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CS/11483

Le Conseil de sécurité exige des groupes armés dans l’est de l’Ukraine un accès sans entraves pour enquêter sur la destruction de l’avion de la Malaysia Airlines

21/7/2014
Conseil de sécuritéCS/11483
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

7221e séance – après-midi                                  


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXIGE DES GROUPES ARMÉS DANS L’EST DE L’UKRAINE UN ACCÈS SANS ENTRAVES

POUR ENQUÊTER SUR LA DESTRUCTION DE L’AVION DE LA MALAYSIA AIRLINES


Le Conseil de sécurité a exigé, cet après-midi, des groupes armés qui contrôlent le site de l’accident du vol MH17 de la Malaysia Airlines, qu’ils donnent immédiatement aux services d’enquête habilités et à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE plein accès, en toute sécurité et sans entraves, au lieu en question.


En adoptant à l’unanimité la résolution 2166 (2014), initiée par l’Australie, la France et la Lituanie, les 15 membres du Conseil, qui avaient tenu des consultations intenses au cours de la nuit condamnent « avec la plus grande fermeté » la destruction de l’appareil de la Malaysia Airlines affrété pour le vol MH17, survenue le 17 juillet dans la province de Donetsk, en Ukraine, et qui a causé la mort tragique de 298 personnes.  Ils se déclarent « vivement préoccupés » par les informations faisant état d’un accès insuffisant et limité au lieu de l’accident.


Les membres du Conseil exigent des groupes armés qui contrôlent le site de l’accident et la zone environnante qu’ils s’abstiennent de toute action susceptible de compromettre l’intégrité de ces lieux, notamment en se gardant de détruire, de déplacer ou de manipuler l’épave, du matériel, des débris, des effets personnels ou des dépouilles.


Par ce texte, le Conseil de sécurité exige aussi la cessation immédiate de toutes les activités militaires, « y compris celles menées par des groupes armés », dans le voisinage immédiat du lieu de l’accident pour que la sécurité et la protection de l’enquête internationale puissent être assurées.


Par ailleurs, les membres du Conseil insistent sur l’importance de la dignité, du respect et du professionnalisme dans le traitement et la récupération des corps des victimes et demandent à toutes les parties de faire en sorte que cette exigence soit immédiatement observée.


Au cours du débat qui a suivi, l’ensemble des délégations ont exigé que les groupes armés illégaux respectent les exigences du Conseil de sécurité et donnent immédiatement aux services d’enquête habilités un accès sans entraves sur le lieu de la catastrophe, près du village de Grabovo.  Si le Ministre des affaires étrangères du Luxembourg a déclaré que cette catastrophe, et la mort de 298 civils innocents, viennent nous rappeler de façon cruelle l’urgence de parvenir à une désescalade des tensions dans l’est de l’Ukraine, ses homologues des Pays-Bas et de l’Australie, les pays les plus touchés par la catastrophe, ont indiqué qu’ils n’épargneront aucun effort tant que la justice ne sera pas faite. 


De nombreuses délégations ont fustigé les comportements « révoltants, indignes et inhumains » des séparatistes qui ont déplacé des corps et du matériel et subtilisé des biens.  « Cela montre bien qu’ils essaient de dissimuler des éléments de preuves », a estimé le représentant de l’Ukraine, en souhaitant que ces groupes soient reconnus comme des groupes terroristes.  Il a demandé à la Fédération de Russie de cesser toute provocation et toute entrave dans l’est de l’Ukraine.   


Réagissant à une déclaration des États-Unis, le représentant de la Fédération de Russie a souhaité que l’on s’abstienne de tirer des conclusions hâtives et de politiser cet incident, en regrettant que l’Ukraine semble vouloir utiliser cette catastrophe comme prétexte pour intensifier la répression.  La Fédération de Russie est prête à participer à une enquête internationale indépendante, a assuré son représentant, qui a dit comprendre la douleur des familles des victimes.  À cet égard, il a rappelé l’incident du 4 octobre 2001 au cours duquel un avion civil russe avec 78 passagers à bord avait été abattu par un tir accidentel d’un missile ukrainien.


Si plusieurs délégations ont estimé que la résolution 2166 (2014) représentait un premier pas pour élucider le drame et établir les responsabilités, le représentant de la Lituanie s’est dit convaincu que « la responsabilité de la destruction de ce vol repose sur ceux qui ont orchestré des flux continus d’armes vers l’est de l’Ukraine ».  La Fédération de Russie, a-t-il insisté, doit prendre ses distances avec les groupes armés illégaux dans l’est de l’Ukraine. 


Texte du projet de résolution S/2014/510


Le Conseil de sécurité,


Déplorant qu’un aéronef civil effectuant un vol international, le vol MH17 de la compagnie Malaysia Airlines, ait été abattu le 17 juillet dans la province de Donetsk en Ukraine, ce qui a entraîné la mort des 298 passagers et membres d’équipage qui se trouvaient à bord,


Réaffirmant les règles du droit international interdisant les actes de violence qui menacent la sécurité de l’aviation civile internationale et soulignant qu’il importe d’amener les auteurs de violations de ces règles à répondre de leurs actes,


Rappelant sa déclaration à la presse en date du 18 juillet 2014,


Soulignant qu’une enquête internationale exhaustive, minutieuse et indépendante doit être menée sur cet incident, conformément aux directives de l’aviation civile internationale, notant à cet égard le rôle crucial que joue l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) dans les enquêtes sur les accidents et les incidents d’aviation, et se félicitant que cette organisation ait décidé de dépêcher une équipe pour travailler en coordination avec le Bureau national ukrainien d’enquête sur les incidents et accidents d’aéronefs civils dans cette enquête, à la suite d’une demande d’assistance que l’Ukraine et d’autres parties lui ont adressée,


Constatant avec une vive inquiétude que des groupes armés présents en Ukraine ont empêché les services d’enquête habilités, la Mission spéciale d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) déployée en Ukraineet les représentants d’autres organisations internationales compétentes qui apportent leur concours à l’enquête d’avoir un accès immédiat, en toute sécurité et sans restrictions, au lieu de l’accident et à la zone environnante, conformément aux procédures de l’OACI et à d’autres procédures établies,


1.   Condamne avec la plus grande fermeté la destruction de l’appareil de la Malaysian Airlines affrété pour le vol MH17, survenue le 17 juillet dans la province de Donetsk en Ukraine et qui a entraîné la disparition tragique de 298 personnes;


2.   Exprime à nouveau sa profonde sympathie et ses condoléances aux familles des victimes de cette catastrophe, ainsi qu’aux peuples et aux gouvernements des pays d’origine des victimes;


3.   Appuie l’action entreprise en vue de la réalisation d’une enquête internationale exhaustive, minutieuse et indépendante sur l’incident, conformément aux directives de l’aviation civile internationale;


4.   Apprécie les efforts que l’Ukraine déploie actuellement, en coordination avec l’OACI et d’autres organisations et des experts internationaux, y compris les représentants des États d’occurrence, d’immatriculation, de conception, de construction et de l’ exploitant, ainsi que les États ayant perdu des ressortissants qui se trouvaient à bord de l’appareil, en vue d’ouvrir une enquête internationale sur l’incident considéré, et engage tous les États à fournir une assistance pour les enquêtes civiles et judiciaires relatives à cet incident, si on la sollicite;


5.   Se déclare vivement préoccupé par les informations faisant état d’un accès insuffisant et limité au lieu de l’accident;


6.   Exige des groupes armés qui contrôlent le site de l’accident et la zone environnante qu’ils s’abstiennent de toute action susceptible de compromettre l’intégrité de ces lieux, notamment en se gardant de détruire, de déplacer ou de manipuler l’épave, du matériel, des débris, des effets personnels ou des dépouilles, et qu’ils donnent immédiatement aux services d’enquête habilités, à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE et aux représentants d’autres organisations internationales compétentes plein accès, en toute sécurité et sans entraves, aux lieux en question, conformément aux procédures de l’OACI et à d’autres procédures établies;


7.   Exige également la cessation immédiate de toutes les activités militaires, y compris celles menées par des groupes armés, dans le voisinage immédiat du lieu de l’accident pour que la sécurité et la protection de l’enquête internationale puissent être assurées;


8.   Insiste sur l’importance de la dignité, du respect et du professionnalisme dans le traitement et la récupération des corps des victimes, et demande à toutes les parties de faire en sorte que cette exigence soit immédiatement observée;


9.   Demande à tous les États et à tous les acteurs de la région de coopérer pleinement dans le cadre de l’enquête internationale sur l’incident, y compris s’agissant de l’accès immédiat et sans entrave au lieu de la catastrophe, comme indiqué au paragraphe 6;


10.  Se félicite à cet égard de la déclaration faite le 17 juillet 2014 par le Groupe de contact trilatéral composé de hauts représentants de l’Ukraine, de la Fédération de Russie et de l’OSCE et demande instamment que les engagements énoncés dans cette déclaration soient honorés intégralement;


11.  Exige que l’on contraigne les responsables de l’incident à répondre de leurs actes et que tous les États s’associent pleinement aux efforts déployés pour établir les responsabilités;


12.  Demande instamment à toutes les parties à la Convention relative à l’aviation civile internationale de se conformer scrupuleusement aux règles, normes et pratiques internationales applicables touchant la sécurité de l’aviation civile afin d’éviter que de tels incidents ne se reproduisent, et exige de tous les États et des autres acteurs qu’ils s’abstiennent de commettre des actes de violence dirigés contre des aéronefs civils;


13.  Se réjouit que le Secrétaire général ait offert la coopération pleine et entière de l’Organisation des Nations Unies dans le cadre de l’enquête susmentionnée, et le prie de déterminer les options possibles pour l’appui de l’Organisation à cette enquête et de lui faire rapport sur les faits nouveaux pertinents;


14.  Décide de rester saisi de la question



Déclarations


Mme JULIE BISHOP, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a affirmé que le texte de la résolution 2166 (2014), initiée par l’Australie, la France et la Lituanie, est une réponse sans ambiguïté de la communauté internationale à la suite de l’incident qui a provoqué la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines.  Elle a qualifié cet acte de véritable scandale qui a causé, a-t-elle dit, la mort de tous les passagers et membres de l’équipage, dont 37 étaient des ressortissants australiens.  La plupart d’entre eux, a-t-elle précisé, étaient de retour dans leur pays après avoir passé des vacances en Europe.  La Ministre a aussi signalé que de nombreuses personnes devant participer à la Conférence internationale sur le VIH/sida, qui se tient actuellement à Melbourne, se trouvaient aussi à bord.


Après avoir dressé les grandes lignes de la résolution, Mme Bishop a appelé la Fédération de Russie à user de son influence auprès des séparatistes pro-russes pour atteindre les objectifs énoncés dans la résolution.  Il est inacceptable que l’accès n’ait pas encore été assuré à ce stade, s’est-elle indignée.  C’est un affront pour les familles de toutes les victimes, a-t-elle dénoncé.  La Ministre a aussi souligné que les responsables de cet « acte barbare » devront en répondre.


M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a rappelé que la résolution 2166 (2014) souligne clairement que les dépouilles des victimes doivent être traitées dignement et avec respect et professionnalisme et que toutes les parties concernées doivent faire en sorte que cette exigence soit immédiatement observée.  Il a appelé la Fédération de Russie à user activement de son influence sur les groupes armés illégaux afin qu’ils cessent leurs manœuvres sordides visant à empêcher une enquête en bonne et due forme.  Il a souhaité que la Fédération de Russie pèse de tout son poids pour obtenir sans délais de ces groupes qu’ils cessent d’entraver l’enquête et de faire disparaître des éléments de preuve accablants, notamment des débris du missile utilisé pour abattre l’avion.


Les corps doivent être retournés à leurs familles et les boîtes noires sont à remettre aux autorités compétentes, a insisté le Ministre luxembourgeois des affaires étrangères.  Il a précisé aussi que la résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité exige que l’on contraigne les responsables de l’incident de répondre de cet acte odieux et que tous les États s’associent pleinement aux efforts déployés pour établir les responsabilités.  Il a déclaré que cette catastrophe vient nous rappeler de façon cruelle l’urgence de parvenir à une désescalade des tensions dans l’est de l’Ukraine.


M. MARK LYALL GRANT(Royaume-Uni) a déclaré qu’il faut honorer la mémoire de victimes en veillant à ce que leurs dépouilles soient traitées avec respect et en faisant toute la lumière sur la tragédie.  Il a qualifié d’odieux les évènements de ces derniers jours, s’insurgeant notamment contre le fait que certaines personnes cherchaient à piller les affaires personnelles des victimes, « au plus grand mépris de la dignité humaine et sans respecter les procédures existantes ».  Les corps des victimes doivent être restitués aux familles et il est inacceptable que cela ait été entravé au cours de ces quatre derniers jours, a-t-il martelé.


Le représentant s’est aussi inquiété de ce que l’utilisation de grues risque d’altérer l’intégrité du lieu du sinistre et que certains objets aient été retirés des lieux.  En adoptant la présente résolution, le Conseil de sécurité envoie un message très clair en termes de responsabilité, a-t-il souligné.  Le contexte de cette tragédie est clair, a-t-il affirmé, en se disant convaincu que la Fédération de Russie cherche à déstabiliser l’Ukraine et viole son intégrité territoriale.


Mme JOY OGWU (Nigéria) a dit que la résolution prend en considération les préoccupations des membres du Conseil de sécurité, mais aussi celles d’États qui ont perdu des citoyens au cours de l’incident qui a causé la catastrophe aérienne.  Elle a souhaité la tenue d’une enquête internationale impartiale et indépendante conforme aux directives de l’Organisation internationale de l’aviation civile.  Elle s’est félicitée de la participation à cette enquête de l’OSCE, qui dispose d’une solide expérience en la matière.


M. JOON OH(République de Corée) s’est félicité de la réponse unanime que représente l’adoption de la résolution face à l’acte odieux de la destruction de l’appareil de la Malaysia Airlines.  Afin de faire la lumière sur cette tragédie, il est urgent de maintenir l’intégrité du site du crash de l’avion et d’accorder un accès sans entrave aux enquêteurs, a-t-il dit.  Il a souhaité que les dépouilles des victimes soient remises sans délai à qui de droit et soient traitées avec respect.  Le Conseil de sécurité doit rester vigilant et suivre de près l’évolution de l’affaire sur le terrain, et il doit réagir si les dispositions de la résolution ne sont pas mises en œuvre, a-t-il insisté avant de souhaiter que les responsables du crash de l’appareil soient traduits en justice.


Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) s’est déclarée indignée par les entraves qui visaient à empêcher de faire la lumière sur la cause de la destruction en plein vol de l’avion de la Malaysia Airlines, qui a coûté la vie à près de 300 personnes.  Le Conseil de sécurité a été contraint de se réunir, a-t-elle fait remarquer, car « tout le monde n’appuie pas l’idée d’engager une enquête ».  La représentante a indiqué que des éléments de preuves et des restes humains avaient été piétinés et des objets retirés du lieu du sinistre.  Le vol MH17 n’avait rien à voir avec le conflit en Ukraine, s’est-elle indignée.  Il transportait, a-t-elle précisé, des familles, des jeunes de retour de vacances et des chercheurs.


Mme Power a accusé la Fédération de Russie de ne pas s’être suffisamment exprimée à ce sujet, dénonçant notamment le fait que lors de la précédente réunion du Conseil de sécurité, la Fédération de Russie avait imputé la responsabilité au système ukrainien de contrôle du trafic aérien, plutôt qu’aux séparatistes.  Si la Fédération de Russie avait usé de son influence jeudi ou même hier, le Conseil de sécurité n’aurait pas été contraint de se réunir, cet après-midi, pour adopter une résolution qui réclame la tenue d’une enquête, a-t-elle tenu à souligner.  La représentante des États a aussi fait observer que le Président Poutine ne s’est pas encore adressé directement aux séparatistes.  Le mutisme de la Fédération de Russie envoie un message erroné aux groupes armés selon lequel ils sont soutenus dans leur acte, a-t-elle averti.


Aujourd’hui, avec l’adoption de cette résolution, s’est ensuite félicitée la représentante des États-Unis, nous avons fait un pas dans la lutte contre l’impunité.  Mais, a-t-elle prévenu, si la Fédération de Russie ne fait pas partie de la solution, elle continuera de faire partie du problème.  Mme Power a aussi salué le fait que trois enquêteurs avaient pu, aujourd’hui, avoir accès au lieu du sinistre.  Cet accès, a-t-elle rappelé, doit être immédiat et sans entraves.  Mme Power a appelé la Fédération de Russie à condamner le traitement inacceptable des restes des victimes et de leurs affaires personnelles, ainsi que les obstacles imposés par les séparatistes.


M. LIU JIEYI(Chine) a appelé l’OACI à jouer un rôle crucial dans l’enquête internationale.  Il a estimé que l’accent doit être mis sur l’établissement des faits.  Il ne faut, en aucun cas, tirer des conclusions hâtives, a-t-il mis en garde.  Le représentant a aussi formulé l’espoir que la résolution 2166 (2014) permettra de rétablir la confiance entre les parties.


M. CRISTIAN BARROS MELET(Chili) a dit que la résolution adoptée par le Conseil constitue un message clair en faveur de l’ouverture d’une enquête minutieuse et indépendante après la destruction au-dessus de l’Ukraine du vol du MH17.  Les faits ne peuvent pas rester impunis, et les familles des victimes ont le droit de connaître la vérité, a insisté le représentant du Chili avant d’enjoindre tous les États à coopérer avec les autorités pertinentes.  Il a espéré que cet incident démontrera la nécessité de mettre fin à la crise ukrainienne, qui touche des familles et des personnes bien au-delà des frontières de l’Ukraine.


M. PHILIPPE BERTOUX(France) a déclaré que la communauté internationale avait fait un premier pas pour élucider la tragédie du vol MH17 de la Malaysia Airlines et établir les responsabilités à travers l’adoption de cette résolution.  Conformément à la Convention de Chicago de 1944 sur l’aviation civile internationale, il appartient à l’Ukraine, avec le concours de tous ceux qui sont concernés, de conduire les travaux de l’enquête internationale.  La résolution 2166 (2014) exige que tout soit fait pour permettre le travail rapide des enquêteurs, a–t-il insisté.  Le représentant de la France s’est dit très inquiet en raison d’informations faisant état de blocages répétés de la part des séparatistes.  Il a souhaité que cessent les comportements révoltants, indignes et inhumains des séparatistes qui doivent mettre fin aux altérations et manipulations du site du crash du vol MH17.


M. SAMER ANTON AYED NABER(Jordanie) a estimé qu’il est essentiel de faire la lumière sur l’incident qui a causé le crash du vol MH17 et de faire justice aux familles.  Il a appelé les parties à coopérer à la mise en œuvre de la résolution que le Conseil vient d’adopter, en protégeant notamment le lieu du sinistre et en y garantissant un accès sans entraves aux enquêteurs et aux familles des victimes.


Mme MARIA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a fait savoir que les préoccupations de plusieurs membres du Conseil de sécurité avaient été prises en compte lors de l’élaboration du texte de la résolution.  Elle a souligné le droit de la communauté internationale d’avoir une aviation civile qui fonctionne de manière sûre.  Face aux obstacles entravant l’accès des enquêteurs aux lieux du sinistre, elle a estimé essentiel que le Conseil de sécurité s’exprime à ce sujet.  La représentante a aussi souligné qu’il faut s’abstenir de tout acte susceptible de compromettre l’intégrité du lieu du drame.  Mme Perceval a appelé les membres du Conseil à faire preuve de prudence, et à s’abstenir de discussions stériles émanant d’une interprétation géo-politico-stratégique des circonstances de la tragédie.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie), après avoir adressé ses condoléances aux familles et pays des victimes, a souhaité que l’enquête internationale soit impartiale, indépendante et ouverte sous la direction de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).  Toutes les preuves matérielles seront remises à l’OACI et toutes les conditions seront réunies pour permettre un accès sans entraves au lieu de la catastrophe.  La Fédération de Russie est prête à apporter son concours à l’organisation d’une enquête internationale indépendante, a assuré M. Churkin, en ajoutant que son pays était prêt à envoyer une équipe de spécialistes pour participer à cette enquête.  Il a cependant souhaité que l’on s’abstienne de tirer des conclusions hâtives et de politiser cet incident. 


La Fédération de Russie, a-t-il dit, regrette que l’Ukraine cherche à utiliser cet incident comme prétexte pour renforcer la répression.  M. Churkin a dit comprendre la douleur des proches, en rappelant qu’un avion russe avec 78 passagers à bord avait été abattu, le 4 octobre 2001 entre Novossibirsk et Tel Aviv, à la suite d’un tir accidentel d’un missile ukrainien.  À ce jour, a-t-il fait observer, l’Ukraine n’a toujours pas reconnu sa responsabilité juridique au sujet de cet acte.  Le représentant russe s’est interrogé sur le rôle des contrôleurs ukrainiens du trafic aérien et le déplacement d’une batterie de missiles ukrainienne après cette catastrophe aérienne. 


M. Churkin a estimé que Kiev avait mal commencé en diffusant de fausses informations avant même de déclarer que les enregistrements présentés par l’Ukraine étaient des montages de différentes interventions.  Il a ajouté que la priorité était de mettre fin au conflit sur la base de la Déclaration de Genève du 17 avril et de celle de Berlin.  Il a regretté que la réunion d’aujourd’hui soit utilisée pour susciter des polémiques.  S’adressant à la représentante des États-Unis, il a tenu à rappeler que la Fédération de Russie avait tout fait pour que les experts internationaux puissent se trouver sur place.


M. DAINIUS BAUBLYS(Lituanie) a indiqué que les éléments de preuve avaient été altérés sur le lieu de la catastrophe qui a coûté la vie à près de 300 passagers du vol MH17, en regrettant que les enquêteurs n’aient eu accès au site qu’aujourd’hui.  Il a souhaité une enquête internationale indépendante et impartiale, conformément aux pratiques de l’aviation civile internationale.  La responsabilité de la destruction de ce vol repose sur ceux qui ont orchestré l’acheminement d’importantes armes vers l’est de l’Ukraine.  C’est pourquoi il a invité la Fédération de Russie à prendre ses distances avec toutes les activités des groupes armés illégaux dans l’est de l’Ukraine. 


M. MAHAMAT ZENE CHERIF(Tchad) a salué la ferme volonté du Conseil d’apporter une réponse appropriée et efficace qui soit « à la hauteur de cet évènement tragique ».  Il a espéré que toute la lumière sera faite sur ce « crime odieux » qui a fait près de 300 victimes.  Il a voulu un accès sans entraves des experts internationaux au site de l’accident et a demandé qu’il soit garanti.  Il a ensuite insisté sur l’importance de maintenir l’intégrité des lieux du drame et d’en traduire les responsables en justice.


M. EUGÈNE-RICHARd GASANA (Rwanda) a souligné que les défunts et leur famille méritent que leur soit accordée la plus grande dignité qui soit.  Les circonstances de la destruction de l’avion doivent être établies.  Il a dit être profondément troublé que des groupes séparatistes aient refusé l’accès des lieux du drame aux experts et aient déplacé des corps.  Il a appelé au respect des engagements pris le 18 juillet avec le groupe de contact trilatéral.  Il a aussi appelé les séparatistes à respecter le cessez-le-feu et à prendre part au dialogue préconisé par le Président ukrainien, Petro Poroshenko.


M. FRANCISCUS CORNELIS GERARDUS MARIA TIMMERMANS, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a déclaré qu’il avait peine à imaginer les terribles dernières secondes que les passagers du vol MH17 de la Malaysia Airlines avaient vécues en réalisant que leur avion allait s’écraser.  La mort de près de 200 de ses compatriotes a laissé un vide énorme dans le cœur de la nation néerlandaise et causé une immense colère à la suite des obstacles qui empêchent la restitution des corps des victimes, a-t-il insisté.  Les Pays-Bas, a assuré le Ministre, s’engagent en premier lieu à rapatrier les dépouilles sur le territoire national afin de les remettre aux familles endeuillées.  Il a demandé que ces dépouilles soient traitées avec respect et décence. 


M. Timmermans s’est dit préoccupé par les informations faisant état de déplacement des corps et de pillage.  « Je ne comprendrai jamais pourquoi il a fallu autant de temps pour donner accès au site du crash et que des dépouilles puissent être utilisées à des fins politiques », s’est indigné le Ministre néerlandais des affaires étrangères.  Des images montrant des jouets d’enfants, des bagages ouverts, des passeports transforment notre douleur en colère, a-t-il ajouté.  « Nous avons convenu de jouer un rôle de chef de file dans cette enquête et je peux affirmer que le Gouvernement des Pays-Bas veillera à ce que cette procédure soit menée de manière approfondie et jusqu’au bout », a-t-il assuré.  « Il est essentiel de coopérer pleinement afin que la justice puisse être rendue », a-t-il lancé aux membres du Conseil, en prévenant que les Pays-Bas continueront à œuvrer jusqu’à ce que la justice soit rendue. 


M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a rappelé qu’une équipe d’enquêteurs malaysiens était arrivée à Kiev, le 19 juillet, pour rejoindre l’Équipe conjointe d’enquête internationale, mais que cette dernière n’avait toujours pas pu obtenir plein accès sur le lieu du sinistre.  Il a qualifié ce manque d’accès d’inacceptable et a appelé à la pleine coopération des parties et des États de la région.  Le représentant a aussi exhorté les parties à maintenir l’intégrité du lieu du drame et à veiller à assurer un traitement digne et respectueux des dépouilles des victimes.  M. Haniff a par ailleurs indiqué que si les faits établissent que le vol MH17 de la Malaysia Airlines avait effectivement été abattu, les auteurs de cet acte indescriptible devraient être promptement traduits en justice.


M. DESRA PERCAYA(Indonésie) a souligné qu’après une telle tragédie, toutes les parties concernées sont tenues de coopérer avec les pays dont étaient originaires les victimes.  Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2166 (2014) et a demandé que la restitution des corps puisse commencer immédiatement.  Il a aussi exigé que les responsables de cet « acte inhumain » soient tenus de rendre des comptes.


M. YURIY SERGEYEV(Ukraine) a souhaité que la résolution 2166 (2014) permette la tenue d’une enquête internationale impartiale et indépendante.  Il a indiqué que certains enquêteurs étaient arrivés en Ukraine et avaient commencé leurs travaux.  Il a assuré que l’Ukraine avait ordonné une cessation des activités militaires dans un rayon de 40 km autour du lieu de la catastrophe en demandant à la Fédération de Russie d’en faire de même.  Il est urgent maintenant de déterminer qui a déclenché le tir, a-t-il souligné, avant de préciser que l’Ukraine était prête à confier le rôle de chef de file de l’enquête aux Pays-Bas.  Le représentant ukrainien a condamné les activités des groupes illégaux qui contrôlent le site et qui ont déplacé des corps, des biens et des débris.  « Cela montre bien qu’ils essaient de dissimuler des éléments de preuves », a-t-il estimé, avant d’ajouter que ces groupes ont traité de manière indigne les corps des victimes, détruit ou altéré les preuves et entravé le travail des enquêteurs.  Il a souhaité que ces groupes soient reconnus comme des groupes terroristes en Ukraine et dans le monde.  La Fédération de Russie, a-t-il demandé, doit cesser toute provocation et toute entrave dans l’est de l’Ukraine.   


M. PASCAL BUFFIN (Belgique) a appelé à lancer une enquête internationale indépendante impartiale et minutieuse.  Il s’est dit très préoccupé par les entraves à l’accès au site de la catastrophe par des groupes armés qui manipulent les débris de l’avion de la Malaysia Airlines, les dépouilles des victimes et leurs effets personnels.  Il est urgent, a-t-il insisté, de restituer les corps de manière respectueuse et professionnelle.  Le représentant de la Belgique a exhorté toutes les parties concernées à exercer leur influence sur le terrain pour assurer le bon déroulement de l’enquête internationale.  En ce jour marquant la Journée nationale belge, a-t-il déclaré, mon pays pleure non seulement 6 victimes belges, mais il exprime également sa solidarité avec les familles et amis des 193 victimes des Pays-Bas, amis et voisins de la Belgique.  


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a jugé important que le Conseil de sécurité envoie un message clair concernant la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines.  Il a indiqué que la coopération semble maintenant s’organiser mais qu’il reste encore à déterminer dans quelle mesure elle doit véritablement fonctionner.  Il a appelé les pays concernés à respecter leurs engagements internationaux.  Le site de la catastrophe doit être considéré comme un lieu de crime, a-t-il souligné, en faisant référence aux boîtes noires de l’appareil qui se trouveraient entre les mains de groupes dans l’est de l’Ukraine.  Le représentant a appelé les parties concernées à coopérer pleinement avec les autorités internationales.  Il a aussi appelé la Fédération de Russie à exercer son influence sur les groupes armés russophones dans l’est de l’Ukraine.  Les dépouilles des victimes doivent être respectées, a-t-il insisté.  Des mesures doivent être prises à l’encontre des personnes qui ont pillé des effets personnels de ces victimes, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite appelé le Conseil de sécurité à suivre de près cette crise.


M. LIBRAN NUEVAS CABACTULAN (Philippines) a déclaré que son pays appuyait la mesure visant à lancer une enquête internationale sur la destruction du vol MH17 en vue de déterminer les causes véritables de l’incident.  Le représentant s’est dit très préoccupé par les tentatives d’altérer les preuves et de ne pas préserver l’intégrité du site de la catastrophe.  C’est pourquoi il a appelé les parties à le sécuriser et à assurer un accès sans entraves aux enquêteurs.  Le représentant a aussi souligné que les auteurs de cet « acte révoltant » doivent être identifiés et tenus pour responsables.


M. HEIKO THOMS (Allemagne) s’est dit choqué par l’accumulation de preuves établissant que le vol MH17 de la Malaysia Airlines aurait été abattu.  Il a appelé les parties à garantir un accès sans entraves et à veiller à la sécurité des experts internationaux.  Il a également exigé qu’aucune entrave supplémentaire n’empêche la restitution des corps et leur transport vers Kharkov.  Le représentant a aussi demandé qu’une enquête internationale indépendante et approfondie soit engagée dès que possible.


M. Thoms a ensuite salué l’annonce, aujourd’hui, par le Président ukrainien, M. Petro Poroshenko, d’un cessez-le-feu unilatéral aux alentours du lieu du sinistre.  Il a ensuite souligné qu’il était urgent d’imposer un cessez-le-feu bilatéral et de lancer de « réelles négociations ».  Le représentant a déploré le fait que le leadership russe n’ait à ce jour pas réussi à décourager les séparatistes de mettre fin à leurs actions illégales et, en particulier, aux flux d’armes, de combattants et de munitions.  La Fédération de Russie doit exercer son influence sur les séparatistes et empêcher des citoyens russes de rejoindre leurs rangs et assurer un contrôle effectif de la frontière russo-ukrainienne, a-t-il insisté, avant de conclure.


M. GUILLERMO RISHCHYNSKI (Canada) a jugé indispensable que les groupes armés qui contrôlent le site libèrent les lieux de la catastrophe et permettent aux enquêteurs de faire leur travail.  Il a exhorté la Fédération de Russie « à joindre les actes à la parole et à coopérer de manière complète ».  Il a dit que les preuves de soutien matériel et financiers des Russes aux groupes armés étaient indiscutables, avant d’estimer que le Président Poutine « avait la capacité de mettre fin à ce conflit. »


Intervenant au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. LE HOAI TRUNG (Viet Nam) a jugé qu’il est impératif que les faits et les circonstances exacts du crash de l’appareil de la Malaysia Airlines soient établis.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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