Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial pour le processus de paix appelle à un « cessez-le-feu durable » et à reconstruire la bande de Gaza
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Conseil de sécurité
MOYEN-ORIENT: LE COORDONNATEUR SPÉCIAL POUR LE PROCESSUS DE PAIX APPELLE
À UN « CESSEZ-LE-FEU DURABLE » ET À RECONSTRUIRE LA BANDE DE GAZA
Les besoins de reconstruction devraient être trois fois plus
importants qu’après l’opération « Plomb durci » en 2009, affirme M. Robert Serry
À quelques heures de l’expiration du cessez-le-feu entre Israël et Gaza, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Robert Serry, a, ce matin, appelé les parties à atteindre un accord sur un « cessez-le-feu durable » ou, pour le moins, à étendre celui en cours.
Faisant devant le Conseil de sécurité le point mensuel de la situation au Moyen-Orient « y compris la question palestinienne », M. Serry a demandé que « les armes se taisent » pour permettre aux civils de reprendre le cours de leur vie et au personnel humanitaire d’intensifier son aide. Il a aussi plaidé en faveur de la reconstruction indispensable de la bande de Gaza, dans le respect de la sécurité pour Israël.
M. Serry, qui s’est rendu récemment au Caire où se déroulent les négociations sous les auspices de l’Égypte, a rappelé que le cessez-le-feu de cinq jours expirerait ce soir à minuit à Gaza, soit 17 heures à New York. Il a appelé les délégations à assumer leurs responsabilités pour répondre aux espoirs d’un avenir meilleur pour la population de Gaza et pour que celle d’Israël bénéficie d’une sécurité durable.
Le Coordonnateur spécial s’est concentré sur la situation en Israël et en Palestine, en mettant l’accent sur Gaza, le Conseil ayant déjà été saisi récemment des problèmes posés par l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL) et le Front El-Nosra, ainsi que des attaques perpétrées par des groupes extrémistes violents de Syrie contre les Forces armées et les Forces de sécurité libanaises.
Il a parlé de « soulagement » de voir le sang s’arrêter de couler, tout en regrettant que cela ait pris beaucoup trop de temps. Le tribut de cette troisième escalade majeure à Gaza en six ans est effrayant, a-t-il dit, avant de comptabiliser le nombre de morts: 2 000 Palestiniens, dont 459 enfants et 239 femmes, les deux tiers étant des civils.
En outre, environ 10 000 Palestiniens, dont un tiers d’enfants, ont été blessés. Du côté israélien, il a dénombré 64 soldats tués, ainsi que deux civils israéliens et un ressortissant étranger. Quelques dizaines d’Israéliens ont aussi été blessés par des roquettes ou des éclats d’obus.
Les Nations Unies ont mobilisé tous les efforts possibles, a assuré M. Serry, en se réjouissant notamment des pauses humanitaires qui ont été mises en œuvre les 17 et 26 juillet. Il a aussi salué le Gouvernement égyptien qui a facilité le cessez-le-feu en cours.
Craignant une prochaine nouvelle flambée de violence, le Coordonnateur spécial a recommandé de ne pas laisser Gaza dans l’état dans lequel elle était avant la dernière escalade. Il a prévenu que les restrictions imposées à la bande de Gaza ne feraient qu’alimenter l’instabilité, le sous-développement et le conflit.
« Mettre un terme au blocus sur Gaza et régler les problèmes de sécurité d’Israël sont les termes de l’équation à résoudre de toute urgence », a-t-il expliqué, faisant état des destructions sans précédent dans la bande de Gaza. Même si les besoins de Gaza n’ont pas encore été évalués, ceux-ci, a-t-il estimé, devraient être trois fois plus importants qu’après l’opération israélienne « Plomb durci » en 2009.
Avec environ 16 800 logements détruits, « la reconstruction est la priorité », a dit M. Serry, en insistant sur l’accès des matériaux de construction tout en répondant aux besoins sécuritaires d’Israël. Offrant le soutien de l’ONU à cet égard, il a rappelé le succès du mécanisme du Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT). Il a dit être prêt à explorer les moyens d’étendre ce mécanisme pour accompagner la reconstruction par le secteur privé sous la direction de l’Autoritépalestinienne.
Le Coordonnateur spécial a également appelé les donateurs à s’engager en faveur du redressement de Gaza, en saluant la décision de la Norvège et de l’Égypte d’organiser une conférence de donateurs une fois qu’un cessez-le-feu durable sera établi et effectif.
M. Serry s’est félicité de la détermination du Gouvernement d’unité nationale à mener la reconstruction, en tant que Gouvernement légitime de la Palestine, en coopération avec les Nations Unies et les autres partenaires internationaux. Il a réitéré son appel pour que toutes les parties prenantes à Gaza se rallient au Gouvernement d’unité nationale à cette fin.
« Gaza a besoin de toute urgence de maisons, d’hôpitaux et d’écoles, mais pas de roquettes, de tunnels ou de conflit », a-t-il déclaré. Il a appelé le Hamas et toutes les autres factions à agir de manière responsable pour ne pas faire obstacle à ce programme.
M. Serry s’est par ailleurs dit être « troublé par la violation des installations sacrosaintes de l’ONU », citant trois attaques contre des écoles de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui abritaient des Gazaouites déplacés. Ces incidents ont coûté la vie à 38 personnes et fait 317 blessés.
Il a aussi rappelé que 11 membres du personnel de l’UNRWA avaient perdu la vie à cette occasion, tandis que 108 installations de l’Office avaient été endommagées. Le 29 juillet, le Bureau du Coordonnateur a même été touché par des tirs. En outre, à trois reprises, des roquettes ont été retrouvées dans des écoles de l’UNRWA qui étaient alors vides.
« Ces incidents sont intolérables », a jugé le Coordonnateur spécial en rappelant que le Secrétaire général avait demandé une enquête rigoureuse et la reddition de comptes.
Pour le long terme, M. Serry a estimé qu’une solution durable devrait régler les questions de la gouvernance, de la reconstruction et de la sécurité, dans le cadre du retour légitime de l’Autorité palestinienne à Gaza.
Celle-ci devra restructurer ses institutions, notamment le secteur de la sécurité. Cela ne sera pas facile, a-t-il prévenu tout en assurant du soutien de l’ONU et d’autres partenaires comme l’Union européenne. Il a aussi espéré que le Conseil prendrait toute mesure en temps voulu pour appuyer un cessez-le-feu durable.
M. Serry a aussi parlé du regain de tensions en Cisjordanie, lors de manifestations qui dénonçaient les opérations militaires à Gaza. La plus importante a eu lieu le 24 juillet, durant la nuit sainte du Ramadan. Les incidents liés à ces manifestations ont fait 17 morts parmi les Palestiniens, dont deux enfants, et 1 400 blessés, tandis qu’ont eu lieu 623 arrestations de Palestiniens par les Forces de sécurité israéliennes.
De leur côté, 17 membres des Forces de sécurité israéliennes ont été blessés. En outre, les attaques par des colons ont causé la mort d’un Palestinien et fait 19 blessés, tandis que 12 colons ont été blessés par des Palestiniens.
En concluant son exposé, M. Serry a observé que la crise de Gaza et la « situation de plus en plus perturbée en Cisjordanie et à Jérusalem-Est » donnaient un « avertissement sinistre de ce que pourrait être l’avenir si la tendance négative actuelle vers une réalité à un seul État n’est pas renversée ». « Il faut arrêter immédiatement ce glissement vers un état de conflit permanent et de désespoir », a-t-il affirmé, en plaidant en faveur d’une solution à deux États, « seul scénario viable » selon lui.
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