En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
40e & 41e séances – matin & après-midi
AG/11713

À l’unanimité, moins deux voix, et dans une ovation debout, l’Assemblée générale réclame la levée du blocus américain contre Cuba

L’Assemblée générale a réclamé aujourd’hui à l’unanimité moins deux voix la levée du blocus américain contre Cuba en arguant de sa contravention à l’esprit de la Charte des Nations Unies et de son anachronisme, alors que l’année écoulée a vu le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays 54 ans après leur rupture.

Dans une résolution adoptée par 191 voix sur 193 et longuement saluée par la salle qui a fait une ovation debout, l’Assemblée générale « se félicite » du rétablissement des relations diplomatiques et « salue » la volonté du Président des États-Unis d’œuvrer à la levée du blocus économique, financier et commercial contre Cuba.  Mais elle reste « préoccupée » par les conséquences « préjudiciables » du blocus en vigueur depuis 1962 pour la population cubaine, de l’intérieur comme de l’extérieur.

La résolution, présentée pour la vingt-quatrième année consécutive, avait recueilli 188 voix l’an dernier.  Unique voix « contre » cette année, avec celle des États-Unis, le délégué d’Israël a justifié son vote comme « le reflet des relations spéciales » de son pays avec les États-Unis dont le représentant a regretté de voir une résolution qui ne fait pas avancer les choses et qui est une erreur.  Nous n’attendons pas que Cuba et les États-Unis oublient le passé du jour au lendemain, mais il est « malheureux » que malgré les progrès, Cuba présente aujourd’hui un texte « presque identique » à ceux du passé.  

De très nombreux pays ont continué de dénoncer le caractère « cruel », « arbitraire », « injuste » et surtout « inefficace » d’une mesure décrétée unilatéralement par les États-Unis et dont le Président, M. Barack Obama, a lui-même reconnu qu’elle avait échoué et avait isolé son pays, a souligné le Ministre cubain des affaires étrangères, M. Bruno Rodriguez Parilla.

Citant le Rapport du Secrétaire général, le Ministre a indiqué qu’entre avril 2014 à avril 2015, le total des pertes liées à l’embargo s’est élevé à plus de 3,8 milliards de dollars pour Cuba.  Sur plus d’un demi-siècle, cette somme dépasse les 121 milliards de dollars.  Tout en saluant « les progrès enregistrés pour la première fois en 2015 », M. Rodriguez Parilla a aussi remarqué que depuis les annonces américaines du 17 décembre 2014, aucune modification « tangible et substantielle » n’avait eu lieu: produits alimentaires et médicaments restent toujours aussi difficiles d’accès, le préjudice humain, les carences et les privations sont « incalculables » pour les familles et 77% des Cubains nés sous l’embargo en subissent l’impact négatif depuis leur naissance.

Pour autant, vouloir conditionner la levée du blocus à des changements internes à Cuba est « inacceptable et contre-productif » car Cuba ne négociera ni son système socialiste ni son indépendance, a prévenu le Ministre des affaires étrangères, saluant au passage le courage du peuple cubain et l’appui « toujours plus marqué » de la population américaine à la levée de l’embargo.

Renoncer à un embargo qui n’a « servi à rien » relèverait d’ailleurs d’une question de justice pour une population qui a fait preuve d’une résistance « héroïque », a commenté le représentant de l’Équateur.  Mais au-delà, a poursuivi celui du Mexique, sa levée profiterait à toute la région en permettant à Cuba de prendre sa place dans les échanges.  Outre les dommages qu’il inflige à la population cubaine, notamment au plan sanitaire comme l’a souligné la Bolivie, évoquant une fillette leucémique de 7 ans, le blocus apparait d’autant plus arbitraire qu’il pénalise d’autres pays et sociétés hors de Cuba.

C’est d’ailleurs ce qui a motivé le vote du Luxembourg a expliqué sa représentante, au nom de l’Union européenne, citant les conséquences de la loi Helms-Burton de 1996, qui étend les effets de l’embargo aux pays tiers.  « Inacceptable » que des mesures imposées unilatéralement entravent les relations économiques et commerciales de l’UE avec Cuba », a-t-elle insisté.

L’Afrique du Sud au nom du Groupe des 77 et de la Chine et l’Iran, au nom du Mouvement des non-alignés, ont également dénoncé ces lourdes pénalités financières qui ont pu viser récemment des banques française et allemande coupables d’avoir commercé avec Cuba.  Ils ont accusé le Congrès américain de bloquer tout progrès même s’ils ont noté que Cuba avait enfin quitté la liste des États terroristes dans laquelle il n’aurait « jamais dû figurer » selon le représentant sud-africain.

Pour le Venezuela, lui-même ciblé de sanctions américaines, la résolution de l’Assemblée générale constitue un message adressé aux États-Unis pour qu’ils arrêtent « de jouer au policier et au gendarme du monde ».  Que les États-Unis cessent de prétendre imposer leur propre vision politique et économique au monde, a lancé le représentant à un homologue américain qui a assuré que son pays restera impliqué dans le travail « ardu » que suppose le rétablissement des relations bilatérales et déterminé à défendre les droits de l’homme.  Il n’a pas été contredit par le Ministre cubain qui a avoué: « tout en reconnaissant nos divergences, nous avons entamé le dialogue sur les droits de l’homme.  Ce pourrait être une modeste contribution à la recherche d’un nouveau type de relations entre les êtres humains et les nations à une époque marquée par les changements climatiques, les pandémies et le terrorisme ».

*A/70/120

NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE (A/70/120*)

Déclarations

Au nom des 120 États membres du Mouvement des pays non-alignés, M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a rappelé que pendant 23 ans, le Mouvement n’a cessé d’exprimer son appui et sa solidarité au Gouvernement et au peuple cubains en votant pour les résolutions sur la levée du blocus.  L’année dernière, 188 États Membres ont voté pour, a souligné le représentant qui a réitéré la ferme opposition de son Mouvement aux mesures coercitives unilatérales ayant des effets extraterritoriaux.  Pour le Mouvement, le blocus économique, commercial et financier contre Cuba est contraire au droit international, à la Charte des Nations Unies et aux normes et principes gouvernant les relations pacifiques entre les États.  Le blocus viole aussi le droit de Cuba à interagir avec la communauté internationale.

Ce blocus, a insisté le représentant, a et continue d’avoir un impact important et négatif sur le bien-être du peuple cubain.  Ses dommages directs et indirects sont énormes dans les domaines de la santé publique, de l’alimentation et de l’agriculture, sans parler des banques, du commerce, des investissements et du tourisme.  Le blocus empêche Cuba d’accéder aux marchés internationaux, à l’aide des institutions financières internationales et au transfert des technologies.  Le représentant a aussi parlé de la mise à l’écart de Cuba s’agissant de l’accès à l’Internet, des échanges d’idées, du développement culturel et sportif et des relations scientifiques.  La poursuite du blocus est totalement injustifiable et fait obstacle aux efforts de Cuba pour réaliser le développement durable.

Au prix actuel, les pertes occasionnées par le blocus peuvent être chiffrées à plus de 121 milliards de dollars.  Si le Mouvement se félicite du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis comme une étape de la normalisation, il souligne, dans le même temps, que le blocus est resté inchangé.  Il a été même renforcé comme en témoigne les 42 amendes de 13,3 milliards de dollars infligées à des entités américaines et étrangères.  L’exemple le plus frappant est l’amende de 1,7 milliard de dollars imposée à la « Commerzbank » et celle de 7,6 millions à « PayPal ».

Les mesures positives prises s’agissant des voyages à Cuba, des télécommunications et des envois de fonds ont une portée limitée et ne modifient que quelques aspects de la mise en œuvre du blocus.  En dépit de la décision « historique » du Président américain de notifier au Congrès américain sa décision de retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme international, une liste dans laquelle Cuba n’aurait jamais dû être inscrite, rien n’a atténué les lois et règlements découlant du blocus.  Le Mouvement, a insisté le représentant, appelle à la fin de ce blocus.  À ce jour, 190 pays dans le monde entretiennent des relations économiques et politiques avec Cuba et seuls les États-Unis s’entêtent dans une politique injustifiée, a tancé le représentant.

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. DIEGO MOREJÓN (Équateur) a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, qui ouvre un nouveau chapitre de paix et de coexistence parmi les nations américaines et « reconnu » la volonté exprimée par le Président Barack Obama de mettre fin à un blocus que son pays a imposé pendant 56 ans à Cuba.

Cependant, ce blocus reste une réalité pour la population cubaine et un obstacle majeur au développement de Cuba, a-t-il poursuivi.  De plus, il contrevient à la lettre à l’esprit et aux principes de la Charte des Nations Unies ainsi qu’au droit international.  Le Congrès américain, a-t-il noté, a l’autorité de mettre un terme à cette mesure.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur les mesures exécutives du Président Obama qui ont, entre autres, exclut Cuba d’une liste de pays soutenant le terrorisme dans laquelle le pays n’aurait jamais dû apparaître.  Ceci montre, a commenté le représentant, que le Président américain a le pouvoir de changer la politique « injuste » de l’embargo. 

La CELAC réaffirme donc sa déclaration spéciale sur la nécessité de lever le blocus contre Cuba adoptée lors du Sommet de janvier dernier au Costa Rica.  La CELAC appuie la résolution dont est saisie l’Assemblée générale et souligne les efforts de la République sœur de Cuba « pour parvenir à un libellé adapté aux circonstances actuelles ».

En sa capacité nationale, le représentant s’est dit attristé d’entendre le Gouvernement américain dire qu’il a changé 50 ans d’embargo.  Les États-Unis, a-t-il estimé, proposent de changer ces 50 ans non pas parce qu’ils sont contraires à toutes les lois interaméricaines et internationales, ainsi qu’aux droits du peuple cubain, mais bien parce qu’ils n’ont pas marché.  Il n’y a aucune concession ici, s’est emporté le représentant.  Il s’agit de justice et de la dignité pour le peuple cubain.  Il s’agit de 50 ans d’une résistance héroïque, a insisté le représentant en prévenant que « nos peuples » n’accepteront plus ni tutelle, ni ingérence ni d’interventionnisme même si on leur demande d’oublier le passé et de regarder vers l’avenir comme si rien ne s’était passé.  L’Équateur appuie la résolution non seulement parce qu’elle défend une cause juste mais aussi parce qu’il est « déplorable » qu’au XXIe siècle on continue de miner ainsi les principes fondateurs de la Charte de l’ONU et du droit international et d’entraver la pérennité du développement économique d’un pays.  L’Équateur espère que le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis mèneront à la fin de l’embargo et à la libération de Guantanamo.  Ce ne serait pas céder le pouvoir mais ce serait faire triompher la justice et la dignité du peuple cubain, a insisté le représentant.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. KINGLSEY MAMABOLO (Afrique du Sud) a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, estimant qu’elles devaient se concrétiser avec « la levée immédiate » de l’embargo.  Il a réitéré son soutien à l’initiative de rapprochement de Cuba, « en dépit du fait que l’embargo soit illégal et en dépit des immenses souffrances humaines et économiques endurées par le peuple cubain pendant plus de 50 ans ».

À son tour, le représentant a regretté que « l’acte de justice historique » du Président Obama de notifier au Congrès le retrait de Cuba d’une liste dans laquelle il n’aurait jamais dû figurer n’ait pas été suivi par une modification des interdictions et restrictions découlant du blocus, bien au contraire.  Nous devons, a-t-il dit, dénoncé les obstacles qui empêchent Cuba d’effectuer des transactions financières à l’étranger.  Tous les pays du monde devraient pouvoir faire des affaires dans un environnement ouvert et juste car il s’agit d’un droit souverain reconnu.  Malgré tout, Cuba a pu déployer à ce jour plus de 50 000 professionnels de la santé dans 66 pays, y compris en Sierra Leone sur la ligne de front d’Ebola. 

Nous sommes devant, a conclu le représentant, le système de sanctions unilatérales le plus injuste, le plus sévère et le plus long.  Si l’embargo n’est pas levé, l’« histoire jugera durement ceux qui ont perpétué un tel système ».  Cette « injonction historique » est d’autant plus pertinente et opportune aujourd’hui que nous nous acheminons vers la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Nous devons prendre l’engagement aujourd’hui de ne pas « laisser le peuple cubain de côté », a-t-il conclu.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Léone) a salué, à son tour, le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis d’Amérique.  Il a tout de même tenu à réaffirmer que la levée immédiate de l’embargo est un « impératif », en particulier dans la perspective de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont le thème central est « ne laisser personne de côté ».  Il a conclu en apportant son soutien total à la résolution dont est saisie l’Assemblée générale.

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. MANSOUR AYYAD ALOTAIBI (Koweït) a salué les développements importants survenus dans les relations entre les deux pays.  Néanmoins a-t-il regretté, le blocus « injustifiable » demeure.  L’OCI rappelle que la résolution dont est saisie l’Assemblée générale a, ces dernières années, mobilisé l’appui d’une majorité « écrasante » d’États Membres.  Continuer ainsi à mépriser la volonté collective de la communauté internationale ne peut qu’affaiblir le multilatéralisme et compromettre la crédibilité des Nations Unies, a prévenu le représentant.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a réitéré son opposition sans équivoque à l’embargo imposé à Cuba.  L’imposition unilatérale de lois extraterritoriales à un État tiers est contraire à la lettre et à l’esprit de la Charte des Nations Unies.  L’embargo lui-même est contraire aux principes du multilatéralisme, au droit international, à la souveraineté et au libre-échange dont les Nations Unies se font traditionnellement les champions.  Pour la CARICOM, l’embargo n’est pas seulement un acte punitif contre Cuba mais aussi un obstacle au développement régional commun, a fait observer le représentant.

Saluant la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, le représentant a fait part d’un « optimisme prudent ».  Il a en effet espéré que la récente ouverture des États-Unis témoigne d’une volonté accrue d’écouter l’opinion et les préoccupations « des amis et partenaires ».  L’opinion internationale ne saurait s’exprimer de manière plus convaincante et plus constante qu’une résolution qui mobilise un tel appui.  L’accueil favorable aux déclarations et mesures récentes du Gouvernement américain s’accompagne de l’espoir que les torts historiques restants seront raisonnablement et rapidement corrigés, a conclu le représentant.   

Au nom du MERCOSUR, M. MARCELO SCAPPINI (Paraguay) a souligné que neuf mois après le rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis, le peuple cubain continue de subir le coût économique du blocus imposé depuis 1962.  Ce blocus, pour le Mercosur, est une violation du droit international, des principes de la Charte et du libre-échange.  Le Mercosur réitère son attachement au multilatéralisme quand il s’agit de régler les différends, a insisté le représentant, pour qui il est « plus que jamais » temps de mettre fin à ce blocus unilatéral.  Il a souligné que c’est la vingt-quatrième fois consécutive que le projet de résolution qu’il appuie est inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée générale.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DATO’ RAMLAN IBRHAIM (Malaisie) a réitéré son soutien à la levée de l’embargo économique, financier et commercial imposé à Cuba.  Les différends entre États doivent se régler « par l’engagement et non la confrontation, l’inclusion et non l’isolement, et dans le respect des principes d’égalité souveraine, de non-ingérence et de non-interférence, conformément à la Charte des Nations Unies ». 

Le représentant a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et la levée en janvier 2015 d’un certain nombre de restrictions sur les voyages et les envois de fonds.  « C’est un pas important vers l’avant », a-t-il insisté, avant de demander de nouvelles avancées pour « améliorer significativement la qualité de vie et les standards du peuple cubain » et « pour avancer aussi vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » récemment adopté par les Nations Unies.  En conclusion, il a appelé les États-Unis d’Amérique et Cuba à trouver « en urgence de nouvelles voies pour avancer », « sans conditions préalables », avant de renouveler son soutien à la résolution appelant à la levée définitive de l’embargo.

M. JORGE MONTAÑO (Mexique) a rejeté toutes les formes de sanctions unilatérales agissant sur des États tiers alors que le multilatéralisme est la meilleure garantie des relations entre États.  Le représentant a demandé au Gouvernement des États-Unis de respecter les 23 résolutions de l’Assemblée générale.  Il a, à son tour, attiré l’attention sur la Déclaration du Sommet de la CELAC, arguant que Cuba est un partenaire « stratégique » de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant s’est dit convaincu que la normalisation en cours des relations entre Cuba et les États-Unis contribuera à intensifier le dialogue et la coopération dans tout l’hémisphère.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA (Colombie) a également salué le processus de normalisation des relations en cours entre La Havane et Washington mais prévenu qu’il faudra mobiliser de la volonté politique pour aller plus loin.  La majorité des États Membres de l’ONU soutient le projet de résolution demandant la levée du blocus, a-t-elle relevé, en rappelant que l’année passée, le même texte avait recueilli 188 voix, ce qui témoigne, selon elle, de la solidarité des États à l’égard de Cuba et du rejet d’une politique en vigueur depuis plus de 50 ans.  Au sein de l’ONU, les États doivent nouer des relations de coopération dans le cadre du multilatéralisme et dans le respect de l’égalité souveraine, consacrée dans le premier Chapitre de la Charte, a-t-elle conclu.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a redit que son pays s’opposait à « tout embargo unilatéral et autres mesures coercitives imposés par un État à un autre État ».  Indiquant qu’il soutenait la résolution, elle a précisé que l’embargo  était « contraire au droit international et à la Charte des Nations Unies ».  Estimant que cette politique allait « à l’encontre du désir commun des États de construire des relations internationales « égalitaires, indépendantes du système politique de chaque État et dans le respect du droit souverain des États à choisir leur propre voie de développement », la représentante a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a mis en place un nouveau paradigme de développement, de coopération et de solidarité entre les peuples.  « Quoiqu’il en soit, ce Programme amitieux ne se réalisera pas si les libertés et droits fondamentaux des États Membres de l’ONU continuent d’être bafoués », a-t-elle prévenu.  Si elle a salué le rétablissement des liens diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et la levée de certaines restrictions sur les voyages ou les envois de fonds, la représentante a appelé à la levée totale de l’embargo, précisant qu’elle bénéficierait « à Cuba, aux États-Unis mais aussi à la paix, à la stabilité et à la prospérité de toute la région et du monde ».  

M. OSAMA A. MAHMOUD (Égypte) s’est félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et de la volonté du Président Barack Obama de travailler à la levée du blocus et à cette fin, de dialoguer avec le Congrès.  Le blocus est toujours là, a insisté le représentant, en s’inquiétant de son impact sur Cuba et le reste du monde.  Il a appelé les États-Unis à prendre des décisions « courageuses » pour parvenir à une normalisation totale des relations et mettre fin à une politique « absurde et moralement insupportable ».  Tout ce que l’embargo a prouvé ces 50 dernières années, c’est que les Cubains peuvent survivre grâce à leur persévérance, leur résistance et leur espoir.  Nous demandons aux États-Unis de saisir cette occasion historique et de respecter les 23 résolutions que l’Assemblée générale a adoptées à une majorité écrasante, a conclu le représentant. 

M. RAFAEL RAMIREZ CARREÑO (Venezuela) a dénoncé un système des plus injustes, sévères et prolongés jamais imposé à un pays dans l’histoire moderne.  Cet embargo constitue, a-t-il dit, une violation flagrante de la souveraineté, de la non-ingérence dans les affaires internes des pays et du droit à l’autodétermination.  La mise aux voix de cette résolution pour la vingt-quatrième fois consécutive montre l’échec des États-Unis qui se retrouvent « isolés », a-t-il estimé.  L’adoption de la résolution est un message aux États-Unis pour qu’ils arrêtent « de jouer au policier et au gendarme du monde », en imposant leurs décisions aux autres États.

Les sanctions économiques contre Cuba doivent être rejetées car elles sont illégales du point de vue du droit international et constituent des mesures punitives « comme en prennent souvent les États-Unis ».  M. Obama lui-même a dit que cette politique de sanctions a été un échec ces 50 dernières années.  Mais, a souligné le représentant, c’est aussi « une victoire morale » qui signe la résistance et la fermeté du peuple cubain.  Si le Gouvernement américain prétend maintenir des relations d’amitié avec les autres pays, qu’il cesse ses ingérences et qu’il arrête d’imposer des sanctions, contre Cuba ou le Venezuela, a-t-il lancé.  Que les États-Unis cessent d’imposer leur propre vision politique et économique.  La résolution est « la voix de la raison » qui doit faire réfléchir le Congrès américain, un organe législatif national qui n’a ni la faculté ni le droit de légiférer contre le monde.

M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a salué le rétablissement des liens diplomatiques entre les États-Unis et Cuba et rappelé que chaque année depuis 1992, en votant cette résolution appelant à la levée de l’embargo, l’Assemblée générale rejette « le principe de lois et toutes autres formes de mesures économiques coercitives extraterritoriales ».  Il ne fait « aucun doute » que cet embargo « mine le multilatéralisme et la crédibilité même des Nations Unies », en étant contraire aux principes et objectifs de la Charte de l’ONU.  « En tant que plus grande démocratie du monde, l’Inde est solidaire de la communauté internationale dans sa volonté de rejeter sans ambiguïté les lois nationales à portée extraterritoriale », a-t-il ajouté.

Se référant ensuite aux rapports successifs du Secrétaire général sur Cuba, le représentant a déploré les effets négatifs de l’embargo, saluant la réalisation de plusieurs Objectifs du Millénaire pour le développement en dépit des sanctions.  Il a également mis en avant le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui prévoit que les États « ne promulguent ni n’appliquent des mesures économiques et commerciales unilatérales non conformes au droit international et à la Charte des Nations Unies ».  En conclusion, il a réitéré son soutien à la résolution.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a souligné que les 23 résolutions précédentes de l’Assemblée générale disent toutes qu’il faut lever le blocus.  L’imposition de lois aux effets extraterritoriaux est contraire à l’impératif de développement, a-t-il insisté, avant de rendre un hommage appuyé à Cuba pour avoir déployé des médecins dans la lutte contre Ébola en 2014.  C’est un exemple de coopération qui mérite d’être suivi.  Le représentant a espéré que les avancées récentes mèneront à la normalisation totale des relations entre Cuba et les États-Unis.

Au nom des Îles Salomon et Nauru, M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a rappelé l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui appelle à des partenariats « véritables et durables », à de nouvelles relations politiques entre États et une nouvelle forme de coopération pour pouvoir changer le monde.  Après avoir souligné que l’Assemblée générale n’a cessé d’appeler, à une majorité écrasante, à la levée de l’embargo contre Cuba, le représentant a dit voir « de l’optimisme et du changement dans l’air » avec « une nouvelle aube » dans les relations entre Cuba et les États-Unis.  Les États-Unis, a-t-il estimé, ont l’occasion de rompre avec le passé et de mieux comprendre leur voisin, Cuba.  Ils doivent continuer à mettre en place des politiques pour pleinement intégrer Cuba dans le système mondial et éliminer les obstacles à la coopération.  Ils doivent normaliser les relations en obtenant de leur branche législative l’abrogation des lois d’application de l’embargo.  « Quand les États-Unis et Cuba coopèrent, le monde en tire des bénéfices.  Nous l’avons vu avec la lutte contre Ebola », a encore souligné le représentant, qui n’a pas manqué de remercier Cuba pour les bourses qu’il a offertes aux étudiants en médecine des petits États insulaires en développement.  Ces trois dernières années, plus de 60 médecins formés à Cuba sont retournés dans leur pays.  Merci pour votre solidarité et votre amitié à l’égard de la sous-région du Pacifique, a dit le représentant à Cuba.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que les pressions économiques unilatérales imposées à Cuba au nom d’intérêts étroits sont un vestige du passé qui inflige des dommages considérables aux structures économiques de Cuba.  Cette « relique de la guerre froide » risque de compromettre la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Saluant les progrès enregistrés ces derniers mois dans les relations entre Cuba et les États-Unis, le représentant a espéré que la levée du blocus serait le prochain pas et que les États-Unis mettraient tout en œuvre pour y parvenir, y compris en tenant compte de l’opinion publique américaine qui s’est prononcée majoritairement pour la levée du blocus.  Une telle mesure serait propice aux relations commerciales et économiques dans toute la région des Caraïbes et au-delà.  La Fédération de Russie exhorte les États Membres à renoncer à toute pression économique unilatérale contre un État souverain car de telles pressions accentuent en général les tensions internationales.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a félicité Cuba et les États-Unis d’avoir opté pour le dialogue.  Mais, a-t-il reconnu, malgré les progrès réalisés, le peuple cubain continue de subir les effets néfastes du blocus américain qui est contraire à la souveraineté des États, à la liberté de navigation et au libre-échange.  Le blocus est contraire au droit international humanitaire car ses effets négatifs sont ressentis par toute la population, en particulier les plus vulnérables.  Le représentant a salué les mesures adoptées par les États-Unis depuis quelques temps et demandé au Président américain d’aller plus loin et de réduire l’impact du blocus.  Il serait temps que les États-Unis respectent les résolutions de l’Assemblée générale demandant la fin du blocus et des lois à effet extraterritorial.

M. LIU JIEYI (Chine) a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit pouvoir s’appuyer sur une coopération renforcée entre États.  Dans ce contexte, il faut mettre un terme immédiatement au blocus contre Cuba, a indiqué le représentant qui a ajouté que l’Assemblée générale a déjà adopté 23 résolutions à cette fin.  Le représentant a rappelé que chaque pays a le droit de choisir son propre modèle de développement et partant, il s’est enorgueilli des relations mutuellement bénéfiques entre la Chine et Cuba.  Le dialogue, a-t-il insisté, est la meilleure façon de régler les différends.  Il faut donc espérer que Cuba et les États-Unis poursuivront leur dialogue dans le but de mettre fin au blocus. 

M. SACHA S. LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a cité le cas de Noémie, une fillette de 7 ans, souffrant d’une leucémie qui serait facilement curable mais à qui les chances de survie sont réduites à cause du blocus.  Le rapport du Secrétaire général, a poursuivi le représentant, montre qu’au niveau mondial la plupart des pays rejettent ce blocus qui affecte la coopération internationale.  Ce blocus illustre la façon unilatérale dont les États-Unis agissent dans le monde alors même que malgré cette sanction Cuba reste un exemple de développement social.

Ce blocus « injuste, illégitime, immoral, illégal » viole la Charte des Nations Unies et les principes de non-ingérence, d’indépendance et du droit à l’autodétermination.  Il viole tous les droits de l’homme fondamentaux et nous en sommes tous victimes puisqu’il est extraterritorial, a dénoncé le représentant.  La résolution dont est saisie aujourd’hui l’Assemblée générale est aussi l’occasion de rendre hommage à la ténacité et au courage du peuple cubain.  Citant Che Guevara, il a dit: « si un homme est frappé au visage tout homme digne doit ressentir la douleur ».

Présentant la résolution dont est saisie l’Assemblée générale, M. BRUNO RODRÍGUEZ PARILLA, Ministre des relations extérieures de Cuba, a cité le Président Obama reconnaissant que le blocus avait échoué, qu’il était anachronique, qu’il causait des dommages aux Cubains et qu’il avait provoqué l’isolement de son propre Gouvernement.  Le Président Obama a demandé au Congrès américain de le lever et de ne pas s’opposer à la volonté des Américains qui en demandent clairement l’élimination.  Lors du Sommet sur le développement durable ici, en septembre, plus de 60 chefs d’État et de gouvernement se sont félicités du nouveau cours dans les relations entre les États-Unis et Cuba et beaucoup ont réclamé la levée définitive du blocus, a rappelé le Ministre.

La reprise des relations diplomatiques et les mesures élargies depuis le 18 septembre dernier, quoiqu’allant dans le bon sens, ne modifient que d’une manière très limitée certains éléments du blocus, a souligné le Ministre.  Le problème n’est pas un système cubain qui entraverait l’application de ces mesures mais bien « l’existence d’un blocus implacable et systématique ».  Dix mois après les annonces du 17 décembre 2014, on ne constate dans la pratique aucune modification tangible et substantielle.  La radiation de Cuba de la liste des États terroristes n’était que « la rectification obligée d’une absurdité ».  Voici encore une semaine, les États-Unis infligeaient une amende de 1,1 milliard de dollars au Crédit agricole français pour ses transactions avec Cuba, qui viennent s’ajouter aux 1,7 milliard imposé à la banque allemande Commerzbank.

L’année dernière, Cuba a dû réduire substantiellement ses petits achats de nourriture aux États-Unis, une des rares brèches au blocus décidé en 2000 par le Congrès.  Les produits alimentaires sont sujets à des conditions discriminatoires et onéreuses: chaque achat doit être autorisé par un permis, aucun crédit ne peut être octroyé à cette fin, le règlement doit se faire comptant et à l’avance, en passant par des banques étrangères et aucun navire cubain ne peut transporter les produits achetés.  Un règlement similaire préside aux importations de médicaments et d’équipements médicaux. 

Le blocus, a dit le Ministre, « apparaît comme un acte de génocide » aux termes de la Convention de 1948 et reste le principal obstacle au développement socioéconomique du peuple cubain.  Le préjudice humain, les carences et les privations qu’il impose à toutes les familles cubaines sont incalculables et 77% des Cubains en souffrent depuis leur naissance.  Les préjudices économiques se chiffrent en plus de 50 ans à 833,7 milliards de dollars au prix de l’or, soit au prix courant à plus de 121,1 milliards de dollars.

« J’espère que le représentant des États-Unis ne viendra pas nous dire que notre projet de résolution ne reflète pas dûment l’esprit de dialogue et la bonté de son gouvernement, qu’il ne ressassera pas que les États-Unis sont un partenaire et un bienfaiteur du peuple cubain et qu’ils n’aspirent qu’à son autonomisation, qu’il ne fera pas étalage des 900 000 dollars de dons de la société civile même si le blocus les entrave, qu’il ne cataloguera pas comme fonds gouvernementaux les envois de fonds que les Cubains installés dans ce pays économisent avec beaucoup d’efforts et qu’il ne taxera pas d’échanges commerciaux les autorisations délivrées alors que nous ne pouvons rien exporter aux États-Unis », a énuméré le Ministre.

Bien que la décision finale incombe au Congrès des États-Unis, a-t-il poursuivi, le Président dispose de vastes prérogatives pour modifier profondément l’application du blocus et réduire son incidence humaine et économique.  Il a espéré que le Congrès saisira l’occasion pour modifier une « politique cruelle et injuste, inefficace et ancrée dans le passé ».

Tout au long de notre histoire, les USA ont cherché à instaurer leur domination et leur hégémonie sur notre pays et, depuis 1959, à changer le système politique, économique et social que notre peuple a librement choisi.  Or aujourd’hui, des porte-paroles déclarent que la nouvelle politique envers Cuba signifie un changement dans les méthodes mais pas dans les objectifs.  « S’il en était ainsi, la normalisation des relations se heurtera à de très sérieux obstacles », a prévenu le Ministre.  La levée du blocus sera le facteur déterminant qui donnera un sens aux progrès faits ces derniers mois dans les relations entre les deux pays et déterminera le rythme de la marche vers la normalisation.  « Vouloir conditionner la levée et la modification du blocus à des changements internes dans notre pays est absolument inacceptable et contre-productif. »

Cuba ne négociera jamais son système socialiste pas plus qu’elle ne permettra pas la moindre atteinte à son indépendance qu’elle a conquise au prix du sang, a encore prévenu le Ministre.  Le peuple cubain ne voue aucune inimitié au peuple américain envers lequel il a d’ailleurs fait preuve de solidarité après le 11 septembre 2001 ou après le cyclone Katrina.  Nous apprécions à leur juste valeur les progrès depuis un an.  Nous souhaitons sincèrement resserrer les liens profitables qui nous unissent, élargir les échanges culturels sportifs universitaires, la coopération tous azimuts, le commerce et les investissements.  Tout en reconnaissant nos divergences, nous avons entamé le dialogue sur les droits de l’homme.  Ce pourrait être une modeste contribution à la recherche d’un nouveau type de relations entre les êtres humains et les nations à une époque marquée par les changements climatiques, les pandémies, le terrorisme.

Vingt-trois ans après que cette résolution a été adoptée pour la première fois, des progrès notables ont été enregistrés en 2015, grâce à la résistance acharnée de notre peuple et au leadership de la génération historique de la révolution.  Si nous en sommes arrivés là, c’est aussi grâce à l’appui toujours plus majoritaire du peuple des États-Unis et nous lui en savons gré.  Le chemin est encore long et difficile et tant que le blocus persistera nous continuerons de présenter ce texte à l’Assemblée générale.  Mais le peuple cubain ne renoncera jamais à sa souveraineté ni à son libre choix, a conclu le Ministre.

Explications de vote

Le représentant des États-Unis a insisté sur le fait que le 17 décembre 2014, le Président Obama avait donné un nouveau cap à la politique envers Cuba pendant que le Président Castro faisait de même.  Depuis, les États-Unis ont annoncé une série de décisions « historiques » visant à normaliser les relations et les Présidents Castro et Obama se sont entretenus deux fois.  Le représentant a donc regretté que le Ministre cubain ait de nouveau présenté une résolution qui ne reflète pas l’engagement du Président Obama.  « Cette résolution ne fera pas avancer les choses, c’est une erreur », a-t-il tranché.

Nous n’attendons pas que Cuba et les États-Unis oublient le passé du jour au lendemain, le rétablissement de nos relations exigeant engagement et persistance de la part des deux parties.  Mais le représentant a jugé « malheureux » que malgré les progrès, Cuba présente aujourd’hui un texte « presque identique » à ceux du passé.  Pour autant, il a assuré que son pays restera impliqué dans le travail « ardu » que suppose le rétablissement des relations bilatérales, pour le bien de l’ensemble du continent.  Les États-Unis sont toujours aussi déterminés à promouvoir et à défendre les droits de l’homme, a conclu le représentant qui a lancé un appel à l’unité des peuples américain et cubain.

Son homologue du Nicaragua a tenu à exprimer sa solidarité au peuple cubain qui « nous a fait faire le premier pas vers la dignité des peuples d’Amérique latine et du monde ».  Elle a salué le fait que malgré le blocus qui visait au départ le renversement d’un régime légitime, « Cuba est toujours là ».  Depuis lors, « les Cubains ont été toujours les premiers à répondre aux appels des peuples frères confrontés à des difficultés ».  Ils nous ont appris notamment à lire et à écrire, a aussi rappelé la représentante face à un blocus contraire aux droits de l’homme.  Il est temps d’en finir avec ce blocus et les conditions sont là pour que le Président Obama puisse franchir le pas en dépit des obstacles. 

La représentante a d’ailleurs félicité le Président américain pour avoir rétabli les relations diplomatiques avec Cuba et l’a encouragé à aller plus loin et à lever le blocus.  Jusque-là, elle a demandé à la communauté internationale de rester ferme car le blocus est le principal obstacle au développement socioéconomique de Cuba et à la réalisation, par le pays, du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Aujourd’hui le monde entier est derrière Cuba « qui ne s’est pas trompé en présentant cette résolution », a estimé la représentante.  

Au nom de l’Union européenne, la représentante du Luxembourg a justifié le vote des États membres de l’UE en expliquant que l’embargo américain est devenu « anachronique » au vue des « nouvelles circonstances » ouvertes par le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.  Si la politique commerciale des États-Unis à l’égard de Cuba est une question bilatérale, avec des conséquences néfastes sur les Cubains, ses effets directs et indirects et les mesures administratives et judiciaires unilatérales qui l’accompagnent nuisent aux intérêts économiques de l’UE.  La législation américaine et la loi Helms-Burton de 1996 ont élargi les effets de l’embargo aux pays tiers.  « Nous ne pouvons accepter que des mesures imposées unilatéralement entravent nos relations économiques et commerciales avec Cuba », a prévenu la représentante.  Elle a également rappelé qu’un accord signé en 1998 entre les États-Unis et l’UE permet de déroger à certaines dispositions de cette loi pour protéger les investissements des pays européens.  Il est donc temps, a-t-elle insisté, que Washington respecte pleinement cet accord et le mette en œuvre.

La représentante a rappelé que depuis 2014 Cuba et l’UE ont entamé la négociation d’un accord de dialogue politique et de coopération visant au renforcement de la coopération et à l’expansion des relations économiques.  À cet égard, elle s’est tournée vers les autorités de Cuba pour qu’elles accordent pleinement à leurs citoyens les droits civils, politiques et économiques et les libertés fondamentales internationalement reconnues car les restrictions à la liberté d’expression et de réunion contrastent, a-t-elle insisté, avec les réalisations cubaines en matière de santé et d’éducation.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères d’Argentine, a noté la pertinence de la résolution qui revient devant l’Assemblée générale année après année.  Depuis 20 ans, l’appui international est devenu « universel », a-t-il noté, devant « une cause mondiale, latino-américaine et caribéenne qui unit la région ».  Malgré les mesures annoncées par le Président Obama qui constituent certes un progrès, le blocus reste appliqué rigoureusement, constituant « un véritable siège » financier, économique et culturel.    

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a déclaré que la reconnaissance de Cuba par les États-Unis symbolise aujourd’hui de « l’échec total » d’une politique hostile qui a persisté pendant des décennies.  Mais l’essence de la politique anti-cubaine reste la même à savoir le blocus et y mettre un terme ne serait que répondre à l’exigence unanime des États Membres, dont Cuba, qui aspirent au développement durable dans un environnement pacifique.  L’histoire montre que le blocus, qui était une tentative de renverser le système socialiste choisi par le peuple cubain, était voué à l’échec.  La tentative de changer le système économique et politique d’un État souverain ou de renverser un gouvernement légitime par des sanctions et des blocus est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international dont les principes de la souveraineté, de l’égalité souveraine et de la non-ingérence.  Après avoir dénoncé la loi « Helms-Burton » qui élargit le champ des sanctions aux États tiers, le représentant a dit avoir voté pour la résolution. 

Le représentant de Saint-Vincent-et-Grenadine a salué l’adoption de la résolution contre un embargo qui viole le droit international et la souveraineté de Cuba et qui est « contraire aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies ».  L’embargo, a-t-il ajouté « bafoue de manière systématique et flagrante les droits du peuple cubain ».  « Il n’est pas seulement illégal, il est immoral. »  Le représentant a attiré l’attention sur les sondages effectués auprès de la communauté cubaine des États-Unis qui montrent le désir de la majorité de voir « remplacer l’embargo par une politique de soutien aux entrepreneurs et aux propriétaires ».  Le représentant a insisté sur le fait que son vote n’est « pas un rituel annuel » mais bien « une question de vie ou de mort pour quelque 12 millions de Cubains ». 

Le représentant du Soudan a déclaré qu’en votant pour la résolution, il voulait signifier que l’Assemblée générale doit rester unie contre toute mesure unilatérale sanctionnant un de ses États Membres.  Le paragraphe 30 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 engage d’ailleurs les États, a-t-il rappelé, à s’abstenir d’appliquer des sanctions unilatérales surtout contre les pays en développement.  Dénonçant un blocus qui ne visait qu’à obliger un peuple à prendre une autre direction que celui de son choix, le représentant a salué le rétablissement des relations diplomatiques et la radiation de Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme, tout en insistant sur la levée totale de blocus.  Le Soudan est aussi victime de sanctions et d’un embargo des États-Unis induisant de nombreux obstacles au développement, a rappelé le représentant qui a ajouté: « nous nous reconnaissons dans la souffrance des Cubains privés d’éducation et de soins de santé, surtout les plus pauvres ». 

Le blocus est contraire à la Charte des Nations Unies, a tranché, à son tour, la représentante du Belarus.  En 2015, a-t-elle rappelé, on a créé une plateforme spéciale pour examiner les effets des mesures unilatérales coercitives contre des pays tiers, ce qui montre l’importance de s’abstenir de prendre des mesures qui bénéficient systématiquement aux pays qui les imposent et jamais aux pays visés.  Chaque pays a le droit de déterminer son propre modèle économique sans être puni pour autant.  Le Belarus rappelle, à son tour, a conclu la représentante, que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 demande expressément aux pays de s’abstenir des sanctions unilatérales contre d’autres pays. 

Le représentant de la République démocratique populaire lao a salué le rétablissement des relations diplomatiques mais s’est dit préoccupé par le maintien de l’embargo.  Il a insisté sur les bénéfices qu’une levée de l’embargo entrainerait pour Cuba, pour son développement et pour ses échanges avec les autres États, dont les États-Unis eux-mêmes.

Son homologue de la République arabe syrienne a dénoncé « l’embargo injuste » imposé à Cuba qui avait créé « un précédent inacceptable dans les relations entre États », bien qu’il soit contraire au droit international et à la Charte des Nations Unies, dont ses principes d’égalité souveraine et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a déploré que pour la vingt-quatrième année consécutive, l’Assemblée générale ait à confirmer le caractère « illégitime et inhumain » de cet embargo.  S’il a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, le représentant a souligné que « le vote de la résolution par 191 États Membres confirme le caractère illégitime de l’embargo et la nécessité de le lever immédiatement ».  Il a dénoncé le vote de « l’entité sioniste d’occupation », estimant que cela prouve si besoin en était, que « cette entité ne respecte pas la Charte des Nations Unies ».  Il a aussi dénoncé « les mesures coercitives imposées par les États-Unis ou l’Union européenne à des États tiers », les qualifiant d’« outils d’hégémonie et de pression politique pour assujettir des États », sans compter leurs effets sur les populations civiles.  Le représentant a cité en exemple les embargos imposés à la Libye, à l’Irak et à son propre pays.

Le représentant d’El Salvador a rappelé que le blocus est toujours en place alors qu’à côté, le monde assiste à de nombreux changements maintenant qu’il entre dans une ère nouvelle, notamment après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le rétablissement des relations entre Cuba et les États-Unis a déjà eu un impact dans les autres pays, a reconnu le représentant mais, a-t-il insisté, le blocus doit être levé car il est « illégal » et rejeté par la communauté internationale.  Depuis 1972, l’Assemblée générale ne cesse de demander la levée du blocus, a dit le représentant avant de réclamer aux États-Unis la poursuite du dialogue avec Cuba.

Le représentant de Tonga a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, le qualifiant de « pas en avant important vers la normalisation des relations ».  Il a toutefois déploré les effets de l’embargo qui a généré « des souffrances incommensurables au peuple cubain ».  « Comme système de sanctions unilatérales le plus long de l’histoire, l’embargo entrave injustement le développement économique et social du peuple cubain », a-t-il insisté, avant de souligner que celui-ci était aussi « contraire au droit international et à la Charte des Nations Unies » dont les principes prévoient le libre-échange et la liberté de navigation et des relations « égalitaires et souveraines » entre États, « sans ingérence ou interventionnisme ».

Son homologue de la Zambie a rappelé que depuis plus de 20 ans, son pays est au cœur de l’appui de la communauté internationale à Cuba.  Il s’est dit préoccupé du fait que de nombreuses lois et réglementations issues de ce blocus soient toujours en vigueur, affectant la souveraineté de pays tiers.  Cuba fait face à des restrictions graves quand il s’agit de trouver l’argent nécessaire à son développement sur les marchés financiers.  Mais, s’est réjoui le représentant, une nouvelle donne est devant nous et que la normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba se profile à l’horizon.  Nous devons soutenir les efforts en cours pour que l’élan créé ne soit pas perdu.  Nul ne doit être autorisé à dilapider l’élan qui a été imprimé, a averti le représentant. 

Le représentant d’Israël a salué « le renouveau des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba ».  « Notre vote est le reflet des relations spéciales que nous entretenons avec les États-Unis », a-t-il expliqué.

À son tour, son homologue de l’Indonésie a rappelé que son pays soutenait « la paix, la justice et l’égalité » et qu’à ce titre, il soutenait « sans ambages » la levée de l’embargo.  « Nous devons dépasser sans délai cette relique d’un autre temps », a-t-il ajouté avant d’énumérer quatre raisons: l’embargo est contraire aux principes de souveraineté, de non-ingérence et de non-intervention, il a causé des souffrances économiques et sociales qui peuvent difficilement être justifiées, il a eu des effets contreproductifs en privant d’opportunités économiques Cuba et d’autres pays dont la souveraineté, la législation et les juridictions ont été bafouées par des sanctions extraterritoriales, et il montre comme l’avait déjà montré l’histoire de l’Asie du Sud-Est que l’engagement dans le dialogue est beaucoup plus efficace que l’isolement.

Le représentant a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et la levée de certaines restrictions sur les voyages ou les envois de fonds.  Mais il a appelé à la levée complète de l’embargo, demandant à tous les États de « refuser d’appliquer des lois ou des mesures extraterritoriales par nature, qui affectent la souveraineté des autres États ».  « Notre message est simple, notre message est clair, cet embargo doit être levé. » 

Le représentant de l’Angola a estimé que même si le Président Obama a notifié le Congrès américain de sa décision de retirer Cuba de la prétendue liste des pays soutenant le terrorisme, cette notification ne saurait compenser les effets du blocus « illégal et injuste ».  Le représentant a regretté que le Congrès américain n’ait pas encore éliminé les lois les plus dures et au contraire les ait renforcées.  Il n’a pas manqué de saluer l’aide de Cuba dans les efforts mondiaux contre Ebola et a appelé la communauté internationale à créer les conditions favorables au plein rétablissement des relations entre ces deux pays, demandant aux États-Unis de se joindre aux autres pays qui demandent la levée du blocus.

Le représentant du Zimbabwe a constaté que l’Assemblée générale condamne pour la vingt-quatrième année l’embargo et demande pour la vingt-quatrième année sa levée sans condition « en raison des souffrances et des dommages économiques imposés à la population cubaine ».  Il a rappelé que l’embargo est « un obstacle au développement et au commerce de Cuba ».  « Ce blocus est une violation flagrante du droit international, qui viole aussi les buts et les principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que les droits humains du peuple cubain car il empêche l’accès à de services publics », a-t-il ajouté.  Il a appelé à la levée « immédiate et inconditionnelle » de cet embargo « afin que Cuba puisse choisir sa destinée économique et sociale, comme n’importe quel État souverain ».

Le représentant a rejeté « les lois nationales ayant un champ d’application extraterritorial », ainsi que « le principe des sanctions unilatérales et des mesures coercitives ».  Le Zimbabwe est victime de ce genre de sanctions « illégales et immorales », a-t-il souligné, en appelant les États Membres « à ne pas promulguer ou appliquer de telles lois ».  Le représentant a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba et l’assouplissement de certains aspects de l’embargo, mais a néanmoins défendu « une levée totale de l’embargo ».

Le représentant de Saint Kitts-et-Nevis a déploré que le blocus soit resté en place et que de lourdes amendes continuent d’être imposées aux pays et sociétés qui travaillent avec Cuba.  Malgré les épreuves traversées par Cuba, s’est-il réjoui, les Cubains ont toujours été à la hauteur des besoins des pays en difficultés.  Il a tenu à remercier Cuba pour l’aide qu’il apporte dans les domaines agricole, éducatif, sanitaire et culturel.  Insistant sur la levée immédiate du blocus, il a dit: « nous vivons un moment charnière après l’après adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, un moment opportun pour se délester de ce vestige du passé ».

Son homologue du Myanmar a dénoncé « les pertes matérielles et économiques subies par le peuple cubain ».  Rappelant l’expérience du Myanmar « qui a subi aussi un embargo », il a qualifié ce types de sanctions de « contre-productives car ne touchant que les populations civiles ».  Il a insisté sur son opposition aux sanctions économiques unilatérales, rappelant qu’elles étaient contraires à la Charte des Nations Unies et au droit international.  « Les différends doivent se régler par des consultations », a-t-il encore insisté.  Il a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis mais a, à son tour, exigé que ces mesures « débouchent sur une levée totale du blocus qui profiterait aux peuples des deux pays et contribuerait à la paix, à la stabilité et à la prospérité de toutes la région ».

À son tour, le représentant du Suriname a déploré un embargo qui « mine les efforts de développement de Cuba, qui prive son peuple de l’accès à des biens de premières nécessités dont les médicaments et qui remet en cause le droit à l’éducation des jeunes Cubains en raison des prix exorbitants de l’importation de matériel pédagogique ».  Il a qualifié d’« inacceptable » le fait que des États tiers subissent les conséquences de cet embargo unilatéral alors qu’ils veulent entretenir des relations normales avec Cuba.  Il a réitéré son appel au respect de l’état de droit, appelant tous les États à respecter les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies: égalité souveraine et non-ingérence.  Il est « temps de faire le bon choix » et de « lever l’embargo, pour le plus grand bien du peuple cubain ». 

La représentante de l’Uruguay a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis.  C’est un pas important dans la normalisation totale, s’est-elle félicitée, avant de regretter, à son tour, la persistance du blocus et de ses effets sur les Cubains.  L’Uruguay s’est toujours opposé à un blocus contraire aux droits de l’homme, pénalisant la population et violant le droit international et la Charte des Nations Unies.  L’Uruguay, a ajouté la représentante, ne reconnait pas l’application extraterritoriale d’une loi votée par un parlement national.  Tous les États doivent se conformer aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a martelé la représentante.

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