En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
36e séance – matin
AG/11709

Assemblée générale: le Président de l’ECOSOC livre quatre « messages-clefs » sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC) a livré aujourd’hui à l’Assemblée générale les quatre « messages-clefs » de son instance sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté en septembre dernier.  L’Assemblée générale, qui examinait le rapport 2015 de l’ECOSOC, a aussi entendu l’Inde, le Koweït, l’Argentine, l’Égypte et le Zimbabwe. 

Les défis de plus en plus complexes du développement requièrent des réponses politiques coordonnées et intégrées, a déclaré M. Oh Joon, Président de l’ECOSOC, dans son premier message-clef.  Il ne s’agit pas seulement d’approfondir la coopération aux niveaux national, régional et mondial, mais aussi de renforcer l’intégration des trois dimensions du développement durable, -économique, social et environnementale-.  Deuxièmement, des institutions « solides, inclusives et adaptables à tous les niveaux » sont nécessaires à la coordination et à l’intégration améliorées.  Troisièmement, a poursuivi le Président de l’ECOSOC, la mise en place de partenariats mondiaux est « indispensable », lesquels doivent reposer sur une bonne compréhension des rôles et des responsabilités de tous les partenaires, nationaux, internationaux, du secteur public ou du secteur privé.  Enfin, un processus de suivi efficace et inclusif sera « vital » pour assurer le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Ce Programme représente un niveau d’ambition très élevé et un défi « bien plus formidable » que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a commenté le Vice-Président de l’ESOSOC, M. Frederick Shava, du Zimbabwe.  Il est essentiel, a-t-il insisté, que l’ECOSOC définisse la manière dont il compte entreprendre son important travail de suivi.  L’ECOSOC doit retrouver une « seconde jeunesse » qui le rende plus actif et plus réactif, a renchéri le représentant de l’Inde.  Il est l’organe intergouvernemental le plus important pour remplir deux objectifs: l’élimination de la pauvreté et l’intégration des dimensions sociale, économique et environnementale du développement durable, a insisté, à son tour, son homologue de l’Inde.

La nécessité de revitaliser le partenariat mondial ne saurait être trop soulignée, tout comme le dialogue avec les institutions financières et commerciales internationales qui devrait contribuer à l’élaboration de mécanismes concrets de mobilisation des ressources, a également déclaré le Vice-Président de l’ECOSOC qui a dit attendre du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale des mesures contre les flux financiers illicites qui « saignent » les ressources de l’Afrique et des autres pays en développement. 

C’est en effet l’absence d’un engagement clair à fournir les financements agréés qui est un obstacle majeur au développement durable, a souligné le représentant de l’Égypte.  Il a dénoncé un manque de volonté politique et le fait qu’on insiste « de manière exagérée » sur ce que doivent faire les pays en développement sans rien dire de l’échec des pays développés à respecter leurs engagements. 

La session 2016 sera « cruciale », a prévenu le Président de l’ECOSOC, en annonçant le thème: « Mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030: Passer des engagements aux actes ». 

Aujourd’hui, l’Assemblée générale a aussi pris note du fait que le Prix des Nations Unies en matière de population* a été décerné, cette année, à Mme Thoraya Ahmed Obaid, d’Arabie saoudite, ancienne Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et à l’« African Population and Health Research Center » du Kenya.

*A/70/140

RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL POUR 2015 (A/70/3)

Déclarations

M. OH JOON, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé que l’année 2015 a été une année « hautement productive et très importante » pour l’ECOSOC qui a jeté de solides fondations pour l’année 2016.  Les organes des Nations Unies, a-t-il prévenu, devront travailler ensemble pour soutenir la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’une des exigences est que les États Membres formulent des politiques intégrées pour assurer un examen équilibré des questions économiques, sociales et environnementales, en garantissant des synergies entre plusieurs secteurs.  Les approches intégrées et inclusives nécessaires à la mise en œuvre du nouveau Programme de développement, a ajouté le Président de l’ECOSOC, nécessiteront des institutions fortes, des partenariats élargis, des plans robustes d’exécution et un suivi minutieux.

Le Président a mis en avant les quatre « messages-clefs » de l’ECOSOC et d’abord le fait que les défis de plus en plus complexes du développement requièrent des réponses politiques coordonnées et intégrées.  « Il ne s’agit pas seulement d’approfondir la coopération au niveaux national, régional et mondial, mais aussi de renforcer l’intégration des trois dimensions du développement durable », a-t-il souligné.  Deuxièmement, des institutions « solides, inclusives et adaptables à tous les niveaux » sont nécessaires à la coordination et à l’intégration améliorées.  Troisièmement, la mise en place de partenariats mondiaux est « indispensable » pour répondre aux exigences du nouvel agenda.  Ces partenariats doivent reposer sur une bonne compréhension des rôles et des responsabilités de tous les partenaires, nationaux, internationaux, du secteur public ou du secteur privé.  Enfin, un processus de suivi efficace et inclusif sera « vital » pour assurer le succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La session 2016 de l’ECOSOC sera « cruciale », a reconnu le Président.  Le Forum sur le suivi du financement du développement, mandaté par le Programme d’action d’Addis-Abeba, sera convoqué pour la première fois et inclura une réunion spéciale de haut niveau avec la Banque mondiale, le Fond monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  La session 2016 aura pour thème « Mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030: Passer des engagements aux actes ». 

M. FREDERICK M. M. SHAVA, Vice-Président de l’ECOSOC, a prévenu que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente un niveau d’ambition très élevé et un défi « bien plus formidable » que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Si l’éradication de la pauvreté reste au cœur du nouvel agenda, avec la réalisation du développement durable, « d’autres défis critiques » ont gagné en importance comme ceux découlant des changements climatiques, de l’urbanisation et de l’interdépendance accrue entre les objectifs.

Le Vice-Président a donc voulu souligner le « rôle central » de l’ECOSOC face à cette interdépendance et à l’intégration et la coordination des politiques.  La nécessité de revitaliser le partenariat mondial ne saurait être trop soulignée, a dit le Vice-Président, tout comme le dialogue avec les institutions financières et commerciales internationales qui devrait contribuer à l’élaboration de mécanismes concrets pour mobiliser les ressources.  Le Vice-Président a dit attendre du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale qu’il contribue à la formulation de mesures contre les flux financiers illicites qui saignent les ressources de l’Afrique et des autres pays en développement.  Il faut aussi rendre opérationnels le Forum multipartite sur la science et la technologie, le Mécanisme de facilitation des technologies et le Forum mondial sur les infrastructures, a ajouté le Vice-Président.  Dans ce cadre, a-t-il prévenu, il est essentiel que l’ECOSOC définisse la manière dont il compte entreprendre son important travail de suivi.

M. MANSUKH L. MANDAVIYA (Inde) a fait valoir le rôle essentiel de l’ECOSOC en tant qu’organe principal de coordination, de dialogue, d’examen des politiques et de recommandations dans les domaines économique et social.

Au moment où l’ONU a adopté le Programme de développement durable à l’horizon 2030, son rôle sera encore plus déterminant, a-t-il jugé et il sera essentiel que l’ECOSOC parvienne à trouver une « seconde jeunesse » qui le rende plus actif et plus réactif dans la mise en œuvre des objectifs.

Comme l’a dit le Premier Ministre indien M. Modi devant l’Assemblée générale, le Programme est « noble et ambitieux » et ses objectifs très vastes, car il accorde la priorité aux problèmes qui persistent depuis des décennies tout en reflétant la complexité des liens sociaux et environnementaux qui sous-tendent nos vies.

La voix de l’Inde lors des débats a été « celle de tous les pays en développement » et elle attend que l’ECOSOC traite des défis du développement durable sous le prisme de l’élimination de la pauvreté, « notre but ultime et central », a poursuivi le représentant.  Nous sommes impatients d’œuvrer avec les délégations, car pour nous, l’ECOSOC doit répondre aux besoins essentiels des sociétés, qui figurent au centre de ses programmes.  L’ECOSOC doit donner la priorité à une croissance économique robuste et inclusive des pays en développement et au renforcement des partenariats entre pays développés et en développement.

Mais l’Inde attend aussi que l’ECOSOC traite de la dégradation de l’environnement et des changements climatiques, en se concentrant sur la modification des modes de consommation dans les pays développés et en apportant son appui financier et technologique aux pays en développement pour assurer la transition de leurs économies vers des modèles progressivement plus durables.

Le Gouvernement indien a renouvelé ses efforts pour placer le pays sur la trajectoire d’une forte croissance, promouvoir le développement d’une industrie créatrice d’emplois, former les jeunes et rénover son agriculture tout en menant des efforts massifs dans l’assainissement.

L’Inde a compris, a-t-il insisté, que la recherche de la croissance et du développement ne peut se satisfaire du statu quo et, que si elle n’est pas responsable de la dégradation du climat, elle a l’intention de faire partie de la solution.  Plutôt que de mimer aveuglement les politiques qui ont mis l’humanité en conflit avec « la Nature », l’Inde a choisi de promouvoir une croissance en harmonie avec l’environnement « qui traite la ‘Nature’ comme un partenaire et non comme un adversaire ». 

L’Inde entend atteindre un même niveau de développement et de bien-être sans s’engager sur la voie d’une consommation imprudente, ce qui ne signifie pas pour autant que nos économies en souffriront, au contraire.  Ainsi l’Inde entend ajouter 175 Gigawatt d’énergie propre et renouvelable à son offre énergétique, réduire de 33 à 35% la place de l’énergie dans le PIB d’ici à 2030 et parvenir à fournir 40% d’électricité tirée des combustibles non fossiles.  De plus, l’Inde veut augmenter la capacité d’absorption de ses forêts de 2,5 à 3 milliards de CO2, « ce qui montre son sérieux ».

Mme FARAH AL-GHARABALLY (Koweït) a rappelé que son pays siègera à partir de 2016 à la Commission de la condition de la femme et a appelé à la « cohérence » pour appuyer les programmes de l’ECOSOC dont l’objectif est d’offrir une vie décente à tous.  L’ECOSOC, a-t-elle ajouté, est un pilier essentiel du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mais il faut améliorer ses méthodes de suivi et d’évaluation des programmes, a estimé la représentante.

Le Koweït, a-t-elle rappelé, a accueilli ces dernières années un nombre important de réunions de haut niveau et lancé plusieurs initiatives en matière de développement et sur les questions humanitaires.  Il a apporté son aide à travers le Fonds koweitien pour le développement économique et fait des contributions volontaires aux différents projets d’infrastructures dans les pays en développement.  Le Koweït verse désormais 1,4% de son PIB à l’aide publique au développement (APD), soit le double de l’objectif consacré dans les accords internationaux.  Enfin, a conclu la représentante, le Koweït est attaché à éliminer la pauvreté par la promotion du développement durable car il s’agit de profiter des connaissances et des différentes expériences pour définir les priorités sociales et environnementales, a-t-elle conclu.

M. MATEO ESTREME (Argentine) a estimé que l’ECOSOC était devenu « une plateforme de coordination des activités de développement aux niveaux mondial, régional et national », insistant sur « le rôle de plus en plus important » que joue cet organe.  « Pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il doit y avoir des partenariats entre tous les acteurs du monde de développement », a-t-il poursuivi, avant de souligner que l’ECOSOC disposait « des forces et des compétences » pour promouvoir ces partenariats grâce à ses organes subsidiaires.

Le Programme à l’horizon 2030 est universel et s’applique à tous les États.  Il reconnait l’interdépendance entre les États, montre que l’intégration des politiques est la clef, d’où l’importance de l’ECOSOC, a précisé le représentant, appelant le système des Nations Unies « à s’ajuster pour mieux porter et soutenir le nouveau Programme ».

Le représentant s’est félicité des dialogues tenus au sein du Forum de haut niveau sur le développement durable, les qualifiant « d’excellentes occasions pour avoir des débats techniques et inclusifs ».  Il nous faudra concrétiser tous ces apports dans des recommandations et dans la résolution sur l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement, a-t-il ajouté.  En conclusion, il a rappelé que l’ECOSOC était « l’organe intergouvernemental le plus important pour remplir deux objectifs: l’élimination de la pauvreté et l’intégration des dimensions sociale, économique et environnementale du développement durable ».

M. OSAMA ABDELKHALEK (Égypte) a déclaré que l’absence d’un engagement clair à fournir les moyens de mise en œuvre nécessaires et les financements agréés, au niveau international, y compris pour les activités opérationnelles de développement menées par les Nations Unies, sont un obstacle majeur au développement durable.  La tendance à la baisse de l’aide publique au développement (APD) et des contributions volontaires aggrave le manque de prévisibilité des financements, a souligné le représentant.  Il a voulu que la quantité et la qualité de l’APD soient améliorées, que les initiatives internationales de réduction de la dette soient renforcées et que les déséquilibres du système commercial international soient combattus.

Le représentant a, en réalité, dénoncé un manque de volonté politique.  On insiste de manière exagérée, s’est-il expliqué, sur la mise en œuvre dans les pays en développement mais on ne dit rien de l’échec des pays développés à respecter leurs engagements, ce qui compromet l’universalité des résultats.  Le représentant a souligné l’importance qu’il y a à appuyer le Forum politique de haut niveau, en prévenant que le suivi coordonné des décisions intégrées des sommets et conférences requiert que l’ONU améliore ses performances.  Il faut être prudent, a-t-il néanmoins conseillé, et se garder de créer trop vite ou de remplacer dans la précipitation les mécanismes de suivi et d’examen existants. Il s’agit de maintenir la crédibilité de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC face aux défis du développement dans le monde, a conclu le représentant.

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