Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest exhorte le Conseil de sécurité à répondre au problème de l’insurrection terroriste au Nigéria
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Conseil de sécurité
7213e séance – matin
LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR L’AFRIQUE DE L’OUEST EXHORTE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ À RÉPONDRE AU PROBLÈME DE L’INSURRECTION TERRORISTE AU NIGÉRIA
Malgré 7% de croissance moyenne, l’Afrique de l’Ouest n’a pas encore de solutions à ses
défis sociaux, exposant ainsi ses jeunes, au chômage, à la tentation du recrutement terroriste
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest a appelé, ce matin, le Conseil de sécurité à répondre au problème posé par l’insurrection et l’insécurité au Nigéria, s’inquiétant notamment de l’augmentation des activités de Boko Haram, qui a été enregistrée ces dernières semaines.
« Avec l’augmentation de l’insécurité dans le nord-est du pays et la montée des tensions et des divisions politiques à l’approche des élections générales de 2015, le Nigéria se trouve à la croisée des chemins », a notamment souligné M. Said Djinnit. Devant les 15 membres du Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général a aussi appelé la classe politique nigériane à forger une position unifiée et un front commun afin de confronter cette « insécurité persistante ».
Venu présenter le rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, un document qui couvre la période allant du 1er janvier au 30 juin 2014, M. Djinnit a indiqué dans un premier temps qu’au plan économique, avec une moyenne de 7%, la région de l’Afrique de l’Ouest continue d’enregistrer la croissance la plus élevée sur le continent.
Pour autant, a-t-il toutefois signalé, les pays ouest-africains continuent d’éprouver de grandes difficultés à répondre aux attentes de leurs ressortissants en matière sociale. Les populations, a-t-il déploré, ne bénéficient pas toujours des dividendes de ce progrès économique et n’en voient pas les retombées. M. Djinnit a notamment indiqué qu’alors que des progrès en matière de réduction de l’extrême pauvreté ont été enregistrés dans l’ensemble des pays de la région, les bilans, en ce qui concerne l’accès à l’éducation primaire et la réduction de la faim et de la malnutrition sont pour le moins mitigés. Les femmes et les jeunes sont les plus durement affectés par les réponses, d’un niveau insuffisant, qu’apportent les États aux nombreux défis sociaux. Dans certains pays, a indiqué le Représentant spécial, la montée de l’insécurité a eu pour conséquence que les États ont dû opérer un redéploiement des ressources disponibles vers les priorités et les urgences sécuritaires, ceci au détriment du développement.
M. Djinnit a ensuite salué la conclusion heureuse de la transition politique et l’élection de nouvelles autorités légitimes en Guinée-Bissau, « ce qui ouvre ainsi une page nouvelle dans l’histoire tourmentée de ce pays ». La crise au Mali, a-t-il signalé, a par contre révélé les limites dont souffrent la région ouest-africaine et le continent africain en matière de capacité de réponse rapide aux crises. Le Représentant spécial s’est néanmoins réjouit de la reprise du processus de dialogue entre les parties maliennes.
M. Djinnit a tenu à avertir le Conseil de sécurité qu’en dépit des efforts déployés, la région d’Afrique de l’Ouest, dans son ensemble, continue de faire face aux défis redoutables que sont la criminalité transnationale organisée et l’augmentation des activités terroristes. M. Djinnit s’est notamment déclaré préoccupé par la perspective que les réseaux criminels de la région se mettent à recruter des jeunes, dont un très grand nombre sont au chômage et sans grande perspective d’avenir. Il est essentiel, a-t-il souligné, que les pays d’Afrique de l’Ouest se mettent ensemble et établissent des stratégies effectives et des mécanismes de coopération pour faire face à cette menace qui risque de déstabiliser toute la région sahélo-saharienne.
Le Représentant spécial du Secrétaire général a par ailleurs indiqué qu’en 2015, « pas moins de cinq élections cruciales » seront organisées en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en Guinée, au Niger et au Nigéria. Ces scrutins, a-t-il indiqué, se dérouleront dans des sociétés fortement polarisées et dans un contexte de profondes divisions politiques et de controverses concernant des initiatives relatives à des amendements constitutionnels qui, s’ils étaient adoptés, modifieraient la durée des mandats présidentiels ou lèveraient la limitation du nombre de ces mandats à la tête des États concernés.
Poursuivant sa présentation, M. Djinnit s’est dit convaincu que l’Union du fleuve Mano a la capacité de devenir « un phare de prospérité et de stabilité en Afrique de l’Ouest ». Alors que la piraterie et la criminalité en mer dans le golfe de Guinée posent un autre défi de taille pour la stabilité et le développement économique de la région, le Représentant spécial a aussi souligné l’importance de mettre en œuvre le cadre stratégique adopté le 25 juin 2013 lors du Sommet de Yaoundé, au Cameroun. Il a ensuite signalé que la situation dans le Sahel demeure « alarmante » et a engagé les parties externes à veiller à la complémentarité de leurs efforts et à agir de concert en faveur de cette région.
Abordant ensuite la situation qui prévaut au Nigéria, M. Djinnit a dénoncé la poursuite de la détention, par le groupe terroriste Boko Haram, des écolières enlevées dans la localité de Chibok ainsi que l’augmentation et la multiplication des actes de violence meurtrière à l’encontre de civils. Au cours des deux dernières semaines, s’est-il notamment alarmé, au moins 18 attaques ont été attribuées à Boko Haram. Elles ont provoqué la mort d’un grand nombre de personnes innocentes et des déplacements de population, a déploré le Représentant spécial. Il a également dit être profondément préoccupé par l’effet adverse de l’insécurité sur le processus de démarcation de la frontière entre le Nigéria et le Cameroun, processus lancé après l’Accord de Greentree et qui touchait pourtant à sa fin.
« Avec l’augmentation de l’insécurité dans le nord-est de son territoire et l’augmentation des tensions et des divisions politiques à l’approche des élections générales de 2015, le Nigéria se trouve à la croisée des chemins », a prévenu le Représentant spécial du Secrétaire général. Il a appelé le Conseil de sécurité à trouver des réponses au problème de l’insurrection et de l’insécurité au Nigéria, rappelant notamment que ce pays a joué un rôle important au cours des dernières décennies pour maintenir la paix et la sécurité aux plans régional et international. La situation actuelle, a-t-il ajouté, souligne aussi la nécessité primordiale, pour la classe politique nigériane, de forger une position unifiée afin de confronter cette insécurité persistante.
M. Djinnit a annoncé que lors de son prochain déplacement au Nigéria, il continuera notamment d’encourager les pays du bassin du lac Tchad à coopérer et à travailler ensemble, comme ils se sont engagés à le faire dans le cadre de la mise en œuvre des décisions prises lors du Sommet de Paris et de la réunion ministérielle de suivi de Londres. Il a aussi salué la décision prise par l’Union africaine d’envisager la possibilité de déployer une équipe spéciale dans la région pour répondre aux défis posés par Boko Haram.
Au cours de cet exposé, M. Djinnit a aussi parlé de la pandémie du virus Ebola. Il a signalé qu’alors que des progrès notables avaient été enregistrés pour la contenir, une nouvelle flambée d’infections s’était produite ces dernières semaines, menaçant la région d’un plus grand risque de propagation de la maladie. Il a appelé la communauté internationale à prêter dûment attention à cette pandémie, qui vient s’ajouter aux nombreux autres défis que connait la région de l’Afrique de l’Ouest.
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