Les villes sont un vecteur du développement durable, affirment les participants à un sommet de l’ECOSOC sur les questions d’intégration
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Conseil économique et social
Session de 2014
14e & 15e séances – matin & après-midi
LES VILLES SONT UN VECTEUR DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, AFFIRMENT LES PARTICIPANTS
À UN SOMMET DE L’ECOSOC SUR LES QUESTIONS D’INTÉGRATION
Souvent blâmées pour leur pollution, les villes, où vit désormais la moitié de la population mondiale, peuvent néanmoins être à l’avant-garde du développement durable, ont affirmé aujourd’hui plusieurs intervenants, parmi lesquels le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon; le Président du Rwanda, M. Paul Kagame; et l’ancien maire de New York, M. Michael Bloomberg; lors du coup d’envoi d’un sommet de trois jours au Conseil économique et social (ECOSOC) sur les questions d’intégration.
M. Ban a expliqué que cette réunion était l’occasion de « mettre le pouvoir de l’urbanisation au service du développement durable » et de faire des « défis » des « opportunités ». Il y a urgence, a-t-il déclaré, en rappelant la triple échéance à laquelle la communauté internationale est tenue en 2015: la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’élaboration d’un programme de développement pour l’après-2015 et la conclusion d’un nouvel accord mondial sur le climat, destiné à succéder au Protocole de Kyoto.
Mais, a fait observer le Secrétaire général, trop de villes souffrent d’infrastructures insuffisantes et de problèmes de pollution, sans compter les risques considérables que font peser les changements climatiques sur les agglomérations urbaines, où les populations les plus pauvres sont le plus durement touchées. « Les inondations qui viennent de se produire en Serbie, en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, les pires depuis un siècle, le rappellent douloureusement », a-t-il dit.
Le débat d’aujourd’hui était donc plus que jamais d’actualité, avec la véritable crise humanitaire à laquelle sont confrontés ces trois pays. Dans des messages vidéo, le Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, M. Zlatko Lagumdžij; la Ministre des affaires européennes de la Croatie, Mme Vesna Pusić; ainsi que le représentant de la Serbie, M. Milan Milanović; présents à l’ECOSOC, ont lancé des appels à la solidarité internationale, M. Lagumdžij demandant la convocation d’une conférence de donateurs dans les meilleurs délais.
Pour M. Vladimir Drobnjak, qui présidait aujourd’hui l’ECOSOC, ce débat avait pour objectif de promouvoir les trois dimensions du développement durable –économique, sociale et environnementale– dans le cadre des villes et de contribuer aux discussions du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, qui se tiendra du 30 juin au 9 juillet 2014.
Le Vice-Président de la Colombie, M. Angelino Garzon, a rappelé la contribution du septième Forum urbain mondial, qui a eu lieu en avril dernier à Medellín et s’est conclu par l’adoption d’une Déclaration mettant l’accent sur un « nouvel ordre urbain », destiné à promouvoir un modèle d’urbanisme différencié centré sur la personne humaine et les besoins spécifiques des groupes vulnérables, des jeunes aux personnes âgées, en passant par les populations autochtones.
Alors que près d’un milliard de personnes dans les pays en développement vivent dans des bidonvilles urbains, il ne saurait y avoir de développement durable sans une amélioration des conditions de vie dans ces habitats, a tranché pour sa part la Vice-Présidente de l’Assemblée générale, Mme Isabelle Picco. C’est un phénomène en pleine expansion en Afrique, a commenté le Président du Rwanda, M. Kagame, qui a attiré l’attention sur l’afflux incessant vers les zones urbaines de populations en provenance des zones rurales, souvent motivées par la perspective d’un emploi mieux rémunéré.
« Vingt ans après le génocide, qui a détruit le tissu social au Rwanda, l’urbanisation contribue aux efforts d’unité et de réconciliation », a assuré M. Kagame, qui a signalé l’adoption, par son gouvernement, d’un cadastre et d’un cadre juridique pour la gestion des terres.
Pour l’Envoyé spécial des Nations Unies pour les villes et les changements climatiques, M. Michael Bloomberg, qui fut le maire de New York pendant neuf ans, les villes, « moteurs de changement », doivent s’inspirer des succès rencontrés ailleurs, de Copenhague à Maputo, et échanger entre elles les « pratiques optimales ». En témoigne ainsi la généralisation, d’une métropole à l’autre, des bus hybrides et le développement des pistes cyclables et des systèmes de vélos en libre-service.
Pour le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), M. Joan Clos, il faudrait adopter une approche cohérente qui reposerait sur « trois mécanismes facilitant l’intégration d’une urbanisation durable »: mettre au point une politique urbaine nationale; assurer une planification urbaine plus globale; et faire en sorte que l’expansion urbaine soit planifiée, afin d’éviter l’urbanisation anarchique des banlieues et des zones périphériques.
Lors d’une table ronde organisée ce matin, certains orateurs, comme M. Josep Roig, Secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis (UCLG/CGLU), ont défendu l’idée de déléguer un certain nombre de tâches aux autorités locales, « non pas pour s’émanciper de la tutelle gouvernementale, mais pour parvenir à des niveaux de gouvernance complémentaires ». Abondant en ce sens, M. Kadir Topbas, maire d’Istanbul et Président de Cités et Gouvernements Locaux Unis, a plaidé pour la décentralisation des mécanismes de mise en œuvre des politiques de développement durable, comme cela a été le cas à Istanbul, où les autorités locales ont été reconnues comme acteurs de développement de premier plan.
Cette table ronde s’est penchée sur les moyens, pour les politiques d’urbanisation, de promouvoir l’intégration des dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable, tandis que celle de cet après-midi avait pour thème général « Les villes, facteurs sociaux du développement durable ». La discussion de cet après-midi a été l’occasion de préciser les conditions nécessaires à l’urbanisation pour qu’elle soit durable, comme la mise en place d’infrastructures et de services publics efficaces, parallèlement au rôle plus grand que doit jouer le secteur privé en tant qu’investisseur. Le Ministre de la construction et de l’aménagement du territoire de la Croatie a ainsi recommandé de remplacer les méthodes anciennes par des nouvelles technologies respectueuses de l’environnement.
Le débat de l’ECOSOC consacré aux questions d’intégration se poursuivra demain, mercredi 28 mai, à partir de 10 heures.
DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS D’INTÉGRATION
Déclarations liminaires
M. VLADIMIR DROBNJAK, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué qu’il s’agit du premier débat du Conseil consacré aux questions d’intégration, auquel 16 États Membres et de nombreux organes subsidiaires de l’ECOSOC ont contribué. Il a rappelé que lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », les chefs d’État et de gouvernement avaient reconnu le rôle crucial de l’ECOSOC pour intégrer de manière équilibrée les trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale. L’ECOSOC sert, dans ce domaine, de plateforme pour le développement durable, a-t-il ajouté.
Mme ISABELLE PICCO, Vice-Présidente de l’Assemblée générale, qui s’exprimait au nom de M. John Ashe, s’est réjouie de prendre part au premier débat du Conseil économique et social consacré aux questions d’intégration qui est axé sur un thème d’intérêt croissant. Une urbanisation durable est un processus qui, selon elle, présente à la fois des défis et des opportunités. Cette question, a-t-elle expliqué, revêt trois dimensions aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés, citant notamment des systèmes de transport durables qui fournissent à la population des services adéquats et une infrastructure et un habitat solides pour pallier à des situations climatiques extrêmes.
Dans ce cadre, a estimé la Vice-Présidente de l’Assemblée générale, le segment sur l’intégration peut apporter des orientations utiles pour tirer le meilleur parti d’une urbanisation durable, en répondant en particulier à la question de savoir comment optimiser la contribution de celle-ci à un développement économique durable. Comme les villes participent à hauteur de 80% du produit intérieur brut, a-t-elle dit, il importe en conséquence de faire en sorte qu’elles fonctionnent d’une façon efficace et favorisent l’investissement des activités productrices et la création d’emplois.
Aujourd’hui, les changements climatiques sont un défi environnemental majeur, a souligné Mme Picco, en précisant que, selon les estimations, les villes et bourgades des pays développés contribuent à environ 70% des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, les villes doivent se préparer à faire face aux répercussions des changements climatiques, tout en réduisant au maximum leurs propres émissions.
Elle a en outre attiré l’attention sur le fait que près d’un milliard de personnes dans les pays en développement vivaient dans des bidonvilles urbains et qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans une amélioration des conditions de vie dans ces bidonvilles. Alors que la communauté internationale s’apprête à ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire du développement –avec le programme de développement pour l’après-2015-, elle a encouragé à œuvrer à renforcer les énergies créatrices et les ressources des villes.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la réunion d’aujourd’hui était l’occasion de « mettre le pouvoir de l’urbanisation au service du développement durable ». Pour le Secrétaire général, il est déterminant de parvenir à mettre en œuvre les trois priorités dont la date-butoir est fixée à 2015: la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’élaboration d’une vision de développement à long terme et la conclusion d’un nouvel accord mondial sur le climat. « Les zones urbaines sont celles où se présentent les plus grands défis, opportunités et promesses. En effet, les populations s’installent dans les villes pour y trouver un emploi », a expliqué le Chef de l’Organisation. Mais trop de villes, a fait remarquer M. Ban, souffrent d’une infrastructure insuffisante, du chômage et de la pollution. En outre, les changements climatiques font peser des risques considérables sur les zones urbaines, où les populations les plus pauvres sont le plus durement touchées. Les inondations qui viennent de se produire en Serbie et en Bosnie-Herzégovine, les pires en l’espace d’un siècle, le rappellent douloureusement, a-t-il dit.
« Dès que j’ai pris mes fonctions de Secrétaire général, j’ai accordé une priorité à la question de l’urbanisation et à ses vastes implications sur le développement », a assuré M. Ban, qui s’est dit convaincu que les villes pourraient associer le secteur privé pour faire face au défi que posent les changements climatiques. Elles réfléchissent aux moyens de conserver et de produire de l’énergie, tout en s’efforçant d’inscrire le citadin au cœur de ses préoccupations. « Ainsi, les politiques de transport public devraient se concentrer sur la protection des femmes, l’accès aux personnes handicapées et la prise en compte des besoins des groupes vulnérables », a préconisé le Secrétaire général, en affirmant que la « protection de l’humain » est un facteur de développement. En outre, les efforts visant à encourager la participation active du secteur privé devraient mettre l’accent sur la responsabilité entrepreneuriale et promouvoir la mise en place d’un environnement positif, a-t-il ajouté. Avant de conclure, M. Ban a demandé à la communauté internationale de se mobiliser lors du Sommet sur le climat, qu’il organisera à New York en septembre prochain, et d’y participer en proposant des solutions concrètes.
M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a déclaré que l’urbanisation était un phénomène inévitable et rapide, en prévenant que des changements les plus radicaux dans ce domaine allaient se produire en Afrique. Les personnes qui migrent vers les villes apprennent, a-t-il dit, à travailler plus vite et plus efficacement, ce qui les rend plus productifs. L’urbanisation contribue à réduire la pauvreté, a-t-il noté. Le Président rwandais a invité à concevoir l’urbanisation en recherchant le maximum de bénéfices possibles. Les populations vont continuer à affluer vers les villes par millions au cours des années à venir, ce qui aura inévitablement un impact sur l’environnement, a-t-il fait remarquer. Il faudrait donc rénover les structures informelles pour éviter le développement des habitats informels, a-t-il recommandé, en plaidant aussi pour la fourniture des services de base et la protection des espaces verts urbains.
Vingt ans après le génocide qui a détruit le tissu social au Rwanda, l’urbanisation contribue aux efforts d’unité et de réconciliation, a fait valoir M. Kagame. Il a indiqué que le Gouvernement rwandais avait mis en place un cadre juridique pour la gestion des terres, ainsi qu’une base de données nationale pour la cartographie du territoire et les archives foncières. Ce cadre est une bonne base pour établir un marché foncier florissant et crédible, a-t-il estimé. Le Rwanda a également entrepris de mettre en place des financements abordables pour le logement et les services tels que l’éducation et la santé, a-t-il ajouté. Le Président rwandais a estimé que la meilleure façon de répondre aux risques associés à l’urbanisation est l’innovation et la coopération, en citant par exemple les services de base qui doivent être davantage étendus dans les villes. Les investissements consacrés aux services donnent plus de résultats dans les villes que dans les campagnes, car ils profitent à plus de personnes, a-t-il expliqué.
Le Président du Rwanda a rappelé que les villes devraient abriter tout le monde, les personnes de tous les âges et les entreprises. Il a ainsi insisté sur la nécessité d’éviter que seules les personnes aisées puissent bénéficier d’un environnement urbain durable. M. Kagame a également mis l’accent sur la bonne utilisation des ressources et la tolérance zéro en matière de corruption. Pour que les villes soient le moteur du progrès, les populations doivent pouvoir y vivre et y travailler, a souligné M. Kagame, en évoquant la position commune des pays africains sur le programme de développement pour l’après-2015 qui intègre les villes et les habitats. Si l’urbanisation durable est venue se placer au centre du programme de développement, c’est parce qu’elle est cruciale au bien-être de citoyens, a-t-il fait remarquer. « Notre tâche, en tant que dirigeants, est de promouvoir des migrations ordonnées, investir dans les services de base et adopter des politiques qui favorisent des logements et des transports abordables », a conclu le Président du Rwanda.
M. ANGELINO GARZON, Vice-Président de la Colombie, a rappelé que le septième Forum urbain mondial, qui a eu lieu à Medellín, avait examiné les conclusions de la Conférence sur le développement durable (Rio+20) et fut l’occasion d’un débat sur les priorités du programme de développement durable pour l’après-2015, parmi lesquelles devrait figurer, a-t-il souligné, la question des villes durables et inclusives.
La Déclaration de Medellín a mis l’accent sur la nécessité d’un nouvel ordre urbain, qui vise à promouvoir un modèle d’urbanisme centré sur la personne humaine, a-t-il précisé, en citant l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire comme étant essentielles dans toute politique des droits de l’homme et de développement durable différencié, c’est-à-dire qui prenne en compte, entre autres, des besoins des garçons, des filles, des hommes et des femmes, ainsi que des personnes handicapées, d’ascendance africaine, autochtones, LGBT ou des personnes âgées.
Le Vice-Président colombien a déclaré que l’urbanisation durable s’inscrivait dans le contexte de jouissance des droits et du développement. Les pauvres ne sont pas pauvres par mandat divin mais bien en raison d’une mauvaise répartition des richesses, a-t-il fait remarquer, en invitant à bâtir « des villes inclusives qui soient partie de la solution et non du problème », qui ne soient plus divisées en quartiers pour les riches et quartiers pour les pauvres, mais qui reflètent, au contraire, de véritables politiques d’équité sociale.
M. MICHAEL BLOOMBERG, Envoyé spécial de l’ONU pour les villes et les changements climatiques et ancien maire de la ville de New York, a rappelé que les villes représentaient 75% des émissions de gaz à effet de serre. Il a cependant estimé que les maires avaient le pouvoir de réduire ces émissions, sans nécessairement attendre les décisions du gouvernement ou de la communauté internationale. « Des mesures prises au niveau municipal peuvent faire une différence », a-t-il affirmé, en prévenant des risques que fait peser l’inertie sur les citadins. M. Bloomberg s’est déclaré convaincu que les investissements locaux dans le développement durable attirent les investissements directs étrangers, comme l’a montré, selon lui, l’exemple de New York où l’air, a-t-il dit, n’a jamais été plus propre depuis 50 ans.
En outre, l’espérance de vie y a progressé de trois ans au cours des 10 dernières années et est de deux ans supérieure à la moyenne nationale. Pour Michael Bloomberg, les villes sont un moteur de changement et doivent tirer les conclusions qui s’imposent des succès rencontrés ailleurs, de Copenhague à Maputo, et échanger les pratiques optimales entre elles. En témoigne ainsi la généralisation, d’une métropole à l’autre, de l’utilisation des bus hybrides et le développement des pistes cyclables et des systèmes de vélos en libre-service. Toutefois, a fait observer l’ancien maire de la ville de New York, d’autres villes ont besoin d’un appui concret de la part du gouvernement dans le cadre de leurs efforts de lutte contre les changements climatiques, en particulier d’un soutien financier.
M. JOAN CLOS, Secrétaire général adjoint et Directeur exécutif d u Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a noté d’emblée qu’au cours de la première décennie de ce siècle, la population urbaine mondiale avait atteint 50%, ce qui signifie que le processus d’urbanisation est l’une des tendances mondiales les plus notables. Il a encouragé à l’appréhender non seulement comme un phénomène démographique mais également comme une force qui ne cesse de façonner les sociétés, leurs économies, leurs systèmes politiques et leurs environnements.
M. Clos a estimé que le segment sur l’intégration venait à point nommé car il contribuera à s’écarter des visions fragmentaires de l’urbanisation durable pour une autre vision cohérente de cet important phénomène et de son rôle dans le développement durable. De la même façon, comme 70% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’urbanisation, celle-ci est donc un aspect critique du compact mondial pour les changements climatiques. M. Clos a appelé à l’adoption d’une approche cohérente qui reposerait sur trois mécanismes facilitant l’intégration d’une urbanisation durable. Il faudrait ainsi mettre au point une politique urbaine nationale, assurer une planification urbaine plus globale et faire en sorte que l’expansion urbaine soit planifiée, afin d’éviter l’urbanisation anarchique des banlieues et des zones périphériques.
M. Clos a conclu en mettant l’accent sur l’importance et la pertinence du segment sur l’intégration pour l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 et pour le processus préparatoire d’Habitat III. Ces deux processus ne doivent pas être engagés sur des approches contradictoires en ce qui concerne une urbanisation durable, a-t-il prévenu, en rappelant que Habitat III sera le premier sommet mondial des Nations Unies après l’adoption du programme pour l’après-2015 et devra, en conséquence, réfléchir aux moyens concrets de mise en œuvre du cadre qui sera défini dans ce programme.
Table ronde sur le thème « Comment les politiques d’urbanisation peuvent-elles promouvoir l’intégration des dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable? »
Cette discussion était animée par Mme EUGENIE BIRCH, de l’École de Design de l’Université de Pennsylvanie (États-Unis), qui a posé trois questions: Comment l’urbanisation peut-elle être un vecteur d’intégration économique, sociale et environnementale? Quels sont les choix politiques de court terme et les gains durables inhérents à une approche intégrée et équilibrée de l’urbanisation durable? Quel rôle les données relatives à la grande urbanisation peuvent-elles jouer dans les politiques d’intégration? Telles sont quelques-unes des questions posées par la modératrice de la table ronde, Mme Eugénie Birch, de l’Ecole de design de l’Université de Pennsylvanie (États-Unis), aux panélistes réunis pour cette première table ronde de la journée.
Intervenant principal de cette table ronde, M. KADIR TOPBAS, Maire d’Istanbul et Président de Cités et Gouvernements Locaux Unis (UCLG), a appelé à remédier aux failles des infrastructures dans les villes. Il a rappelé que les villes durables sont indispensables pour un développement durable. Il appartient aux villes de soutenir les trois dimensions du développement durable, a-t-il précisé. Si les villes consomment 80% de l’énergie dans le monde, elles sont aussi des centres majeurs d’innovation, a-t-il souligné. Le maire d’Istanbul a également rappelé qu’il était nécessaire d’ajuster les politiques pour faire face aux conséquences des changements climatiques. Les villes sont des agents de transformation et des moteurs de changement et c’est pourquoi, il faudrait mettre l’accent sur le rôle et le financement des autorités locales, a-t-il recommandé. M. Topbaş a rappelé en effet que les inégalités se font davantage sentir au niveau local. Il a donc recommandé de s’assurer que les décisions soient prises au niveau des gouvernements les plus proches des citoyens. Il a aussi plaidé pour que les mécanismes de mises en œuvre des politiques de développement durable soient décentralisés. Il a ensuite donné l’exemple d’Istanbul où les autorités locales ont été reconnues comme des acteurs de développement de premier plan, ce qui a conduit à la création de la fonction de « Président de Cités et Gouvernements Locaux Unis ». Alors que le programme de développement pour l’après-2015 est en cours de discussion, de nombreuses attentes s’expriment et nous devons y répondre, a-t-il dit.
M. JOSEP ROIG, Secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis, a commencé son intervention en citant le consultant Peter Drucker, qui écrivait dans les années 1950 que les gouvernements devraient déléguer un certain nombre de tâches qui peuvent être assumées par les autorités locales. L’objectif qui sous-tend cette idée n’est pas de s’émanciper de la tutelle gouvernementale, mais de parvenir à des niveaux de gouvernance complémentaires. « Nous devons veiller à ce que les expériences entreprises au niveau local constituent autant de pratiques optimales qui peuvent être reprises à l’échelle nationale, voire internationale », a plaidé M. Roig. Il a également estimé que la planification urbaine intégrée devrait tenir compte autant des besoins du centre-ville que de ceux des zones périphériques.
Pour sa part, M. IBRAHIM THIAW, Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a assuré que le lien entre environnement et développement durable avait toujours été au centre des préoccupations de son organisation. Dans une ville, l’eau, par exemple, provient toujours d’un bassin extérieur à la ville elle-même et c’est la raison pour laquelle investir dans les réseaux de distribution d’eau signifie aussi investir dans la préservation des écosystèmes. Par ailleurs, a poursuivi M. Thiaw, les investissements dans les transports publics –réseaux de tramways, pistes cyclables ou bus hybrides– constituent autant un moyen d’améliorer la rapidité du service que de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. « Toute démarche fragmentée est vouée à l’échec », a-t-il prévenu, en affirmant que les communautés locales étaient les mieux placées pour mettre en œuvre les politiques holistiques.
Mme SKYE DOBSON, Directrice exécutive d’ACTogether Uganda, qui fait partie de Slum Dwellers International, une organisation qui travaille dans 34 pays, a fait remarquer qu’il était plus facile d’élaborer des politiques que de les appliquer, en précisant que son organisation œuvrait à faire accélérer la mise en œuvre de ces politiques. En Ouganda, un document sur les taudis a été élaboré mais aucune mesure concrète n’a été véritablement prise, a-t-elle cité en exemple. Portant un T-shirt avec le slogan « Know Your City », elle a plaidé pour que chacun connaisse sa ville. Il faudrait aller de taudis en taudis pour évaluer la situation que vivent les populations, a-t-elle dit. Elle a cependant indiqué qu’aucun recensement n’a eu lieu en Ouganda depuis 2002. Pour l’avenir, elle a demandé de ne pas accepter que les populations continuent de s’installer dans des taudis, même si c’est malheureusement la réalité.
M. DAVID POST, Directeur exécutif de Global Smarter Cities à International Business Machines Corporation (IBM), a invité à envisager les questions d’urbanisme de façon holistique, arguant que toutes les questions sont interconnectées. Lors d’une conférence de donateurs sur un projet lié à l’eau, en Afrique de l’Est, a-t-il rappelé, il était intervenu pour faire remarquer que 30% de l’eau est perdue avant d’atteindre les utilisateurs finaux, ce qui oblige à s’intéresser en priorité au problème de fuites. M. Post a souligné l’importance de repenser l’approche adoptée en ce qui concerne les prestations de services, en se basant sur les faits et les performances des entités qui fournissent les services urbains. Il a plaidé pour que ces entités travaillent ensemble, notamment à travers l’échange d’informations et d’expériences. Une initiative a été prise dans ce domaine à Rio de Janeiro, pour créer une plateforme d’urgence qui dispose de données provenant de plusieurs sources, comme les caméras de vidéosurveillance et Twitter, afin de les mettre à disposition des services de secours, a-t-il indiqué. Cette mesure a permis de diminuer de 25% le temps de réaction des secours, a-t-il assuré.
Dialogue interactif
L’observateur de l’Union européenne a demandé par quels moyens les préoccupations citoyennes pouvaient être prises en compte dans les politiques de planification urbaine? Le Directeur exécutif de Global Smarter Cities à IBM a répondu qu’en réalité, les citoyens ne devaient pas seulement faire entendre leurs voix, « mais également être à la pointe » des efforts entrepris en ce sens. La Directrice exécutive d’ACTogether Uganda, Mme Skye Dobson, a renchéri, en soulignant la résistance, parfois affichée par certaines autorités locales qui, « écoutant au lieu d’entendre », ne sont pas toujours aussi réceptives aux voix des citoyens qu’elles devraient l’être. En Ouganda, a-t-elle expliqué, pour y remédier, des forums municipaux pour le développement, véritables « caisses de résonance » de l’opinion publique, avaient été organisés.
Pour le Secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis, reproduire les pratiques optimales ne va pas sans difficultés, « car les villes diffèrent les unes des autres », ne serait-ce que sur le plan topographique. C’est pourquoi la spécificité de chacune d’entre elles doit être prise en compte au moment de l’élaboration des politiques de planification urbaine, a-t-il dit, en soulignant qu’il n’existait de recette miracle s’appliquant dans tous les cas. Mme Dobson a abondé en ce sens, en insistant sur les limites de l’échange d’expériences qui ne peuvent, en particulier dans les pays du Sud, être appliquées stricto sensu. Les villes, a-t-elle ajouté, devront être reconnues comme des partenaires stratégiques à part entière. Pour le Directeur exécutif du PNUE, la planification urbaine doit tenir compte d’un élément fondamental trop souvent négligé, celui des générations suivantes. Reprenant la parole, le Secrétaire général de Cités et Gouvernements Locaux Unis a estimé que les petites villes ne devraient pas être reléguées au second plan au profit des mégalopoles et que l’ensemble des parties prenantes devraient être consultées sur toutes les problématiques relatives aux villes et aux établissements humains.
Table ronde sur le thème « Les villes, facteurs sociaux du développement durable »
Mme ANKA MRAK-TARITAS, Ministre de la construction et de l’aménagement du territoire de la Croatie, a expliqué que son pays avait une longue tradition en matière d’aménagement du territoire qui remplit les conditions nécessaires au développement économique et social. Les migrations vers les villes se poursuivent, mais l’urbanisation est contrôlée, a-t-elle indiqué. Les autorités locales, qui jouent un rôle très important, mettent en œuvre des partenariats innovants grâce à des partenaires locaux et étrangers. Elle a aussi mentionné les efforts déployés pour remplacer les méthodes anciennes par des nouvelles technologies respectueuses de l’environnement. Alors que le monde s’urbanise rapidement, les villes jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre du développement durable, a affirmé la Ministre en faisant référence au Document final de Rio+20. La Ministre a appelé à relever les défis de l’urbanisation de manière intégrée, en prenant en compte ses dimensions économique, sociale et environnementale. Elle a plaidé pour que les villes garantissent la sécurité, des ressources adéquates en faveur du développement, ainsi que des infrastructures et des services publics efficaces. Mme Mrak-Taritas a invité à tirer parti de l’expérience de certains pays baltes dans ces domaines. Elle a aussi rappelé que les villes attirent les investissements, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement.
Le modérateur de cette table ronde, M. ANDREW REYNOLDS, Président de la Commission des Nations Unies de la science et de la technique au service du développement, a expliqué que cette Commission essayait d’étudier les « mégatendances », comme l’urbanisation des classes moyennes, le nombre croissant de jeunes dans cette population, le couplage eau-alimentation-énergie, ainsi que les fortes demandes pour la consommation des ressources naturelles. C’est le secteur privé qui domine maintenant en matière d’investissements, a-t-il aussi fait remarquer, avant d’inviter tous les acteurs à s’impliquer dans le développement durable des villes. Pour avoir des infrastructures urbaines suffisantes, il faudrait une main d’œuvre qualifiée et des experts en nombres suffisants, a-t-il ajouté.
« Un tiers de la population de l’Inde, qui compte 1,52 milliard d’habitants, vit dans les zones urbaines », a déclaré M. SHIRI KARAN BIR SINGH SIDHU, Secrétaire adjoint pour le logement au Ministère du logement et de la lutte contre la pauvreté urbaine de l’Inde, en précisant que les villes contribuaient à hauteur de 90% des impôts. Soulignant l’importance de la bonne gestion des villes, il a recommandé de canaliser les forces de l’urbanisation, pour générer des ressources que les gouvernements nationaux peuvent réinjecter en partie dans les zones rurales. Il a par ailleurs averti des risques que l’on court en mettant en place des infrastructures sans tenir compte de certains problèmes, comme la présence de sans-abris. Pour M. Singh Sidhu, il faudrait inverser les rôles des secteur public et secteur privé dans la gestion de l’urbanisation car, a-t-il dit, le secteur privé sera de plus en plus efficace pour relever les défis. S’il est vrai que les fonctionnaires doivent rendre des comptes, il faudrait, au préalable, les doter des ressources nécessaires pour leur permettre d’accomplir leur mission, a-t-il aussi fait remarquer. En Inde, il manque 19 millions de logements, a indiqué le Ministre, en espérant qu’il sera possible de faire face à ce défi grâce à des mesures incitatives, notamment une meilleure utilisation des terres et l’adoption de politiques foncières beaucoup plus souples. Le pays compte environ 7 000 villes et 5 000 municipalités qui représentent de véritables forces économiques, a-t-il assuré.
M. HANS D’ORVILLE, Sous-Directeur général à la planification stratégique de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a également plaidé en faveur d’une gestion viable des villes, en encourageant la technologie et la créativité dans ce domaine. Pour M. D’Orville, il faudrait mobiliser le pouvoir de transformation de la créativité, afin de faire de la mondialisation une force positive pour les générations futures. Les industries culturelles et créatives sont celles qui se développent le plus vite dans l’économie mondiale, a-t-il fait remarquer, en soulignant combien elles soutiennent les efforts de réduction de la pauvreté. Il a par ailleurs indiqué que 40% des recettes du tourisme proviennent du tourisme culturel. Le développement et l’urbanisation durables ne peuvent se réaliser que si les villes sont socialement justes, politiquement participatives et économiquement vivables, a-t-il estimé. M. D’Orville a ensuite plaidé en faveur d’une bonne gestion de l’eau, ce qui est un vrai défi pour les villes car, a-t-il expliqué, des eaux usées trop nombreuses réduisent les écosystèmes et perturbent les services publics. L’expert a recommandé que tous les éléments du cycle de l’eau dans les zones urbaines soient gérés de manière participative. Les villes peuvent aussi être le moteur de la bonne utilisation des ressources et parvenir à un développement harmonieux, a-t-il assuré. Par ailleurs, il a mis en garde contre les inondations de plus en plus fréquentes qui ont de graves conséquences sur les villes côtières. Il faudrait prévenir l’érosion des côtes et mettre l’accent sur la prévention des catastrophes, a-t-il ainsi préconisé. M. D’Orville a aussi parlé d’un centre dépendant de l’UNESCO, l’Institut pour l’éducation à l’eau de Delft, qui dispense des formations sur la gestion moderne de l’eau.
Les politiques publiques ne suffisent pas, a poursuivi Mme SASKIA SASSEN, Professeur de sociologie, titulaire de la chaire Robert S. Lynd, et Coprésidente du Comité sur la réflexion mondiale de l’Université de Columbia, qui a parlé des moyens de réduire l’impact des villes sur l’environnement. Elle a axé son intervention sur la nécessité d’explorer la possibilité de transformation des facteurs négatifs en facteurs positifs. À cet égard, elle a donné l’exemple d’une bactérie découverte par des biologistes qui, placée dans les eaux brunes, produit une molécule plastique biodégradable. Un élément négatif dans les villes peut ainsi devenir un élément positif, les villes pouvant produire ce plastique biodégradable, a-t-elle conclu. Après avoir cité de nombreuses découvertes, elle a appelé les responsables des villes à s’interroger sur les moyens de transformer les facteurs négatifs en capacités positives.
M. YANG KAIZHONG, Professeur à l’Université de Pékin (Chine), a rappelé que l’expansion économique de la Chine s’était faite de manière concomitante à son urbanisation. Selon lui, l’autre caractéristique majeure de cette urbanisation, c’est qu’elle s’est accompagnée d’une création d’emplois jamais démentie. Cette année, a signalé l’universitaire, la Chine s’est dotée d’une nouvelle politique de planification urbaine, qui se singularise notamment par la volonté de prendre en compte la viabilité de l’environnement et les besoins propres aux mégalopoles, de Shanghai à Beijing, et de donner la part belle à l’intégration entre communautés urbaines et périurbaines. De nouvelles politiques foncières ont également été lancées, a précisé le professeur Yang Kaizhong.
M. PETER CALTHORPE, Directeur du cabinet Calthorpe Associates, Urban Designers, Planners and Architects, est revenu sur les plans d’urbanisme suivis au siècle dernier, qui privilégiaient de grands ensembles séparés par des artères principales, avec pour conséquences des embouteillages et une pollution considérables. Les modèles chinois ou californien doivent évoluer sous peine de devenir intenables, a-t-il prévenu. Pour l’architecte, les paradigmes urbains commencent à changer, comme c’est le cas à Los Angeles, où 40 millions de dollars viennent d’être investis pour développer un réseau de tramways destiné à se substituer progressivement aux voitures. Le problème, a observé M. Calthorpe, c’est que la plupart des architectes sont concentrés sur des bâtiments individuels et ne proposent pas de vision d’ensemble pour le design urbain.
Débat interactif
Après les exposés des experts, M. GUNTER MEINERT, Directeur de programme au Ministère de la coopération pour le développement de l’Allemagne, a rappelé que les villes constituaient un lieu où l’identité et la vie des personnes se construisent, avec un sentiment d’appartenance commun. Les liens entre les villes et le développement de l’identité sont des biens communs et non pas des opportunités pour faire des affaires, a-t-il fait observer. Il a estimé qu’il faudrait promouvoir l’attachement émotionnel à l’égard des villes, en prônant une connexion intellectuelle. Il a aussi invité à définir une vision, un leitmotiv pour le développement des villes. Il a notamment recommandé aux gouvernements locaux de mettre en place des contextes juridiques et institutionnels positifs.
Pour Mme LORENA ZÁRATE, Présidente de Coalition internationale Habitat, le changement de civilisation doit inclure, en plus des trois dimensions du développement durable, la dimension culturelle. Elle a aussi estimé que les habitants des zones urbaines ne pouvaient avoir une vie digne que si l’on crée les mêmes conditions pour garantir la dignité des populations des zones agricoles. Par ailleurs, elle a recommandé d’examiner la situation comme un tout, en recherchant une vue d’ensemble et en évitant de trop compartimenter les problèmes.
Le secteur informel dans certains pays représentent plus de la moitié des activités économiques, a-t-elle également fait remarquer, en invitant à en tenir compte dans la gestion de l’urbanisation. Elle a aussi parlé de la concurrence sur les marchés qui doit être abordée dans le but de créer plus de justice sociale. L’intervenante a ensuite évoqué la question de la relocalisation et du phénomène de « gentrification » en appelant à bien les gérer. « Nous devons réfléchir à la façon d’intervenir de manière cohérente dans tous ces secteurs, a-t-elle proposé, avant de demander également que les droits de l’homme soient davantage pris en compte dans ce débat. Nous voulons un droit à la ville pour tous les citoyens », a-t-elle conclu.
Débat général
La représentante de Monaco, « Cité-État » par excellence, a tenu à rappeler qu’avec 38 000 habitants et 50 000 salariés sur un territoire d’à peine deux kilomètres carrés, « l’activité économique développée dans la principauté conduit à une multiplication par deux de sa population chaque jour ». Pour relever le défi du développement durable, a-t-elle expliqué, l’action gouvernementale se concentre sur des investissements structurants dans les domaines de l’aménagement urbain, de la mobilité, de la préservation du patrimoine naturel, de la gestion de l’eau et des espaces verts et de l’énergie.
Il n’y a pas de solution qui peut être appliquée à toutes les villes, a estimé pour sa part le représentant de la Suède, en demandant de prendre en compte les contextes particuliers des villes des citoyens. Tout en reconnaissant que les villes étaient des agents et des moteurs de développement durable, il a appelé à adopter une approche holistique intégrée. Il faudrait aussi, a-t-il ajouté, mettre en place des mécanismes inclusifs et anticipatoires pour les processus de prise de décisions, qui sont des conditions essentielles à la planification urbaine.
Partisan comme son collègue de l’Égypte des approches intégrées et multisectorielles, le représentant du Japon a donné l’exemple d’une ville de son pays, Kitakyūshū, l’une des plus industrialisées dans les années 1960, mais la plus polluée. Cette ville s’est complètement transformée dans les années 1990 et a même remporté le prix Global 500 du PNUE et le titre de « Green Growth City » de l’OCDE en 2011. Il a expliqué que cela avait été le fruit d’efforts collectifs de tous les acteurs, grâce à la mise en place par le Gouvernement japonais d’un environnement favorable à ces changements.
Le représentant de la Fédération de Russie a assuré que le développement durable n’était pas envisageable sans fourniture de services de base. Son homologue de l’Albanie a expliqué, quant à lui, les problèmes posés par l’approche fragmentée de l’urbanisation dans son pays. Cela avait conduit, a-t-il déploré, à l’adoption de politiques de développement urbain inefficaces et à une mauvaise utilisation des ressources du territoire. Pour y remédier, le Gouvernement de l’Albanie a commencé par appliquer des principes de bonne gouvernance et à privilégier la reddition de comptes dans le développement du territoire. Il a aussi renforcé et coordonné les processus de planification nationale et locale afin de mieux tirer parti des ressources de chaque région du pays. Le représentant a aussi parlé du projet de réforme territoriale, dont l’adoption est imminente, qui est basée sur la notion de « noyau urbain ».
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