Sommet mondial sur le développement durable: les délégations insistent sur les moyens de mise en œuvre et sur le lien entre progrès socioéconomiques et sécurité
Les chefs d’État, premiers ministres et ministres participant au Sommet mondial de trois jours qui a adopté, hier au Siège de l’ONU à New York, les 17 objectifs et 169 cibles du « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » ont insisté aujourd’hui sur les moyens de mise en œuvre, dont l’apport du secteur privé, et sur le lien entre progrès socioéconomiques et sécurité qu’il s’agisse des répercussions du conflit syrien ou des menaces terroristes.
La clef de la concrétisation des promesses faites dans le nouveau Programme de développement durable est l’attention qui sera accordée aux moyens de mise en œuvre, non seulement dans le Document lui-même, mais aussi dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, a prévenu, le Premier Ministre de Tonga, M. Samuela’Akilisi Pohiva. Bien appliqué, le Programme d’Addis-Abeba, adopté en juillet dernier, est de nature à nous éviter les désillusions des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a estimé, à son tour, le Président des Comores, M. Ikililou Dhoinine, après que son homologue du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba, eut imputé le bilan « mitigé » des OMD à l’inadéquation des mécanismes de financement proposés alors.
Le Président gabonais a aussi attribué les échecs à l’inadéquation avec les réalités structurelles et économiques des pays. « Nourris-toi selon la taille de ton estomac et habille-toi selon la taille de ton corps », a dit en écho le Président Xi Jinping, citant un proverbe chinois. Les pays, s’est-il expliqué, doivent pouvoir formuler leur propre stratégie de développement, en se fondant sur leur situation et leurs circonstances particulières. Sous les applaudissements de la salle, le Président chinois a annoncé la création d’un fonds d’aide à la coopération Sud-Sud doté d’un montant initial de 2 milliards de dollars. La Chine continuera par ailleurs à augmenter ses investissements dans les pays les moins avancés (PMA), avec l’objectif de parvenir à un total de 12 milliards de dollars d’ici à 2030, a-t-il assuré.
Le Koweït s’est également posé en champion de l’aide publique au développement (APD). L’Émir Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a rappelé que son pays alloue « depuis des années » 2,1% de son produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement. La Ministre de la coopération des Émirats arabes unis n’a pas été en reste. Mme Sheikha Lubna Bint Khalid Al Qassimi a affirmé que son pays est devenu le donateur le plus généreux au monde ces deux dernières années, consacrant plus de 0,7% de son PIB à l’APD.
D’autres initiatives, impliquant cette fois le secteur privé, ont été mises en exergue. Le Premier Ministre des Pays-Bas, M. Mark Rutte, a attiré l’attention sur la Charte néerlandaise post-2015, associant plus de 60 entreprises, universités et des organisations spécialistes du développement et en vertu de laquelle les brasseries Heineken installées en Afrique et au Moyen-Orient ont, par exemple, pris l’engagement de s’approvisionner en produits locaux à hauteur de 60%. Le commerce n’est pas une fin en soi, il est la voie du développement, a affirmé Mm Arancha Gonzalez, du Centre du commerce international, qui a plaidé pour « le chainon manquant » de la croissance inclusive que sont les petites et moyennes entreprises (PME), moteur des progrès dans tous les 17 objectifs de développement durable, en particulier ceux relatifs à la création d’emplois et à la réduction des inégalités.
L’action du secteur privé a aussi été soulignée par le Liban. Le Président du Conseil des ministres d’un pays, qui subit de plein fouet la crise des réfugiés syriens, a mis l’accent sur l’importance des envois de fonds de la diaspora. M. Tammam Salam a déclaré que les problèmes humanitaires causés par la présence d’1,2 million de Syriens constituent l’un des plus grands défis au développement du Liban. « Cette crise nous a coûté un tiers de notre PIB », a-t-il affirmé, jugeant que celle qui frappe l’Europe n’est que la répercussion directe de la faible réponse internationale au conflit syrien.
Imputant la fuite des Syriens au terrorisme et aux sanctions qui dégradent les conditions de vie, le représentant de la Syrie a déclaré que cette situation ne se serait jamais produite s’il n’y avait pas eu des politiques erronées de la part de certains États et un manque de vision d’autres. « L’afflux des migrants a fait prendre conscience à l’Union européenne, pourtant dotée de capacités économiques considérables, du fardeau qui accable la Jordanie », a renchéri le Ministre jordanien du plan et de la coopération internationale, M. Imad Najib Fakhoury.
Le Ministre des relations extérieures du Cameroun, M. Pierre Moukoko Mbonjon, dont le pays est visé par la secte Boko Haram et subit les contrecoups de l’instabilité en République centrafricaine, s’est réjoui que l’engagement renouvelé en faveur de la paix et des droits de l’homme constitue l’ossature du nouveau Programme de développement durable. Face aux urgences humanitaires complexes ou au terrorisme, les solutions nationales ne sont plus suffisantes, a acquiescé le Président mauritanien, M. Mohammed Ould Abdel Aziz. Grâce à l’appui de la communauté internationale, a assuré le Chef de l’État de la transition de la République centrafricaine, Mme Catherine Samba-Panza, le Gouvernement a pu créer un environnement favorable à la réconciliation nationale et à la reprise des activités socioéconomiques.
Le lien « intrinsèque » entre économie et écologie, a été souligné par le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. Kenny Davis Anthony, après que son homologue de Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, se fut félicité de constater que les priorités définies dans les « Orientations de Samoa » pour les petits États insulaires en développement fassent partie intégrante du Programme de développement durable et de celui d’Addis-Abeba sur le financement du développement. Cela n’a pas empêché le Premier Ministre de Sainte-Lucie de dénoncer la lenteur des négociations en prévision de la Conférence de Paris sur les changements climatiques, déplorant l’insuffisance des engagements pris jusqu’à présent et la « léthargie » dans la mise en place des outils de financement.
Le Sommet mondial sur le développement durable tiendra ses dernières séances demain, dimanche 27 septembre, à partir de 9 heures.
RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (4e, 5e & 6e séances)
Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes; Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire: Sommet des Nations Unies consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015: projet de résolution (A/70/L.1)
Déclarations
M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a plaidé pour une approche logistique dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « au lieu de s’attaquer isolément à chacun des objectifs ». Il a avoué l’inquiétude de son pays face au manque d’ambition de la communauté internationale s’agissant de la lutte contre le changement climatique. Ce péril demeure l’un des plus grands défis de notre temps en ce qu’il continue de menacer l’existence même de notre île et de saper nos efforts de développement, a-t-il dit. M. Waqa a exhorté les États Membres à parvenir à un instrument juridiquement contraignant à la Conférence sur le climat, qui se tiendra à Paris à la fin de l’année. Il a demandé que Nauru soit davantage protégé contre les évènements climatiques les plus dévastateurs, par le biais, notamment, du programme « 5-10-50 » du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) visant à aider les pays vulnérables à mettre en œuvre le Cadre de réduction des catastrophes post-2015. Assurant qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans des océans et des littoraux sains, productifs et résilients, M. Waqa a souligné que le Pacifique était la source de toutes les possibilités de développement de son pays. L’exploitation du phosphate et la pêche constituent le cœur de notre économie, a-t-il expliqué, et nous saluons le fait que l’Agenda 2030 ait fait de l’utilisation durable des ressources marines un objectif spécifique.
Le Prince Albert II de MONACO a rappelé que son pays avait fait sien le devoir de s’adapter aux défis d’un développement urbain durable. « Nous avons opté pour des solutions écologiquement rationnelles, notamment dans les domaines des transports et de l’efficacité énergétique, en privilégiant le cadre de vie et l’aménagement d’espaces verts et nous nous sommes fixés un objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de 50% à l’horizon 2030 par rapport à 1990 ». Rappelant que dans 15 ans, les trois quarts de la population mondiale vivront en zones urbaines et que les pays en développement compteront parmi eux la plus jeune population, le Prince a déclaré que Monaco était résolu à poursuivre l’effort de mobilisation auprès des jeunes, en leur offrant les opportunités nécessaires à leur réussite. Il a ajouté qu’il s’impliquerait personnellement en faveur d’océans sains et productifs, « régulateurs du climat et garants de services écosystémiques ». « Ayons le courage et donnons-nous les moyens de ne pas décevoir ceux qui voient toujours en l’océan une mer d’espoir », a-t-il conclu.
Pour M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, un nouveau chapitre de l’histoire du monde s’est ouvert hier avec l’adoption du Programme du développement durable à l’horizon 2030. « Un chapitre d’espoir et d’optimisme pour les peuples et la planète, pour un avenir où les valeurs démocratiques, le respect des droits de l’homme, l’état de droit et l’environnement sont au cœur du développement durable ». Ce programme illustre, selon lui, les principes et les valeurs d’un multilatéralisme efficace et d’une coopération étroite entre nations. C’est un engagement renouvelé de la communauté internationale pour achever la tâche des OMD et aller au-delà, a encore précisé le Président Anastasiades.
Chypre a activement participé au processus consultatif sur les objectifs de développement durable et leurs 169 cibles, et se félicite du programme ambitieux et inclusif, centré sur l’élimination de la pauvreté et le développement durable, qui vient d’être adopté. Le Président a relevé un changement d’attitude s’agissant des ressources naturelles et la manière dont on les utilise dans le monde. Il a salué le fait que les personnes, leur prospérité et leur développement soient au cœur du nouveau Programme. La paix et la stabilité sont toutefois des conditions essentielles au succès de ce Programme, a-t-il poursuivi. S’agissant des changements climatiques, il lui a semblé essentiel de parvenir à un accord juridiquement contraignant à la Conférence de Paris. En effet, pour M. Anastasiades, les changements climatiques représentent un défi mondial prioritaire compte tenu de l’impact grave et pluridimensionnel qu’ils ont sur l’humanité et la planète.
M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré que les problèmes environnementaux relèvent d’une responsabilité collective et qu’il n’était pas possible d’envisager la paix et la sécurité aujourd’hui sans coordination avec les autres États. « Une destinée commune exige un objectif commun, ce qui ne signifie pas que les responsabilités sont toutes les mêmes », a-t-il souligné. Il serait impossible selon lui de réaliser les objectifs de développement durable sans prendre en considération les responsabilités qui incombent aux autres États, a poursuivi le Chef d’État. Pour M. Rouhani, la région de l’Asie occidentale ne fait pas seulement face à un problème de réchauffement et de sécheresse récurrent, mais aussi au terrorisme et à la violence extrémiste. Ces facteurs conjugués ont un impact regrettable sur l’environnement, a-t-il observé. Pour sa part, après avoir contribué de manière sérieuse à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’Iran s’est impliqué dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, a indiqué le Président. « Parallèlement, notre gouvernement s’est doté de politiques équilibrées entre développement économique et protection environnementale », a souligné M. Rouhani, assurant être prêt à promouvoir le développement durable de la région par le biais d’une « diplomatie environnementale ».
M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a défendu le bilan de son pays en matière d’OMD. Il a ainsi indiqué que le Mozambique scolarisait désormais au primaire 80% de ses enfants, l’accent ayant été mis sur la scolarisation dans les zones rurales les plus reculées. Il a ajouté que, depuis 2000 et l’adoption de la Déclaration du Millénaire, le pays avait réduit drastiquement la mortalité infantile: « nous sommes passés d’un décès d’enfant de moins de 1 an sur 100 naissances à 1 sur 1 000 naissances », a-t-il précisé. M. Nyusi a expliqué ces réussites par la mise en œuvre volontaire de programmes nationaux de développement social et humain. « Le Gouvernement va poursuivre ses efforts sur le front de la santé sexuelle et reproductive et les droits des adolescents et des jeunes, afin d’accroître l’espérance de vie », a-t-il également indiqué. Concluant son intervention, il a réitéré l’attachement de son pays aux principes des Nations Unies.
M. HASSANAL BOLKIAH, Sultan et Yang Di Pertuan de Brunéi Darussalam, a reconnu qu’il n’avait pas été facile de parvenir à un plan d’action mondial acceptable par toutes les nations, et s’est félicité de l’adoption du programme de développement durable pour l’après-2015. Saluant les progrès faits jusque-là dans la réalisation des OMD, il a toutefois noté qu’il s’agissait d’un bilan mitigé et qu’il était important que le nouveau Programme s’inscrive dans le prolongement des OMD. Ce nouvel Agenda, centré sur l’être humain, inclusif et global nécessite, à ses yeux, un renforcement à la fois des actions individuelles et collectives des États, ainsi qu’un partenariat axé sur la mise en place des capacités, et le partage des expériences et des meilleures pratiques. À ce titre, le Sultan a réaffirmé l’importance que son pays accorde à la coopération bilatérale et multilatérale et a annoncé son intention de renforcer les relations du sultanat avec les différentes agences des Nations Unies en vue de soutenir les plans de développement nationaux dans l’esprit des objectifs de développement durable. Il a également espéré que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sera en mesure de mettre en place sa communauté cette année et qu’elle adoptera sa propre vision complémentaire du programme mondial. Il s’agit aujourd’hui de se consacrer à la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable, en mettant le développement durable au cœur de tous les efforts et avec une attention particulière sur les jeunes, a encore précisé le Sultan.
M. CHOUMMALY SAYASONE, Président de la République démocratique populaire lao, a reconnu qu’au cours des 15 dernières années, des progrès sensibles avaient été enregistrés vers les OMD. Toutefois, a-t-il dit, il reste beaucoup à faire, comme en témoigne le chiffre de 800 millions de personnes qui continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté, une situation aggravée par l’expansion des conflits à travers le monde et la récurrence de catastrophes naturelles. Mon pays, a dit le Président, a adopté un plan qui met l’accent sur la réduction de la pauvreté et l’accès universel à l’éducation. Ainsi, s’est félicité M. Sayasone, le taux de scolarisation primaire a été de 98,5% en 2014 contre 84% en 2005. En outre, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a adopté le principe de la gratuité des soins de santé. Le Programme de développement durable adopté hier par le Sommet revêt une importance capitale aux yeux des pays les moins avancés (PMA), a assuré le Chef d’État. Il a affirmé en conclusion que son gouvernement était déjà engagé dans l’intégration de nombreuses cibles des objectifs de développement durable à son programme quinquennal 2016-2020, en vue de faire sortir le pays de la catégorie des PMA d’ici à 2020.
Pour Mme PARK GEUN-HYE, Présidente de la République de Corée, l’adoption du Programme de développement durable marque une étape importante vers un monde qui ne laisse personne à la traîne et un avenir dans lequel l’homme et la nature coexistent harmonieusement. Cet avenir doit être, selon lui, plus que de simples idées. Il doit se traduire en objectifs concrets à atteindre dans notre propre intérêt mais aussi celui des générations futures. « Nous avons une responsabilité historique envers les générations à venir et devons faire de notre mieux pour mettre en œuvre, de bonne foi, les 17 objectifs du Programme », a insisté Mme Park.
À ce titre, elle a fait un certain nombre de recommandations visant notamment à ce que les pays mobilisent toutes les ressources nécessaires pour la réalisation des objectifs dans la mesure où ces derniers sont à la fois un investissement dans l’avenir et un moteur des changements sociaux. Cela suppose des stratégies de mise en œuvre qui tiennent compte des circonstances nationales. Elle a également plaidé pour la bonne gouvernance et la démocratie, l’état de droit, les droits de l’homme et l’égalité des sexes qui, selon lui, constituent les bases institutionnelles de réalisation des objectifs de développement durable. Nous sommes dans un effort collectif où gouvernements, secteur privé et société civile doivent travailler main dans la main, a encore insisté Mme Park avant de passer en revue les différentes initiatives lancées en République de Corée qui s’inscrivent d’ores et déjà dans le nouveau Programme qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, du développement rural mais surtout de l’aide au développement. À ce titre, la République de Corée continuera à soutenir activement le Partenariat mondial pour une coopération efficace dans le domaine du développement (GPEDC) et a l’intention de devenir membre de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA). En conclusion, la Présidente a mis l’accent sur l’importance des mécanismes de suivi et d’évaluation des objectifs de développement durable.
M. AGILA SALEH ESSA GWAIDER, Président de la Chambre des représentants et Chef d’État par intérim de la Libye, a estimé que la mise en œuvre du Programme de développement durable adopté hier pouvait se heurter à de nombreux problèmes, à commencer par des défis d’ordre sécuritaire. « Il ne peut y avoir de développement sans sécurité ni sécurité sans développement », a-t-il rappelé, soulignant la nécessité pour la communauté internationale de coopérer dans la lutte contre le terrorisme et de se pencher sur les causes profondes de ce phénomène plutôt que de s’en prendre à ses manifestations. Selon M. Gwaider, la Libye a redoublé d’efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), mettant tout en œuvre pour les intégrer dans les plans de développement, une volonté contrariée par l’instabilité politique et l’insécurité qui secouent le pays. Les autorités libyennes comptent pouvoir rétablir la sécurité et la stabilité pour pouvoir développer un plan national de développement à long terme, conforme au Programme de développement durable, aux spécificités religieuses et culturelles et aux priorités nationales. Le Président a donc tenu à souligner les réserves de son pays face à « certains des objectifs, cibles et interprétations de quelques concepts contenus dans le document ». Il a demandé que ces « réserves et interprétations » soient vues comme un « élément essentiel » de la position de la Libye sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il n’a pas manqué d’appeler les pays qui abritent les fonds détournés par l’ancien régime d’aider son gouvernement à les récupérer, pour son peuple et le financement du développement et des infrastructures.
Cheik SABAH AL-AHMAD AL-JABER AL-SABAH, Émir du Koweït, a déclaré que la mise en œuvre des objectifs de développement durable nécessitait des États qu’ils se montrent créatifs dans la mobilisation des ressources. Le financement du développement durable doit être prévisible et adapté à l’évolution des besoins d’ici à 2030, a-t-il souligné. Il a également indiqué que son pays continuerait d’exhorter les États à honorer leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD). Le Koweït alloue depuis des années 2,1% de son PIB à cette aide et a organisé un nombre considérable de conférences de haut niveau sur les questions économiques, humanitaires et de développement, a-t-il ensuite rappelé. Ajoutant que le Koweït était à l’origine de nombreuses initiatives, dont le Fonds koweïtien pour le développement économique des pays arabes, l’Émir du Koweït s’est réjoui de ce que son pays ait été classé, en 2014, en tête des pays fournisseurs d’assistance humanitaire dans le rapport annuel de « Global Development Initiative ».
M. RAÚL CASTRO RUZ, Président des Conseils d’État et de Ministres de Cuba, a estimé que les moyens mis à la disposition du Programme de développement durable, « sans engagements quantifiables », « ni calendriers qui plus est », ne sont pas proportionnels à la portée de ses 17 objectifs. « Si nous voulons bâtir un monde habitable, nous devrions adopter au plus tôt des engagements tangibles en aide au développement, régler le problème de la dette qui a déjà été payée plusieurs fois, mettre en place une autre architecture financière internationale, éliminer les monopoles dans la technologie et les connaissances, et changer l’ordre économique mondial en place. » Pour lui, les pays industriels doivent accepter leurs responsabilités « historiques » et mettre en pratique le principe de la « responsabilité commune mais différenciée ». On ne saurait prétexter du manque de ressources, a-t-il dit, quand on sait que les dépenses militaires mondiales se chiffrent chaque année à des milliards de dollars, au point que le développement et la paix ne seront possibles sans une réduction de ces dépenses. S’il s’est félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre son pays et les États-Unis, M. Castro a déclaré qu’il n’en restait pas moins que le blocus économique, financier et commercial était maintenu, constituant un obstacle majeur au développement de l’île.
M. XI JINPING, Président de la Chine, a jugé prioritaire de renforcer les capacités nationales de développement. Après tout, le développement est le travail des nationaux. Citant un proverbe chinois, le Président a dit: « Mange selon la taille de ton estomac et habille-toi selon la taille de ton corps ». En effet, les pays doivent pouvoir formuler leur propre stratégie de développement adaptée à leur situation et à leurs circonstances particulières. Dans ce contexte, la communauté internationale doit contribuer au renforcement de leurs capacités. Le Président a estimé qu’i faut aussi améliorer l’environnement international du développement. Les institutions financières doivent embrasser la réforme de leur gouvernance et les agences multilatérales de développement, faciliter l’accès aux ressources. Il faut également, a poursuivi le Président, actualiser le partenariat au développement. Les pays développés doivent tenir leurs engagements et la communauté internationale doit, tout en maintenant le rôle de la coopération Nord-Sud comme « canal principal », renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération tripartite, sans oublier d’encourager le secteur privé et les autres parties prenantes à jouer un plus rôle actif.
Enfin, le Président a plaidé pour qu’on renforce les mécanismes de coordination. Les pays doivent améliorer leur politique de coordination macroéconomique pour éviter les débordements négatifs. Les organisations régionales doivent accélérer leur processus d’intégration et améliorer leur compétitivité, en tirant parti de leurs avantages comparatifs. En la matière, l’ONU doit jouer un rôle de chef de file. Le Président a annoncé la création par son pays d’un fonds d’aide à la coopération Sud-Sud doté d’un montant initial de 2 milliards de dollars. La Chine continuera par ailleurs à augmenter ses investissements dans les pays les moins avancés (PMA), avec l’objectif de parvenir à un total de 12 milliards de dollars d’ici à 2030. Elle poursuivra sa politique d’effacement de la dette en faveur des PMA, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement. La Chine entend aussi créer un centre d’excellence sur le développement durable et encourager des discussions sur la création sur Internet d’une page dédiée à l’énergie pour jeter un pont entre la demande énergétique et les alternatives vertes et propres qui existent.
M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a déclaré que contenir l’émission des gaz à effet de serre permettrait de mobiliser les ressources nécessaires au financement du Fonds vert pour le climat, de soutenir les efforts d’adaptation aux changements climatiques et de contribuer au transfert des technologies adaptées aux besoins des pays cibles. Le Président sénégalais a appelé les États à taire leurs égoïsmes nationaux et a souhaité que la mise en œuvre du nouvel agenda des objectifs de développement durable soit accompagnée d’un renforcement de la lutte contre l’évasion fiscale et du financement des infrastructures indispensables au développement à long terme. En ma qualité de Président du Comité d’orientation du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), je renouvelle l’appel de l’Afrique à la mise en œuvre de l’initiative CONNEX du G7 sur le soutien aux pays en développement dans les négociations de contrats complexes, en particulier ceux relatifs à l’industrie extractive, a souligné M. Sall.
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente pour M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, une promesse aux générations futures que « nous tiendrons ensemble de notre mieux afin de leur laisser un monde plus prospère grâce au développement durable ». Pour cela, il a estimé qu’il va falloir tirer les leçons des OMD, qui, malgré leurs succès réels, n’ont pas pu venir à bout des inégalités et de la pauvreté dans le monde. « Le travail reste inachevé et il va falloir intensifier nos efforts et booster nos responsabilités partagées conformément aux capacités nationales pour pouvoir aller de l’avant avec le nouveau Programme de développement durable », a estimé M. Kalla. Il a également passé en revue les actions menées en Indonésie en termes d’objectifs de développement durable, et notamment le fait que son pays a réussi à faire baisser de plus de la moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté.
Enfin, le Vice-Président a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le partenariat mondial qui doit être inclusif, tout en tenant compte des spécificités nationales et des priorités de développement de chaque pays. À ce titre, il a exigé que les engagements pris en termes d’APD soient honorés et a proposé de lier les mécanismes de financement du développement à des structures de partage des connaissances et de transfert de technologies. Enfin ce partenariat devrait s’étendre, selon lui, aux acteurs non étatiques, à la société civile, au secteur privé et au monde philanthropique. Le Vice-Président a en effet insisté sur la notion de « responsabilité sociale », avant d’insister aussi sur le fait que sans paix, entre États et au sein des États, il ne peut y avoir de développement et que, par conséquent, la prévention des conflits et la reconstruction postconflit devraient être une priorité de l’Agenda mondial.
M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce du Samoa, s’est félicité de constater que les priorités définies dans les Orientations de Samoa pour les petits États insulaires en développement faisaient partie intégrante des objectifs de développement durable. Il a réaffirmé ce qui avait été reconnu lors de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement d’Addis-Abeba, à savoir que ce groupe de pays a des besoins de développement durable spécifiques et des vulnérabilités intrinsèques liées à des facteurs indépendants de leur volonté. Le Chef de Gouvernement s’est aussi déclaré convaincu de la nécessité de reconnaître que des approches différenciées sont nécessaires en fonction des réalités nationales pour garantir le succès du programme de développement pour l’après-2015. Pour sa part, le Samoa s’est fait le champion des partenariats dans l’espoir de mettre en œuvre les priorités inscrites dans le programme adopté hier. « Notre prochaine stratégie quinquennale débutera en 2016, et s’appuiera sur les Orientations et les objectifs de développement durable pour mettre notre pays sur la voie du développement », a-t-il assuré en conclusion.
M. MARK RUTTE, Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, a attiré l’attention sur le rôle du secteur privé de son pays dans le financement à long terme de projets de développement. L’an dernier, a-t-il indiqué, plus de 60 partenaires économiques de mon gouvernement ont signé la Charte post-2015, une initiative associant les entreprises néerlandaises, les universités et autres organisations spécialisées dans le développement. M. Rutte a donné comme exemple l’engagement pris par les brasseries Heineken installées en Afrique et au Moyen-Orient de s’approvisionner en produits locaux à hauteur de 60%. Le Gouvernement appuie ces efforts en formant les fermiers du cru, a ajouté M. Rutte, expliquant qu’au Burundi un partenariat similaire avait permis à 18 000 fermiers de toucher des revenus réguliers. Le Premier Ministre néerlandais a également évoqué la création du Fonds d’assurance santé, un organisme public-privé soutenu par certaines des plus importantes compagnies d’assurance néerlandaises. Rien qu’en 2014, le Fonds a fourni une assurance médicale et agricole à quelque 460 000 habitants de pays subsahariens, s’est-il réjoui. Il a par ailleurs ajouté que le projet Amsterdam initiative Against Malnutrition, qui associe le Gouvernement, des ONG mais également des multinationales du secteur alimentaire, fournissait désormais un meilleur accès aux aliments nutritifs à 26 millions de personnes. En conclusion, M. Rutte a fait observer que l’engagement de son pays à promouvoir le développement dans le cadre prévu par l’ONU était l’une des principales raisons pour lesquelles les Pays-Bas brigueront un siège au Conseil de sécurité en 2017.
Pour M. PAKALITHA B. MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, la fin du cycle des OMD marque un espoir nouveau quant à un engagement fort en vue de finir le travail engagé en 2000. Le nouveau Programme de développement durable est un « agenda pour la croissance au XXIe siècle », un plan d’action pour mettre un terme à la pauvreté partout dans le monde qui place l’être humain au centre des actions. Les 17 objectifs de développement durable, qui sont intégrés et indissociables, sont la preuve de l’ambition et de l’universalité du Programme, a-t-il estimé. Compte tenu de la large portée de ces nouveaux objectifs, il s’est dit rassuré de voir que les moyens de leur mise en œuvre, tels qu’ils figurent dans le document final, sont à la hauteur des ambitions, s’agissant du financement, du transfert des technologies, de la mise en place des capacités requises et de la collecte des données statistiques pour pouvoir mesurer efficacement les progrès réalisés. Avant de conclure, le Premier Ministre a lancé un appel pour que ce Programme ambitieux soit traduit dans les plans de développement nationaux pragmatiques et viables dotés des moyens nécessaires. « Sans une véritable volonté politique de tous les dirigeants du monde, la réalisation des objectifs de développement durable ne sera qu’un mirage lointain », a averti le Premier Ministre pour lequel il ne s’agit pas d’une option mais d’un impératif de notre temps.
M. SIGMUNDUR DAVID GUNNLAUGSSON, Premier Ministre de l’Islande, a attiré l’attention des États Membres sur le lien étroit entre sécurité, développement et droits de l’homme, illustré de manière saisissante par la situation des migrants à travers le monde. Pour son gouvernement, les objectifs de développement durable constituent un défi majeur dont la mise en œuvre exigera un engagement et une énergie de tous les pays et de tous les peuples. M. Gunnlaugsson s’est félicité de ce que l’Islande ait d’ores et déjà fait une réalité de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles. Dans ce contexte, il a exhorté hommes et garçons à s’impliquer activement dans la « bataille » en faveur de la parité, pour laquelle le Parlement islandais a garanti un financement adéquat. Il a également expliqué que son pays était pratiquement autosuffisant dans le domaine des énergies renouvelables tout en continuant de partager son expertise en matière de géothermie avec un certain nombre de pays en développement.
M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a salué le fait que la nouvelle feuille de route soit universelle, aucun pays ne pouvant se soustraire à sa responsabilité en matière de développement durable. « Cependant, l’engagement seul des gouvernements ne suffit pas. Des efforts sont nécessaires à tous les niveaux, dans tous les secteurs et par tous les acteurs », a, à son tour, souligné M. Lӧfven. À cet égard, il a expliqué que la Suède avait lancé une initiative aux côtés de 10 dirigeants internationaux au sein d’un groupe de soutien de haut niveau visant à imprimer un véritable élan à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Liant égalité et développement, il a affirmé que promouvoir l’égalité générerait du talent et des ressources. Les emplois décents pour tous renforcent la compétitivité et le développement de solutions nouvelles aux émissions de gaz à effet de serre fait que « nous enrayerons les changements climatiques et créeront de nouveaux emplois ». M. Lӧfven a rappelé que son pays demeurait le principal bailleur de fonds au Fonds vert pour le climat et qu’il restait fidèle à l’objectif d’1% de son revenu national brut à l’APD.
M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a mis l’accent d’emblée sur la nécessité de faciliter la transition entre les objectifs du Millénaire pour le développement et les objectifs de développement durable, en rappelant que l’adoption des OMD en 2000 avait été véritablement « révolutionnaire » dans la mesure où, pour la première fois, on adoptait un langage commun pour affronter les défis mondiaux. En Géorgie, les OMD ont été un outil de discussion, de priorisation et d’orientation dans le domaine du développement et, selon lui, les objectifs de développement durable vont donner un nouvel élan à cette dynamique et à ces efforts. Il faut faire en sorte que ce nouveau Programme de développement jouisse du plus large soutien possible du grand public.
Le Premier Ministre a mis l’accent sur l’objectif 7 qui vise l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable. À ce titre, il a expliqué que depuis 2007, la Géorgie est devenue un exportateur net d’électricité grâce à une réforme majeure de son secteur électrique. L’objectif 9, qui a trait à la mise en place d’une infrastructure résiliente et à la promotion d’une industrialisation durable qui profite à tous, est également une des priorités de la Géorgie qui mise sur des petites et moyennes entreprises dans l’agriculture et l’industrie.
Enfin l’objectif 16, qui porte sur la promotion de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, l’accès de tous à la justice et la mise en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes, fait également partie des objectifs prioritaires du Premier Ministre qui estime que la réalisation de cet objectif repose sur la bonne gouvernance, la transparence et l’accès à l’information publique. Le Gouvernement est en train de finaliser la nouvelle loi consolidée sur la liberté d’information. Tous ces objectifs devront également s’appliquer « aux deux territoires sous occupation étrangère », a encore précisé le Premier Ministre.
M. SAMDECH AKKA SENA PADEI TECHO HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a estimé qu’un nouveau chapitre de l’humanité s’ouvrait avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui s’inscrit dans le prolongement des OMD. À ce titre, il a passé en revue les transformations significatives qu’a connues le Cambodge au cours des 20 dernières années notamment en termes de paix et de stabilité politique ainsi que de croissance économique qui se situe autour de 7,7% par an. Le pays a également atteint l’OMD relatif à la réduction de la pauvreté extrême passant de 53% en 2004 à 16% en 2013. Le Ministre s’est dit confiant que son pays parviendrait à réaliser les autres OMD d’ici à la fin de l’année. En tant que pays en transition vers le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2016, le Cambodge accueille favorablement les nouveaux objectifs de développement durable qui faciliteront cette transition. Toutefois, le pays tient à incorporer « le déminage » comme objectif supplémentaire aux objectifs de développement durable pour qu’ils reflètent pleinement la réalité sur le terrain, a expliqué le Premier Ministre dont le Gouvernement appuie le Programme d’action sur le financement du développement adopté, cette année, à Addis-Abeba.
Il demande néanmoins à pouvoir bénéficier d’une « extension » du soutien financier dont il bénéficie en tant que PMA, en attendant de consolider son nouveau statut de pays à revenu intermédiaire. Le succès du nouveau Programme de développement durable passe par une mobilisation des ressources, et, pour cela, le Premier Ministre a exhorté les donateurs à honorer l’engagement de consacrer 0,7% du revenu national brut à l’APD et de 0,15% à 0,2% pour les PMA. Le Premier Ministre a également mis l’accent sur l’importance des partenariats entre tous les acteurs du développement, y compris bilatéraux et multilatéraux, le secteur privé et les autres acteurs du développement.
M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a noté avec satisfaction que les objectifs de développement durable 13 et 14 portaient sur le changement climatique et sur les océans et les mers, respectivement, deux sujets d’importance particulière pour un petit pays insulaire en développement comme le sien. Qualifiant de « menace existentielle » le changement climatique, M. Harris a fait état d’une réalité préoccupante marquée par l’érosion progressive du littoral de l’archipel et une sécheresse persistante, ce qui a conduit au rationnement de l’eau. Il a également mis en cause la pollution, la dégradation des récifs de corail, ainsi que la surpêche, alors que Saint-Kitts-et-Nevis dépend étroitement des ressources halieutiques à l’intérieur de son plateau continental. Dans un tel contexte, le pays consent des investissements significatifs dans les sources d’énergies renouvelables, notamment géothermique, éolienne et solaire, et s’est doté d’un cadre législatif destiné à préparer le pays à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, que le Premier Ministre a comparé à une véritable feuille de route quotidienne pour son gouvernement et pour son peuple. Toutefois, a-t-il prévenu, une assistance internationale sera indispensable à l’appui de ces efforts. À cet égard, a ajouté M. Harris, une attention devrait être accordée aux propositions des ministres des finances du Commonwealth, qui préconisent des « stratégies innovantes pour aider les petits États insulaires en développement à avoir accès aux sources de financement internationales ».
M. TAMMAM SALAM, Président du Conseil des ministres du Liban, a déclaré d’emblée que les problèmes humanitaires provoqués par la crise des réfugiés syriens constituaient l’un des plus grands défis au développement de son pays. Le Liban, pays de 4 millions d’habitants, le plus petit de la région, fait les frais du déplacement forcé des Syriens, a-t-il lancé, rappelant que le Liban accueille sur son sol plus de 1,2 million de ressortissants syriens, « soit l’équivalent d’un tiers de notre population ». M. Salam s’est ainsi attardé sur l’impact dévastateur de cette crise sur le développement, l’activité économique et le progrès social et environnemental du Liban. Cette crise nous a coûté un tiers de notre PIB, a-t-il dit avant de juger que la crise des réfugiés qui sévit à présent en Europe était une répercussion directe de la faiblesse de la réponse initiale de la communauté internationale aux conséquences du conflit syrien.
M. Salam a salué le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaisse que les déplacements forcés de populations résultent de l’escalade de la violence, de l’extrémisme et du terrorisme. « Nous devons renforcer les capacités de résilience des communautés d’accueil, en particulier dans les pays en développement », s’est-il exclamé. M. Salam a précisé qu’au Liban, la résilience était directement liée aux efforts du secteur privé ainsi qu’aux envois de fonds de la diaspora libanaise. « Il serait utile de revoir les restrictions inutiles pesant sur ces envois de fonds », a-t-il considéré à cet égard, fustigeant les coûts élevés des transferts qui pénalisent directement les destinataires. « Ces restrictions affectent la consommation, qui est une des principales composantes du PIB et, par conséquent, l’un des moteurs du développement de nos nations », a insisté M. Salam.
M. RUI MARIA DE ARAÚJO, Premier Ministre du Timor-Leste, s’est déclaré particulièrement fier d’avoir participé à l’élaboration du Programme de développement durable et s’est engagé à remplir le rôle qui revient à son pays dans sa mise en œuvre. Il a annoncé que le Conseil des ministres timorais avait d’ores et déjà approuvé les objectifs, ouvrant la voie à leur opérationnalisation dans le contexte du Plan de développement stratégique. « Notre vision est celle de la transition du pays à faible revenu que nous sommes à un pays à revenu intermédiaire, avec une population en bonne santé, bien éduquée et en sécurité d’ici à 2030 », a-t-il annoncé. Avec de telles fondations, nous pouvons et continuerons à consolider notre économie et à créer davantage d’emplois décents pour notre peuple, a poursuivi le Premier Ministre, qui a encouragé en conclusion tous les pays à faire leur le Programme de développement durable adopté hier.
M. FRANCOIS L. FALL, Ministre d’État et Ministre des affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger, a notamment indiqué que son pays s’était engagé à faire de l’autonomisation des femmes et de l’emploi-jeunes un levier du développement national. Il a expliqué que d’importantes sommes avaient été mobilisées pour permettre aux femmes d’accéder au microcrédit et aux jeunes de bénéficier de formations et d’emplois décents. « Naturellement, les services de santé dont la fragilité s’est illustrée lors de la gestion de la crise sanitaire Ebola bénéficieront d’une grande attention afin d’accroître leurs capacités de riposte aux pandémies », a-t-il ajouté. M. Fall a ensuite souligné le lien entre développement durable et protection de l’environnement, souhaitant que la vingt et unième Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) débouche sur un instrument juridiquement contraignant « garant » de l’avenir « radieux » des générations futures.
M. MANUEL DOMINGOS VICENTE, Vice-Président de l’Angola, a souligné la nécessité de financer, par le biais de mécanismes concrets, la réalisation des objectifs de développement durable, afin de permettre à ceux-ci d’être des catalyseurs efficaces des politiques publiques et des bonnes pratiques tenant compte des réalités de chaque pays. Il a ajouté, qu’à ce titre, l’Angola mettrait en œuvre, « en l’interprétant à l’aune de ses valeurs, de ses lois nationales et de ses priorités en matière de développement », le Programme de développement durable à l’horizon 2030. M. Vicente a réaffirmé la volonté politique de son gouvernement de contribuer activement à l’accroissement de la représentation des femmes à tous les niveaux de décision, cela dans le cadre de la campagne « Parité 2030: avancer plus vite vers l’égalité des sexes ».
Mme RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a déclaré que des efforts importants devraient être consentis par l’ensemble de la communauté internationale. Elle s’est déclarée convaincue de la nécessité de garantir l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive, mais aussi de changer les modes de production et de consommation qui prévalent dans le monde aujourd’hui. La Ministre a également plaidé pour un changement des règles du commerce international. Si nous n’avons pas un environnement sain, s’est-elle demandé, comment pourrons-nous envisager un développement durable? Les mesures prises au niveau mondial pour atténuer les effets du changement climatique n’empêchent pas l’Uruguay d’agir au niveau national, a assuré la Ministre, pointant toutefois la responsabilité qui revient aux plus grands pollueurs. Notre pays, a-t-elle affirmé, a été pionnier dans la reconnaissance de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et c’est la raison pour laquelle elle se félicite que cette cible figure bien dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui ne se réalisera, a-t-elle prévenu, que si nous reconnaissons l’universalité de tous les objectifs, mais aussi la diversité des moyens d’y parvenir.
M. IBRAHIM AHMED GHANDOUR, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a annoncé que son pays avait d’ores et déjà pris des mesures pratiques pour intégrer les objectifs de développement durable, adoptés hier, dans son cadre de développement et ses politiques économiques nationales. Le Soudan compte aller plus loin dans la mise en œuvre du nouveau Programme grâce à des partenariats publics-privés et à la société civile, tout en comptant sur le rôle constructif des Nations Unies et de la communauté internationale. Pour M. Ghandour, il est toutefois important que la mise en œuvre du Programme tienne compte du droit interne et des pratiques religieuses, culturelles et sociales du peuple soudanais. Le Ministre a tenu à mettre l’accent sur le fait que le développement durable ne peut se faire sans la paix, et a affirmé que son gouvernement s’était engagé sur cette voie, avec le soutien de l’Union africaine. Il a dénoncé les sanctions unilatérales, les mesures coercitives et les embargos commerciaux et financiers imposés à certains pays en développement, dont le sien, qui sont un frein au développement. Après avoir exigé leur levée immédiate, le Ministre a abordé le problème de la dette étrangère et a demandé un compromis et un accord mutuel entre les parties concernées.
Le Ministre a insisté sur l’importance d’un partenariat mondial constructif pour la réalisation du Programme, tel que le souligne le Programme d’action d’Addis-Abeba. Pour lui, la mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation des 17 objectifs restera « un défi » pour tous. Déclarant pour conclure que « la pauvreté ici menace la prospérité partout », il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse preuve de la solidarité nécessaire face aux défis majeurs de l’humanité et maintienne son engagement dans le prolongement des OMD.
M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, s’est félicité de l’engagement de la communauté internationale de placer, à travers le Programme de développement durable, l’éradication de la pauvreté comme objectif principal. Il a ensuite appelé à la mise en place des infrastructures de transport, d’énergies, sociosanitaires et agricoles et a dit attendre avec beaucoup d’intérêt l’opérationnalisation du Mécanisme de facilitation et de transfert des technologies. Nous devons assurer le renforcement des capacités de résistance aux chocs extérieurs et climatiques par le soutien aux initiatives telles que la réalisation du programme Grande Muraille verte au Sahel et au Sahara, a poursuivi le Ministre. Il a également rappelé que le lac Tchad, qui est une source de survie pour plus de 30 millions d’habitants, était en danger d’assèchement.
« Nous ne saurons parler de développement sans prendre en compte la dimension paix et sécurité », a-t-il dit, jugeant que sans celle-ci la mise en œuvre du nouveau Programme sera difficile. « L’universalité de l’Agenda 2030 ne peut se réaliser sans un engagement pour la mise en œuvre efficace de tous les objectifs et cibles du développement durable. » Estimant que la mobilisation des ressources domestiques ne sera pas suffisante, le Ministre des affaires étrangères du Tchad a souligné que la communauté internationale devra mobiliser « les moyens financiers et non financiers adéquats ». Enfin, il a affirmé que son pays avait pris des dispositions pour mettre en cohérence la vision « Tchad horizon 2030 » avec le Programme.
M. PIERRE MOUKOKO MBONJO, Ministre des relations extérieures du Cameroun, qui lisait une déclaration du Président PAUL BIYA, a attiré l’attention sur le fait que son pays, qui a connu la stabilité et la paix pendant des décennies, était confronté à l’insécurité provoquée par le désordre régnant en République centrafricaine et les attaques de Boko Haram. « Ces agressions ont eu pour conséquences de perturber la vie économique et sociale des régions concernées, d’y instaurer un climat d’insécurité et de provoquer un afflux de centaines de milliers de réfugiés », a-t-il souligné. M. Moukoko Mbonjo s’est ainsi réjoui que l’engagement renouvelé des Nations Unies en faveur de la paix, de la sécurité et des droits de l’homme constitue l’ossature du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030. Ce Programme, a-t-il ajouté, a le mérite d’affirmer que personne ne sera laissé pour compte. Je renouvelle ici la proposition du Cameroun de voir créer une instance internationale d’éthique chargée de promouvoir entre les nations et à l’intérieur de celles-ci des valeurs humaines fondamentales et universelles, a-t-il conclu.
M. CHRISTIN PARADIS, Ministre du développement du Canada, s’est félicité de ce que les objectifs de développement durable consacrent la réduction de la pauvreté comme une priorité. Il a souligné la nécessité de faire des progrès suffisants s’agissant de la santé des femmes, exprimant sa satisfaction quant à la prise en compte de cette question dans les objectifs. La communauté internationale a dû réfléchir à de nouvelles formes de mobilisation des ressources à l’appui des objectifs de développement durable, qui combinent des sources de financement publiques et privées, a rappelé le Ministre canadien, qui a indiqué que son pays avait soutenu le développement de nouvelles plates-formes de levée de fonds. Cela est crucial pour canaliser les milliards de dollars nécessaires à la réalisation des objectifs dans le monde entier, a-t-il ajouté. Grâce à des modèles de financement innovants et mixtes, les objectifs de développement durable pourront être réalisés, a assuré le Ministre.
M. IMAD NAJIB FAKHOURY, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Jordanie, a rappelé le poids que font peser sur son pays les turbulences régionales, et tout particulièrement l’accueil des réfugiés syriens. Soulignant l’importance de soutenir la Jordanie pour qu’elle renforce ses infrastructures et accroisse ses investissements en vue d’atténuer les effets de la crise syrienne, il a déclaré que son pays devait être considéré comme une « première ligne de défense » face à l’expansion du conflit, « non seulement pour la région, mais aussi pour le reste du monde ». L’afflux des migrants en Europe a fait prendre conscience aux États Membres de l’Union européenne, pourtant dotés de capacités économiques considérables, la mesure du fardeau qui accable la Jordanie et entrave son développement au moment où le Programme pour le développement durable à l’horizon 2030 vient d’être adopté.
Alors que certains pays européens évoquent la possibilité de limiter le nombre d’arrivants chaque année, notre pays, a indiqué M. Fakhoury, a absorbé en l’espace de quatre ans l’équivalent de 20% de sa population, « ce qui reviendrait pour les États-Unis à accueillir 64 millions de personnes supplémentaires et pour l’Union européenne 100 millions ». La Jordanie, a observé le Ministre, s’est engagée sur la voie de réformes ambitieuses pour réaliser les objectifs de développement durable et il est essentiel que toutes les options pour soutenir les pays d’accueil soient examinées, notamment celle qui permettrait de changer les critères d’éligibilité des pays à revenu intermédiaire à l’APD, lorsqu’ils font face à des situations comme la crise syrienne.
M. WUNNA MAUNG LWIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a dit reconnaître que des progrès importants avaient été réalisés dans la mise en œuvre des OMD dans la plupart des pays à divers degrés, bien que des défis restent à être relevés, en particulier dans les PMA. Il a souligné que son pays avait réalisé lui-même des progrès notoires, en particulier la réduction de la pauvreté, de la faim et de l’analphabétisme; l’élimination des inégalités entre les sexes dans l’éducation primaire, secondaire et tertiaire; la baisse des taux de mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle et le développement du partenariat mondial au développement. Il s’est félicité que le nouveau Programme vise à réaliser les OMD non achevés. Il a mis l’accent sur la nécessité de reconnaître les particularités nationales, les différents niveaux de développement et les besoins particuliers des pays, dont les PMA.
Mme BÉATRICE ATALLAH, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a estimé qu’avec l’avènement des objectifs de développement durable s’ouvrait une nouvelle ère, « riche en perspectives » et devant permettre d’accomplir « le saut qualitatif vers le mieux-être et le développement de nos peuples ». Qualifiant le Programme du développement durable à l’horizon 2030 de « contrat multilatéral », Mme Atallah a affirmé que celui-ci correspondait à la vision d’un Madagascar moderne et prospère, tourné vers la valorisation du capital humain et naturel. Conscient des enjeux, Madagascar est à pied-d’œuvre pour mobiliser toutes les ressources propres tant financières, humaines que matérielles pour arpenter le chemin du développement, s’est exclamée la Ministre malgache des affaires étrangères.
M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, a indiqué qu’un million de Péruviens étaient sortis de la pauvreté ces quatre dernières années. « La consolidation démocratique dans mon pays a été, à ce titre, capitale », a-t-il affirmé. Il a ensuite souligné l’importance d’œuvrer à l’intégration des trois piliers du développement durable, avant de se dire en faveur d’un partenariat mondial renouvelé pour faire advenir un monde débarrassé de la pauvreté. La pauvreté est un défi qui pourra être relevé en assurant notamment l’éducation des femmes et la promotion de la santé publique, a-t-il dit, soulignant que la responsabilité première dans l’éradication de la pauvreté incombait aux États.
Il a ensuite détaillé les investissements consentis par le Pérou dans les domaines des infrastructures, de l’éducation et de l’innovation, précisant que le renforcement du potentiel industriel était l’axe essentiel de la stratégie suivie par son pays. Soulignant l’importance de remédier aux changements climatiques, le Président du Pérou a souhaité que la Conférence qui doit se tenir en décembre à Paris se solde par un succès. Si nous avons la volonté politique et que nous nous montrons à la hauteur de nos responsabilités, alors le paradis céleste existera aussi sur terre, a-t-il conclu.
MSWATI III, Roi du Swaziland, a exprimé l’engagement de son pays en faveur du Programme de développement durable. Le défi le plus important, a-t-il estimé, est le manque de ressources financières adéquates pour mettre en œuvre les objectifs à court, moyen et long termes. Le financement des donateurs et l’appui des institutions financières internationales sont essentielles, a-t-il déclaré. Le Roi a également mis l’accent sur le partenariat mondial pour le développement, essentiel, à ses yeux, pour la réussite de l’entreprise. Citant la « Vision 2063 » de l’Union africaine, il a affirmé que le Royaume avait développé sa propre « Vision nationale à l’horizon 2022 », étroitement alignée sur les objectifs continentaux afin de faire du Swaziland un pays développé. Il a également fait état des progrès réalisés par le Swaziland dans cinq des huit OMD.
M. IKILILOU DHOININE, Président des Comores, a indiqué que la réduction de la pauvreté avait souffert d’un manque de financement adéquat, les pays les plus démunis ayant souvent un accès très limité aux ressources de l’aide au développement. Les ressources intérieures de bien des pays sont insuffisantes pour assurer le financement du développement, a-t-il dit. Il a détaillé les progrès de son pays en vue d’atteindre les OMD. Les taux de mortalité infanto-juvénile et maternelle ont accusé des baisses substantielles, a-t-il dit, ajoutant que le taux net de scolarisation avait enregistré une avancée notable, grâce aux politiques pertinentes mises en place aux Comores.
Mon pays n’a pas pu mobiliser les ressources requises pour financer les infrastructures économiques et promouvoir une croissance forte et durable, à même de réduire la pauvreté et les inégalités, a-t-il convenu. Il a dit souscrire au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à la Position commune africaine qui prône la transformation structurelle de l’Afrique. « Le Programme d’action d’Addis-Abeba, s’il est appliqué, est de nature à nous éviter les désillusions encourues dans la mise en œuvre des OMD. » Enfin, le Président a rappelé que les nouveaux objectifs de développement durable prenaient parfaitement en compte les OMD et intégraient de nouveaux domaines cruciaux pour le développement durable. « Chaque pays de la planète est appelé à mettre en œuvre les nouveaux objectifs et à rendre compte, ce qui permettra une meilleure appropriation mondiale du nouvel agenda », a conclu le Président des Comores.
M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a estimé que le bilan global des OMD était mitigé. Les progrès sont inégaux, en particulier en Afrique et dans les PMA. L’inadéquation avec les réalités structurelles et économiques et les mécanismes de financement proposés ont été des obstacles dans cette entreprise, a-t-il dit. M. Bongo a néanmoins fait état des avancées significatives obtenues, aux niveaux national, régional et mondial. Le Gabon, a-t-il ajouté, se réjouit de la portée du nouveau Programme de développement durable qui traduit une volonté commune et unanime pour instaurer un nouveau partenariat mondial avec pour objectif d’aller au-delà des objectifs précédents.
Il s’est félicité du fait que les principaux objectifs qui y sont contenus figurent dans le plan de développement visant à faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025. Le Président gabonais a noté en particulier la place de choix accordée aux politiques et programmes visant à la valorisation de la jeunesse. Il a précisé par ailleurs avoir amené son gouvernement à accorder une attention toute particulière au développement de l’agriculture et de l’élevage, dans le cadre du nouveau programme agricole « GRAINE », dont l’objectif est de garantir la sécurité alimentaire du pays.
M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a affirmé que la force essentielle des objectifs de développement durable résidait dans leur caractère global. La paix et la sécurité sont le premier pilier et le préalable à tout développement durable, a-t-il dit, faisant allusion aux crises en Syrie et en Ukraine. Répondre aux catastrophes naturelles est un autre pilier, a-t-il poursuivi, soulignant les espérances fortes qui entourent la prochaine Conférence de Paris sur les changements climatiques. Plaidant pour des politiques publiques robustes en vue de promouvoir la croissance économique, le développement humain et la bonne gouvernance, le Président estonien a fait remarquer que de telles politiques permettaient aussi de renforcer le lien entre les citoyens et l’État.
Il a ensuite souligné les effets vertueux des technologies de l’information et des communications pour le développement, indiquant que son pays était en pointe dans l’utilisation de telles technologies. L’utilisation intelligente de l’Internet et des technologies digitales peuvent être essentielles pour la croissance économique, a-t-il affirmé, ajoutant que seuls les gouvernements pouvaient mettre en œuvre les politiques publiques nécessaires. « Il est temps que les dirigeants du monde placent les technologies digitales tout en haut du Programme de développement », a conclu M. Ilves.
M. BONI YAYI, Président du Bénin, s’est félicité du fait que le Programme de développement durable intègre harmonieusement les trois dimensions du développement durable que constituent la croissance économique, l’inclusion sociale et la protection de l’environnement. Avec les 17 objectifs de développement durable, on dispose de repères pour intensifier les efforts afin de mener à son terme le chantier inachevé des OMD. M. Yayi a appelé les États Membres à prendre en compte la spécificité des pays les plus vulnérables que sont les PMA, face aux effets des changements climatiques, notamment à l’occasion de la Conférence de Paris, en décembre.
« Transformer le monde, nous le pouvons et nous le devons », a affirmé M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali. Il a indiqué que les efforts en vue de réaliser l’Objectif 8 des OMD sur la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement avaient manqué de constance et de régularité dans son soutien aux sept autres objectifs. « Au Mali, malgré le contexte difficile et la crise, nous avons pu réduire la prévalence du sida, faire partir plus d’enfants à l’école, instituer la gratuité de la césarienne et améliorer la participation des populations dans la gestion de leurs affaires à travers une décentralisation poussée », a-t-il dit. Il a affirmé que le sort des milliers de jeunes migrants, qui font le choix de « l’occident ou la mort » ne pouvait qu’interpeller, « surtout si l’on sait que cette jeunesse devrait être à l’avant-garde du combat pour le développement de nos pays ».
Le Président du Mali s’est dit heureux que toutes les parties maliennes aient signé l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. « Je renouvelle mon engagement que l’État du Mali va honorer tous les engagements pris dans cet Accord », a-t-il déclaré, avant de lancer « un appel pressant » à la communauté internationale pour la mobilisation des ressources techniques, matérielles et financières nécessaires à l’application dudit Accord. M. Keita a enfin assuré que son gouvernement ne ménagera aucun effort pour mobiliser les ressources internes.
M. MOHAMMED OULD ABDEL AZIZ, Président de la République islamique de Mauritanie, a affirmé que le nouveau Programme de développement durable constituait un tournant essentiel et l’aboutissement d’un parcours géré avec lucidité. Les OMD ont permis de grandes réalisations, comme la réduction de la pauvreté et l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé, a-t-il estimé. M. Aziz a déclaré que l’aggravation des menaces en matière de sécurité devait être prise en compte, citant en particulier les activités de terrorisme et de crime organisé qui représentent des obstacles au développement. Les solutions nationales ne sont plus suffisantes pour répondre aux questions de sécurité qui sont très complexes et vont au-delà des frontières, a-t-il expliqué, mettant en exergue un plan régional développé par cinq pays sahéliens, dont le sien, pour faire face à ce défi.
Mme CATHERINE SAMBA-PANZA, Chef de l’État de la transition de la République centrafricaine (RCA), a déclaré que son pays s’était « radicalement éloigné de la trajectoire des OMD, devenant un État fragile et vulnérable avec plus de 80% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté ». Cette pauvreté, a-t-elle expliqué, est entretenue et renforcée dans certaines zones du pays où sévissent encore les groupes politico-militaires qui entretiennent l’insécurité et s’adonnent au pillage des ressources locales et des recettes de l’État. Elle s’est rendue à l’évidence: aucun des huit objectifs visés n’a pu être atteint par la RCA. Toutefois, Mme Samba-Panza a souligné que le Gouvernement de transition avait élaboré un programme d’urgence pour le relèvement durable de la RCA sur la période 2014-2016. Elle a reconnu l’« impérieuse nécessité » d’accomplir le travail inachevé, notamment en ce qui concerne la santé maternelle et infantile, ainsi que l’élimination des multiples formes de discrimination et de violence subies par les femmes, les jeunes et autres groupes de la population. « La situation en RCA n’est pas désespérée », a assuré la dirigeante. Le pays a su démontrer par son histoire récente sa volonté de se transformer et de devenir un État responsable du bien-être de ses populations. Sous son impulsion, a-t-elle ajouté, les activités gouvernementales appuyées par la communauté internationale ont permis de créer un environnement favorable à la réconciliation nationale, à la reprise du fonctionnement de l’administration publique et à la reprise des activités socioéconomiques sur l’ensemble du territoire.
MM. ANDREA BELLUZZI et ROBERTO VENTURINI, Capitaines régents de San-Marin, ont estimé qu’avec l’adoption du Programme de développement durable, le processus entamé avec les OMD serait mené à son terme, à condition de se doter d’institutions innovantes, efficaces et transparentes. Il sera également nécessaire, selon eux, de mobiliser à cette fin les ressources suffisantes afin de répondre aux besoins des plus faibles et des plus vulnérables. Soucieux que soient mesurés les progrès réalisés, les deux hommes ont estimé que des « indicateurs spécifiques et universels » soient mis au point, ainsi qu’un « mécanisme de contrôle » pour identifier les lacunes. MM. Belluzzi et Venturini ont ajouté que les contributions ne devaient pas simplement être financières, mais aussi culturelles, au travers d’une éducation à la portée des jeunes générations, afin de leur inculquer une culture « inhérente » de la solidarité et de l’hospitalité, dans le respect du développement durable.
M. DANILO MEDINA SANCHEZ, Président de la République dominicaine, a indiqué que les OMD avaient déjà inspiré la stratégie nationale de développement de son pays à l’horizon 2030. Il s’agit de faire de la République dominicaine une société durable sur les plans économique, social et environnemental et fondée sur l’état de droit. Le Président a indiqué que les principaux OMD avaient été réalisés, notamment la réduction de l’extrême pauvreté, qui est passée de 16,6% à 5,8%. La malnutrition a également baissé de 34,4% à 12%, et l’objectif de la parité des sexes a été atteint à tous les niveaux de l’éducation. M. Sanchez s’est félicité de voir le pape François défendre la cause du développement durable. Son Encyclique sur l’écologie a été publiée « juste au bon moment », a-t-il estimé. Pour les Dominicains qui vivent sur une petite île où de nombreuses personnes souffrent encore de la pauvreté, et que les changements climatiques rendent vulnérable, la dimension morale du développement durable est évidente. Pourtant, a conclu le Président, « la pauvreté et les inégalités ne sont pas des fatalités, mais des défis » auxquels il faut se préparer.
M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a souligné que dans le plan de développement national, la lutte contre les effets des changements climatiques occupait la première place. M. Lungu a exprimé l’engagement de son pays à utiliser des données fiables pour fixer les priorités afin de parvenir à un développement économique inclusif. La Zambie, qui est au nombre des PMA sans littoral, aura besoin d’un appui pour parachever la réalisation de ses objectifs de développement, a-t-il insisté. Le Président a appelé les pays développés à tenir leurs promesses d’aide et jugeant tout autant essentiel que les pays en développement mettent en place de bons cadres en vue d’établir des partenariats avec une vision commune.
M. TEODORO NGUEMA OBIANG MANGUE, Vice-Président de la Guinée équatoriale, a souligné la persistance des défis qui empêchent la réalisation du développement durable. Il a appelé de ses vœux l’intensification des efforts internationaux dans les domaines de la lutte contre la piraterie et de l’APD. Le Vice-Président a ensuite mentionné le plan à l’horizon 2020 adopté par son pays en vue de réaliser les OMD. La première phase de l’application de ce plan s’est soldée par un succès, s’est-il félicité. M. Obiang Mangue a notamment indiqué que le nombre des personnes vivant sous le seuil de pauvreté avait diminué de 50% et que le taux d’alphabétisation des femmes était désormais de 96%. La mortalité maternelle a quant à elle, diminué de 80%, a-t-il continué, avant d’insister sur la gratuité des soins pour les personnes atteintes du VIH/sida. En conclusion, le Vice-Président a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. JOSEPH BUTORE, Vice-Président du Burundi, a estimé que l’optimisme était de mise à trois mois de l’échéance des OMD. Néanmoins, le monde reste confronté à de multiples défis, a-t-il dit, citant en particulier l’extrême pauvreté et les effets des changements climatiques. L’Afrique, a-t-il expliqué, demeure le continent le plus pauvre de la planète. L’amélioration de la sécurité et de la gouvernance économique et politique devrait être au nombre des grandes priorités de l’Afrique, a-t-il affirmé. Il a souligné qu’à l’instar des autres communautés des nations, le Burundi consentirait ses efforts de développement en tenant compte de la volonté commune d’établir des partenariats communs.
M. KENNY DAVIS ANTHONY, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a affirmé que très peu de choses avaient changé pour les petits États insulaires en développement (PIED) ces 15 dernières années. La promesse d’un monde mis à l’abri de la pauvreté et de la dictature demeure un rêve illusoire que l’on poursuit mais que l’on atteint jamais, a-t-il déploré. Il a ensuite insisté sur la vulnérabilité des pays comme le sien face aux catastrophes naturelles, indiquant que Sainte-Lucie avait essuyé deux ouragans ces cinq dernières années. Le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnaît les besoins spécifiques de ces pays, a-t-il rappelé. « Nous avons besoin d’actions car l’existence même de nos pays en dépend », a-t-il affirmé, avant de souligner le lien intrinsèque entre écologie et économie. « Ce lien est-il compris dans toutes ses dimensions? » a-t-il demandé, avant de déplorer la lenteur des négociations en prévision de la Conférence sur les changements climatiques. Le Premier Ministre de Sainte-Lucie a notamment déploré l’insuffisance des engagements pris jusqu’à présent et la « léthargie » dans la mise en place des outils du financement de la lutte contre les changements climatiques.
Il a affirmé que l’utilisation du PIB par habitant pour calculer le niveau de développement et la qualification de paradis fiscaux réservée à certains pays des Caraïbes entravaient leurs efforts de développement. « Que va-t-il se passer si nos pays s’effondrent? Nos peuples deviendront-ils des réfugiés sur d’autres rivages? » s’est-il interrogé tout haut. Rappelant que les petits États insulaires en développement n’étaient pas à l’origine du réchauffement climatique mais qu’ils devaient faire partie de toute solution visant à y remédier, le Premier Ministre a jugé qu’il était temps de « mettre un terme aux promesses creuses ».
M. MELTEK SATO KILMAN LIVTUVANU, Premier Ministre de Vanuatu, a indiqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est porteur de la promesse du développement de l’humanité au cours des 15 prochaines années, après les OMD qui ont permis de faire des progrès comme jamais auparavant. Se félicitant que le programme prenne en compte la situation unique des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement (PEID), le Premier Ministre a estimé que le succès dépend de trois facteurs principaux: l’accès aux financements; l’accès aux technologies appropriées et la présence des capacités nationales. S’agissant de l’accès aux financements, il a souhaité que les pays développés respectent les engagements pris en matière de financement du développement, dont ceux de consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD et 0,20% pour les PMA, à l’horizon 2020.
Le Premier Ministre a souligné que les changements climatiques représentent l’un des plus grands défis au développement durable des pays comme le sien. Il a rappelé qu’en mars dernier, Vanuatu a été frappé par un cyclone tropical de catégorie 5 qui a affecté plus de 60% de sa population, inversant ainsi la courbe des progrès économiques. Pour pouvoir mettre en œuvre efficacement le nouveau Programme de développement durable, il a souhaité que l’ONU soit reformée. Le respect du principe d’appropriation nationale est essentiel.
M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, s’est félicité du fait que les objectifs de développement durable aient repris les OMD non réalisés, et visent en particulier l’élimination de l’extrême pauvreté d’ici à 2030. Pour réaliser ce Programme, la question des moyens de mise en œuvre devrait être prioritaire. La Tanzanie reconnaît la responsabilité de chaque pays à mobiliser ses propres ressources, mais, a-t-il dit, les efforts des pays en développement seuls ne suffiront pas. Il s’est ainsi réjoui des objectifs de partenariat définis dans le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre de Fiji, a affirmé que les 17 objectifs de développement durable qui viennent d’être adoptés constituaient une feuille de route vers l’espoir et le changement. Estimant « que le temps n’est pas de notre côté », il a déclaré que l’insuffisance du financement devait être l’une des questions clefs débattues lors de ce Sommet. « Afin de bénéficier de dons et de prêts, les pays en développement doivent se montrer dignes de confiance », a-t-il dit, ajoutant que le principe de transparence devait prévaloir et la corruption être éradiquée.
Le Premier Ministre a ensuite affirmé que l’objectif de Fiji était de construire une économie qui promeuve les intérêts de tous ses citoyens, tout en établissant des critères environnementaux stricts pour les projets de développement. Il a également insisté sur l’importance de l’Objectif 14 sur la préservation et la gestion durable des océans et des mers. « Lorsque je pense à l’océan que j’ai connu enfant, je me demande si mes petits-enfants le verront comme je l’ai vu. » Enfin, le Premier Ministre a demandé aux États de ne pas laisser passer la chance de transformer le monde, d’éradiquer la pauvreté et la faim et de faire advenir un futur d’espoir pour tous les peuples. « Si nous faisons montre de volonté politique et de courage et que nous agissons avec le sens des responsabilités pour lequel nous avons été élus, nous atteindrons nos objectifs », a-t-il conclu.
M. PATRICE EMERY TROVOADA, Premier Ministre de Sao-Tomé-et-Principe, a estimé que le chemin demeurait long vers la réalisation des objectifs de développement tant que les investissements publics et privés ne seront pas renforcés, notamment pour la création d’emplois. Il a souhaité, grâce au Programme de développement durable à l’horizon 2030, une forme de gouvernance mondiale moins égoïste et plus inclusive et pleinement engagée dans la résolution des conflits. La recherche dans chaque État du consensus national autour de la réalisation des objectifs de développement durable est fondamentale, a—t-il dit.
M. SAMUELA ’AKILISI POHIVA, Premier Ministre de Tonga, a indiqué que le Programme de développement durable est un accord dont l’universalité est le reflet de la diversité des besoins auxquels il est censé répondre. Il a relevé que l’un des défis majeurs est la menace des changements climatiques. En tant que petit État insulaire en développement, Tonga est particulièrement vulnérable à ce phénomène. Pour les îles du Pacifique, les océans occupent une place centrale dans le développement durable. Leur conservation et l’usage durable de leurs ressources sont cruciaux pour l’éradication de la pauvreté et une croissance économique durable. Le Premier Ministre a donc salué un Programme de développement qui prenne en compte cette question. Il a également salué le fait que le nouveau Programme reconnaisse que nous devons satisfaire nos besoins énergétiques de façon moderne et viable. Mon pays est largement dépendant de l’importation des hydrocarbures, a fait savoir le Premier Ministre, ajoutant que Tonga a mis en place une feuille de route sur l’énergie, non seulement pour réduire sa vulnérabilité aux chocs externes, mais également pour élargir son accès aux sources d’énergie moderne. La clef de la concrétisation des promesses du nouveau Programme est l’attention qui sera accordée aux moyens de mise en œuvre, non seulement dans le document lui-même mais aussi dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.
M. RAMI HAMDALLAH, Premier Ministre de l’État de Palestine, a insisté sur les souffrances des Palestiniens et déploré les activités de peuplement poursuivies par Israël. Ce pays détruit systématiquement les infrastructures économiques palestiniennes, a-t-il dit, avant de souligner les graves conséquences économiques du blocus de Gaza. Il a ensuite regretté l’impossibilité pour l’État de Palestine d’émettre sa propre monnaie et la mainmise d’Israël sur tous les secteurs de l’économie palestinienne. Le tribut payé à l’occupation israélienne dépasse de beaucoup l’aide allouée par la communauté internationale au peuple palestinien, a-t-il affirmé. M. Hamdallah a demandé qu’une attention plus grande soit portée aux souffrances du peuple palestinien, ajoutant que ces souffrances devaient être prises en compte dans le cadre du développement durable.
Mme NATALIA GHERMAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, a mis l’accent sur la nécessité de concilier les objectifs économiques et environnementaux. Elle a plaidé en faveur d’un véritable Partenariat mondial au-delà des modèles traditionnels de coopération, en faisant preuve de plus de cohérence. Les efforts entrepris dans son pays, a-t-elle indiqué, visent à renforcer la résilience économique et la cohérence sociale tout en maintenant des conditions de prospérité, de stabilité et de paix qu’il convient de préserver dans toute la région, a-t-elle déclaré. Mme Gherman a exprimé son sentiment d’optimisme et de confiance, qualifiant d’engagement conjoint « authentique et sincère » le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. LEO DION, Vice-Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a salué l’adoption du Programme de développement durable, appelant au respect du principe d’appropriation nationale et au renforcement des Partenariats mondiaux. Nous ne pouvons réussir véritablement que si les pays gèrent leurs propres plans et stratégies de développement. S’agissant de son pays, M. Dion a estimé que le défi actuel consiste à transformer la croissance en gains sociaux, conformément à la « Vision 2050 ». Le Vice-Premier Ministre s’est dit heureux de l’Objectif 13 sur les changements climatiques et du 14 sur la conservation et l’usage durable des océans. Il a rappelé, à son tour, que les changements climatiques représentent la plus grande menace à la vie, à la sécurité et au bien-être des peuples du Pacifique. Il a émis le vœu que la Conférence de Paris déboucherait sur un accord ambitieux et juridiquement contraignant.
M. PAVEL BĚLOBRÁDEK, Vice-Premier Ministre de la République tchèque, s’est félicité que le concept de développement durable soit désormais synonyme d’une mise en œuvre équilibrée de ses trois dimensions, économique, environnementale et sociale. Saluant la conclusion heureuse de la Conférence d’Addis-Abeba, il a appelé de ses vœux la mise en place d’un mécanisme de financement efficace en vue de l’application du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a également demandé l’instauration d’un processus d’évaluation des progrès enregistrés, avant de souligner la nécessité de renforcer les capacités de collecte statistique des administrations nationales. « Des analyses scientifiques pertinentes sont cruciales afin de comprendre les répercussions des tendances démographiques actuelles, des migrations et des changements climatiques », a-t-il dit. En conclusion, il a affirmé que le respect des droits humains, la pleine participation des femmes, la bonne gouvernance et l’éradication de la corruption étaient essentiels à la réalisation des objectifs de développement durable.
M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a affirmé que son pays, dont la croissance économique est l’une des plus rapides, avait enregistré des résultats impressionnants dans le domaine du développement, et ce, en dépit des crises économique et financière. Après avoir énuméré un certain nombre de ces succès, il a exprimé l’attachement de son pays à la promotion du dialogue interculturel, de la tolérance et de la compréhension entre les peuples, précisant que l’Azerbaïdjan accueillerait en 2016, le septième Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations Unies. Le Ministre a en revanche souligné que l’actuelle occupation militaire par l’Arménie de près de 20% des territoires de l’Azerbaïdjan, en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, continuait de constituer une menace grave à la paix et à la sécurité internationales.
M. SAMURA KAMARA, Sierra Leone a indiqué que le plus grand défi pour le succès des objectifs de développement durable (ODD) sera de mettre sur pied une stratégie proactive et efficace qui va permettre d’assurer une transition souple entre les OMD et les objectifs de développement durable et de développer de nouvelles approches qui incluent l’appropriation multipartite, les partenariats institutionnels ou, l’universalité. Il a insisté sur les défis de l’Afrique que sont le manque d’infrastructures, la faiblesse des institutions, l’absence d’une main-d’œuvre qualifiée et d’un financement prévisible, en dépit de la volonté de promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance.
Le représentant a rappelé que l’APD est l’une des sources majeures de financement. Il a plaidé pour une « APD intelligente » orientée vers les orphelins de l’aide que sont les pays affectés par les conflits, dans le même esprit que le « New Deal » qui devrait être inscrit de manière transversale dans le système des Nations Unies. Il a promis que la Sierra Leone va continuer à exploiter les progrès remarquables de la stabilité politique, cruciale pour le développement. C’est une bonne thérapie pour un pays sortant d’un conflit dévastateur et de l’épidémie d’Ebola, a—t-il dit. Il s’est félicité de ce que la Sierra Leone soit passée du statut de pays inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité à celui de « cas d’école » de la transition vers la paix et le développement.
Mme SHAIKA LUBNA BINT KHALID AL QASSIMI, Ministre de la coopération et du développement international des Émirats arabes unis, a déclaré que même si son pays était relativement jeune et en développement, il est devenu le donateur le plus généreux au monde ces deux dernières années, consacrant plus de 0,7% de son PIB à l’APD et fournissant une aide plus élargie aux pays en développement. Nos contributions ont déjà appuyé un certain nombre de domaines importants dans le nouveau Programme de développement, y compris les infrastructures, la santé, l’énergie renouvelable ainsi que l’aide humanitaire. Les Émirats arabes unis ne sont pas uniquement un important donateur. Ils sont aussi un important promoteur du dialogue sur la durabilité, comme en attestent la Semaine annuelle sur la durabilité d’Abou Dhabi, la Réunion préparatoire d’Abou Dhabi en prévision de la Conférence de Paris et l’Expo 2021 de Dubaï qui mettra en valeur le développement durable. « Nous sommes aussi fiers d’accueillir l’Agence internationale pour les énergies renouvelables », a ajouté la Ministre, avant de promettre que les Émirats arabes unis continueront d’offrir ces forums pour renforcer les partenariats et intensifier la recherche de solutions pratiques.
M. MURRAY MCCULLY, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que l’attention de son pays était concentrée sur le Pacifique, où est dépensé 60% de l’aide au développement néo-zélandaise. Sur les 14 États du Forum du Pacifique, 2 seulement ont réalisé tous les OMD. Trois d’entre eux en ont réalisé plus de la moitié, tandis que plusieurs nations n’ont atteint aucun objectif. Le Ministre a espéré que les objectifs de développement durable remporteront plus de succès que les OMD. Il a attribué cet échec au fait que les institutions financières internationales ont mis au point des processus lourds, inventés pour des projets qui coûtent des milliards ou des centaines de millions de dollars. Or, dans le Pacifique, il suffit de quelques dizaines de millions de dollars pour des projets clefs de développement. Le Ministre a évoqué deux objectifs qui sont, pour la Nouvelle-Zélande et ses voisins, catalyseurs de changement: les énergies renouvelables et les océans. Par exemple, a-t-il indiqué, le coût du diesel dans le Pacifique est deux fois plus élevé qu’à New York. Les Îles Tokelau ont réussi l’objectif de 100% d’énergie solaire. Quant à la pêche au thon, le plus grand atout économique de la région, le Ministre a affirmé que cette pêche dans le Pacifique est la plus viable de toute la planète. Il faut qu’elle le reste, a-t-il dit.
Mme LOUISE MUSHIKIWABO, Ministre des affaires étrangères du Rwanda, a assuré que son pays pourra réaliser les objectifs fixés dans les objectifs de développement durable. Pour y parvenir, il faudra tenir compte de la valeur ajoutée des OMD, se baser sur les ressources nationales, la redevabilité et l’appropriation nationale. La Ministre a souligné l’importance de la participation citoyenne dans la réalisation de ces objectifs. Elle a ajouté que les 15 prochaines années donneront l’occasion de mettre davantage l’accent sur l’égalité des sexes, la participation du secteur privé et l’utilisation des technologies de l’information et des communications. Elle a terminé en disant que le Rwanda est fier d’abriter le Centre du développement durable en Afrique qui apportera sa contribution à l’édification d’un monde plus équitable et plus juste.
M. OSMAN MOHAMMED SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’élimination de la pauvreté grâce à des politiques sociales et économiques progressistes, avec la participation des populations. « En dépit des campagnes de désinformation et de dénigrement orchestrées de l’extérieur », l’Érythrée a réussi à réaliser des progrès notables dans tous les OMD, a-t-il assuré. Le Ministre a évoqué des avancées dans la réduction de la mortalité infantile et maternelle, et dans l’accès à la santé et à l’éducation, sans oublier l’autonomisation des femmes « qui est sur la bonne voie ». « L’Érythrée est une oasis de paix dans la Corne de l’Afrique et au-delà », a déclaré le Ministre qui, après s’être attardé sur la campagne nationale de reforestation et de conservation de l’eau, a condamné le régime « injuste » des sanctions qui a un impact négatif sur le bien-être des populations. Aucun État, petit ou grand, ne doit être laissé en marge, a-t-il ajouté.
M. REYAD YASSIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a dit que malgré les gains obtenus dans la réalisation des OMD, l’absence de vision de l’ancien Président, M. Saleh au pouvoir pendant plus de 30 ans, le terrorisme et la guerre ont privé les Yéménites de développement. Le Ministre a dit compter sur la résolution 2260 (2015) du Conseil de sécurité, « garant du redressement et du développement du Yémen ». Concernant le problème de la faim et de la pauvreté au Yémen, le Ministre a déclaré que des mesures ont été prises mais comme la majeure partie des pauvres vivent en milieu rural, le Gouvernement a du mal à les approcher. La situation a été aggravée par le coup d’État et les groupes armés, a-t-il accusé. Il a appelé les Nations Unies et les partenaires à aider son pays à améliorer la situation dans les régions pauvres. Le Yémen, a-t-il conclu, compte sur la Conférence de Paris pour avancer face aux menaces qui pèsent sur l’environnement.
M. ABDUSALAM H. OMER, Ministre des affaires étrangères et de la promotion des investissements de la Somalie, a dit qu’étant donné qu’il n’est pas possible pour chaque État Membre d’avoir tout ce qu’il veut, le Programme de développement durable offre un cadre solide pour faire face aux plus grands défis auxquels le monde fait face collectivement. Il a relevé que tous les partenariats: Nord-Sud, Sud-Sud, gouvernements-secteur privé et la société civile doivent se renforcer mutuellement. Il s’agit là de la seule voie pour faire accéder aux ressources abondantes et trouver des solutions collectives à la mise en œuvre des objectifs à réaliser d’ici à 2030. M. Omer a souligné que la Somalie est une nation postconflit désormais sur la route de la reconstruction. Il a demandé un soutien accru à cette catégorie de pays et prévenu que le vrai défi commencera quand les délégations auront quitté New York et regagné leur pays. Les Somaliens sont connus de la communauté internationale comme des survivants. Un nouveau chapitre s’ouvre à eux, un chapitre où ils seront connus comme des bâtisseurs, travaillant en faveur de la stabilité et de la paix.
M. PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, a apprécié le fait que le Programme de développement durable mette l’accent sur l’élimination de la pauvreté et de la faim dans le monde. Le pape François, a-t-il rappelé, a souligné hier que l’exclusion économique et sociale constituait un affront aux droits de l’homme et à l’environnement. Pour M. Gallagher, ce Programme doit permettre à tous d’accéder aux biens matériels essentiels. Il a insisté sur « la dimension éthique » des objectifs de développement durable et sur les valeurs spirituelles, morales et religieuses qui les sous-tendent.
« Pour notre bien et celui des générations futures, il nous faut des modèles de développement qui ne remettent en cause ni la dignité humaine, ni la santé de l’environnement », a insisté le représentant. En adoptant le nouveau Programme, la communauté internationale a choisi la solidarité avec les exclus d’aujourd’hui et les pauvres de demain, a-t-il ajouté. Pour le Saint-Siège, la famille, qui est l’unité naturelle et fondamentale de la société, est « le principal agent du développement durable, et, par conséquent, le modèle de communion et de solidarité entre les nations et les institutions internationales ».
M. TONY DEBRUM, Ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, a souligné que « les océans définissent l’identité et le futur » de son pays et de ses voisins du Pacifique. Il a notamment demandé aux pays pratiquant la pêche hauturière de faire preuve de volonté politique et d’aider les petits États insulaires à mieux bénéficier de leurs propres ressources. Les États Parties à l’Accord de Nauru, a-t-il rappelé, se sont engagés à faire progresser la pêche au thon homologuée et écologiquement viable. Par ailleurs, le Ministre a fait remarquer que les inégalités entre les sexes persistaient, bien que les femmes aient « un rôle important » dans la culture traditionnelle de son pays. Il a ensuite fait remarquer que le succès des objectifs de développement durable reposait non seulement sur les épaules des gouvernements mais aussi sur celles d’un ensemble d’acteurs, dont le secteur privé et les partenaires régionaux. Il a souhaité un appui dans la collecte des données statistiques.
Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO, Vice-Ministre des relations extérieures du Nicaragua, a relevé que, malgré les difficultés, quelques pays avaient réussi à progresser sur la voie de la réduction de la pauvreté et de la faim. En ce qui concerne le Programme de développement durable, elle a voulu que l’on fonde les actions sur le principe de responsabilité commune mais différenciée, afin de transformer l’ordre économique actuel et créer un nouveau modèle économique et financier et une autre façon plus viable de produire et de consommer. Elle a dit avoir apprécié l’Encyclique du pape François, appelant à s’en inspirer dans la mise en œuvre du nouveau Programme de développement. Le Nicaragua, s’est-elle réjouie, n’est pas loin de la réalisation de tous les OMD. En l’occurrence, la Vice-Ministre s’est targuée de l’efficacité du modèle chrétien, socialiste et solidaire. Elle a notamment indiqué que le Nicaragua était l’un des premiers pays à compter des femmes dans les trois branches du pouvoir.
M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a fait valoir que la souveraineté territoriale des États est la base sur laquelle il faut travailler pour le développement. La Syrie, a-t-il dit, connait les souffrances provoquées par le terrorisme qui détruit son économie, ses infrastructures et son patrimoine et menace d’anéantir le rôle des jeunes et des femmes. D’après lui, « cela ne se serait jamais passé s’il n’y avait pas eu des politiques erronées de la part de certains États et un manque de vision d’autres États qui poursuivent des aspirations non éthiques ou ne combattent pas le terrorisme ». Le représentant a condamné ce conflit qui oppose les modérés aux radicaux, et la civilisation à l’arriération. Il a appuyé la référence à la lutte contre le terrorisme en tant que priorité pour réaliser le développement durable. Le terrorisme, a-t-il souligné, a contraint beaucoup de Syriens à quitter leur pays. Le représentant a déploré les sanctions unilatérales imposées par certains États qui provoquent une dégradation des conditions de vie des Syriens et des pénuries considérables. « Le peuple syrien ne doit pas être puni économiquement. »
M. JOAO SOARES DA GAMA (Guinée-Bissau) a déclaré que pour un pays qui s’est battu contre l’instabilité depuis longtemps, le développement durable exige une importante réforme des secteurs de la justice, de la défense et de la sécurité. La modernisation des institutions de l’État est nécessaire pour renforcer la démocratie et la cohésion sociale afin de maintenir une paix durable, promouvoir une croissance économique inclusive et soustraire la population de la pauvreté. Le délégué a ajouté que comme nous sommes d’accord sur la nécessité d’un monde plus juste, nous devrions accepter l’urgence de réduire l’écart entre les riches et les pauvres pour aider les pays comme le nôtre à se rapprocher du développement. La question qui se pose est de savoir comment le faire sans une aide adéquate et un engagement de nos partenaires. C’est impossible, a avoué le représentant qui a reconnu que les partenariats et un engagement sincère et total sont nécessaires, comme l’a dit le Saint-Père hier dans cette salle.
M. VINCE HENDERSON (Dominique) a déclaré que pour réaliser les objectifs de développement durable, nous devons nous engager à réinventer la gouvernance de nos institutions multilatérales et reconnaître nos responsabilités communes mais différenciées pour parvenir à l’équité, à la justice, à la paix et à la sécurité pour tous. Ceci doit commencer avec les pays industrialisés qui doivent accepter et assumer leurs responsabilités dans le péril vers lequel court notre planète. Les changements climatiques sont réels et non un danger potentiel pour l’existence de nos îles. Pour des pays comme la Dominique, il devient inutile de parler des objectifs de développement qui s’adressent à un futur peut-être non existant. Le délégué a appelé les États Membres à prendre des engagements pour inverser la tendance des changements climatiques à la Conférence de Paris. La vulnérabilité à ce phénomène et le niveau d’endettement des pays à revenu intermédiaire doivent être pris en compte pour leur ouvrir l’accès à l’APD et aux financements concessionnels.
M. THOMAS BACH, Président du Comité international olympique (CIO), a dit que le nouveau Programme de développement durable reconnait, à juste titre, la contribution croissante du sport à la tolérance et au respect, à l’autonomisation des femmes, à la santé et à l’intégration sociale. Le sport est un partenaire « naturel » de la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Le CIO souhaite poursuivre son partenariat avec l’ONU et les pays pour la réalisation desdits objectifs. Le sport est un instrument à faible coût mais à impact élevé. Il contribue à un style de vie sain, conformément à l’Objectif 3 sur l’accès à la santé. En favorisant la mobilité, le sport est un outil essentiel de la réduction des soins de santé. Il contribue aussi à l’amélioration des résultats scolaires, servant ainsi l’Objectif 4 sur l’accès à l’éducation. C’est un instrument puissant de l’égalité entre les sexes, comme le veut l’Objectif 5. Le mois dernier, le CIO a pris la décision d’imposer un nombre égal de femmes et d’hommes aux Jeux olympiques. Le Président a aussi vanté les mérites du sport au service de la paix, donnant pour exemple le fait que le mouvement olympique a reconnu en août 2015 le Comité national olympique du Soudan du Sud.
Mme IRENE KHAN, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement, a rappelé que l’Objectif 16 des ODD reconnait que l’accès à la justice, l’état de droit et des institutions inclusives et efficaces sont des éléments essentiels au développement durable. « Un gouvernement propre est tout aussi important que l’eau propre », a-t-elle argué. Elle a relevé que l’état de droit est transversal à tous les objectifs de développement durable, car sans accès à la justice et sans état de droit, le développement ne peut prospérer, les investissements ne peuvent prendre pied, la planète ne peut survivre, le pauvre ne peut s’extraire de la pauvreté, et les femmes ne peuvent lutter contre la discrimination et devenir les agents de leur propre destin. Plus les gouvernements et la communauté internationale investiront dans l’état de droit, moins ils devront se presser pour gérer les échecs catastrophiques du développement, notamment les famines et les crises de réfugiés.
M. YVES LETERME, Secrétaire général d’« International IDEA (Institut pour la démocratie et l’assistance électorale), a fait remarquer que son organisation avait plaidé pour que la démocratie soit définie dans le Programme de développement durable. S’il a regretté que le Programme n’ait pas insisté davantage sur l’importance de la gouvernance démocratique, il a néanmoins salué le fait que la déclaration souligne l’importance de la démocratie, des droits de l’homme et de l’état de droit. Il a reconnu l’importance de la parité des sexes et de la réduction des inégalités extrêmes et s’est félicité de l’ouverture, de la transparence et du caractère inclusif qui ont caractérisé les négociations. M. Leterme a souhaité que la mise en œuvre du Programme passe par des stratégies nationales citoyennes. La « responsabilité démocratique » sera, d’après lui, un facteur essentiel pour faire en sorte que la mise en œuvre des objectifs réponde véritablement aux besoins de tous, comme cela a été souligné aujourd’hui lors d’un évènement de haut niveau organisé par « International IDEA » avec les Gouvernements de la Suisse, du Botswana et de la Mongolie.
Mme MIREILLE BALLESTRAZZI, Présidente d’Interpol, a assuré que la relation entre sécurité et développement est étroite, mais ambiguë. Il n’y a pas de développement sans sécurité, a-t-elle relevé, arguant que des routes non sûres, des frontières poreuses, la corruption ou encore les grands trafics criminels sont des obstacles majeurs à un développement durable. D’autre part, a-t-elle poursuivi, la sécurité a besoin d’un environnement économique et social favorable pour financer un recrutement de qualité, une formation selon les standards les plus modernes et des rémunérations permettant de résister à la corruption. Mme Ballestrazzi a indiqué que dans la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, la pérennité dépendra de l’établissement de normes, de concepts, d’instruments réellement mondiaux et partagés, élaborés en commun, et fondés sur des valeurs universelles.
Mme JILL HELKE, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a applaudi le fait que le Programme de développement durable souligne « la contribution positive des migrants à une croissance inclusive et au développement durable ». Elle a préconisé de s’atteler aux causes et aux conséquences des migrations, afin d’organiser des migrations dans la dignité, ordonnées et sûres, dans l’intérêt de tous. Un habitant de la planète sur sept, soit environ un milliard de personnes, est un migrant, a rappelé la représentante. « Les migrations sont aujourd’hui un phénomène inévitable qui ne fera que se poursuivre à l’horizon 2030 », a-t-elle averti. Il faut les gérer et les planifier d’autant plus qu’aujourd’hui le nombre des personnes déplacées par la violence et les conflits est le plus élevé depuis la Deuxième Guerre mondiale. La communauté internationale doit travailler de concert « pour rendre le discours sur les migrations plus positif », en mettant en évidence ce que les migrants apportent dans les pays de destination et d’origine. L’OIM, a conclu la représentante, est en train d’établir un indice de gouvernance des migrations pour aider les pays.
M. AMEEN MADANI, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a souligné que son Organisation reconnaît la pertinence du Programme de développement durable et qu’elle partage les promesses qu’il contient. L’OCI, a-t-il dit, est en train d’élaborer le successeur de son Programme d’action décennal, qui se concentrera sur 17 priorités dont la paix et la sécurité, la Palestine et Al-Qods et la lutte contre la pauvreté. Il s’agit d’un agenda global de coopération et de partenariat qui reconnaît la centralité d’une action islamique conjointe et du partenariat entre toutes les parties prenantes. Le Programme décennal et celui du développement durable à l’horizon 2030 sont largement complémentaires dans les objectifs et dans l’action.
M. LAMBERTO. ZANNIER, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a souligné que le Programme de développement durable est fondé sur cinq piliers que sont la paix, les gens, la planète, la prospérité et les partenariats. Il a salué le fait que ledit Programme renforce la relation étroite existante entre la paix, la sécurité et le développement. L’une des contributions majeures de l’OSCE à la mise en œuvre des objectifs sera de continuer d’œuvrer dans la prévention, la résolution des conflits et la réhabilitation postconflit.
M. PATRICK GOMES, Secrétaire général du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), a relevé que l’engagement en faveur des objectifs de développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté et la fin des inégalités entre nations est un impératif pour les 79 États du Groupe des ACP. Afin que les objectifs soient couronnés de succès, il faut un Forum des ACP sur les petits États insulaires en développement afin de compléter les « Orientations de Samoa ». Le Groupe des ACP doit aussi devenir le coordonnateur de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire et promouvoir les sciences et la technologie entre ses pays membres.
M. COLIN TUKUITONGA, Directeur général de la Communauté du Pacifique, a déclaré que l’élimination de la pauvreté requiert un changement de pratique pour se focaliser sur les investissements dans la jeunesse et surtout les jeunes vulnérables et faire en sorte que personne ne soit laissé en marge. Le Directeur général a ajouté que l’un des défis auxquels fait face la communauté du Pacifique est la santé des océans qui est fondamentale pour la résilience et le développement durable. Est également important, l’Objectif 13 préconisant une action urgente pour combattre les changements climatiques et ses impacts, a dit le Directeur général qui a rappelé que la région ne contribue qu’à hauteur de 0,03% aux émissions de gaz à effet de serre alors qu’elle ressent le plus les impacts des changements climatiques. L’échec à trouver un accord juridiquement contraignant à la Conférence de Paris dégradera automatiquement les conditions de vie de la population du Pacifique. Le Directeur général a insisté sur l’importance du suivi des objectifs de développement durable et a indiqué que sa « Community » a transmis à l’ONU une liste provisoire de 62 indicateurs régionaux. On ne saurait souligner assez l’importance des données pour les petits États insulaires et les PMA, ce qui nécessitera des investissements importants.
Mme ARANCHA GONZALEZ, Centre du commerce international, a prévenu que l’adoption du Programme de développement durable est une première étape. En traduire les promesses en réalité exigera des politiques déterminées, des changements fondamentaux dans la manière dont le secteur privé travaille et des décisions plus responsables de la part des consommateurs. Mettre en œuvre le Programme donnera des avantages économiques et humains « incroyables » mais il y aura un coût, à savoir un savant mélange d’aide au développement traditionnelle, de ressources domestiques et d’apport du secteur privé. Pour bien exploiter le moindre centime d’aide, d’impôt sur le revenu et d’investissement privé, il faudra un partenariat fort entre gouvernement, monde des affaires et société civile, en collaboration avec les Nations Unies. Il faudra aussi innover. La transition à une économie à basse émission de carbone restera incomplète sans un accès à l’énergie des milliards de personnes qui comptent encore sur le bois. Mettre en œuvre le nouveau Programme n’impliquera pas seulement de nouvelles façons de faire mais exigera aussi que l’on capitalise sur ce qui s’est déjà révélé efficace.
Le commerce des biens et services transformés est essentiel au développement. Une économie où aucun pays ne reste sur le bord de la route ou bloqué dans la commercialisation des matières premières est le meilleur moyen de multiplier les offres d’emplois productifs. La représentante s’est donc félicitée que le nouveau Programme parle d’intégration commerciale, d’ouverture, de réformes de la politique des subsides à l’agriculture et du renforcement du système commercial multilatéral que représente l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Programme lie directement l’« Aide pour le commerce » au plein emploi. Mais le commerce n’est pas une fin en soi. Il est la voie de la croissance et du développement. Il permet des progrès dans les 17 objectifs de développement en particulier ceux relatifs à la création d’emplois et à la réduction des inégalités. Dans ce contexte, la représentante a souligné l’importance des PME, d’autant que la courbe démographique mondiale indique qu’il faudra générer 500 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2030. Dans certains endroits du monde, ces emplois voudront dire dividendes démographiques ou bombe à retardement sociale. En l’occurrence, les PME sont le chainon manquant de la croissance inclusive. Pensons d’ores et déjà à la manière d’intégrer celles des pays en développement dans la division mondiale du travail. Donnons-leur du pouvoir et faisons-en les vecteurs de la croissance qu’elles peuvent être.
M. JOAN CLOS, Secrétaire général adjoint et Directeur exécutif d’ONU-Habitat, a relevé que le monde connait une urbanisation rapide, comme en témoigne le fait que la moitié de la population mondiale vit désormais dans les zones urbaines. D’ici à 2050, 3 milliards de personnes vont s’ajouter aux populations urbaines actuelles, ce qui devrait représenter 70% de la population mondiale et la plupart de cette croissance aura lieu dans les pays en développement. M. Clos a relevé que les villes sont des moteurs de croissance et de la création d’emplois, et responsables de 80% du PIB mondial. Bien planifiées et bien gérées, les villes sont le catalyseur de la croissance économique. Aucun pays ne peut accéder au
statut de pays à revenu intermédiaire sans une urbanisation adéquate. Les problèmes que le monde connait aujourd’hui sont dus au fait que la plupart des nouvelles urbanisations sont spontanées et non planifiées. Pour une bonne urbanisation, il faut des règles adéquates, une meilleure planification spatiale et un plan de financement qui assure la prospérité économique des villes. Il n’y aura pas de développement durable sans développement urbain durable, a-t-il conclu.
M. STEVE LALANDE, Forum international des plateformes des ONG des Seychelles, a déclaré que « l’heure est venue de passer des politiques à l’action pour éliminer la pauvreté et les inégalités dans le monde ». À cette fin, il faut s’engager dans des partenariats à long terme avec les autorités locales, les organisations de la société civile, les milieux universitaires, les médias et le secteur privé. Des « mécanismes de redevabilité » démocratiques doivent être conçus et comprendre des initiatives citoyennes. Les Seychelles, s’est félicité le représentant, ont été identifiées « comme un pays en développement ayant réalisé la plupart des OMD ». Pour le développement durable, a ajouté M. Lalande, il faut bâtir la paix et prévenir les conflits. Il est impératif de mobiliser des ressources importantes et prévisibles et d’assurer la participation active des populations. « L’union fait la force », a-t-il conclu en évoquant la mise en œuvre prochaine des objectifs de développement durable.
Mme EVELYN NGULEKA, Présidente de l’Organisation mondiale des agriculteurs, a déclaré que les agriculteurs sont ravis d’avoir participé à l’élaboration des objectifs de développement durable. Les agriculteurs, les pêcheurs et les éleveurs sont des acteurs essentiels du développement. Ils s’occupent de la terre, de l’eau et de l’environnement. Ils doivent s’adapter au changement du climat. Ils créent des emplois locaux et travaillent chaque jour pour que la planète soit plus viable. C’est pourquoi, ils souscrivent aux objectifs de développement durable bien qu’il n’existe qu’un objectif consacré à l’agriculture. L’agriculture n’est pas un passe-temps. Les agriculteurs sont des agents et veulent faire des profits. Si leur activité n’est plus profitable, les paysans deviendront des laissés-pour-compte. Ils comptent donc sur un partenariat entre les pouvoirs publics et le secteur privé pour réaliser les objectifs de développement durable. Les agriculteurs souhaitent aussi participer à la collecte des données agricoles. Pour ce faire, ils demandent un accès au savoir et aux compétentes et des investissements dans la formation et le renforcement des capacités.
Droits de réponse
Le représentant de l’Arménie a répondu à l’intervention du Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan en notant que les revenus de la croissance économique de ce pays « n’ont pas été consacrés à la paix et à la sécurité dans la région mais à l’acquisition d’armes ». Contestant les données qui ont été utilisées sur le nombre de réfugiés vivant en Azerbaïdjan, il a déploré les mensonges proférés par cette délégation. « Qu’en est-il des réfugiés arméniens? » a-t-il demandé en souhaitant le retour des réfugiés chez eux.
Son homologue de l’Azerbaïdjan a déploré « la vaine tentative » du représentant arménien d’induire en erreur la communauté internationale qui a toujours condamné l’utilisation de la force militaire contre l’Azerbaïdjan et reconnu l’inviolabilité de ses frontières. Pendant son agression, l’Arménie s’est livrée à des nettoyages ethniques dans les territoires occupés, a-t-il insisté. C’est l’Arménie qui a fait dérailler le processus de paix et violé délibérément le cessez-le-feu et le droit d’un million d’Azéris de rentrer chez eux.
Le représentant de l’Arménie a fait valoir que « l’histoire du Haut Karabakh remonte à des milliers d’années » et qu’elle est « bien plus ancienne que l’Azerbaïdjan ». Il a souhaité que ce pays se montre disposé à régler le conflit.
Le délégué de l’Azerbaïdjan a, une nouvelle fois, contesté les informations « erronées » de l’Arménie qui préfère « la provocation et l’escalade » qui auraient des conséquences imprévisibles et qui perpétuent le conflit.
Dialogues interactifs du Sommet consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015
Dialogue interactif: « Stimuler une croissance économique durable, transformer et promouvoir une consommation et une production durables »
Coprésidé par M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, et SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, ce troisième dialogue interactif du Sommet consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015 a entendu une quarantaine d’intervenants -dont le Président du Ghana, le Vice-Président du Burundi et une dizaine de ministres– présenter leurs efforts de transformation et de promotion d’une consommation et d’une production durables. Sont également intervenus M. MARK ZUCKERBERG, PDG de Facebook, et M. KAILASH SATYARTHI, prix Nobel de la paix.
L’objectif de développement durable 12 concerne la mise en œuvre de modes de consommation et production durables et vise notamment à parvenir d’ici à 2030 à assurer une gestion durable et une utilisation rationnelle des ressources naturelles et à réduire de moitié à l’échelle mondiale le volume de déchets alimentaires par habitant au niveau de la distribution comme de la consommation. L’une des cibles de cet objectif vise aussi à instaurer d’ici à 2020 une gestion écologiquement rationnelle des produits chimiques et de tous les déchets tout au long de leur cycle de vie. Au-delà de l’importance des investissements et de la rentabilité croissance des énergies renouvelables, plusieurs intervenants ont mis l’accent sur la formation au développement durable en soulignant qu’il était nécessaire de s’appuyer sur l’idéalisme et la capacité transformative des jeunes.
Le Président du Ghana, M. JOHN DRAMANI MAHAMA, a fustigé les modes de consommation de masse en expliquant qu’il faudrait six planètes pour répondre aux besoins de la population mondiale si tout le monde continuait à faire ses courses dans des supermarchés. Pour faire face aux abus de la consommation non durable, a-t-il dit, l’énergie solaire est un élément essentiel pour parvenir aux objectifs de consommation durable sur le continent africain. Sur le même ton, le Ministre des finances du Bangladesh, M. ABUL MAAL ABDUL MUHITH, a souligné les efforts entrepris par son pays en matière de lutte contre la déforestation. Il a également cité une initiative visant à construire un objectif de 3 millions de maisons couvertes de panneaux solaires. Le Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, M. ERLAN ABDYLDAEV, a estimé que l’économie verte était un modèle de croissance économique avant de mettre l’accent sur l’hydroélectricité. « À la source des efforts de transformation, il y a l’investissement », a estimé le deuxième Vice-Président du Burundi, M. JOSEPH BUTORE, en jugeant indispensable que les pays développés aident ceux en développement à investir en faveur d’une croissance économique durable. En écho à cette intervention, le Secrétaire général de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. IRWIN LAROCQUE, a mis l’accent sur le frein que constitue la dette pour parvenir aux objectifs de développement durable. Les pays de la CARICOM figurent parmi les plus endettés du monde, a-t-il rappelé. C’est pourquoi, il a demandé à constituer un fonds spécial pour aider les pays de la CARICOM à investir dans la consommation et la production durables.
Mettant l’accent sur la rentabilité croissante des énergies renouvelables, le Directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), M. ADNAN AMIN, a indiqué que le coût moyen des énergies renouvelables a chuté de 75% en 15 ans. Pour illustrer le volume d’investissements dans ce domaine, il a précisé que 270 milliards de dollars avaient été consacrés aux sources d’énergie renouvelables en 2014, soit une augmentation de 14% par rapport à 2013. Pour stimuler l’investissement, le Chef d’IRENA a particulièrement salué la proposition du Premier Ministre du Danemark, M. LARS RASMUSSEN, de fusionner les sources privées et publiques de financement des énergies renouvelables
« La consommation durable ne veut pas dire consommer moins mais consommer mieux », a fait remarquer le représentant de la Zenith Bank, M. JIM OVIA, avant d’appeler à des stratégies de consommation africaines novatrices. Ce dernier a rappelé que l’Afrique n’exploitait actuellement que 7% du potentiel de son énergie hydraulique.
« Nous avons besoin d’entendre l’idéalisme des enfants et des jeunes », a insisté le lauréat du prix Nobel de la paix, M. Kailash Satyarthi, qui a prévenu que nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de développement durable sans mettre fin au travail forcé des enfants. Il a rappelé que les enfants et les jeunes qui représentent actuellement 40% de la population mondiale doivent devenir des acteurs de ce changement en faveur de la transformation de nos modes de consommation. En écho à cette intervention, la Ministre des affaires étrangères de Madagascar, Mme BÉATRICE ATALLAH, a dit combien son pays était conscient que les enfants et les jeunes étaient des agents de transformation efficaces. Elle a cité la mise en œuvre de la feuille de route nationale pour la transformation de l’économie malgache, en précisant que son pays ne pourra réaliser les objectifs de développement durable sans un transfert adéquat de financement et de technologies et sans un meilleur accès aux marchés internationaux.
Le Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, M. SEBASTIAN KURZ, a mis l’accent sur l’importance de l’éducation et de la formation pour exploiter la créativité en matière de consommation et production durables. Les gouvernements doivent investir pour favoriser la dynamique des petites et moyennes entreprises spécialisées dans le développement durable. Toujours dans le domaine de la formation, le Directeur général du Bureau international du Travail(BIT), M. GUY RIDER, a assuré que le BIT allait œuvrer tout particulièrement, à travers la formation à la mise en œuvre de l’objectif 8 qui vise à promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous.
Des intervenants ont rappelé que l’accès aux énergies, notamment l’électricité, était indispensable pour produire, consommer et se connecter et aussi pour lutter contre la pauvreté. « Chaque fois que 10 personnes ont accès à l’Internet, une personne sort de la pauvreté », a soutenu M. MARK ZUCKERBERG, PDG de Facebook, avant de regretter que 4 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’Internet. Notant que l’Internet est plus qu’une connexion mais un moteur essentiel de progrès économique et social, M. Zuckerberg a souhaité que l’accès à internet soit considéré comme un élément des droits de l’homme.
« Vaincre la pauvreté n’est pas un acte caritatif mais un acte de justice », a martelé la Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme NKOSAZANA DLAMINI-ZUMA, qui s’est dite convaincue que l’élimination de la pauvreté était possible à condition d’y consacrer toute notre énergie et notre sagesse collective. L’Afrique a trop longtemps négligé la ressource que constituent les océans, a déploré Mme Nkosazana Dlamini-Zuma. Le meilleur moyen de stimuler la transformation et la promotion d’une consommation et d’une production durables, a-t-elle estimé, est de réaliser l’objectif 5 qui vise à parvenir à la parité entre les sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles.
Le dialogue social entre les salariés et le patronat doit être au cœur de cette transformation a estimé le Premier Ministre de la Suède, M. STEPHAN LÖFVEN, avant de rappeler la référence que constitue le Pacte mondial lancé en juillet 2000 par l’ONU pour rassembler les entreprises, les organismes des Nations Unies, le monde du travail et la société civile autour de 10 principes universels, dont le respect des droits de l’homme.
« L’urbanisation, si elle est bien gérée, peut être une grande source de richesse », a assuré le Directeur exécutif d’ONU-Habitat, M. JOAN CLOS, qui a appelé à saisir toutes les opportunités de l’urbanisation comme un nouvel outil de développement. « La transformation économique des zones rurales est essentielle à la réalisation des objectifs de développement durable », a estimé la Vice-Présidente du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) en appelant tout particulièrement à investir dans les droits des femmes rurales pour faire face à la diminution attendue de 25% des rendements agricoles en raison des conséquences des changements climatiques.
Au nom de la société civile et de l’organisation IBON International, M. PAUL QUINTOS s’est dit alarmé par les objectifs de croissance et la place faite aux acteurs privés en notant qu’il faudra 3,5 planètes d’ici à 2030 pour gérer nos déchets à ce rythme. Il a jugé nécessaire de démocratiser la propriété des ressources naturelles et de changer fondamentalement nos paradigmes de consommation. Réagissant à cette déclaration, le représentant de la Banque mondiale, M. MAHMOUD MOHIELDIN, a rappelé que la croissance économique avait été la principale force motrice dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Les pays qui règlementent le secteur privé de manière excessive, a-t-il fait observer, ne sont pas ceux qui réussissent le mieux en matière de création d’emplois et de lutte contre la pauvreté.
Dialogue interactif « Obtenir des résultats sur un partenariat mondial revitalisé »
La mise en œuvre d’un cadre de développement mondial renouvelé nécessite un Partenariat mondial revitalisé. Tel était le postulat du dialogue de cet après-midi, qui s’est tenu dans le cadre du Sommet sur le développement durable, sous la présidence du Président du Sénégal, M. MACKY SALL, et du Premier Ministre de la Turquie, M. AHMET DAVUTOĞLU.
Avant toute chose, le Président du Sénégal a rappelé qu’il faudrait à la fois prendre en compte les besoins des générations actuelles et préserver les intérêts des générations futures. « Notre engagement de ne laisser personne de côté est important », a assuré le Premier Ministre turc avant de poser aux participants les questions suivantes: comment assurer que les sources de financement privées et publiques se complètent et comment revitaliser le Partenariat mondial en faveur du développement?
Une trentaine d’intervenants qui représentaient des États Membres, des institutions internationales et le secteur privé, y ont répondu en se basant sur l’expérience acquise dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et en donnant des orientations pour le développement de partenariats efficaces.
Les partenariats doivent avant tout permettre de mobiliser les ressources publiques et privées, nationales et internationales, a expliqué le Président du Sénégal.
Le principal partenariat basé sur la générosité internationale est l’aide publique au développement (APD), une aide qui constitue la plus grande ressource pour les pays en développement en dehors de leurs finances publiques nationales. Plusieurs ministres ont ainsi lancé un appel aux pays développés pour qu’ils tiennent leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD, notamment le Premier Ministre de Vanuatu. M. SATO KILMAN a souligné que cette assistance était d’une importance cruciale pour les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien car elle leur permet de financer les moyens de renforcer leur résilience face aux conséquences dramatiques des changements climatiques.
Le Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, M. TAIEB BACCOUCHE, a déclaré que son pays comptait, lui aussi, sur le niveau d’APD promis par les pays développés. L’APD doit être non seulement maintenue mais aussi assurée de manière effective sans être assortie de conditions, a tenu à préciser le Ministre des affaires étrangères du Népal, M. MAHENDRA BAHADUR PANDEY, avant de plaider en faveur de la création d’une banque de technologies.
Le mécanisme de facilitation pour le partage des technologies a également été soutenu par la représentante de Third World Network, Mme RANJA SENGUPTA. De son côté, la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a forgé des partenariats très solides pour donner à des pays en développement un accès aux technologies de pointe et permettre un échange de savoirs en matière d’économie verte. C’est ce que la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive de la CESAP, Mme SHAMS HAD AKHTAR, a indiqué après avoir invité les pays en développement à renforcer la gestion de leurs finances publiques, une condition indispensable pour susciter la confiance nécessaire aux partenariats. Dans le même ordre d’idées, le représentant de l’Académie internationale anti-corruption, M. MARTIN KREUTNER, a fait remarquer que si l’on demandait au secteur privé de participer au financement du développement, il faudrait prévoir des mécanismes lui permettant de participer aux prises de décisions. D’un autre côté, il faut établir un processus de prise de décisions qui favorise la responsabilisation des organisations de bénévoles, a conseillé la représentante de l’Union des jeunes de l’Amérique latine, Mme JENNIFER VINAS-FORCADE, qui parlait au nom du Grand groupe des enfants et des jeunes.
Il est ainsi apparu évident aux yeux des orateurs qu’une grande transparence était nécessaire pour favoriser l’établissement de partenariats. Cela ne peut se faire que dans le cadre d’une bonne gouvernance et avec la jouissance de libertés fondamentales, a fait remarquer la représentante du Grand groupe des femmes, Mme SIVANANTHI THANENTHIRAN, parlant au nom du Centre Asie-Pacifique de ressources et de recherches (ARROW), voulant que les organisations de la société civile continuent de jouer un rôle de catalyseur dans les partenariats. Au cours de ce dialogue, plusieurs partenaires ont annoncé ce qu’ils faisaient déjà ou ce qu’ils prévoyaient de mettre en place pour accompagner les pays en développement dans la réalisation de leur développement en 800 semaines seulement. Pour contribuer à la réalisation de l’Objectif 16 visant l’avènement de sociétés pacifiques, justes et inclusives, la Présidente d’Interpol, Mme MIREILLE BALLESTRAZZI, a indiqué que Interpol avait établi un Partenariat mondial entre l’Organisation des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui prévoit un Plan d’action conjoint ainsi que des échanges d’information et le partage d’expertise.
Par ailleurs, un partenariat pour optimiser l’utilisation des données est mis en place par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a indiqué son Secrétaire général, M. ANGEL GURRIA.
Du côté des institutions financières, le Président de la Banque européenne d’investissement (BEI), M. WERNER HOYER, a indiqué que les prêts accordés aux pays en développement par la BEI avaient atteint 80 milliards de dollars l’an dernier et que la Banque s’était engagée à créer d’importants partenariats dans ces pays. Le Fonds monétaire international (FMI) a également promis son aide et déjà exécuté les décisions prises à Addis-Abeba, lors de la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement, a déclaré son représentant, M. AXEL BERTUCH-SAMUELS. Il a notamment signalé que le Fonds avait amélioré l’accès des pays en développement aux facilités de crédit.
Sur le plan du commerce international, le Secrétaire général de la Chambre de commerce international, M. JOHN DANILOVICH, a recommandé que la communauté internationale s’engage à ratifier et mettre en œuvre les accords de facilitation du commerce de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à achever les négociations du Cycle de Doha d’ici à la fin de l’année et à faciliter le commerce dans les pays en développement. Une fois que les partenariats sont conclus et mis en application, il faut assurer un suivi, ont également prévenu les intervenants dont certains ont proposé de nouveaux outils à cet effet. Le prince Albert II de Monaco a, par exemple, appuyé la proposition d’établir un mécanisme de suivi propre à l’ODD 14 sur la protection des océans, par le biais de conférences triennales. De nouveaux outils doivent être développés en commun pour mesurer l’impact non financier des partenariats, a recommandé, pour sa part, le représentant de Mirova, M. PHILIPPE ZAOUATI, qui exprimait les préoccupations des investisseurs privés.
Faisant remarquer que « 17 objectifs et 169 cibles, c’est trop pour un homme d’affaires ordinaire », M. PETER BAKKER, de World Business Council for Sustainable Development, a annoncé une initiative décidée aujourd’hui par le secteur privé pour créer le « Compas ODD », un guide destiné à assister les responsables du monde des affaires à prendre des mesures pour accompagner la réalisation des ODD.
Le résumé du débat de cet après-midi sera présenté demain à 17 h 30, avant la clôture du Sommet sur le développement durable, a indiqué le Président du Sénégal en concluant le débat.