En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
32e séance - matin
AG/11706

Assemblée générale: le rapport sur l’activité de l’ONU offre l’occasion d’insister sur la réforme du Conseil de sécurité et la lutte contre l’insécurité pour accélérer le développement

Appelées à s’exprimer sur le rapport du Secrétaire général relatif à l’activité de l’Organisation, les délégations ont insisté aujourd’hui à l’Assemblée générale sur la nécessaire et urgente réforme des institutions de l’ONU, en particulier du Conseil de sécurité, pour en renforcer l’efficacité face aux menaces contemporaines et favoriser la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le rapport ayant été présenté par M. Ban Ki-moon en introduction du débat général, le 28 septembre dernier, le Vice-Président de l’Assemblée, M. Kairat Abdrakhmanov s’est limité à en rappeler les lignes prioritaires: les enseignements tirés des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD); le tableau « prudent » concernant la paix et la sécurité alors que le monde fait face à 13 conflits et crises, menaces diverses et corrélées; la situation de l’Afrique; et l’alerte sur les droits de l’homme, due au fait que des millions de personnes innocentes sont exposées à des violations de leurs droits et que près de 60 millions sont déplacées, dans ce qui constitue le pire mouvement de populations depuis la Seconde Guerre mondiale.

Cette année, a souligné le Président de l’Assemblée générale, le monde a déjà connu de graves crises humanitaires avec 76 millions de personnes qui ont besoin d’assistance dans 31 pays.  Or, il faut non seulement répondre à ces besoins mais aussi veiller à les réduire.  Dans son rapport, le Secrétaire général souligne que le déficit dans le financement de l’assistance humanitaire avait atteint en 2014 les 7,4 milliards de dollars.  « La durée moyenne d’un appel humanitaire est aujourd’hui de 7 ans, et celle d’un déplacement de population de 17 ans », fait-il valoir en s’inquiétant « du mépris persistant » du droit international humanitaire par les parties en conflit.  

Le représentant du Maroc a attiré l’attention sur les nombreux défis et menaces sécuritaires en Afrique « auxquels il faut répondre de manière collective ».  Dans son rapport, le Secrétaire général constate l’échec à contrer le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée « parce qu’on ne réussit pas à réduire les causes de l’extrémisme violent ».  C’est précisément sur ces derniers points, renforcement des institutions et efficacité de la lutte contre le terrorisme et l’insécurité, que se sont notamment exprimés les États Membres, soulignant qu’ils constituent des préalables indispensables à la réussite du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le représentant de l’Inde a imputé la situation actuelle à un Conseil de sécurité « non représentatif », s’étonnant que le rapport du Secrétaire général n’en dise mot.  La communauté internationale a besoin d’un Conseil de sécurité « démocratique, représentatif, responsable et transparent », a renchéri son homologue du Pakistan, rappelant les propos de son Premier Ministre, en septembre dernier: « Nous avons besoin d’un Conseil qui reflète les intérêts de tous les États Membres, pas d’un Conseil qui soit un club de puissances privilégiées ».  Le représentant du Japon a affirmé que le G4 -Allemagne, Brésil, Inde, Japon- compte bien aboutir à des avancées concrètes dans cette réforme au cours de cette session de l’Assemblée générale.

Les représentants japonais et cubain ont par ailleurs exprimé leur déception face aux échecs des efforts de désarmement.  Leur homologue de l’Iran a dénoncé le blocage d’une « petite minorité », alors que l’accord auquel son pays est parvenu sur le nucléaire a montré justement que « la diplomatie peut faire la différence ».  Le représentant a invité l’Assemblée générale à élargir cette expérience à d’autres défis au moment où la situation en Libye, en Syrie ou au Yémen ne cesse d’infliger des souffrances aux populations.  Son homologue de Cuba a finalement résumé les inquiétudes exprimées en estimant qu’en ce soixante-dixième anniversaire, l’ONU a commencé à agir mais pas suffisamment pour protéger les générations présentes et futures du fléau de la guerre.

Les délégués ont encore insisté sur la nécessité de parvenir à un accord sur le climat en décembre à Paris en notant l’incidence des dérèglements climatiques sur le développement, « l’une des plus grandes menaces à un avenir viable », a insisté la Malaisie. 

Le rapport du Secrétaire général conclut que 70 ans après sa création, l’ONU est plus nécessaire que jamais mais qu’elle doit pouvoir compter sur un esprit de coopération sans précédent entre les États Membres. 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/70/1)

Déclarations

En introduction du débat, le Vice-Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, a rappelé les huit domaines prioritaires couverts par le rapport du Secrétaire général, que ce dernier avait déjà présenté le 28 septembre en ouverture du débat général.  Il a ainsi cité, dans le domaine du développement durable, les enseignements tirés des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) au moment du lancement du Programme de développement durable à l’horizon 2030; le tableau « prudent » concernant la paix et la sécurité alors que le monde fait face à des menaces diverses et corrélées; la situation de l’Afrique et de ses objectifs de croissance; et l’alerte sur les droits de l’homme, due au fait que des millions de personnes innocentes sont exposées à des violations de leurs droits et que 60 millions sont déplacées, dans ce qui est le pire mouvement de populations depuis la Seconde Guerre mondiale.  Le Président de l’AG a rappelé l’accent mis, dans le rapport, sur le programme « Les Droits de l’homme avant tout ».

Cette année, le monde a déjà connu de graves crises humanitaires avec 76 millions de personnes qui ont besoin d’assistance.  Or, il faut non seulement répondre à ces besoins mais aussi veiller à les réduire, a dit le Président, en citant le Secrétaire général qui insiste en même temps sur le respect de l’état de droit, tant au niveau national qu’international.

S’agissant du désarmement, le Secrétaire général ne cache pas que le dossier piétine mais que des résultats ont été obtenus avec l’accord sur le nucléaire iranien.  Le Secrétaire général insiste aussi, a poursuivi le Président, sur la propagation du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée, ainsi que sur l’échec à les contrer parce qu’on ne réussit pas à réduire les causes de l’extrémisme violent, souligne-t-il.  Enfin, le rapport évoque le nécessaire renforcement de l’ONU qui doit s’adapter à de nouveaux besoins et le caractère indispensable de l’examen des moyens d’y arriver pour réaliser les objectifs arrêtés.

Le rapport du Secrétaire général conclut qu’en son soixante-dixième anniversaire, l’ONU est plus nécessaire que jamais mais qu’elle doit pouvoir compter sur un esprit de coopération sans précédent parmi les États Membres.  Le Secrétaire général se dit prêt à jouer son rôle et impatient d’entendre les vues des États Membres, a noté le Président de l’Assemblée générale. 

Au nom des 10 États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. RAMLAN IBRAHIM (Malaisie) a exprimé son empressement d’accueillir le Secrétaire général au septième Sommet ONU-ASEAN le 22 novembre prochain à Kuala Lumpur.  Pour l’ASEAN, ce Sommet est un instrument politique efficace et une occasion de définir des directives pour renforcer encore le partenariat entre les deux organisations.  Il s’est dit heureux que lors de leur rencontre du 29 septembre dernier, les Ministres des affaires étrangères de l’ASEAN, le Secrétaire général et le Président de l’Assemblée général aient tous reconnu l’importance de la mise en œuvre de la « Vision post-2015 » de l’ASEAN, en même temps que celle du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les deux agendas se complètent, a souligné le représentant, et il ne fait aucun doute que les changements climatiques sont l’une des plus grandes menaces à un avenir viable.  Il a donc espéré que la Conférence de Paris sur le climat, prévu du 31 novembre au 11 décembre 2015, aboutirait à un accord universel et global sur les changements climatiques, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies.

Après avoir fait part des progrès des pays de l’ASEAN dans le développement des institutions des droits de l’homme, depuis l’adoption de leur charte, le représentant est passé à la paix et à la sécurité pour dire que l’ASEAN s’efforce de devenir le porte-drapeau des normes régionales de bonne conduite, en particulier grâce au Traité d’amitié et de coopération de l’Asie du Sud-Est.  « Nous sommes engagés à préserver l’Asie du Sud-Est comme une zone exempte d’armes nucléaires », a dit le représentant.

S’agissant de la lutte contre le terrorisme, le représentant a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur la Déclaration de Langkawi sur le Mouvement mondial des Modérés adopté au vingt-sixième Sommet de l’ASEAN, en avril 2015 qui contient des mesures pour promouvoir la modération et freiner l’extrémisme dans la région.  Cette année, sous la présidence de la Malaisie qui a choisi pour thème « Nos peuples, notre communauté, notre vision », l’ASEAN s’efforce de devenir un espace où l’homme est au centre, ce qui signifie bonne gouvernance, niveau de vie élevé, développement durable, autonomisation des femmes et multiplication des chances pour tous, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. LIU JIEYI (Chine) s’est dit confiant dans les capacités de l’ONU de faire face aux défis à venir, notant les efforts engagés dans la lutte contre les changements climatiques et le maintien de la paix.  Le représentant a cité l’assistance humanitaire lors de la flambée de l’épidémie d’Ebola et l’émergence de synergies dans la lutte contre le terrorisme.  En cette année particulière, a-t-il estimé, les États doivent réfléchir à la façon de traiter de la paix et du développement au 21e siècle.  Comment promouvoir le développement durable et les valeurs communes de paix, d’équité et de justice?  Lors du Sommet sur le développement durable, a rappelé le représentant, le Président chinois a présenté sa vision de « l’avenir de l’humanité », fait d’un développement inclusif et d’échanges novateurs, favorisant le respect des différences, pour construire un système qui respecte la nature.  Tous les pays ont un rôle à jouer pour déterminer cet avenir, a-t-il insisté et « les différends doivent être traités par le dialogue ».

La Chine, a insisté le représentant, défend un concept fondé sur l’équité et l’ouverture, avec quatre projets politiques qui sous-tendent son action: développer les capacités, préserver l’environnement, favoriser les partenariats et promouvoir la coordination.  La Chine, qui a déjà pris des mesures pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, souhaite proposer des idées pour nourrir la réflexion de l’ONU, a confié le représentant.  Il a réitéré la proposition de créer un partenariat Chine-ONU sur le développement auquel son pays apportera un milliard de dollars.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a salué l’adoption des objectifs de développement durable à l’horizon 2030, insistant sur la nécessité de mobiliser la volonté politique et les ressources nécessaires pour assurer la réelle mise en œuvre de ces défis.  Elle a rappelé l’attachement de son pays à une profonde réforme des Nations Unies, pour mieux refléter les dynamiques du 21e siècle et répondre efficacement aux nouveaux défis qui se posent à la communauté internationale.

« Nous avons besoin d’un Conseil de sécurité démocratique, représentatif, responsable et transparent », a poursuivi le représentant, citant aussi les mots du Premier Ministre pakistanais, M. Nawaz Sharif, devant l’Assemblée générale en septembre: « Nous avons besoin d’un Conseil qui reflète les intérêts de tous les États Membres, pas d’un Conseil qui soit un club de puissances privilégiées ».  Rappelant ensuite que les Nations Unies avaient été créées pour éviter aux futures générations le fléau de la guerre, elle a déploré le retour des confrontations entre les grandes puissances en Europe et en Asie, l’embrasement du Moyen-Orient, l’augmentation de la violence extrémiste et du terrorisme et les vagues de réfugiés et de personnes déplacées.  « La longue tragédie de la Palestine continue et s’intensifie », a-t-elle encore ajouté, avant de regretter « l’intransigeance de la Puissance occupante qui a miné toute chance de progrès sur le chemin largement reconnu et accepté de la paix: la solution à deux États ».

Après avoir passé en revue les efforts déployés par son pays pour lutter contre le terrorisme, le représentant a défendu ses initiatives diplomatiques, s’engageant à soutenir la reprise du dialogue inter-afghan et déplorant que l’Inde n’ait pas donné suite à l’initiative de paix en quatre points présentée par son Premier Ministre et visant à régler la question du Cachemire.  « Nous restons prêts à nous engager dans un dialogue sur tous les problèmes en jeu », a-t-il insisté.  

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) s’est félicité que l’éradication de la pauvreté soit au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a ajouté que dans un monde de plus en plus globalisé et devant l’émergence de nouveaux acteurs, il faut un partenariat au niveau mondial et une coopération internationale centrés sur l’Afrique.  L’Afrique fait face à de nombreux défis et à des menaces sécuritaires croissantes auxquels il faut répondre de manière collective, a déclaré le représentant.

Il a réitéré l’appel du Roi du Maroc à un plan mondial d’aide à l’Afrique, doté d’une stratégie de financement.  Il faut régler les problèmes de la paix, de l’insécurité et de la migration.  Sans coopération internationale et une coordination régionale élargie, nul ne peux vaincre ces menaces, a prévenu le représentant qui a dit partager les préoccupations du Secrétaire général face aux nouvelles formes de violence qui frappent l’Afrique et d’autres parties du monde.  Il a lancé un appel au règlement des conflits qui ternissent les relations entre pays voisins en Afrique.  Concernant la lutte contre les changements climatiques, le représentant a fait part des initiatives marocaines notamment la Politique nationale de l’environnement et le Plan « Maroc vert » sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Le représentant a, avant de terminer, appelé la mobilisation internationale pour la création d’un État de Palestine indépendant.

M. ASOKE K. MUKERJI (Inde) a souligné que le paragraphe 4 du rapport du Secrétaire général évoque 13 conflits et crises qui jettent une ombre sur la paix et la sécurité.  Les effets cumulés de ces crises touchent 60 millions d’innocents désormais chassés de chez eux.  Mais, a fait observer le représentant, le rapport est « étrangement silencieux » sur la raison pour laquelle le Conseil de sécurité, servi par le Secrétariat de l’ONU et garant, en vertu de la Charte, du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a laissé les crises se propager de cette manière.  Nous l’avons dit au plus haut niveau, a répété le représentant, l’inefficacité du Conseil de sécurité tient à la nature « non représentative » de ses membres permanents, 70 ans après la création de l’ONU.  Au Sommet de 2005, les dirigeants du monde avaient unanimement appelé à la réforme du Conseil de sécurité pour l’adapter au 21e siècle.  Or, si le rapport du Secrétaire général mentionne les progrès enregistrés à l’Assemblée générale le 14 septembre dernier, il le fait néanmoins en les « enterrant » dans le chapitre « rien de particulier à signaler ».

La profonde préoccupation de l’Inde face à l’érosion constante de la paix et de la sécurité internationales s’est aggravée lors de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Inde sait l’importance du lien entre un environnement politique stable et le succès de la mise en œuvre du Programme, car il va sans dire que l’instabilité fait obstacle aux investissements, au transfert de technologies, au commerce et donc, à la perspective d’une croissance socioéconomique soutenue.  Dans un monde globalisé, notre objectif ultime d’éradiquer la pauvreté d’ici à 2030 restera vain tant que nous n’aurons pas adopté une approche holistique, a prévenu le représentant. 

Après avoir dit attendre avec intérêt l’examen, à l’Assemblée générale, du rapport du Groupe indépendant de haut de niveau sur l’avenir des opérations de maintien de la paix, le représentant s’est attardé sur le terrorisme.  Ici, a-t-il tranché, l’ONU s’est avérée inefficace, avec ses 31 entités qui traitent de la lutte contre ce fléau.  Nous devons nous entendre sur la mise en place d’un coordonnateur, a-t-il estimé, en disant attendre l’initiative du Secrétaire général.  Il a espéré qu’il s’agira d’une feuille de route vers la Convention globale internationale contre le terrorisme international qui a en son cœur le principe juridique de « poursuivre ou extrader ».

Le représentant a conclu sur l’Afrique et rappelé la tenue, du 26 au 29 octobre en Inde, du troisième Sommet du Forum Inde-Afrique avec la participation annoncée de tous les 54 pays africains, soit le plus grand évènement diplomatique organisé par l’Inde depuis 1983. 

M. HIROSHI MINAMI (Japon) a réitéré l’engagement de son pays à soutenir le système des Nations Unies en général et les opérations de maintien de la paix, en particulier.  Le Japon va d’ailleurs élargir son implication dans ces opérations en se fondant sur une « Contribution proactive à la paix », a-t-il déclaré.  Évoquant la réforme du Conseil de sécurité, il a attiré l’attention sur la réunion que les leaders du G4 -Allemagne, Brésil, Inde, Japon- ont tenu le 26 septembre dernier ici à New York sur cette réforme.  Le G4, a-t-il dit, est déterminé à redoubler d’efforts pour parvenir à des résultats concrets pendant cette session de l’Assemblée générale.

Le Japon, a-t-il poursuivi, soutient totalement les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et pour ce qui est de l’Afrique, il a promis de mobiliser une somme de 32 milliards de dollars entre 2013 et 2017.  Le Japon, a assuré le représentant, attend avec impatience le Sommet de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD VI).  Abordant ensuite la question du désarmement nucléaire, il a annoncé que son pays présenterait à nouveau cette année un projet de résolution sur l’élimination complète des armes nucléaires.

Le représentant a conclu en soulevant la question des droits de l’homme, indiquant que son pays avait finalisé cette année un Plan d’action sur la participation et la protection des femmes, fondé sur la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité, dont le quinzième anniversaire est célébré cette année.  Il a déploré par ailleurs que la situation des droits de l’homme reste inchangée en République populaire démocratique de Corée, précisant que le Japon présenterait aussi cette année un projet de résolution sur cette question.  En concluant, le représentant a prévenu que son pays analysera soigneusement « l’adéquation et la rentabilité » du projet de budget programme 2016-2017 et demande d’ores et déjà que le Secrétariat jette « un regard neuf » sur les besoins réels de l’Organisation.  À cet égard, le représentant s’est félicité de l’engagement « fort et constant » du Secrétaire général en faveur d’une meilleure gestion du Secrétariat.

M. ILYA ADAMOV (Belarus) a dénoncé la focalisation excessive de certains programmes sur les droits de l’homme.  Il s’est interrogé sur l’Initiative « Les Droits avant tout » et le fait que le Secrétariat de l’ONU défend des idées qui ne font l’objet d’un consensus et ne prennent pas en compte les spécificités de chaque État Membre.  Il a aussi évoqué les problèmes « systémiques » dans le fonctionnement du Conseil de sécurité dont la composition pêche, entre autres, par un manque de diversité.  Le représentant a également exigé du Secrétariat une meilleure répartition géographique dans le recrutement des hauts fonctionnaires de l’ONU.

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a fait valoir qu’après 70 ans de fortes turbulences et de changements que n’auraient jamais imaginés les pères fondateurs de l’ONU, la paix et la sécurité restent impossibles sans un développement durable, équitable et inclusif au bénéfice de tous les peuples.  Les dirigeants du monde ont adopté un nouveau programme de développement pour les 15 prochaines années, afin d’éliminer la pauvreté mais le plus dur reste à faire.  Tout dépendra des ressources et de la qualité de la coopération internationale, a prévenu le représentant.

À cet égard, la Conférence de Paris contre les changements climatiques mettra encore à dure épreuve la capacité de l’humanité de garantir sa propre existence et celle des autres espèces.  Il faudra changer les modes de production et de consommation « qui reflètent aujourd’hui l’égoïsme et l’irrationalité du capitalisme libéral ».

À propos du désarmement, le délégué a estimé que la solution est l’interdiction complète des armes nucléaires et a regretté que la neuvième Conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération ne soit pas parvenue à un accord concret.  Les mécanismes dont dispose la communauté internationale se sont avérés insuffisants à ce jour pour en finir avec la menace nucléaire.

Pour Cuba, la démocratisation du Conseil de sécurité appelle une réforme radicale qui est toujours en suspens, alors qu’il faudrait une ONU plus démocratique et plus efficace dont les organes respectent les mandats qui leur sont conférés par la Charte, avec une Assemblée générale revitalisée et renforcée, exerçant pleinement ses attributions.

Le délégué a aussi appelé à la coopération internationale pour lutter contre les abus sur Internet, le cyber-terrorisme et la cybercriminalité.  La militarisation du cyberespace et l’emploi illégal des technologies de l’information et des communications pour agresser d’autres États est « inadmissible ».  En conclusion, a-t-il insisté, en ce soixante-dixième anniversaire, on a commencé à agir mais pas suffisamment pour protéger les générations présentes et futures du fléau de la guerre.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (Iran) a dit qu’aujourd’hui plus que jamais, nous devons renouveler notre foi dans les idéaux de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a ajouté que l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 coïncidait avec un moment où les défis du développement, de la paix et de la sécurité sont de plus en plus grands.  L’année écoulée a été une année de grandes réalisations mais aussi une « année de désespoir ».  Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont parvenus à leur terme et l’Iran et les principales puissances mondiales ont conclu l’accord sur le nucléaire iranien mais la situation notamment en Syrie et en Palestine a empiré.

Le représentant a souligné que l’accord sur le nucléaire iranien a prouvé que la diplomatie peut faire la différence.  Il a invité l’Assemblée générale à élargir cette expérience à d’autres défis.  L’Iran, a-t-il affirmé, est sincère dans son offre de dialogue régional pour la paix et la sécurité et le développement, mais tient au respect des principes que sont la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de chaque État.  Il a également exprimé sa grave préoccupation face à la situation en Lybie, en Syrie et au Yémen où les Nations Unies doivent s’impliquer davantage pour mettre un terme à la souffrance des populations.  Il a enfin regretté qu’à cause de l’opposition d’une « petite minorité », la Conférence sur le TNP n’ait pas atteint son objectif cette année.

Droits de réponse

Le représentant de l’Inde a répondu à son homologue du Pakistan en déclarant que « l’État du Cachemire a toujours été et demeurera partie intégrante de l’Inde ».  Il est ironique, a jugé le représentant, qu’une « initiative en quatre points » vienne d’un pays qui poursuit son occupation illégale.  Notant en outre que cette initiative a été présentée « hors contexte » pendant le débat général de l’Assemblée générale, le représentant l’a rejetée « dans son intégralité ».  Le Pakistan, a-t-il accusé, a violé le cessez-le-feu à plusieurs reprises ces dernières semaines dans des « actes de provocation ».  Le Président de l’Inde, a-t-il rappelé, a déjà proposé de s’assoir à la table des négociations.  Laissons nos ministres parler et traiter des questions en suspens dans un dialogue bilatéral.

Son homologue de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a répondu au Japon en disant que le souvenir de l’occupation de la Corée est toujours vivace.  Le Japon y a commis des crimes contre l’humanité et ce soixante-dixième anniversaire de l’ONU invite à réfléchir sur ce passé.  Nous sommes inquiets, a confié le représentant, de la tentative de faire revivre le militarisme japonais. 

Le représentant du Japon a répondu que pendant 70 ans, son pays a contribué à maintenir la paix et la sécurité dans la région et qu’il a créé un pays démocratique et libre.  Le Premier Ministre, M. Shinzo Abe, a-t-il rappelé, a exprimé en août dernier ses profonds regrets pour les exactions commises pendant l’occupation, y compris les exactions contre les femmes.

Répondant à l’Inde, son homologue du Pakistan a souligné que ce n’était pas son pays qui a mis fin au dialogue mais les autorités indiennes qui ont annulé le rendez-vous de l’an dernier.  La question du Cachemire doit être réglée sur la base des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il tranché.  Il a ajouté que le terrorisme est une menace commune contre laquelle nous devons lutter, reprochant à l’Inde d’avoir envenimé l’atmosphère.  Le rôle du Pakistan, a-t-il insisté, en matière de lutte contre le terrorisme a été reconnu par la communauté internationale.  Nous avons traduit en justice les personnes reconnues coupables d’actes de terrorismes mais il ne semble pas que l’Inde veuille en faire de même.

Le représentant de la RPDC a, une nouvelle fois répondu au Japon, en arguant qu’on ne peut nier ni effacer l’histoire.  Par ses déclarations, le Japon ne fait qu’essayer de cacher ses crimes odieux contre l’humanité.  Les autorités japonaises devraient plutôt tenir compte de ce que leur réclame la communauté internationale, a conclu le représentant. 

Son homologue du Japon a réitéré le fait que la situation des droits de l’homme est très préoccupante en RPDC comme en témoigne les décisions de l’Assemblée générale et du Conseil des droits de l’homme.  C’est une question d’actualité qui n’appartient pas au passé, a tranché le représentant.

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