au détriment des autres. 

Le représentant de la Syrie a tout simplement dit ne pas comprendre pourquoi l’Assemblée générale se concentre sur une région, la Méditerranée, et sur un pays, la Syrie.  L’intitulé « très restreint » du débat renvoie à un message « politique et pas humanitaire ».  Pourquoi la Turquie a-t-elle voulu l’inscription de ce point à l’ordre du jour alors qu’elle est elle-même une source de souffrances pour les Syriens?  Est-ce à cause de ses difficultés économiques? s’est demandé le représentant qui a accusé la Turquie de faciliter la contrebande de pétrole, la fabrication de faux passeports syriens ou encore la libre circulation des terroristes.  Ces propos lui ont valu un droit de réponse de son homologue turc.

L’Assemblée générale poursuivra ce débat lundi 23 novembre à partir de 10 heures, avant d’examiner le rapport du Comité spécial pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et celui du Secrétaire général sur la situation au Moyen-Orient.

SENSIBILISATION DE L’OPINION MONDIALE AU DRAME DES MIGRANTS EN SITUATION IRRÉGULIÈRE, EN PARTICULIER LES DEMANDEURS D’ASILE SYRIENS, DANS LE BASSIN MÉDITERRANÉEN

Déclarations

Cette réunion vise à jeter la lumière sur l’une des situations humanitaires les plus pressantes de notre monde, a d’emblée déclaré le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. MOGENS LYKKETOFT.  Au moment où nous parlons, s’est-il expliqué, les États riverains de la Méditerranée font face à des mouvements sans précédent de migrants et de réfugiés.  Depuis le mois de janvier dernier, plus de 880 000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe fuyant, la plupart d’entre eux, les conflits, la violence, les persécutions et les violations de leurs droits.  Pourtant, un certain nombre d’entre eux sont en plus devenus victimes une seconde fois, celles des trafiquants de migrants et d’êtres humains.  Pire encore, 3 500 personnes au moins ont trouvé la mort cette année.

La situation des plus de 12 millions d’hommes, de femmes et d’enfants déplacés syriens mérite une attention spéciale de même que les pays voisins de la Syrie, à savoir la Turquie, le Liban, la Jordanie et l’Iraq, et d’autres pays de la région qui portent le fardeau de la crise depuis le début.  La situation en Méditerranée concerne clairement les pays en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mais aussi l’Afrique de l’Est et de l’Ouest et la Corne de l’Afrique.  La situation exige, a dit le Président, une réponse collective de la communauté internationale, touchant la protection des droits de l’homme et la coopération humanitaire et au développement en passant par le renforcement des institutions, la sécurité et la justice. 

La peur s’est naturellement invitée au débat depuis la dernière vague des attentats terroristes perpétrés par Daech, a reconnu le Président, en prévenant qu’on ne peut laisser cette peur virer aux préjugés, à l’irrationnel et à la xénophobie.  Dans ces moments, les gouvernements doivent mener par l’exemple, en assumant leurs obligations morales et juridiques et donc en montrant au monde que la compassion et l’unité finiront par triompher de la haine et de la division. 

Le Président a parlé des consultations informelles qu’il a tenues hier sur les crises humanitaires et la crise des réfugiés et desquelles se sont dégagées trois questions directement liées à la réunion d’aujourd’hui.  S’agissant d’abord de la protection, des appels ont été lancés pour que la priorité soit donnée aux déplacés les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants.  Des appels ont aussi été lancés pour l’accès des déplacés à l’éducation et à la santé, pour le respect du système des réfugiés et pour la réinstallation dans un pays tiers laquelle doit être vue pour une partie « centrale » de la réponse humanitaire. 

Pour ce qui est du financement, nombreux ont été ceux qui ont demandé une plus grande harmonisation entre les efforts humanitaires et le développement.  Dans ce contexte, les pays ont été appelés à respecter l’objectif visant à consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD).  Enfin, concernant l’aide aux pays qui portent le plus gros fardeau dans cette crise, des appels ont été lancés pour que l’on adapte les réponses humanitaires et de développement au fait que la plupart de ces pays d’accueil sont des pays à revenu intermédiaire où la crise vient s’ajouter aux défis traditionnels du développement. 

Un nombre record de 60 millions de personnes ont été forcées de fuir de chez elles, a rappelé M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, devant les tragédies qui se multiplient, en particulier pour le peuple syrien.  Nous avons besoin, a-t-il dit, d’une nouvelle approche pour gérer les défis de la mobilité, en partant d’un partage équitable des responsabilités. 

Le Secrétaire général a souligné cinq domaines prioritaires, dessinant une feuille de route.  La première priorité, a-t-il dit, est de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la crise.  Il est temps, s’est-il impatienté, de rompre le silence sur la mauvaise gouvernance, l’aggravation des inégalités et les violations des droits de l’homme, y compris l’oppression des femmes.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 peut considérablement faire avancer les choses, a estimé le Secrétaire général qui a appelé tous les pays à voir le développement comme un impératif moral et un rempart contre l’instabilité. 

La seconde priorité, a poursuivi le Secrétaire général, est la gestion des flux.  Il faut développer de meilleurs moyens de recevoir de grands groupes de réfugiés et de migrants.  Il faut lutter contre les réseaux criminels et faire baisser la demande pour leurs services.  La troisième priorité, c’est la protection des droits de l’homme.  Le Secrétaire général s’est dit particulièrement préoccupé par les soupçons sur les migrants et les réfugiés après les derniers attentats terroristes, en particulier les migrants et réfugiés musulmans.  Les droits d’asile et de non refoulement doivent être respectés, a-t-il insisté. 

La quatrième priorité touche à l’augmentation du financement, a poursuivi le Secrétaire général qui vient de créer le Groupe de haut niveau sur le financement de l’action humanitaire.  Il n’a pas manqué d’appeler les États à se montrer généreux mais, a-t-il prévenu, pas au détriment de l’aide au développement.

La cinquième priorité, a-t-il ajouté, est l’adoption d’une approche globale car aucun pays ne peut résoudre seul un problème qui est intrinsèquement international.  Grâce à des arrangements mondiaux, nous pouvons tirer le meilleur parti des ressources régionales.

Le chemin est plein d’embûches mais nous avons une carte de navigation, a dit le Secrétaire général.  Les négociations de Vienne, s’est-il réjoui, avancent sur les causes sous-jacentes du conflit catastrophique en Syrie.  M. Ban Ki-moon a annoncé que le 4 février 2016, il convoquera à Londres, une conférence sur la crise humanitaire en Syrie pour lever des fonds et lancer une politique d’emploi et d’éducation.

Le Secrétaire général a aussi indiqué qu’il a demandé au Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de convoquer en mars une Conférence sur la réinstallation, focalisée sur les plus de trois millions de déplacés par le conflit syrien et la violence dans la région.  Enfin, en mai 2016, le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul donnera une chance de refaçonner le système humanitaire mondial, sans oublier qu’en septembre 2016, avant le débat général, un Sommet de haut niveau est proposé par le Secrétaire général sur la gestion des grands mouvements de migrants et de réfugiés.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. ANTÓNIO MANUEL DE OLIVEIRA GUTERRES, a estimé que la meilleure façon de gérer la crise est de commencer par traiter des causes sous-jacentes des déplacements partout dans le monde et pas seulement en Europe.  S’agissant de la région de la Méditerranée, le Haut-Commissaire a prévenu que le système international humanitaire n’a pas les moyens de répondre ne fut-ce qu’aux besoins les plus fondamentaux des gens qu’il est supposé aider.  Il faut un changement « spectaculaire » dans la manière dont on finance l’aide humanitaire.  Un des éléments du changement, a dit le Haut-Commissaire, serait un lien plus étroit entre les acteurs humanitaires et ceux du développement.  Il faut changer une situation qui veut que des pays comme le Liban, la Jordanie et la Turquie, parce qu’ils sont « à revenu intermédiaire », n’aient pas accès à certains canaux de la coopération au développement. 

La sécurité est un autre thème qui domine la question des migrations depuis les attaques terroristes de la semaine dernière, a poursuivi le Haut-Commissaire.  Mais, a-t-il argué, le flux des réfugiés est le résultat de la guerre et de la terreur et non la cause.  Les réfugiés fuient des évènements très semblables à ceux qu’on a vus à Paris et à Beyrouth, a-t-il ajouté.  La peur et le rejet des réfugiés, notamment des musulmans, n’est précisément pas la bonne façon de réagir aux menaces extrémistes car ce combat est avant tout celui des valeurs.  Un monde occidental qui rejette des réfugiés musulmans tend aux extrémistes le meilleur outil de propagande pour recruter, y compris dans les pays européens. 

Les mouvements chaotiques que l’on a vus de la Grèce vers les Balkans de l’ouest et du nord sont largement le résultat, a dit le Haut-Commissaire, de l’absence d’une réponse européenne « unie et globale ».  Aussi longtemps que les capacités de réception et de filtrage qu’il faut ne seront pas mises en place, les seuls qui auront le contrôle de la situation seront les passeurs dont les activités ont déjà coûté la vie à près de 3 500 personnes, cette année.  Le Haut-Commissaire a annoncé au début de l’année prochaine, une Réunion de haut niveau sur le partage des responsabilités et autres formes d’admission des réfugiés syriens.

M. NAÇI KORU (Turquie) a rappelé que c’est son pays qui a proposé l’inscription de ce point à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  Aujourd’hui, avec 2,2 millions de réfugiés syriens et iraquiens, la Turquie est le plus grand pays d’accueil; quelque 110 naissances ont eu lieu chaque jour dans ses centres de protection.  « La vérité est qu’il y a un manque de solidarité de la part de la communauté internationale », a souligné le représentant.  Il a insisté sur quatre points, estimant, entre autres, qu’il faut changer la manière de penser et de coopérer entre les pays d’origine, de transit et de destination.  La façon actuelle d’envisager l’assistance humanitaire ne peut permettre de solutions à long terme.  L’assistance internationale n’est pas la charité, elle doit être vue comme un investissement à long terme dans la sécurité, la paix et la prospérité collectives.  Nos sociétés sont de plus en plus connectées et que nous soyons donateurs, récipiendaires ou les deux à la fois, nous partageons la même responsabilité face aux plus vulnérables, où qu’ils soient.  Le financement des besoins urgents mais aussi des efforts de développement à long terme sont « essentiels », a argué le représentant, prévenant, à son tour, que les ressources pour les uns ne devraient pas être versées au détriment des autres. 

Le représentant a donc dit attendre beaucoup de la Conférence des donateurs de Londres sur la Syrie qui doit trouver les fonds non seulement pour les millions de Syriens déplacés mais aussi pour ceux qui sont sous la protection des pays voisins.  Il a aussi mis l’accent sur le potentiel du Sommet d’Istanbul avant de prévenir que la gestion de la migration, en particulier de la migration illégale exige l’implication des organisations internationales, de la société civile et du secteur privé.  La Turquie, qui termine son mandat à la Présidence du Forum mondial sur les migrations internationales et le développement, voudrait que le Secrétaire général fasse des recommandations sur la manière de renforcer la réponse du système de l’ONU à la crise des réfugiés.  La Turquie recommande aussi des liens plus étroits entre les différentes initiatives sur les migrations internationales et les flux de réfugiés ainsi que la promotion d’une appréhension plus positive des migrations et des flux de réfugiés.

M. SHIN DONG-Ik (République de Corée) a estimé que la dignité des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile devait être respectée et ce, quel que soit leur statut.  Il a ainsi demandé de renforcer les dispositifs d’assistance nécessaires à la survie et à la protection des personnes déplacées de force.  L’appui à leur réinstallation dans un pays tiers est également crucial, a-t-il dit.  Après avoir salué les efforts consentis par les pays voisins de la Syrie et l’Union européenne pour accueillir d’importantes populations de réfugiés, le représentant a insisté sur la nécessité de trouver une issue politique à la crise syrienne.  À cet égard, il a salué la tenue de pourparlers de paix à Vienne la semaine dernière en vue de mettre en place un plan de transition politique et un calendrier électoral.  Le représentant a par ailleurs annoncé que son gouvernement, en raison de l’arrivée de l’hiver, consacrerait bientôt une aide financière supplémentaire pour renforcer l’assistance humanitaire aux réfugiés en Europe. 

M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Union européenne, a passé cinq points en revue dont le dernier prévient que les canaux réguliers de la migration et de la mobilité ne peuvent être améliorés qu’avec en parallèle, des mesures efficaces pour enrayer les flux de la migration clandestine.  Dans ce contexte, une coopération améliorée sur le retour et la réintégration durable des clandestins, conformément aux obligations du droit international, aux arrangements mutuellement agréés et au plein respect de la dignité humaine et du principe de non-refoulement, doivent être considérées comme un élément nécessaire des politiques renforcées de migration et de mobilité.  Le représentant a rappelé que les dirigeants européens et africains ont adopté la Déclaration politique de La Valette et un Plan de 16 actions concrètes qui doivent être mises en œuvre à la fin de 2016 ainsi que d’autres initiatives européennes comme le fond d’urgence pour l’Afrique avec un engagement initial de 1,8 milliard d’euro pour aider à la création d’emplois et l’accès aux services sociaux, y compris pour les populations obligées de se déplacer.    

Mme RAGNHILDUR ARNLJTSDOTTIR (Islande) a estimé que le caractère hasardeux des voyages pour lesquels des millions de syriens s’engagent est un témoignage de l’horreur qu’ils veulent fuir.  Elle a souhaité que la situation des enfants soit au cœur des politiques de prise en charge des déplacés, précisant que le cas des femmes et des filles, exposées à la violence sexuelle, devrait aussi être pris en compte.  Elle a indiqué que même si une solution politique était trouvée à la crise syrienne, des millions de gens vulnérables auraient toujours besoin d’assistance pour un certain temps.  La déléguée a en outre souligné que les attentats de Paris de la semaine dernière, ainsi que ceux de Beyrouth et d’Ankara, sont un reflet de ce que les gens qui fuient la Syrie vivent tous les jours.  Elle a invité la communauté internationale à résister à l’idée de vouloir placer la responsabilité de ces attentats sur le dos des réfugiés.  Elle a par ailleurs proposé que des mesures sécuritaires adéquates soient mises en place afin d’empêcher l’infiltration de terroristes qui pourraient se mêler aux vagues de réfugiés.  Elle a, à cet effet, rappelé les propos du Haut-Commissaire pour les réfugiés qui a affirmé que ce ne sont pas les vagues de réfugiés qui causent le terrorisme, mais qu’au contraire, c’est le terrorisme, la tyrannie et la guerre qui créent les réfugiés.

Mme Arnljtsdottir a ensuite annoncé que le Gouvernement islandais débloque une somme de 16 millions de dollars pour cette cause humanitaire, précisant que la moitié de ce montant sera versée cette année.  L’assistance aux réfugiés est un devoir moral et juridique mais qu’il faudrait aussi agir en amont pour faire en sorte que les gens ne s’embarquent pas dans ces voyages périlleux.  Le Gouvernement islandais entend concentrer ses contributions sur les organisations internationales qui travaillent avec les réfugiés et a déjà augmenté de manière significative les quotas de réfugiés qu’elle entend accueillir par le biais du HCR.  Elle a aussi indiqué que l’Islande entend accélérer les procédures relatives à l’octroi du statut de réfugié politique.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a voulu que l’on ne se concentre pas sur une région en particulier, la Méditerranée, et précisément sur la Syrie, en soulignant le caractère international de la crise.  L’intitulé « très restreint » du débat envoie un message « politique et non humanitaire ».  Qu’en est-il des réfugiés afghans ou libyens? s’est-il interrogé, en relevant que le Secrétaire général n’en a pas parlé, préférant s’appesantir sur des réfugiés dont certains sont porteurs de faux passeports syriens achetés en Turquie, comme l’a dit un journaliste européen.  Mon pays déplore de tels agissements, a tranché le représentant, accusant la communauté internationale de ne pas tenir compte du sort des vrais Syriens qui subissent un bain de sang à cause des gouvernements qui s’efforcent de militariser la crise en Syrie, de manipuler les terroristes et d’ouvrir les portes de la Syrie au chaos.  Pourquoi la Turquie a-t-elle voulu l’inscription de ce point à l’ordre du jour de l’Assemblée générale alors qu’elle est elle-même une source de souffrances pour les Syriens? s’est interrogé le représentant. 

Le terrorisme, qui s’attaque au territoire et au peuple syrien, représente une menace pour le monde entier.  Nous n’avons cessé de le dire, a souligné le représentant, en émettant des doutes sur la façon dont les autorités turques gèrent le problème des réfugiés.  Pourquoi avoir demandé ce débat?  Est-ce à cause de leurs difficultés économiques? s’est interrogé le représentant en accusant le Gouvernement turc d’organiser le pillage des milliers de maisons à Eblid et à Alep.  Le Gouvernement turc facilite la tâche de l’EIIL qui vend du pétrole illégal via son territoire.  Pourquoi permet-il aux pays du Golfe de faire passer des milliers de Toyota par sa frontière pour être utilisés par des terroristes de l’EIIL en Syrie et en Iraq?  Pourquoi la Turquie ferme-t-elle les yeux devant la mafia qui fabrique les faux passeports syriens?  Pourquoi facilite-t-elle les mouvements de terroristes si ouvertement?  Les chiffres et les statistiques sont sans appel et les rapports internationaux montrent que les réfugiés syriens ne dépassent pas 20% des réfugiés en Europe, a affirmé le représentant. 

Les portes de la Syrie sont ouvertes à tous les Syriens qui se trouvent à l’étranger, y compris l’opposition, a annoncé le représentant.  Notre stratégie à ce stade est de rapatrier tous ceux qui peuvent rentrer chez eux.  Il n’a pas voulu conclure sans mettre en avant le paradoxe qui fait 60% des mercenaires du monde, soit plus de 30 000, convergent vers la Syrie faisant fuir des dizaines de milliers de Syriens.  Le représentant a dit appuyer une solution pacifique sur la base d’un dialogue syrien piloté par les Syriens et sans ingérence étrangère.  Il n’a pas manqué de démasquer un dernier « slogan factice » du Gouvernement turc: selon l’UNICEF, deux tiers des enfants qui vivent dans les camps de réfugiés en Turquie ne vont plus à l’école depuis plus de quatre ans. 

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a appelé au strict respect du Protocole de 1967 à la Convention de Genève sur le statut des réfugiés.  Il a ensuite prôné l’augmentation de l’appui aux organisations humanitaires internationales.  En l’occurrence, l’Allemagne, a-t-il dit, est le troisième plus grand donateur bilatéral.  La Commission budgétaire du Parlement vient de décider d’augmenter de 80% l’enveloppe budgétaire de l’aide humanitaire, pour la porter à 725 millions d’euros.  Avant la fin de l’année, l’Allemagne aura débloqué une somme de 75 millions d’euros pour le HCR et le Programme alimentaire mondial (PAM) en Syrie et dans les pays voisins.  Il faut aussi aider les pays comme le Liban, la Jordanie et la Turquie, a dit le représentant qui a espéré que le prochain Sommet Union européenne-Turquie apportera de la chair à l’ossature qu’est le Plan d’action conjoint Union européenne-Turquie adopté au mois d’octobre dernier.  Par ailleurs, l’Allemagne et la Turquie tiennent un dialogue constant sur la migration.

Face à cette crise « mondiale » des réfugiés, le représentant a dit penser à un schéma global de réinstallation pour mieux répartir le fardeau.  Conscient que beaucoup s’opposent à un tel mécanisme, l’Allemagne, a dit le représentant, est prêt à convoquer tout son pouvoir de persuasion pour convaincre non seulement l’Europe mais aussi le monde entier du bien-fondé de ce schéma.  Comme d’autres, le représentant a jugé important de s’attaquer aux causes des déplacements, en parlant de démocratie, de bonne gouvernance, d’état de droit, des droits de l’homme, de la lutte contre la pauvreté, de développement socioéconomique et d’accès aux services sociaux de base.  En la matière, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est une feuille de route « impressionnante ».  Il faut surtout, a conclu le représentant, trouver une solution politique au conflit syrien et pour la première fois, une chance pourrait s’offrir à Vienne.

M. PAUL ALEX MENKVELD (Pays-Bas) a plaidé pour des partenariats entre les pays d’origine, de transit et de destination, mais également avec les organisations internationales, le secteur privé et la société civile.  Il a rappelé qu’au Sommet de La Valette, les dirigeants ont décidé d’investir davantage sur les jeunes hommes et femmes et de promouvoir des initiatives communes qui généreraient des emplois.  Il s’est ensuite enorgueilli de ce que les Pays-Bas soient le plus grand donateur du Fonds spécial d’urgence de l’Union européenne sur les migrations illégales entre l’Afrique et l’Europe.

M. Menkveld a estimé que l’objectif ne doit pas seulement être de résoudre la crise actuelle, mais aussi de prévenir d’autres crises.  Il faut donc des solutions qui touchent à la coopération au développement, à l’assistance humanitaire, au commerce et aux investissements, mais aussi à la justice et aux affaires intérieures.  Il a en outre salué l’engagement des pays qui abritent les plus larges contingents de réfugiés syriens, à savoir la Turquie, le Liban et la Jordanie, invitant la communauté internationale à leur apporter un soutien durable.  Il a de ce fait annoncé que les Pays-Bas entendent augmenter leur contribution pour l’assistance humanitaire en Syrie et dans les pays voisins, la portant ainsi désormais à 110 millions d’euros.

M. OLOF SKOOG (Suède) a déclaré que la Suède a accueilli ces dernières semaines près de 50 000 demandeurs d’asile dont le quart est constitué d’enfants non accompagnés.  La Suède est le neuvième pays d’accueil de réfugiés et de migrants au monde.  Le représentant a réclamé un partenariat international renforcé pour augmenter le nombre de pays prêts à accueillir les réfugiés.  Il a aussi appelé le Conseil de sécurité à ouvrir la voie à une solution politique à la crise en Syrie à laquelle le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement peuvent apporter des réponses.

M. NAWAF SALAM (Liban) a tout d’abord présenté ses condoléances aux familles de « toutes les victimes » du terrorisme, se disant convaincu que les « Lumières » de Paris continueront à briller, « en un message d’espoir et de combat ».  Il a souligné qu’en dépit des flots de réfugiés arrivant en Europe, la plupart ont choisi de rester près de chez eux dans l’espoir d’y retourner bientôt.  En quatre ans, le nombre de réfugiés syriens au Liban s’est élevé à 1,2 million, soit près de 30% de la population libanaise.  Le Liban qui abrite aussi entre 350 000 et 400 000 réfugiés palestiniens est le plus petit pays de la région mais est devenu celui qui a la plus grosse concentration de réfugiés par habitant, non seulement dans la région mais dans le monde, s’élevant au troisième rang pour le nombre total de réfugiés, après la Turquie et le Pakistan.  Le chiffre de 1,2 million ne comprend pas les dizaines de milliers de Syriens qui ne se sont pas faits enregistrés ni les 300 000 migrants syriens qui travaillent au Liban depuis 2011 et qui ont été rejoints par leur famille.  Ce nombre ne comprend pas non plus les plus de 40 000 Palestiniens qui, réfugiés en Syrie, ont fui au Liban.  En conséquence, au Liban, la croissance économique s’est arrêtée, le taux de pauvreté a augmenté de 60% et celui du chômage a doublé, sans compter les risques de radicalisation et de militarisation d’une partie de la population réfugiée.  Soyons clair: la solution à la crise ne peut être humanitaire, a estimé le représentant.  Seule une solution politique peut mettre fin au conflit syrien et ouvrir la voie au retour des réfugiés dans leur pays.  Le Liban n’a cessé d’appeler à un partage du fardeau, dont des programmes de réinstallation et une assistance plus directe aux communautés d’accueil libanaises.

Le Liban en appelle à la Banque mondiale et aux institutions financières internationales pour qu’elles revoient leurs politiques et fournissent aux pays à revenu intermédiaire de la région comme le Liban et la Jordanie, une aide au développement adéquate.  Le Plan libanais de réponse à la crise mis en place par le Gouvernement et les partenaires internationaux n’a recueilli que 39% des fonds requis, a prévenu le représentant.  Il est temps de créer un mécanisme de suivi pour les Conférences annuelles de donateurs.  Un tel mécanisme pourrait prendre la forme d’un comité 3+3 de haut niveau, composé des représentants du Secrétaire général, du HCR et du PNUD ou de la Banque mondiale, d’un côté, et de ceux du Liban, de la Jordanie et de la Turquie, de l’autre.  À l’heure où l’Europe juge difficile d’accueillir 120 000 réfugiés, il faut peut-être rappeler que le Liban, 400 fois plus petit, en accueille 10 fois plus.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur les risques de xénophobie et d’islamophobie qui accompagnent la dernière vague de réfugiés en Europe.  Non seulement cette attitude raciste est honteuse, mais elle alimente en plus la propagande des groupes terroristes comme Daech, a-t-il averti.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a rappelé que les migrants afghans constituent le deuxième groupe de réfugiés qui arrivent en Europe.  Il a plaidé pour une aide particulière aux femmes, aux enfants, aux personnes âgées et aux handicapés et pour une meilleure coordination des organisations humanitaires.  Il a dénoncé la xénophobie de certains partis politiques et souligné la nécessité d’un examen complet des accords bilatéraux entre le Gouvernement afghan et les pays européens.  Actuellement, a-t-il prévenu, c’est la discorde et le manque d’unité entre États Membres que les groupes terroristes et certains pays de notre région exploitent.  Les États Membres doivent s’unir dans la lutte contre l’extrémisme violent sans pour autant fermer la poste aux réfugiés et aux migrants.  Il faut, a-t-il préconisé, traiter des facteurs socioéconomiques et géopolitiques des troubles au Moyen-Orient et trouver des solutions politiques aux conflits.  Il faut aussi soutenir plus fermement la lutte de l’Afghanistan contre le terrorisme.  Par ailleurs, à la lumière de la crise actuelle, il est temps que les États revoient leurs politiques d’immigration et cessent les discours islamophobes qui alimentent l’extrémisme et la radicalisation. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a souligné les efforts que l’Europe déploie pour accueillir les réfugiés et a suggéré de promouvoir des politiques de migration « humaines et ordonnées ».  Les attentats de Paris montrent qu’il est important de garantir la sécurité aux frontières mais qu’il faut aussi se souvenir que les familles en fuite, fuient justement cette violence insensée.  Un grand nombre des migrants sont eux-mêmes victimes du terrorisme et leur fermer la porte serait trahir nos valeurs.  Nous pouvons faire les deux: garantir la sécurité et l’accueil.  La communauté internationale doit redoubler d’efforts et faire montre de compassion pour porter secours aux réfugiés.  Aussi, les États-Unis restent-ils engagés à protéger les Américains et à accueillir les réfugiés.  Ces positions ne s’excluent pas car ces réfugiés sont une force pour notre pays, une chance d’enrichir le tissu social des États-Unis.  La crise des réfugiés syriens et les défis posés à l’Europe exigent une réponse mondiale.  Nos nations doivent se rassembler.  Le Gouvernement américain reste attaché au projet du Président Barack Obama d’installer, en 2016, au moins 10 000 réfugiés syriens sur les 85 000 réfugiés que le pays accueillera au total et en 2017, 17 000 Syriens sur 100 000 réfugiés au total.  Nos objectifs ont été atteints ces trois dernières années et nous sommes en bonne voie pour les atteindre cette année. 

M. LIU JIEYI (Chine) a préconisé trois mesures urgentes à savoir redoubler d’efforts pour réaliser la paix et la stabilité au Moyen-Orient et dans d’autres régions; aider les pays africains à se développer et adhérer au principe de la responsabilité partagée et renforcer la coopération internationale sur la question des réfugiés et des personnes déplacées.  Face aux menaces terroristes, il a demandé à l’ONU d’assumer un rôle de premier plan pour créer un front commun basé sur la coopération, les échanges d’informations et le maintien de l’ordre.  S’agissant de la Syrie, il a encouragé un processus politique, sous les auspices de l’ONU, pour créer un climat favorable au retour des réfugiés syriens.  Pour sa part, la Chine a, jusqu’ici, offert une aide d’une valeur de 230 millions de RMB yuan.  En octobre dernier, elle a renouvelé sa décision d’apporter une aide humanitaire de 100 millions de yuans chinois (RMB) à la Syrie, au Liban et à la Jordanie, sans oublier les 800 000 dollars qu’elle a versés au HCR.

Rappelant que ce sont les pays en développement qui accueillent 86% de tous les réfugiés, M. Jieyi a demandé aux pays développés d’augmenter leur aide financière aux pays concernés et aux agences spécialisées.  Le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général d’organiser une conférence internationale sur la question des réfugiés l’année prochaine et a dit partager son avis sur le fait qu’il ne faut pas que le financement de la crise des réfugiés se fasse aux dépens de l’aide au développement.  Le représentant a rappelé, dans ce contexte, la proposition de la Chine de créer un fonds d’aide à la coopération Sud-Sud pour faciliter la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La Chine poursuivra en outre ses investissements dans les pays les moins avancés avec pour objectif d’atteindre les 12 milliards de dollars d’ici à 2030.  Le représentant a d’ailleurs indiqué que le prochain Sommet du Forum sur la coopération Chine-Afrique, qui se tiendra à Johannesburg en décembre, devrait définir la nouvelle feuille de route.  Il a aussi annoncé une contribution d’un milliard de dollars sur 10 ans au Fonds ONU-Chine pour la paix et le développement. 

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a déclaré que les attentats ne devaient pas empêcher d’aider les migrants, les réfugiés et les déplacés qui luttent pour leur survie.  Les événements tragiques presque quotidiens rappellent à quel point la coopération internationale est importante pour parvenir à une croissance inclusive et durable, à la paix, à la sécurité et à la stabilité.  La crise des réfugiés dans le bassin méditerranéen est sans précédent et prend des dimensions humanitaire, sociale, politique, économique et sécuritaire, a-t-il souligné, ajoutant qu’il fallait lui apporter une réponse cohérente et traiter de ses racines.  Aussi a-t-il proposé de s’attaquer à la violence qui pousse les gens à fuir, sans oublier les causes racines économiques et sociales.  Il faut faire preuve de solidarité avec les pays hôtes et soutenir les programmes de sécurité et de développement des pays d’origine.  En toutes choses, il faut faire la distinction entre les migrants économiques et les réfugiés, combattre la criminalité organisée liée à la migration et améliorer la coordination entre tous les acteurs impliqués dans les problèmes de migration. 

Le représentant aussi prévenu que dans sa lutte contre le terrorisme, la communauté internationale ne devrait jamais sacrifier ses engagements en matière de droit international, d’état de droit et de respect des droits de l’homme.  Pour sa part, la Slovaquie a alloué 2 millions d’euros au Programme alimentaire mondial, au HCR, à l’UNICEF et à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), et une autre somme de 3 millions d’euros au Fonds régional d’affectation spéciale de l’Union européenne pour les réfugiés syriens.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a tenu à remercier chaleureusement la communauté internationale pour les gestes d’amitié et de soutien venus du monde entier après les attentats du 13 novembre.  « Tous ces lieux, dans vos pays, pavoisés aux couleurs du drapeau français comme autant de messages de solidarité, tout cela nous a profondément touchés », a-t-il déclaré.  Concernant les déplacements de population provoqués par la crise syrienne, il a rappelé le mot du Président Hollande, selon lequel l’Europe doit accueillir dans la dignité ceux qui relèvent du droit d’asile.  Soulignant que les réfugiés fuient la barbarie de Daech, les bombardements indiscriminés du régime et des conditions de vie de plus en plus difficiles après plus de quatre ans de conflit, il a estimé que, « plus que jamais », parallèlement à la lutte antiterroriste, une issue pacifique à la crise syrienne était nécessaire.  La communauté internationale doit continuer ses efforts pour imposer rapidement un cessez-le-feu en Syrie et mettre en place un processus de transition crédible et inclusif, a-t-il dit. 

Plaidant ensuite pour une approche collective et solidaire à l’échelle de l’Union européenne, M. Delattre a indiqué que la France renforcera ses efforts pour accueillir les réfugiés et les demandeurs d’asile, et consacrera 279 millions d’euros supplémentaires au titre de leur accueil et de leur hébergement.  Il a insisté sur la nécessité d’une réponse collective à l’urgence humanitaire en Syrie, en rendant hommage à l’action du HCR et aux efforts des pays du Moyen-Orient et d’Afrique, « qui sont en première ligne et accueillent le plus nombre de réfugiés ».  Notant que la France avait décidé d’allouer une contribution exceptionnelle de 100 millions aux agences des Nations Unies, en priorité en réponse à la crise syrienne, dont 50 millions seront versés pour l’année 2015, il a appelé à des mesures durables pour répondre au désespoir de certaines populations. 

Sur ce point, il a rappelé que son pays œuvrait à la stabilisation des zones de conflit et à la résolution des crises politiques pour prévenir les causes des déplacements forcés de population.  C’est le sens également de nos politiques de développement, a-t-il assuré, souhaitant que le premier Sommet humanitaire mondial, qui aura lieu à Istanbul, offre l’occasion de trouver les moyens d’améliorer la réponse aux besoins des populations affectées par les conflits et de rendre l’action humanitaire plus efficace.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a adressé toutes ses condoléances aux familles des derniers attentats.  La crise des réfugiés n’est pas conjoncturelle mais structurelle, a-t-il estimé.  La communauté internationale doit y faire face de façon globale car les capacités de certains pays d’accueil ont été dépassées.  Les migrants deviennent vulnérables dès qu’ils décident d’entamer un périple dans l’espoir d’une vie meilleure.  Au cours de leur voyage, ils sont victimes d’abus de la part des trafiquants qui exploitent les faiblesses de la communauté internationale, puis de nouveau dans les pays de destination.  Nous ne devons pas considérer les migrants comme une menace.  Nous devons, a dit le représentant, mieux protéger leurs droits à la justice, à la santé et à l’éducation car ils vont contribuer au développement de nos pays.  Nous n’avons pas de mécanismes suffisants pour garantir la promotion de ces droits, a reconnu le représentant, inquiet de voir des groupes rejetés, stigmatisés et menacés.  La réponse doit venir des Nations Unies, a-t-il estimé.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a exprimé ses condoléances les plus sincères aux victimes des attentats de ces dernières semaines, mais ce débat n’a rien à voir avec le terrorisme a-t-il insisté. D’un côté il y a les assassins, de l’autre les victimes.  L’Italie, s’est-il enorgueilli, a « fièrement » sauvé 100 000 personnes l’année dernière et elle compte bien continuer.  Quand quelqu’un tombe à l’eau, on ne se demande pas s’il est migrant ou réfugié, c’est une personne et une vie à sauver.  La question du jour est « un problème européen » mais  avant tout « une problématique mondiale ».  Il nous faudra, a dit le représentant, une approche responsable et holistique touchant au développement, aux solutions politiques aux crises, à la coopération renforcée avec les pays de transit et les premiers pays de destination et à la lutte contre la criminalité organisée et la traite des êtres humains.  Lors du Sommet de La Valette, il a été dit que seul un dialogue efficace apporterait une solution, a rappelé le représentant, en se souvenant aussi que le Fonds d’affectation de la Commission européenne y a été salué car il correspond à la nécessité de répondre aux  besoins concrets sur le terrain.  Mais il faut assurer une transition entre urgence et développement. 

M. DAVID ROET (Israël) a estimé que l’Assemblée générale n’a pas assez fait cas des attaques terroristes qui ont fait cinq morts en Israël au cours de cette semaine.  L’Assemblée se doit de condamner tous les types de terrorisme et dire clairement que la terreur reste la terreur, quel que soit le lieu de l’attaque ou la nationalité des victimes.  Le représentant a ensuite cité la Syrie, la Libye, l’Iraq et le Yémen où se déroulent des conflits qui font de nombreuses victimes, regrettant que la communauté internationale en soit encore à se poser la question de l’origine de ces atrocités.  Il a aussi déploré le fait que le monde n’ait pas agi alors que les régimes en place opprimaient leur peuple en toute impunité.  Alors que se déroule la réunion de l’Assemblée générale, « le régime du Président Assad est en compétition avec Daech dans la mise en place des moyens les plus brutaux pour massacrer des populations innocentes ».  Le Président Assad, a dit le représentant, n’aurait pas commis autant d’atrocités sans l’aide de ses amis de Téhéran.  À ceux qui espèrent que l’Iran pourrait être partie prenante de la solution au problème posé par Daech, le représentant a dit: « parfois l’ennemi de votre ennemi peut aussi être votre ennemi ».

Il a indiqué que l’ONG israélienne Isra-aid a aidé des milliers de réfugiés syriens en Jordanie et en Europe de l’Est.  Ayant connu des vagues de réfugiés dont les centaines de milliers de survivants de l’Holocauste, les réfugiés juifs des pays arabes, le million de Juifs de l’ex-Union soviétique et les dizaines de milliers de juifs d’Éthiopie, Israël connaît bien les besoins des réfugiés et des immigrés.  L’expérience lui a montré que ce n’est que quand la communauté internationale est unie qu’elle peut vraiment sauver des vies.  La situation est difficile mais elle n’est pas désespérée.  Pour changer la vie des millions de gens qui fuient de chez eux, il faut agir et ne pas rester passifs devant les violations des droits de l’homme commises par des régimes autocratiques, a conclu le représentant. 

M. MARTIN SHEARMAN (Royaume-Uni) a souligné que pour être efficace, l’aide doit viser le moyen et le long termes.  Il a indiqué que son pays a accueilli plus de 5 000 réfugiés, en laissant la porte ouverte à 20 000 autres.  Comme cette aide ne suffira pas, le Royaume-Uni coorganise, en février 2016, une Conférence des donateurs pour la Syrie.  Tous les gouvernements et le secteur privé sont invités à participer. 

M. ANTHONY ANDANJE (Kenya) a observé que les débats autour de la question des migrants et des réfugiés manquent de contextualisation, en termes de flux et de causes profondes du phénomène.  Le discours dominant tend à évoquer davantage les problèmes des pays de destination et les difficultés rencontrées par les migrants, que l’aspect politique des migrations qui sont le produit des conflits, a-t-il dit, déplorant que certaines voix en Europe évoquent des « hordes de barbares » ou de « sauvages envahisseurs à la peau brune », qui arrivent en « essaims ».  Cela est immoral, s’est agacé le représentant, en voulant que personne ne rejette l’entière responsabilité sur ces centaines de milliers de migrants.  En tant que pays d’accueil de 605 364 migrants et demandeurs d’asile et victime du terrorisme, le Kenya partage les préoccupations en matière de sécurité nationale.  Pour autant, il sait que le contrôle rapide des demandeurs d’asile, sans respect des procédures habituelles, ou leur renvoi dans des pays tiers, n’est pas une solution. 

On ne peut pas choisir quel migrant on accueille et lequel on rejette, a dit M. Andanje.  Les migrants syriens continueront de venir si l’on ne trouve pas une solution politique à la crise qui ravage leur pays, a-t-il prévenu.  Il faut leur apporter une protection internationale et répondre notamment au plaidoyer du HCR qui demande de soutenir les pays qui accueillent en premier lieu les réfugiés syriens, à savoir le Liban, la Jordanie et la Turquie où vivent actuellement quatre millions d’entre eux, a conclu le représentant.   

Mme CATHERINE BOURA (Grèce) a d’abord condamné les attaques du 13 novembre à Paris et présenté ses condoléances à toutes les familles des victimes, au Gouvernement et au peuple français.  La Grèce, en tant que pays en première ligne, se félicite de cette réunion, car l’ONU constitue la meilleure enceinte pour débattre du sujet.  Si elle est habituée depuis quelque temps déjà à accueillir un flux régulier de migrants et demandeurs d’asile, la Grèce n’a rien connu de comparable à ce qui se passe depuis quelques mois.  Depuis le 1er janvier, plus de 600 000 personnes originaires de Syrie, d’Afghanistan ou d’Iraq ont traversé ses frontières avec la Turquie, la plupart arrivant sur les îles grecques et 75 à 80% d’entre elles étant des réfugiées.  La Grèce a fait des efforts considérables pour sauver des milliers de vies, notamment en mer, et recevoir ces gens de la façon la plus humaine possible avec l’aide de la population locale.  Le Premier Ministre a souligné que ces arrivées avaient des causes qui, quelles qu’elles soient, avaient été mal gérées par la communauté internationale.  Ces causes exigent pourtant une réponse politique qui engage tous les acteurs de la région.  Parallèlement, la lutte contre les trafiquants et les réseaux criminels demeure une priorité.

Répondre à cette crise est une obligation commune qui appelle une stratégie globale et un effort déterminé dans la durée, a insisté la représentante.  L’ONU et la communauté internationale doivent accentuer leurs efforts pour résoudre les crises en Syrie et en Libye et contrer l’extrémisme violent.  Elles doivent aussi soutenir davantage les pays d’accueil et encourager une politique de réinstallation plus généreuse.

Pour M. MANSOUR AYYAD SHAALOTAIBI (Koweït), la crise en Syrie, la plus grave au monde avec ses 250 000 morts, a produit le plus grand nombre de réfugiés au monde.  L’ampleur de la crise a dépassé les capacités d’accueil du Liban, de la Jordanie et de la Turquie qui se heurtent même à des menaces sécuritaires.  Nous avons vu les images choc d’Aylan et nous ne pouvons qu’espérer que les négociations de Vienne aboutissent.  En attendant, le Koweït a organisé trois Conférence de donateurs depuis 2012, mobilisant jusqu’à 7 milliards de promesses de contributions.  Le représentant a donc espéré que la Conférence de Londres permettra de mobiliser les ressources dont ont besoin les agences de l’ONU.

M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a appelé à une meilleure coordination entre pays d’origine, de transit et de destination et à un renforcement de la gestion des frontières, cela pour mieux lutter contre les réseaux criminels et les passeurs.  Pour le représentant, tout retour à la normale dans la région méditerranéenne passe par la stabilisation de la Libye et une issue politique à la crise syrienne.  Indiquant que son pays avait fourni une aide considérable aux réfugiés syriens via le Programme alimentaire mondial (PAM), il a estimé nécessaire de combiner toutes les formes d’assistance et d’aide aux principaux pays d’accueil, la Jordanie, le Liban, la Turquie et la Tunisie.

M. RIADH BEN SLIMAN (Tunisie) a précisé qu’un dixième de la population tunisienne vit à l’étranger, dont 80% en Europe.  Ces dernières années, la Tunisie a elle-même accueilli plus d’un million de migrants libyens.  Le représentant a insisté sur la nécessité d’une solution politique à la crise libyenne mais aussi à la syrienne.  En attendant, il a souligné l’aide internationale dont son pays a besoin.

M. MENELAOS MENELAOU (Chypre) a déclaré que la réponse donnée par son gouvernement à la crise des migrants et des réfugiés obéit d’abord aux principes humanistes et au respect des obligations internationales.  Pour Chypre, ces personnes ne sont pas seulement des migrants illégaux potentiels, mais d’abord des êtres humains, souvent victimes de la haine, de la discrimination, du fondamentalisme et des violations de leurs droits humains fondamentaux.  Ils ne peuvent être une seconde fois victimes de l’indifférence ou de politiques peu soucieuses de l’humanitaire.  Le représentant a prévenu qu’il n’y aura pas de solution à ce problème sans la paix.  Personne n’est à l’abri des conséquences dévastatrices de cette situation, d’autant que les récentes attaques terroristes de Paris ont montré que la question migratoire peut se transformer en question sécuritaire, avec l’infiltration possible de terroristes parmi les milliers de migrants arrivant chaque jour en Europe.  Pour autant, il ne faut pas que cela conduise à une confusion entre les débats sur les migrations et ceux sur le terrorisme, a conclu le représentant.  

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a espéré que les négociations de Vienne ouvriront la voie à un règlement de la crise en Syrie.  Au début de la semaine, les premiers réfugiés sont arrivés en Australie dans le cadre de l’engagement du Gouvernement d’accueillir 12 000 réfugiés de Syrie et d’Iraq.  Ces réfugiés s’ajoutent aux 13 750 personnes réinstallées cette année dans le cadre du programme humanitaire de l’Australie dont la société, a insisté le représentant, est la preuve de la contribution que les réfugiés font dans les domaines culturel et économique.  Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’Australie a accueilli plus de 825 000 réfugiés.  Il faut faire plus pour appuyer les systèmes internationaux humanitaires et de réinstallation, a insisté le représentant, sans oublier l’urgence de traiter des causes du conflit par un règlement politique.  Il faut un effort international conjoint pour jeter un pont entre l’humanitaire, le développement, la sécurité et le politique, et assurer des voies sûres, légales et ordonnées à la migration.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a rappelé que, situé sur « la route des Balkans », son pays a vu passer 400 000 migrants et réfugiés depuis le mois de septembre, et que ce mouvement continue à une moyenne de 6 à 7 000 passages par jour.  Cette crise, par son ampleur et sa dimension sécuritaire, ne peut être résolue que par une coordination globale, aux niveaux international et régional.  Le représentant a insisté sur une meilleure coopération entre les pays d’origine, de transit et de destination; la recherche de solutions aux causes sous-jacentes des problèmes en Syrie et en Libye, la promotion d’une paix durable en Iraq et en Afghanistan, l’importance de lutter contre les groupes terroristes et extrémistes spécialement l’EIIL, la promotion du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’augmentation des financements et le renforcement de l’assistance humanitaire notamment dans les pays hôtes, en particulier la Turquie, la Jordanie et le Liban, et sur la lutte contre le crime organisé qui exploite sans vergogne la détresse des migrants et des réfugiés.

M. SVEN JURGENSON (Estonie) a demandé que l’on s’attaque ensemble aux causes profondes des flux migratoires, tout en intensifiant la lutte contre le crime organisé, les réseaux de contrebande et de passeurs.  Il a réaffirmé l’engagement de son pays à mettre pleinement en œuvre la résolution 2240 du Conseil de sécurité demandant aux États Membres d’aider la Libye à renforcer les moyens dont elle dispose pour sécuriser ses frontières et prévenir le trafic de migrants et la traite des êtres humains. 

M. JAN KICKERT (Autriche) a rappelé que son pays était un pays de transit et de destination, l’un des plus touchés en Europe.  Les crises prolongées comme en Syrie deviennent de plus en plus la norme, aussi pour y faire face il faut resserrer la coopération entre acteurs du développement et lever davantage de fonds pour soulager les communautés d’accueil.  L’une des causes pour lesquelles les gens quittent leur foyer est l’utilisation d’armes parfois interdites avec des conséquences terribles sur les populations, a-t-il insisté en lançant « un nouvel appel au Conseil de sécurité » pour qu’il se tourne vers et saisisse la Cour pénale internationale.  Nous avons besoin d’approches holistiques pour combattre les causes premières des déplacements et la traite des êtres humains.  Il faut trouver une solution politique à la crise syrienne, « un cessez-le-feu à l’échelle du pays » et un processus solide de pourparlers.

Mme ALYA AHMED AL-THANI (Qatar) a rappelé que son pays est touché depuis le début de la crise syrienne.  Il faut trouver une solution à cette crise, a réclamé la représentante, avant de confirmer la disposition de son pays à aider les pays voisins de la Syrie qui accueillent des réfugiés syriens et le HCR.  Le Qatar accueille plus 54 000 réfugiés syriens, en accordant une attention aux enfants, a déclaré la représentante.

M. ELMAHDI ELMAJERBI (Libye) a noté à quel point le nombre de femmes, d’enfants et d’hommes prêts à risquer leur vie pour fuir l’insécurité de leur pays a augmenté de façon spectaculaire.  Nous comprenons certes le fardeau qui pèse sur les pays d’accueil mais n’oublions pas non plus la responsabilité qui incombe à la communauté internationale et à long terme la contribution que finiront par faire les migrants à leur pays de destination.  Le phénomène de la migration ne peut être traité par de simples moyens sécuritaires.  Il faut aider les pays de destination dans l’assistance et le développement.  En la matière, a dit le représentant, nous comptons sur les pays donateurs, notamment les pays européens, dont les efforts doivent s’inscrire dans le droit international, dont la non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains.  La communauté internationale ne peut régler la crise des migrants sans aider les pays d’origine à améliorer les conditions socioéconomiques de leurs citoyens, a prévenu le représentant.  Il est encore possible d’inverser la tendance de la migration clandestine et de réduire au minimum le nombre des migrants: il faut soutenir le développement et abattre les réseaux criminels « pour que la Libye redevienne un pays de destination ».

M. OLIVIER MARC ZEHNDER (Suisse) a soulevé quatre points et d’abord le respect des droits de l’homme, du droit international humanitaire et du droit des réfugiés qui doit rester au centre de nos préoccupations.  Aucun État ni aucune organisation, a-t-il ensuite rappelé, ne peut seul faire face aux défis complexes soulevés par la mobilité humaine.  Ce n’est que dans un esprit de coopération entre tous les acteurs, dont les migrants eux-mêmes, que des approches constructives pourront être élaborées.  Il est plus que jamais nécessaire que les États adoptent une approche globale de la migration qui prenne en compte autant ses défis que ses avantages et cela ne peut se réaliser qu’en tissant des liens entre différents secteurs pertinents afin de développer plus de cohérence dans la politique migratoire et contrer ainsi les approches en silos.  Enfin, il faut une vision à long terme et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre une occasion en rappelant que la mobilité requière une vision à long terme dans laquelle la migration se fera dans un environnement sûr et régulier.  Une vision dans laquelle la migration sera un choix et non pas une nécessité, a insisté le représentant qui a rappelé que depuis 2011, son pays a débloqué 203 millions de francs suisses en réponse à la crise en Syrie et a accueilli quelque 9 000 personnes en provenance de Syrie.  Environ 3 000 victimes supplémentaires seront accueillies en Suisse d’ici à trois ans.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a souhaité que la discussion initiée aujourd’hui par l’Assemblée générale donne lieu à des recommandations en faveur d’un règlement résolu et unifié de la crise des réfugiés.  La réponse de la communauté internationale doit être basée sur les principes d’humanité, de responsabilité partagée et de respect des droits de l’homme, a-t-elle ajouté.  Pour la représentante, il est temps que le fardeau qui pèse sur une poignée de pays d’accueil devienne un effort équitablement partagé.  Mme Lodhi a par ailleurs rappelé que quelque 3 millions de réfugiés afghans vivent légalement ou clandestinement dans son pays.  Or, les appels à contributions de l’ONU sont restés lettre morte, a-t-elle déploré.  Elle a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’apporter des solutions politiques aux différentes crises des réfugiés dans le monde.  Selon elle, l’hégémonie politique de quelque puissance que ce soit ne peut en aucun cas, qu’il s’agisse de la situation en Syrie, en Iraq ou en Afghanistan, constituer une base durable à la paix au plan régional. 

M. OSAMA A. MAHMOUD (Égypte) a indiqué que plus de 300 000 syriens ont trouvé refuge en Égypte dont 130 000 ont été dûment enregistrés par le HCR, ce qui fait de l’Égypte l’un des cinq à recevoir le plus de Syriens.  À la différence des autres pays d’accueil, en Égypte les arrivants sont installés dans des communautés d’accueil.  Nous n’avons pas de camps de réfugiés, ce qui rend encore plus difficile de déterminer le nombre exact de ces réfugiés lequel pourrait bien dépasser le nombre officiel.  Le fardeau financier était estimé à 140 millions de dollars dans le budget 2014-2015.  Le représentant a donc regretté que la communauté internationale ne fournisse pas les fonds qu’il faut.  Il faut absolument garantir un financement suffisant, efficace et prévisible à l’assistance humanitaire.  Les années ont montré, a poursuivi le représentant, que le conflit syrien ne peut et ne doit pas être résolu par des moyens militaires ou par un appui à l’une ou l’autre partie.  Il faut une solution politique et d’ailleurs, a estimé le représentant, la fenêtre d’opportunité tant attendue vient de s’ouvrir avec les réunions de Vienne.

M. HIROSHI MINAMI (Japon) a souligné le caractère « crucial » d’une solution politique aux crises.  Le Japon, qui sera membre non permanent du Conseil de sécurité en 2016, est prêt à déployer tous les efforts possibles pour parvenir à cette solution.  La question de la paix et de la sécurité est étroitement liée au développement durable, a poursuivi le représentant.  Il faut réfléchir à la manière d’assurer la cohérence entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, les Conseils d’administration des fonds et programmes, la Commission de consolidation de la paix et le Conseil des droits de l’homme.  Il faut donc éliminer les approches par silos.  Nous devons aussi faire face à l’écart entre l’aide humanitaire et l’aide au développement, a dit le représentant qui a réitéré la promesse du Japon de débloquer une somme de 810 millions de dollars cette année pour les réfugiés et pour les déplacés de Syrie et d’Iraq.  Il a dit attendre beaucoup du Sommet d’Istanbul.  Le représentant a conclu sur la nécessité de promouvoir la réconciliation entre les différentes religions. 

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a indiqué que son pays a libéré une somme de 37,5 millions d’euros supplémentaires pour faire face à l’urgence, portant son aide totale pour 2015, à 51,7 millions d’euros.  La Belgique a organisé aujourd’hui à Bruxelles, une manifestation publique sur la manière de renforcer la capacité des États voisins qui accueillent les flux mixtes afin qu’ils puissent assurer la protection et une intégration à long terme des migrants.  La Belgique vient aussi de mettre une frégate à la disposition de l’opération Sophia, visant à sauver les naufragés et à lutter contre les trafiquants en Méditerranée.  La Belgique a aussi décidé d’apporter une contribution financière de 10 millions d’euros au Fonds d’affectation spéciale pour la stabilité et la lutte contre les causes profondes des migrations irrégulières créé par le Sommet de La Valette.  Nous devons nous garder, a conclu la représentante, des discours simplistes et des amalgames notamment entre l’immigration et le fléau du terrorisme.  La politique d’asile et de migration doit reposer sur la responsabilité des États d’accueil mais aussi sur la solidarité entre eux, a-t-elle insisté, sans perdre de vue que la migration, correctement gérée, peut avoir des effets bénéfiques pour tous.

M. MUAZ M. A. K. AL-OTOOM (Jordanie) a estimé que tous les gouvernements devaient être conscients des difficultés que rencontrent les gouvernements des pays hôtes pour concrétiser le partage du fardeau.  Les « coûts titanesques » que supportent ces derniers ne sont un secret pour personne ni d’ailleurs le caractère « insuffisant » des efforts.  Les solutions traditionnelles ne fonctionnent plus, a martelé le représentant, jugeant « primordial » de tourner le dos aux promesses « vides de sens ».  Nous appelons tous les donateurs à adapter leurs stratégies car la crise se prolonge.  Nous devons passer des secours d’urgence aux programmes de résilience pour permettre aux réfugiés de mener une vie digne et faciliter leur retour le moment venu.  À la lumière des évènements récents et de la propagation du terrorisme et de l’extrémisme, il est nécessaire d’éviter les stéréotypes qui confondent réfugiés et terrorisme.

La Jordanie continuera de maintenir sa politique d’accueil mais la communauté internationale doit fournir un appui suffisant.  L’accueil des Syriens représente le quart du budget national, a souligné le représentant, en appelant à son tour à une solution politique au conflit syrien, prévoyant une transition acceptée par tous, la lutte contre le terrorisme, et le rétablissement de la stabilité et la sécurité pour permettre le retour des réfugiés chez eux.

L’inaction du Conseil de sécurité ne saurait être compensée par la compassion des autres, a taclé M. ZSOLT HETESY (Hongrie).  Il faut une action mondiale et globale sur plusieurs fronts: s’attaquer aux causes sous-jacentes de la crise des réfugiés, aux questions relatives à la migration internationale, à l’aide humanitaire et au développement aux pays et communautés d’accueil, à la nécessité d’une synergie et de cercles vertueux, y compris en investissant dans le développement durable.  Sans la fin des conflits, il n’y aura pas de solution à la crise des réfugiés.  Le Conseil de sécurité a une responsabilité spéciale et, à part l’arrêt des conflits, il doit appuyer des mesures plus décisives pour atténuer les tensions.  Outre le Conseil, le représentant a vu dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 les moyens de réponse à la crise. 

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a déclaré que la communauté internationale, tout en œuvrant à la recherche d’une solution politique, devait continuer d’atténuer les souffrances des réfugiés et des déplacés syriens.  « La magnitude de la crise exige une réponse globale et collective », a-t-elle dit.  Cette crise souligne la nécessité de mettre au point des approches novatrices dans un certain nombre de domaines, à commencer par le renforcement de la résilience, a poursuivi la délégation.  Pour son pays, des engagements sur le long terme devront être consentis de la part des acteurs humanitaires et de développement, mais aussi des agences de la migration et des institutions financières internationales.  La Nouvelle-Zélande est convaincue de l’importance de faire plus pour protéger les personnes déplacées des abus, notamment par les trafiquants.  Aussi, a-t-elle encouragé les États à démanteler les réseaux criminels qui s’en prennent aux plus vulnérables et à identifier de nouvelles voies pour faciliter des migrations légales.  La Nouvelle-Zélande accueillera 750 réfugiés syriens de plus dans le cadre du programme de réinstallation d’urgence, a annoncé Mme Schwalger.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a souhaité que les solutions soient trouvées pour faire face aux causes profondes de la crise des réfugiés.  Il a également appelé à plus d’efforts pour arriver à des solutions politiques aux conflits, tout en plaidant pour un renforcement de l’assistance humanitaire et l’aide au développement.  Il a déclaré que la Norvège, en partenariat avec les Nations Unies, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Koweït, a pris l’initiative d’organiser une conférence internationale des donateurs en faveur de la Syrie à Londres en février prochain.  En Europe, la priorité de l’heure est de gérer la terrible situation des réfugiés, tout en renvoyant les migrants qui n’ont pas droit à l’asile.  Les migrations peuvent être un catalyseur du développement et de la croissance car toutes les sociétés ont besoin de nouvelles idées et connaissances.  Les nouveaux migrants contribuent déjà à l’économie, à la culture et à la vie sociale des pays européens de manière positive.  Le représentant a estimé que le Plan d’action de La Valette est un bon début pour la suite des discussions. 

M. TUVAKO MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a estimé que le débat permet de mettre en avant un des points cruciaux de la Charte, la coopération face aux problèmes alors que le nombre de personnes cherchant refuge a atteint un nombre alarmant.  Ce problème relève d’une responsabilité collective et le principe de solidarité internationale est capital, a-t-il dit en félicitant les pays d’accueil.  Il est nécessaire, selon lui, de remédier de toute urgence au déficit de financement.  Il est honteux et déplorable que les réfugiés syriens ne reçoivent que moins d’un demi-dollar par jour d’assistance humanitaire.  Nous appelons à un financement à long terme et non plus ad hoc, devenu insuffisant et inadapté.  Il a ainsi rappelé que plus de 2,2 millions d’enfants ne vont plus à l’école.  Espérant que le processus de Vienne aboutira, le représentant a tiré les leçons de la crise humanitaire en cours: mieux vaut prévenir que guérir.  Il ne faut pas, a-t-il conseillé, laisser les conflits monter en puissance jusqu’à devenir ingérables.  S’il avait été réformé, le Conseil de sécurité aurait pu éviter cette crise.  Il faut trouver des mesures novatrices pour répondre à la demande croissante d’aide humanitaire et développer des partenariats avec les organisations régionales.  Enfin, il faut respecter les valeurs et principes de la Charte.

M. ASHRAF EL-NOOR, Organisation internationale pour les migrations, a voulu faire écho à l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’une réponse globale aux problèmes des migrations: nous devons adopter une stratégie à long terme pour remplacer les réactions ponctuelles à court terme.  Notre stratégie doit éviter aux migrants de tomber entre les mains des trafiquants et des passeurs.  À son tour, le représentant a attiré l’attention sur les dispositions du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui appelle à ne laisser personne de côté, à resserrer les liens entre migrations et développement et à faire des migrants des agents du développement.  Pour l’OIM, améliorer la protection des droits des réfugiés, faciliter des migrations ordonnées et en sécurité, examiner les causes profondes des déplacements et renforcer les partenariats et la coopération internationale sont des axes de travail à privilégier.

Droit de réponse

Le représentant de la Turquie a répondu à son homologue de la Syrie, en soulignant que le débat porte sur la situation des migrants et des réfugiés et non sur la crise en Syrie.  Le régime syrien menace tellement sa population que plus de deux millions de Syriens se sont réfugiés en Turquie, a rappelé le représentant dont le pays apporte de l’assistance à des millions de personnes au-delà des frontières.  « Ce sont des faits et non des spéculations de la presse.  Il faut trouver une solution concrète à cette crise », a dit le représentant. 

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