En cours au Siège de l'ONU

7232e séance - matin
CS/11504

Devant le Conseil de sécurité, l’UNRWA avertit que la population de Gaza est « au bord du précipice » et s’inquiète de nouveaux flux de personnes déplacées

Le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a averti, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que la population de Gaza était « au bord du précipice ».  La perspective d’autres déplacements de population est gravement préoccupante, a-t-il dit, en précisant que la capacité d’accueil de l’UNRWA avait atteint ses limites.  

Intervenant par téléphone depuis Gaza City, M. Pierre Krähenbühl s’est dit très inquiet par le fait que l’armée israélienne avait donné de nouvelles instructions aux Palestiniens d’évacuer la zone de Zeitoun et les environs de Khan Younis et a appelé la communauté internationale à prendre les mesures qui s’imposent pour répondre à cette « situation extrême ».

 

M. Krähenbühl, qui s’était exprimé après l’exposé de la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos, a indiqué que l’UNRWA abritait actuellement 220 000 personnes déplacées, un nombre qui ne cesse de croître.  Des dizaines de milliers de personnes, a-t-il dit, sont également accueillies par des familles.

 

Le Commissaire général a indiqué que les installations de l’UNRWA n’étaient pas équipées pour abriter un si grand nombre de personnes pendant une longue période.  Les conditions de vie y sont de plus en plus difficiles, l’eau manque pour l’hygiène personnelle et les latrines sont inadéquates.  Des maladies, notamment des infections cutanées, se développent parmi la population déplacée et les écoles de l’UNRWA abritent aussi des milliers de femmes enceintes qui accouchent dans des conditions effroyables.

 

« Avec une moyenne de 80 personnes par pièce, nous avons dépassé le seuil auquel nous pouvons répondre », a-t-il prévenu.  « Si d’autres déplacements à large échelle se produisent, la Puissance occupante devra assumer la responsabilité directe de venir en aide à ces personnes. »

 

M. Krähenbühl, qui se trouvait hier à Gaza, a indiqué qu’il avait constaté que des quartiers entiers et des infrastructures essentielles avaient été gravement endommagés.

 

« Ce matin, a-t-il ajouté, j’ai vu de mes propres yeux le coût humain catastrophique de cette guerre, dans le service pédiatrique du principal hôpital de Gaza où les corps mutilés montrent clairement les conséquences réelles et inacceptables d’un conflit armé recourant à une force excessive et parfois disproportionnée, dans des zones très peuplées.  Les enfants palestiniens que j’ai

vus aujourd’hui ne sont pas des statistiques.  Derrière chaque mort et chaque blessé, il y a une histoire et une destinée qui doit être respectée », a-t-il souligné.

 

À son tour, Mme Amos, qui intervenait par visioconférence depuis le bureau du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à Trinité-et-Tobago, a indiqué que 24% de la population étaient déplacées et que les zones sûres étaient de plus en plus difficiles à trouver en raison de la superficie de Gaza, mais également en raison de la zone tampon décrétée par l’armée israélienne dans une large partie de ce territoire.  « La réalité à Gaza est qu’il n’existe aucun endroit sûr », s’est-elle inquiétée.  Mme Amos s’est aussi dite alarmée par le fait que 80% des personnes tuées au cours du conflit entre Israël et le Hamas sont des civils, dont un nombre élevé d’enfants.

 

M. Krähenbühl a indiqué qu’hier, une école de l’UNRWA située à Jabalya et désignée comme un abri d’urgence, avait essuyé des tirs d’artillerie, lancés par l’armée israélienne.  Il s’est indigné de ce que l’emplacement précis de l’école avait été notifié à 17 reprises à l’armée israélienne.  Celle-ci avait même recommandé aux personnes évacuées de trouver refuge dans ce type d’installation.  Outre une enquête sur cet incident, M. Krähenbühl a également appelé les parties à respecter les locaux de l’ONU et à faire preuve de la plus grande précaution au cours de leurs opérations militaires qui, a-t-il rappelé, ont un impact sur les populations civiles de la région.  « Le fait que l’attaque contre l’abri de Jabalya ait été perpétrée six jours à peine après l’attaque contre un autre abri de l’UNRWA à Beit Hanoun rend cet appel d’autant plus urgent », a-t-il souligné.

 

Les attaques contre les installations de l’UNRWA ont également été dénoncées par Mme Amos qui s’est inquiétée de la « destruction systématique » des infrastructures, des habitations et des écoles de Gaza.  Des complexes de l’ONU ont été atteints, 24 installations médicales ont été endommagées ou détruites, la principale centrale électrique de Gaza a été frappée mardi, coupant l’approvisionnement en électricité de quartiers entiers.  Les réparations prendront deux mois dans les meilleures des circonstances, a-t-elle fait remarquer.  La Secrétaire générale adjointe a aussi indiqué être très préoccupée par la contamination possible des systèmes d’approvisionnement en eau.

 

Le Commissaire général s’est par ailleurs dit préoccupé par le fait qu’à trois reprises, des roquettes appartenant à des groupes armés opérant à Gaza avaient été découvertes dans des établissements vides de l’UNRWA.  Il a assuré que l’UNRWA était en train d’améliorer les procédures à suivre pour répondre à ce type de violations.  M. Krähenbühl a néanmoins estimé que ce genre de découverte ne saurait justifier les attaques lancées contre les installations de l’UNRWA, en particulier celles qui abritent des personnes déplacées.

 

M. Krähenbühl a appelé à la conclusion d’un cessez-le-feu immédiat et sans conditions, mais également à la levée du blocus illégal imposé à Gaza, en affirmant qu’il imaginait difficilement comment la situation qui existait avant le conflit pouvait être rétablie.  Ce petit territoire abrite 1,8 million de personnes et risque de devenir inhabitable en l’espace de quelques années à moins de prendre des mesures d’urgence pour le développement de Gaza et la sécurité de l’ensemble de la région, a-t-il averti.

 

Malgré les efforts déployés par les institutions des Nations Unies qui se trouvent sur le terrain, les combats posent de graves risques pour le personnel humanitaire chargé d’acheminer les secours d’urgence ou de déplacer les dépouilles des victimes, a tenu à souligner Mme Amos.

 

Les États Membres doivent répondre généreusement aux demandes de levées de fonds, a-t-elle insisté, en avertissant que l’ONU ne pourra fournir une aide adéquate à moins de disposer de ressources suffisantes.

 

Le Commissaire général de l’UNRWA a précisé que 12 000 membres du personnel de l’UNRWA travaillaient sans relâche pour venir en aide à la population civile et que huit de ses collègues avaient perdu la vie depuis le début des hostilités.

  
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