En cours au Siège de l'ONU

Forum de haut niveau sur une culture de paix,
matin & après-midi
AG/11673

Le Forum de l’Assemblée générale sur une culture de paix insiste sur la responsabilité des citoyens, des gouvernements et de la communauté internationale

Inspirées par le message de non-violence lancé par le petit-fils de Mahatma Gandhi, les délégations de haut niveau réunies aujourd’hui à l’Assemblée générale ont plaidé en faveur d’une véritable culture de paix dans un monde où trop de régions sont déchirées par la guerre et des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

Au cours d’un débat plénier et de deux tables rondes, l’une centrée sur le programme de développement durable pour l’après-2015, l’autre sur le rôle des médias dans la promotion de la culture de paix, représentants d’États Membres et experts ont reconnu l’importance de l’éducation à la compréhension et au respect mutuels, en insistant sur la nécessité d’agir à tous les niveaux pour promouvoir cette culture de paix.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a entamé cette année par une visite à l’Ashram Sabarmati créé par Gandhi, s’est souvenu des mots du Mahatma: « Il n’y aura pas de paix durable sur terre si nous n’apprenons non pas seulement à tolérer la religion de l’autre mais à la respecter comme la nôtre ».

On attend donc de la communauté internationale et des autres parties prenantes qu’elles assurent la promotion de la compréhension mutuelle, tout en renforçant le respect de la diversité religieuse et culturelle, ainsi que la liberté de pensée, de croyance et d’expression.  C’est ce qu’a rappelé, en ouvrant ce Forum de haut niveau, le Président par intérim de l’Assemblée générale, M. Einar Gunnarson.

Si le débat a mis en évidence la responsabilité primordiale des gouvernements, qui doivent élaborer des politiques favorables à la justice, à la sécurité, à l’état de droit, au rétablissement de la paix et à la prise de décisions démocratiques, les participants ont aussi été d’accord pour dire que la culture de paix devait s’ancrer dans la vie quotidienne des gens.  « Ce n’est que par la transformation personnelle qu’on peut changer le monde », a affirmé M. Arun Gandhi, en partageant les leçons apprises de son aïeul.

« Transformer notre monde » est précisément l’intitulé du nouveau « Programme de développement durable à l’horizon 2030 » qui sera adopté au Sommet de septembre par tous les États Membres de l’ONU.  Il comporte à ce sujet l’objectif 16, visant la promotion de sociétés pacifiques et inclusives, et l’objectif 4, qui insiste sur des systèmes d’enseignement voués à promouvoir durablement la culture de paix et la non-violence.

Mais notre feuille de route en la matière demeure la Déclaration et le Programme d’action sur la culture de paix, adoptés en 1999, a rappelé le Secrétaire général, avant d’inviter à investir dans les jeunes pour en faire des artisans de paix.  Les intervenants ont, à cet égard, rappelé l’importance de l’éducation qui, à l’école, à l’université et au cours de la formation des adultes, permet de semer les graines du respect et de la compréhension.

Plaçant la communauté internationale devant sa responsabilité « collective et impérative » de faire progresser la culture de paix, le Secrétaire général a donné l’exemple de la crise des migrants en Europe.  Cette question d’actualité sera d’ailleurs examinée dans quelques jours, à la fin de ce mois de septembre, par les dirigeants du monde réunis par le Secrétaire général en réunion extraordinaire, afin de trouver une approche systématique du flux des migrants et des réfugiés.

FORUM DE HAUT NIVEAU SUR UNE CULTURE DE PAIX

Déclarations liminaires

« L’expérience nous a montré, a déclaré M. EINAR GUNNARSON (Islande), Vice-Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, que la paix ne veut pas dire absence de conflit. »  La paix exige des sociétés équitables, une éducation inclusive et des actions concrètes, et surtout, la paix est un rêve irréalisable sans le développement.  Le Vice-Président a dénoncé le terrorisme, la cybercriminalité, le trafic de drogues et des êtres humains, les violations des droits de l’homme et les défis des changements climatiques, comme autant d’obstacles à la création d’un monde plus pacifique.

« L’année 2015, s’est-il réjoui, nous offre l’espoir et la chance d’un avenir meilleur. »  Il est revenu sur la résolution que l’Assemblée générale a adoptée la semaine dernière pour transmettre « Transformer notre monde: Le programme de développement durable à l’horizon 2030 » au Sommet de septembre.  L’objectif 16, a expliqué le Vice-Président, parle de la promotion de sociétés pacifiques et inclusives alors que l’objectif 4 insiste sur des systèmes d’enseignement qui puissent durablement promouvoir la culture de paix et la non-violence. 

Dans ce contexte, a prévenu le Vice-Président, il nous faut une stratégie progressive et universelle pour faire en sorte que la culture de paix s’ancre dans la vie quotidienne des gens.  Cela exige de la communauté internationale et des autres parties prenantes qu’elles promeuvent la compréhension mutuelle, tout en renforçant le respect de la diversité religieuse et culturelle, insistent sur la liberté de pensée, de croyance et d’expression, éliminent toutes les formes de discrimination et d’intolérance et élaborent des politiques favorables à la justice, à la sécurité, à l’état de droit, au rétablissement de la paix, à la prise de décisions démocratiques et aux interventions humaines. 

La communauté internationale et les autres parties prenantes doivent aussi encourager une plus grande participation des femmes à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, et recourir plus efficacement aux médias pour promouvoir et diffuser l’information sur la culture de paix.

« Cette réunion, a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON, est celle des vérités cruelles de notre monde où des populations souffrent de la violence et des atrocités commises. »  La Syrie, s’est-il expliqué, est la pire crise humanitaire de nos jours.  « J’ai condamné, a-t-il rappelé, les parties, en particulier le Gouvernement pour les graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire qui s’apparentent à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité. » 

« En Syrie, en Iraq et ailleurs, l’ONU fait tout pour sauver des vies.  Mais, a prévenu le Secrétaire général, il nous faut de la volonté politique et des fonds. »  Tous ceux qui ont de l’influence doivent dépasser leurs intérêts étroits et travailler pour le bien de la région et de notre monde.  L’ONU, a aussi souligné M. Ban, s’efforce de protéger le patrimoine culturel menacé par l’extrémisme violent.  « J’appuie, a-t-il affirmé, #Unite4Heritagecampaign, lancé par l’UNESCO. »

« Nous ne voyons que trop, s’est impatienté le Secrétaire général, des régions déchirées par la guerre et des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. »  Même dans les sociétés pacifiques et démocratiques, les minorités sont attaquées pour leur race, leur orientation sexuelle ou autre.  Notre responsabilité est « collective et impérative ».  Devant la crise des migrants en Europe, le Secrétaire général a annoncé qu’il profitera de la semaine de haut niveau, à la fin de ce mois de septembre, pour convoquer une réunion extraordinaire des dirigeants du monde et rechercher une approche systématique du flux des migrants et des réfugiés.

Le Secrétaire général a salué les réactions exemplaires qu’il a vues jusqu’ici et s’est fait l’écho des positions contre la xénophobie et la discrimination.  « Nous ne pouvons, a-t-il dit, bâtir une culture de paix sans une campagne active contre la division et l’injustice. »  Pour aller au-delà des mots apaisants, nous devons faire preuve de courage et en l’occurrence, notre feuille de route demeure la Déclaration et le Programme d’action sur la culture de paix, a insisté le Secrétaire général.

Notre monde, a-t-il averti, avance vite et les forces de la division et de la haine aussi.  Le Secrétaire général s’est dit particulièrement horrifié par ceux qui mènent des attaques violentes au nom des plus grandes religions du monde.  « Ils se couvrent de gloire alors qu’ils devraient se couvrir de honte. »

Il a insisté sur le fait que la grande majorité des 1,8 milliard de jeunes aspirent à la paix, à la sécurité et au développement et qu’il est temps d’investir dans leur capacité de « consolidateurs de la paix ».  Le Secrétaire général s’est félicité de la conférence sur « Les jeunes et Internet: Combattre la radicalisation et l’extrémisme violent » que l’UNESCO a organisée en juin dernier. 

Dans quelques semaines, a-t-il conclu, l’ONU adoptera le programme de développement durable à l’horizon 2030, essentiel pour prévenir les conflits et nourrir une culture de paix, en ce soixante-dixième anniversaire de l’Organisation. 

Le Secrétaire général, qui a commencé cette année par une visite à l’Ashram Sabarmati créé par Gandhi, s’est souvenu des mots du Mahatma: « il n’y aura pas de paix durable sur terre si nous n’apprenons non pas seulement à tolérer la religion de l’autre mais à la respecter comme la nôtre ».  Gandhi, a commenté M. Ban, a prouvé que la culture de paix peut changer le cours de l’histoire.  « Appuyons-nous sur son héritage jusqu’à ce que cessent les terribles souffrances de notre monde et s’installe une paix durable », a-t-il ajouté.

M. ARUN GANDHI, petit-fils du Mahatma Gandhi, a rejeté l’idée que le nationalisme et le patriotisme pouvaient aboutir à créer un monde durable et pacifique.  « C’est quelque chose auquel mon grand-père ne croyait pas », a-t-il dit, rappelant que, selon lui, le pire qui pouvait arriver à une nation était ce concept de nationalisme et de patriotisme.  « Il était partisan d’une vision mondiale, estimant qu’aucun pays ne pouvait vivre en paix et en sécurité si le reste du monde va à vau-l’eau. »

Bien souvent on pense que la paix, c’est l’absence de la guerre, a remarqué M. Gandhi, en constatant également les idées préconçues sur la non-violence: « on croit que c’est l’opposé de la violence, mais chacun d’entre nous contribue à la violence continuellement, bien souvent sans le savoir et sans le reconnaître ». 

Il a invité à mieux connaître ses propres faiblesses.  La philosophie de non-violence de Gandhi était donc une arme de transformation personnelle, a-t-il expliqué.  « Si aujourd’hui nous nous tournons vers les gouvernements pour qu’ils agissent en faveur de la non-violence, en promulguant des lois et en prenant des initiatives en faveur de la paix dans le monde, il faut toutefois commencer par l’individu. »  « Nous devons devenir le changement que nous voulons voir dans le monde », a-t-il dit en reprenant une citation de Gandhi qui a fait le tour du monde.

M. Gandhi a ensuite raconté comment il avait appris une leçon de son grand-père, quand il avait 12 ans, à partir d’un petit crayon qu’il avait jeté car il pensait qu’il méritait un crayon plus long.  « Lorsque je lui ai demandé un nouveau crayon, il m’a posé beaucoup de questions au lieu de m’en donner un autre », a-t-il dit en se rappelant qu’il avait fini par lui demander de rechercher le crayon jeté.  Son grand-père lui avait alors appris que même lorsqu’on fabrique quelque chose d’aussi simple qu’un crayon, on utilise beaucoup de ressources naturelles et si on le jette, on commet un acte de violence contre la nature. 

Il a alors expliqué le gaspillage dans les sociétés où l’on peut se permettre d’acheter ces ressources en gros et où on prive le monde de ses ressources.  « Ce sont des actes de violence contre la nature. »  « J’étais atterré d’apprendre qu’aux États-Unis, on jette 20 milliards de dollars de nourriture par an, alors qu’il y a beaucoup de pauvres dans ce pays », a-t-il poursuivi.  Le matérialisme et la moralité ont des tendances contraires, a-t-il dit.  « Lorsque l’un grandit, l’autre se réduit. »  Il a souligné l’importance de la punition et des lois pour mieux contrôler le gaspillage.

« Je ne crois pas ceux qui disent que la violence est dans la nature humaine et qu’on ne peut rien y faire », a aussi déclaré M. Gandhi.  Éduqué dans un foyer non violent, il a expliqué que sa fratrie n’était pas punie en cas de mauvais comportement. 

« Ce sont mes parents, a-t-il dit, qui jeunaient selon la gravité de nos actes.  Comme la relation avec nos parents était basée sur l’amour et le respect mutuel, nous en tirions ainsi une leçon. »  Il a aussi parlé de l’arbre généalogique de la violence et de la distinction entre la violence avec ou sans force physique (active ou passive).

La pauvreté est la pire forme de la violence, a-t-il aussi estimé.  Il a dénoncé le cercle vicieux de la violence qui fait que l’on recherche toujours le responsable du mal qu’on nous fait afin de le punir.  « Ce n’est que par le changement et la transformation personnelle qu’on peut changer le monde.  La paix ne viendra pas d’en haut.  Elle ne viendra que d’en bas. » 

Saluant les efforts déployés par les gouvernements pour instaurer la paix, il a toutefois remarqué les déceptions qui s’en sont suivies, notamment après la loi d’abolition des castes en Inde ou la loi sur les droits civiques aux États-Unis qui visait l’intégration.  « C’est à nous de changer nos vies », a-t-il martelé, en espérant que les gouvernements suivraient le mouvement et accepteraient ce mode de vie.

Son grand-père basait sa philosophie sur quatre grands principes: respect, compréhension, acceptation et appréciation.  C’est en appelant chacun à trouver un but que M. Gandhi a conclu son intervention.  « Nous ne devons pas être définis par des étiquettes car nous sommes tous reliés les uns aux autres », a-t-il aussi recommandé, avant de lancer un dernier appel: « Cessons d’exploiter l’autre. »

Son intervention a été suivie d’un récital offert par un duo de musiciens de Philadelphie, l’un israélien et l’autre palestinien, appelé Fusion Unlimited.

Débat plénier

Au nom du Conseil de coopération du Golfe, Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a salué la contribution de l’Alliance des civilisations pour favoriser une culture de paix s’appuyant sur le respect de la diversité humaine.  Elle a déclaré que la région du Golfe était le berceau des grandes religions monothéistes.  Elle a appelé à lutter contre les stéréotypes religieux avant de déclarer que l’islam était une religion qui s’appuyait sur l’affirmation des droits de l’homme.  Elle a salué les initiatives de l’Arabie saoudite, du Bahreïn et des Émirats arabes unis pour promouvoir le dialogue entre les civilisations et la tolérance.

M. RICHARD ERDMAN (États-Unis) a dit l’importance de l’objectif 16 des objectifs de développement durable pour promouvoir une culture de paix comme élément du développement durable.  Il a affirmé que la liberté d’expression était une valeur clef de l’ONU et que la liberté de la presse était essentielle pour favoriser l’émergence de sociétés démocratiques.  Il a salué les débats en cours pour amplifier le rôle des médias dans la promotion d’une culture de paix. 

« Si les deux Allemagne ont pu faire tomber le mur et si les États-Unis, le Japon et le Viet Nam peuvent être des amis aujourd’hui après de terribles guerres, j’espère que les Israéliens et les Palestiniens sauront un jour vivre en paix », a dit M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh).  « Pour arriver à assoir une culture de la paix, nous devons créer un état d’esprit de tolérance et de respect pour l’autre », a-t-il insisté, avant de prévenir qu’il ne peut y avoir de développement sans culture de paix. 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a mis l’accent sur le rôle de la musique pour promouvoir la compréhension interculturelle.  Elle a dit l’importance d’une véritable culture de paix pour parvenir à la paix des cultures.  Elle a indiqué que son pays avait proposé de faire du 5 septembre la journée internationale de la charité comme élément de dialogue entre les populations de différentes civilisations.  Elle a souligné le rôle déterminant des femmes et des jeunes pour promouvoir une culture de paix.  

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a souligné l’importance du programme de développement durable pour l’après-2015 pour réaliser le développement, la justice, les droits de l’homme et l’égalité souveraine, des conditions essentielles pour arriver à une paix durable.  « Nous avons été actifs pour promouvoir la modération dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a-t-il indiqué. 

Les médias peuvent jouer un rôle très important pour promouvoir la paix, a-t-il dit, en regrettant qu’ils soient aussi utilisés à des fins de diffusion de la haine.  Il faut dès lors réglementer leur utilisation, a-t-il recommandé, avant de rappeler l’importance du maintien des médias traditionnels.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a déploré que certaines grandes puissances de la région fassent preuve d’animosité face à la paix et à la tolérance, car elles sont convaincues, a-t-il dit, que mener des guerres est la panacée pour régler les problèmes de l’humanité.  Il a invité le monde à ouvrir la porte à la paix et à l’amitié, en cessant de compter sur les armes de destruction massive.  La guerre est en effet la première cause de l’insécurité, de l’injustice et du sous-développement, a-t-il remarqué. 

Il a estimé que la culture de paix serait renforcée par l’application du programme de développement durable pour l’après-2015.  Enfin, il a rappelé que, il y a deux ans, son gouvernement avait soumis à l’Assemblée générale une résolution prônant un monde contre la violence et l’extrémisme violent.

Mme ALMAGUL KONURBAYEVA (Kazakhstan) a plaidé en faveur de la culture de paix comme base de l’éducation, à l’école, à l’université et au cours de la formation des adultes.  Le 1er septembre, la première leçon apprise par les écoliers de son pays est « le son de la paix », a-t-elle indiqué. 

Le pays a aussi célébré hier le festival des langues, a-t-elle dit avant de parler du dialogue mis en place dans la société avec les dirigeants religieux et spirituels.

M. HAHN CHOONGHEE (République de Corée) a estimé que le développement durable ne pouvait avoir lieu en l’absence de paix.  Il s’est donc félicité de l’objectif de développement durable 16, qui vise à édifier une société pacifique et sans exclusive, ainsi qu’une bonne gouvernance.  Mais la paix, a-t-il rappelé, c’est davantage que l’absence de guerre et de conflit: ce sont des sociétés vivant dans la justice. 

Après avoir rappelé que la constitution de l’UNESCO souligne que la guerre commence dans l’esprit des hommes, il a insisté sur l’importance de l’éducation pour semer les graines du respect et de la réconciliation.  Le représentant a aussi vanté les possibilités qu’offrent les médias pour promouvoir la paix.

M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a appelé à renforcer les concepts de paix et d’harmonie comme moyen de contrer le terrorisme et la violence.  « Nous ne pouvons parler de culture de paix alors que nous fermons les yeux sur la nécessité d’un règlement durable du conflit israélo-palestinien qui alimente l’extrémisme », a-t-il dit.  Il a rappelé la référence que constituent la Déclaration et le Programme d’action des Nations Unies sur une culture de la paix adoptés il y a 10 ans.  « La culture de la paix n’est plus un slogan ou un luxe mais une nécessité impérieuse pour la stabilité », a–t-il insisté.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé que le dialogue interculturel devait être considéré comme une priorité dans le domaine des droits de l’homme.  Il a indiqué que l’Italie avait lancé une initiative multilatérale pour réagir aux crises humanitaires en Syrie et en Iraq.  Il a mis l’accent sur l’importance du rôle des femmes et des filles pour promouvoir une culture de paix.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a présenté l’expérience de son pays multiculturel pour promouvoir une culture de paix entre les groupes constituant la Malaisie par le biais de dialogues interconfessionnels et interculturels. 

M. RAZAQ SALMAN MASHKOOR (Iraq) a dit que le terrorisme constituait un immense défi aux efforts du Gouvernement iraquien pour promouvoir une culture de paix.   

Mme LARYSA BELSKAYA (Bélarus) a salué les progrès accomplis depuis la création de l’ONU dans la prévention des conflits, tout en notant l’état alarmant du monde actuel.  Elle a jugé nécessaire de former des systèmes de relations internationales où ne règnerait pas la loi du plus fort mais plutôt l’équité, le respect mutuel et la confiance. 

Rappelant que les guerres naissent dans les esprits, elle a insisté sur l’importance de l’éducation à la culture de paix.  Son pays œuvre en ce sens avec l’UNESCO, a-t-elle dit.  Elle a aussi souligné l’importance de la famille dans la promotion de la paix.

M. VELASQUEZ (Pérou) a rappelé que son pays avait présidé le groupe d’amis de la culture de paix et du développement.  Il a aussi indiqué que le Ministère de la femme et des populations vulnérables de son pays avait créé la Direction des déplacés et de la culture de paix. 

Le Gouvernement péruvien a en outre lancé des politiques visant la pleine inclusion politique, économique et sociale de toutes les personnes.  Il existe aussi un Bureau multisectoriel qui assure la promotion de la culture de paix.  Le représentant a également parlé du rôle important des médias dans ces efforts.

M. MUSSA (Égypte) a relevé que les événements qui se déroulent dans de nombreuses parties du monde prouvent l’urgence de la promotion de la culture de paix.  Il a estimé que toute tentative d’éradiquer la violence doit s’attaquer aux causes des problèmes, en adoptant une approche qui ne se limite pas aux aspects militaires.  Il a prôné des efforts concertés pour changer la structure intellectuelle qui renforce la violence. 

Il faut inclure le règlement des conflits régionaux, notamment pour arriver à un règlement juste et pacifique de la question palestinienne, a-t-il souhaité.  Il a par ailleurs recommandé d’agir au niveau de la jeunesse, afin de la préserver de l’extrémisme en canalisant son énergie dans la bonne direction.  Le rôle des médias, a-t-il ajouté, est de permettre une plus grande prise de conscience.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a plaidé en faveur d’une nouvelle stratégie plus déterminée en faveur d’une culture de paix.  Le programme de développement pour l’après-2015 représentera une base solide pour lutter contre la violence, a-t-il estimé. 

Il a salué notamment le principe d’appropriation nationale qui souligne l’importance des programmes à adopter au niveau national.  Le rôle de l’éducation et des médias est aussi très important pour promouvoir des sociétés inclusives, a-t-il ajouté avant de préciser que son pays encourageait les médias à assurer un dialogue interculturel.

M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a estimé que l’affirmation d’une culture de paix passait par l’élimination de toutes formes de discriminations et d’intolérance.  Il a dit l’importance de la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour l’édification d’une culture de paix après les conflits.  Il a insisté sur le fait que la reconnaissance de la diversité constitue la base de l’élimination de toute forme d’intolérance.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a dit la nécessité de combattre les idéologies extrémistes mais aussi les amalgames véhiculés par certains médias ou discours publics.  Il a dit la nécessite de faire de la diversité culturelle un pilier fondamental des programmes scolaires.  Il a jugé indispensable de faire des progrès dans la lutte contre l’incitation à la haine dans les médias sociaux. 

M. NAGIB I. S. KAFOU (Libye) a dit la nécessité de poser de nouvelles normes et fondations pour la paix en prenant conscience que tout ce qui se passe dans un pays a une incidence sur des pays voisins.  « Ce qui est commis contre un être humain est commis contre tous les êtres humains », a–t-il affirmé, avant de citer l’optimisme du peuple libyen malgré toutes les difficultés auxquelles il fait face.  

M. BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a dit le rôle important des autorités religieuses pour promouvoir la tolérance et le respect de la diversité alors que nous sommes témoin d’un développement sans précédent du radicalisme et de l’extrémisme violent.  Il a souhaité que les éléments relatifs à la promotion de la culture de paix reçoivent l’attention nécessaire dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  

Mme IRASET BROOKS MORENO (Cuba) a apprécié le rôle important joué par l’UNESCO dans la promotion de la culture de paix.  Elle a appelé les dirigeants mondiaux à faire preuve de davantage de volonté politique dans ce sens.  Il faut, a-t-elle plaidé, respecter la diversité des systèmes sociaux et religieux pour arriver à un monde juste.  Elle a demandé de lutter concrètement contre le terrorisme notamment contre le terrorisme d’État. 

L’étude des cultures, des civilisations, des langues, de l’histoire et de la philosophie est un bon moyen de lutter contre la violence, a-t-elle dit avant de souligner également l’importance du rôle des médias.  Elle s’est enfin félicitée que la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ait proclamé l’Amérique latine et les Caraïbes « zone de paix » dans la Déclaration de La Havane.

M. LEVENT ELER (Turquie) a estimé que le phénomène des déplacés à cause de la violence devait être géré par toute la communauté internationale, en gardant à l’esprit toutes les valeurs universelles.  La paix et le développement sont des phénomènes qui se renforcent mutuellement, a-t-il rappelé. 

Il s’est félicité de l’objectif de développement durable 16 qui prévoit d’édifier des sociétés démocratiques.  Le rôle des médias est clef, a-t-il ajouté, tout en regrettant leur détournement pour des objectifs opposés à la paix.  II a donc appelé à respecter les principes déontologiques de cette profession.

M. THOMAS ADOUMASSE (Bénin) a espéré qu’après son adoption, le programme de développement pour l’après-2015 permettrait d’assurer un environnement de paix.  La promotion de la paix est un des principaux socles de l’action de l’ONU, a-t-il remarqué en citant notamment la Déclaration du Programme d’action sur une culture de paix adopté en 1999. 

En matière d’appropriation, il a fait état de l’expérience de son pays qui promeut la démocratie et les droits de l’homme, d’une part, et la compréhension, la tolérance et la solidarité, d’autre part.  Le Bénin, qui s’appuie sur le pluralisme politique, la stabilité des institutions, a contribué à garantir la base du développement.  Enfin, il a vanté l’adoption récente de l’Initiative africaine d’éducation à la paix par le biais du dialogue interreligieux et interculturel, qui a déjà porté des fruits dans son pays.

M. BUDHU (Trinité-et-Tobago) a dit que le développement d’une culture de paix était indissociable de l’éradication de la pauvreté.  Cela passe aussi par le respect de la vie et la promotion de la non-violence par le biais du dialogue et de la coopération.  Pour son pays, le développement durable n’est possible que si on édifie des sociétés pacifiques fondées sur des institutions transparentes et responsables.  Il a dénoncé le commerce illicite des armes et de drogues qui menacent le développement de certains pays.  D’un autre côté, il a placé beaucoup d’espoir dans l’éducation comme outil de promotion de la culture de paix.

Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a indiqué que son pays avait connu l’insécurité et une violence ayant causé de nombreux départs.  Elle a affirmé que le Honduras avait mis en place une stratégie visant à protéger les enfants du Honduras de plus en plus nombreux à quitter le pays dans l’espoir d’une vie meilleure au nord. 

Mme CARLA ESPERANZA RIVERA SÁNCHEZ (El Salvador) a dit l’objectif de son gouvernement de veiller à ce que les enfants parviennent à conclure une éducation primaire et secondaire.  Elle a dit l’importance de créer des institutions chargées de favoriser l’accès à l’information et à la transparence s’agissant des actions du gouvernement.

M. DENIS G. ANTOINE (Grenade) a dit que les 193 États Membres de l’ONU représentaient autant de paradigmes de la paix.  Au-delà des « petites paix respectives », il a souligné la nécessité de parvenir à une force commune pour la paix.  

Mme NADYA RIFAAT RASHEED, observatrice de l’État de Palestine a regretté la persistance de décennies d’oppression contre le peuple palestinien.  Elle a dit que la construction d’un mur de séparation et le maintien d’un blocus n’apporteraient jamais aucune réponse positive au conflit israélo-palestinien. 

Elle a dit que seule la justice pouvait nous permettre de parvenir à la paix.  Le peuple palestinien ne peut plus attendre la mise en œuvre de ses droits et Israël doit cesser de croire qu’il est un État au-dessus de la loi, a-t-elle ajouté.

Mme ANNE CHRISTENSEN de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a fait état de la souffrance des migrants qui font face à la xénophobie et aux violences.  Elle a dit que la Fédération s’apprêtait à lancer une campagne mondiale destinée aux États pour préserver les droits et la dignité et renforcer la cohésion sociale entre les migrants et les communautés hôtes.  

Table ronde 1: Promotion de la culture de paix dans le cadre du programme de développement durable pour l’après-2015

Avant de lancer les discussions qui se sont focalisées sur les formidables enjeux du programme de développement durable pour l’après-2015, le lien entre paix et développement, la force de la foi et les risques d’une mauvaise exécution du nouveau programme sans un vrai changement de paradigme, le Modérateur de la table ronde, ancien Représentant permanent du Bangladesh auprès des Nations Unies et à l’origine de l’adoption, par l’Assemblée générale, de la Déclaration et du Programme d’action sur la culture de paix, en 1999, a souligné que depuis lors, l’Assemblée approuve chaque année une résolution sur la mise en œuvre du Programme d’action.  M. ANWARUL K. CHOWDHURY a voulu que les délibérations de ce quatrième Forum annuel de haut niveau nourrissent la prochaine résolution.  

En attendant, Mme MARIA EMMA MEJIA (Colombie) n’a pu que se féliciter, une nouvelle fois, de l’adoption d’un programme de développement pour l’après-2015 qui a nécessité des négociations longues, intenses et ardues.  Après le Sommet de septembre au cours duquel les dirigeants du monde adopteront formellement le programme, l’urgence sera de réadapter l’ONU, dont la configuration budgétaire actuelle exigera de la créativité. 

Mais après le succès de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement, Mme Mejia s’est voulue « optimiste » même devant la question difficile des migrations.  La « construction collective » que sera la mise en œuvre du programme peut être un modèle pour les nations, s’est-elle expliquée.  En 2030, nous devons avoir une société meilleure grâce à la réalisation complète des objectifs 4 et 16 du nouveau programme qui parle d’« assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie » et de « promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ».

Il s’agira en effet d’un effort collectif, a reconnu la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après-2015.  Mme AMINA MOHAMMED a jugé « crucial » de poursuivre le dialogue enclenché lors des négociations.  Ce programme, qui va au-delà de la dimension sociale du développement, parle du développement durable, des conflits, de l’humanitaire.  Sans débat, sans partenariat, nous n’obtiendrons pas les résultats escomptés, a-t-elle prévenu.  Tous les pays doivent réfléchir à leur propre vision et élaborer leur plan, conformément aux engagements pris en vertu du nouveau programme post-2015.  Chez moi, a-t-elle confié, dans la région même où sévit aujourd’hui Boko Haram, il s’agira de réconcilier Chrétiens et Musulmans.  J’ai vu des villages dévastés mais j’ai vu aussi l’espoir, celui de l’esprit humain qui s’inspire de la foi.

L’essence de la religion n’est-elle pas la communion entre individus au-delà des différences et des divergences, a commenté l’ancien Président de la Roumanie et représentant de l’Académie de la diplomatie culturelle et la Coalition interparlementaire de l’éthique.  M. EMIL CONSTANTINESCU a expliqué pourquoi ses deux organisations ont choisi le « Levant » comme nom de leur nouvelle initiative de paix?  Parce que, a-t-il dit, le « Levant » est le berceau de la diplomatie culturelle qui peut se prévaloir de milliers d’années de dialogue interculturel. 

Les mouvements populaires en Tunisie, en Égypte ou en Syrie ont braqué les projecteurs non seulement sur la région de la Méditerranée mais surtout sur ce qui peut se produire quand le dialogue n’existe pas.  Les trois Livres sacrés des religions monothéistes, qui ont vu le jour au Levant, parle de paix et d’entente entre les peuples.  Arrêtons de rechercher dans notre coopération internationale, le plus petit dénominateur commun.  Cherchons « le plus grand dénominateur commun de la foi » et en ce nouveau millénaire, retrouvons la foi non pas pour l’utiliser contre l’autre mais pour le comprendre.  La paix n’est que le nom de Dieu pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans et c’est l’arrogance des hommes qui a fait oublier le message de Dieu.  Ne nous laissons pas intimider par cette arrogance.  La mondialisation est inéluctable et elle exige que l’on promeuve le multiculturalisme.

Il faut donc un nouveau système, a tranché l’ancien Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  Avec le système actuel, a-t-il dénoncé, des milliers d’enfants meurent tous les jours de faim alors que l’on consacre des milliards de dollars aux dépenses militaires.  M. FEDERICO MAYOR a crié au cynisme, en rappelant que ces 20 ou 25 dernières années, toutes les déclarations internationales ont été « méprisées ».  « Nous avons 17 objectifs de développement durable, formidable, qui consacrent la culture de paix, tout aussi formidable et qui réservent un grand rôle à la femme, encore plus formidable. » 

Mais comment les mettre en œuvre efficacement, dans un monde où précisément « la durabilité » est en péril?  C’est une responsabilité « énorme » pour cette génération, a prévenu l’ancien Directeur général.  Nous devons agir maintenant parce que nous n’avons plus le temps de tergiverser.  Nous sommes, a-t-il dit, paraphrasant le Président américain, M. Barack Obama, la première génération à faire face aux changements climatiques mais aussi la première à pouvoir y répondre. 

Les mesures qui seront prises seront sans doute « formidables » mais ce ne seront pas les premières mesures « formidables » qu’aura prises le monde.  Regardez la vague des migrants, regardez la faim dans le monde.  Non, a conclu l’ancien Directeur général, « la solution est ici » et elle exige que l’on revienne au rêve du Président Roosevelt, en procédant à une refonte de l’ONU, car demain, il sera peut-être trop tard.  Plus de G-7, plus de G-20 mais du multilatéralisme démocratique.

Le programme de développement durable doit être vu comme un programme pour les peuples et pour la planète et non pas pour les peuples ou pour la planète et certainement pas pour les uns et pas pour les autres, a commenté, à son tour, Mme BARBARA ADAMS, membre du Conseil d’administration du Global Policy Forum.  On ne peut le mettre en œuvre, a-t-elle averti, sans réfléchir à la manière dont les richesses sont réparties dans le monde, sans réfléchir à l’exploitation de l’environnement et de l’homme car « la pauvreté est une violence économique ».  Il faut un nouveau partenariat plus équilibré dans lequel ceux qui ont profité le plus du modèle économique passé et actuel sont ceux qui doivent changer le plus. 

Plusieurs intervenants sont revenus sur l’importance du futur objectif 4 relatif à l’éducation, racine carré de l’objectif 16 relatif aux sociétés pacifiques et ouvertes, comme l’a fait remarquer la représentante de l’Association for Childhood Education International.  Pour eux, l’éducation est essentielle pour la culture de paix en ce qu’elle peut ouvrir les esprits et permettre de voir le monde autrement, a conclu le Modérateur. 

Ce programme exige que chacun d’entre nous vive de façon à contribuer à la solidarité internationale, morale et intellectuelle.  Les femmes ont leur rôle « prépondérant » à jouer car si la paix sans le développement n’est pas possible, ni la paix ni le développement n’est possible sans les femmes.  Les ressources sont là, a aussi insisté le Modérateur, mais elles sont mal dépensées.  Notre planète souffre des conséquences d’une militarisation accrue.

Table ronde 2: Le rôle des médias dans la promotion de la culture de paix

En lançant cette discussion, Mme MARJON KAMARA (Libéria) a rappelé le rôle d’éducation des médias qui contribue à la culture de paix, tel que cela est souligné dans la Déclaration sur la culture de paix.

« Avant toute chose, je vais vous raconter plusieurs histoires », a dit M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) afin d’illustrer le rôle crucial des médias pour faire réagir sur des sujets importants.  Il a d’abord rappelé ce qui était arrivé au Président Nixon après le reportage d’un journaliste.  Autre histoire, au début des années 1990: en voyage dans un pays du Golfe, il avait été témoin de l’utilisation d’enfants comme jockeys pour des courses de chameaux, certains étant mutilés et mourant de leurs blessures.  « J’avais pris des photos et j’avais raconté cette histoire à mes étudiants, avant d’adresser des lettres à des responsables pour les alerter sur ce problème. »  Si cette démarche n’avait pas donné de résultats, c’est une discussion relayée par le Boston Globe, puis par les journaux télévisés de CNN et NBC, qui avait fait bouger les dirigeants politiques, a-t-il expliqué. 

Il a aussi tenu à rappeler la réaction mondiale après la photo récente de la dépouille d’un enfant syrien migrant noyé et retrouvé sur une plage turque.  Le représentant a ensuite étendu ses remarques aux médias sociaux.  Si un message vous choque, il faut le dire, a-t-il lancé, assurant qu’aucun tyran ne pouvait résister à la médiatisation.  M. Momen a aussi dénoncé les milliards de dollars dépensés chaque année pour l’armement.  Pour arriver à l’avenir que nous voulons, a-t-il prévenu, nous devons consacrer des sommes importantes au développement, ainsi que déployer une volonté politique en faveur de la culture du développement.

Ce sont les gros titres qu’a choisis la Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, Mme CRISTINA GALLACH, pour illustrer le pouvoir des médias, en comparant ceux parus il y a quelques semaines avec ceux de la semaine dernière, à propos des demandes d’asile.  Au début on lisait « Les migrants: l’afflux dans la rue »; « Les migrants: combien pouvons-nous en accueillir? », puis, récemment, on a lu « La petite victime d’une grande catastrophe », « L’enfant de quelqu’un », « L’Europe n’a pas pu le sauver »…

Mme Gallach a également cité un programme de France 24 qui jetait la lumière sur l’accueil des migrants de l’Afrique subsaharienne en Allemagne, ainsi que des images de ressortissants allemands applaudissant l’arrivée des migrants.  La Secrétaire générale adjointe a remarqué que l’Union européenne avait, depuis, revu à la hausse les quotas d’accueil des réfugiés et que le ton avait vraiment changé en l’espace de quelques semaines.  Elle a aussi prôné un dialogue en ce sens à travers les médias sociaux, avant de s’interroger sur la présence insuffisante des femmes dans les médias.  Mme Gallach a conclu en recommandant de soutenir des médias dynamiques et transparents.

M. MIHAEL NAGLER, Président de Metta Center for Nonviolence, est, pour sa part, revenu à un jour de 1888 qui avait vu en même temps la découverte des radiations atomiques et la première projection d’un film Paris, deux évènements technologiques majeurs.  Il a aussi remarqué que, lors de la sixième commémoration des attentats du 11 septembre, on avait oublié que c’était le centième anniversaire d’un acteur de la non-violence né en Afrique du Sud en 1906. 

Il a aussi fait référence aux trois Américains qui ont, le mois dernier, neutralisé un présumé terroriste dans un train en Europe.  Il a comparé ces nouvelles avec le peu d’écho qui est donné à la non-violence dans la presse, alors que, selon Gandhi, la non-violence est naturelle et un outil efficace.  Les médias causent plus de tort en ne parlant pas assez de non-violence qu’en parlant de la violence, a-t-il estimé. 

M. Nagler s’est aussi attaqué aux informations données par certaines chaines de télévision, en expliquant que les personnes qui les regardent sont beaucoup moins instruites que celles qui ne consultent aucun média.  M. Nagler a tenu à rappeler, en outre, que l’ensemble des médias américains sont contrôlés par six entreprises.  Il a appelé à boycotter ces médias et invité les médias sociaux à casser ce monopole.

Mme SHARON BHAGWAN-ROLLS, Fondatrice et Directrice de FemLINKPACIFIC (Fidji), a constaté l’absence de rôle explicite confié aux médias dans le programme de développement pour l’après-2015.  En revanche, l’article 7 de la Déclaration et du Programme d’action sur la culture de paix réitère le rôle de l’éducation et de l’information des médias.  Il faut épauler les médias afin qu’ils soient libres, a-t-elle recommandé, avant de souligner la responsabilité de protéger les civils en temps de conflit, ainsi que les journalistes et le personnel associé. 

Le modèle de médias communautaires qu’elle propose s’appuie sur des supports novateurs, a-t-elle expliqué.  Les femmes sont aussi encouragées à y contribuer, y compris les femmes handicapées, rurales et militantes.  Il ne faut plus définir la une des journaux par des notions patriarcales, a-t-elle lancé à cette occasion.  Elle a aussi souhaité que la communication sur la culture de la paix ne soit plus limitée par les pressions commerciales.  Elle a donc prôné l’adoption des directives pour garantir l’indépendance des médias.

Réagissant à ce débat, une journaliste a rappelé que ce sont les histoires violentes qui font vendre.  Elle a donc jugé important de faire évoluer les mentalités, pour que l’audience et les lecteurs s’intéressent davantage aux histoires relatives à la paix. 

Un autre participant venu de Californie, originaire d’Inde, représentant du projet Action Moves People United, a expliqué qu’il réunissait des personnes venant d’horizons différents afin qu’elles s’expriment.

Le Fondateur de la campagne « We are the World » a alerté sur les images violentes présentées dans les jeux vidéo et les films.  Cela finit par modifier les esprits et laisse croire qu’on peut dominer par la violence, a-t-il expliqué.  Il a proposé, à l’occasion du cessez-le-feu de la Journée internationale de la paix, le 21 septembre, d’instaurer un cessez-le-feu des médias qui accepteraient de ne pas parler ni montrer des histoires violentes.  Enfin, la représentante d’une organisation qui a parrainé un festival des médias à Washington a soutenu les médias qui promeuvent des œuvres de compassion.

Déclaration de clôture

Le Président par intérim de l’Assemblée générale, au nom du Président de l’Assemblée générale, M. SAM KUTESA, a résumé les discussions de la journée qui ont mis l’accent sur le rôle des médias dans le développement, dans le cadre de l’après-2015.  Les intervenants ont noté que la non-violence devait être inculquée dès le plus jeune âge, grâce à des programmes scolaires qui promeuvent la compréhension des cultures. 

Le rôle des femmes a également été souligné, ainsi que celui des dirigeants religieux et des médias.  Beaucoup ont aussi constaté que le monde moderne était devenu de plus en plus interdépendant et que les actes de violence augmentent dans le monde entier.  Ils ont appelé à promouvoir une culture de tolérance et de réconciliation. 

 

 

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