Assemblée générale: les États soulignent la nécessité d’accélérer les progrès en vue de mettre fin à l’épidémie du VIH/sida d’ici à 2030
L’Assemblée générale a, ce matin, adopté le rapport du Secrétaire général(1) sur « l’avenir de la lutte contre le sida » qui appelle la communauté internationale à redoubler d’efforts pour tirer parti des résultats obtenus et faire en sorte que l’objectif mondial visant à mettre un terme à l’épidémie d’ici à 2030 puisse être atteint. Les États ont, à cet égard, pris connaissance de l’initiative 90-90-90 d’ONUSIDA.
Pour le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa, cette réunion intervenait « à point nommé puisque la communauté internationale, qui s’approche de la date butoir pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), est parvenue au dernier stade des négociations sur un programme de développement universel, porteur de transformations et ambitieux pour l’après-2015 ».
M. Kutesa, dont le texte fut lu par la Vice-Présidente, Mme Lyutha Al-Mughairy, souligne ainsi la nécessité de tenir compte des leçons apprises dans la lutte contre le sida pour avoir un programme de développement pour l’après-2015 véritablement transformateur.
Le Secrétaire général, dans son rapport, constate que, « depuis 2000, la lutte mondiale contre le sida a accompli des progrès extraordinaires en enrayant et en commençant à inverser la courbe de l’épidémie ».
« En 2015, le nombre de nouvelles infections et de décès dus à la maladie a continué de baisser à l’échelle mondiale et, dans de nombreux milieux, les comportements à risques ont diminué », souligne-t-il, estimant qu’« il reste cependant encore beaucoup à faire » pour atteindre le « but historique » visant à « éliminer la menace sanitaire que représente l’épidémie du sida dans les 15 années à venir ».
Le Secrétaire général explique que, selon les modèles établis dans le cadre du Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le sida (ONUSIDA), « si l’on accélère la lutte et intensifie l’investissement pendant les cinq prochaines années, il devrait être possible d’éliminer la maladie d’ici à 2030 ».
Dans cette optique, écrit-il, ONUSIDA aide en effet certains pays à définir et à réaliser des objectifs prioritaires ambitieux pour 2020. Le nouvel ensemble de cibles qu’il faudrait atteindre comprend la réalisation de l’objectif 90–90–90: 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur séropositivité, 90% des personnes conscientes de leur séropositivité ont accès au traitement, et 90% des personnes sous traitement atteignent des niveaux de VIH indétectables dans leur organisme.
Lors de la discussion qui a accompagné l’adoption du rapport du Secrétaire général, le Rwanda, au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé à l’augmentation des ressources allouées à la lutte contre le VIH/sida, précisant l’importance d’avoir des sources innovantes de financement qui complètent les sources traditionnelles, dont l’aide publique au développement (APD), les plans de financement ou les efforts multilatéraux.
Son représentant a, de même, insisté sur l’importance qu’il y a à garantir l’accès à des traitements, des vaccins et des médicaments abordables, mais aussi à la médecine traditionnelle et aux savoirs autochtones et à respecter les valeurs culturelles et religieuses des régions ainsi que « les particularités » dans les droits de l’homme.
La cible établie par le Secrétaire général visant à assurer des soins à 15 millions de personnes infectées par le VIH est réalisable, a estimé le représentant, si et seulement, a-t-il prévenu, les acquis sont préservés, dont les traitements améliorés pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant. Le Groupe africain appelle donc ses partenaires à soutenir le Plan-cadre pharmaceutique de l’Afrique adopté par les ministres africains de la santé en 2012.
L’Inde a en effet observé qu’aujourd’hui le problème n’est pas tant l’absence de médicaments contre le VIH/sida mais bien celui de l’accès à ces médicaments compte tenu de leur coût élevé pour de nombreux pays en développement.
Rappelant sa détermination à exploiter toutes les mesures de souplesse autorisées par l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), elle a jugé regrettable que ces mesures « essentielles » pour la santé publique soient remises en cause dans certains pays.
Par ailleurs, l’Assemblée générale a élu par consensus la République tchèque en tant que membre de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international à la place de la Géorgie, dont le mandat doit s’achever la veille du début de la quarante-neuvième session de la Commission en 2016.
Dans une lettre(2) qu’il lui avait adressée le 19 mai, le Représentant de la Géorgie avait informé le Président de l’Assemblée générale que les États d’Europe orientale, étant convenus de siéger par roulement à la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international, son pays céderait son siège à la République tchèque la veille du début de la quarante-huitième session de la Commission, en juillet.
L’Assemblée générale a également, sur recommandation de sa Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission), pris note du rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix(3) et a inscrit à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dixième session la question intitulée « Étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects »(4).
Toujours sur proposition de la Quatrième Commission, elle a approuvé le programme de travail et de calendrier de celle-ci(5) pour sa soixante-dixième session.
Enfin, dans une résolution(6) présentée par l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Assemblée générale a pris note du rapport du Corps commun d’inspection et a invité ce dernier à procéder à un examen global de l’appui apporté par le système des Nations Unies aux petits États insulaires en développement en vue d’améliorer le « rôle joué par les différents acteurs pour soutenir le développement durable de ces pays ».
L’objectif de cet examen global est de « faire en sorte que les organismes des Nations Unies adoptent une démarche cohérente » et de « renforcer l’application du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement et des Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa) ».
La prochaine séance plénière de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
1 A/69/856
2 A/69/920
3 A/69/19
4 A/69/455/Add.1
5 A/69/463/Add.1
6 A/69/L.73
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA
Rapport du Secrétaire général intitulé « L’avenir de la lutte contre le sida : tirer parti des réalisations passées et accélérer les progrès en vue de mettre un terme à l’épidémie d’ici à 2030 » (A/69/856)
Dans son rapport, le Secrétaire général rappelle que l’année 2015 marque l’échéance des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de la plupart des objectifs fixés dans la Déclaration politique de 2011 sur le VIH et le sida. Cette Déclaration politique fixe d’ici à 2015 des objectifs sur la réduction de 50% de la transmission sexuelle du VIH, la diminution de moitié de la transmission du VIH chez les usagers de drogues injectables, l’élimination des infections chez les enfants et la réduction des décès maternels, et la mise sous traitement antirétroviral de 15 millions de personnes.
Les objectifs portent aussi sur la réduction de moitié du nombre de décès liés à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH, la mobilisation des ressources, l’élimination des inégalités entre les sexes et le renforcement de la capacité des femmes et des filles à se protéger du VIH, et l’élimination de la stigmatisation, de la discrimination, des lois et des pratiques répressives. Les derniers objectifs sont l’élimination des restrictions relatives au VIH concernant l’entrée, le séjour et la résidence et la prise en compte du VIH dans l’action en matière de santé et de développement à l’échelle mondiale.
Le Secrétaire général explique les progrès enregistrés dans la réalisation de ces objectifs. Entre 2001 et 2013, le nombre de nouvelles infections a reculé de 38% (pour s’établir à 2,1 millions), et entre 2005 et 2013, le nombre de décès dus au sida a chuté de 35%. En juin 2014, 13,6 millions de personnes bénéficiaient du traitement. En Afrique subsaharienne, quelque 86% des personnes vivant avec le VIH et connaissant leur statut sérologique reçoivent un traitement antirétroviral et environ 76% (53%-89%) des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.
Malgré ces progrès, des lacunes inquiétantes se font jour dans la lutte contre le sida: le nombre de nouvelles infections est en progression au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans quelques pays d’Europe de l’Est. Certains groupes de la population sont touchés de manière disproportionnée et il apparaît que les adolescents et les jeunes sont les grands oubliés de la lutte contre le sida.
Il est généralement reconnu, souligne le Secrétaire général, que l’on dispose désormais d’outils pour faire de la fin de l’épidémie du sida d’ici à 2030 une possibilité réelle. Pour cela, il fait quelques recommandations. Il plaide pour que les populations et les lieux précis qui sont actuellement laissés de côté soient placés au centre des efforts déployés, de façon à garantir que les ressources et les programmes soient ciblés, adaptés aux besoins et fondés sur les droits de l’homme et l’égalité des sexes.
Il faut, poursuit-il, encourager les passerelles entre la lutte contre le sida et l’ensemble du programme de développement durable pour l’après-2015. L’objectif zéro discrimination doit être rigoureusement respecté et des indicateurs doivent être élaborés et surveillés pour mesurer la réduction de la stigmatisation, de la discrimination et des violations des droits de l’homme. Les programmes de protection sociale permettant de renforcer la prévention et le traitement du VIH ainsi que les soins et le soutien aux personnes touchées doivent être élargis.
Les ressources doivent être utilisées de façon rationnelle. Le Secrétaire général appelle les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à démarrer leur transition vers un autofinancement de la majeure partie de la lutte à l’échelle nationale. Il estime aussi que les investissements du secteur privé doivent être élargis grâce à la reproduction et à la transposition à une plus grande échelle des partenariats public-privé.
Déclarations
Mme LYUTHA AL-MUGHAIRY (Oman), Vice-Présidente de l’Assemblée générale, a relevé que cette réunion vient à point nommé puisque la communauté internationale, qui s’approche de la date butoir pour les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), est parvenue au dernier stade des négociations sur un programme de développement universel, porteur de transformations et ambitieux pour l’après-2015. S’attardant sur les points saillants du rapport du Secrétaire général, la Vice-Présidente a souligné qu’ONUSIDA a développé des cibles « accélérées » pour que d’ici à 2020, 90% de toutes les personnes infectées connaissent leur statut sérologique; 90% de ces dernières reçoivent un traitement antirétroviral; et 90% de ces toutes dernières finissent par avoir une charge virale indétectable.
La Vice-Présidente s’est félicitée de l’objectif visant à mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, inclus dans les futurs objectifs de développement durable. Les progrès dans la lutte contre le VIH/sida sont liés aux autres objectifs de développement durable, y compris ceux relatifs à la santé, à l’égalité entre les sexes, aux droits de l’homme et au développement dans son ensemble. Il faut, a estimé la Vice-Présidente, tenir compte des leçons apprises dans la lutte contre le sida pour avoir un programme de développement pour l’après-2015 véritablement transformateur. La réponse au sida, s’est-elle expliquée, a montré la valeur des partenariats entre un large éventail d’acteurs, des approches multisectorielles et d’une gouvernance inclusive pour faire face aux défis complexes. Par des actions collectives et des financements adéquats, nous pouvons faire beaucoup contre le VIH/sida au niveau mondial, a-t-elle conclu.
M. JAN PIROUZ POULSEN, de l’Union européenne, a souligné les résultats remarquables obtenus jusqu’ici, tout en soulignant qu’il reste beaucoup à faire. Il a approuvé l’objectif zéro discrimination d’ici à 2030 et insisté sur la nécessité de lutter contre l’opprobre jeté sur certains groupes de la population.
Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a rappelé l’attachement du Président Barack Obama aux partenariats établis avec les pays pour endiguer l’épidémie d’ici à 2030 et veiller à ce que personne ne soit laissé de côté. Elle a souligné la nécessité de la prévention et du traitement pour contrôler de façon directe l’épidémie, saluant à cet égard les efforts menés par ONUSIDA. Elle a insisté sur l’importance de répondre aux besoins des femmes et des adolescentes, les États-Unis ayant, pour leur part, doublé le nombre d’enfants qui reçoivent des traitements antirétroviraux dans 10 pays africains.
Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a noté qu’en février 2015, le niveau de propagation de l’épidémie à VIH aux Philippines était de 20 nouvelles infections par jour, alors que ce chiffre était de 17 en 2013. Devant cette tendance, la représentante a fait mention d’une augmentation du budget de la santé, notant aussi que l’arsenal législatif est en cours d’amélioration, afin d’harmoniser les approches. La représentante a salué l’assistance apportée par ONUSIDA, mais elle a insisté sur le fait que les interventions étrangères doivent se faire en cohérence avec les actions et priorités des gouvernements nationaux. Si nous voulons mettre un terme à l’épidémie, a-t-elle encore noté, il faut que la communauté internationale se mobilise et fasse montre de sa solidarité en mobilisant davantage de fonds.
Mme BERNADETTE SILUNGISILE NTABA (Zimbabwe), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a relevé que l’Afrique australe, qui est la région la plus touchée par les « ravages » de l’épidémie du VIH/sida, est heureuse de faire partie des statistiques sur les progrès dans la réduction des taux d’infection et de l’accès aux traitements antirétroviraux. Un certain nombre d’enseignements peut être tiré de la lutte contre le VIH/sida, a estimé, à son tour, la représentante. Elle a cité la mobilisation sans précédent de la coopération internationale dont le Fonds mondial qui a donné lieu à un système bien coordonné. Elle a aussi cité le fait que dans beaucoup de pays, la réponse contre le VIH a eu un impact positif sur les réponses aux autres maladies. Mais, a-t-elle prévenu, nous devons faire en sorte que les leçons apprises soient appliquées dans les efforts pour renforcer les systèmes de santé afin d’assurer leur résilience et leur faculté de répondre efficacement aux besoins globaux de la population en matière de santé.
La représentante s’est dite profondément préoccupée par les informations que donne le Secrétaire général sur la situation des adolescents. La réponse au VIH ne connaîtra jamais le succès si les enfants n’ont pas l’accès qu’il faut aux traitements. La représentante a défendu « les initiatives éprouvées » mises en œuvre dans sa région, à savoir retarder l’âge des premiers rapports sexuels, renforcer l’éducation à la prévention et à la santé sexuelle et reproductive, et multiplier les centres de dépistage et de conseils. Pour mettre fin à l’épidémie, a-t-elle conclu, il faut faire en sorte que l’assistance internationale soit durable voire augmentée.
M. MESBAH ANSARI DOGAHEH (République islamique d’Iran) a affirmé que la communauté internationale avait fait un long chemin pour enrayer la propagation du VIH/sida et inverser la courbe de l’épidémie. Il a affirmé que son pays avait rapidement mis en place des mesures de prévention et de traitement. Le troisième plan stratégique vient d’être conclu avec pour triple objectif: zéro nouveau cas, zéro discrimination et zéro décès lié au VIH/sida. Les personnes séropositives ont une assurance gratuite en Iran, a-t-il ajouté, insistant sur les services fournis aux personnes affectées en dépit des sanctions imposées au pays, lesquelles rendent difficile la réalisation des objectifs universels.
M. SHIRAZ ARIF MOHAMED (Guyana), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a passé en revue les progrès « significatifs » réalisés dans les Caraïbes, des progrès qu’il a imputés à une coopération « opérationnelle » dans des domaines de la santé, de l’éducation, de la culture, de la sécurité, de la lutte contre la criminalité et de la politique étrangère. Mais, a-t-il reconnu, des défis « énormes » subsistent. Il a parlé d’une épidémie « mixte » à savoir une épidémie faible mais avec une forte prévalence du VIH dans la population adulte et un taux « inacceptable » parmi les plus vulnérables, comme les hommes qui ont des rapports avec les hommes. Il a aussi parlé d’une récente tendance « troublante », à savoir une hausse de la prévalence chez les femmes qui pourrait être liée aux taux plutôt élevés de la violence domestique et autres formes d’abus sexuels.
Après avoir attiré l’attention sur les initiatives prises pour contrer ces tendances, le représentant a souligné que pour changer la manière de faire les choses, les leaders doivent faire montre de volonté politique. Il faut aussi que la société civile maintienne son activisme et que les partenaires au développement fournissent les financements nécessaires pour mettre fin à l’épidémie et renforcer les systèmes de santé. Les liens entre la réponse au VIH/sida et le développement doivent être promus dans tout le programme de développement pour l’après-2015, en particulier dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, la création d’emplois et l’autonomisation des femmes et des filles, a conclu le représentant.
M. MABONEZA SANA (Rwanda), au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé à l’augmentation des ressources allouées à la lutte contre le VIH/sida, précisant l’importance d’avoir des sources innovantes de financement qui complètent les sources traditionnelles, dont l’aide publique au développement (APD), les plans de financement ou les efforts multilatéraux. Le représentant a mis l’accent sur l’importance qu’il y a à garantir l’accès à des traitements, des vaccins et des médicaments abordables, mais aussi à la médecine traditionnelle et aux savoirs autochtones. Il a aussi jugé important de faire en sorte que les compagnies pharmaceutiques laissent les entreprises du monde en développement fabriquer des médicaments génériques, grâce à une coordination entre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), conformément à la Déclaration de Doha sur les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et la santé publique qui consacre le droit des pays en développement à exploiter les mesures de souplesse de l’ADPIC pour ouvrir l’accès de tous aux médicaments contre le VIH/sida.
Le Groupe africain, a poursuivi le représentant, souligne l’importance qu’il y a à respecter les valeurs culturelles et religieuses des régions ainsi que « les particularités » dans les droits de l’homme. Le Groupe est en effet « troublé » par la réapparition de certains termes dans les rapports du Secrétaire général et souligne qu’il faut que les États s’approprient les droits de l’homme et examinent ces questions de manière objective, en évitant toute confrontation. On devrait éviter les notions qui ne sont pas agréées dans le cadre international des droits de l’homme. Le contraire serait « l’expression d’un mépris » vis-à-vis de l’universalité des droits de l’homme.
La cible établie par le Secrétaire général, visant à assurer des soins à 15 millions de personnes infectées par le VIH est réalisable, a estimé le représentant, si et seulement, a-t-il prévenu, les acquis sont préservés, dont les traitements améliorés pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant. Le Groupe africain appelle donc ses partenaires à soutenir le Plan-cadre pharmaceutique de l’Afrique adopté par les ministres africains de la santé en 2012.
M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a estimé qu’aujourd’hui le problème n’est pas tant l’absence de médicaments contre le VIH/sida mais bien celui de l’accès à ces médicaments compte tenu de leur coût élevé pour de nombreux pays en développement. L’industrie pharmaceutique indienne s’est toujours efforcée de combler le fossé entre le nord et le sud, en fabriquant des médicaments de très bonne qualité, à des prix abordables pour l’Inde mais aussi pour les autres pays en développement. À cet égard, l’Inde est déterminée à exploiter toutes les mesures de souplesse autorisées par les Accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Il est donc regrettable, a estimé le représentant, que ces mesures « essentielles » pour la santé publique soient remises en cause dans certains pays. Ce serait pour le moins « inhumain » de laisser des intérêts commerciaux étroits prendre le dessus sur le droit le plus fondamental, à savoir le droit à la vie. On ne saurait trop souligner, a conclu le représentant, la nécessité d’une solidarité internationale autour d’une approche intégrée et holistique incluant des stratégies efficaces de prévention, l’accès de tous à des traitements abordables et le renforcement des systèmes de santé.
Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a affirmé que les ravages persistants de l’épidémie de VIH/sida constituaient un rappel que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’ont pas été entièrement réalisés. Elle a exprimé la préoccupation de son pays face à la lenteur des progrès et aux reculs enregistrés dans certains pays ou régions. Il incombe à la communauté internationale, a-t-elle dit, de changer de paradigme du développement afin d’aboutir à l’élimination de l’épidémie du VIH/sida. La représentante a également expliqué que les cadres stratégiques 2014-2015 et 2018-2019 étaient un exemple de l’engagement de son gouvernement à fournir de meilleurs services de santé à la population kényane. Elle a réitéré l’appel de son pays à la communauté internationale pour qu’elle mobilise les ressources nécessaires.
M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a rappelé que le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, tenu en juillet 2013 à Abuja, avait permis de rappeler l’engagement de l’Afrique à lutter contre ces trois maladies. Il a plaidé pour que les efforts nationaux des pays africains soient soutenus par la coopération internationale, y compris la coopération régionale et la coopération Sud-Sud. Sans des financements internationaux, de nombreux pays comme le Nigéria ne pourront atteindre les objectifs agréés sur le plan international. Il a plaidé pour la pleine exploitation des mesures de souplesse prévues par les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) en vue d’assurer le transfert des technologies et des médicaments.
M. DMITRY I. MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a souligné que les mesures engagées dans la lutte contre la pandémie par son pays ont produit des résultats encourageants, notamment la réduction du nombre de personnes infectées et la mise en place d’une politique d’exclusion du risque. Il s’est aussi félicité de ce que la transmission verticale, soit de la mère à l’enfant, soit presque inexistante, une expérience que son pays est prêt à partager. Les questions de la lutte contre les maladies infectieuses, y compris le VIH/sida, font désormais partie intégrante de la coopération régionale entre la Fédération de Russie et les membres de la Communauté des États indépendants (CEI), et de ses priorités en matière de coopération internationale, a affirmé le représentant.