L’Assemblée générale salue les activités de la Commission et du Fonds de consolidation de la paix qui ont été mises à rude épreuve par l’impact de l’épidémie d’Ebola
L’Assemblée élit le Portugal comme nouveau membre du Comité du programme et de la coordination et le Bahreïn comme membre du Comité des conférences
En examinant aujourd’hui, à l’Assemblée générale, les rapports* annuels de la Commission de consolidation de la paix (CCP) et du Fonds pour la consolidation de la paix (PBF), une trentaine de délégations ont salué la contribution remarquable de ces organes, qui va bien au-delà des six pays à l’ordre du jour de la CCP. Alors que toute l’architecture de la consolidation de la paix fait l’objet d’une évaluation cette année, 10 ans après la création de la Commission, les intervenants ont saisi cette occasion pour souligner le besoin accru de cohérence et de financement, ainsi que la nécessité d’intégrer davantage la dimension régionale et les questions du genre dans les politiques et programmes de consolidation de la paix dans les zones et les pays sortant de conflit.
Au cours de sa réunion de ce jour, l’Assemblée a également procédé à des élections pour élire le Portugal au Comité du programme et de la coordination, confirmant ainsi le résultat de l’élection menée le 8 avril dernier par le Conseil économique et social (ECOSOC), et le Royaume du Bahreïn au Comité des conférences. Les mandats de ces nouveaux membres expireront le 31 décembre 2017 dans chacun des deux organes concernés.
Après l’éruption de l’épidémie d’Ebola l’an dernier, la paix durement atteinte au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée a été soudainement mis en péril dans chacun de ces pays, a rappelé, en ouvrant le débat de ce jour, le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa, tout en saluant dans le même temps les efforts déployés par la CCP pour soutenir ces pays.
La position collective rapidement adoptée et très tôt mise en œuvre au cours de l’épidémie à virus Ebola illustre la force politique de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a relevé le Président sortant de cette Commission, M. Antonio de Aguiar Patriota (Brésil). Le redressement après l’épidémie d’Ebola est d’ailleurs une des quatre priorités que se donne la CCP pour 2015, a pour sa part indiqué l’actuel Président de la Commission, le Représentant permanent de la Suède auprès des Nations Unies, M. Olof Skoog.
L’examen de l’architecture de la consolidation de la paix est une autre grande priorité cette année, a annoncé M. Skoog. Cet examen se basera notamment sur les études de cas menées par un groupe consultatif dont les recommandations seront présentées à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité avant la fin du mois de juin, a précisé le Président de la CCP. Pour alimenter le débat, des discussions informelles auront lieu entre experts sur les questions pertinentes, a-t-il indiqué, alors que les intervenants ont montré leur enthousiasme à y participer activement.
Plusieurs États Membres ont cependant exprimé la nécessité de faire preuve d’une certaine prudence, en demandant de baser cet examen de l’architecture de la consolidation de la paix sur la vision et les principes qui ont conduit l’Organisation et les États Membres à créer la CCP en 2005. Il faut que le groupe d’experts formule des « recommandations équilibrées, dans le respect le plus strict de la Charte des Nations Unies », a demandé la délégation de la Fédération de Russie en prévenant qu’il ne faudrait pas aller au-delà du mandat de la Commission.
Il faut mener une « évaluation honnête », a prôné quant à lui le représentant de l’Union européenne en conseillant de lier la conduite de cet examen à tous les processus qui sont actuellement en cours, et ce afin de garantir la cohérence des actions menées par les Nations Unies et d’éviter les doublons. Il faut, a-t-il insisté, que l’ONU travaille de façon plus « intégrée, souple et coordonnée », tant au niveau des pays qu’au Siège.
Les intervenants ont fait savoir qu’ils partageaient cette exigence de cohérence, en soulignant les liens étroits qui existent entre la paix, la sécurité, le développement et les droits de l’homme. Beaucoup d’entre eux ont donc souhaité que l’examen de la consolidation de la paix soit mené en lien avec les autres examens en cours sur les opérations de maintien de la paix, la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, et le nouveau programme de développement pour l’après-2015.
Cela implique qu’une coordination de la CCP avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) soit assurée, ont noté les délégations en réfléchissant, comme les y avait invitées le Président sortant de la CCP, aux moyens par lesquels on pourrait améliorer la fonction consultative de la CCP envers ces différents organes.
Le troisième objectif majeur de la CCP cette année est de parvenir au renforcement de la coordination avec les organisations régionales et sous-régionales. La délégation de l’Australie, parmi d’autres, a salué les efforts déjà menés par la Commission pour renforcer la cohérence régionale en matière de consolidation de la paix, afin d’éviter la rechute de pays ou de zones dans le conflit dont on les a aidés à sortir. La délégation de l’Égypte a mentionné à cet égard un atelier de travail organisé au Caire en 2014 sur les aspects régionaux de la consolidation de la paix.
Le représentant du Maroc s’est également félicité de la première réunion tenue entre le Président de la CCP, le Président de la Configuration République centrafricaine (RCA) de la CCP, et les Présidents des différentes institutions africaines. Cette « coopération essentielle » se décline également au niveau des configurations de pays, avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Organisation du Fleuve Mano, ou encore la Communauté des pays d’Afrique de l’Est, a-t-il ajouté en conseillant de la développer sur le volet financier.
Enfin, quatrième priorité, le financement prévisible de la consolidation de la paix a retenu toute l’attention des délégations. Ce sera d’ailleurs le thème de la deuxième session annuelle de la Commission, ce qui a été fortement apprécié par les intervenants.
La délégation des États-Unis, pays qui a fait une première contribution au Fonds pour la consolidation de la paix en 2014, s’est réjouie que 79 projets du Fonds soient en bonne voie de réalisation, et ce malgré les conséquences de l’épidémie d’Ebola. D’autres pays ont fait part de la contribution qu’ils ont versée ou ont l’intention de faire au Fonds, comme le Maroc, ou encore la Suisse, qui lui fournit un expert associé. De son côté, la représentante de la Belgique a souligné que, outre l’aide apportée par le Fonds, les pays sortant de conflit pouvaient utiliser les revenus tirés de leurs ressources naturelles à la promotion des objectifs de consolidation de la paix.
Le représentant du Danemark a exprimé son soutien à la proposition du Secrétaire général de consacrer 15% du Fonds à l’égalité homme-femme. « La pleine participation des femmes est en effet une condition essentielle si nous voulons consolider durablement la paix », ont reconnu de nombreuses délégations telles que celles de la Colombie et du Danemark.
Le représentant de la Croatie, à ce propos, a rappelé avoir organisé, avec ONU-Femmes, en 2013, lorsque son pays était à la tête de la CCP, un évènement de haut niveau sur l’autonomisation des femmes en faveur de la consolidation de la paix. Il a indiqué que sa délégation appréciait que le plan stratégique du Fonds pour 2014-2016 attache une attention particulière aux programmes sensibles à la dimension du genre. Le représentant du Rwanda a, quant à lui, suggéré à la CCP d’organiser de manière régulière ce genre de réunion, pas seulement à New York, mais aussi dans les pays inscrits à son ordre du jour.
Les intervenants au débat ont aussi commenté les progrès accomplis ou à poursuivre dans l’intérêt de chaque pays à l’ordre du jour de la Commission. La contribution importante de la CCP et du Fonds au rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau, après le succès des élections et le retour à l’ordre constitutionnel, a été saluée, notamment par la délégation du Portugal.
Le représentant du Maroc, qui préside la Configuration République centrafricaine (RCA) de la CCP, a pour sa part souligné les progrès sensibles enregistrés par la RCA, un pays qui se relève petit à petit grâce aux efforts de la communauté internationale et notamment de la CCP; « c’est un soutien qu’il faut poursuivre », a-t-il dit.
L’impact socioéconomique de l’épidémie à virus Ebola sur les trois pays les plus touchés a été évoqué par les présidents des configurations Sierra Léone, Libéria et Guinée, qui respectivement sont les représentants du Canada, du Kenya et du Luxembourg auprès de l’ONU. Ces trois présidents de configurations ont demandé au Secrétaire général d’évaluer précisément le niveau et la nature de cet impact et ont assuré qu’ils allaient poursuivre leur collaboration étroite en vue du relèvement institutionnel et économique des trois pays affectés.
S’agissant du cas du Burundi, le représentant du Rwanda a salué la contribution de la Configuration Burundi de la CCP qui a supervisé le transfert de responsabilités du Bureau des Nations Unies dans ce pays (BNUB) au Gouvernement burundais et à l’Équipe de pays des Nations Unies. Son homologue de la Suisse, pays qui préside la Configuration Burundi, a indiqué que si les élections se passent bien, la configuration est prête à se refocaliser sur les questions de développement socioéconomique. Le représentant du Burundi a apprécié en particulier la coordination des efforts de tous les acteurs, notamment au plan régional, qui a permis de renforcer la cohérence du processus. « Les États préfèrent recevoir des conseils de la part de pays frères », a-t-il fait remarquer.
Le représentant du Burundi a aussi plaidé en faveur d’une appropriation locale, nationale, régionale et continentale, des efforts de consolidation de la paix. L’Indonésie, l’Inde, la Chine et la Fédération Russie, parmi d’autres, ont également insisté sur l’importance cruciale de l’appropriation nationale. Il faut, ont-ils argué, que l’appui constructif de la communauté internationale respecte la volonté des pays, car, a expliqué le représentant de l’Égypte, il n’existe pas un modèle unique applicable à toutes les situations.
Enfin, concernant les méthodes de travail, le représentant du Rwanda a encouragé la CCP à rassembler dans un document les bonnes pratiques de ses 10 années d’existence, en tirant parti des leçons apprises par les différentes configurations.