En cours au Siège de l'ONU

AG/11620

Assemblée: appels à la cohérence entre les négociations sur le programme de développement post-2015, le financement dudit développement et la lutte contre les changements climatiques

Deux jours pour évaluer la quantité de ressources nécessaires à la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, réfléchir aux mesures susceptibles de mobiliser ces ressources et arrêter les critères de leur bonne utilisation, c’est l’objectif que s’est fixé l’Assemblée générale.  Au bout de deux jours, des appels ont été lancés pour que l’on assure une réelle cohérence entre les négociations sur le financement du développement, sur le programme de développement pour l’après-2015 et sur la lutte contre les changements climatiques.  L’Assemblée générale a clos aujourd’hui ce « débat thématique » par une table ronde sur le rôle des parlements, des villes et des autorités locales dans la mise en œuvre du futur programme de développement.

« Le programme pour l’après-2015 devra être mis en œuvre dans les zones urbaines comme dans les zones rurales », a souligné en introduction le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kahamba Kutesa, en insistant pour que les politiques répondent aux besoins réels des gens.

Mais à la différence de l’accord sur les changements climatiques qui doit être conclu à Paris, au mois de décembre prochain, la mise en œuvre des objectifs de développement durable se fera sur une base volontaire, a fait observer le Président de l’Union interparlementaire (UIP), M. Saber Hossain Chowdhury.  « Les processus que nous mettrons en place dans nos pays seront donc primordiaux pour traduire les engagements par des lois et des allocations budgétaires ».  C’est là, a-t-il fait remarquer, qu’entrent en jeu les autorités locales, comme le prévoit le projet d’objectif numéro 16*.

Les parlements seront des acteurs clefs, a renchéri Mme Amina Mohammed, Conseillère spéciale du Secrétaire général sur la planification du développement pour l’après-2015.  Ils seront en effet chargés d’adopter les lois de mise en œuvre du programme pour l'après-2015, de mener les réformes fiscales nécessaires, de renforcer le cadre règlementaire et d’assumer un suivi.  Cependant, comme l’a noté le Président de l’UIP, on attend beaucoup des parlements mais on ne leur donne que peu de moyens pour fonctionner.

Malgré cela, les parlements ont déjà pris des mesures efficaces en faveur du développement, comme l’a illustré une députée de l’Indonésie, Mme Nurhayati Ali Assegaf, en parlant des travaux de l’équipe spéciale du Parlement indonésien qui a été chargée de suivre la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

« Nous sommes la passerelle entre la société et le Gouvernement », a souligné un député du Mexique, M. Ernesto Gil qui préside « Global Parliamentarians on Habitat ».  Pour le Groupe des 77 et la Chine, qui s’exprimait par la voix de l’Afrique du Sud, les parlements doivent fournir un appui efficace aux voies choisies par l’exécutif.

Du côté des autorités urbaines, le Directeur exécutif d’ONU-Habitat, M. Joan Clos, a vanté les mérites d’une urbanisation créatrice de richesses pouvant être utilisées en faveur du développement.  L’assainissement financier des municipalités a été vu comme essentiel.  Mme Jennifer Musisi, Directrice exécutive de l’Autorité municipale de Kampala, a expliqué que la loi de 2010 a permis de restructurer la gestion de la ville par une lutte « agressive » contre la corruption.

Pour augmenter les ressources locales, le maire d’Istanbul, M. Kadir Topbaş, qui est aussi Président de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), a plaidé pour la décentralisation du système fiscal.  Il a aussi prôné un accès élargi des autorités locales aux sources privées.  Attention toutefois à ne pas donner trop d’importance au secteur privé dans le financement du programme de développement durable, a prévenu une représentante de la société civile, Mme Ana Falú de « Women and Habitat Network » (Argentine).

Après le débat plénier, hier, sur l’importance d’un nouveau partenariat mondial pour le développement durable, l’Assemblée générale avait organisé une première table ronde sur « les infrastructures de développement dans le programme de développement pour l’après-2015 et les partenariats pour la réalisation des OMD ».  La liste des participants incluait des responsables du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), du Pacte mondial des Nations Unies, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque européenne d’investissement, de la Banque africaine de développement et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Les intervenants ont appelé, comme l’a rappelé aujourd’hui le Président de l’Assemblée générale, à élever le niveau de ressources aux secteurs de l’énergie, des transports, de l’eau et de l’assainissement, de la santé et de l’éducation.  Ils ont noté l’énorme déficit actuel, alors que dans le monde, les fonds sont là.  Des propositions ont été faites sur la manière de canaliser ces fonds, en particulier ceux détenus par les compagnies d’assurances, les fonds de pensions ou encore les fonds souverains.

Le Président de l’Assemblée générale a indiqué qu’il diffuserait, le 18 février prochain, un résumé des discussions de ces deux derniers jours, en guise de contribution au processus préparatoire du programme de développement pour l’après-2015 qui doit succéder aux huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Dans le résumé très succinct qu’il a fait aujourd’hui, le Président a relevé que les participants ont souligné la nécessité d’assurer une cohérence et une synergie entre les négociations sur le financement du développement, sur le programme de développement pour l’après-2015 et sur la lutte contre les changements climatiques.  Ces trois questions feront l’objet d’une conférence internationale respectivement en juillet à Addis-Abeba, en septembre à New York et en décembre à Paris. 

Les intervenants ont aussi mis l’accent sur l’importance d’un partenariat mondial renouvelé pour relever ces défis, lequel partenariat doit viser la mobilisation des ressources adéquates qu’il s’agisse de l’apport financier, du transfert des technologies ou du renforcement des capacités humaines et institutionnelles.  Beaucoup ont insisté sur une approche holistique consistant à mobiliser les ressources auprès des secteurs public et privé et aux niveaux national et international.  S’agissant en particulier des ressources domestiques, les intervenants ont cité parmi les moyens d’action: l’augmentation des investissements locaux, l’élargissement de l’assiette fiscale, la mise en place d’institutions transparentes et comptables de leurs actes et la lutte contre l’évasion fiscale, la corruption et les flux financiers illicites. 

N’ont pas été oubliées les questions liées à l’augmentation de l’aide publique au développement (APD), à la réforme des institutions financières internationales, à la recherche d’une solution à la dette souveraine, à la création d’un système commercial international juste et fondé sur des règles et à l’émergence d’un environnement favorable aux investissements. 

 

*Rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.