L’Assemblée proclame le 19 juin, « Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit » et débloque 80 millions de dollars supplémentaires pour la mission de l’ONU au Mali
L’Assemblée générale a proclamé le 19 juin, Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, lançant ainsi un « cri éthique », selon la représentante de l’Argentine qui a présenté la résolution*. L’Assemblée a adopté cinq autres textes, également sans vote, sur le financement de la Mission des Nations Unies au Mali, l’élaboration d’un instrument sur l’exploitation durable de la biodiversité marine, la promotion de la paix en Afrique et le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Elle a aussi approuvé le calendrier de travail de sa Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale.
En proclamant le 19 juin, Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle, l’Assemblée générale, a estimé son Président, M. Sam Kutesa de l’Ouganda, se positionne sur une question dont le suivi exige son « autorité multilatérale ». Nous lançons, a dit la représentante de l’Argentine en présentant la résolution, « un cri éthique » pour mettre un terme à la violence sexuelle. Cette Journée n’est associée à aucun conflit en particulier mais à « une tragédie pour l’humanité ». Ensemble, a poursuivi le Président de l’Assemblée, accordons la priorité à la prévention, redonnons le pouvoir aux victimes, offrons leur une aide globale et débarrassons les de leur honte pour la jeter sur les criminels.
La violence sexuelle n’est pas un phénomène nouveau, a reconnu le Président, en rappelant les atrocités commises en Ouganda et le fait que le peuple a fini par se lever contre le Gouvernement qui perpétuait ces atrocités. Combattons, a-t-il appelé, l’utilisation du viol comme arme de guerre et traduisons les violeurs et leurs supérieurs en justice, une justice que sont en droit d’attendre les victimes.
La Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit ne peut pas être considérée comme une Journée qui s’ajoute tout simplement aux 120 autres, a affirmé le délégué de la République de Corée, l’un des quatre États avec le Japon, l’Espagne et le Saint-Siège à s’être exprimés. Cette Journée doit être une source d’inspiration pour des normes internationales de reddition de comptes.
Le représentant de l’Espagne a souligné le rôle que peut jouer la Cour pénale internationale (CPI) dans la lutte contre la violence sexuelle et a appelé à la sensibilisation des dirigeants politiques, des Casques bleus et des policiers en service dans les missions de maintien de la paix de l’ONU. L’observateur du Saint-Siège a dit regretter les définitions « vagues » et « peu claires » de la résolution.
L’Assemblée générale a aussi autorisé aujourd’hui le Secrétaire général à engager, pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)**, la somme de 80 millions 336 300 dollars, en plus du montant de 895 millions 534 000 dollars qu’elle avait déjà ouvert pour l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015.
Par une autre résolution***, elle a décidé d’élaborer, dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’exploitation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale. L’Assemblée a donc constitué, avant la conférence intergouvernementale, un comité préparatoire qui se réunira du 28 mars au 8 avril 2016 puis du 29 août au 12 septembre 2016. Deux sessions seront également tenues en 2017.
Les négociations porteront sur des questions telles que les ressources génétiques marines, y compris celles liées au partage des retombées de l’exploitation de ces ressources, l’impact sur l’environnement, le renforcement des capacités et le transfert de technologie marine. L’Assemblée a prié le Secrétaire général d’établir un fonds d’affectation spéciale visant à aider les pays en développement à participer aux négociations.
Les représentants du Venezuela, de la Colombie et de la Turquie ont tenu à préciser que leur ralliement au consensus ne modifie en rien leur position sur la Convention sur le droit de la mer. « Cette Convention n’est pas universelle », a souligné le délégué vénézuélien.
L’Assemblée a également adopté la résolution**** sur l’application des recommandations du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique. Par ce texte, a dit le représentant de l’Afrique du Sud en le présentant, l’Assemblée note les tendances positives du continent et la nécessité urgente de continuer à développer ses capacités humaines et institutionnelles. L’Assemblée reconnaît aussi l’importance de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, et n’oublie pas les défis émergents comme le terrorisme. Elle encourage d’ailleurs le système des Nations Unies à appuyer les organisations régionales et sous-régionales de l’Afrique à mettre en œuvre leurs plans d’action antiterrorisme.
Par ce texte, a poursuivi le représentant sud-africain, l’Assemblée démontre l’engagement des États Membres à appuyer les efforts africains pour réaliser l’objectif « Afrique sans conflit » d’ici à 2020 et salue le travail en cours sur le successeur du Programme décennal du renforcement des capacités de l’Union africaine qui expire en 2016. « Pourquoi parlons-nous toujours de guerre et jamais de paix? » s’est impatienté le délégué du Rwanda, au nom du Groupe des États d’Afrique. Il a insisté sur le renforcement des institutions nationales « afin que les canons se taisent d’ici à 2020 » et a souligné l’importance qu’il y a à soutenir l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
S’agissant du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD)*****, l’Assemblée générale a exhorté la communauté internationale à tenir dûment compte des priorités de l’Afrique dans la formulation du programme de développement pour l’après-2015. Elle a mis l’accent sur le fait que la concrétisation de tous les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD) est primordiale, y compris l’engagement de nombreux pays développés d’y consacrer 0,7% de leur produit national brut, et 0,15% à 0,20% en faveur des pays les moins avancés (PMA). L’Assemblée a tout de même estimé que des mécanismes innovants de financement peuvent aider les pays en développement à mobiliser des ressources supplémentaires et leur a aussi demandé de créer des conditions susceptibles d’attirer des investissements, notamment sur le plan de la transparence, de la stabilité et de la prévisibilité, garantissant l’application effective des clauses contractuelles et le respect des droits de propriété.
Enfin, l’Assemblée générale a approuvé le programme de travail****** de sa Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale qui tiendra sa session annuelle du 7 octobre au 13 novembre 2015.
* A/69/L.75
** A/69/934
*** A/69/L.65 et A/69/922
**** A/69/L.63/Rev.1
***** A/69/L.64/Rev.1
******A/69/449/Rev.1/Add.1