En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
46e séance – matin
AG/11718

Après l’inauguration du Mémorial aux victimes de l’esclavage, l’Assemblée générale insiste sur la lutte contre les formes contemporaines d’asservissement

L’Assemblée générale a insisté, ce matin, sur la nécessité d’éliminer les formes contemporaines d’asservissement telles que la traite des femmes et des filles et le travail forcé des enfants, en se félicitant de l’installation du Mémorial permanent dédié aux victimes de l’esclavage au Siège de l’ONU à New York.

« L’Arche du retour », grande voile de marbre blanc signée par l’architecte américain d’origine haïtienne Rodney Leone, a été inaugurée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, le 25 mars dernier.  Ce Mémorial appelle à « reconnaitre la tragédie » et à « porter l’héritage » de ces quelque 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, arrachés pendant 400 ans à l’Afrique par la traite transatlantique.

Rendre hommage aux victimes du passé et sensibiliser aux dangers du racisme et des préjugés contemporains: c’est tout le sens qu’a voulu donner le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft, à cette réunion sur le suivi de la commémoration du bicentenaire de l’abolition de l’esclavage.  Il a fait valoir que la lutte des millions de descendants d’esclaves africains n’a pas cessé avec la fin de ce sombre chapitre de l’histoire.

M. Lykketoft a appelé à prendre « des mesures concertées » pour éliminer toutes les formes de discrimination, dont le racisme institutionnel et la discrimination, et les formes et manifestations contemporaines de l’esclavage, y compris l’esclavage sexuel qui vise les femmes et les filles en premier lieu.

Présentant la résolution* sur le Mémorial permanent et commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves que l’Assemblée générale a adoptée sans vote et qui appelle les États Membres à faire connaître et à transmettre l’histoire de l’esclavage, la représentante de la Jamaïque a, elle aussi, souligné que le travail ne s’arrête pas aux commémorations.  « Dans chacun de nos pays, beaucoup reste à faire pour lutter contre cet héritage systémique qui entraine encore injustice, discrimination et marginalisation », a-t-elle insisté.  Les cicatrices sociales, économiques et psychologiques persistent et il faut les soigner pour avancer.

Son homologue de la Colombie a estimé que la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024) offre justement l’occasion de réparer cette « erreur atroce » du passé.  Car il n’est « pas possible d’ériger des nations en niant l’existence de l’autre ».  Les descendants des Africains déportés dans les Amériques et les Caraïbes ont laissé d’importantes contributions dans ces sociétés, a souligné le représentant, liant à jamais ces pays à l’Afrique.  Le représentant de la Sierra Leone a d’ailleurs raconté comment à Cuba on chante encore des chants que les anciens de son pays connaissent.

Pour le représentant de la République-Unie de Tanzanie, commençons par appliquer la Déclaration universelle des droits de l’homme et par rendre effectifs la Déclaration de Durban et son Programme d’action, adoptés il y a 15 ans et toujours pertinents.  La pauvreté, les inégalités, l’exclusion socioéconomique et politique ainsi que les conflits exposent les membres vulnérables de la société aux « mauvaises fortunes », comme les abus et la violence sexuels. 

De nombreuses délégations, dont celle de l’Inde, ont appelé la communauté internationale à profiter de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour redoubler d’efforts et promouvoir la dignité humaine, en particulier celle des femmes et des filles vulnérables et pour lutter pour l’abolition complète de l’esclavage dans toutes ses manifestations et formes contemporaines.

L’Assemblée générale a, par ailleurs, poursuivi et conclu le débat largement entamé hier sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, pour laquelle la résolution 69/321 adoptée le 11 septembre dernier ouvre de nombreuses pistes.

Une nouvelle fois, les délégations ont privilégié deux axes dans leurs déclarations: l’un concerne le fonctionnement du Bureau du Président de l’Assemblée, après l’arrestation de son homologue de la soixante-huitième session, M. John Ashe, contre lequel pèsent de graves allégations de corruption.  Pour le représentant de l’Argentine, le Bureau se doit de respecter les normes de transparence les plus élevées.  Certes, ses ressources financières sont clairement insuffisantes et il faut les augmenter mais il faut aussi en connaître avec précision l’origine et l’affectation.  « Nous ne pouvons continuer de repousser une décision sur ce sujet, il faut agir maintenant », a insisté le représentant.

Le second axe concerne le processus de sélection du futur Secrétaire général, qui doit associer le plus largement possible la totalité des États Membres, et si possible promouvoir les candidatures de femmes afin que l’une d’elles assume cette éminente fonction pour la première fois en 70 ans.  Le représentant du Costa Rica a insisté sur une élection ouverte, transparente et fondée sur le mérite, « pour un mandat unique de 7 ans ».  Le prochain Secrétaire général, a-t-il souligné, devra exercer son mandat « avec intégrité et courage », se montrer « fort, impartial et déterminé » et « s’attacher aux préoccupations qui sont les nôtres ».  

L’Assemblée générale tiendra une séance demain jeudi 5 novembre à partir de 10 heures sur le rapport de la Cour internationale de Justice (CIJ).

*A/70/L.5

SUIVI DE LA COMMÉMORATION DU BICENTENAIRE DE L’ABOLITION DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES (A/70/221 ET A/70/136)

Déclarations

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, a jugé opportun de réfléchir à l’histoire, aux enseignements tirés et aux progrès faits depuis l’abolition de l’esclavage et de la traite des esclaves.  Sans aucun doute, l’esclavage demeure l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire et de ce soixante-dixième anniversaire de l’ONU.  Le Président a salué du Département de l’information pour avoir choisi le thème « les femmes et l’esclavage » pour cette année, car l’a rappelé un historien, être une femme esclave était une « épée à triple tranchant »: une femme était esclave noire dans une société blanche, esclave dans une société libre et femme dans une société dominée par les hommes.  Malgré ces difficultés, ce sont bien les femmes esclaves africaines qui ont, pour l’essentiel, préservé et transmis leurs culture et traditions qui sont une partie si intégrante de la diaspora africaine dans les Amériques et les Caraïbes que l’on connaît aujourd’hui.  Il était donc opportun et pertinent de leur rendre hommage, a jugé le Président.

Cependant, en dépit des progrès importants depuis l’abolition de l’esclavage et de la traite des esclaves, la lutte des millions de descendants d’esclaves africains n’a pas cessé avec la fin de ce chapitre sombre de l’histoire.  Nous devons aujourd’hui prendre des mesures concertées pour éliminer toutes les formes de discrimination, dont le racisme institutionnel et la discrimination à l’égard des femmes, et éradiquer les formes et manifestations contemporaines de l’esclavage, y compris l’esclavage sexuel dont les femmes et les filles sont les premières victimes.  Nombre de ces questions sont au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dont la mise en œuvre doit être une priorité pour tous les gouvernements.  Il est tout aussi crucial que l’on garde notre volonté politique face aux principes de la Charte de l’ONU, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de tous les autres instruments des droits de l’homme pertinents, a conclu le Président.

Mme SHORNA-KAY RICHARDS (Jamaïque) a présenté le projet de résolution dont était saisie l’Assemblée générale en soulignant que beaucoup a été fait au cours de l’année écoulée, dont l’inauguration de l’Arche du retour, le 25 mars au Siège de l’ONU à New York.  L’appui financier massif reçu durant les dernières semaines de la levée de fonds a permis d’achever dans les délais le budget prévus pour le Mémorial permanent commémorant les victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique.  Mais le travail ne s’arrête pas là, comme en témoigne le programme d’action éducative visant à éclairer les générations futures sur les causes, les conséquences, les enseignements et les séquelles de la traite des esclaves, à les éduquer et à leur faire connaître les dangers du racisme et des préjugés.  Le programme d’action éclaire sur la manière dont l’esclavage a été entretenu et combattu et quel est l’héritage que nous en tirons.  Dans chacun de nos pays, a-t-elle souligné, beaucoup reste à faire pour lutter contre cet héritage systémique qui entraine encore injustice, discrimination et marginalisation.  Les cicatrices sociales, économiques et psychologiques persistent et nous devons les soigner pour avancer.  Pour guérir, nous devons travailler de l’intérieur mais il y a aussi beaucoup à faire à l’extérieur.  Ainsi, la représentante a jugé « décevant » que si peu d’États aient fait le point sur les actions et programmes entrepris chez eux pour sensibiliser l’opinion publique à ces questions.  Enseignons les faits et les conséquences, attaquons nous aux déséquilibres et corrigeons les erreurs d’aujourd’hui pour ne jamais oublier, a conclu la représentante.

M. RATAN LALA KATARIA (Inde) a rappelé la déclaration du Premier Ministre indien, M. Jawaharlal Nehru, à la Conférence Asie-Afrique de Bandung en 1955, sur la traite transatlantique des esclaves.  Il n’y a rien de plus terrible, avait-il dit, rien de plus horrible que l’infinie tragédie que l’Afrique a vécue durant ces derniers siècles.  L’inauguration du Mémorial permanent en mars dernier, a poursuivi le représentant, est un geste « modeste » mais important pour rendre hommage aux victimes de l’esclavage jetés dans un sombre oubli.  Le Mémorial symbolise la condamnation de l’esclavage par la communauté internationale et rappelle aux générations futures les quatre siècles de douleur et de tragédie subis par les victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.

Le représentant a rappelé que l’Inde a contribué à hauteur de 260 000 dollars au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies et parrainé le projet de résolution sur le Mémorial permanent.  Il a ajouté que le projet « La route de l’esclave » de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a contribué énormément à faire connaître l’histoire et les conséquences de la traite.  La proclamation de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine nous donne l’occasion, a ajouté le représentant, de montrer et de reconnaître l’importante contribution des Africains aux sociétés modernes.  La communauté internationale doit saisir l’occasion de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour redoubler d’efforts et allouer plus de ressources à la promotion de la dignité humaine, en particulier celle des femmes et des filles vulnérables, et lutter pour l’abolition complète de l’esclavage dans toutes ses manifestations et formes contemporaines.

M. MORDEHAI AMIHAI BIVAS (Israël) a estimé qu’avec l’achèvement du Mémorial, un chapitre est maintenant clos mais qu’il est temps de se tourner vers le travail à venir.  Comme la résolution le souligne, l’éducation et les enseignements à tirer de l’esclavage nous incombent à tous, individus et États, au-delà des cultures et des générations.  En adoptant cette résolution, a-t-il souligné, les États Membres reconnaissent « l’esprit indomptable » des millions de victimes de l’esclavage.  L’une des fêtes les plus importantes du calendrier juif est la Pâque qui rappelle les siècles d’esclavage du peuple juif et les joies de la liberté après l’asservissement.  L’une des célébrations, « le festin de la liberté » vise à enseigner cette histoire aux générations nouvelles car l’objectif essentiel d’enseigner le passé est de nourrir les actions d’aujourd’hui.  La compréhension des injustices passées doit guider notre action aujourd’hui, a-t-il insisté.  L’esclavage et ses séquelles perdurent dans le monde moderne comme en témoignent les inégalités, les préjugés, le racisme et les discriminations.  Le meilleur hommage aux victimes est donc de continuer à lutter contre les formes modernes d’esclavage tels que le travail des enfants ou la traite des êtres humains à des fins de prostitution.

M. NOEL KAGANDA (République-Unie de Tanzanie) a souligné l’importance d’éduquer les générations actuelles et futures à la tragédie, aux leçons et aux conséquences de l’esclavage et de la traite des esclaves qui « représentent l’un des points le plus sombre de l’histoire de l’humanité ».  Le représentant a insisté sur les droits de l’homme et la dignité humaine de tous sans distinction.  Nous devons appliquer la Déclaration universelle des droits de l’homme et rendre effectifs la Déclaration de Durban et son Programme d’action qui sont pertinents aujourd’hui comme ils l’étaient il y a 15 ans.  Dans ce cadre, le représentant a souligné l’importance de la lutte contre la pauvreté et des inégalités chroniques qui persistent dans et entre les pays et les communautés.  Nous savons que la pauvreté, les inégalités, l’exclusion socioéconomique et politique ainsi que les conflits exposent les membres vulnérables de la société comme les femmes, les filles et les garçons à la myriade des mauvaises fortunes, y compris l’esclavage moderne, les abus et la violence sexuels.  Il faut faire face à ces défis, y compris dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de la Vision 2063 de l’Union africaine.  Nous avons besoin de forger des partenariats car l’échec n’est pas une option, a dit le représentant qui a conclu, en rendant hommage aux nombreuses femmes esclaves qui ont souffert et été abusées.

M. MIGUEL C. RUIZ BLANCO (Colombie) a rappelé que la Déclaration et le Programme d’action de Durban reconnaissent que la traite a constitué une tragédie atroce dans l’histoire de l’humanité et qu’elle constitue un crime contre l’humanité.  Les communautés d’ascendance africaine qui vivent aujourd’hui dans toutes les régions du monde ont parcouru un long chemin pour faire entendre leurs droits, laissant également dans nos sociétés leurs contributions.  En Colombie, dans des villes comme Carthagène ou Popayan, cet héritage est présent dans la langue, la gastronomie, la culture, l’art, comme ailleurs dans les Amériques.  Nos pays et ceux d’Afrique sont donc liés par des liens historiques.  La culture africaine a nourri nos nations, a insisté le représentant.  La Colombie, a-t-il souligné, est multiethnique et revendique son « africanité ».  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine offre l’occasion de réparer cette « erreur atroce ».  Il n’est pas possible d’ériger des nations en niant l’existence de l’autre.  Les communautés d’ascendance africaine ont le droit à l’égalité, à l’éducation et à l’éthno-éducation, à la participation et à l’inclusion sociale.  En commémorant le 200e anniversaire de l’abolition de la traite des esclaves, nous reconnaissons les victimes et leur immense apport, a-t-il conclu.

Mme CASSANDRA BUTTS (États-Unis) a rappelé que son pays a contribué à la création du Mémorial permanent.  En tant que pays multiculturel, les États-Unis estiment qu’il est important de sensibiliser l’opinion publique au sort des victimes de l’esclavage, a-t-elle indiqué.  Elle a noté que de nombreux dirigeants historiques du mouvement abolitionniste étaient des femmes noires et que leurs sacrifices se font toujours ressentir.  Il faut guérir les séquelles du passé, a-t-elle dit, en se félicitant que chaque jour, les délégués et le public peuvent visiter l’Arche du retour qui leur rappelle non seulement les injustices du passé mais aussi le fait que la communauté internationale doit continuer à étudier l’héritage de l’esclave, un héritage à ne jamais oublié.  La représentante s’est dite fière que plus de 120 maires américains se soient joints à la « Coalition des villes américaines contre le racisme et la discrimination » lancée par l’UNESCO en 2013. 

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a estimé que cette commémoration était l’occasion de rappeler que la discrimination perdure dans le monde, sous différentes formes: femmes piégées par la prostitution ou enfants contraints au travail forcé.  Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), 21 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont affectés par une forme ou l’autre d’esclavage frappant sans distinction d’âge, de sexe ou de race.  Le Kazakhstan, qui compte 130 groupes ethniques et 20 religions, s’est doté d’un organe constitutionnel inédit qui assure l’harmonie interethnique, à savoir l’Assemblée du peuple du Kazakhstan, une entité publique qui a neuf sièges au Parlement.  Pour le Kazakhstan, la traite transatlantique est une des pages les plus tragiques de l’histoire de l’humanité et aujourd’hui, l’érosion du droit international exige que nous réaffirmions ses principes cardinaux.  Le Président kazakh a d’ailleurs proposé de convoquer en 2016 une conférence internationale des Nations Unies pour réaffirmer les principes fondamentaux du droit international, a souligné le représentant sans oublier de signaler que sa délégation s’est portée coauteur du projet de résolution sur le Mémorial.

M. OSCAR LEÓN GONZALEZ (Cuba) a dit que dans son pays, les conséquences de la traite transatlantique des esclaves restent visibles.  Plus d’un million d’Africains sont arrivés à Cuba dans le cadre de cette traite, alimentant l’identité de la nation cubaine, avec les autres peuples de l’île.  Les Cubains sont une race mêlée d’Africains, d’Européens, d’Asiatiques et autres.  Nous sommes fiers de nos racines africaines et célébrons les esclaves africains affranchis qui ont participé à l’émancipation de l’île et à la lutte pour le droit à l’autodétermination.  Cuba n’a pas hésité à contribuer à la libération de l’Afrique du joug du colonialisme.  Il appuie la demande d’indemnisation de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et condamne l’égoïsme et l’opulence d’une poignée de pays.  

M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a salué la « résilience » des descendants d’esclaves, alors que nous commémorons toutes ces vies perdues.  L’esclavage n’a pas totalement disparu et c’est à nous de rester attentifs pour qu’un monde libéré de l’esclavage devienne une réalité.  L’avenir n’est pas certain et il nous incombe à nous, diplomates et tous ceux qui façonnent l’opinion publique, de rester vigilants, a-t-il souligné.  Le représentant a raconté que dans un village de Cuba, il avait rencontré des descendants d’esclaves qui chantaient des chants pour le moins familiers.  Une équipe de film les avait alors enregistrés avant d’aller faire écouter leurs bandes en Afrique de l’Ouest.  Les chants ont été immédiatement reconnus par les anciens en Sierra Leone.  Grâce à cette découverte, les Cubains sont venus rencontrer la population locale et malgré la barrière de la langue, il est une expression qu’ils ont réussi à comprendre: « They Are We », eux, c’est nous.  Si l’esclavage a réuni les gens dans la misère, leurs descendants peuvent aujourd’hui contribuer à l’avenir que nous voulons, a conclu le représentant.

M. CHARLES WHITELEY, Union européenne, a déclaré que le Mémorial permanent nous rappelle et continuera de rappeler après nous, le tragique héritage de la traite des esclaves et la nécessité de continuer de lutter contre le racisme et les préjugés.  Le projet n’est qu’un début.  Le Mémorial nous aide à nous rappeler le passé et ce que le racisme et les préjugés peuvent faire.  Le vrai projet est maintenant de travailler ensemble pour sensibiliser l’opinion publique et éduquer et informer les générations actuelles et futures des causes, des conséquences et des leçons de l’esclavage et de la traite transatlantique.  Il ne faut épargner aucun effort et l’Union européenne sera toujours en première ligne pour combattre toutes les formes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations

M. FRANCISCO DE ANTUENO (Argentine) a insisté sur la nécessité de renforcer le Bureau du Président de l’Assemblée générale, un Bureau qui doit pouvoir disposer de ressources humaines et budgétaires suffisantes pour fonctionner de manière indépendante et continue.  Les ressources financières sont clairement insuffisantes et n’ont pas été augmentées depuis 1998, a-t-il noté.  Le Fonds d’affectation spéciale « n’est ni le plus efficace ni le plus transparent » des moyens.  Ce qu’il faut, ce sont des ressources dont on connaît avec précision l’origine et l’affectation.  Il faut réfléchir à la manière de faire en sorte que le Bureau respecte les normes de transparence les plus élevées, a-t-il martelé.  « Nous ne pouvons continuer de repousser une décision sur ce sujet, il faut agir maintenant. »

Il a également insisté sur la nécessité de garantir l’équilibre géographique au sein de l’Organisation et la parité entre les sexes, d’où le besoin de présenter des candidates au poste de Secrétaire général.  Après 70 ans, l’heure est venue qu’une femme exerce cette fonction, a-t-il estimé.  Enfin sur l’application des résolutions de l’Assemblée générale, il a estimé que c’est là « l’un des problèmes les plus importants de l’Assemblée générale » qui fait aussi « qu’elle a perdu son rôle de chef de file » avec le temps.  Il est « inutile » de débattre pendant des heures si nous ne respectons pas nos engagements et si les États Membres n’appliquent pas les résolutions.

Mme ALINA ARGÜELLO GONZÁLEZ (Nicaragua) a dit que la démocratisation des Nations Unies est fondamentale et pour cela, il faut que l’Assemblée générale retrouve son autorité.  Elle a souligné le succès qu’a été l’adoption de la résolution 69/321.  Concernant la sélection du Secrétaire général, elle a demandé au Président de l’Assemblée générale de tenir sa promesse d’envoyer une lettre aux États Membres les invitant à proposer leurs candidats et à insister sur la candidature de femmes.  La représentante a défendu la division du travail des organes des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité doit respecter ses prérogatives et celles des autres organes.  L’Assemblée générale est là pour faire entendre la voix de tous les États Membres et des peuples qu’ils représentent.  Elle doit pleinement assumer ce rôle pour recouvrer son autorité.

M. JUAN C. MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica) qui copréside le Groupe Responsabilité, Cohérence et Transparence (ACT), a souligné que la résolution 69/321 définit pour la première fois ce que les États Membres peuvent et doivent faire pour sélectionner le prochain Secrétaire général.  Le Costa Rica, a-t-il, prévenu « souhaite que ce soit une femme ».  Il demande, à son tour, au Président de l’Assemblée générale d’envoyer sans plus tarder aux États Membres une lettre les invitant à présenter leurs candidats, dont des femmes, a-t-il insisté.  Dès lors que la lettre aurait été envoyée, nous connaîtrons les noms des candidats et pourrons alors entamer le dialogue avec eux et se familiariser avec leur vision et programme d’action.  « Ce sera décisif », a-t-il estimé.

Le Costa Rica, a-t-il poursuivi, estime aussi que le Conseil de sécurité devra recommander plusieurs noms à l’Assemblée générale.  En quoi un tel processus affecterait de quelque manière que ce soit le mandat du futur Secrétaire général?  Bien au contraire, a dit le représentant.  Nous insistons aussi, a-t-il ajouté, sur un mandat unique de 7 ans pour garantir l’indépendance du poste.  Le prochain Secrétaire général devra exercer son mandat « avec intégrité et courage », se montrer « fort, impartial et déterminé » et ne pas être préoccupé par des campagnes et des promesses pour sa réélection.  Au contraire, il devra s’attacher aux préoccupations qui sont les nôtres.  Aussi, est-il important que tous les États Membres soient associés au processus de sa sélection, a insisté le représentant, réclamant une « élection ouverte, transparente et fondée sur le mérite ».

Il a jugé que le Bureau du Président de l’Assemblée générale doit être financé totalement par le budget ordinaire de l’ONU, pour le soustraire à la dépendance vis-à-vis d’un pays ou d’un bailleur de fonds.  Le fait que le budget du Bureau n’ait pas augmenté depuis 20 ans reflète « le peu de réflexion stratégique que nous avons sur ses fonctions ».  Le changement à l’ONU c’est maintenant, a-t-il conclu.  « Nous avons les outils, agissons maintenant. »

Mme NOUR ZARROUK BOUMIZA (Tunisie) a estimé que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale nécessite l’ajout à son ordre du jour des questions qui préoccupent aujourd’hui la communauté internationale, comme la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la lutte contre le terrorisme, sans oublier les débats thématiques.  La représentante a, à son tour, plaidé pour une amélioration de la qualité des rapports du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale.  Elle a d’ailleurs demandé au Conseil d’organiser des réunions régulières avec les autres organes des Nations Unies et de renforcer sa coopération avec eux.  Concernant la sélection du prochain Secrétaire général, la représentante a dit attendre la lettre du Président de l’Assemblée générale, soulignant d’emblée l’importance des candidatures féminines.

M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que la résolution 69/321 introduit des innovations de taille dans les procédures de sélection du Secrétaire général.  Il a salué la disposition relative à l’envoi d’une lettre commune des Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Il a encouragé les candidats à déposer officiellement leurs candidatures dans un délai suffisant afin que les échanges avec les États Membres ne se fassent dans la précipitation.  Il a soutenu le principe de la répartition géographique plus équilibrée et de l’égalité des sexes.  Le représentant a estimé qu’un processus démocratique, transparent et inclusif marquera un tournant décisif dans la sélection du prochain Secrétaire général.  En concluant, il a plaidé pour que l’on dote le Bureau du Président de l’Assemblée générale du personnel adéquat et des ressources nécessaires étant donné que les activités dudit Président ont évolué au cours des ans et que l’Assemblée examine de plus en plus de questions relatives aux défis mondiaux. 

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a dit que le processus de sélection du Secrétaire général doit respecter les principes de la Charte, les résolutions précédentes et le paragraphe 141 du Règlement intérieur de l’Assemblée générale.  Tous les États Membres doivent pouvoir participer à ce processus, des États Membres qui doivent d’ailleurs respecter les prérogatives de l’Assemblée générale.    

M. DANIELE D. BODINI (San Marin) a souhaité que soit donné plus d’autorité au Président de l’Assemblée générale et que soient augmentées les ressources financières et humaines dévolues à son Bureau.  Il a également souhaité une meilleure coordination entre l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC) et la Deuxième Commission des questions économiques et financières dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi jugé que l’Assemblée générale devrait réduire le nombre de ses débats thématiques de haut niveau, non seulement pour obtenir une plus grande participation des dirigeants mais aussi pour aider les petits pays comme le sien à y participer.  On peut améliorer les méthodes de travail de l’Assemblée et de ses Grandes Commissions en rationalisant les ordres du jour par des résolutions « biennales » ou « triennales » et en coordonnant les manifestations pour permettre la participation de toutes les Missions.  On peut aussi avoir une plus grande interaction et moins de discours formels pour créer un environnement plus amical et accélérer les négociations.  L’Assemblée générale ne devrait pas se substituer au Conseil de sécurité dans la sélection du Secrétaire général mais elle a tout à fait le droit de tenir des réunions informelles avec les candidats, a conclu le représentant. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), qui est aussi Coprésident du Groupe de travail sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, a indiqué que conformément à la demande du Président de l’Assemblée générale, « nous nous focaliserons en particulier sur la question de la transparence, de l’efficacité et

de la redevabilité du Bureau du Président de l’Assemblée générale ».  Dans le même temps, a-t-il annoncé, nous porterons notre attention sur d’autres sujets, en ayant à l’esprit le dernier rapport du Groupe de travail qui est un important point de départ et notre point de référence.

Le représentant a ajouté qu’il a pris bonne note du débat et qu’il fera de tout ce qui a été dit ses lignes directrices.  Nous restons à la disposition des États Membres pour des consultations, des échanges de vues et l’exploration de nouvelles idées, a assuré le représentant.  Les Coprésidents du Groupe de travail, a-t-il affirmé, ont relevé les préoccupations sur la transparence du Bureau du Président de l’Assemblée générale.  Plusieurs discussions seront donc organisées cette année, a promis le représentant qui a dit s’attendre à une autre année fructueuse.  

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