L’Assemblée commémore la Journée internationale en la mémoire des victimes de l’esclavage en marge de l’inauguration du Mémorial permanent des Nations Unies en souvenir des victimes de ce crime contre l’humanité
Le thème de cette commémoration 2015, « Femmes et esclavage » est une occasion de rappeler que 30% des victimes de la traite des esclaves étaient des femmes
« Le mémorial permanent qui vient d’être inauguré au Siège des Nations Unies représente une reconnaissance inscrite dans la durée du drame vécu par les victimes de l’esclavage », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, cet après-midi, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, avant d’appeler à agir contre la persistance de manifestations modernes de formes d’esclavage comme le travail forcé, la traite, l’exploitation sexuelle, ou l’emprisonnement abusif.
Dans une déclaration liminaire ouvrant la session de l’Assemblée consacrée à la commémoration de la Journée internationale des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, M. Ban Ki-moon a expliqué que ce mémorial permanent baptisé « L’Arche du Retour », et conçu par l’architecte Rodney Leon, doit être considéré comme un outil éducationnel pour les générations futures.
Si le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa, a rappelé que cette commémoration de l’année 2015 se tient sur le thème « Femmes et esclavage », Mme Sylviane Diouf, Chef de la collection numérique du Centre de recherche Schomburg sur la Culture noire de la bibliothèque de New York, a illustré le rôle joué par les femmes dans la résistance et les différentes formes de soulèvement contre l’esclavage.
La vingtaine d’intervenants, dont le Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque, ont rappelé que l’esclavage était un crime contre l’humanité et une des pires tragédies humaines par sa durée, qui s’est étalée sur 400 ans, son ampleur, qui a lié trois continents l’Afrique, l’Amérique et l’Europe, et sa magnitude. La traite des esclaves a fait entre 10 et 20 millions de victimes. Entre 1492 et 1820, 80% des personnes qui arrivaient aux Amériques étaient des Africains dont 30% étaient des femmes, a-t-il été précisé. En cette première année de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, les groupes régionaux ont dit la nécessité de garantir les droits des personnes d’ascendance africaine et ont appelé à combattre le racisme et la discrimination qui se manifestent toujours à leur égard.
Sont intervenus dans l’après-midi les représentants de la Namibie, au nom du Groupe des États d’Afrique, du Yémen au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, de la Slovénie, au nom du Groupe des États d’Europe orientale, de la Jamaïque, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes et de la Belgique, au nom du Groupe des États d’Europe occidentale. Le représentant de l’Afrique du Sud est intervenu au nom du Groupe des 77 et de la Chine et celui d’Antigua-et-Barbuda, au nom de la Communauté des caraïbes (CARICOM). Ont également pris la parole, les représentants des États-Unis, en tant que pays hôte, de l’Union européenne, de la Jamaïque, d’Haïti, du Brésil, de l’Égypte, de l’Équateur, du Kazakhstan et de la Colombie.
L’inauguration du Mémorial permanent en souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, a eu lieu en présence de nombreuses personnalités dont le Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque, l’Observateur permanent de l’Union africaine, les Représentants permanents de l’Inde et de la Guinée équatoriale. Était aussi présent l’Architecte et concepteur du Mémorial. Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO et M. Courtenay Rattray, Représentant permanent de la Jamaïque et Président du Comité permanent pour le Mémorial ont assisté à la cérémonie.
L’inauguration du Mémorial a été marquée par une intervention du Professeur Jean Crusol, qui s’exprimait au nom de la Martinique, terre natale d’Aimé Césaire et de Frantz Fanon, qui ont dédié leur vie à la lutte contre le racisme, la discrimination, le colonialisme, et ont milité pour l’émancipation des populations et peuples de descendance africaine. Le Professeur Crusol a rappelé que « la Négritude s’est levée pour la première fois » sous le leadership de Toussaint Louverture en Haïti en 1791, selon les termes d’Aimé Césaire. Il a aussi relevé qu’Haïti a payé cette audace en faisant face à de nombreuses agressions impérialistes, à une dette qui lui a été imposée et qui a été doublée pour atteindre 150 milliards de francs or. Haïti a payé l’audace que Toussaint Louverture a eu de mettre son peuple debout en subissant la marginalisation qui a entrainé la longue misère de son peuple. Nous devons aller plus loin dans la connaissance de notre histoire, des faits et de nos héros, a dit Crusol. Car il faut que nos enfants et notre descendance les connaissent. À cet égard, il a cité Mme Christiane Taubira, Guyanaise, aujourd’hui Ministre de la justice de la France, qui a parrainé la loi qui a permis que la France reconnaisse l’esclavage comme un crime commis contre l’humanité. Après l’adoption de cette loi, Mme Taubira a déclaré « qu’il fallait aller encore plus loin. Car la France n’est pas le seul pays qui se soit livré au trafic abject des êtres humains qu’est la traite des esclaves. De nombreux autres pays l’ont fait. Il faut donc que ce crime soit reconnu par la communauté internationale dans son ensemble ».