Le Conseil de sécurité appelle au renforcement de la coopération face à « l’intensification de la menace terroriste »
Deux mois après l’adoption d’une résolution réagissant au phénomène croissant des combattants terroristes étrangers, le Conseil de sécurité a appelé au renforcement de la coopération à tous les niveaux pour défaire l’État islamique d'Iraq et du Levant (EIIL), encore appelé Daesh, et d’autres entités associées à Al-Qaida.
Lors d’un débat qui s’est tenu, aujourd’hui, au niveau ministériel et présidé par la Ministre australienne des affaires étrangères, Mme Julie Bishop, près de 70 délégations ont appuyé les propos du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, et commenté ceux des Présidents du Comité des sanctions contre Al-Qaida et du Comité contre le terrorisme. Ces Comités ont été respectivement créés par les résolutions 1267 (1999) et 1373 (2001) du Conseil.
Les positions exprimées par les délégations sont largement reflétées dans une déclaration présidentielle qui souligne, notamment, que la menace du terrorisme est en train de s’intensifier en raison de réseaux de recrutement mondiaux, de la propagation d’idéologies extrémistes violentes et de « l’accès à d’importants flux de financement ». Les participants étaient également saisis d’une note de synthèse élaborée par la présidence australienne du Conseil pour le mois de novembre. « Le nombre de combattants terroristes étrangers en Syrie et en Iraq atteint à présent le chiffre record de 15 000, ces individus étant originaires de plus de 80 pays », a rappelé M. Ban Ki-moon, qui a relevé que l’accès aux nouvelles technologies et la mondialisation facilitaient le financement illégal et la diffusion de la propagande des entités terroristes. « L’EIIL, en particulier, fait un commerce illicite du pétrole », a-t-il précisé avant d’exhorter les États Membres à mettre intégralement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
Présentant le rapport de l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions du Comité contre Al-Qaida qu’il dirige, M. Gary Quinlan, de l’Australie, a expliqué que l’Équipe recommandait un recours plus large au régime de sanctions et de prendre de nouvelles dispositions pour tarir l’afflux de ressources « qui permettent à l’EIIL et au Front al-Nosra de financer leurs actions ». « Elle recommande en outre au Comité d’encourager les pays à utiliser plus systématiquement la base de données d’INTERPOL sur les combattants transnationaux », a-t-il dit. Si les intervenants ont unanimement réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier les résolutions 1273 (2001), 2170 (2014) et 2178 (2014), la Présidente du Comité contre le terrorisme, Mme Raimonda Murmokaité, de la Lituanie, a souligné les faibles capacités dont disposent réellement les États Membres pour honorer leurs obligations. « Le Comité, avec le soutien de sa Direction exécutive, prépare une première analyse des principaux manques », a-t-elle annoncé.
Le Conseil, dans sa déclaration présidentielle, prie précisément la Direction exécutive du Comité de présenter à ce dernier, « dans les 180 jours, un rapport sur les lacunes existant dans l’utilisation de renseignements préalables concernant les voyageurs, et de formuler des recommandations pour élargir l’utilisation de ces renseignements ».
Après avoir rendu hommage au travailleur humanitaire Peter Kassig, assassiné par l’EIIL alors que son « seul objectif était d’apporter son aide et de prêter assistance au peuple syrien », le représentant des États-Unis a indiqué qu’au cours de l’année écoulée, son pays avait multiplié les contacts avec ses partenaires du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et des Balkans pour renforcer les moyens d’éradication du terrorisme « le plus violent ». « L’accent est mis sur l’assèchement du flux de combattants étrangers et des sources de financement, conformément au cadre stratégique développé par les Nations Unies », a-t-il expliqué. « Le monde sera meilleur après la destruction de l’EIIL et la cessation de ses bains de sang », a clamé M. David Pressman. La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit continuer d’afficher le même front uni qu’aujourd’hui pour « réaffirmer et renforcer nos valeurs ». Les délégations ont par ailleurs reconnu l’importance cruciale de répondre militairement aux défis à la paix et à la sécurité internationales, lancés par l’EIIL. Le représentant de la France, M. François Delattre, a attiré l’attention sur le rôle de son pays au sein de la coalition, en évoquant la destruction récente de positions offensives de l’État islamique dans la région de Kirkouk par une patrouille aérienne française. « La réponse militaire internationale a permis de contrer la dynamique d’expansion territoriale de Daesh », a-t-il salué.
Reprenant les propos de M. Ban Ki-moon, les États Membres ont néanmoins souligné que, face au terrorisme, la solution militaire n’était pas une fin en soi. C’est donc d’une seule voix qu’ils ont insisté sur le fait que le combat contre ce fléau devrait être mené sur le terrain politique et dans le respect du droit international et du droit international humanitaire. La représentante de la Jordanie, Mme Dina Kawar, a par exemple jugé que la transition politique en Syrie était une condition préalable à la mise en échec définitive de l’EIIL. « Daesh est une menace pour toutes les composantes nationales et confessionnelles iraquiennes », a déclaré le représentant de l’Iraq, M. Mohamed Ali Alhakim, qui a rendu hommage à tous ceux qui les combattent. « La Syrie continue de lutter contre les groupes terroristes qui commettent des actes barbares contre les Syriens, alors même que ce Conseil tient des réunions pour clouer au pilori notre gouvernement », a affirmé, pour sa part, le représentant de la République arabe syrienne, M. Bachar Al-Jaafari.
Dans une allusion à l’actualité, le représentant d’Israël, M. Amit Heumann, a évoqué « l’attaque terroriste perpétrée hier dans une synagogue de Jérusalem par deux Palestiniens, causant la mort de cinq personnes ». À l’instar de nombreuses délégations, il a plaidé en faveur d’une éducation qui fasse « la promotion de la paix au lieu de la haine, de la tolérance au lieu de la violence ».
Parce que « la menace que posent les combattants terroristes étrangers et l’extrémisme violent ne constituent pas seulement des défis en matière de sécurité, mais également des défis politiques et de développement qui affectent la stabilité et le tissu social des pays », le Secrétaire général des Nations Unies a insisté sur l’urgence de s’attaquer aux racines mêmes de cette nouvelle forme de terrorisme. C’est ainsi qu’il a exhorté les États et l’ONU à « continuer d’examiner de manière approfondie les conditions fondamentales qui permettent à l’extrémisme de prospérer ».
Dans la déclaration présidentielle, les membres du Conseil soulignent « le rôle que l’éducation peut jouer face au discours terroriste ».
MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME
La coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent
Lettre datée du 4 novembre 2014, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Australie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2014/787)
Déclaration du Président du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité réaffirme que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue une des menaces les plus sérieuses contre la paix et la sécurité internationales et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le moment et les auteurs.
Le Conseil souligne que la menace du terrorisme est en train de s’élargir et de s’intensifier, touchant un nombre croissant d’États Membres dans la plupart des régions, du fait notamment sur des réseaux de recrutement mondiaux, de la propagation d’idéologies extrémistes violentes susceptibles de mener au terrorisme et de favoriser les déplacements de terroristes, notamment de combattants terroristes étrangers, et l’accès à d’importants flux de financement.
Le Conseil se déclare à nouveau extrêmement préoccupé par la présence de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), du Front el-Nosra et d’autres entités associées à Al-Qaida, par leur idéologie extrémiste violente et par leurs agissements, qui nuisent à la stabilité de l’Iraq, de la Syrie et de la région, et notamment par leurs conséquences humanitaires dévastatrices pour les populations civiles, qui ont provoqué le déplacement de millions de personnes, et par leurs actes de violence qui alimentent les tensions confessionnelles.
Le Conseil se déclare également préoccupé par le fait que, d’après les informations disponibles, plus de 15 000 combattants terroristes étrangers venant de plus de 80 pays sont allés rejoindre des entités terroristes associées à Al-Qaida ou combattre pour elles, notamment en Syrie, en Iraq, en Somalie, au Yémen, ainsi que dans plusieurs pays du Maghreb et du Sahel.
Le Conseil rappelle ses résolutions 1267 (1999), 1373 (2001), 1624 (2005), 2161 (2014), 2170 (2014) et 2178 (2014), et souligne qu’il importe que les États Membres prennent d’urgence des mesures pour mettre en œuvre les obligations qu’elles énoncent.
Le Conseil réaffirme que conformément à la Charte, il respecte la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États.
Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que toutes les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à toutes leurs obligations au regard du droit international, en particulier du droit international des droits de l’homme, du droit international des réfugiés et du droit international humanitaire.
Le Conseil considère que la force militaire, les mesures visant à faire appliquer la loi et les opérations des services de renseignements ne suffiront pas à elles seules à vaincre le terrorisme, souligne qu’il faut éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme, comme le souligne le premier volet de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’Organisation des Nations Unies (A/RES/60/288), rappelle qu’il faut s’attaquer aux facteurs qui poussent au recrutement et à la radicalisation conduisant au terrorisme et considère en outre que vaincre le terrorisme nécessite une action globale aux niveaux national, régional, sous-régional et multilatéral.
Le Conseil est conscient des importants problèmes de capacité et de coordination que de nombreux États Membres rencontrent pour ce qui est de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent et d’empêcher le financement du terrorisme, le recrutement et toutes les autres formes d’appui à des organisations terroristes; se félicite des travaux que mènent le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive pour recenser les lacunes en matière de capacités -(Analyse préliminaire des principales insuffisances dans les capacités qu’ont les États Membres d’appliquer les résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) et qui pourraient les empêcher d’endiguer le flux de combattants terroristes étrangers en application de la résolution 2178 (2014) du Conseil)- et faciliter l’assistance technique aux fins de renforcer la mise en œuvre des résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) qui contribue au respect de la résolution 2178 (2014); invite les États Membres à continuer de coopérer avec le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive afin de mettre au point des stratégies nationales, sous-régionales et régionales, globales et intégrées de lutte contre le terrorisme; souligne que les entités de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, notamment le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, ainsi que les autres prestataires de l’aide au renforcement des capacités ont un rôle crucial à jouer dans la fourniture de l’assistance technique; et note à cet égard la menace que les combattants terroristes étrangers font peser sur les pays d’origine, de transit et de destination, ainsi que sur les États voisins des zones de conflit armé dans lesquelles ils opèrent.
Le Conseil demande aux États Membres d’en aider d’autres, le cas échéant et sur demande, à renforcer leur capacité de faire face à la menace que constitue le terrorisme, et salue l’assistance bilatérale fournie par les États Membres aux fins d’aider à mettre en place cette capacité nationale, sous-régionale et régionale qu’il encourage.
Le Conseil se félicite des listes de combattants terroristes et agents recruteurs étrangers, établies récemment par le Comité faisant suite aux résolutions 1267 et 1989, et exhorte les États Membres à lui communiquer l’identité d’autres combattants terroristes étrangers et d’autres personnes appuyant ou finançant leurs déplacements et leurs activités ultérieures, afin qu’il les ajoute à ces listes, le cas échéant.
Le Conseil se dit fermement résolu à envisager d’inscrire sur la liste, en application de la résolution 2161 (2014), les personnes, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida qui financent, arment, organisent et recrutent pour son compte ou qui soutiennent, de toute autre manière, ses actes ou activités, y compris à l’aide des nouvelles technologies de l’information et des communications comme Internet, les médias sociaux ou tout autre moyen.
Le Conseil se félicite des mesures et initiatives prises récemment aux niveaux international, régional et sous-régional pour empêcher et réprimer le phénomène des combattants terroristes étrangers, note le travail accompli par le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, en particulier son adoption récente d’un ensemble de bonnes pratiques de lutte contre le phénomène des combattants terroristes étrangers et la création de son Groupe de travail sur les combattants terroristes étrangers, et les travaux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, de l’Union européenne, du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme et de la réunion des chefs des services spéciaux, services de sécurité et organismes d’application des lois.
Le Conseil prend note du communiqué du Sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, tenu à Nairobi le 2 septembre 2014, et demande aux organismes des Nations Unies chargés de la lutte antiterroriste, dans les limites de leurs attributions actuelles, et aux États Membres d’aider l’Afrique à lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme et à renforcer ses capacités en la matière.
Le Conseil prie instamment les États Membres d’améliorer la coopération bilatérale, internationale, régionale et sous-régionale, d’empêcher les combattants terroristes étrangers de voyager au départ de leur territoire ou de le traverser, notamment en renforçant l’échange d’informations aux fins d’identifier les combattants terroristes étrangers, en comprenant leurs schémas de déplacement et en mettant en commun des pratiques d’évaluation des risques et de contrôle aux frontières reposant sur des observations factuelles, compte tenu de la nécessité de faire face aux difficultés que soulèvent les itinéraires détournés qu’ils empruntent.
Le Conseil demande à nouveau aux États Membres, comme il l’a fait dans ses résolutions 2161 (2014) et 2178 (2014), de recourir aux bases de données d’INTERPOL et d’exiger que les compagnies aériennes relevant de leur juridiction fournissent des renseignements préalables concernant les voyageurs afin de détecter le départ de leur territoire, l’entrée sur leur territoire ou le transit par leur territoire de personnes inscrites sur la liste relative aux sanctions contre Al-Qaida, et les invite en outre à fournir les dossiers des passagers, s’il y a lieu, aux autorités nationales compétentes, et prie la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme de présenter au Comité, dans les 180 jours, un rapport sur les lacunes existant dans l’utilisation de renseignements préalables concernant les voyageurs, et de formuler des recommandations pour élargir l’utilisation de ces renseignements, et notamment des plans pour faciliter le renforcement des capacités nécessaires, en collaboration avec l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions contre Al-Qaida et les entités pertinentes de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, dont l’Organisation de l’aviation civile internationale, ainsi que des représentants du secteur, tels que l’Association du transport aérien international.
Le Conseil réaffirme que la menace grandissante que représentent les combattants terroristes étrangers fait partie des problèmes, tendances et faits nouveaux en rapport avec les résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005), et invite le Comité contre le terrorisme à tenir en 2015 des réunions extraordinaires avec la participation des États Membres et des organisations internationales et régionales compétentes afin d’examiner les moyens d’endiguer le flot de combattants terroristes étrangers et d’empêcher les terroristes d’utiliser Internet et les médias sociaux pour recruter et inciter à commettre des actes de terrorisme, dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et conformément aux autres obligations découlant du droit international, et note à cet égard qu’il importe pour le Comité de tenir des réunions dans les régions touchées sur des questions liées à l’exercice de son mandat.
Le Conseil demande aux États de veiller, conformément au droit international et notamment au droit international des droits de l’homme et au droit international des réfugiés, à ce que le statut de réfugié ne soit pas détourné à leur profit par les auteurs, organisateurs ou complices d’actes terroristes, y compris les combattants terroristes étrangers.
Le Conseil de sécurité se dit profondément préoccupé par la propagation des idéologies extrémistes violentes qui sous-tendent le discours terroriste et par le fait que les combattants terroristes étrangers se servent de leurs idéologies extrémistes pour promouvoir le terrorisme, et réitère la nécessité d’opposer à l’extrémisme violent des ripostes nationales concrètes, notamment en renforçant la capacité de résilience des communautés et en faisant appel à la coopération aux niveaux sous-régional, régional et international, l’ONU assumant un rôle décisif à l’appui de ces efforts, et souligne le rôle que l’éducation peut jouer face au discours terroriste.
Le Conseil insiste sur la nécessité de continuer à mieux faire connaître et à rendre plus efficace le rôle de l’ONU dans la lutte contre la propagation des idéologies extrémistes violentes qui incitent au terrorisme, notamment grâce à la communication stratégique, et affirme la nécessité d’intensifier les efforts de l’Organisation et de ses États Membres pour s’attaquer plus efficacement à ce problème et de poursuivre l’action menée à cet égard.
Le Conseil encourage l’échange de données d’expérience nationales et régionales en matière de lutte contre le terrorisme, et se félicite des efforts déployés par le Comité contre le terrorisme avec le soutien de sa Direction exécutive pour instaurer un dialogue avec les États Membres et tenir des séances d’information publiques sur ces questions, pour épauler les efforts déployés pour lutter contre l’incitation au terrorisme et l’extrémisme violent, et note qu’il faut mettre en commun les données d’expérience concernant notamment la réadaptation et la réintégration des terroristes et des combattants terroristes étrangers pour écarter la menace qu’ils posent.
Le Conseil constate que le terrorisme et l’extrémisme violent ont des répercussions sur un nombre croissant de situations de conflit, y compris dans des États qui accueillent des missions de l’ONU, et préconise à cet égard l’échange d’informations, le cas échéant et s’il y a lieu, entre les représentants spéciaux du Secrétaire général, le Département des affaires politiques, le Département des opérations de maintien de la paix, la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions à l’encontre d’Al-Qaida et les autres entités compétentes de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, dans la limite des mandats existants et des ressources disponibles.
Le Conseil recommande que les bureaux régionaux de l’ONU situés dans des régions en proie à la menace terroriste procèdent à l’analyse des données d’information régionales sur le terrorisme et l’extrémisme violent et à l’échange d’informations entre missions, dans la limite des mandats existants et des ressources disponibles.
Le Conseil fait part de l’inquiétude que lui inspire le fait que les terroristes et leurs partisans ont de plus en plus souvent recours aux technologies de communication, dont Internet, à des fins de ralliement par la radicalisation et pour recruter des éléments, inciter à la commission d’actes terroristes et financer et organiser les déplacements de combattants terroristes étrangers et les activités de ces derniers lorsqu’ils arrivent à destination.
Le Conseil exhorte les États Membres à coopérer pour empêcher les terroristes de recruter des éléments et pour faire front à la propagande et à l’incitation à l’extrémisme violent qu’ils diffusent sur Internet et dans les médias sociaux, notamment en formulant un contre-discours efficace, dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales et conformément aux obligations découlant du droit international, souligne l’importance de la coopération avec la société civile et le secteur privé à cet égard, et encourage les entités compétentes de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme à soutenir les initiatives régionales dans ce domaine.
Le Conseil de sécurité constate avec une grande préoccupation que les gisements de pétrole et les infrastructures connexes contrôlées par l’EEIL, le Front el-Nosra, et potentiellement par d’autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida, génèrent une part considérable des revenus de ces groupes, permettant à ceux-ci de financer leurs activités de recrutement et de renforcer leur capacités opérationnelles en vue d’organiser et de perpétrer des attaques terroristes.
Le Conseil réaffirme que les États sont tenus par la résolution 2161 (2014) de veiller à ce que leurs ressortissants et les personnes qui se trouvent sur leur territoire ne mettent pas directement ou indirectement des avoirs ou des ressources économiques à la disposition de l’EEIL, du Front el-Nosra et de tous les autres individus, groupes, entreprises ou entités associés à Al-Qaida, et fait observer que cette obligation s’applique au commerce direct ou indirect de pétrole et de produits pétrolier.
Le Conseil encourage les États Membres à signaler au Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) les saisies ou les transferts de pétrole dont ils ont des raisons de penser qu’il provient de territoires contrôlés par l’EEIL ou le Front el-Nosra ainsi que des saisies de matériel de raffinage et de matériel connexe qui serait destinés à être transféré vers des territoires contrôlés par l’EEIL et le Front el-Nosra; encourage le Comité à envisager la désignation immédiate des individus et entités qui participent à ces activités; et fait part de son intention d’envisager de nouvelles mesures pour compromettre cette source de financement du terrorisme, y compris des interdictions portant sur le transfert de pétrole, de produits pétroliers et de matériel de raffinage du pétrole et matériel connexe destinés aux territoires contrôlés par l’EEIL et le Front el-Nosra et à tous autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida , ou en provenant.
Le Conseil souligne que les dons émanant d’individus et d’entités ont joué un rôle dans l’expansion et l’affermissement de l’EEIL et du Front el-Nosra, et que les États Membres sont dans l’obligation de veiller à ce qu’un tel soutien ne soit pas offert aux groupes terroristes et autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida par leurs ressortissants ou par des personnes se trouvant sur leur territoire, et exhorte les États Membres à s’occuper directement de ce problème en veillant au renforcement de la vigilance du système financier et en œuvrant aux côtés de leurs organisations à but non lucratif et caritatives afin que les flux financiers provenant de dons de bienfaisance ne soient pas détournés au profit de l’EEIL, du Front el-Nosra ou de tous autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida.
Le Conseil se déclare préoccupé par le fait que les véhicules, aériens ou autres, qui quittent des territoires contrôlés par l’EEIL et le Front el-Nosra pourraient servir à transporter de l’or ou d’autres ressources économiques et objets de valeur destinés à être vendus sur les marchés internationaux, ou à transférer des armes et du matériel destinés à l’EEIL et au Front el-Nosra, et fait observer que les individus ou entités qui se livrent à ces activités peuvent s’exposer à une inscription sur la liste du Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011); s’inquiète des informations selon lesquelles des articles ayant une importance archéologique, historique, culturelle et religieuse sont illégalement enlevés de territoires contrôlés par l’EEIL et le Front el-Nosra et pourraient générer un revenu pour ces groupes, et demande aux États Membres de prendre les mesures voulues pour empêcher ce commerce illégal; rappelle à cet égard à tous les États qu’ils sont tenus de veiller à ce qu’aucuns fonds, autres avoirs financiers ou ressources économiques ne soient mis directement ou indirectement à la disposition de l’EEIL, du Front el-Nosra et de tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida ; et attend avec intérêt l’examen approfondi par le Comité des sanctions contre Al-Qaida des recommandations énoncées dans le rapport que l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions a présenté en application de la résolution 2170 (2014), concernant les nouvelles mesures destinées à entraver ces activités en vue de désorganiser davantage encore les menées de ces groupes.
Le Conseil condamne fermement les enlèvements et les prises d’otages qui sont le fait de l’EEIL, du Front el-Nosra et de tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida quels qu’en soient les motifs, y compris lever des fonds ou obtenir des concessions politiques, note avec inquiétude que les rançons versées aux terroristes sont utilisées comme l’une des sources de financement de leurs activités, y compris de nouveaux enlèvements, se déclare déterminé à prévenir ces actes et à faire en sorte que les otages soient libérés en toute sécurité sans que soient versées de rançons ni accordées de concessions politiques, demande à tous les États Membres d’empêcher les terroristes de profiter directement ou indirectement de rançons ou de concessions politiques et de faire en sorte que les otages soient libérés sains et saufs, et réaffirme que tous les États Membres doivent œuvrer en étroite coopération face aux enlèvements ou aux prises d’otages qui sont le fait de groupes terroristes.
Le Conseil souligne la pertinence des recommandations du Groupe d’action financière (GAFI) à l’appui de la mise en œuvre des résolutions 2170 (2014) et 2178 (2014), y compris la recommandation adressée aux États relative au système de déclaration d’espèces transportées depuis leur territoire et à destination de celui-ci, et d’autres mesures visant à contrer le risque que certains combattants terroristes étrangers et facilitateurs agissent comme passeurs de fond pour des organisations terroristes.
Le Conseil fait part de l’inquiétude que lui inspire le lien, dans certains cas, entre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et les activités illicites, telles que le trafic de drogues et d’armes, la traite de personnes et le blanchiment d’argent.
Le Conseil réaffirme que les États sont tenus d’empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à l’État islamique d’Iraq et du Levant, au Front el-Nosra et à tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida depuis leur territoire ou par leurs nationaux établis hors de leur territoire, ou encore au moyen de navires ou d’aéronefs battant leur pavillon, d’armements et de matériel connexe de tous types, y compris les armes et les munitions, les véhicules et le matériel militaires, l’équipement paramilitaire et les pièces de rechange des armes et matériels susmentionnés, ainsi que la fourniture de conseils techniques, d’assistance ou de formation en matière d’arts militaires, et réaffirme également la demande qu’il a faite aux États de trouver des moyens de développer et d’accélérer l’échange de données opérationnelles concernant le trafic d’armes et de coordonner davantage l’action menée aux niveaux national, sous-régional, régional et international.
Le Conseil rappelle en outre à tous les États leur obligation de veiller à ce que toute personne qui participe au financement, à l’organisation, à la préparation ou à la perpétration d’actes de terrorisme ou qui y apporte un appui soit traduite en justice et à ce que ces actes de terrorisme soient érigés en infractions graves dans la législation et la réglementation nationales, et encourage la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme à donner des orientations si la demande lui en est faite.
Le Conseil souligne que l’intolérance, la violence et la haine que l’EIIL, le Front el-Nosra et d’autres groupes associés à Al-Qaida professent doivent être combattues, et exprime sa détermination à vaincre la menace que le terrorisme fait peser sur la paix et la sécurité internationales.
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’il y a moins de deux mois, le Conseil de sécurité, en adoptant sa résolution 2178 (2014), avait appelé à d’importants efforts internationaux pour répondre au phénomène croissant des combattants terroristes étrangers. Saluant l’unité du Conseil sur la question, il a toutefois constaté que le nombre de combattants terroristes étrangers en Syrie et en Iraq atteignait à présent le chiffre record de 15 000, ces individus étant originaires de plus de 80 pays. Il a ajouté que les groupes agissant au nom d’idéologies extrémistes, comme Daesh, le Front el-Nosra, Boko Haram et les Chabab continuaient de perpétrer des actes brutaux et de causer d’immenses souffrances. « Des millions de personnes vivent sous le contrôle de tels groupes », a poursuivi le Chef de l’ONU, en notant que l’accès aux nouvelles technologies et la mondialisation avaient facilité leur financement illégal et la diffusion de leur propagande. Daesh, en particulier, fait un commerce illicite du pétrole, a-t-il précisé avant d’exhorter la communauté internationale et l’ONU à tout faire pour que soient pleinement mises en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
Concernant les mesures prises depuis l’adoption de la résolution 2178, M. Ban a souligné que la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme avait préparé une analyse préliminaire sur les moyens à privilégier pour accélérer l’application de la résolution. « L’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme a également établi un mécanisme de coordination pour mobiliser les ressources destinées à aider les États Membres à mettre en œuvre la résolution 2178 (2014)», a encore indiqué M. Ban. Il a en outre fait savoir que le Centre des Nations Unies contre le terrorisme avait initié un programme à l’échelle du système encourageant le développement de projets interinstitutions pour renforcer la lutte contre le phénomène des combattants terroristes étrangers. « J’encourage tous les États Membres à participer à ces initiatives, en particulier les plus touchés », a souligné le Secrétaire général. Sur ce dernier point, il a fait observer que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime travaillait au renforcement des capacités de la justice pénale des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord afin qu’ils puissent appréhender plus efficacement le phénomène considéré.
Poursuivant, M. Ban a rappelé que la résolution 2178 (2014) reconnaissait que la violence extrémiste représentait une menace à la paix et la sécurité internationales, affectant la stabilité politique, la cohésion nationale et les fondations mêmes de certains États Membres. Le Secrétaire général a insisté sur le caractère multidimensionnel de la violence extrémiste, dont les causes mêmes doivent être appréhendées. C’est ainsi qu’il a annoncé que l’Organisation réfléchissait aux moyens de renforcer les capacités antiterroristes des missions politiques spéciales, des opérations de maintien de la paix et des équipes de pays. Il a ajouté que ces questions seraient abordées dans le cadre du Groupe de haut niveau sur les opérations de paix. Le Secrétaire général a ensuite répété que le fléau du terrorisme avait des conséquences politiques et en matière de développement qui affectent en profondeur le tissu social des pays, des communautés et au-delà, de régions entières. « Nous devons continuer d’examiner de manière approfondie les conditions fondamentales qui permettent à l’extrémisme de prospérer », a-t-il insisté, en relevant que répondre aux défis sous le seul angle militaire avait montré ses limites. M. Ban a également souligné l’importance d’éviter que la riposte antiterroriste n’exacerbe le problème, certaines communautés pouvant se sentir victimes d’abus de droits commis au nom du contreterrorisme. De tels abus ne sont pas seulement immoraux, ils sont contreproductifs, a-t-il fait remarquer, avant de conclure, en insistant sur la nécessité absolue que toutes les actions et politiques contreterroristes doivent être prises dans le respect du droit international et du droit international humanitaire.
S’exprimant en sa qualité de Président du Comité des sanctions créé par la résolution 1267 (1999), dit Comité des sanctions contre Al-Qaida, M. GARY QUINLAN (Australie) a déclaré que depuis son dernier exposé devant le Conseil de sécurité, au mois de mai, le paysage du terrorisme a connu des changements spectaculaires, avec la montée en puissance de deux groupes qui se sont illustrés par un « extrémisme brutal » et des « conquêtes territoriales rapides »: l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et le Front el-Nosra. Le Conseil, a-t-il rappelé, a répondu dès le 15 août en adoptant la résolution 2170 (2014), qui a souligné le rôle joué par le Comité qu’il préside face à cette menace et appelé les États à renforcer les mesures pour empêcher le financement de ces groupes et le recrutement de leurs troupes. En outre, la résolution demandait à l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions du Comité de lui soumettre un rapport, dont les conclusions ont été discutées par ses membres le 11 novembre dernier.
Dans ce rapport, présenté par le Président du Comité, l’Équipe d’appui note toutefois que la menace posée par ces groupes n’est pas nouvelle: l’EIIL a émergé en Iraq comme un groupe dissident d’Al-Qaida tandis que le Front el-Nosra continue de prêter allégeance à cette organisation terroriste. En outre, a rappelé M. Quinlan, les deux groupes ont été fondés par d’anciens membres d’Al-Qaida en Afghanistan. En dépit de leurs divergences, les deux groupes continuent d’adhérer aux objectifs d’Al-Qaida visant à promouvoir l’extrémisme et à faire changer l’ordre politique existant au Moyen-Orient par la violence terroriste, a fait observer le Président. Si la menace n’est pas nouvelle, l’Équipe d’appui estime cependant que l’ampleur de la menace posée est qualitativement et quantitativement très différente, en raison du lien entre le financement de ces groupes et l’emprise qu’ils exercent sur des populations et des territoires et des milliers de combattants étrangers qui ont rejoint leurs rangs, a poursuivi M. Quinlan, qui a dénoncé les violations répétées des droits de l’homme et de crimes graves commis contre des civils.
L’Équipe d’appui estime que la menace posée aujourd’hui présente trois dangers. Le premier a trait aux vastes et divers réseaux de combattants terroristes étrangers, principalement associés à l’EIIL mais également présents dans les rangs du Front el-Nosra, qui sont originaires de plus de 80 pays et dont le nombre dépasse les 15 000. Le second tient à la virulence de l’idéologie toxique de l’EIIL et du Front el-Nosra, a continué le Président. Le troisième est lié aux innovations opérationnelles qui caractérisent les combats en Iraq et en République arabe syrienne. « Du fait de l’expérience ainsi acquise par les combattants terroristes étrangers ou locaux, le risque est réel de voir apparaître un vaste et durable vivier transnational de terroristes aguerris et mobiles, capables de planifier des attentats mêlant tactiques terroristes, conventionnelles et de guérillas », a prévenu M. Quinlan.
En outre, a-t-il dit, l’EIIL et le Front el-Nosra se sont emparés d’équipements militaires appartenant à des armées régulières. « La saisie par ce groupe en juin 2014 de véhicules, armes et munitions qui suffiraient à armer et équiper plus de trois divisions de l’armée iraquienne donne une idée de l’ampleur du phénomène », précise le rapport de l’Équipe d’appui. M. Quinlan a fait observer que les deux groupes avaient acquis des ressources considérables, notamment l’EIIL, qui a pris le contrôle de champs pétroliers en Iraq. Les recettes que ce groupe tire de la vente de pétrole brut varieraient de 846 000 à 1 645 000 dollars par jour, selon l’Équipe d’appui, a-t-il précisé.
M. Quinlan a expliqué que l’Équipe d’appui recommande au Comité des sanctions de promouvoir un recours plus large au régime de sanctions, mais aussi au Conseil de prendre des mesures additionnelles, notamment pour tarir l’afflux de ressources qui permettent à l’EIIL et au Front el-Nosra de financer leurs actions. Elle recommande également au Comité d’encourager les États Membres à recourir plus régulièrement à la base de données de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) sur les combattants transnationaux. Pour l’Équipe d’appui, a souligné M. Quinlan, il est nécessaire d’adopter une « stratégie globale » qui intègre les initiatives multilatérales et les mesures nationales prises par les États Membres. « Les sanctions ciblées, qu’il s’agisse du régime de sanctions contre Al-Qaida ou de tout autre régime de sanctions renforcé qui peut être adopté par le Conseil, ne sauraient constituer qu’un aspect de la réponse à apporter sur le plan international. »
Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ, Présidente du Comité contre le terrorisme, (Comité 1373), a souligné les faibles capacités des États Membres qui les empêchent de mettre pleinement en œuvre les résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005). Elle a rappelé que le Comité avait, avec le soutien de sa Direction exécutive, préparé une première analyse des principaux manques, comme cela lui avait été demandé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2178 (2014), analyse qui, a-t-elle fait observer, ne fait pas référence spécifiquement à certains États.
Mme Murmokaitė a rappelé que les États devraient adopter de nouvelles lois pour sanctionner efficacement les actes liés aux combattants terroristes étrangers. Certains États ne pénalisent pas encore de manière appropriée de nombreuses activités préparatoires dont sont responsables des combattants terroristes étrangers, y compris ceux qui visent à faciliter leurs déplacements sur leur territoire de transit dans le but de commettre des actes terroristes dans des États tiers. De la même manière, dans de nombreux États, les poursuites contre les combattants terroristes étrangers se heurtent à des difficultés pratiques. Dans ce cadre, la Présidente du Comité 1373 a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération judiciaire internationale.
La résolution 1373 exige que les États prennent des mesures pour prévenir les actes terroristes, tout en reconnaissant que beaucoup d’États ne disposent pas des capacités nécessaires, par exemple, pour contrôler les communications ou utiliser des techniques spéciales d’investigation légales. De même, les échanges d’informations au niveau international demeurent limités. Mme Murmokaitė a rappelé que de nombreuses insuffisances existent encore en matière de contrôle des frontières. En particulier, les États n’utilisent pas suffisamment les banques de données d’INTERPOL. La nature poreuse de nombreuses frontières terrestres, y compris celles de pays affectés par le phénomène des combattants terroristes étrangers, continue d’aggraver la vulnérabilité de ces pays.
De nombreux États ont encore à prendre les mesures juridiques nécessaires pour pénaliser le financement du terrorisme. Il faut traiter avec davantage de priorité la question des transferts de fonds transfrontaliers illicites et travailler avec les ONG et le secteur privé pour s’assurer que les mouvements transfrontaliers de capitaux ne sont pas détournés à des fins illicites, a recommandé la Présidente du Comité 1373.
Mme Murmokaitė a jugé essentiel de prendre des mesures pour contrer l’encouragement au terrorisme par une contre-information efficace et adaptée afin de traiter la question de l’extrémisme violent susceptible de mener au terrorisme. Or, là encore certains États n’ont pas encore pris les mesures nécessaires pour mettre en place des programmes ou développer des stratégies de communication à l’intention de certains groupes. Il existe également des insuffisances dans les efforts des États pour contrer l’utilisation des technologies de la communication, y compris l’Internet par les terroristes et leurs partisans.
Parmi les manquements, Mme Murmokaitė a encore cité le faible nombre d’États qui ont établi des stratégies efficaces de réhabilitation et réintégration des ex-combattants terroristes étrangers qui rentrent chez eux, alors que c’est une exigence de la résolution 2178 (2014), qui demande aussi aux États Membres de prendre des mesures permettant de poursuivre des combattants terroristes étrangers. La Présidente du Comité 1373 a conclu cet examen des manquements en signalant que de nombreux États ne satisfont toujours pas à leurs obligations aux termes du droit international, notamment dans le domaine des droits de l’homme, du droit international humanitaire ou du droit des réfugiés dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.
En ce qui concerne la voie à suivre pour le Comité contre le terrorisme, Mme Murmokaitė a noté que de plus en plus d’États prenaient conscience du grave danger que présente le caractère mondial des combattants terroristes étrangers et adoptaient ainsi des mesures pour lutter contre le phénomène. Conformément à son mandat, le Comité contre le terrorisme continuera d’analyser les insuffisances dans la mise en œuvre de la résolution 1373. Il continuera également de compiler les bonnes pratiques en la matière et de présenter des recommandations. La Présidente du Comité a conclu en mettant l’accent sur l’assistance technique, aspect essentiel de son mandat.
Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a déclaré que, pour son pays, aucune question de sécurité n’était plus importante que celle de la menace terroriste, ajoutant que la menace que représentent l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), le Front el-Nosra et d’autres groupes affiliés à Al-Qaida est plus dangereuse, plus mondiale et plus diversifiée que jamais. « Les terroristes sont plus jeunes, plus innovants et plus connectés qu’autrefois: ce sont des maîtres des médias sociaux et ils sont techniquement très compétents, et font leur propagande jusque dans nos foyers pour recruter des femmes et des hommes inoccupés », a poursuivi la Ministre, qui a cité en exemple des jeunes Australiens apparemment sans histoire et pourtant devenus des terroristes qui ont commis des attentats-suicide meurtriers en Iraq et en Syrie.
Les Australiens sont outrés et ont décidé d’agir, a déclaré Mme Bishop. L’Australie s’est engagée auprès des autorités iraquiennes, américaines et d’une trentaine d’autres pays pour détruire l’EIIL et reconquérir le territoire iraquien. Elle participe aux frappes aériennes et fournit des forces spéciales chargées d’aider à renforcer les capacités iraquiennes et d’autres combattants contre l’EIIL, a ajouté la Ministre.
L’Australie prend aussi les mesures nécessaires chez elle, a précisé Mme Bishop, qui a mentionné l’architecture juridique complexe mise en place pour lutter efficacement contre le terrorisme, conformément aux obligations de la résolution 1373 (2001). Elle a cité en exemple le gel, la semaine dernière, des avoirs de deux Australiens qui recrutaient en ligne pour le compte de l’EIIL. L’Australie a en outre élaboré une nouvelle loi pour lutter contre l’organisation, le financement et l’assistance aux combattants terroristes étrangers.
Décrivant les principaux aspects de ce texte, la Ministre a estimé qu’il renforcera la capacité de son pays à enquêter sur les combattants terroristes étrangers et à les poursuivre, ainsi qu’à mieux gérer la menace que fait peser dans le pays le retour de combattants étrangers.
Mme Bishop a rappelé que son pays était une « démocratie vivante » et qu’à ce titre cette nouvelle législation avait suscité un vif débat national sur la nécessité de protéger les droits individuels des Australiens, y compris leur droit à la vie privée. Elle a assuré que son pays préservait ces droits en accroissant son soutien aux mécanismes de surveillance indépendants.
Mme Bishop a également mis l’accent sur la coopération internationale mais aussi sur l’approche consistant à travailler directement, au plan national, avec les différentes communautés du pays afin de renforcer la résistance à la radicalisation. Ainsi, l’Australie met en place des programmes d’intervention précoce et d’anti-radicalisation afin d’identifier les personnes les plus vulnérables et de travailler avec elles.
Elle travaille aussi avec les secteurs des télécommunications pour réduire les risques que représente le terrorisme en ligne. Rappelant que l’EIIL et ses semblables constituent « un affront à l’islam », Mme Bishop a rappelé que chacun, y compris les communautés musulmanes, doivent faire davantage pour dénoncer la rhétorique extrémiste du terrorisme et dénoncer les prêcheurs de haine au sein de nos communautés.
Rappelant que ces idéologies haineuses sont également une insulte aux idéaux des Nations Unies, Mme Bishop a demandé la nomination d’un envoyé spécial chargé de construire un message stratégique, cohérent et coordonné pour contrer l’extrémisme violent et fournir des lignes directrices aux États, y compris en les aidant à renforcer leurs capacités de lutter contre le terrorisme.
Les résolutions 2170 (2014) et 2178 (2014) renforcent le cadre d’action, a-t-elle encore estimé, tout en notant que leur mise en œuvre exigeait un effort soutenu, un engagement sans faille et une coopération durable entre les États. La déclaration présidentielle adoptée ce jour est fondée sur ces résolutions, et identifie les prochaines mesures concrètes à prendre pour mettre fin au recrutement et au déplacement des combattants étrangers, pour s’assurer que leurs idéologies toxiques n’ont pas leur place dans nos communautés et pour contrecarrer les sources de financements du terrorisme.
« Nous devons priver les organisations terroristes de combattants, de fonds et de légitimité, nous devons le faire avec détermination et ensemble », a conclu la Ministre.
M. HÉCTOR MARCOS TIMERMAN, Ministre des affaires étrangères et du culte de l’Argentine, a déclaré que « nous sommes tous d’accord ici sur la nécessité de faire face à la prolifération d’attentats terroristes et à la dévalorisation accrue de la vie humaine ». « La cruauté des terroristes sont une négation absolue de la dignité humaine. » « Les images de décapitation qui circulent sur l’Internet nous mettent en présence en temps réel avec la mondialisation de l’horreur », a-t-il déclaré avant de juger que la réponse militaire n’était pas la seule option pour éradiquer le fléau du terrorisme. Cette démarche a des limites et peut conduire à l’échec, a-t-il averti. Pour le Ministre argentin des affaires étrangères, « l’épouvante ne peut pas nous paralyser ». Prônant l’édification d’un ordre mondial et juste fondé sur le multilatéralisme, il a souligné la pertinence de mécanismes de coopération renforcée et l’importance de parvenir à une définition universelle du terrorisme.
Concernant la situation dans son pays, M. Timerman a rappelé que l’Argentine avait connu le terrorisme d’État, marqué par la persécution des démocrates, « voire l’extermination de plus de 30 000 d’entre eux, victimes de la violence fondamentaliste inspirée de la Doctrine de sécurité nationale ». En outre, plus récemment, des combattants étrangers avaient commis deux attentats terroristes sur le territoire national. « Ces expériences douloureuses ont renforcé notre conviction et, je le répète, que la riposte antiterroriste ne saurait être de nature seulement militaire: elle doit être multidimensionnelle et fondée sur une démarche globale, comme le souligne la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies », a-t-il rappelé.
Il est important que les mesures contreterroristes soient prises dans le respect des principes fondamentaux du droit international et de ceux qui sont consacrés par la Charte des Nations Unies. Sur ce point, il a salué la création du Bureau du Médiateur concernant le Comité des sanctions contre Al-Qaida. Il est nécessaire de garantir la régularité des procédures, a souligné le Ministre, en faisant observer que le mandat du Médiateur ne concerne que les individus. Ce mandat doit être étendu à tous les comités de sanctions du Conseil de sécurité, a-t-il estimé. Par ailleurs, le Ministre a appelé tous les États Membres à ratifier le Traité sur le commerce des armes, qui vise précisément à empêcher que des arsenaux ne soient détournés vers le marché illégal et ne finissent entre les mains de groupes terroristes. Avant de conclure, il a déclaré que les Nations Unies devraient jouer un rôle moteur en matière de lutte antiterroriste, car il incombe en premier lieu à l’Organisation des Nations Unies d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, à travers la contribution de tous ses États Membres.
M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, a dit que son pays venait de passer en revue l’ensemble de son dispositif juridique à la lumière des dispositions de la résolution 2178 (2014). Sur cette base, la révision et l’adaptation du cadre législatif et règlementaire ont été engagées afin de tenir pleinement compte des mesures adoptées par le Conseil de sécurité dans la lutte contre les combattants terroristes étrangers.
L’objectif à atteindre est d’empêcher celles et ceux qui veulent partir combattre avec des groupes terroristes de se rendre dans les zones de conflit. Il s’agit aussi de permettre la poursuite et la répression effective des actes de préparation, d’entraînement et de recrutement de terroristes, a précisé M. Asselborn. Nos services compétents, a indiqué le Ministre, travaillent enfin à une stratégie de prévention de la radicalisation extrémiste, qui reposera sur des mesures tant préventives que répressives.
M. Asselborn a rappelé que la collecte des données pour prévenir les voyages ou les passages en transit des combattants terroristes étrangers passait aussi par un renforcement de l’échange d’informations et de la coopération entre États Membres. L’Union européenne s’y emploie déjà, et nous attendons poursuivre ces efforts, notamment dans le cadre de la présidence du Conseil de l’Union européenne que le Luxembourg exercera au second semestre de 2015.
Il a aussi estimé qu’il faut redoubler d’efforts pour tarir les sources de financement des groupes terroristes, qu’il s’agisse de la contrebande de pétrole, des dons, du trafic d’antiquités, de la taxation des populations vivant sous leur joug ou encore du commerce ignoble de femmes et d’enfants. Le Luxembourg s’est doté d’un arsenal complet et cohérent de mesures législatives et réglementaires en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, a dit le Ministre.
M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a déclaré que les récentes mesures prises par le Conseil de sécurité, comme la tenue de ce débat public, montraient sa détermination de répondre à la menace du terrorisme sous toutes ses formes, y compris celles que l’on connaît aujourd’hui. Il s’est dit très surpris de constater que de plus en plus de jeunes sont recrutés par des groupes terroristes pour combattre dans certaines régions du monde. Chaque terroriste, quels que soient son parcours ou les raisons qui ont pu le pousser à l’extrémisme, doit être tenu responsable de ses actes, a souligné le représentant, qui a rappelé que le terrorisme ne pouvait être justifié sous aucun prétexte. Dans ce contexte, a souligné M. Gasana, il est important que les pays de provenance, de transit et de destination œuvrent ensemble à mettre fin au phénomène récent, mais croissant, des combattants terroristes étrangers.
Pour mettre fin à la tendance qui consiste à recruter des jeunes, le Conseil de sécurité et ses organes subsidiaires doivent en outre redoubler de vigilance, a préconisé le représentant. Un autre front est celui du financement illégal, qui va de la demande de rançons à l’exploitation de champs pétroliers et à la vente de barils de pétrole sur le marché parallèle, a-t-il fait remarquer. C’est pourquoi, a-t-il estimé, seule une action unie de la communauté internationale sera en mesure de mettre fin à ces nouvelles sources de financement d’un terrorisme « interconnecté ». La communauté internationale ne doit jamais perdre de vue que les causes profondes de ce fléau sont, avant tout, idéologiques et liées au pouvoir de persuasion d’un certain discours, a prévenu en conclusion le représentant du Rwanda.
M. SHIN DONG-IK, Ministre adjoint aux affaires multilatérales et globales de la République de Corée, a salué l’adoption de la déclaration présidentielle, qui souligne la nécessité de combattre le financement des entités terroristes, après avoir indiqué que les agissements de groupes tels que l’EIIL et le Front el-Nosra terrorisaient, volaient et réduisaient en esclavage des innocents. Ces entités maléfiques vont clairement à l’encontre des valeurs de l’islam qu’ils prétendent représenter et défendre, a-t-il ajouté. Concernant la réponse au phénomène croissant des combattants terroristes étrangers, en particulier en Syrie et en Iraq, le Ministre adjoint a assuré le Conseil de sécurité de la détermination de son pays à mettre pleinement en œuvre la résolution 2178. « Nous sommes prêts à partager nos pratiques pour permettre cette application avec d’autres États Membres », a-t-il fait remarquer, en mettant en outre l’accent sur les mesures prises par son pays pour tracer les activités des individus ou entités visés par le Comité des sanctions contre Al-Qaida.
La République de Corée coopère de manière étroite dans le cadre des initiatives régionales organisées par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, a assuré le Ministre adjoint. M. Shin a également attiré l’attention sur le besoin de mettre en place des stratégies destinées à s’attaquer aux causes socioéconomiques du terrorisme. À cet égard, il a indiqué que la République de Corée continuera d’apporter tout son appui au Bureau des affaires politiques, notamment en ce qui concerne les activités qu’il conduit dans le domaine de la formation et de l’emploi des jeunes dans les pays en développement. En conclusion, il a affirmé qu’en tant que Président du Comité 1540, la République de Corée insiste sur l’importance de rester vigilant afin d’empêcher que des groupes terroristes ne mettent la main sur des armes de destruction massive.
M. ANDRIUS KRIVAS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a expliqué que l’intensité et la nature, constamment évolutive de la menace terroriste et de l’extrémisme violent, posaient un défi sans précédent aux stratégies antiterroristes existantes. « La riposte actuelle accuse toujours du retard », a-t-il dit, en soulignant des lacunes persistantes dans la mise en œuvre de ces stratégies, en raison d’un manque de ressources, de capacités ou de volonté politique. « Les efforts pour combler ces lacunes doivent être intensifiés. »
S’agissant de la radicalisation conduisant des individus à se tourner vers la violence terroriste, M. Krivas a indiqué que les réseaux sociaux pouvaient être mis à profit pour disséminer un message positif visant à contrecarrer la propagande des groupes terroristes sur ces mêmes réseaux sociaux. L’ONU doit également accélérer ses efforts dans ce domaine, par le biais de stratégies de communication, a-t-il dit. Le Vice-Ministre a ensuite invité les pays à améliorer les échanges d’informations aux points de passage des frontières et à mettre davantage à profit les bases de données d’INTERPOL.
M. Krivas a également jugé crucial d’intensifier les efforts en vue de priver les groupes terroristes de leurs sources de financement. La capacité des États de détecter et désactiver les circuits de financement des activités terroristes, a-t-il assuré, est un élément clef des efforts antiterroristes. En conclusion, M. Krivas, tout en soulignant le rôle central de l’ONU dans la conduite des efforts internationaux contre le terrorisme, a insisté sur l’engagement à long terme des États, qui est essentiel pour la réussite de ces efforts.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) s’est dit horrifié par le terrorisme international, qui ne cesse d’évoluer, et son emprise de plus en plus grande sur nombre de désœuvrés. Comme l’a rappelé le Premier Ministre britannique, M. David Cameron, lors du débat du Conseil de sécurité en date du 24 septembre dernier, la priorité doit être donnée à la lutte contre les causes profondes de ce phénomène, notamment l’idéologie extrémiste et l’instrumentalisation de la religion. En outre, a poursuivi le représentant, il est temps pour la communauté internationale de lancer une action coordonnée afin de tarir les sources de financement et désorganiser le commerce illicite dont dépendent l’EIIL et le Front el-Nosra. À cet égard, la résolution 2168 (2014) est particulièrement importante, a relevé M. Grant. Pour sa part, le Royaume-Uni a pris des mesures pour mettre en œuvre les dispositions de ce texte. Le représentant a suggéré, en conclusion de son intervention, que le système des Nations Unies dans son ensemble joue pleinement son rôle dans la promotion des valeurs de tolérance, mais aussi en lançant une « communication stratégique intégrée de lutte contre le terrorisme », dont le message serait diffusé dans le monde par l’ensemble des programmes, fonds et institutions spécialisées du système des Nations Unies.
M. LIU JIEYI (Chine) s’est dit alarmé par la recrudescence du terrorisme et de l’évolution rapide de son discours, de ses actions et de ses moyens de communication. Face à une telle menace, la communauté internationale devrait renforcer l’échange de pratiques optimales entre États Membres et aider ces derniers à renforcer leurs capacités en leur prêtant l’assistance technique requise. Pour le représentant de la Chine, la lutte contre le terrorisme doit obéir à un critère unique: il doit être combattu sous toutes ses formes et partout où il sévit, en dehors de toute politique de deux poids, deux mesures.
Dans ce contexte, les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent jouer un rôle moteur dans la riposte de la communauté internationale en encourageant les États Membres à mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. En outre, celle-ci doit accompagner les mesures de sanctions déjà existantes de pratiques innovantes visant à combattre le recrutement de jeunes sur l’Internet. Le représentant a déclaré, en conclusion, que sa délégation attendait avec impatience la réunion du Comité contre le terrorisme sur les médias sociaux, prévue en 2015.
M. USMAN SARKI (Nigéria) a déclaré que le terrorisme était la principale menace à la cohésion de la communauté internationale à l’heure actuelle. « Aucun pays n’est à l’abri de l’extrémisme violent et aucun pays ne peut vaincre ce fléau en faisant cavalier seul », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de coopérer aux différents niveaux et de prendre des mesures essentielles découlant du cadre stratégique des Nations Unies en matière de contreterrorisme.
« Les instruments régionaux renforcent la coopération entre les pays africains tandis qu’au plan sous-régional, la stratégie de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) est notre instrument de synergie de référence », a encore expliqué le représentant. « Au Nigéria, le terrorisme pose bien des difficultés », a-t-il reconnu.
Rappelant les engagements, réaffirmés récemment par le Président Goodluck Jonathan, en vue d’éradiquer le terrorisme au niveau local, il a souligné l’efficacité du Système national de sécurité, qui comporte un volet « développement » et de la loi antiterroriste de 2013. Contre Boko Haram, la loi s’attaque tout particulièrement à l’assèchement des financements de ce groupe, a-t-il précisé.
Le représentant a aussi affirmé que le Nigéria mettait en place un cadre assorti de critères pour évaluer la mise en œuvre de la stratégie nationale. Il faut s’attaquer aux sources de la radicalisation, dans les prisons en particulier. La lutte sera longue car extirper les causes profondes du terrorisme prend du temps. La frustration et les inégalités poussent vers les pires idéologies. « Nous devons par conséquent mettre l’accent sur l’éradication de la pauvreté, du chômage et de l’analphabétisme », a conclu le représentant.
Mme DINA KAWAR (Jordanie) a déclaré que les groupes dont on parlait aujourd’hui « représentent une menace imminente, forment des alliances locales très préoccupantes et mettent la main sur des zones riches en ressources ». Selon elle, la transition politique en Syrie est une condition de la mise en échec de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). « Nous devons être vigilants face à la force de frappe idéologique de ces entités, qui se propage grâce aux nouveaux médias globaux. »
La représentante a ainsi mis l’accent sur l’importance de renforcer l’éducation culturelle des communautés locales et d’apporter une assistance adéquate aux pays qui font le plus directement face au fléau du terrorisme et de la violence extrémiste. La guerre menée par l’EIIL est d’abord une guerre menée contre l’islam et les musulmans, a-t-elle encore dit, prônant la prise de mesures préventives pour combattre le phénomène des combattants terroristes étrangers.
L’ONU doit être un guide en la matière et aider les pays à mettre en œuvre ses résolutions pertinentes. Enfin, elle a attiré l’attention sur le besoin d’accroitre le contrôle des frontières des pays de la région du Moyen-Orient et de lier développement et prévention du recrutement des combattants.
M. FRANCOIS DELATTRE (France) a indiqué que Daesh constituait une menace inédite, pour les pays de la région mais également pour le reste du monde. « La lutte contre Daesh appelle une réponse militaire, qui prend la forme aujourd’hui d’une coalition formée par un nombre croissant d’États », a-t-il poursuivi, en ajoutant que la France y prenait toute sa part en Iraq, comme vient de le démontrer la destruction de positions offensives de Daesh dans la région de Kirkouk par une patrouille aérienne française. Le représentant de la France s’est ensuite dit encouragé par les évaluations selon lesquelles cette réponse militaire avait permis de contrer la dynamique d’expansion territoriale de Daesh.
« Ce combat doit être également politique, car l’action militaire seule ne permet pas de remédier durablement au terrorisme », a-t-il relevé, rappelant qu’en Iraq, Daesh avait prospéré sur les fragilités d’un État soumis aux divisions et à la défiance entre communautés. M. Delattre a ensuite apporté son soutien aux efforts du Premier Ministre al-Abadi « qui travaille désormais à réunir les conditions d’un Iraq réconcilié et respectueux des droits de tous ». « De même, en Syrie, seule une transition politique au niveau national permettra de vaincre définitivement le fléau de Daesh, dont la montée en puissance a été favorisée et exploitée par le régime de Damas », a-t-il estimé.
S’agissant des sanctions, autre instrument utilisé dans la lutte contre le fléau du terrorisme, le représentant de la France a plaidé pour une utilisation plus régulière du régime de sanctions contre Al-Qaida afin que sa liste reflète au mieux la réalité de la menace. Se tournant ensuite vers le phénomène des « combattants terroristes étrangers », qui, selon lui, « menace directement nos sociétés », M. Delattre a indiqué que plus de 15 000 individus fanatisés seraient partis combattre en Syrie et en Iraq. « On compte parmi eux 376 Français ou personnes résidant en France. » La France a étoffé son dispositif national depuis l’adoption de la résolution 2178 (2014) du Conseil, en prenant de nouvelles mesures visant à prévenir la sortie du territoire français « d’individus dont il y a des raisons sérieuses de penser que leur déplacement a une finalité terroriste », a-t-il indiqué.
« Mais nous devons aller plus loin », a poursuivi le représentant de la France, en invitant la communauté internationale à renforcer sa coopération dans le respect des libertés publiques. « Le texte que nous adoptons aujourd’hui met l’accent sur l’importance également de lutter contre les trafics de pétrole et rappelle les obligations des États en matière de lutte contre le financement du terrorisme ». M. Delattre a estimé qu’il était nécessaire pour la communauté internationale de s’interroger sur les causes de la radicalisation et lutte contre l’extrémisme violent, en contrant notamment la propagande terroriste. « Dans le cas de Daesh par exemple, nous ne le dirons jamais assez, cette organisation n’est ni un État, ni islamique. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’employer le terme plus neutre de Daesh. »
M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) s’est déclaré préoccupé par l’ampleur des violations commises par l’EIIL et le Front el-Nosra au Moyen-Orient. Mais, a-t-il relevé, l’Afrique est également touchée par le terrorisme international, comme en témoignent les actions d’Al-Qaida au Maghreb islamique, de Boko Haram, ou encore des milices Al-Chabab. C’est la raison pour laquelle l’Union africaine a pris récemment des mesures pour venir à bout de ces mouvements, notamment pour tarir des sources de financement, a fait observer le représentant. Les États africains, a-t-il ajouté, se sont en outre engagés à collaborer davantage dans l’échange de renseignements et de ressources pour lutter contre l’extrémisme et le terrorisme. M. Cherif a, lui aussi, souligné que le chômage des jeunes était un facteur déterminant dans le succès du recrutement par les djihadistes. Pour sa part, a-t-il assuré, le Tchad est engagé vigoureusement dans la lutte antiterroriste, comme en témoigne le lourd tribut que ses troupes ont payé dans le nord du Mali. Le représentant a annoncé que la présidence du Conseil de sécurité par le Tchad le mois prochain mettrait notamment l’accent sur les liens entre le terrorisme et la criminalité en Afrique.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est dit alarmé par l’influence considérable acquise par l’EIIL et le Front el-Nosra, même s’il a observé que tant que ces groupes terroristes agissaient en Syrie, « ils ne semblaient pas déranger un certain nombre d’États ». Cette politique de « deux poids, deux mesures » est inacceptable, a-t-il tranché, en estimant que l’on pouvait prendre aujourd’hui la mesure des conséquences, au Moyen-Orient, du laxisme à l’égard des groupes terroristes sévissant en Libye. Soulignant ensuite l’importance de la problématique des revenus des groupes terroristes, le représentant s’est inquiété de l’ampleur que prend le trafic illicite du pétrole syrien et iraquien. Le niveau d’extraction a atteint 30 000 barils par jour et le revenu total 3 millions de dollars, a-t-il martelé.
« Les frappes aériennes des États-Unis n’ont presque pas d’impact sur le volume de ce commerce », a estimé M. Churkin. Tandis que « les gazoducs continuent de fonctionner et les camions citernes de rouler », l’atténuation, par l’Union européenne, des restrictions applicables au pétrole en provenance de la République arabe syrienne a facilité, selon le représentant russe, son acquisition par des acteurs non étatiques. Il s’est dit également très préoccupé par la militarisation croissante de l’EIIL, qui est peut-être entré, a-t-il prévenu, en possession d’armes de destruction massive. Avant de conclure, il a déploré que le projet de déclaration présidentielle proposé par sa délégation sur le détournement d’armes chimiques syriennes ait été bloqué par plusieurs membres du Conseil.
M. CRISTIAN BARROS MELET (Chili) a estimé que le Conseil de sécurité devait être proactif dans la lutte contre le fléau du terrorisme. Pour sa part, le Chili est en train de préparer une nouvelle loi contre le terrorisme qui respecte l’équilibre entre la prévention et la répression, tout en respectant les droits fondamentaux des personnes. Le représentant a souhaité que le Comité contre le terrorisme continue de favoriser l’échange d’informations entre les États.
La création de panels d’experts nationaux s’avère aussi être un outil utile pour partager les meilleures pratiques dans l’application des résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) du Conseil de sécurité, et pour identifier les moyens de mettre en œuvre ses résolutions 2170 (2014) et 2178 (2014).
De même, des organismes régionaux spécialisés, comme le Comité interaméricain contre le terrorisme et l’Organisation des États américains (OEA) peuvent jouer un rôle important. Les atrocités commises par des groupes terroristes comme l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) ou le Front el-Nosra, avec la participation de nombreux combattants terroristes étrangers, doivent « nous interpeller pour analyser les causes profondes qui ont permis à ces groupes de diffuser leur idéologie extrémiste », a poursuivi le représentant. Il a condamné ces discours qui portent atteinte aux valeurs universelles fondamentales.
Si la prévention et la répression des actes terroristes sont prioritaires, la pénalisation ne doit toutefois pas être le seul moyen de faire face à ce phénomène. Le représentant a souhaité que les pays affectés et la communauté internationale dans son ensemble s’interrogent sur « le manque d’inclusion, de tolérance et de respect de la diversité et des identités dans nos sociétés ».
La lutte contre le terrorisme passe aussi par l’éducation et l’élimination des inégalités. Il a proposé au Comité contre le terrorisme de « conduire une étude pour identifier les facteurs sociaux qui favorisent l’émergence de ce phénomène et l’adhésion des jeunes à des discours extrémistes et à des groupes terroristes, en analysant en particulier les raisons des combattants terroristes étrangers ».
M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a déclaré que la cruauté sans nom de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) menaçait de fait les valeurs sur lesquelles reposent les Nations Unies depuis leur création. « L’EIIL glorifie le massacre et la mort, ses desseins sont uniquement meurtriers. » « L’enlèvement et le meurtre de Peter Kassig, travailleur humanitaire innocent dont le seul objectif était d’apporter son aide et de prêter assistance au peuple syrien, démontre que le monde sera meilleur après la destruction de l’EIIL et la cessation de ses bains de sang », a ajouté le représentant.
Revenant sur l’adoption de la résolution 2178 (2014), « appuyée par 105 coauteurs », il a prôné l’utilisation de nouveaux outils de coopération pour combattre le phénomène croissant des combattants étrangers terroristes, « un phénomène très complexe d’ampleur mondiale ».
Il a affirmé qu’à cet égard, les États-Unis avaient, au cours de l’année écoulée, multiplié les contacts avec leurs partenaires des Balkans, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord pour renforcer les moyens d’éradication du terrorisme le plus violent. « L’accent est mis sur l’asséchement du flux de combattants étrangers et des sources de financement, conformément au cadre stratégique développé par les Nations Unies, et que nous appuyons. »
« La résolution 2170 (2014) et la déclaration présidentielle vont également dans ce sens », a-t-il ajouté. Le représentant américain a ensuite noté que, dans les mois à venir, le Conseil devrait se pencher sur d’autres moyens pour notamment accroitre la lutte contre le détournement de donations et d’armes. « Nous devons également recenser les lacunes et les manques en termes de capacités des États Membres », a-t-il souligné, appelant de plus à impliquer davantage les communautés locales pour, dans l’immédiat, mettre en échec l’EIIL. Il a considéré qu’à cette fin, la communauté internationale devait continuer d’afficher le même front uni qu’aujourd’hui pour « réaffirmer et renforcer nos valeurs ».
M. ASOKE K. MUKERJI (Inde) a déclaré que les Nations Unies doivent faire preuve de tolérance zéro face au terrorisme, sinon on connaitra un échec dans la lutte contre ce fléau. La crédibilité du Conseil de sécurité en tant qu’organe capable, compétent et habilité par la Charte pour parvenir à ses fins, sera mise à l’épreuve par la manière avec laquelle le Conseil supervisera l’application concrète de sa résolution 2178, a estimé M. Mukerji. Rappelant que le phénomène des combattants terroristes étrangers n’est pas nouveau, le représentant a estimé qu’il ne s’agissait pas tant de collecter plus d’informations sur ce phénomène mais plutôt de savoir ce que le Conseil allait en faire. Le Conseil doit agir de manière robuste en s’appuyant sur l’instrument du droit et, à cet égard, l’Inde l’encourage à soutenir collectivement la conclusion rapide d’une convention mondiale sur le terrorisme international aux termes de laquelle tous les États Membres seraient juridiquement contraints de poursuivre en justice ou extrader les terroristes.
Le représentant de l’Inde a également noté que 31 différentes entités des Nations Unies étaient d’une manière ou d’une autre concernées par la question du rôle que doit jouer l’Organisation des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme, mais qu’il n’existait aucun point focal et aucun coordinateur unique qui serait responsable devant les États Membres. S’agissant de la question de l’infrastructure du terrorisme, M. Mukerji a insisté sur le fait que tous les États Membres avaient pour obligation d’agir vite pour éviter que leur territoire national ne puisse être utilisé par des terroristes. Aucun État Membre ne peut se prétendre à l’abri de la menace terroriste a souligné le représentant. Pour ce qui est de l’utilisation par les terroristes des nouvelles technologies de l’information et des communications, notamment les médias sociaux, l’Inde souhaite que les ajustements nécessaires soient faits en termes de gestion de l’infrastructure de l’Internet au plan mondial pour éviter qu’il ne puisse être utilisé à des fins terroristes.
Face à la multiplication des attaques terroristes qui visent les Casques bleus des Nations Unies, l’Inde encourage le Conseil de sécurité à prendre des mesures urgentes et visibles en utilisant son autorité pour lancer des enquêtes et poursuivre en justice les responsables de ces actes, a dit M. Mukerji. Allant plus loin, le représentant a suggéré que les mandats des opérations de maintien de la paix, approuvés par le Conseil, devaient clairement indiquer l’obligation qu’ont les États Membres d’agir contre les combattants terroristes étrangers qui attaquent des Casques bleus. La communauté internationale ne peut pas se permettre d’avoir une approche sélective dans sa réponse aux groupes terroristes et dans ses efforts de démantèlement de l’infrastructure du terrorisme, a averti le représentant.
M. ABDALLAH AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), au nom des membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a souligné que les pratiques de groupes terroristes comme l’EIIL, qui se réclament sans fondement de l’islam pour justifier leurs crimes, n’ont rien à voir avec cette religion. L’OCI condamne et rejette toute tentative d’associer l’islam à tout pays, race, religion, culture ou nationalité avec le terrorisme, a dit le représentant, en insistant sur la nécessité de dissocier les actes criminels de l’islam. M. Al-Mouallimi a fait remarquer que le terrorisme et l’idéologie extrémiste se développaient là où il y a un terrain fertile. C’est pourquoi, il a recommandé de s’attaquer aux racines du terrorisme, en commençant par bien comprendre le contexte politique, social et économique dont se nourrit l’extrémisme violent. Il a réaffirmé l’engagement de l’OCI à renforcer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme, notamment grâce à une définition mutuellement agréée du terrorisme, à l’échange d’informations et au renforcement des capacités nationales.
Le représentant a ensuite invité à traduire en justice toute personne qui soutient, facilite, participe ou tente de participer au financement, à la planification ou à la commission d’actes terroristes. Après avoir condamné le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, il a attiré l’attention sur l’agression d’Israël contre le peuple palestinien, qu’il a qualifée de crime de guerre et d’acte de terrorisme d’État. Il a aussi souligné l’escalade de violence commise par des colons israéliens terroristes extrémistes contre la population palestinienne dans le Territoire palestinien occupé. Israël doit poursuivre en justice les auteurs de tels crimes, a-t-il insisté, avant de demander à la communauté internationale d’inscrire les colons extrémistes responsables de ces actes sur la liste des terroristes recherchés par la justice internationale.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) rappelant le lien entre l’extrémisme violent et le terrorisme, a déclaré que ces deux phénomènes incitaient à la haine, portaient atteinte à l’ordre public et faisaient véhiculer des idées toxiques. Il faut venir à bout de ces deux fléaux tout en cherchant à comprendre les causes sur lesquelles ils prospèrent. La compréhension n’implique en aucun cas l’assentiment, a précisé le représentant.
Avec la montée du prétendu « État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) », toute la région est devenue plus instable et vulnérable, a déclaré le représentant, pour qui les mesures opportunes adoptées par les Nations Unies doivent maintenant être mises en œuvre. Le Pakistan, pour sa part, lance des opérations antiterroristes depuis plusieurs mois pour démanteler les réseaux terroristes et détruire les structures d’appui. Il faut par ailleurs déradicaliser les extrémistes et les réintégrer dans la société.
Pour le représentant, les meilleures pratiques doivent être adaptées aux conditions locales et inclure ces dernières. Alors que la participation extérieure est souvent considérée comme intrusive, il faudrait adopter une approche respectueuse de l’état de droit et de la justice en évitant de se placer sur une base religieuse. Le Pakistan a redoublé d’efforts pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil relatives aux combattants terroristes étrangers. Il se félicite du rôle joué par les Nations Unies et leurs institutions, qui jouent le rôle de facilitateur. Le Pakistan appuie l’idée d’établir un fichier d’experts par le Centre des Nations Unies contre le terrorisme, et la nomination d’un envoyé spécial sur l’extrémisme violent. Par ailleurs, les opérations de maintien de la paix devraient se concentrer sur le mandat principal de maintien de la paix et ne pas chercher à lutter contre le terrorisme.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a déploré le lourd silence de l’ONU vis-à-vis des gouvernements qui appuient le terrorisme en Syrie et continuent de professer « une rhétorique immonde ». Il a ensuite déploré la faible intensité des efforts de l’ONU pour lutter contre le terrorisme, avant de s’en prendre à l’opacité délibérée des organes subsidiaires du Conseil qui dissimulent, selon lui, les informations à leur disposition. « Nous n’avons reçu aucune réponse aux lettres que nous avons envoyées, notamment la dernière qui contient en annexe les photos des victimes attaquées à l’arme chimique par l’EIIL en Syrie. » Il a ensuite vivement déploré que certains « États parrains du terrorisme qui ont noué des liens pour frapper l’EIIL en Syrie et en Iraq » continuent d’ignorer les appels du Gouvernement syrien qui poursuit pourtant le même objectif d’éliminer l’EIIL.
Le représentant syrien a ensuite indiqué que les pertes causées par les attaques terroristes de l’EIIL s’élevaient à 500 hommes par mois environ, avant d’ajouter que 1 000 personnes en moyenne par mois venaient grossir les rangs de cette organisation, « ce qui prouve l’inefficacité des frappes aériennes, qui sont, de surcroît, illégales ».
« Le soleil, la lune et la vérité sont trois choses qui ne peuvent pas être dissimulées bien longtemps », a-t-il fait remarquer. « Alors que les terroristes qui égorgent les journalistes sont britanniques, les kidnappeurs des chrétiens sont tchétchènes, les payeurs des rançons sont qataris, les fournisseurs de l’armement sont saoudiens, Israël apparaît comme le plus grand bénéficiaire de cette situation chaotique et tragique. Pendant ce temps, a-t-il ajouté, ce sont des Iraquiens, des Syriens et des Libanais qui en souffrent le plus. »
Le représentant a ensuite insisté sur le fait que son pays continuait de lutter contre les groupes terroristes qui commettent des actes barbares contre les Syriens, et ce, « alors même que le Conseil tient des réunions pour clouer au pilori le Gouvernement syrien ». En concluant son intervention, il s’en est vivement pris au représentant de la France qui a affirmé dans sa déclaration que Damas avait favorisé l’ascension de l’EIIL, alors que celle-ci, a-t-il tenu à préciser, s’explique par le soutien de l’Arabie saoudite.
M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a remercié le Conseil de sécurité pour la déclaration présidentielle adoptée ce matin. L’Iraq est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme et cela lui coûte très cher, a-t-il dit, en ajoutant que près de 15 000 combattants terroristes étrangers de quelque 38 pays combattaient en Syrie et dans son pays. Ces combattants terroristes étrangers bénéficient, a-t-il estimé, de larges soutiens qui facilitent leur entrée dans ces pays. C’est pourquoi l’Iraq invite les États, qui permettent à ces réseaux de soutien de faciliter le passage des combattants terroristes étrangers, de prendre les mesures nécessaires. Il demande en outre la pleine mise en œuvre de la résolution 2178 (2014).
Le représentant a déclaré que le Daesh avait une fois de plus prouvé qu’il n’était qu’une « machine à tuer ». Le Daesh a tué des centaines de chiites, sunnites, de Yazidis et de chrétiens et a vendu des centaines de jeunes femmes comme esclaves, a dénoncé le représentant iraquien. Ce groupe terroriste représente une menace pour toutes les composantes nationales et confessionnelles iraquiennes, a ajouté le représentant, qui a rendu hommage à tous ceux qui les combattent.
Il faut tarir les ressources dont dispose le Daesh, a déclaré M. xxxxxxxxx, qui a dénoncé le commerce illégal du pétrole et tous ceux, y compris les Iraquiens ou les Occidentaux, qui achètent et font commerce du pétrole extrait dans les régions contrôlées par ce groupe terroriste. Le représentant a rappelé que la lutte contre le terrorisme, phénomène mondial, exigeait une plus grande solidarité entre les États. Il a ainsi appelé à la pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et, en particulier, des résolution 2170 (2014) et 2178 (2014). La lutte contre le Daesh doit se faire à la fois en Iraq et en Syrie, a insisté le représentant. Avant de conclure, il a remercié l’alliance territoriale qui soutient l’Iraq dans sa lutte contre le terrorisme.
M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a indiqué que la prévention constituait toujours la meilleure politique, y compris dans le contexte de la lutte contre le terrorisme. Les mesures répressives peuvent être inefficaces, voire même devenir contreproductives, si elles ne s’accompagnent pas d’efforts visant à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, a-t-il affirmé. Il a ensuite insisté sur l’importance d’un dialogue entre les religions et les cultures afin de lutter contre les préjugés qui associent le terrorisme avec une culture ou une religion particulière ou encore un groupe ethnique spécifique. Le délégué a jugé essentiel de renforcer les capacités des États afin de mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, avant d’indiquer que le Brésil est en faveur de l’adoption d’une convention globale contre le terrorisme, « dans la mesure où une telle convention viendra en complément des instruments existants ».
« Tous les efforts visant à lutter contre le terrorisme doivent être conformes à la Charte des Nations Unies et aux normes du droit international », a-t-il souligné, ajoutant que cette lutte devait être menée dans le plein respect des droits de l’homme, y compris le droit à la vie privée. « La protection de ce droit est cruciale pour protéger les individus contre les abus de pouvoir », a dit M. Aguiar De Patriota. Dans ce contexte, il a souhaité attirer l’attention sur le rapport de M. Ben Emmerson, Rapporteur spécial, relatif à l’utilisation de la surveillance électronique de masse à des fins de contre-terrorisme et l’impact qu’a cette surveillance sur le droit à la vie privée. Enfin, le représentant du Brésil a déclaré que les causes les plus immédiates de l’extrémisme violent étaient de nature politique. « La propagation de l’extrémisme et de la radicalisation est l’une des conséquences de notre échec collectif à régler les crises actuelles au Moyen-Orient, en particulier le conflit israélo-palestinien », a-t-il conclu.
S’exprimant au nom du Groupe des pays nordiques, M. IB PETERSEN (Danemark) a estimé lui aussi qu’une approche globale était indispensable pour défaire l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et d’autres groupes terroristes. Ainsi, a-t-il dit, il est indispensable par exemple d’appuyer un processus politique inclusif en Iraq et de démontrer un engagement politique vigoureux pour résoudre le conflit en Syrie. Cette action résolue contre le terrorisme international doit toutefois s’inscrire dans le respect du droit international, des droits de l’homme et du droit humanitaire international, a souligné le représentant, pour qui le recours « préoccupant » des groupes terroristes aux réseaux sociaux pour recruter des combattants doit être contré, mais sans empiéter sur la liberté d’expression. Les pays nordiques soutiennent par ailleurs un élargissement de la coopération internationale pour renforcer le contrôle des frontières et le partage des informations, a-t-il poursuivi. Il s’est ensuite dit convaincu que le défi posé par les combattants terroristes étrangers ne pourra être réglé que par des efforts de « dé-radicalisation », visant à répondre aux causes complexes qui conduisent des jeunes gens à l’extrémisme violent. « Les autorités religieuses, les organisations de la société civile, les travailleurs sociaux et les professeurs et enseignants ont à cet égard un rôle particulier à jouer », a estimé M. Petersen. Enfin, il a insisté sur l’urgence de lutter contre la propagande de haine et d’intolérance que répandent les groupes terroristes, indiquant que le plus puissant instrument était à ce titre un engagement robuste en faveur de la démocratie.
M. HALIT ÇEVIK (Turquie) s’est dit convaincu qu’une collaboration nationale efficace était essentielle. Dans ce contexte, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, révisée pour la quatrième fois en juin dernier, présente une base solide et précieuse. La Turquie a déjà manifesté son désir de participer au nouveau projet du Centre des Nations Unies contre le terrorisme qui concerne les combattants terroristes étrangers. La Turquie prend toutes les mesures nécessaires pour lutter contre le fléau du terrorisme et les mesures de contrôle des frontières avaient été renforcées bien avant l’adoption des résolutions 2170 (2014) et 2178 (2014), ce qui a permis d’inscrire 7 420 individus de plus de 80 pays sur une liste d’interdiction et d’en expulser 1 050 autres. De même, durant les sept derniers mois, la vente illicite de pétrole représentait plus de 20 millions de litres.
Toutefois, la Turquie ne peut pas agir seule et c’est pourquoi les mesures pour lutter contre ce fléau doivent être prises par tous les pays, y compris pour empêcher le recrutement de combattants terroristes étrangers, a déclaré M. Çevik Le représentant a estimé que l’EIIL était en train de devenir une véritable armée terroriste dotée d’un territoire. Il a jugé cette évolution possible du fait que l’organisation terroriste a bénéficié du soutien de masses aliénées politiquement, économiquement et socialement. La lutte contre le terrorisme ne peut se limiter à des mesures sécuritaires, a ajouté le représentant, qui a mis en garde contre toute tentation d’assimiler le terrorisme à une religion et a rappelé que le terrorisme ne pouvait être justifié par l’islam. Il a expliqué qu’en Turquie, les prières du vendredi sont placées sous le contrôle d’une autorité des affaires religieuses qui les coordonne et qui a dénoncé l’action de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). Enfin, le représentant a rappelé que la police turque avait aussi établi des programmes de formation à l’intention de plusieurs pays des Balkans, du Caucase et de l’Asie centrale pour les aider à lutter contre la radicalisation.
M. CSABA KOROSI (Hongrie) a averti tous ceux qui rejoignent les rangs des groupes terroristes qu’ils devront un jour rendre des comptes. Il a ensuite rappelé que les conflits endémiques, les violations des droits de l’homme et la prévalence de l’impunité faisaient le lit du terrorisme. Il s’est, à ce titre, félicité que les résolutions 2170 et 2178 (2014) du Conseil de sécurité insistent sur la nécessité d’une reddition de comptes dans la lutte contre le terrorisme. « Ces deux résolutions sont d’ores et déjà devenues d’importants points de référence, comme nous avons pu le constater dans les recommandations contenues dans le récent rapport de la Commission d’enquête indépendante internationale sur les activités menées par l’État islamique d’Iraq et du Levant en République arabe syrienne ».
Pour cette Commission, a poursuivi M. Korosi, il semblerait que les mécanismes internationaux de reddition de comptes, y compris la Cour pénale internationale, doivent être actionnés. Enfin, se tournant vers la mission d’établissement des faits demandée par le Conseil des droits de l’homme sur les activités de l’État islamique d’Iraq et du Levant, il a invité ce dernier pays et la communauté internationale à faire en sorte que les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qui ont été commis, en particulier contre les femmes, les enfants et les minorités ethniques et religieuses, ne restent pas impunis.
M. HEIKO THOMS (Allemagne) a déclaré que son pays participe activement à la lutte contre le terrorisme tant au plan interne qu’à l’étranger. L’Allemagne apporte son soutien à l’Iraq et aux pays voisins qui accueillent des réfugiés iraquiens. Un processus de résolution de crise inclusif en Syrie serait un préalable pour vaincre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), et l’Allemagne appuie les efforts de l’ONU en ce sens.
L’Allemagne partage l’évaluation de la menace faite par le Secrétaire général dans son rapport, a dit M. Thoms. Le représentant a expliqué que son pays comptait environ 6 200 salafistes qui prônent une société gouvernée par une interprétation fondamentaliste du contenu du Coran, et qu’environ 450 islamistes allemands radicalisés se sont rendus en Iraq ou en Syrie. Le cadre juridique allemand permet d’empêcher le voyage ou le transit de combattants terroristes étrangers potentiels, et l’Allemagne étudie actuellement la conformité de sa législation avec les demandes de la résolution 2178 (2014), a par ailleurs expliqué M. Thoms. Les mesures de dé-radicalisation doivent permettre de réintégrer les extrémistes au sein de nos sociétés, et les organes de sécurité ne peuvent y parvenir à eux seuls, a encore déclaré le représentant, qui a expliqué comment les familles inquiètes du comportement de leurs enfants pouvaient, en Allemagne, contacter des services sociaux. Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de délégitimer les recruteurs et le discours extrémiste violent. M. Thoms a ensuite mis l’accent sur la coordination des différentes capacités nationales et internationales de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.
M. HOSSEIN DEGHANI (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a affirmé que les pays qu’il représente condamnent et rejettent le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris le terrorisme impliquant directement ou non des États. Il a précisé que le terrorisme ne saurait être assimilé à « la lutte légitime pour l’autodétermination et la libération des peuples colonisés ou sous occupation ou domination étrangère ». La violence dirigée contre des peuples sous occupation étrangère doit continuer d’être dénoncée comme « la plus grave forme de terrorisme », a-t-il déclaré. Le terrorisme ne doit pas être associé à une religion quelconque, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique donné, et ces amalgames ne doivent pas servir de prétexte pour justifier des actes de terrorisme ou de contre-terrorisme, comme le profilage et l’intrusion dans la vie privée, a-t-il rappelé.
Le représentant s’est dit préoccupé par la menace générée par le phénomène des combattants terroristes étrangers. La communauté internationale et, en particulier les Nations Unies, doivent trouver des solutions à ce problème, a-t-il dit. M. Deghani a invité tous les États à respecter leurs obligations internationales en combattant le terrorisme, notamment en jugeant ou en extradant les auteurs d’actes terroristes, en empêchant le financement des groupes terroristes qui seraient installés sur leur territoire, ou encore en approvisionnant en armes des groupes qui pourraient les utiliser pour commettre des actes terroristes contre d’autres États.
M. Deghani a par ailleurs affirmé que le Mouvement des pays non alignés condamnait les actes et mesures tels que l’usage de menaces ou de la force par un État quelconque contre un membre du Mouvement sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme ou dans le cadre de la mise en œuvre de son agenda politique, notamment en accusant ces États de soutenir le terrorisme. Le Mouvement rejette aussi l’établissement de listes d’États qui, aux yeux de certains, soutiennent le terrorisme. C’est une mesure qui est contraire au droit international et constitue une forme de « terrorisme psychologique et politique », a-t-il affirmé.
Le représentant a par ailleurs mis en garde contre le fait, par certains États Membres, de s’abstenir de procéder à l’extradition d’auteurs d’actes terroristes qui se seraient refugiés sur leur territoire, et qui se protégeraient par le statut de réfugié politique. Le Mouvement des pays non alignés, a encore indiqué le représentant, appelle tous les États à respecter tous les droits de l’homme et les libertés fondamentales dans le cadre du contre-terrorisme. Il a invité aussi les différents comités des sanctions du Conseil de sécurité à faire preuve de transparence et de rationalité dans l’inscription et la radiation d’entités ou individus sur les listes établies par les comités des sanctions. M. Deghani a en outre invité les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les 13 instruments internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme, en soulignant aussi l’importance de la mise en place d’une convention pour lutter contre ce fléau. Il a enfin réitéré l’appel du Mouvement des pays non alignés pour l’organisation d’une conférence internationale, sous les auspices des Nations Unies, afin de mettre en place une réponse mondiale commune pour lutter contre toutes les formes de terrorisme.
M. AMIT HEUMANN (Israël) a parlé de l’attaque terroriste qui a eu lieu hier dans une synagogue de Jérusalem, et qui a été perpétrée par deux terroristes palestiniens, faisant de nombreuses victimes, dont 5 morts. Trois des victimes étaient des binationaux israélo-américains, tandis qu’une autre était israélienne et britannique. Cette attaque nous a rappelé que le terrorisme ne fait pas de distinction entre les nationalités, a-t-il relevé en prévenant que le terrorisme pourrait bientôt venir sonner à la porte d’autres pays si ceux-ci continuent de refuser de regarder directement le problème auquel le monde fait face. Il y a cinq fois plus d’attaques terroristes aujourd’hui qu’il y a 14 ans, a indiqué le représentant avant d’appeler la communauté internationale à combattre les causes du terrorisme, à savoir son idéologie, ceux qui la soutiennent, ainsi que les nouveaux moyens de recrutement, de propagation idéologique et de croissance utilisés par les groupes terroristes. Il a dénoncé en particulier « les incitations à la haine qui emplissent les écoles, les mosquées et les médias au Moyen-Orient, en particulier dans la société palestinienne ». Il a dénombré 6 attentats en Israël au cours des derniers mois qui, à chaque fois, « se sont produites à la suite des déclarations incendiaires de dirigeants palestiniens ». Il a donc plaidé en faveur d’une éducation qui fasse la promotion de la paix au lieu de la haine, de la tolérance au lieu de la violence.
M. Heumann a ensuite appelé à combattre ceux qui soutiennent le terrorisme, et a accusé l’Iran d’être « le premier parrain, financier et formateur » en la matière. « Ses mandataires, le Hezbollah et le Hamas », a-t-il dit, ont déployé des centaines de kamikazes et utilisé des milliers de bombes et de roquettes contre les civils. « Les empreintes de l’Iran se trouvent sur des attentats allant de l’Argentine à la Bulgarie, de la Thaïlande à l’Inde », a-t-il ajouté. Il a aussi dénoncé « l’envoi par l’Iran de combattants shiites libanais et iraquiens jusqu’en Syrie ». Le représentant a, en outre, affirmé que « le Qatar fournit un soutien financier et des armes à de nombreux groupes terroristes ». M. Heumann s’est aussi inquiété de la récente tendance des groupes terroristes à prendre le contrôle de vastes territoires, « comme l’a fait le Hamas qui a expulsé par la violence ses opposants de la bande de Gaza avant d’en prendre le contrôle ». De même, « le Hezbollah a pris racine dans le sud du Liban, tandis que l’EIIL a pris le contrôle d’une grande partie de la Syrie et de l’Iraq », a dit M. Heumann. Ce groupe terroriste est ainsi devenu une entreprise multimillionnaire, a-t-il estimé. Enfin, après avoir salué les résolutions 2178 et 2170 du Conseil de sécurité, il a demandé d’en traduire les intentions en actions sur le terrain.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a indiqué qu’aucun pays n’était à l’abri de la menace terroriste. L’Égypte a été l’un de premiers pays à faire face au terrorisme dans les années 1980, a-t-il dit. Il a également demandé la convocation d’une conférence mondiale sur le terrorisme. Au plan national, il a indiqué que l’incitation à la commission d’actes terroristes et le financement de tels actes avaient été érigés en infractions, la législation égyptienne ayant par ailleurs arrêté une définition de ce qu’est le terrorisme. Le représentant a ensuite affirmé que les attaques terroristes n’avaient aucun lien avec l’Islam, qui est une « religion bienveillante », et qu’il fallait combattre le radicalisme sous toutes ses formes, y compris celui auquel sont en butte les minorités musulmanes dans de nombreuses régions du monde. Le représentant de l’Egypte a ensuite invité le Secrétariat à renforcer les capacités des États Membres en matière de lutte contre le terrorisme et à présenter un tableau actualisé de leurs efforts. Enfin, il a prôné l’adoption d’une approche holistique s’agissant de la lutte contre le terrorisme afin de s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène. « Le Conseil ne doit pas se concentrer uniquement sur l’EIIL et Front el-Nosra, car toutes les organisations terroristes existant dans le monde poursuivent un but identique », a-t-il recommandé.
M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a reconnu que la menace posée par le terrorisme était de plus en plus « diverse, diffuse et imprévisible ». La résilience des groupes terroristes et la capacité qu’ils ont de se régénérer ne doit pas être sous-estimée. L’Union européenne coopère étroitement avec les Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme, a expliqué le délégué. Elle a récemment accueilli à Bruxelles, avec le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNCCT), une conférence sur les moyens d’aider les centres régionaux des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme dans leur travail de renforcement des capacités, afin de mieux combattre les groupes terroristes étrangers, l’extrémisme violent et la radicalisation.
M. Mayr-Harting a salué l’adoption des résolutions 2170 et 2178 du Conseil de sécurité qui ont permis de se concentrer davantage sur des sujets importants. À cet égard, l’Union européenne appuie la décision de s’attaquer aux finances et aux armes de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et d’ajouter de nouveaux individus et entités sur la liste de surveillance. L’Union européenne et ses États membres sont déjà actifs en Afrique de l’Est pour lutter contre le financement du terrorisme et se tiennent prêts à appuyer ailleurs les efforts de renforcement de capacités.
Dès juin 2013, l’Union européenne a introduit une série de mesures, notamment pour renforcer les contrôles aux frontières et intensifier les efforts en vue de dissuader, détecter et empêcher des déplacements suspects. L’Union a en outre entamé une réflexion sur un cadre juridique pour enquêter sur les combattants terroristes étrangers et les traduire en justice. À cet égard, a annoncé le délégué, elle accueillera, du 25 au 27 novembre à Bruxelles, une conférence sur les combattants terroristes étrangers avec des experts régionaux.
M. Mayr-Harting a également appuyé les efforts visant à lutter contre l’extrémisme violent. Il faut s’assurer que les terroristes qui disparaissent ou qui sont traduits en justice ne soient pas remplacés par de nouvelles recrues, « plus jeunes, plus sophistiquées techniquement, et plus mortelles ». Un réseau d’une centaine de spécialistes de la prévention de la radicalisation vers l’extrémisme violent et le terrorisme, le « Réseau de sensibilisation à la radicalisation », a ainsi été créé au sein de l’Union européenne. L’Union a récemment revu sa stratégie de lutte contre la radicalisation et le recrutement pour le terrorisme. Elle a notamment ouvert un dialogue avec des fournisseurs d’accès à Internet pour aborder ces questions. Enfin, a poursuivi le délégué, l’Union européenne met au point un ensemble de mesures pour renforcer la capacité des pays tiers les plus affectés par la menace terroriste. Elle appuie les autorités nigérianes et prépare un programme d’activités centrées sur l’extrémisme violent pour les pays du Sahel et du Maghreb et ceux affectés par la crise syrienne et les activités de l’EIIL.
M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) s’est dit très préoccupé par l’étendue du réseau international de terrorisme qui est une menace très différente de celle que posent les conflits religieux ou ethniques. Les récentes menaces représentées par le prétendu État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) en sont l’illustration, a-t-il ajouté, estimant que, face à cette menace mondiale, les mesures demandées par les Nations Unies étaient nécessaires. Le phénomène ne se limite pas à la Syrie ou à l’Iraq, a constaté M. Okamura, qui a rappelé les enlèvements de jeunes filles par Boko Haram au Nigéria.
Le Japon n’est pas épargné, a déclaré le représentant, qui a rappelé la prise en otages puis l’assassinat de 10 japonais à In Aménas, en Algérie, en janvier 2013. Il a ensuite rappelé que le terrorisme avait été l’un des principaux thèmes abordés lors de la cinquième Conférence internationale sur le développement de l’Afrique, qui s’était tenue à Tokyo en juin dernier. On y a constaté d’un commun accord que là où les populations et, en particulier les jeunes, souffrent d’une extrême pauvreté et du chômage, le terrorisme s’étend. S’il est évidemment important de combattre le terrorisme en première ligne, il faudrait aussi en traiter les causes profondes en assurant le développement social et économique, qui apporte l’espoir et crée des fondations qui rejettent le terrorisme, a poursuivi le représentant.
M. Okamura a ensuite présenté les récentes mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme. Il a mis l’accent sur la coopération régionale, en rappelant que le Japon avait accueilli, la semaine dernière, un atelier sur la coopération en matière de justice pénale dans les États de l’Afrique du Nord et du Sahel. Il a mis l’accent sur l’assistance humanitaire ou l’aide à plus long terme pour assurer la stabilité économique et sociale dans des régions et pays affectés, comme l’Iraq et le Liban, afin de venir en aide aux réfugiés et déplacés du fait de l’offensive de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). Il a aussi mentionné la coopération antiterroriste avec les pays de l’Asie du Sud-Est et, notamment, ceux de l’ASEAN.
La résolution 2178 (2014), a rappelé le représentant, avait été coparrainée par plus de 100 pays, dont le Japon. C’est, a-t-il dit, une démonstration de la solidarité de la communauté internationale sur la question. Les États doivent prendre des mesures pour appliquer pleinement ces résolutions et les membres de la communauté internationale doivent partager leur sagesse et les expertises à cette fin. Pour sa part, le Japon jouera un rôle actif en ce sens, a conclu M. Okamura.
Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a invité la communauté internationale à rester optimiste face aux groupes terroristes qui veulent instiller la peur dans les sociétés. « Notre détermination est aujourd’hui mise à l’épreuve », a-t-elle dit. Le Qatar a réitéré son engagement à lutter contre le terrorisme, a-t-elle poursuivi, précisant que l’utilisation de moyens électroniques pour commettre des actes terroristes avait été érigée en infraction. Elle a aussi indiqué que son pays avait intensifié ses efforts contre les organisations caritatives servant de paravent aux groupes terroristes. « Les massacres commis par ces groupes terroristes offensent la conscience humaine et les religions du monde », a-t-elle dit, avant de plaider pour l’adoption d’une stratégie globale qui permettrait de « s’attaquer aux causes profondes du terrorisme ». « Les groupes terroristes et radicaux profitent des vides sécuritaires et du rejet de régimes injustes », a-t-elle déclaré, tout en indiquant que le Qatar appuyait la « mise en œuvre robuste » de la résolution 2178 du Conseil. « Le terrorisme n’a aucune nationalité », a-t-elle déclaré en concluant son intervention.
Mme MEJIA VELEZ (Colombie) a estimé que le monde est aujourd’hui témoin de la barbarie de ceux qui recourent au terrorisme. La réponse à apporter à ce fléau doit être claire, et cette réunion du Conseil de sécurité le démontre. Le terrorisme, dont la Colombie a longtemps souffert, est une menace mondiale qui doit être traitée d’une manière collective mais qui soit aussi compatible avec les normes internationales en matière de droits de l’homme et de droit international humanitaire, et dans le respect des principes des Nations Unies, a ajouté la représentante. Il faut aussi lutter contre les causes profondes du terrorisme, qui ne pourra pas être vaincu uniquement par des moyens militaires, a-t-elle recommandé. Face au phénomène des combattants terroristes étrangers, il faut adopter des mesures concrètes ouvertes à tous et renforcer la coopération internationale, y compris par le partage des bonnes pratiques.
Concernant les enlèvements de personnes et les versements de rançons, la représentante a rappelé qu’il fallait éviter d’adopter des mesures qui transforment les victimes en délinquants. Elle a demandé la prise de mesures efficaces de contrôle aux frontières et s’est inquiétée des conséquences du commerce et du trafic d’armes, qui sapent la sécurité et la stabilité des États et sont profondément liés au terrorisme. La Colombie juge donc très importante l’entrée en vigueur en décembre du Traité sur le commerce des armes, dont toutes les dispositions devront être pleinement appliquées. La représentante a ensuite souhaité l’adoption d’une convention internationale générale de lutte contre le terrorisme, qui viendrait combler les lacunes existant dans les instruments juridiques spécialisés dont le monde dispose actuellement.
M. KAIRAT ABDRAKHMANO (Kazakhstan) a rappelé que son pays était partie aux principales conventions internationales de lutte contre le terrorisme, avant de saluer l’idée que se réunisse le Comité spécial annuel en vue de l’élaboration d’une convention globale contre le terrorisme. Le Kazakhstan travaille étroitement avec le Bureau régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime en Asie centrale, a-t-il dit. Le délégué a ensuite précisé que son pays avait rejoint le Plan d’action commun en vue de mettre en œuvre la Stratégie globale en Asie centrale et accueilli la Conférence sur la prévention du terrorisme de l’OSCE, dont les travaux ont abouti à l’adoption de la Déclaration d’Astana. Au niveau national, a-t-il conclu, le Kazakhstan a adopté l’année dernière un plan national visant à contrer l’extrémisme religieux et le terrorisme, et qui est doté de la somme de 600 millions de dollars des États-Unis pour sa mise en œuvre.
M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a souligné que le terrorisme se déplace au gré de circonstances opportunistes avec, depuis 2001, « une délocalisation et une exportation de la menace terroriste du Moyen-Orient vers l’Afrique et d’autres régions ». M. Shingiro a également noté que le terrorisme est lié à la pauvreté, à un faible niveau de gouvernance, à la faiblesse des institutions et au sous-développement. C’est ce qui explique qu’il soit particulièrement actif dans les pays fragiles, dans les pays en situation postconflit où l’absence de règles de droit et les vides administratifs permettent à ces groupes de se développer et de se renforcer en toute impunité, et d’étendre leur influence sur une population démunie et sans aucune perspective d’avenir comme c’est le cas d’Al-Chabab en Somalie.
Le représentant du Burundi a souligné en outre les « liens évidents qui se créent entre les narcotrafiquants présents dans le Sahel et des groupes mafieux européens et latino-américains qui échangent expériences et expertises », si bien que « la nouvelle vague de terroristes est devenue comme une toile d’araignée reliant pratiquement tous les continents ».
Pour lutter contre cette menace, le représentant du Burundi, pays dont des troupes sont engagées dans l’AMISOM en Somalie, a plaidé pour que les solutions au terrorisme ne soient pas seulement militaires, défendant une approche globale et holistique.
« Seule une promesse de développement et d’épanouissement personnel et communautaire peut rivaliser avec cette alternative sordide et mortifère » que représente le terrorisme, a fait valoir M. Shingiro. Il a souligné dans ce contexte l’importance de l’aide au développement.
Il a également plaidé pour une étude précise de la typologie des groupes terroristes afin de mieux y adapter une politique de sécurité et de défense. Il a également préconisé la promotion d’une culture de paix, d’état de droit et de respect des droits de l’homme, qui passe notamment par l’attention que doivent recevoir les victimes du terrorisme.
Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a réitéré la ferme condamnation de la Malaisie envers le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Elle a rappelé que son pays avait coparrainé la résolution 2178, adoptée en septembre dernier sur cette question. S’inquiétant des tendances récentes en matière de terrorisme, elle s’est jointe à l’appel lancé pour que des mesures fortes soient prises sur le plan international pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent. La représentante a ensuite mentionné les lois antiterroristes malaisiennes, ainsi que l’action de la division antiterroriste de la police qui entretient des relations avec une cinquantaine d’agences de renseignement étrangères. La loi malaisienne sur le blanchiment d’argent a été révisée en 2013, a-t-elle ajouté, afin d’y inclure des mesures de lutte contre le financement du terrorisme.
Mme Adnin a également parlé de la participation de son pays au Centre régional d’Asie du Sud-Est pour la lutte contre le terrorisme, qui fournit une assistance technique aux États de la région et contribue au renforcement des capacités dans ce domaine. La Malaisie combat aussi le terrorisme dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Mme Adnin a ajouté que son pays avait ratifié 9 des 14 conventions et protocoles internationaux de lutte contre le terrorisme. Elle a aussi vanté les mérites des travaux de l’Alliance des civilisations qui, notamment, promeut des principes de modération.
Mme KAREN TAN (Singapour) a rappelé que les résolutions 2170 et 2178 du Conseil de sécurité avaient établi une fondation solide pour la mise en place d’un cadre international contre le terrorisme qui devrait permettre de gérer la menace constituée par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et le Front el-Nosra. Elle a ensuite condamné fermement les atrocités commises par ces deux groupes terroristes contre des civils, qu’ils soient musulmans ou d’autres confessions. Elle a rappelé que Singapour est un grand carrefour international et une société multiconfessionnelle, et qu’une grande partie de sa population est d’obédience musulmane. Elle a noté que les combattants étrangers qui retournent des champs de bataille constituent un danger dans leur société d’origine, car ils y renforcent la menace constituée par les réseaux terroristes, comme c’est le cas en Asie du Sud-Est orientale avec le groupe Jemaah Islamiyah. Elle a ajouté que les radicalisations individuelles et des actes spontanés de terreur sont également des sujets d’inquiétude, étant donné la portée qu’ont les technologies de l’information et des communications et les plateformes sociales qui sont mises à contribution.
La représentante a en outre relevé que près de 350 ressortissants d’Asie du Sud-Est sont intégrés au sein des groupes terroristes en Iraq et en Syrie, y compris une « poignée de citoyens de Singapour ». Mme Tan a par ailleurs déclaré que Singapour apporte un soutien financier et humain à la coalition internationale, menée par les États-Unis, qui sont à pied-d’œuvre sur le terrain contre l’EIIL. Elle a relevé l’importance de lutter, en même temps, contre l’idéologie qui facilite les recrutements de combattants terroristes étrangers. Singapour a mis en place une approche intégrée pour combattre le terrorisme, a-t-elle expliqué, précisant que le pays a mis en place des mesures de réhabilitation ciblant des communautés et des individus qui auraient été endoctrinés. Elle a enfin annoncé que Singapour allait organiser un symposium dans le cadre d’un sommet de l’Asie orientale en 2015, afin que les pays de la région puissent partager l’expérience acquise à travers leurs programmes de lutte contre la radicalisation idéologique et pour la réhabilitation des personnes endoctrinées.
M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a affirmé que la nécessité de répondre au phénomène toujours plus pressant du terrorisme permettrait d’ouvrir la voie à des compromis nécessaires en vue de finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international.
« Des groupes comme l’EIIL promeuvent des idéologies extrémistes qui représentent une menace pour les pays islamiques modérés et ne peuvent être combattues qu’au moyen d’une contre-idéologie », a-t-il déclaré. Le représentant a ensuite détaillé la contribution de son pays aux efforts contre le terrorisme et l’extrémisme violent, en particulier au sein de l’Union européenne, visant notamment à promouvoir un meilleur contrôle aux frontières extérieures de l’espace Schengen.
« La Slovénie a accueilli en octobre dernier un atelier de travail organisé par les États-Unis et l’Union européenne pour lutter contre la radicalisation des Balkans occidentaux. » Enfin, M. Logar a souligné la nécessité de diffuser plus largement, dans les pays et par le biais des médias, des messages positifs offrant une alternative facilement accessible à la propagande des groupes terroristes. « Nous devrions également nous atteler à l’élaboration d’instruments dont pourraient se servir les utilisateurs d’Internet pour identifier de manière anonyme, et en lien avec la police, les sites prônant la radicalisation, le terrorisme et le recrutement dans des groupes extrémistes, a-t-il suggéré.
M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a affirmé le soutien résolu de son pays à tous les instruments juridiques et mesures adoptés dans le cadre des Nations Unies pour lutter contre le terrorisme international. Il a notamment estimé qu’il faudrait continuer d’appuyer fermement la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, qui a créé une base solide pour une réponse mondiale au terrorisme international et à l’extrémisme. Il a salué la dernière révision en date de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, en estimant qu’il était important de maintenir sa pertinence et de renforcer la coordination à la lumière des nouvelles menaces et des évolutions.
Les actes de terrorisme et d’extrémisme augmentent et menacent la stabilité, la sécurité et le développement, a regretté M. Kydyrov. En outre, la participation à des groupes terroristes d’un nombre sans précédent de combattants étrangers aggrave non seulement les conflits eux-mêmes, mais aussi les violations des droits de l’homme et la situation humanitaire, économique et sociale dans les pays concernés. Il est incontestable qu’après leur retour au pays, ces combattants terroristes continueront de représenter un grave danger.
Le Kirghizistan estime qu’il faudrait prendre à la fois des mesures urgentes et des mesures de prévention à long terme pour combattre le phénomène des combattants terroristes étrangers. En même temps, le représentant a rappelé qu’il faudrait aussi s’attaquer aux causes profondes du terrorisme que sont la pauvreté, l’injustice sociale, l’absence d’état de droit mais aussi l’analphabétisme et le chômage, en particulier chez les jeunes. Enfin, il a mis l’accent sur les dispositions de la résolution 2178 (2014) qui appellent au renforcement de la capacité des États afin de leur permettre de faire face aux défis posés par les combattants terroristes étrangers.
Le représentant a ensuite rappelé le risque terroriste existant en Asie centrale, notamment du fait de la transition en Afghanistan dans le contexte du retrait de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). Il a mis l’accent sur le renforcement de la coopération entre plusieurs organisations régionales et a rappelé le soutien de son pays au Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.
M. BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) a déclaré que son pays était l’un des plus touchés par le phénomène des combattants terroristes étrangers et un des plus engagés dans la lutte contre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). La Belgique est par ailleurs fermement convaincue que les Nations Unies ont un rôle de premier plan à jouer dans la réaction à ces menaces, tant par la coordination internationale de divers efforts et initiatives que par un travail visant à assurer la cohérence des politiques qui sont menées. « La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, dont le quatrième réexamen biannuel a été conclu en juin dernier, doit rester la ligne directrice de nos actions », a estimé le représentant.
En ce qui le concerne, a-t-il expliqué, le Gouvernement belge a adopté une nouvelle stratégie de prévention de la radicalisation violente, qui suit les principes suivants: améliorer la connaissance du processus de radicalisation, promouvoir la mise en place de mesures sociales afin de contrer les facteurs de radicalisation, et améliorer la prise de conscience de ce phénomène de radicalisation au niveau local. En outre, a poursuivi le représentant, une unité chargée de la prévention de la radicalisation a été créée au sein du Ministère de l’intérieur belge, en particulier pour fournir un appui aux stratégies locales. Les trois axes à privilégier pour lutter plus efficacement contre le financement du terrorisme sont la mise en œuvre des régimes de sanctions des Nations Unies, l’échange d’informations au niveau international et l’application des principes de transparence et de diligence requises, a conclu le représentant.
« Le terrorisme continue de frapper aveuglément et de se propager comme un cancer », a affirmé M. OMAR HILALE (Maroc) en ajoutant que le phénomène des combattants terroristes étrangers était devenu une menace globale. Il a ensuite rappelé que son pays, frappé par des attentats terroristes en 2003 et 2011, avait développé une approche globale et cohérente orientée vers la prévention et l’action. Cette approche vise tant à mettre à niveau le cadre juridique de la lutte contre le terrorisme qu’à promouvoir le développement humain durable. Elle a également pour objectif de restructurer et réformer le champ religieux à travers, notamment, la formation des jeunes imams aux préceptes de l’islam, a-t-il indiqué.
Le Maroc commence également à recevoir des jeunes imams africains, a ajouté le délégué du Maroc. M. Hilale a ensuite souligné la nécessité pour les pays du Sahel et du Maghreb de renforcer leur coopération afin de lutter efficacement contre les activités de déstabilisation des factions terroristes, dont certaines ont annoncé leur allégeance à l’EIIL. « Le renforcement de la sécurité aux frontières, l’échange d’informations, l’assèchement des ressources financières des terroristes sont des mesures essentielles pour lutter efficacement contre le terrorisme », a-t-il conclu.
Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a rappelé que son pays avait souffert du terrorisme, notamment en 1998 lorsque Al-Qaida avait perpétré un attentat à l’explosif contre l’ambassade américaine de Nairobi ; ensuite en 2002, avec l’attentat contre un hôtel de Mombasa, puis en 2013, lors de l’attaque menée contre un centre commercial de Nairobi. Elle a remarqué que le terrorisme était un phénomène international, lié dans le cas du Kenya, à l’instabilité de pays voisins comme la Somalie où sévit Al-Chabab. Le Kenya combat ce mouvement, notamment au sein de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a indiqué Mme Muli Grignon. Elle a aussi relevé que les liens entre Al-Chabab et Al-Qaida dans la péninsule arabique étaient établis. Elle a regretté que les terroristes d’Al-Chabab radicalisent la jeunesse kenyane, expliquant cet endoctrinement par les difficultés économiques et le chômage qui affectent la jeunesse. Elle a aussi noté que la porosité des frontières favorisait les activités terroristes dans la région.
Depuis qu’Al-Chabab a publiquement déclaré que le Kenya était une cible, le Gouvernement a mobilisé son appareil de sécurité et ses forces de l’ordre pour contrer cette menace. Le Kenya a aussi renforcé son partenariat régional dans ce domaine, a ajouté la représentante. Elle a aussi fait part de ce qui est fait pour inciter les communautés locales à réduire la vulnérabilité des jeunes aux appels de l’extrémisme. Le Gouvernement kényan est engagé, a-t-elle ajouté, à mettre en œuvre au plan national les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale de lutte, notamment grâce à sa propre stratégie nationale, à ses lois antiterroristes et au renforcement du contrôle aux frontières. Elle a aussi parlé des programmes de sensibilisation menés au sein des communautés.
M. GASSO MATOSES (Espagne) a mis l’accent sur quatre aspects fondamentaux de la lutte contre les nouvelles formes de terrorisme: se pencher sur les conditions qui favorisent l’expansion de ce phénomène, lutter contre l’embrigadement des jeunes, renforcer la coordination des États et lutter contre le financement des groupes terroristes. Pour sa part, l’Espagne a pris des mesures en ce sens, a assuré le représentant, qui a notamment signalé les efforts déployés pour empêcher les citoyens de ce pays de rejoindre les rangs de groupes terroristes en tant que combattants étrangers. Un réseau a tout récemment été démantelé par les autorités espagnoles, s’est félicité le représentant, qui a annoncé par ailleurs des réformes pour lutter contre la radicalisation violente.
Il a insisté aussi sur la nécessité de se mobiliser contre le recrutement de combattants sur les réseaux sociaux, à condition de le faire dans le respect de la liberté d’expression. Enfin, l’Espagne, a précisé le représentant, a établi des mécanismes de coopération solides avec les pays voisins, en particulier ceux du sud de la Méditerranée.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) s’est associé à la déclaration faite au nom de l’Union européenne. La portée et la forme du terrorisme sont en mutation rapide, a constaté le représentant, en attribuant ces changements à des facteurs de déstabilisation comme les turbulences politiques, les institutions fragiles, le manque de développement socioéconomique, ou encore la radicalisation et le recrutement par l’utilisation des nouvelles technologies. C’est précisément parce qu’elle est en mutation constante qu’il faut de nouvelles capacités pour faire face à la menace terroriste, a préconisé M. Lambertini. À ce titre il a proposé l’intervention de toutes les parties prenantes internationales, la conduite d’analyses préventives, et une approche multidimensionnelle du problème. Aucun pays n’est à l’abri du terrorisme, a averti le représentant qui a estimé que c’est un phénomène transversal intrinsèquement lié à d’autres menaces internationales comme le crime international organisé, les trafics illégitimes d’armes et de stupéfiants, la traite des êtres humains, la corruption, la cybercriminalité ou encore la piraterie. Même si le phénomène semble frapper plus souvent le Moyen-Orient et certaines parties de l’Afrique, le fait qu’il y ait de plus en plus de combattants terroristes étrangers est la preuve, selon M. Lambertini, qu’il s’agit bien d’une menace qui touche toute la communauté internationale.
Pour l’Italie, une menace de l’ampleur de celle posée par l’EILL, qui est aujourd’hui en mesure de s’autofinancer, et par Al-Qaida et sa nébuleuse, exige des efforts conjoints et des réponses communes au niveau mondial, et les Nations Unies doivent jouer un rôle central à cet égard, à l’instar d’autres fora internationaux. L’Italie préconise une approche multilatérale, globale et flexible qui serait complémentée par une coopération bilatérale renforcée, a dit M. Lambertini.
Il a rappelé que, sur le plan européen, l’Italie préside actuellement le Groupe de travail sur le terrorisme international ainsi que celui du CP931 qui s’occupe de sanctions. Au sein de l’ONU, elle a activement participé à la formulation et à l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui a été adoptée par l’Assemblée générale en 2006. Elle met l’accent sur l’importance de la pleine application des résolutions que le Conseil de sécurité a progressivement adopté sur ce sujet, jusqu’aux plus récentes, qui sont la résolution 2170 et la résolution 2178, de 2014. Pour l’Italie, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme vont main dans la main avec les efforts de stabilisation du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. En tant que Présidente du Conseil de l’Europe, l’Italie accorde un intérêt particulier au renforcement du dialogue politique avec les principaux partenaires et les organisations internationales.
M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a estimé qu’il était de la responsabilité des États et de la communauté internationale de se doter de mécanismes adéquats pour empêcher la radicalisation et la lutte contre le terrorisme. S’agissant du phénomène des combattants étrangers, il a estimé qu’il faudrait prendre en amont des mesures pour comprendre les raisons de l’attrait exercé par l’extrémisme violent sur les jeunes. Depuis la mise en place de sa stratégie nationale, l’Algérie, a indiqué le représentant, s’est dotée d’un large éventail de mesures sur les plans national et international. Ainsi, l’Algérie a interdit sur son territoire toutes les activités déstabilisatrices et l’instrumentalisation de la religion à des fins violentes, a expliqué le délégué. Pour sa délégation, il est également indispensable de mobiliser la société dans le cadre de la lutte contre l’extrémisme radical. Pour prévenir les actes terroristes, l’Algérie a promulgué une loi pour mettre fin aux activités contraires à la cohésion sociale, a indiqué son représentant avant de conclure.
Mme BOLANOS PEREZ (Guatemala) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la lutte antiterroriste. Remarquant qu’aucune nation ne peut, à elle seule, combattre ce fléau, elle a recommandé d’agir sur tous les fronts à la fois. Elle a plaidé en faveur de la coopération internationale à tous les niveaux pour neutraliser cette menace. La représentante a aussi suggéré d’aborder en priorité les conditions qui favorisent la diffusion du terrorisme. Les mesures préventives, a-t-elle dit, contribuent efficacement aux efforts visant à éradiquer le terrorisme. Elle a aussi conseillé d’aider les pays en développement à renforcer leurs capacités pour qu’ils soient mieux à même de répondre à la menace du terrorisme.
La représentante a ensuite souhaité que la communauté internationale parvienne à finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international afin de renforcer la lutte dans ce domaine. Une définition du terrorisme qui permette de sanctionner pénalement les actes terroristes facilitera la coopération judiciaire entre les États, a-t-elle estimé. Notant par ailleurs les efforts du Conseil de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme, la représentante a fait remarquer que son pays ne pouvait pas agir seul et qu’il devait en outre renforcer ses mesures préventives. Si les sanctions contribuent à la prévention, on peut toutefois en faire davantage pour améliorer l’efficacité de ces mesures, a-t-elle dit. La représentante a suggéré ainsi de renforcer la coordination et la cohérence entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, le Secrétariat de l’ONU et le système des Nations Unies.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que l’idéologie violente et les tactiques cruelles de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) s’étaient adaptées « aux temps de la communication moderne ». « Il faut faire en sorte que ces groupes n’exercent plus d’attrait auprès des jeunes », a-t-il souligné, en jugeant que l’État islamique était une secte « plutôt qu’un État », et qui prospère sur l’ignorance, le désespoir et la frustration des populations. Selon lui, l’élan international est tel qu’il conduira à terme à faire cesser ses activités, « qui ne sont portées par aucune foi religieuse ». Il a ensuite indiqué que l’Albanie avait été l’un des premiers pays de la région à avoir pris des mesures spécifiques sanctionnant la participation à une entreprise terroriste ou à des activités encourageant le recrutement de combattants. Le développement de système d’alerte précoce, le partage accru d’informations et des meilleures pratiques sont plus nécessaires que jamais, a-t-il souligné, en appelant à coupler ces actions aux efforts de prévention à long terme de l’embrigadement terroriste.
M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) a rappelé que les évènements du 11 septembre 2001 à New York avaient attiré l’attention de la communauté internationale sur la menace terroriste qui était déjà une réalité dans de nombreuses régions du monde, notamment au Sri Lanka. Il a déclaré que les affrontements entre groupes non étatiques avaient souvent causé des pertes parmi la population civile, qui a tendance à devenir une cible pour les groupes extrémistes. Il a noté que l’utilisation de boucliers humains et les prises d’otages par l’EIIL avaient été aussi adoptées par les rebelles des Tigres de libération de l’Eelam tamoul au Sri Lanka. Il a dénoncé les actes de ces derniers qui retenaient des civils en otage afin d’attirer l’attention de la communauté internationale et susciter ainsi son intervention. Le représentant a, en outre, indiqué qu’aucun groupe terroriste ne pouvait prospérer sans un appui international et que, de ce fait, il était important que la communauté internationale bloque les sources d’approvisionnement financier et logistique de ces groupes terroristes.
Le représentant a ainsi salué le soutien de la communauté internationale qui avait permis au Sri Lanka de mettre fin, en 2009, à trois décennies de guerre dans le pays. Il a souligné que des cellules dormantes de ce groupe terroriste restaient présentes au Sri Lanka. M. Kohona a fait remarquer que les nouvelles technologies offraient, aujourd’hui, aux agents de l’extrémisme des facilités pour répandre leur idéologie au-delà des frontières. Les Nations Unies demeurent l’entité idoine pour poursuivre la lutte mondiale contre le terrorisme, a-t-il souligné, avant de plaider pour l’élaboration d’une convention sur cette question.
M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a rappelé que son pays était partie à 16 conventions internationales de lutte contre le terrorisme et respectait scrupuleusement ses obligations en vertu des résolutions 1267, 1373 et 1540 du Conseil de sécurité. Il a réitéré l’appel de son pays en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international afin de combler les lacunes existantes et demandé la convocation d’une conférence internationale sous les auspices des Nations Unies pour formuler une riposte commune contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.
Le représentant s’est ensuite élevé contre la décision, prise le 30 avril 2014, par le Département d’État américain de continuer à faire figurer Cuba sur la liste des « pays sponsors du terrorisme ». Il a qualifié cette décision d’absurde car, a-t-il dit, son pays subit depuis des décennies les conséquences d’actes terroristes. Condamnant la politique de « deux poids, deux mesures » de l’Administration de Washington, M. Rodriguez a dénoncé le fait qu’un terroriste « avéré » comme Luis Posada Carriles soit en liberté aux États-Unis alors qu’il est, a-t-il souligné, l’auteur du tout premier attentat commis contre l’aviation civile dans l’hémisphère Nord.
M. MICHAEL GRANT (Canada) a déclaré qu’une intervention efficace exigeait la mobilisation et la coopération de tous. Il a expliqué que la Stratégie antiterroriste du Canada réaffirmait l’engagement du Gouvernement canadien de protéger ses citoyens sur le territoire national et à l’étranger en mettant l’accent sur quatre volets: « empêcher, déceler, priver et intervenir ». M. Grant a également souligné que le Canada appuyait les efforts des membres des communautés, en premier lieu les leaders religieux « qui sont les mieux placés pour identifier et répondre à un changement d’attitude pouvant être précurseur de violence extrémiste ». Il a ensuite mis l’accent sur la loi terroriste de 2012, qui a défini de nouvelles infractions, notamment celle consistant à quitter ou tenter de quitter le Canada dans le but de commettre ou de participer à une entreprise terroriste. Après avoir évoqué la coopération bilatérale avec les États-Unis, axée notamment sur le partage d’informations sensibles, M. Grant a rappelé le rôle incontournable de l’ONU dans l’élaboration de normes et de pratiques « exemplaires internationales ». Il a en outre assuré que le Canada restait engagé à collaborer avec l’Organisation afin de mettre en œuvre sa Stratégie antiterroriste mondiale.
M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a déclaré que la coopération internationale était plus que jamais nécessaire pour défaire le terrorisme, au travers d’une approche intégrée, qui prenne en compte tous les aspects d’un phénomène multidimensionnel. Mais les mesures que les États Membres prendront devraient être conformes à la Charte des Nations Unies et respectueuses du droit international et des libertés fondamentales, a-t-il prévenu. Pour le représentant, les Nations Unies constituent l’enceinte idéale pour combattre le terrorisme. L’Afrique du Sud a également salué les initiatives et les efforts pour promouvoir le dialogue, la tolérance, la dignité et la compréhension entre les peuples. Si la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies demeure un outil pertinent pour répondre à la menace terroriste, il incombe à chaque pays de se donner les moyens de mettre en œuvre ses dispositions, a estimé M. Mashabane.
Pour M. JIM McLAY (Nouvelle-Zélande), le terrorisme est une préoccupation urgente et commune alors que le monde est aujourd’hui témoin des formes modernes du terrorisme qui défient les frontières et l’autorité et qui trouvent refuge dans des États fragiles et dans des communautés vulnérables et défavorisées. Pour y faire face, il préconise une action collective.
Il a salué les interventions militaires qui visent à freiner les avancées du groupe extrémiste EIIL. Cependant, à long terme, la solution passe par une gouvernance inclusive en Iraq, par une solution politique à l’impasse de la crise syrienne et par une alternative convaincante au récit extrémiste de l’EILL.
La Nouvelle-Zélande appuie l’approche des quatre piliers de la Stratégie de lutte contre le terrorisme des Nations Unies. Elle encourage également les États à tirer meilleur parti des mécanismes mis en place par le Conseil de sécurité, tel que le régime de sanctions contre Al-Qaida, pour contrecarrer les financements du terrorisme par des individus ou des entités. La coopération est également de mise dans les domaines de l’échange et du partage d’informations et des meilleures pratiques aux plans national, régional et international, a-t-il souligné. Il faut adopte une réponse commune pour faire face à un défi commun, a déclaré le représentant qui, dans cet esprit, soutient l’approche multidimensionnelle de la résolution 2178 (2014) sur les combattants terroristes étrangers.
Toutefois la menace terroriste exige aussi que les États travaillent ensemble au niveau politique pour combattre le problème, ce qui se traduirait notamment par des progrès tangibles pour la finalisation du projet de convention générale sur le terrorisme international, a expliqué le représentant.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a indiqué que certaines organisations à but non lucratif utilisaient les financements publics qu’elles reçoivent pour financer des activités terroristes. Contre de tels détournements, nous devons établir une coopération efficace s’attaquant concrètement aux problèmes déjà identifiés, a-t-il dit. Abordant ensuite la situation en Afrique, il a rappelé que les pays du continent africain s’étaient engagés depuis longtemps contre le fléau du terrorisme, « dès l’entrée en vigueur de la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, adoptée par l’Organisation de l’unité africaine, qui a maintenant été remplacée par l’Union africaine ». Le représentant a cependant reconnu que l’une des lacunes persistantes en Afrique était le manque de coopération pratique et efficace et le retard enregistré dans la mise en œuvre des instruments juridiques en place. M. Alemu a ainsi recommandé aux États africains de coordonner les efforts de contreterrorisme avec les pays de chaque sous-région, à travers notamment un partage accru d’informations sensibles et de bonnes pratiques.
M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a déclaré que la communauté internationale devrait rester saisie de la question des groupes terroristes armés. Elle doit être capable d’identifier les nouveaux défis, anticiper les éventuels développements, tout en cherchant de nouvelles approches. La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, adoptée par l’Assemblée générale en 2006, reste le cadre pertinent en matière de lutte contre le terrorisme. Si l’Indonésie continue de plaider pour une mise en œuvre équilibrée de cette Stratégie, elle estime qu’il faudrait mettre un accent particulier sur le premier pilier, qui concerne les conditions favorables à l’expansion du terrorisme, a déclaré le représentant. C’est pourquoi l’Indonésie réitère que la prévention constitue une des meilleures approches en matière de lutte antiterroriste. Elle a toujours défendu la promotion de la tolérance, du respect comme étant les éléments essentiels de la lutte contre l’idéologie de la violence, a encore déclaré le représentant.
Au plan national, l’Indonésie a fait de la déradicalisation des terroristes un des piliers de sa politique, a indiqué son représentant, en précisant qu’elle disposait désormais d’un programme spécifique qui implique non seulement la mise en œuvre de lois, mais aussi les autorités religieuses et les communautés locales. Ce programme est mis en œuvre dans les prisons et les centres de détention, notamment grâce au dialogue avec des religieux modérés, a-t-il ajouté. Cette politique, a fait observer le représentant, s’est même matérialisée par l’ouverture d’un centre de déradicalisation en début d’année. L’Indonésie est également d’avis que le dialogue est un antidote efficace contre les terroristes étrangers. C’est pour cette raison aussi que l’Indonésie a accru la surveillance de ses ressortissants voyageant dans les zones en conflits, a dit son représentant. Son pays coopère activement avec ses partenaires en ce sens, afin de s’assurer qu’aucun Indonésien ne devienne un combattant terroriste étranger, a-t-il assuré en conclusion.
M. PETER VAN DER VLIET (Pays-Bas) s’est félicité des actions lancées dans le cadre du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, notamment l’adoption, lors de sa réunion ministérielle de septembre, d’un « ensemble de bonnes pratiques non contraignantes » face au phénomène des combattants terroristes étrangers. À cet égard, a-t-il indiqué, son gouvernement a lancé un Programme d’action complet au niveau national avec trois axes: protéger la démocratie et l’état de droit, atténuer la menace posée par les combattants étrangers aux Pays-Bas et éradiquer les causes profondes de la radicalisation. M. Van Der Vliet a souligné, en outre, le rôle joué par les Nations Unies pour coordonner les efforts internationaux contre le terrorisme et l’extrémisme violent. La diffusion des messages visant à prévenir la radicalisation devrait se faire à l’échelle du système des Nations Unies et dans tous les programmes, a-t-il estimé.
M. ANDRY TSYMBALIUK (Ukraine) a souligné le rôle majeur de l’ONU dans la coordination des efforts internationaux de lutte contre le terrorisme. Le représentant a déploré la montée en puissance de ce phénomène dans son pays, qui le combat dans le strict respect de la Charte des Nations Unies, du droit international et du droit international humanitaire. Il a jugé que des « facteurs étrangers » pourraient encourager le fléau du terrorisme « à s’étendre rapidement » dans son pays.
L’Ukraine, a poursuivi le représentant, est extrêmement préoccupée par les violations flagrantes des traités internationaux de lutte contre le terrorisme par certains États, en particulier par un « voisin de l’Ukraine », qui a totalement négligé ses obligations en vertu de la Convention pour la suppression du financement du terrorisme de 1999 et de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif de 1997. Pour M. Tsymbaliuk, cet État s’est rendu coupable de « crime de terrorisme » et d’actions qui ont conduit à l’occupation de la Crimée et à la déstabilisation des régions de Donetsk et de Louhansk.
M.CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a relevé la gravité de la menace que représentent l’État islamique d’Iraq et du Levant (EILL) et le Front el–Nosra en Iraq et en Syrie. Il a également déploré la décapitation récente de l’humanitaire américain Peter Kassig, avant de condamner dans les termes les plus fermes tout acte de nature aussi « barbare ». Ce que cela prouve, c’est qu’aucune nation ne peut faire seule face au terrorisme, et qu’il faut adopter une approche holistique et globale pour venir à bout de ce problème.
Les causes favorisant le terrorisme sont la mauvaise gouvernance, la discrimination, l’exclusion politique, et les inégalités sociales et autres injustices, a-t-il estimé. Par conséquent, la mise en place d’institutions solides et la promotion de l’état de droit, ainsi que la promotion et la protection des droits de l’homme, peuvent être des bases utiles pour la lutte antiterroriste. À ce titre, le Botswana en appelle à la communauté internationale pour allouer plus d’aide au renforcement des capacités nationales et à la promotion de la bonne gouvernance et de l’état de droit.
M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a déclaré que les mesures efficaces d’application de la loi et, si nécessaire, les interventions militaires, faisaient partie des efforts à consentir dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Toutefois, le fait que le nombre des combattants terroristes étrangers ne cesse d’augmenter démontre que la peur de l’emprisonnement, voire de la mort, peut ne pas constituer une dissuasion suffisante pour de futurs terroristes. Il faut donc éviter toute approche simpliste mettant l’accent sur la seule dimension sécuritaire.
Le représentant a souligné la nécessité d’adopter une approche intégrée qui prenne en compte les aspects de sécurité mais aussi politiques, sociaux et environnementaux. « En nous attaquant à la discrimination politique et sociale, à l’exclusion ou la marginalisation, à l’absence de perspectives économiques ou autres, nous créerons un environnement moins fertile pour le recrutement de nouveaux terroristes », a déclaré M. Drobnjak. De même, en diffusant plus largement l’éducation et la connaissance, en promouvant la tolérance et la compréhension entre les cultures et les religions ainsi que le respect des personnes, il sera possible d’infliger des défaites importantes à la rhétorique trompeuse et aux idéologies qui gouvernent l’extrémisme violent et le terrorisme.
Le représentant a demandé qu’on accorde une attention particulière aux modalités permettant d’intégrer des programmes de lutte contre le terrorisme dans les activités de maintien et de consolidation de la paix. Il a constaté que l’absence d’une bonne gouvernance et de l’état de droit créait un terroir idéal pour la radicalisation. C’est pourquoi, la Croatie appuie les appels visant à inscrire la lutte contre le terrorisme dans toutes les activités des Nations Unies. Tout en saluant les résultats obtenus à ce jour, le représentant a estimé qu’il faudrait renforcer davantage la coopération, la coordination et la cohérence au sein du système des Nations Unies et avec les organisations régionales et sous-régionales. M. Drobnjak a, en outre, mis l’accent sur le rôle de la société civile, du secteur privé, des autorités religieuses et des médias pour promouvoir la tolérance et le respect de la diversité religieuse et culturelle, qui peut, a-t-il assuré, contribuer à prévenir le terrorisme. L’Internet, qui facilite la diffusion de l’extrémisme violent, peut aussi servir d’outil important pour combattre le terrorisme. Il faudrait donc étudier de manière approfondie le potentiel de l’Internet comme plateforme de déradicalisation, a-t-il suggéré.
M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a appelé à concentrer les efforts de lutte contre le terrorisme pour éliminer les sources illégales de financement des activités de groupes tels que Daesh. Il est essentiel de mettre fin à tout appui financier à ces groupes en vue d’éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes, qui est le premier ennemi de la paix et de la stabilité dans le monde, a-t-il souligné. Le représentant a insisté sur l’importance de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité dont des dispositions portent que la lutte contre le financement des entités terroristes, en particulier par le biais de paiements électroniques, du recours à des devises virtuelles et de détournements de fonds destinés à des institutions académiques ou des organisations à but non lucratif. Le renforcement de la coopération à cette fin est indispensable, a-t-il estimé.
Mme SIMONA MICULESCU (Roumanie) a centré son intervention sur la question de la coopération judiciaire aux fins de collection d’éléments de preuve dans le cadre de procédures pénales à l’encontre de combattants étrangers. Au regard des exigences de la résolution 2178, dans ce domaine, la représentante s’est demandée si le cadre mondial d’assistance juridique existant en matière de lutte contre le terrorisme était suffisant. La représentante a rappelé qu’avant la résolution 2178, on estimait que les conventions antiterroristes sectorielles et des instruments internationaux liés tels que la Convention sur le crime organisé, offraient une base juridique suffisante pour une telle coopération, y compris en ce qui concerne les infractions définies aux termes de la résolution 1373. Mais avec la résolution 2178, il faut réexaminer la situation, a estimé Mme Miculescu, pour qui il faut notamment évaluer l’impact d’une extension du catalogue des infractions dans le même cadre conventionnel d’assistance juridique.
Pour Mme Miculescu, la collecte transnationale d’éléments de preuve est un domaine particulièrement sensible de l’assistance juridique. Elle a rappelé que les États étudiaient actuellement leur législation, y compris dans le cadre d’organisations régionales, afin de trouver les moyens les plus efficaces de se conformer aux nouvelles obligations. Elle a proposé que les organes subsidiaires du Conseil de sécurité étudient la question dans le cadre de leur mandat et a estimé que la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) était particulièrement bien placée pour cela. Elle a ajouté que, même si des systèmes régionaux peuvent être mieux équipés à cette fin, la question devait être traitée de manière mondiale dès lors que le phénomène du terrorisme est lui-même d’envergure mondiale.
M. MILORAD ŠĆEPANOVIC (Monténégro) a déclaré que si son pays n’avait jamais été confronté à un attentat terroriste, il était conscient du risque que pose ce fléau à la paix et à la sécurité internationales. Le Monténégro continue de prendre des mesures visant à améliorer ses dispositifs nationaux de prévention, en les adaptant à l’évolution du cadre stratégique élaboré par l’ONU, a-t-il assuré. Après avoir rappelé que son pays était partie à tous les principaux instruments de lutte antiterroriste, il a, à son tour, indiqué que son gouvernement axait ses efforts sur l’assèchement des sources de financement du terrorisme et la prévention du recrutement de combattants.
M. VAKHTANG MAKHAROBLISHVILI (Géorgie) a assuré que son gouvernement avait développé des capacités nationales de lutte contre le terrorisme, comme en témoignent ses efforts pour renforcer le contrôle de ses frontières, afin d’éviter que son pays ne devienne une voie de transit pour des combattants étrangers. Il a aussi reconnu la nécessité de mettre pleinement en œuvre la résolution 1540 du Conseil de sécurité pour prévenir l’acquisition, par des acteurs non étatiques, de destruction massive. En outre, la délégation s’est dite alarmée par le risque que fait peser l’occupation d’une large portion du territoire géorgien. « Le fait qu’au cours de ces dernières années, il y ait eu plusieurs tentatives d’acheminer des matériaux nucléaires et radioactifs par le territoire géorgien occupé, amplifie ce danger », a-t-il ajouté.
M. KHALED HUSSEIN ALYEMANY (Yémen) a déclaré que son pays s’était joint aux efforts internationaux de lutte contre le terrorisme, soulignant qu’il s’était doté d’une « matrice stratégique nationale » pour lutter contre les actes terroristes, conformément à un décret datant de 2012, et qui prévoit notamment des actions visant à prévenir le financement du terrorisme. Par ailleurs, un projet vient d’être lancé, qui vise à regrouper et harmoniser toutes les lois en cours d’élaboration.
Toutefois, a rappelé le représentant, le Yémen connaît une transition politique difficile: en dépit de campagnes militaires robustes menées par les autorités yéménites contre les ramifications d’Al-Qaida dans le pays, la situation reste instable en raison des efforts de relèvement en cours et de la question des réfugiés. C’est la raison pour laquelle le délégué a souhaité que la communauté des donateurs reste solidaire aux côtés de son pays. Le représentant du Yémen a réitéré, en conclusion, l’importance de tenir compte des causes profondes du terrorisme, en soulignant en particulier que les jeunes qui souffrent de la pauvreté et du chômage puisent une « direction », ainsi que des ressources financières, dans leur adhésion à des groupes terroristes.
Droits de réponse
Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que des délégations aient fait des remarques erronées sans rapport avec le thème de ce débat public, qui porte sur la prévention du terrorisme. Le Conseil de sécurité est un lieu de discussions constructives, et doit le rester, a-t-il rappelé.
À son tour, le représentant de la République islamique d’Iran a rejeté les accusations portées contre son pays par « l’un des principaux acteurs du terrorisme d’État ». Il a estimé que personne n’était dupe des tentatives répétées de détournement de l’attention du public « des activités terroristes menées par cette Puissance occupante ».
Reprenant la parole, le représentant d’Israël a jugé absurdes les propos tenus par le représentant de l’Arabie saoudite. Ce pays, a-t-il dit agit en violation constante des droits fondamentaux de son peuple. L’Arabie saoudite a peut-être financé des programmes des Nations Unies, mais il a également fait des dons bien plus conséquents à des organisations terroristes, a-t-il soutenu. Il s’est dit par ailleurs heureux que le représentant de l’Iran ait pu exercer sa liberté d’expression au Conseil de sécurité, car « il ne peut pas le faire dans son pays », qu’il a accusé de contribuer à mettre en place des « milices plus puissantes » que beaucoup d’armées.
S’exprimant à son tour, le représentant de la République arabe syrienne a tenu à rappeler que le Moyen-Orient n’avait pas connu de terrorisme avant l’occupation par le régime israélien de territoires dans la région. C’est seulement après cela que le terrorisme s’est étendu au reste de la région.