Conseil de sécurité: le renforcement des capacités de l’État somalien, seul moyen d’endiguer la piraterie, plaide le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques
Au cours de l’année écoulée, le nombre d’actes de piraterie signalés au large de la Somalie a atteint son plus bas niveau depuis longtemps, s’est félicité, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, qui a toutefois appelé à la vigilance, alors que des attaques ont toujours lieu et que 37 membres d’équipage sont toujours retenus en otage.
Dans son rapport*, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, salue les progrès considérables que la Somalie et la communauté internationale ont accomplis dans la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes. « Il demeure toutefois préoccupé par le fait que, sans l’appui constant des forces navales internationales et les mesures d’autoprotection adoptées par le secteur des transports maritimes, la piraterie à grande échelle pourrait resurgir » dans le pays, a prévenu M. Feltman.
Depuis l’adoption, en juin 2008, de la toute première résolution du Conseil de sécurité sur la piraterie au large des côtes somaliennes, les États Membres et les organisations internationales et régionales ont essentiellement axé leur action sur la prévention des attaques et l’ouverture de poursuites judiciaires contre leurs auteurs, a expliqué le Secrétaire général adjoint.
« Mais ces progrès sont fragiles et réversibles », a-t-il insisté, en soulignant que des pirates tentent toujours de lancer des attaques contre des navires pour demander ensuite des rançons. « Nous devons faire encore davantage pour garantir aux navires marchands de pouvoir naviguer dans les eaux somaliennes sans incident », a estimé le Secrétaire général adjoint.
Le déclin des actes de piraterie est l’occasion, a-t-il estimé, de réévaluer les efforts déployés au niveau international et d’adopter une perspective de long terme sur les meilleurs moyens de l’endiguer. En effet, a précisé le Secrétaire général adjoint, elle reflète « un problème politique, qui exige une solution politique ».
L’effondrement de l’autorité de l’État somalien se trouve à la racine du problème, a-t-il affirmé. Les efforts sur le plan sécuritaire peuvent donc momentanément atténuer l’impact de la piraterie, mais ils ne prennent pas en compte les causes profondes de ce phénomène, que seules la présence d’une gouvernance effective en Somalie et la fourniture de services de base à la population permettraient de résorber, a fait remarquer M. Feltman.Pour être couronnés de succès, a-t-il poursuivi, le renforcement des capacités de l’État et la mise en place d’une gouvernance inclusive doivent être conduits par les Somaliens eux-mêmes, avec le soutien de la communauté internationale pour aider le Gouvernement fédéral à mettre en œuvre les engagements qu’il a pris dans le cadre de la Vision 2016 et du nouveau pacte pour la Somalie.
En outre, alors que les Nations Unies œuvrent au renforcement de la capacité de la Somalie et d’autres États à poursuivre en justice des individus suspectés de piraterie et à condamner ceux qui ont été reconnus coupables, « il est impératif que davantage de pays criminalisent la piraterie sur la base des dispositions prévues dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ».
Elles devraient également, a ajouté le Secrétaire général adjoint, prendre des mesures de dissuasion et de répression à l’encontre des activités de financement de la piraterie et de blanchiment d’argent issu des rançons. Il a en outre insisté sur l’importance pour les États de partager le fardeau des poursuites en justice, en se félicitant, à cet égard, de la bonne volonté affichée par plusieurs pays voisins de la Somalie de saisir la justice.
Le Secrétaire général adjoint a, d’autre part, encouragé la communauté internationale à soutenir les efforts déployés au niveau régional pour mettre en œuvre la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050, adoptée par l’Union africaine, ainsi que le Code de conduite de Djibouti, les initiatives maritimes de l’Autorité intergouvernementale de développement, et la Stratégie sécuritaire maritime de la Communauté de développement de l’Afrique australe, de manière à développer les capacités des États de la sous-région à répondre aux actes de piraterie.