L’Assemblée générale approuve le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement
Elle rend hommage à l’ancien Représentant permanent de Djibouti auprès de l’ONU, Roble Olhaye, décédé le 22 juillet
L’Assemblée générale a approuvé, aujourd’hui, le Programme d’action d’Addis-Abeba, adopté par la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’est tenue dans la capitale de l’Éthiopie du 13 au 16 juillet. Elle a également rendu un émouvant hommage à l’ancien Représentant permanent de Djibouti auprès des Nations Unies, Roble Olhaye, décédé le 22 juillet dernier.
« En approuvant le document de la troisième Conférence sur le financement du développement, nous inaugurons une nouvelle ère de coopération et d’un partenariat global », s’est félicité le Secrétaire général, après l’adoption par l’Assemblée de la résolution* intitulée « Programme d’action d’Addis-Abeba ».
Il a souligné que ce Programme d’action forgeait un nouveau partenariat global pour le financement du développement durable et établissait des mesures incitatives pour des investissements dans des domaines clefs, tout en prévoyant un mécanisme de reddition de comptes qu’il a qualifié de « robuste ».
Ce Programme d’action, qui mobilise les fonds nécessaires pour les 17 objectifs de développement durable pour 2015-2030 et ses 169 cibles, crée notamment « une nouvelle instance » en vue de combler les lacunes en matière d’infrastructures et « un mécanisme de facilitation de la technologie », permettant d’identifier les besoins dans ce domaine.
Au titre de la mobilisation des ressources du développement, les États Membres s’engagent à renforcer la mobilisation des ressources publiques intérieures, par le biais notamment d’une amélioration de l’administration fiscale, tandis que les pays développés réaffirment leurs engagements à atteindre l’objectif de consacrer 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement et de 0,15% à 0,2% pour les pays les moins avancés.
Le Secrétaire général a également rappelé que le premier Forum sur le développement, qui doit se tenir l’année prochaine, sera l’occasion pour la communauté internationale d’évaluer les progrès dans la mise en œuvre du Programme d’action. « C’est seulement en restant engagés que nous ferons en sorte que les actions entérinées aujourd’hui aboutiront à des progrès tangibles sur le terrain, pour tous les pays et pour tous les peuples », a-t-il dit.
Enfin, prenant date avec les deux grands évènements prévus au cours des prochains mois, le Secrétaire général a estimé que l’adoption de ce Programme d’action jetait les fondations du succès du prochain Sommet de New York, dont l’objectif est d’adopter le programme de développement pour l’après-2015, et celui de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre.
« Le ton a été fixé à Addis-Abeba », s’est félicité le représentant de l’Éthiopie. Si les autres délégations qui se sont exprimées ce matin, à l’instar de celles des États-Unis et de l’Union européenne, se sont félicitées de l’adoption du programme d’action, certaines ont tenu à souligner les insuffisances de ce texte.
Le représentant de l’Afrique du Sud a ainsi déploré que le texte ne réaffirme pas de manière explicite le principe clef des responsabilités communes mais différenciées. « La réaffirmation de ce principe dans le programme de développement pour l’après-2015 est cruciale », a-t-il déclaré, tout en précisant que le financement du développement et le financement de la lutte contre les changements climatiques étaient deux processus distincts. Comme d’autres délégations, il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement.
« Nous ne devons pas renégocier ce qui a été convenu », a prévenu, pour sa part, le représentant du Japon, qui a souhaité que la mise en œuvre des engagements du Programme d’action se fasse dans la « plus grande transparence budgétaire ». Plusieurs délégations, dont celles de la Turquie et de l’Équateur, ont émis des réserves sur certains paragraphes du texte.
La séance de l’Assemblée générale s’est ouverte en observant une minute de silence en hommage à l’ancien Représentant permanent de Djibouti, Roble Olhaye, décédé le 22 juillet dernier. Comme l’a rappelé le Président de l’Assemblée générale, de tous les chefs de délégations d’États Membres, il a été celui qui a occupé cette fonction le plus longtemps.
Le Secrétaire général a ainsi souligné que Roble Olhaye, en poste à New York depuis 1988, était surnommé « le représentant éternel au sein de la communauté des représentants ». « C’était un sage et une véritable encyclopédie tant ses connaissances étaient vastes », a dit M. Ban.
Si tous les groupes régionaux ont rendu un hommage appuyé à Roble Olhaye, c’est peut-être la Représentante permanente des États-Unis qui a eu les mots les plus émouvants au sujet de l’ancien Représentant permanent de Djibouti, qui fut longtemps Ambassadeur de Djibouti aux États-Unis et au Canada.
« Lorsque je suis arrivée à l’ONU, la première chose que l’on m’a recommandée de faire c’est d’aller voir Roble Olhaye », a-t-elle déclaré, en rappelant que c’était grâce à lui que Djibouti avait ouvert sa première ambassade aux États-Unis. Lorsque la représentante des États-Unis a loué la sagesse d’un homme qui « connaissait tout le monde et savait tout », le Président de l’Assemblée générale n’a pu s’empêcher de retenir ses larmes.
La prochaine séance de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
EXAMEN DU PROGRAMME D’ACTION D’ADDIS-ABEBA ISSU DE LA TROISIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT (PROGRAMME D’ACTION D’ADDIS-ABEBA): PROJET DE RÉSOLUTION (A/69/L.82)
Déclarations
« En adoptant le Document final de la troisième Conférence sur le développement, nous inaugurons une nouvelle ère de coopération et d’un partenariat global », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON. « Nous jetons les fondations du succès du Sommet de New York, en septembre prochain, dont l’objectif est d’adopter le programme de développement pour l’après-2015 et celui de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui se tiendra à Paris en décembre. » Il a souligné que le Programme d’action forgeait un nouveau partenariat global pour le financement d’un développement durable et établissait des mesures incitatives pour des investissements dans des domaines clefs pour le développement durable. Le Secrétaire général a également rappelé que des initiatives importantes avaient été lancées en marge de la Conférence d’Addis-Abeba, dont un nouveau partenariat de financement pour la santé des femmes et des enfants.
« Le Programme d’action d’Addis-Abeba permettra de guider l’action de toutes les parties prenantes », a assuré M. Ban, avant d’ajouter qu’il prévoyait aussi un mécanisme de reddition de comptes qu’il a qualifié de « robuste ». Le premier Forum sur le développement, qui doit se tenir l’année prochaine, a rappelé le Secrétaire général, sera l’occasion pour la communauté internationale d’évaluer les progrès dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba. « C’est seulement en restant engagés que nous ferons en sorte que les actions entérinées aujourd’hui aboutiront à des progrès tangibles sur le terrain, pour tous les pays et pour tous les peuples », a-t-il dit avant de conclure.
Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (Venezuela) a indiqué que le Document final de la Conférence d’Addis-Abeba ne reflétait pas toutes les vues sur le développement durable. Le développement durable doit s’appuyer sur un meilleur échange de connaissances afin de contribuer à réduire les inégalités, a-t-elle dit. Elle a émis plusieurs réserves, en particulier sur le paragraphe 31, et rappelé que son pays n’était pas partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a salué l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba par la Conférence sur le financement du développement. Ce document vient compléter les moyens de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il estimé. Les objectifs du futur programme de développement peuvent être atteints dans le cadre d’un partenariat mondial renforcé pour le développement durable, qui soit appuyé par des politiques et actions concrètes.
Le travail de mise en œuvre qui nous attend ne sera pas facile. Grâce à un partenariat mondial renforcé et une coopération Nord-Sud axés sur le développement, il sera possible de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre du futur programme de développement. Cela contribuerait considérablement à combler les inégalités économiques mondiales qui continuent de caractériser le système économique actuel. Un financement adéquat est nécessaire et c’est un domaine dans lequel les pays développés devraient faire preuve de leadership et d’engagement sans équivoque afin de vaincre la pauvreté. Le secteur privé et la coopération Sud-Sud devraient compléter ces efforts. Le financement public international reste d’une grande importance, a rappelé le représentant.
Le Groupe estime qu’il reste un nombre de questions de principe essentielles qui n’ont pas été prises en compte de manière adéquate dans le texte, en particulier la mention de manière explicite du principe de responsabilités communes, mais différenciées; la nécessité de maintenir l’intégrité de la troisième Conférence sur le financement du développement et le programme de développement pour l’après-2015 comme étant des processus différents tout en reconnaissant la nécessité de synergies solides entre les deux. De même, la nécessité pour les partenaires de développement de respecter leurs engagements y compris l’aide publique au développement; de faire face aux besoins spécifiques des pays à revenu intermédiaire de manière coordonnée par la création d’un plan d’action des Nations Unies pour atteindre cet objectif qui montre le caractère multidimensionnel du développement et de la pauvreté. En outre, il est important d’améliorer le Comité fiscal en organe intergouvernemental; d’avoir une référence explicite des pays et peuples vivant sous occupation étrangère; d’aborder la question de la levée et de la suppression des mesures coercitives, y compris les sanctions économiques unilatérales, et de veiller à ce que le financement pour la lutte contre les conséquences des changements climatiques ne soit ni complémentaire, et ne puisse être compté comme faisant partie de l’APD. Il ne peut pas non plus être intégré au financement traditionnel du développement.
Le Groupe souligne que le Programme d’action devrait appuyer et compléter les moyens de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.
M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré qu’il faudrait agir sur tous les fronts pour combattre les inégalités, la pauvreté et pour atteindre les objectifs de développement durable. L’Union européenne, a-t-il assuré, continuera d’apporter sa pierre à l’édifice en particulier en faveur des pays les plus pauvres. Le délégué a rappelé que l’Union européenne était le premier bailleur de fonds et d’aide publique de l’Afrique en général et des pays en développement en particulier. Il a estimé que le Programme d’action d’Addis-Abeba est un document qui pourrait aider à trouver un accord au sommet sur le développement en septembre et au sommet sur les changements climatiques à Paris, en décembre prochain. La déclaration du Secrétariat sur l’impact budgétaire du document, a-t-il estimé, ne devrait pas préjuger des propositions qui seront faites par le Secrétaire général au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).
Mme MENISSA RAMBALLY (Sainte Lucie) nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a salué le Programme d’action d’Addis-Abeba qui fournit, a-t-elle dit, la base d’un partenariat global revitalisé pour le financement du développement. Le Programme d’action complètera et appuiera les moyens de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.
Elle a ensuite lancé un appel pour que les institutions financières internationales se penchent sur de nouveaux instruments de gestion de risques qui prennent en compte les défis climatiques qui entravent le développement des pays des Caraïbes. Elle a aussi souhaité que la question du surendettement qui fait obstacle aux efforts de développement de ces pays soit dûment examinée. M. AHMED SAREER (Maldives) au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS), a indiqué qu’un pas important avait été franchi, aujourd’hui, sur la voie d’une solution aux grands défis du développement. Le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnaît fondamentalement que le développement est holistique et que des solutions viables pour le développement national ne peuvent résulter que d’une ferme volonté politique et de partenariats renforcés. « Bien que certains éléments de langage aient pu être plus robustes, nous sommes convaincus qu’il est temps de se consacrer à la bonne réalisation des engagements contenus dans le programme d’action », a-t-il estimé, tout en se félicitant que les spécificités des petits pays insulaires en développement aient été reconnues dans ledit programme.
M. HIROSHI MINAMI (Japon) salué l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba et assuré de l’engagement de son pays en faveur de son exécution. Le futur programme de développement sera étayé par les politiques concrètes prévues par le programme d’action d’Addis-Abeba. « Nous ne devons pas renégocier ce qui a été convenu », a-t-il rappelé. Le représentant a ensuite souligné l’importance de maintenir une transparence budgétaire dans la mise en œuvre des engagements du Programme d’action.
M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a salué l’adoption du programme d’action et la mise en place d’un mécanisme de facilitation technologique, qui est un exemple de la coopération Nord-Sud. Cet accord doit être respecté maintenant, a-t-il dit, tout en regrettant qu’il n’y ait pas eu de consensus en ce qui concerne l’établissement d’une instance internationale pour la coopération fiscale.
Mme METTE MIKKELSEN (Nouvelle-Zélande) a dit qu’avec l’adoption de ce texte, le travail ne fait que commencer. Elle a ajouté que pour aider les pays en développement dans leurs efforts, il faudrait s’attaquer à d’autres domaines comme la réforme du système mondial des échanges commerciaux. Elle a également plaidé pour un partenariat mondial efficace et transparent.
Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a fait observer que le Programme d’action d’Addis-Abeba ne contenait pas tous les mécanismes et les outils nécessaires pour le développement, en citant notamment le Fonds mondial pour les infrastructures, la création du Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC chargé du suivi, le système de développement des Nations Unies, et les cas des pays sortant d’un conflit. Elle a aussi indiqué que le Programme d’action pour le financement du développement et le programme de développement pour l’après-2015 sont différents à la fois par leurs objectifs et leur nature.
Mme DILYARA S. RAVILOVA-BOROVIK (Fédération de Russie) a souligné que l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba était une étape importante dont la mise en œuvre contribuera à mobiliser des ressources publiques et privées. Le Programme d’action est solide et ambitieux et mérite de faire partie du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle estimé.
M. RICHARD W. ERDMAN (États-Unis) a indiqué qu’en adoptant le Programme d’action d’Addis-Abeba, les États Membres avaient joint leurs forces pour éradiquer la pauvreté, promouvoir une croissance inclusive et fournir les moyens de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.
M. SERGIO SHCHERBAKOV (Équateur) a indiqué que l’État était un élément clef pour l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies de développement. Il a exprimé des réserves s’agissant du paragraphe 31 et s’est plaint de la qualité de la transcription des nombreuses réserves formulées par son pays à Addis-Abeba à la suite de l’adoption du document d’action.
Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a indiqué que son pays a fait preuve d’une grande souplesse à Addis-Abeba et mis l’accent sur l’importance du principe de responsabilités communes mais différenciées. Ce principe doit être au cœur du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle insisté, avant de demander aux pays développés d’honorer leurs promesses en matière d’aide publique au développement. Le Nicaragua, a-t-elle assuré avant de conclure, reste solidaire avec la lutte du peuple palestinien.
M. ERICH CRIPTON (Canada) a indiqué que le Programme d’action d’Addis-Abeba pouvait changer la vie de centaines de millions de personnes. Le libellé de certains éléments aurait dû être plus clair, a-t-il fait remarquer, en faisant référence aux paragraphes 64 et 117 du Document final de la Conférence.
Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Turquie) s’est félicitée de l’approche transformative adoptée par le Programme d’action d’Addis-Abeba, avant d’indiquer que celui-ci ne devrait pas être interprété comme impliquant un changement de position de son pays à l’égard de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, à laquelle la Turquie n’est pas partie.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) s’est félicité de « l’esprit gagnant-gagnant » qui avait prévalu lors des négociations à Addis-Abeba. Le ton a été fixé à Addis-Abeba, a-t-il dit, avant de dire qu’il était convaincu que le Sommet de New York, en septembre prochain, sera couronné de succès.
M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a affirmé que le succès de la Conférence d’Addis-Abeba s’était forgé lors de la longue phase de consultations, avant de remercier tous les États Membres pour leurs efforts inlassables.