M. Hervé Ladsous insiste sur l’importance du processus politique au Mali, en présentant les recommandations visant à étendre le mandat de la MINUSMA
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Conseil de sécurité
7202e séance – matin
M. HERVÉ LADSOUS INSISTE SUR L’IMPORTANCE DU PROCESSUS POLITIQUE AU MALI, EN
PRÉSENTANT LES RECOMMANDATIONS VISANT À ÉTENDRE LE MANDAT DE LA MINUSMA
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, qui présentait ce matin, devant le Conseil de sécurité, le rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali, a insisté sur l’importance cruciale du processus politique pour garantir la stabilité du pays. Il a ensuite détaillé les recommandations relatives à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) dont le mandat devrait être renouvelé la semaine prochaine.
Cette séance d’information coïncide avec le premier anniversaire de la signature de l’Accord préliminaire de Ouagadougou, le 18 juin 2013, comme l’a fait remarquer le Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale du Mali, M. Abdoulaye Diop, qui est également intervenu devant le Conseil de sécurité, pour souligner les progrès en cours et demander une assistance accrue de la MINUSMA, en particulier dans le nord du pays.
M. Ladsous a rappelé la vague de violence qu’a subie récemment le Mali, ainsi que l’attentat-suicide contre la MINUSMA, le 11 juin à Aguelhok, au cours duquel quatre Casques bleus ont perdu la vie et six autres ont été blessés. Les combats tragiques à Kidal et l’insécurité générale qui résulte de la présence continue de groupes terroristes dans le nord du Mali montrent, a-t-il dit, qu’il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à une stabilité durable.
Le succès du processus politique sera la pierre angulaire de la stabilité, a-t-il souligné, en exhortant le Gouvernement malien et les groupes armés du nord d’achever les pourparlers de paix, en vertu de l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Tout en notant les faibles progrès réalisés dans la voie du dialogue, il a prévenu que cela risquait de conduire à une détérioration de la sécurité à Kidal et dans le nord, les groupes armés ayant pris le contrôle militaire et administratif de Kidal et d’autres villes du nord, en violation de l’Accord de Ouagadougou.
M. Ladsous a fait remarquer qu’un petit créneau s’était ouvert avec la signature, le 23 mai, d’un accord de cessez-le-feu en vue de mettre fin aux hostilités à Kidal, sous les auspices du Président de la Mauritanie, M. Mohamed Ould Abdel Aziz, qui assume la présidence de l’Union africaine, et du Représentant spécial pour le Mali, M. Albert Koenders. Il a rappelé que les modalités de mise en œuvre de cet accord avaient été décidées avec le Commandant de la force de la MINUSMA et le Chef de la Commission technique mixte de sécurité à Gao, le 13 juin. Les groupes armés se sont réunis, sous les auspices de l’Algérie, début juin, en vue de reprendre les négociations avec le Gouvernement malien.
De leur côté, le Représentant spécial du Secrétaire général et la MINUSMA sont prêts à poursuivre leurs efforts en vue de soutenir les pourparlers, a assuré M. Ladsous. Il faut avant tout que les parties maliennes respectent leurs engagements, a-t-il prévenu.
La MINUSMA est arrivée à un stade avancé de son déploiement, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, en précisant qu’elle devrait atteindre à la fin de ce mois 70% de sa composante civile, 77% de sa force militaire et 83% de sa force de police. Il a ajouté que 90% des effectifs militaires sont déjà basés dans le nord du pays.
M. Ladsous a ensuite indiqué que le Département des opérations de maintien de la paix avait procédé à un examen stratégique de la Mission afin d’évaluer ses prévisions initiales. La première recommandation qui en résulte vise à réaménager le rôle politique de la Mission, tout en veillant à ce que le processus politique demeure la pierre angulaire de son mandat. Il est également recommandé d’établir des repères communs pour l’exécution du mandat entre la Mission et les autorités maliennes.
Le Département des opérations de maintien de la paix a aussi proposé de maintenir l’effectif actuel du personnel militaire et de police, tout en élargissant, par le biais d’une stratégie de stabilisation intégrée, la présence de la Mission dans le nord. Il faudrait en outre inclure d’autres tâches dans le mandat de la MINUSMA pour qu’elle puisse assister le pays dans l’organisation des élections locales, la justice transitionnelle, le renforcement des capacités pour la lutte contre les trafics, ainsi que pour renforcer la coordination avec les Forces de défense et de sécurité maliennes.
Le processus politique reste la première priorité et une essentielle condition à la stabilisation du pays, ce qui exige un partenariat étroit entre le Gouvernement et la MINUSMA, a insisté M. Ladsous.
Il a aussi expliqué la nécessité, pour la Mission, de faire preuve d’innovation pour décentraliser ses activités. La MINUSMA doit pouvoir identifier, atténuer et prévenir les menaces contre les civils et l’ONU, en utilisant au maximum ses capacités, a-t-il ajouté. À cette occasion, le Secrétaire général adjoint a fait part de l’intention de la Mission de déployer des systèmes aériens non pilotés pour lui permettre de renforcer sa capacité de protéger les civils et son personnel. Il a invité les États Membres à se montrer à la hauteur des besoins de la Mission.
Enfin, M. Ladsous a encouragé les partenaires bilatéraux du Mali et les institutions financières internationales à adopter une approche cohérente en vue de réaliser des progrès dans les domaines qui sont essentiels à la stabilisation du pays.
Intervenant à son tour, le Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale du Mali est revenu sur l’attaque du 17 mai 2014, à Kidal, qui avait été perpétrée, selon lui, par « des groupes rebelles maliens soutenus par une horde de terroristes ». Il a déploré le meurtre de soldats, de préfets et de sous-préfets civils, au seul motif qu’ils symbolisaient la souveraineté de l’État malien. Ces actes constituent des violations de l’Accord préliminaire de Ouagadougou et du droit international, a-t-il déclaré.
Le Ministre a salué l’engagement de la communauté internationale, notamment des Nations Unies et de la CEDEAO, pour soutenir le Gouvernement du Mali. Il a déploré « l’hybridation » des auteurs de menaces à la sécurité, en expliquant que « les terroristes pactisent avec les autres acteurs de la criminalité organisée au Sahel et avec les rebelles ». « Nous en avons eu la preuve lors de l’assaut contre nos forces armées le 17 mai 2014 à Kidal », a-t-il fait remarquer, en signalant que ces assassinats portent la signature des terroristes.
« Le Mali demeure plus que jamais animé par le souci constant de réconcilier les Maliens avec les Maliens », a assuré le Ministre en passant en revue les mesures prises en ce sens par son gouvernement, comme le cessez-le-feu ordonné aux Forces armées maliennes, le 21 mai dernier, qui a permis la signature d’un cessez-le-feu, deux jours plus tard, avec les groupes et mouvements armés.
Il a ajouté que l’ancien Premier Ministre, M. Modibo Keïta, nommé Haut-Représentant du Président de la République pour établir un dialogue inclusif entre Maliens, avait pour mandat de prendre toute initiative en faveur d’un accord de paix global et définitif. M. Keïta a déjà pris contact avec les groupes et mouvements armés et les a exhortés à réaffirmer leur attachement à l’Accord préliminaire de Ouagadougou, ce qu’ils ont accepté.
Les membres de la Commission vérité, justice et réconciliation, récemment créée pour remplacer la Commission dialogue et réconciliation, seront bientôt désignés, a-t-il indiqué.
M. Diop a ensuite rendu hommage à l’Algérie qui a entrepris des consultations exploratoires entre les groupes et mouvements armés du nord du Mali, en vue d’élaborer une plateforme commune devant servir de document de base aux pourparlers intermaliens. Au cours de la troisième réunion de concertation qui s’est tenue à Alger, le 16 juin 2014, les parties ont relevé « une très large convergence de vue sur les lignes directrices de la démarche convenue », s’est-il réjoui.
La MINUSMA, a estimé le Ministre, devrait être renforcée pour qu’elle puisse s’acquitter de sa mission de garante de l’application de l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Il a demandé un déploiement rapide au-delà des grandes agglomérations des régions du nord du Mali, notamment autour des villages et fractions nomades, en soutenant que cela contribuerait à combler le vide sécuritaire dans les zones grises ou de non-droit.
Il a également demandé au Conseil d’autoriser la conduite d’opérations conjointes entre les Forces armées maliennes et celles de la MINUSMA, pour empêcher la liberté de mouvement des groupes armés non signataires de l’Accord de Ouagadougou, associés aux groupes terroristes et aux trafiquants de drogues. Le Mali souhaite aussi que la MINUSMA soit chargée d’accompagner le processus de cantonnement et de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). Le mandat de la MINUSMA devrait en outre prévoir la mise en place d’une commission d’enquête internationale comme cela avait été annoncé dans l’accord de cessez-le-feu.
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