Le Conseil de sécurité réaffirme l’importance historique de l’élection présidentielle afghane pour le développement démocratique du pays
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Conseil de sécurité
7208e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RÉAFFIRME L’IMPORTANCE HISTORIQUE DE L’ÉLECTION
PRÉSIDENTIELLE AFGHANE POUR LE DÉVELOPPEMENT DÉMOCRATIQUE DU PAYS
Le Conseil de sécurité s’est félicité, aujourd’hui, de la tenue du second tour de l’élection présidentielle afghane le 14 juin, réaffirmant l’« importance historique de cet événement pour la transition de l’Afghanistan et son développement démocratique ».
Dans une première déclaration présidentielle, lue par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin, M. Vitaly Churkin, de la Fédération de Russie, le Conseil a salué « la participation du peuple afghan et le courage dont il a fait preuve en se montrant déterminé à voter malgré les menaces et les mesures d’intimidation provenant des Taliban et d’autres groupes extrémistes violents et terroristes », tout en se félicitant de la participation des femmes afghanes au processus électoral.
Dans cette déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité « souligne qu’il importe d’adopter une approche globale pour régler les problèmes liés à la sécurité, à la situation économique, à la gouvernance et au développement en Afghanistan, qui ont un caractère interdépendant ».
Il « demande à l’ONU, agissant avec le soutien de la communauté internationale, d’apporter un appui aux programmes prioritaires nationaux du Gouvernement afghan dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, de la justice et du développement économique et social » et que soit « poursuivie la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue ».
Le Conseil « insiste sur la nécessité de renforcer les mécanismes de coopération et de coordination interrégionaux et internationaux existants afin de faire face de manière intégrée, globale et équilibrée au problème de la drogue, y compris dans le cadre d’un programme de sécurité, de développement et de renforcement d’institutions sur le long terme ».
Enfin, il « demande aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour faire pièce à la menace que la production, le trafic et la consommation de drogues illicites au départ de l’Afghanistan font peser sur la communauté internationale ».
Auparavant, dans son exposé trimestriel au Conseil, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Ján Kubiš, a déclaré qu’une « transition politique en temps opportun » avec un résultat de l’élection présidentielle « stable et unificateur » était « le souhait des Afghans et la condition nécessaire pour permettre au pays de relever les défis politique, sécuritaire et de développement ».
M. Kubiš, qui présentait par visioconférence le rapport* du Secrétaire général sur la « situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales », a jugé porteuse d’espoir et encourageante la participation des Afghans aux deux tours de l’élection présidentielle, qui ont eu lieu le 5 avril et le 14 juin. « Avec fierté et détermination, ils se sont rendus aux urnes en soutenant une transition politique démocratique et pour mettre fin aux cycles d’une violence ruineuse », a-t-il dit.
M. Kubiš a appelé les deux candidats à la présidentielle à coopérer d’urgence pour empêcher tout scénario de glissement vers la confrontation et la violence, lequel, malheureusement, ne peut pas être exclu pour le moment. Dans ces moments de tension, les faux pas, les malentendus, les incompréhensions et les actions d’une minorité radicale peuvent avoir des conséquences plus larges, a-t-il prévenu, appelant au calme entre les partisans des deux candidats.
Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans son rapport, estime que « le nouveau dirigeant du pays devra, entre autres priorités, se prononcer sur les cadres juridiques de la présence des troupes des États-Unis et de l’OTAN en Afghanistan après 2014 ».
Il précise que même si la présence physique des troupes des États Membres participant à la FIAS décroît, ceux-ci doivent « continuer d’apporter une sécurité et une aide au développement prévisibles » et « renforcer les systèmes afghans ». « On ne peut donner l’impression d’abandonner le peuple afghan », préconise-t-il, notant que « le principe d’une direction afghane appuyée par la communauté internationale durant les décennies du changement est au cœur même de la transition ».
Le Secrétaire général souligne que « les engagements mutuels pris au Sommet de l’OTAN à Chicago et à la Conférence de Tokyo doivent être tenus. Le Sommet de l’OTAN en septembre et la Conférence ministérielle sur le développement, prévue à Londres en novembre sont d’importantes occasions de réaffirmer et de renforcer les engagements mutuels avec le Gouvernement d’Afghanistan ».
De son côté, le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yury Fedotov, a dit que l’Afghanistan avait besoin d’un appui international continu, alors que la transition entamée en 2014 se trouve dans une situation qui risque de créer une incertitude politique et sécuritaire considérable. Il a indiqué que selon les estimations de l’ONUDC, la valeur du commerce mondial d’opium, dont l’Afghanistan est le premier producteur mondial, s’élève à 68 milliards de dollars.
L’Afghanistan est le centre mondial d’un trafic illicite de plusieurs milliards de dollars, qui a un impact sur la sécurité, l’état de droit, la santé et le développement durable du pays, a-t-il déploré. Le lien entre absence de sécurité et culture intensive du pavot est évident, a-t-il dit en notant que le blanchiment de l’argent provenant de la drogue empêche une bonne collecte de l’impôt en Afghanistan.
Dans le débat qui a suivi, et auquel ont participé une trentaine de délégations, le représentant de l’Afghanistan a déclaré que les progrès accomplis par le pays vers la durabilité et l’autosuffisance dépendaient de la capacité des institutions afghanes à assurer la gouvernance de l’Afghanistan et à en promouvoir le développement économique. « C’est un défi qui nécessite, a-t-il dit, l’appui de la communauté internationale. »
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
La situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2014/420)
Déclarations
M. JÁN KUBIŠ, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, qui s’exprimait par visioconférence, a précisé que le rapport du Secrétaire général avait été finalisé avant le second tour de l’élection présidentielle, qui a eu lieu le 14 juin. Il a ainsi présenté une version actualisée de la situation en tenant compte du scrutin.
Une transition politique en temps opportun et avec un résultat stable et unificateur est le souhait des Afghans et la condition nécessaire pour permettre au pays de relever les défis politique, sécuritaire et de développement qui se posent à lui, a déclaré M. Kubiš. Ceci suppose, a-t-il ajouté, un leadership afghan fort dans les réunions internationales de haut niveau à venir, et qui vise à élaborer et à renforcer les engagements mutuellement pris entre l’Afghanistan et la communauté internationale pour les années à venir.
Il a jugé porteuse d’espoir et encourageante en ces temps de défis la participation des Afghans aux deux tours de l’élection présidentielle, qui ont eu lieu le 5 avril et le 14 juin. Avec fierté et détermination, ils se sont rendus aux urnes en soutenant une transition politique démocratique et pour mettre fin aux cycles d’une violence ruineuse, a-t-il dit.
Après avoir fait état des violences et des pertes en vies humaines enregistrées lors du processus électoral, M. Kubiš a souligné la détermination et le sacrifice dont ont fait preuve les candidats, le personnel électoral, les agents de sécurité et les électeurs, lesquels doivent être à présents dans l’esprit des dirigeants de l’Afghanistan. Des millions de personnes sont venues appuyer les deux candidats et ont exprimé leur désir de changement et le choix d’un avenir plus pacifique pour eux-mêmes et leurs enfants.
Les candidats à la présidentielle doivent s’engager immédiatement l’un envers l’autre, et avec les institutions électorales mandatées, pour définir activement des solutions en vue de contribuer à faire progresser le processus, ceci afin de lui apporter encore plus de qualité et de crédibilité et de les renforcer. Il ne saurait y avoir de transition politique sans élections pour décider de la direction légitime du pays, qui doit être acceptée par la majorité. Ceci est nécessaire pour protéger la Constitution et les autres succès enregistrés depuis la chute des Taliban, a déclaré M. Kubiš.
M. Kubiš a appelé les deux candidats à coopérer d’urgence pour empêcher tout scénario de glissement vers la confrontation et la violence, lequel, malheureusement, ne peut pas être exclu pour le moment. Dans ces moments de tension, les faux pas, les malentendus, les incompréhensions et les actions d’une minorité radicale peuvent avoir des conséquences plus larges, a-t-il prévenu, appelant au calme entre les partisans des deux candidats en lice. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises par les deux leaders de tendances pour éviter tout glissement sur une pente menant vers des troubles civils et l’instabilité, a insisté le Représentant spécial.
La classe politique afghane, et notamment les deux candidats, M. Abdullah Abdullah et M. Ashraf Ghani, ont une responsabilité primordiale pour gérer cette situation, a dit M. Kubiš, jugeant que les souhaits de la population pour une conclusion rapide de la transition, conformément aux lois du pays, devaient être respectés.
M. Kubiš a en outre mis l’accent sur le défi constitué par la relation entre l’Afghanistan et le Pakistan. Il a souligné l’importance de la création de nouveaux mécanismes bilatéraux pour mieux assurer la poursuite des efforts qui permettraient d’avoir une entente sur les intérêts partagés qu’offrirait une stabilité accrue et un plus grand développement économique.
Il a souligné que depuis la finalisation du rapport du Secrétaire général, le Gouvernement pakistanais avait lancé des opérations militaires dans le nord-Waziristan, provoquant des mouvements massifs des populations des zones touchées. Les autorités afghanes, avec le plein appui des organismes, fonds et programmes des Nations Unies, ont travaillé à fournir une assistance aux personnes déplacées, la majorité étant hébergée dans les communautés locales.
Les Afghans souhaitent un avenir meilleur et attendent que leurs dirigeants œuvrent en ce sens, a conclu M. Kubiš. Il a espéré que le mois de Ramadan aidera à ouvrir la voie à un avenir pacifique pour un Afghanistan stable et uni.
M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a dit que l’Afghanistan avait besoin d’un appui international continu alors que la transition entamée en 2014 se trouve dans une situation qui risque de créer une incertitude politique et sécuritaire considérable. Il a indiqué que selon les estimations d’ONUDC, la valeur du commerce mondial d’opium, dont l’Afghanistan est le premier producteur mondial, s’élève à 68 milliards de dollars. Quatre-vingt pour cent de l’opium et de l’héroïne consommés au niveau mondial sont produits en Afghanistan, ce qui représenterait entre 10 et 15% du PIB du pays, a précisé M. Fedotov. Il a précisé que la surface des terres cultivées pour la production du pavot à opium a atteint en 2013 un niveau historique de 209 000 hectares, et que la production d’opium a augmenté de 50% depuis 2012 pour atteindre 5 500 tonnes. L’Afghanistan est le centre mondial d’un trafic illicite de plusieurs milliards de dollars, qui a un impact sur la sécurité, l’état de droit, la santé et le développement durable du pays, a déploré le Directeur exécutif de l’ONUDC. Le lien entre absence de sécurité et culture intensive du pavot est évident, a-t-il dit en notant que le blanchiment de l’argent provenant de la drogue empêche une bonne collecte de l’impôt en Afghanistan.
M. Fedotov a précisé que les services afghans de lutte contre les stupéfiants ont lancé, en 2013, 440 opérations de police résultant en 383 arrestations, et ont démantelé 2 laboratoires de production d’héroïne et saisi 2,8 tonnes d’opiacés et 13,8 tonnes de précurseurs chimiques.
Le Directeur exécutif de l’ONUDC a dit que le rôle de l’Office était d’appuyer les efforts de l’Afghanistan, mais aussi de promouvoir la coopération internationale en matière de lutte contre la drogue, comme en témoigne l’initiative triangulaire qui unit l’Afghanistan, l’Iran, le Pakistan. Il en est de même du Groupe AKT qui réunit l’Afghanistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. Parmi ses recommandations, M. Fedotov a dit qu’il est nécessaire d’éliminer les opportunités dont peuvent profiter les criminels en se concentrant sur la promotion de la bonne gouvernance et sur la lutte contre la corruption. Il a appelé le Conseil de sécurité à traduire les recommandations du Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo en actions fermes pour éliminer la corruption dans les institutions afghanes.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a déclaré que son pays se trouvait à un moment crucial, avec la dernière étape de l’élection présidentielle. L’élection présidentielle du 5 avril et du 14 juin a suscité un espoir sans précédent en Afghanistan, a-t-il dit, saluant la participation des Afghans à ce scrutin. Le délégué a souligné que les citoyens afghans avaient voté par millions, un chiffre dépassant les attentes, défiant ainsi les Taliban et les terroristes, non seulement pour manifester leur attachement à la paix mais aussi pour confirmer les succès enregistrés par l’Afghanistan ces dernières années.
Il s’est dit attristé par les pertes en vies humaines et les blessés subis par les forces de sécurité, déplorant également les attaques contre les infrastructures électorales et certains candidats. Il a salué les efforts entrepris par la Commission électorale indépendante et la Commission indépendante du contentieux électoral.
M. Tanin a dit que sa délégation appréciait l’engagement des Nations Unies à se tenir aux côtés du peuple afghan en soutenant l’intégrité du processus électoral, géré et conduit par les Afghans eux-mêmes, et qui aboutira à l’établissement d’un nouveau gouvernement reflétant la volonté des Afghans.
Il a déclaré que les progrès accomplis par le pays vers la durabilité et l’autosuffisance dépendaient de la capacité des institutions afghanes à assurer la gouvernance de l’Afghanistan et à en promouvoir le développement économique. C’est un défi qui nécessite, a-t-il dit, l’appui de la communauté internationale. Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de surmonter les difficulté et obstacles interdépendants de la sécurité, de la paix, de la bonne gouvernance et du développement.
Le Représentant permanent de l’Afghanistan a mis l’accent sur la coopération à multiples facettes qu’entretient son pays avec les États partenaires de la région. Exprimant sa préoccupation face aux opérations militaires récemment lancées par le Pakistan dans le nord du Waziristan, qui ont provoqué le déplacement de milliers de familles vers la province afghane de Khost et des pertes en vies humaines, il a exhorté le Pakistan à donner la priorité à l’Afghanistan en ce moment critique.
M. GARY QUINLAN (Australie) a salué la forte participation des Afghans, notamment des femmes, aux récentes élections. Il a dit que le Conseil de sécurité doit adopter aujourd’hui une déclaration qui sera un message fort de la communauté internationale en appui à ce processus électoral. Il a salué le travail remarquable accompli par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et le partenariat entre l’ONU et l’Afghanistan, qui a été décisif pour assurer la logistique électorale. « Nous attendons le jalon historique que constituera le premier transfert de pouvoir démocratique de l’histoire de l’Afghanistan », s’est félicité le représentant de l’Australie. Il a aussi salué le fait que les Forces nationales de sécurité afghanes ont montré leur capacité croissante à lutter contre l’insurrection des Taliban et à renforcer la sécurité à travers tout l’Afghanistan.
Il a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à mettre en œuvre les recommandations issues de la Conférence de Tokyo de 2012 sur l’Afghanistan, afin de permettre un développement économique et social durable en Afghanistan. Il a encouragé les autorités afghanes à garantir que la Commission nationale indépendante des droits de l’homme afghane puisse remplir son rôle d’institution autonome, indépendante et efficace. Notant que les engins explosifs artisanaux continuent d’être la cause principale de pertes de vies civiles à travers le pays, il a appelé les États Membres à la plus grande vigilance et les a invités à œuvrer à l’établissement de bonnes pratiques pour lutter contre la fabrication de ces engins. Estimant que l’Afghanistan se trouve au seuil d’une transformation, il a exhorté la communauté internationale à l’appuyer.
M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a salué la tenue des élections du 5 avril et du 14 juin en Afghanistan, de même que les efforts menés par le Gouvernement afghan en vue de la promotion et du renforcement de la présence des femmes, en tant que candidates, électrices et observatrices. Une transition politique légitime, issue de résultats acceptés par les candidats et les électeurs, est fondamentale pour la stabilité, a estimé M. Barros Melet, qui a insisté sur la nécessité de respecter un processus crédible, transparent, inclusif et pleinement conforme au cadre juridique et constitutionnel fixé par l’Assemblée nationale afghane. Il a aussi rendu hommage au travail de la Commission électorale indépendante et de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).
M. Barros Melet a également exhorté à préserver les acquis en matière de droits de l’homme, notamment ceux des femmes et des filles, et a demandé l’application de la résolution 1325, notamment par l’inclusion de femmes dans les forces de police et de sécurité, action qui devrait continuer d’être une priorité pour les nouvelles autorités. Le représentant du Chili a aussi jugé crucial que le nouveau Gouvernement mette en œuvre la loi sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes et mette fin à l’impunité.
Passant à la question de l’utilisation d’engins explosifs improvisés par les insurgés, il a fait part de sa préoccupation face au nombre croissant de morts et de blessés parmi les civils, le chiffre enregistré cette année marquant un record depuis 2011. Dans ce contexte, M. Barros Melet s’est félicité des nouvelles dispositions contenues dans la résolution 2160 du 17 juin dernier en vue de la réduction de la fabrication, du transfert et de l’utilisation de tels engins.
Il a ensuite abondé dans le sens de M. Fedotov, le Directeur exécutif de l’ONUDC, qui s’est alarmé de l’augmentation de la production et du trafic de drogues en Afghanistan, qui ont atteint un nouveau record, l’année dernière, notamment en ce qui concerne la production de l’opium. M. Barros Melet a toutefois reconnu les efforts déployés par le Gouvernement en vue de relever ce défi. Du point de vue de la situation humanitaire dans le nord du pays, après les pluies diluviennes qui ont affecté la région, il a mis l’accent sur la vulnérabilité permanente de Afghans aux catastrophes naturelles, sur la situation des déplacés à l’intérieur et sur l’insécurité alimentaire.
Condamnant le terrorisme en Afghanistan, il a considéré qu’il était impératif de poursuivre le renforcement des capacités des forces de sécurité afghane, dans la perspective du retrait, fin 2014, de la Force internationale de sécurité et d’assistance à l’Afghanistan (FIAS).
M. LAWRENCE MANZI (Rwanda) a estimé que la forte participation des électeurs afghans aux scrutins du 5 avril et du 14 juin démontre la forte volonté des Afghans d’œuvrer en faveur d’une transition démocratique. Néanmoins, il s’est inquiété de la situation sécuritaire, qui reste instable, alors que l’on observe une augmentation de 22% du nombre d’incidents à travers le pays depuis 2013.
Il a estimé que les Forces nationales de sécurité afghanes ont prouvé qu’elles étaient de plus en plus capables de faire face aux menaces tout en rappelant que la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) se retirera à la fin de cette année 2014. Il a dit que la mise en œuvre du Cadre de Tokyo est fondamentale pour la stabilité à long terme du pays. Le représentant a exhorté les autorités afghanes à respecter les engagements qu’ils ont pris en matière de promotion de la bonne gouvernance et de lutte contre la corruption. Il a appelé à l’accomplissement de plus de progrès en matière de lutte contre les stupéfiants.
Mme RITA KAZRAGIENĖ(Lituanie) a, à propos des élections en Afghanistan, exhorté les candidats à s’engager de manière constructive auprès des institutions électorales, à s’abstenir de tout acte qui pourrait inciter à la violence, au désordre public ou conduire à l’instabilité, et à accepter le résultat des élections une fois que les plaintes auront été examinées conformément à la loi.
Elle a ajouté que la situation sécuritaire en Afghanistan restera une source de problèmes et un défi pour les nouveaux dirigeants du pays. Les populations civiles sont prises dans les combats entre les forces nationales de sécurité et les groupes armés de l’opposition, qui font des victimes parmi lesquelles figurent des femmes et des enfants, a regretté Mme Kazragienė. Elle a aussi noté l’augmentation des incidents dans l’est du pays, qui sont causés par des groupes affiliés à Al-Qaida, parallèlement aux activités menées par les Taliban.
L’appui international à l’armée et à la police afghanes restera important durant et après la période de transition. La Lituanie s’est engagée à appuyer les Forces nationales de sécurité afghanes après 2014, a-t-elle rappelé. Elle a noté qu’un petit progrès a été fait dans le dialogue entre le Gouvernement et l’opposition armée. Ces efforts doivent se poursuivre, y compris au niveau local, où ils peuvent être mieux abordés. En outre, l’existence d’un Afghanistan économiquement stable, sécurisé et durable ne peut être fondée que sur l’état de droit, le renforcement des institutions démocratiques, et le respect des droits et des devoirs des citoyens. La représentante a regretté que les progrès, en ce qui concerne les droits de l’homme, soient limités. Cent mille enfants sont privés de leur droit à l’éducation, a-t-elle dénoncé. Elle a ajouté que la coopération régionale est essentielle pour le développement et la stabilité de l’Afghanistan.
M. KAYODE LARO (Nigéria) a notamment souligné le fait que des millions d’électeurs afghans se sont déplacés pour aller voter lors de l’élection présidentielle, montrant clairement que le peuple afghan a adopté la démocratie. Il a exhorté les candidats à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire et d’autres actions qui pourraient mettre en danger la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan. Il a mis l’accent sur le niveau extrêmement important de la participation des femmes au scrutin, prouvant ainsi la forte autonomie dont elles jouissent désormais dans le pays.
Le représentant du Nigéria a également salué les dirigeants afghans pour leurs efforts en vue de lutter contre la production et le trafic de drogues. Il s’est félicité des progrès réalisés dans le cadre de la coopération régionale. Il a encouragé les autorités afghanes à renforcer la lutte contre les stupéfiants en travaillant étroitement avec les pays voisins.
Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) a déclaré sa satisfaction de voir l’Afghanistan aller vers « un moment historique », après l’élection présidentielle qui vient d’avoir lieu et verra le premier transfert de pouvoir démocratique se produire dans le pays. Elle a estimé qu’il y a des raisons d’être optimiste en évoquant la manière dont ont eu lieu les campagnes électorales, couvertes par des médias afghans faisant preuve de plus de maturité. Elle s’est félicitée que 2,5 millions de femmes aient voté lors du premier tour des élections provinciales et présidentielle. « De nombreuses femmes étaient observatrices électorales ou candidates aux élections provinciales », s’est-elle aussi félicitée. Elle a dit que le principal défi à relever sera celui de l’évaluation du bien-fondé ou non des allégations de fraude électorale. S’agissant de la sécurité, elle a précisé que 9 800 soldats américains resteront en Afghanistan jusqu’à 2015 pour former et aider les Forces nationales de sécurité afghanes dans le cadre de la mission de l’OTAN. La représentante a dit que les États-Unis seront heureux de discuter de l’avenir de cette mission avec le nouveau Gouvernement élu de l’Afghanistan. Elle a cependant prévenu que les choix les plus difficiles concernant l’avenir devront être pris par les dirigeants afghans eux-mêmes, et elle leur a recommandé de s’appuyer sur les gains de la dernière décennie.
Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a déclaré qu’il est crucial que le courage des électeurs afghans soit récompensé et que les espoirs placés dans les élections ne soient pas déçus. Elle a appelé les candidats à coopérer avec les institutions chargées du processus électoral et à respecter leur autorité. Elle a demandé à ces institutions de s’acquitter de leur tâche de manière transparente et efficace. Les différends devront être traités à l’intérieur du cadre légal prévu à cet effet, et non par médias interposés, ou par des intimidations ou la violence.
Lorsque les résultats définitifs auront été proclamés le 22 juillet, ce sera la totalité du peuple afghan qui sera victorieux. Le candidat élu devra choisir de former un gouvernement inclusif et représentatif de la diversité afghane, a estimé la représentante qui a ajouté que d’autres chantiers doivent avancer pour consolider les progrès réalisés par le pays au cours de la décennie écoulée, à commencer par celui des droits de l’homme et notamment des droits des femmes. « Nous espérons que le futur chef de l’État réservera dans son gouvernement une place significative aux femmes et qu’il aura à cœur de promouvoir leur participation active dans le processus de paix et de réconciliation. Leur participation aux élections législatives de 2015 constituera un bon étalon pour juger de l’évolution de leur place dans la vie publique », a dit Mme Lucas.
S’agissant de la sécurité, le Luxembourg restera engagé aux côtés du peuple afghan et des Forces nationales de sécurité afghanes après 2014, a indiqué Mme Lucas. En retour, il est fondamental que toute incertitude soit levée quant au cadre légal des futures missions internationales d’appui aux Forces nationales de sécurité afghanes, a-t-elle estimé. La recrudescence du trafic de drogue et de la culture des opiacés en Afghanistan est un motif de profonde préoccupation. Relever ce défi va requérir l’engagement de tous, non seulement en Afghanistan, mais également au niveau régional, et de la part de la communauté internationale. Pour sa part, le Luxembourg accueillera positivement toute initiative visant à favoriser les synergies entre l’ONUDC et la MANUA, a souligné la représentante.
M. MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a déclaré que lors du scrutin présidentiel, le peuple afghan, par sa participation forte et audacieuse au vote, avait exprimé son engagement vis-à-vis du processus politique, du rejet de la violence, ainsi que sa volonté d’aller de l’avant. Il a appelé les deux candidats aux fonctions de président à mettre au premier plan les intérêts de l’Afghanistan et de son peuple, et à tout faire pour sortir le pays de l’impasse.
La communauté internationale doit se rendre compte que sans un appui international pendant le processus de transition et après, les autorités afghanes auront beaucoup de difficultés à faire face à des défis de sécurité, économique et autres, qui sont liés. Les Afghans ne doivent pas se sentir abandonnés, a-t-il dit. Il a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération régionale pour lutter contre le trafic, la contrebande et le commerce des stupéfiants.
Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a exhorté toutes les parties prenantes aux élections afghanes à s’abstenir de toute incitation à la violence. Elle a jugé indispensable que toutes les plaintes portant sur le déroulement du scrutin ou le dépouillage des urnes soient examinées par le biais des procédures constitutionnelles appropriées. Elle s’est inquiétée de l’augmentation du nombre de pertes en vies civiles, comparé à ce qu’était la situation en ce domaine à la même période en 2013. Elle s’est inquiétée aussi des effets dévastateurs de la production et de la consommation d’opium sur la stabilité en Afghanistan. Elle a salué la stratégie de lutte antidrogue de l’Afghanistan et le rôle que joue l’ONUDC pour soutenir ces efforts.
M. WANG MIN (Chine) a affirmé que la reconstruction et la stabilité de l’Afghanistan dépendaient des efforts du peuple et du Gouvernement afghan et de l’appui que peut leur apporter la communauté internationale. Cette dernière doit adhérer à des principes dirigés et décidés par l’Afghanistan, a souligné le représentant. Il s’est dit gravement préoccupé par les pertes civiles dénombrées à la suite des attentats terroristes commis en Afghanistan.
Il a exhorté la communauté internationale à jouer un rôle positif et constructif pour contribuer à un processus afghan de large réconciliation. Il a espéré que le Gouvernement de l’Afghanistan continuera à favoriser le développement économique pour que la population puisse profiter des dividendes de la paix et de la stabilité. Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer la lutte contre le trafic et la production de stupéfiants.
M. BANTÉ MANGARAL (Tchad) s’est félicité que les élections afghanes aient enregistré un nombre important de candidatures féminines. Il a estimé que le succès de ces élections traduisait la volonté de toutes les composantes de la société afghane de résoudre, par le dialogue inclusif, la crise que traverse depuis trop longtemps le pays. Il a déploré la dégradation de la situation sécuritaire et des droits de l’homme, avant et après le scrutin, et qui est le fait des activités des Taliban et des groupes armés illégaux. Il a jugé essentiel que les auteurs des violences soient traduits en justice. Le représentant s’est inquiété des conséquences qu’ont, sur les populations de la région, l’augmentation de la production et la montée de la consommation d’opium, avant d’exhorter les pays de la région à intensifier leur collaboration afin de mieux lutter contre la production, les trafics, et la consommation de stupéfiants.
M. FRANCISCO JAVIER DE ANTUENO (Argentine) a dit que la forte participation des citoyens, y compris des femmes, aux scrutins électoraux, montre l’engagement des Afghans dans la construction de leur avenir. Il est nécessaire, a-t-il dit, que les résultats de l’élection présidentielle reflètent l’expression des urnes. Il est en outre indispensable que les candidats respectent le résultat du scrutin, a-t-il souligné.
Le représentant argentin a appelé à respecter les priorités et les programmes établis par le Gouvernement afghan lui-même en matière de développement économique. De même, il a mis l’accent sur la nécessité d’appuyer les efforts en vue de lutter contre le trafic et la production de stupéfiants.
M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a salué « les moments extraordinaires de courage du peuple afghan », qui a participé en masse aux élections du 5 avril et 14 juin 2014. Il a exhorté les deux candidats à respecter les décisions des institutions électorales. Il a salué le dévouement des membres des forces de sécurité, qui ont permis au Gouvernement d’établir les bases et fondements d’une démocratie. Pour le Royaume-Uni, la signature de l’accord bilatéral de sécurité et du statut des forces est essentielle, a-t-il dit. S’agissant du défi que constitue la lutte contre le trafic de stupéfiants, le représentant du Royaume-Uni a estimé qu’il s’agissait d’un problème complexe qui nécessite une réponse globale.
M. PHILIPPE BERTOUX (France) a déclaré que la tenue des deux tours de scrutin des élections présidentielles et provinciales afghanes, a révélé le haut degré de professionnalisme des instances afghanes en charge de leur organisation. La phase postélectorale est aussi critique que la préparation du scrutin, a-t-il estimé. Il est essentiel que d’éventuelles contestations des résultats, si elles ne s’exprimaient pas selon les règles et les procédures, ne viennent pas ternir ce succès de la démocratie afghane. Il ne peut y avoir de mode de désignation du futur président afghan, et ce pour les prochains mandats également, qu’à travers le respect du processus électoral, a dit M. Bertoux.
Les deux candidats en lice doivent se conformer aux opérations en cours et éviter toute rhétorique provocatrice. La confiance dans les phases de dépouillement, de comptage et de proclamation des résultats est la clef de la légitimité du futur président, et partant, de sa capacité à prendre les rênes du pays. Le représentant a salué la décision prise par M. Abdullah Abdullah de reprendre sa coopération avec les institutions compétentes.
L’entrée de l’Afghanistan dans une nouvelle phase ne doit pas faire oublier les nombreux défis auxquels le pays est toujours confronté et pour lesquels l’appui de la communauté internationale reste nécessaire, notamment la recrudescence du trafic de drogues, a rappelé M. Bertoux. Relever ce défi suppose l’engagement de tous, en particulier les partenaires régionaux de l’Afghanistan. Tout doit être fait pour éviter le pire: il ne faut pas laisser l’Afghanistan livré à lui-même, face à une insurrection certes affaiblie, mais à laquelle le retrait de la communauté internationale pourrait profiter, et avec un tissu socioéconomique et institutionnel reconstruit mais encore fragile, a prévenu le représentant.
M. Bertoux a aussi expliqué que la déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui à l’initiative de la Fédération de Russie, présidente du Conseil pour ce mois de juin, dresse précisément ce constat. Elle est une invitation à réfléchir, alors que se termine une phase d’intense engagement de la communauté internationale, à la forme que prendra notre présence future en Afghanistan. Elle entend indiquer que le sujet de la lutte contre la drogue fera aussi partie de notre réflexion. L’action de la communauté internationale en Afghanistan doit en effet s’adapter. « Je pense en particulier à la place et aux droits des femmes dans la société afghane », a souligné le représentant.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné l’importance historique des élections présidentielle et locales afghanes, malgré les tentatives menées par les terroristes pour les empêcher ou les détruire. Les Afghans, a-t-il ajouté, ont montré leur attachement à la démocratie et envers un État fort.
M. Churkin a mis l’accent sur la nécessité d’une analyse globale des risques et des menaces auxquels l’Afghanistan est confronté. L’opposition armée, nourrie par des sources internes et externes, notamment par la production et le trafic de drogues, se renforce, a-t-il dit. Il a exprimé la préoccupation de la Fédération de Russie, face au fait que des groupes comme Al-Qaida se sentent en confiance. Il s’est déclaré inquiet des activités terroristes croissantes dans le nord et le nord-est du pays. La Fédération de Russie appuie les efforts du Gouvernement afghan pour promouvoir la réconciliation nationale, a-t-il dit.
Il s’est dit préoccupé par l’accroissement de la production de drogue en Afghanistan, pays devenu, a-t-il dit, un centre planétaire, tout cela malgré la présence de la FIAS. Il a plaidé notamment pour que cette question puisse être intégrée à l’ordre du jour de la session spéciale de l’Assemblée générale de 2016.
M. BHAGWANT SINGH BISHNOI (Inde) a dit que les attaques lancées le 23 mai contre le Consulat de l’Inde à Hérat ont été un rappel cruel du fait que le terrorisme, et non les différences ethniques ou tribales, est la plus grande menace à la paix, à la stabilité et à la croissance économique en Afghanistan. Le processus de réconciliation, a-t-il poursuivi, doit être mené, dirigé et contrôlé par les Afghans eux-mêmes. Rappelant la position du Mouvement des non-alignés, le représentant a prévenu que toute tentative de mettre le Gouvernement de l’Afghanistan et le régime des Taliban sur un pied d’égalité ne sera jamais acceptée. L’Inde, a-t-il dit, n’a pas de « stratégie de sortie » en Afghanistan, pays avec lequel elle partage des liens qui remontent à plusieurs centaines d’années. Il a donc assuré les autorités et le peuple afghans du soutien sans faille des autorités et du peuple indiens.
M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a déclaré que le fait que de nombreux Afghans aient participé au processus électoral pour faire entendre leur voix, en dépit des efforts déployés par les insurgés pour les en dissuader, montre à quel point les Taliban sont maintenant marginalisés en Afghanistan. Le Canada reconnaît, a-t-il ajouté, le travail accompli par le Ministère de l’intérieur et par les Forces nationales de sécurité afghanes, qui a rendu possible la tenue de ces élections malgré les menaces des insurgés.
Néanmoins, a poursuivi le représentant « nous sommes profondément préoccupés par les allégations de fraudes qui ont été soulevées par certains candidats ». Il a exhorté la Commission indépendante du contentieux électoral à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire la lumière sur les allégations et sur les plaintes qui ont été déposées et à faire en sorte d’apporter des réponses transparentes et exhaustives. Il faut que soit maintenue la confiance des citoyens envers le processus électoral, et il est primordial qu’il permette à la volonté du peuple afghan de s’exprimer, a dit le représentant.
Il a ajouté que les prochains mois mettront à l’épreuve le nouveau Président de l’Afghanistan. Étant donné que les forces internationales se retirent du pays cette année, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan reposent de plus en plus sur des Forces nationales de sécurité afghanesbien entraînées et bien équipées. « Nous demandons instamment au Gouvernement afghan de signer, dès que possible, l’accord bilatéral de sécurité proposé par les États-Unis, et de conclure et signer la Convention sur le statut des forces avec l’OTAN, afin de permettre à la communauté internationale de planifier la prochaine étape de l’aide militaire à l’Afghanistan. Il sera essentiel d’assurer la responsabilisation et la transparence concernant le financement international du maintien de la puissance des Forces nationales de sécurité afghanes. Le Canada s’est engagé à verser 330 millions de dollars sur trois ans à compter de 2015, a dit le représentant. Il a en outre indiqué que la réussite future et la stabilité de l’Afghanistan seront liées à l’amélioration du statut de la femme afghane et à sa pleine participation à la marche de la société. Il est aussi impératif que le nouveau Président de l’Afghanistan veille à ce que le pays continue d’honorer ses engagements envers le Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo, dont dépend le versement de 227 millions de dollars d’aide canadienne d’ici à 2017.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) a affirmé que suite à l’élection présidentielle, les institutions afghanes avaient des responsabilités historiques pour achever la tâche en cours et entrer dans une nouvelle ère du développement du pays. Le Pakistan, a-t-il dit, appuie un Afghanistan libre et démocratique. Il a précisé que la sécurité avait été renforcée le long de la frontière, des troupes pakistanaises supplémentaires y ayant été déployées.
Le délégué pakistanais a mis l’accent sur la nécessité d’un règlement politique durable en Afghanistan par le biais de la mise en place d’un processus de réconciliation inclusif. Il a souligné l’importance de ne pas laisser de vide sécuritaire dans le pays. Sur le plan économique, la communauté internationale a le devoir de ne pas laisser se développer en Afghanistan une récession économique, a-t-il estimé. Dans le cadre de la coopération trilatérale entre l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan, des mesures de contrôle plus strictes du trafic de stupéfiants sont mises en place, en particulier le long des frontières, a-t-il dit.
Le représentant a souligné que son pays avait lancé une opération pour donner un coup fatal aux terroristes internationaux et locaux qui se cachent dans des zones tribales. Certaines zones ont été ainsi purgées de terroristes, et leurs réseaux ont été démantelés pour rétablir les pleins pouvoirs de l’État dans ces territoires, a-t-il déclaré.
M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé que pour apporter un appui aux élections présidentielle et provinciales en Afghanistan, son pays a versé la somme de 16 millions de dollars au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Il a espéré que le processus conduisant à l’annonce des résultats définitifs, programmée le 22 juillet, se fera de manière juste, rapide et pacifique. Il est essentiel que les deux candidats, M. Abdullah et M. Ghani, respectent le mandat des organes électoraux et coopèrent pour éviter d’aggraver la situation. Les organes électoraux doivent aussi faire preuve de transparence et d’intégrité pendant le décompte des voix et l’examen des plaintes, a souligné M. Yoshikawa.
Le représentant a dit que le vainqueur aura la lourde tâche de s’attaquer à des défis importants, dont celui du développement économique durable de l’Afghanistan, en particulier dans sa relation avec le Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo., établi lors de la Conférence de juillet 2012. Le mois dernier, a rappelé le représentant, le Japon a accueilli la réunion du Groupe de contact international, qui a affirmé que le Cadre continuera d’être la référence régissant les relations entre les donateurs et le nouveau Gouvernement afghan. M. Yoshikawa a dit attendre avec intérêt des résultats concrets des efforts déployés par l’Afghanistan à la réunion ministérielle de suivi, qui doit se tenir à Londres en novembre de cette année. La Conférence de Londres sera d’ailleurs l’occasion d’expliquer au nouveau Gouvernement afghan les paramètres du Cadre, a-t-il précisé.
Le représentant a rappelé que depuis 2001, le Japon a financé à hauteur de 5,4milliards de dollars les efforts de développement en Afghanistan, se hissant ainsi à la deuxième place des plus grands contributeurs après les États-Unis. La Conférence de 2012 ayant promis plus de 16 milliards de dollars d’ici 2015 à l’Afghanistan, et dans ce cadre, le Japon met en œuvre des efforts qui lui permettront de tenir la promesse qu’il avait faite de contribuer, au moins à hauteur de 3 milliardsde dollars, pendant cinq ans, aux ressources d’aide à ce pays à partir de l’année 2012..
M. INIGO LAMBERTINI(Italie) a souligné que la régularité de tout le processus électoral, jusqu’à l’annonce du nom du nouveau Chef d’État afghan, est cruciale, car seul un processus perçu comme légitime, crédible, transparent et inclusif aura l’adhésion des candidats battus et de l’opinion et permettra une transition politique pacifique et sans heurt dans le pays. À cette étape délicate, il est important que les deux candidats à la présidentielle et leurs partisans fassent preuve de retenue et d’un sens aigu de responsabilités. Ils doivent, a insisté le représentant, s’abstenir de se proclamer vainqueur trop tôt et s’engager à introduire toute plainte liée à l’élection par le biais des mécanismes appropriés.
Le représentant s’est réjoui qu’au deuxième tour, les candidats se soient montrés tous les deux ouverts à la signature d’un accord bilatéral de sécurité entre l’Afghanistan et les États-Unis, pour la période post-2014, et qu’ils se soient prononcés en faveur de la finalisation du cadre juridique nécessaire au maintien des troupes de l’OTAN. « Nous attendons de nos amis afghans », a conclu le représentant, « qu’ils restent fidèles à « l’héritage de Tokyo » et qu’ils atteignent des objectifs clairs et quantifiables dans les processus démocratique et électoral, la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance administrative et économique, et le respect des droits de l’homme.
M. IOANNIS VRAILAS, de l’Union européenne, a rappelé l’importance du travail de la Commission électorale indépendante et de la Commission indépendante du contentieux électoral. La publication sur Internet des résultats par bureau de vote doit se faire dans les temps impartis, et il faut que les lignes directrices pour le comptage des voix soient appliquées. Il est également essentiel que les candidats et leurs supporters accordent aux institutions électorales le temps et l’espace nécessaires pour qu’elles s’acquittent de leurs devoirs sans être soumises à des pressions et à des contraintes durant cette phase délicate, a dit M. Vrailas. Les deux candidats à la présidentielle devraient aussi agir avec responsabilité et exprimer leurs plaintes à travers les mécanismes appropriés. Les déclarations qui proclament des victoires prématurées ou qui risquent de faire augmenter la tension devraient être évitées.
M. Vrailas a annoncé que le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne a approuvé lundi dernier une nouvelle stratégie globale pour l’Afghanistan, dont l’objectif est notamment d’aider les institutions afghanes à avoir la résilience nécessaire pour préserver les progrès réalisés et pour avoir un État afghan stable, efficace et durable. Il a rappelé que l’Union européenne et ses États membres ont offert une aide de plus d’un milliard de dollars par an à l’Afghanistan, ce qui en fait le plus grand bénéficiaire de l’assistance européenne au monde. Ceci montre que nous tenons les promesses faites en matière d’aide internationale lors de la Conférence de Tokyo, a dit le délégué.
Pour pouvoir bénéficier des promesses d’aide, le nouveau Gouvernement de l’Afghanistan devra montrer des preuves de son engagement envers les politiques conclues, en mettant en œuvre des réformes politiques et économiques, conformément à ce qui est recommandé par le Cadre de responsabilité mutuelle de Tokyo. Des actions urgentes sont attendues pour restaurer la confiance, et pour établir les bases de la croissance et de la création d’emplois en Afghanistan.
M. HEIKO THOMS(Allemagne) a appelé toutes les parties prenantes à promouvoir l’unité nationale afghane et à ne pas laisser interférer d’autres intérêts. Il a rappelé que les élections devaient être avant tout le succès du peuple et des institutions afghans. Il a souhaité que la protection des femmes et des filles soit au cœur de toutes les initiatives. Le représentant a appelé à ne pas surcharger la MANUA avant de souhaiter que la Mission soit dotée des moyens nécessaires au succès de la mise en œuvre de son mandat. En outre, il a encouragé tous les partenaires de l’Afghanistan à aider ce pays à poursuivre ses efforts visant à promouvoir les droits de l’homme, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.
M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a souligné le comportement exemplaire du peuple afghan lors de l’élection présidentielle. Il a jugé d’une importance vitale que ce processus essentiel s’achève de façon satisfaisante et soit mené de façon pacifique, juste et transparente. Le délégué a mis l’accent sur les défis nombreux à relever par l’Afghanistan, ce pays pouvant compter sur l’appui de l’Espagne.
Mme INESE FREIMANE-DEKSNE (Lettonie) a salué les progrès remarquables enregistrés en Afghanistan, en particulier au niveau régional. Pour contribuer à la connectivité régionale, a-t-elle rappelé, la Lettonie a organisé les 13 et 14 juin derniers, une Conférence de haut niveau sur le transport, la logistique et le commerce par route, sous le thème: « Connecter l’Asie et l’Europe ». La Conférence a réuni quelque 400 participants, dont le Ministre des transports et de l’aviation civile de l’Afghanistan. Les participants ont convenu que la synchronisation des projets d’infrastructures nationaux doit être compatible avec les développements régionaux. La Lettonie, a assuré la représentante, profitera du fait qu’elle assumera la présidence du Conseil de l’Union européenne en 2015, pour promouvoir une coopération étroite avec les pays d’Asie. Pour développer encore plus la vision commune, la Lettonie organisera le 29 avril 2015, la prochaine conférence de haut niveau et continuera de contribuer au renforcement des capacités des experts afghans des chemins de fer et de l’aviation.
La coopération et le soutien de la communauté internationale resteront importants pour assurer des progrès durables en Afghanistan, a estimé Mme Freimane-Deksne. Il faut donc disposer de cadres juridiques adéquats pour permettre à ladite communauté de fournir un appui à l’Afghanistan dans le domaine de la sécurité après 2014. Une croissance économique et un processus d’édification de l’État fondé sur la bonne gouvernance, l’état de droit et les droits de l’homme, en particulier les droits de la femme et de l’enfant, devraient être à la base d’un Afghanistan démocratique, prospère et stable, a estimé la représentante.
Intervenant au nom de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) regroupant la Fédération de Russie, le Belarus, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, et le Tadjikistan, M. TALAIBEK KYDYROV(Kirghizistan) s’est félicité du rôle que joue l’ONU pour coordonner les efforts internationaux en appui à la stabilité de l’Afghanistan. Il a espéré que le peuple afghan s’unira afin de garantir l’égalité de toutes les composantes du pays. Il a salué les efforts menés par les autorités afghanes pour promouvoir la réconciliation nationale. Il a appelé les rebelles à déposer les armes, à reconnaître la Constitution afghane et à rompre définitivement leurs liens avec Al-Qaida et les autres organisations terroristes. Il s’est dit préoccupé néanmoins par l’intensification des activités d’Al-Qaida et des Talibans dans la zone adjacente à la zone de responsabilité de l’OTSC. Il s’est aussi dit préoccupé par les liens entre le terrorisme et le trafic de drogue en Afghanistan. Estimant que la production et le commerce de la drogue venant de l’Afghanistan alimentent le terrorisme international et la criminalité organisée, il a appelé a intensifier la coopération bilatérale et multilatérale entre l’Afghanistan et les pays de la région pour lutter contre le trafic de drogue en coopération avec l’ONUDC.
M. LEVENT ELER (Turquie) a déclaré que la plus importante étape a été franchie en Afghanistan après la tenue des élections présidentielle et provinciales. Il a ajouté que les institutions électorales afghanes disposent de la capacité nécessaire pour traiter toute impasse ou obstacle qui pourrait surgir dans le processus électoral. La Turquie croit qu’une transition politique réussie et fructueuse aura lieu dans ce pays. Le représentant a aussi dit « croire à ce que toutes les parties prenantes agiront en toute responsabilité et feront preuve de retenue ». À ce moment critique, la communauté internationale devrait continuer à investir dans des scénarios positifs pour l’avenir de l’Afghanistan, a-t-il préconisé.
Il a ajouté que la poursuite et la réussite d’efforts en faveur de la paix et la réconciliation dirigés par les Afghans eux-mêmes constituent une autre étape importante vers la sécurité, la stabilité et la transition politique. Il s’est réjoui de la croissante prise de conscience et de l’appropriation régionale de la recherche de solutions durables aux problèmes de l’Afghanistan. Alors que les forces internationales se retirent, la coopération régionale et l’engagement des pays de la région deviennent de plus en plus vitaux pour transformer la région en une zone de paix, de stabilité et de prospérité. Dans ce contexte, le représentant a apprécié le dialogue bilatéral et multilatéral et les efforts de coopération en cours, et il a félicité l’élan positif qui a été atteint avec le Processus d’Istanbul. « Nous nous réjouissons de la réunion ministérielle de Processus d’Istanbul qui aura lieu en Chine en août prochain », a-t-il ajouté.
Déclaration du Président du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité se félicite de la tenue du second tour de l’élection présidentielle afghane le 14 juin et réaffirme l’importance historique de cet événement pour la transition de l’Afghanistan et son développement démocratique. Il salue la participation du peuple afghan et le courage dont il a fait preuve en se montrant déterminé à voter malgré les menaces et les mesures d’intimidation provenant des Taliban et d’autres groupes extrémistes violents et terroristes. Il se félicite de la participation des femmes afghanes au processus électoral, et souligne le rôle essentiel qu’elles ont à jouer pour que le pays parvienne à une paix conduite par les Afghans eux-mêmes, à la démocratie et à la stabilité.
Le Conseil note avec satisfaction les efforts déployés par le peuple Afghan pour préparer et organiser ces élections, y compris les dispositifs de sécurité, et réaffirme l’importance du rôle joué par les institutions électorales afghanes, y compris la Commission électorale indépendante et la Commission du contentieux électoral. Il demande aux institutions électorales afghanes de faire respecter les normes d’intégrité les plus strictes tout au long de ce processus important et historique, et souligne que tout doit être fait pour assurer l’intégrité, la neutralité et la transparence du processus électoral, y compris en détectant et prévenant la fraude.
Le Conseil demande à toutes les parties prenantes de faire montre de patience et de respect dans leurs échanges avec les institutions électorales et leurs agents, de s’abstenir de tout acte susceptible d’inciter à la violence imminente ou à des troubles civils ou de conduire à l’instabilité, et de diriger toute plainte vers les mécanismes institutionnels créés en application des lois électorales afghanes et de la Constitution.
Le Conseil attend avec intérêt la conclusion du processus électoral conformément aux lois applicables et aux mandats des institutions électorales, souhaite que la transition vers le nouveau gouvernement se fasse en bon ordre et se félicite de l’appui que continue de fournir la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).
Le Conseil demande à toutes les entités politiques de collaborer dans le respect de la Constitution afghane, avec pour but de renforcer la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale de l’Afghanistan, afin d’assurer un avenir pacifique et prospère à l’ensemble de la population du pays.
Il condamne les actes de ceux qui ont tenté de perturber les élections, notamment les attentats terroristes menés contre des civils, y compris du personnel électoral et des candidats, ainsi que les attaques visant des infrastructures électorales. Il condamne les actes de violence et de terrorisme ayant pour but de déstabiliser le pays qui sont le fait des Taliban, d’Al-Qaida et d’autres groupes violents et extrémistes et groupes armés illégaux.
Le Conseil est conscient des sacrifices consentis par le peuple afghan et les Forces nationales de sécurité afghanes pendant la période électorale, et réaffirme qu’aucun acte de terrorisme ne saurait infléchir l’évolution vers la paix, la démocratie et la stabilité sous direction afghane.
Déclaration du Président du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité réaffirme son profond attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan.
Le Conseil est conscient de la menace que la production, le commerce et le trafic de drogues illicites font peser sur la paix internationale et la stabilité des différentes régions du monde, ainsi que du rôle important que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) joue à cet égard.
Le Conseil se déclare préoccupé par l’augmentation de la production de pavot dont il est fait état dans l’Enquête de l’ONUDC sur la production d’opium en Afghanistan pour 2013, constate les conséquences néfastes de la culture, de la production, du trafic et de la consommation d’opium pour la sécurité, le développement économique et social et la gouvernance de l’Afghanistan, ainsi que pour la région et le reste du monde, et souligne le rôle important joué par l’ONU, qui continue de suivre l’évolution de la situation concernant les drogues dans le pays. Il engage la Force internationale de sécurité à continuer d’apporter un appui efficace, dans le cadre des tâches qui lui sont assignées, à l’action soutenue menée sous direction afghane, y compris à celle que mènent les Forces nationales de sécurité afghanes, pour contrer la production et le trafic de stupéfiants, en collaboration avec les acteurs internationaux et régionaux concernés.
Le Conseil note que, selon le Rapport mondial sur les drogues de 2013, l’Afghanistan reste l’un des principaux pays producteurs d’opiacés et de résine de cannabis.
Le Conseil réaffirme que l’avenir pacifique de l’Afghanistan repose sur la construction d’un État stable, sûr et autosuffisant sur le plan économique, à l’abri du terrorisme et des stupéfiants, et fondé sur la primauté du droit, des institutions démocratiques solides, le respect du principe de la séparation des pouvoirs, le renforcement de l’équilibre entre les pouvoirs constitutionnels, ainsi que la garantie et le respect des droits et des obligations du citoyen. Il réaffirme sa volonté d’aider l’Afghanistan sur la voie de la paix, de la démocratie et de la reconstruction.
Le Conseil se félicite des mesures prises par le Gouvernement afghan pour lutter contre la production de drogues sur son territoire.
Le Conseil souligne qu’il importe d’adopter une approche globale pour régler les problèmes liés à la sécurité, à la situation économique, à la gouvernance et au développement en Afghanistan, qui ont un caractère interdépendant, et est conscient qu’il n’y a pas de solution purement militaire pour assurer la stabilité dans ce pays.
Le Conseil demande à l’ONU, agissant avec le soutien de la communauté internationale, d’apporter un appui aux programmes prioritaires nationaux du Gouvernement afghan dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, de la justice et du développement économique et social et d’apporter son concours pour que soient intégralement tenus les engagements communs pris sur ces questions aux conférences internationales, et que soit poursuivie la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue, et prie la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), exerçant de plus en plus une fonction de soutien, d’apporter son concours au Gouvernement afghan pour qu’il prenne les rênes du pays comme prévu dans le Processus de Kaboul.
Le Conseil réaffirme son appui au processus de transition (Inteqal) qui donnera lieu au transfert de l’entière responsabilité en matière de sécurité aux institutions afghanes, comme prévu lors des Conférences de Londres, de Kaboul, de Bonn et de Tokyo et à l’issue des Sommets de Lisbonne et de Chicago tenus par l’OTAN.
Le Conseil met l’accent sur le rôle central et impartial que l’ONU continue de jouer pour promouvoir la paix et la stabilité en Afghanistan en dirigeant les activités de la communauté internationale.
Le Conseil se déclare de nouveau préoccupé par l’état de la sécurité en Afghanistan, en particulier par les actes de violence et de terrorisme qui sont le fait des Taliban, d’Al-Qaida, d’autres groupes extrémistes violents, de groupes armés illégaux, de criminels et de ceux qui se livrent à la production, au trafic ou au commerce de drogues illicites, et par les liens étroits entre activités terroristes et drogues illicites, qui font peser des menaces sur la population locale, y compris les femmes, les enfants, les forces nationales de sécurité et le personnel militaire et civil international, dont le personnel humanitaire et les agents de développement.
Le Conseil constate avec préoccupation les incidences sur la sécurité internationale du terrorisme, de la criminalité transnationale organisée, du blanchiment d’argent et du trafic de drogues illicites et d’armes illégales, et à cet égard souligne qu’il convient de renforcer la coordination des mesures prises aux niveaux national, sous-régional, régional et international afin de mener une action mondiale renforcée face à ce problème grave, et en particulier face aux liens étroits entre terrorisme international et drogues illicites. Il se félicite des mesures prises récemment par le Groupe d’action financière, sous la présidence russe, aux fins d’identifier les flux financiers illicites en relation avec la production et le trafic de drogue en Afghanistan.
Le Conseil insiste sur la nécessité de renforcer les mécanismes de coopération et de coordination interrégionaux et internationaux existants afin de faire face de manière intégrée, globale et équilibrée au problème de la drogue, y compris dans le cadre d’un programme de sécurité, de développement et de renforcement d’institutions sur le long terme.
Le Conseil engage toutes les entités concernées, notamment l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, la MANUA, le Département des opérations de maintien de la paix, dont la Division de la police, et le Programme des Nations Unies pour le développement, à renforcer leur collaboration afin que l’on dispose d’un mécanisme de coordination efficace et détaillé permettant de hiérarchiser les activités, d’appuyer la Stratégie nationale de contrôle des drogues et d’assurer la coordination d’une approche globale au niveau de l’Organisation. Il invite toutes les entités de l’ONU présentes en Afghanistan à intégrer la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité transnationale organisée dans leur programme de travail, conformément à leurs mandats respectifs, et demande que l’on s’emploie activement à renforcer les synergies.
Le Conseil réaffirme en particulier dans ce contexte son appui à la mise en œuvre, sous la conduite et la maîtrise du peuple afghan, des engagements énoncés dans les communiqués des Conférences de Londres (S/2010/65) et de Kaboul, de la Stratégie nationale de développement de l’Afghanistan et de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue, dans le cadre de la stratégie globale que le Gouvernement afghan devra promouvoir avec l’aide des pays de la région et de la communauté internationale, l’ONU étant appelée à jouer un rôle de coordination central et impartial, conformément au Processus de Kaboul et aux programmes prioritaires nationaux.
Le Conseil, soulignant qu’il est crucial de favoriser la coopération régionale et interrégionale, se réjouit à cet égard que la communauté internationale demeure résolue à promouvoir la stabilité et le développement en Afghanistan, et engage le Gouvernement afghan, aidé en cela par la communauté internationale, à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie nationale de lutte contre la drogue, notamment en exécutant des programmes offrant d’autres moyens de subsistance, et à faire une place à la lutte contre les stupéfiants dans tous les programmes nationaux, et encourage la communauté internationale à appuyer davantage les quatre priorités dégagées dans la Stratégie, se félicite de l’appui fourni par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à l’Initiative triangulaire et au Centre régional d’information et de coordination pour l’Asie centrale dans le cadre de l’Initiative du Pacte de Paris et de la Stratégie Arc-en-ciel, ainsi que du programme régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime pour l’Afghanistan et les pays voisins, de même que des efforts déployés par les participants au Processus d’Istanbul sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan, par l’Union européenne dans le cadre de ses programmes de gestion des frontières en Asie centrale et de gestion des frontières dans le nord de l’Afghanistan, par l’Organisation de Shanghai pour la coopération, par l’Organisation du Traité de sécurité collective, par l’Association sud-asiatique de coopération régionale et par la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan, et aussi de l’engagement continu de l’OSCE en Afghanistan, en application de la Déclaration ministérielle de Vilnius prononcée en 2011, sous la forme d’un projet à l’École des cadres pour la gestion des frontières (à Douchanbé), d’un programme de formation des agents des forces de l’ordre afghanes sur la lutte contre les drogues illicites à l’École de police de Domodedovo (Russie) suivi d’une formation approfondie à la Drug Enforcement Training Academy (États-Unis) et, en Russie, à l’Institut sibérien du droit et à l’Institut de perfectionnement du nord-ouest géré par le Service fédéral de contrôle des stupéfiants.
Le Conseil demande aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour faire pièce à la menace que la production, le trafic et la consommation de drogues illicites au départ de l’Afghanistan font peser sur la communauté internationale, l’objectif étant d’en venir peu à peu à bout, conformément au principe de responsabilité commune et partagée de la résolution du problème de la drogue en Afghanistan, notamment grâce au renforcement des moyens dont disposent les services de répression et de la coopération dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants et les précurseurs et contre le blanchiment d’argent et la corruption liée à ce trafic. Le Conseil encourage également les États Membres à prendre de nouvelles mesures et à envisager, sur la base de propositions concrètes de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et de l’Organe international de contrôle des stupéfiants, par l’intermédiaire de la Commission des stupéfiants de l’ONU, de nouvelles initiatives internationales visant à renforcer la lutte contre le trafic de précurseurs chimiques.
Le Conseil note combien la lutte contre la drogue reste importante dans le cadre de l’engagement de l’Organisation des Nations Unies en Afghanistan. Il réaffirme qu’il doit être tenu informé de la situation, y compris par l’ONUDC, des menaces que font peser le trafic de drogue et la criminalité transnationale qui y est associée sur les situations qui sont inscrites à son ordre du jour, notamment lorsqu’il examine les mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques.
Le Conseil invite à nouveau le Secrétaire général à retenir les menaces découlant du trafic de drogue et des activités illégales connexes parmi les facteurs pris en considération dans les stratégies de prévention des conflits, l’analyse des conflits, les évaluations consacrées aux missions intégrées, les activités de planification et l’appui à la consolidation de la paix, et à envisager de faire figurer dans ses rapports une analyse du rôle joué par ces menaces dans les situations dont le Conseil est saisi.
Le Conseil attend avec intérêt d’être à nouveau informé de la situation relative au trafic de drogue en Afghanistan, selon les besoins, par le Directeur exécutif de l’ONUDC.
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