La Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay, invite la communauté internationale à maintenir la pression sur les parties au Soudan du Sud
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Conseil de sécurité
7168e séance – après-midi
LA HAUT-COMMISSAIRE AUX DROITS DE L’HOMME, MME NAVI PILLAY, INVITE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
À MAINTENIR LA PRESSION SUR LES PARTIES AU SOUDAN DU SUD
Le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, avertit
contre les risques de violences incontrôlables qui pourraient s’étendre à toute la région
Après les récentes attaques lancées contre des civils au Soudan du Sud, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay, et le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, ont tiré la sonnette d’alarme en prévenant le Conseil de sécurité des risques d’escalade de la violence dans ce pays et de ses graves conséquences sur le plan humanitaire.
Les deux hauts fonctionnaires des Nations Unies, qui se sont rendus sur le terrain du 28 au 30 avril, ont témoigné de la gravité de la situation relative aux droits de l’homme au Soudan du Sud, en faisant un parallèle avec le génocide au Rwanda. « Les atrocités commises dans le pays nous rappellent le génocide de 1994 », a soutenu le représentant du Rwanda, en appelant la communauté internationale à ne pas rester passive devant une telle situation et à agir rapidement.
M. Dieng a jugé très inquiétantes des allégations faisant état de l’utilisation d’une radio pour diffuser des messages d’incitation à la violence contre toute personne qui serait perçue comme étant une alliée du Gouvernement. Il a également fait état d’incitation à la violence sexuelle à l’encontre de femmes dinka, fondée sur leur appartenance ethnique.
Il y a deux semaines, après la capture de Bentiu par l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), des centaines de personnes avaient été tuées à cause de leur appartenance ethnique, a rappelé Mme Pillay avant de parler de l’attaque à Bor contre les personnes déplacées qui avaient trouvé refuge dans les locaux de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Elle a félicité la MINUSS pour avoir accueilli environ 80 000 personnes afin de les protéger des combats.
S’il a admis que son gouvernement avait la responsabilité de protéger la population civile, le représentant du Soudan du Sud a réfuté les accusations de recrutement d’enfants soldats par l’APLS en se basant sur les constatations des organismes des Nations Unies. En revanche, a-t-il fait remarquer, « l’Armée blanche » des rebelles montre bien qu’ils continuent à enrôler et à déployer des enfants.
Tout en soulignant la responsabilité du Gouvernement sud-soudanais pour prévenir les atrocités de masse, les responsables onusiens, comme les 15 membres du Conseil de sécurité, ont appelé les membres de l’opposition et la communauté internationale à faire leur possible pour aboutir à un règlement politique de cette crise.
Mme Pillay s’est félicitée de l’engagement des deux parties à mener des enquêtes sur les cas de violences, mais les a prévenues qu’il faudrait impérativement respecter les principes d’indépendance et de transparence. « Malheureusement, je ne suis pas convaincue que ce sera le cas », a-t-elle mis en garde, en émettant la crainte que les dirigeants du Soudan du Sud se soient enfermés dans une lutte personnelle de pouvoir. M. Dieng a confirmé que la violence dans ce pays était dictée par des intérêts personnels, notamment la convoitise des richesses pétrolières.
Après avoir prévenu le Président Salvar Kiir et l’ancien Vice-Président Riek Machar qu’ils pourraient faire l’objet d’une enquête internationale pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis sous leur leadership, Mme Pillay a souligné que la pression mise par la communauté internationale avait eu des effets sur l’impasse actuelle. Ainsi, a-t-elle expliqué, le Gouvernement du Soudan du Sud a relâché quatre prisonniers qui avaient été accusés de fomenter un coup d’État. Des pourparlers ont commencé à Addis-Abeba, sous les auspices de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), a-t-elle ajouté.
Le représentant du Soudan du Sud a appelé la communauté internationale à appuyer le processus de paix de l’IGAD et de l’Union africaine. L’Autorité plaide en faveur du déploiement d’une force de protection et de dissuasion, a indiqué Mme Pillay, afin de protéger les équipes de contrôle et de vérification de l’accord de cessation des hostilités signé en janvier 2014. Elle a invité le Conseil de sécurité à soutenir cette initiative, tout en souhaitant qu’il envisage d’établir un mandat clair pour appuyer le règlement politique de ce conflit.
M. Dieng a, lui aussi, salué les efforts de médiation de l’IGAD et le rôle de la Commission d’enquête de l’Union africaine au Soudan du Sud. La culture de l’impunité a « immensément contribué à la crise actuelle », a estimé le Conseiller spécial, en soulignant qu’il « ne pourrait y avoir de paix sans justice » et qu’il « n’y a aucune excuse pour l’inaction », compte tenu des enseignements tirés ailleurs, notamment du génocide au Rwanda.
Les délégations ont été unanimes pour soutenir la MINUSS, en notant que deux tiers des Casques bleus supplémentaires n’avaient pas encore été déployés, comme l’avait décidé le Conseil de sécurité en décembre 2013. Le représentant du Soudan du Sud a réaffirmé que son gouvernement était convaincu que la MINUSS était un partenaire essentiel. Il a souhaité cependant la mise en place de mécanismes visant à renforcer la confiance entre le Gouvernement du Soudan du Sud et la Mission.
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD
Déclarations
Mme NAVI PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que sa visite au Soudan du Sud avait permis de constater une détérioration radicale de la situation en matière de droits de l’homme dans le pays. Elle a dénoncé la spirale des meurtres commis au cours de représailles ces quatre derniers mois. Il y a deux semaines, après la capture de Bentiu par l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), des centaines de personnes avaient été poursuivies et tuées sur la base de leur appartenance ethnique, a-t-elle rappelé, avant de parler de l’attaque perpétrée à Bor contre les personnes déplacées qui avaient trouvé refuge dans les locaux de la MINUSS. Au cours de sa visite avec M. Dieng, elle a rencontré des survivants, a-t-elle indiqué, en saluant la réaction de la MINUSS qui a ouvert ses portes à environ 80 000 personnes pour les protéger. Selon l’UNICEF, 9 000 enfants avaient été recrutés dans les rangs des forces armées des deux parties, a-t-elle indiqué.
Mme Pillay a ensuite parlé de la violence ethnique à Malakal et dans d’autres villes, ainsi qu’à Juba. Des membres des deux parties avaient appelé publiquement leurs militants à poursuivre les autres groupes ethniques, a-t-elle aussi indiqué, en précisant que ces atrocités rappelaient tragiquement le génocide au Rwanda. Elle a relaté les propos du Président Salva Kiir qui a assuré qu’il était fermement opposé à toute revanche. « Je l’ai appelé à le dire publiquement afin de faire cesser la violence », a-t-elle ajouté. Mme Pillay a aussi souligné l’urgence de faire face à la crise humanitaire, alors que commence la saison des pluies.
La Haut-Commissaire a ensuite dénoncé la culture d’impunité qui alimente la violence. Elle a souhaité que l’on donne au plus vite au système judiciaire national les capacités de rendre la justice. C’est la seule façon de briser le cycle de la revanche criminelle et de rétablir le sens d’un destin commun, a-t-elle expliqué. Mme Pillay a aussi évoqué les rencontres qu’elle a eues au cours de sa visite, notamment avec l’ancien Vice-Président du Soudan du Sud, M. Riek Machar, qui a assuré qu’il enquêterait sur le massacre commis à Bentiu. Il lui a assuré, a-t-elle dit, tout son possible pour que ses forces ne s’en prennent plus aux civils. Le Gouvernement du Soudan du Sud a également indiqué qu’il enquêtait sur les assassinats de masse de civils commis à Juba à la mi-décembre.
Mme Pillay s’est félicitée de ces engagements, tout en exigeant que les enquêtes soient menées de manière indépendante et transparente, et conformément aux normes internationales. « Malheureusement, je ne suis pas convaincue que ce sera le cas », a-t-elle mis en garde, en craignant que les dirigeants du Soudan du Sud soient enfermés dans une lutte personnelle de pouvoir. Elle a indiqué les avoir prévenus qu’ils pourraient faire l’objet d’une enquête internationale pour les crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis sous leur leadership.
Mme Pillay a souligné que la pression mise par la communauté internationale avait eu des effets sur l’impasse entre le Président Kiir et M. Machar. Ainsi, a-t-elle expliqué, le Gouvernement du Soudan du Sud a relâché 4 prisonniers qui avaient été accusés de fomenter un coup d’État. En outre, a-t-elle ajouté, des pourparlers ont commencé à Addis-Abeba sous les auspices de l’IGAD. L’Autorité plaide en faveur du déploiement d’une force de protection et de dissuasion, a-t-elle indiqué, afin de protéger les équipes de contrôle et de vérification de l’accord de cessation des hostilités signé en janvier. Elle a donc invité le Conseil de sécurité à soutenir cette initiative, en précisant qu’il faudrait prévoir un mandat clair de soutien à un règlement politique. Enfin, elle a rappelé que le Conseil avait décidé, en décembre dernier, de renforcer la MINUSS, en faisant passer le nombre de Casques bleus de 7 700 à 13 200. Elle a regretté, à cet égard, que les pays contributeurs n’aient à ce jour déployé que le tiers du contingent supplémentaire.
M. ADAMA DIENG, Conseiller spécial du Secrétaire général sur la prévention du génocide, a affirmé que les violences qui ont éclaté depuis le 15 décembre 2013 n’avaient cessé de s’amplifier et avaient rapidement dégénéré en violence ethnique. Les récentes attaques brutales à Bentiu, dans l’État de l’Unité, et Bor, dans l’État de Jonglei, semblent avoir modifié la trajectoire du conflit, a-t-il dit. M. Dieng a averti que s’il n’était pas immédiatement mis fin à ces attaques, le pays « risquerait de sombrer dans une violence grave qui serait incontrôlable. Compte tenu de la situation actuelle, a-t-il fait remarquer, il existe des éléments que l’on peut qualifier de « facteurs à risque » pour la commission d’un génocide ou d’autres atrocités et crimes de guerre.
À cet égard, M. Dieng a fait remarquer qu’à Bentiu, plus de 200 civils de l’ethnie dinka avaient été massacrés et plus de 400 autres blessés seraient détenus par les forces d’opposition alliées à l’ancien Vice-Président, Rick Machar. Selon les informations des Nations Unies, les assaillants procédaient d’abord à la séparation des Dinkas des civils de l’ethnie nuer, avant d’exécuter les Dinka et d’autres personnes perçues comme partisanes du gouvernement.
À Bor, des éléments armés affiliés au Gouvernement du Soudan du Sud ont pénétré de force dans le campement de la MINUSS qui abritait les personnes déplacées. Ils ont ensuite tué plus de 50 civils, des Nuers pour la plupart, et blessé plus d’une centaine d’autres, a-t-il expliqué, en indiquant que cette attaque avait été menée en représailles pour la capture de la ville de Bentiu par les forces de l’opposition. M. Dieng a précisé que, lors de ses entretiens avec les personnes déplacées à l’intérieur, celles-ci avaient exprimé leurs craintes de subir de nouvelles attaques, à n’importe quel moment, et avaient insisté pour que les Nations Unies les réinstallent dans un lieu plus sûr, de préférence à Akobo. Elles avaient déclaré qu’elles connaissaient certains des assaillants et qu’elles ne se sentaient pas en sécurité à Bor où elles courent le risque d’être la cible de violence en raison de leur appartenance à l’ethnie nuer. Le Conseiller spécial a ajouté que le commandant de la MINUSS à Bor avait corroboré ces déclarations et l’avait informé que la récente attaque était très bien organisée et que des individus en uniforme de l’Armée populaire de libération du Soudan du Sud (APLS) faisaient partie des assaillants.
M. Dieng a aussi jugé très inquiétantes des allégations faisant état de l’utilisation d’une radio, dans certaines zones, pour diffuser des messages d’incitation à la violence contre toute personne perçue comme appuyant le Gouvernement. Il a également fait état d’incitation à la violence sexuelle à l’encontre de femmes dinka fondée sur leur appartenance ethnique, ce qu’il a trouvé « totalement inacceptable ».
Le Conseiller spécial a regretté que lors de ses entretiens avec de hauts responsables à Juba et avec le Rick Machar, il avait noté, avec préoccupation, que les deux côtés avaient qualifié ces attaques d’actes de légitime défense. Dans ces circonstances difficiles, la MINUSS fait tout ce qu’elle peut, a-t-il relevé, en appelant tous les dirigeants à transmettre à leurs partisans respectifs des messages forts invitant à l’unité et au respect de tous les Soudanais du Sud, et à prendre des mesures pour faire cesser la violence.
Notant que la culture de l’impunité avait « immensément contribué à la crise actuelle », le Conseiller spécial a souligné qu’il « ne pourrait y avoir de paix sans justice » et qu’il « n’y a aucune excuse pour l’inaction », compte tenu des enseignements tirés ailleurs, notamment du génocide au Rwanda. Il a salué, à cet égard, les efforts de médiation de l’IGAD et le rôle de la Commission d’enquête de l’Union africaine au Soudan du sud.
« Nous devons continuer à suivre de près la situation au Soudan du Sud et prendre toutes les mesures appropriées pour protéger la population civile et faire en sorte que la situation ne devienne pas incontrôlable. », a-t-il recommandé.
Si les parties ne démontrent pas clairement leur intention de protéger la population civile, alors le Conseil devra prendre les mesures qui s’imposent. Il faut améliorer la gouvernance avec l’appui des partenaires pour le développement. La violence au Soudan du Sud aujourd’hui est dictée par des intérêts personnels, notamment la convoitise des richesses pétrolières, a encore prévenu M. Dieng, en affirmant que l’origine ethnique ne saurait être invoquée comme prétexte d’incitation à la violence ou pour diaboliser, exclure ou attaquer une communauté ou une section donnée de la population du Soudan du Sud, a conclu le Conseiller spécial.
Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a condamné les meurtres commis délibérément au Soudan du Sud, en déplorant que les parties aient intensifié les combats et bafoué le droit international. Elle a dénoncé les violences perpétrées contre les civils, notamment les violences sexuelles et le recrutement d’enfants soldats, ainsi que l’incitation à la haine ethnique. Elle a rappelé que la communauté internationale avait assisté le Soudan du Sud au lendemain de son indépendance, il y a trois ans, pour l’aider dans la voie de la démocratie. Pour réussir, a-t-elle dit, le pays doit pouvoir compter sur une gouvernance performante. Après des débuts prometteurs, a-t-elle noté, les dirigeants ont choisi de privilégier les rivalités personnelles au-dessus des intérêts de leurs pays. On ne peut nier que les dirigeants du Soudan du Sud n’ont pas pris les mesures qui s’imposaient pour faire vivre leur pays dans la paix, a-t-elle dit.
La représentante a appelé les parties à se placer aux côtés de la population du Soudan du Sud, en exhortant les dirigeants à cesser les hostilités et à permettre à la MINUSS de s’acquitter de son mandat sans obstacle. Elle leur a demandé de condamner publiquement toutes les attaques visant les civils, ainsi que de coopérer avec les Nations Unies, les enquêteurs et les observateurs de l’Union africaine. « Ne vous en tenez pas aux promesses », a-t-elle recommandé, en invitant à traduire leurs déclarations par des actions concrètes.
Mme Power a ensuite proposé aux membres du Conseil de sécurité de réfléchir à des sanctions qui seraient prises pour faire cesser les violences choquantes contre les civils, tout en assurant que les États-Unis n’entendaient pas abandonner la voie diplomatique. Le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, qui est actuellement au Soudan du Sud, a assuré qu’il ne fermerait pas les yeux devant la violence. Il a appelé MM. Kiir et Machar à se rencontrer en tête-à-tête au plus vite. Les parties doivent également cesser de s’attaquer aux Nations Unies, a-t-elle demandé. Par ailleurs, la représentante des États-Unis a proposé une révision du mandat de la MINUSS pour mettre l’accent sur la protection des civils. Personne ne doit s’attaquer au personnel des Nations Unies, ni aux populations civiles sur la base de leur appartenance ethnique, a-t-elle martelé, avant de conclure.
M. GARY QUINLAN (Australie) a rappelé que la Ministre des affaires étrangères de l’Australie, Mme Julie Bishop, avait fermement condamné la violence dont l’ampleur est un nouveau chapitre sinistre du conflit brutal qui avait déjà tué des milliers de civils et déplacé des millions d’autres. Si ce cycle de la violence n’est pas rompu, les atrocités se poursuivront, causant la perte de nombreuses vies humaines, a averti le représentant. Le message aux deux parties est simple: il ne peut pas y avoir de solution militaire. Le Président du Soudan du Sud, M. Salva Kiir et son rival, M. Riek Machar, doivent assumer leur responsabilité de protéger les civils sans discrimination politique ou ethnique. Ils doivent s’engager eux-mêmes ainsi que leurs forces à un cessez-le-feu et dans un processus de paix conduit par l’IGAD.
Félicitant le leadership de l’IGAD et de l’Éthiopie ainsi que le prochain rapport de la MINUSS sur les violations des droits de l’homme, le représentant a déclaré qu’aucune partie à ce conflit ne pourrait échapper à des poursuites pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. En outre, les dirigeants seront tenus de rendre compte des actions de leurs subordonnés en application du principe de responsabilité. L’impunité ne pourra pas durer. Le Conseil de sécurité doit, pour sa part, envisager le renvoi de la situation au Soudan du Sud à la CPI, sur la base des recommandations de la Commission d’enquête de l’Union africaine. Il a aussi ajouté que le Gouvernement du Soudan du Sud devrait réaffirmer sans équivoque son appui et sa pleine coopération à la MINUSS.
« Nous devons également revoir le mandat de la MINUSS pour lui donner des priorités claires et plus ciblées avec la protection des civils en son centre. Le nouveau mandat devrait réaffirmer la neutralité et l’impartialité de la MINUSS et geler la plupart des activités de construction de l’État jusqu’à la fin des combats. Nous devons travailler, dans le cadre du « partenariat de maintien de la paix » entre le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes et de police, pour déployer le plus rapidement possible les soldats de la paix nécessaires sur le terrain », a expliqué le représentant.
Il ne faudrait épargner aucun effort afin de faciliter l’accès humanitaire et assurer que l’aide puisse atteindre les personnes dans le besoin. Toute action visant à nier, retarder ou entraver son tel accès est inacceptable. L’Australie a fourni 10 millions de dollars d’aide d’urgence depuis le début de la crise, a rappelé le représentant. Comme le montrent les combats dans les États riches en pétrole du Haut-Nil et de l’Unité, la convoitise des ressources naturelles et des revenus qu’elles génèrent est un autre facteur important de ce conflit, a-t-il dit. La prolifération et la disponibilité des armes légères et de petit calibre et de munitions alimentent en outre ces combats.
Le Conseil de sécurité, a souligné M. Quinlan, dispose d’instruments qu’il peut appliquer pour assurer la protection à la population du Soudan du Sud, notamment un embargo sur les armes, des sanctions financières, ainsi que des interdictions de voyages contre les responsables de violations des droits de l’homme au Soudan du Sud.
M. KAYODE LARO (Nigéria) a déclaré que ce qui avait commencé comme une querelle politique, pouvant être résolue par le dialogue, a désormais dégénéré en violence massive. Le Nigéria condamne fermement les crimes commis au Soudan du Sud, a-t-il déclaré en dénonçant le cycle d’attaques et de représailles qui « rappellent dangereusement » les signes précurseurs du génocide de 1994 au Rwanda. Il a appelé la communauté internationale à faire tout son possible pour qu’il soit mis fin aux massacres et faire en arrêter les responsables. Il a félicité l’IGAD pour son rôle de médiation et exhorté les deux parties au conflit à entamer un dialogue, seule voie durable pour sortir de la crise. Les millions de Soudanais du Sud déplacés ne peuvent plus attendre, a-t-il dit, soulignant qu’il fallait faire cesser le bain de sang.
M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a salué l’initiative qu’a prise le Secrétaire général en dépêchant une mission de haut niveau au Soudan du Sud pour y faire la lumière sur les dernières attaques massives perpétrées contre les populations civiles. Il a condamné avec fermeté le fait que des civils aient été systématiquement pris pour cibles sur la base de leur origine ethnique et qu’une radio soit utilisée pour inciter les agresseurs à ce type d’attaques. Dans ce contexte, il a lancé un appel pressant pour que l’on fasse pression sur les parties concernées afin de les convaincre de s’abstenir de s’en prendre aux civils, à la MINUSS et à tous ceux qui contribuent à la protection des populations civiles. Le représentant a salué la libération de quatre détenus politiques, et a émis l’espoir que cet acte aura un impact positif. Il a appelé les parties à cesser leurs attaques et le harcèlement qu’elles mènent contre la MINUSS pour lui permettre de dûment s’acquitter de son mandat. Il a lancé, une fois de plus, un appel à toutes les parties concernées afin qu’elles privilégient la voie du dialogue.
M. SHEN BO (Chine) a rappelé que le conflit sanglant au Soudan du Sud, qui dure depuis près de cinq mois, entraine une grave situation humanitaire. Il a appelé les deux parties à cesser toute violence et à coopérer avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), se félicitant à cet égard des pourparlers entrepris sous les auspices de l’IGAD. La Chine condamne fermement les attaques perpétrées contre des civils et contre la base de l’ONU et les Casques bleus, a dit le représentant. Il a appelé les parties à veiller à la sécurité des personnes et s’est félicité des efforts d’enquête de l’Union africaine. Il s’est dit favorable à l’installation d’un camp temporaire pour les personnes déplacées à Juba. Il a appelé la communauté internationale à revoir son assistance au Soudan du Sud. Le représentant a ensuite fait part des efforts de son pays pour soutenir le Soudan du Sud ainsi que l’IGAD qui fournit une assistance humanitaire à ce pays.
M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation partageait les inquiétudes de Mme Pillay et de M. Dieng concernant les violations des droits de l’homme au Soudan du Sud, y compris les meurtres basés sur l’appartenance ethnique. Il a espéré que le rapport de la MINUSS, qui sera publié la semaine prochaine, contribuera à établir la vérité et à lutter contre la culture d’impunité qui règne dans le pays. Il a salué les travaux menés par la Commission d’enquête de l’Union africaine, qui doivent notamment aboutir à des recommandations pour faire avancer la cause de la réconciliation nationale. Il s’est ensuite inquiété de la crise humanitaire qui frappe le pays et de la menace de famine de grande ampleur qui pèse sur les populations. La fin de la crise dans ce pays doit passer par une solution politique au conflit armé, a-t-il dit, demandant aux dirigeants de laisser de côtés leurs ambitions personnelles.
Le représentant a salué les efforts déployés par les partenaires internationaux, au premier chef ceux de l’IGAD, afin de lancer des négociations et parvenir à un cessez-le-feu au Soudan du Sud. En ce qui concerne la proposition d’imposer des sanctions ciblées contre les fauteurs de trouble, il a demandé au Conseil de faire preuve de prudence. Il faut, a-t-il recommandé, tenir compte de facteurs aussi bien internes que régionaux. Les sanctions n’ont jamais constitué un instrument efficace de règlement politique, a-t-il argué. Il s’est aussi posé la question de l’efficacité de la MINUSS, malgré le budget de près d’un milliard de dollars qui lui a été alloué, observant qu’elle n’avait pas pu assurer la sécurité des civils. La révision de son mandat et l’augmentation de son contingent doivent viser le renforcement de ses capacités afin de lui permettre d’accomplir le mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité, a-t-il préconisé.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a rappelé qu’un million de personnes étaient déplacées et avaient besoin d’une assistance humanitaire au Soudan du Sud. Les attaques survenues récemment à Bentiu contre les civils, les écoles, les hôpitaux, et contre les populations qui se sont réfugiées à Bor, sont de mauvaise augure et rappellent à la mémoire les événements tragiques du génocide rwandais il y a 20 ans, a prévenu le représentant.
L’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre et le recrutement d’enfants sont autant de signes préoccupants, a-t-il poursuivi. Il a espéré que tous les responsables politiques du Soudan du Sud prendront des mesures d’urgence afin de réduire l’intensité du conflit, et permettront l’accès humanitaire aux populations affectées. Appelant également au lancement d’enquêtes approfondies sur les abus, il a invité le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à définir les voies qui permettraient d’assurer la responsabilisation des individus au Soudan du Sud, et a demandé au Conseil de sécurité d’utiliser toutes ses prérogatives pour mettre fin à cette situation et envoyer un message très clair aux belligérants. Il a proposé d’envisager des sanctions ciblées contre les auteurs de crimes au Soudan du Sud, où la famine guette et où des millions de gens risquent de souffrir pendant plusieurs années à venir. Le Gouvernement britannique a prévu environ 65 millions de dollars supplémentaires pour pourvoir aux besoins humanitaires des populations affectées, a précisé le représentant en incitant la communauté internationale à « agir rapidement ».
M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a rappelé qu’en juillet 2011 son pays avait présenté, au nom du Groupe africain, un projet de résolution qui demandait l’admission du Soudan du Sud comme membre des Nations Unies. « Trois ans après, nous ne pouvons pas rester spectateurs de la violence », a-t-il souligné, en refusant que l’on fasse marche arrière. Il a déploré le nombre de morts en près de cinq mois de conflit, ainsi que le déplacement d’un million et demi de civils. Pour nous, Rwandais, a-t-il dit, ces atrocités nous rappellent le génocide que nous avons subi il y a 20 ans. « Quelle honte! », s’est-il exclamé, avant de s’interroger sur ce qu’il faudrait faire pour lutter contre ces atrocités de masse commises contre les civils.
Le Conseil de sécurité peut adopter des déclarations exprimant notre colère, mais il ne doit pas garder le silence ou rester divisé devant une telle situation, a estimé le représentant du Rwanda. Il a émis l’espoir que le Conseil sera en mesure de s’acquitter de ses responsabilités pour mettre fin aux violences au Soudan du Sud. Il a cité le Secrétaire général qui, lors de son intervention à Kigali le mois dernier, à l’occasion de la commémoration du vingtième anniversaire du génocide au Rwanda, avait appelé à élever la voix lorsqu’on est témoin d’atrocités.
Le représentant a estimé que le Gouvernement du Soudan du Sud a la responsabilité de prévenir les atrocités de masse. Les dirigeants politiques seront tenus responsables des atrocités commises par les personnes qui agissent sous leur responsabilité, a-t-il prévenu.
Comme les négociations reprennent à Addis-Abeba, il a demandé aux parties de cesser les hostilités immédiatement et de mettre fin aux meurtres de civils innocents. Les parties doivent aussi respecter le cessez-le-feu. Le Conseil pourrait, a-t-il suggéré, envisager le déploiement d’une force de dissuasion sur le terrain. Il est de la responsabilité de la communauté internationale de s’assurer que tous les auteurs des crimes rendent des comptes, a souligné le représentant. Appelant les parties à laisser de côté leurs ambitions personnelles, le représentant a demandé au Soudan du Sud de coopérer avec la MINUSS.
Le cri d’alarme qu’a lancé la Haut-Commissaire aux droits de l’homme ne peut laisser le Conseil de sécurité indifférent, a estimé M. GÉRARD ARAUD (France). Nous avons bien affaire à une dangereuse dérive communautaire du conflit, instrumentalisée par les deux parties. Les massacres de Bentiu et de Bor l’ont encore démontré: le monopole de la violence et des atrocités n’appartient à personne. Le représentant a soutenu les efforts de l’IGAD mais, a-t-il dit, force est de reconnaître qu’aujourd’hui le processus politique est totalement à l’arrêt. Il a appelé MM. Salva Kiir et Riek Machar, à se voir face à face pour mettre fin au cycle des massacres et décider d’une trêve d’un mois, essentielle pour que les Sud-Soudanais puissent ensemencer leurs champs. Il a pris comme un signe encourageant la reprise des pourparlers à Addis-Abeba, le 28 avril dernier.
Le représentant s’est dit favorable à une révision rapide du mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud pour qu’elle puisse se concentrer en priorité sur la protection des civils. Le Conseil, a-t-il ajouté, doit envisager la mise en place d’un régime de sanctions contre les individus qui s’opposent au processus politique. Le règne de l’impunité ne peut plus durer. Des enquêtes indépendantes et impartiales doivent être menées immédiatement. Les coupables doivent être jugés et condamnés, quelle que soit leur appartenance politique. La Commission d’enquête de l’Union africaine doit rassembler les éléments de preuves des crimes commis. Le représentant a prévenu que les attaques notamment contre les bases des Nations Unies constituent des crimes de guerre. Compte tenu de la gravité et de l’échelle des crimes, dans le cadre d’un dialogue avec l’IGAD et l’Union africaine, il nous faut, a-t-il estimé, envisager une saisine de la Cour pénale internationale. Compte tenu des très faibles capacités du système judiciaire national, quel serait le meilleur moyen de lutter contre l’impunité au Soudan du Sud, a demandé le représentant à la Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
M. MAHMOUD HMOUD (Jordanie) s’est déclaré, à son tour, très préoccupé par la détérioration de la situation au Soudan du Sud. Plusieurs mois après le début de la crise au Soudan du Sud, malgré les efforts déployés par l’ONU et ses partenaires pour régler la crise, la communauté internationale ne peut que constater son impuissance, a-t-il déploré. Pour sa délégation, la solution à la crise réside dans la pleine application de l’accord de cessez-le-feu par les deux parties, ce qui appelle l’intervention personnelle des deux dirigeants.
Le représentant de la Jordanie a estimé que la situation des groupes de populations les plus vulnérables devrait également être prise en compte. M. Hmoud a en outre demandé que le Gouvernement du Soudan du Sud et l’opposition assument leurs responsabilités en veillant à ce que les auteurs de crimes graves soient poursuivis en justice. Comme l’ont souligné la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, le représentant jordanien a affirmé, avant de conclure, qu’il était important d’œuvrer à enrayer la culture d’impunité au Soudan du Sud.
M. CRISTIAN BARROS (Chili) a souligné que la responsabilisation relative aux droits de l’homme devait devenir une des priorités du nouveau mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). Il s’est alarmé de ce qui est « en passe de devenir le début d’une catastrophe humanitaire » et « d’indices sérieux du spectre d’un génocide et de crimes contre l’humanité » au Soudan du Sud.
Il a exhorté le Conseil d’agir au plus vite. « La prévention est possible et c’est pourquoi, nous devons nous servir de tous les mécanismes d’alerte précoce pour éviter davantage de pertes en vies humaines, tout en encourageant les parties à engager un dialogue », a recommandé le délégué chilien, qui a estimé que l’escalade de la violence et les atrocités commises étaient suffisantes pour que le Conseil engage un débat en profondeur, sur l’adoption de sanctions spécifiques contre les responsables éventuels.
Dans ce contexte, le représentant a formé l’espoir que la Commission d’enquête de l’Union africaine transmettra son rapport au Conseil de sécurité dans les plus brefs délais. M. Barros a aussi recommandé une bonne coordination entre cette Commission et la MINUSS, afin de préserver les éléments de preuve.
Il s’est en outre prononcé en faveur d’une saisine de la Cour pénale internationale, ce qui montrera que le Conseil est capable d’adopter des actions concrètes pour protéger la population civile.
Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a souligné qu’il était essentiel de prévenir une guerre civile au Soudan du Sud. Elle a noté la volonté du Président du Soudan du Sud de rencontrer son rival dès la semaine prochaine. Elle a ainsi appelé M. Riek Machar à des pourparlers pour un cessez-le-feu. Les deux dirigeants doivent renoncer et dénoncer les violences et appeler, ainsi, leurs forces respectives à déposer les armes, à cesser de prendre pour cibles les civils et à poursuivre la voie d’un véritable dialogue et réconciliation, a insisté la représentante.
Elle a en outre exigé que le Gouvernement du Soudan du Sud et l’opposition armée enquêtent sur les crimes qui ont été commis. Les auteurs devraient être arrêtés et poursuivis dans le plein respect des normes internationales reconnues. Sans établir de responsabilités, il ne sera pas possible de dissuader d’autres de commettre des exécutions sommaires et des massacres similaires, a-t-elle expliqué.
Le Conseil de sécurité, a-t-elle ajouté, doit veiller à ce que les enquêtes actuelles et futures examinent la mesure dans laquelle les dirigeants politiques et militaires savaient, ou auraient dû savoir, ou pourquoi ils n’étaient pas en mesure de prendre toutes les mesures nécessaires et raisonnables pour empêcher que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité soient commis par eux-mêmes ou par ceux placés sous leur autorité et leur contrôle. Elle a demandé à la Commission d’enquête de l’Union africaine à fournir les preuves de toutes les atrocités commises par les deux parties. Le Conseil devrait envisager de référer la situation à la CPI, a suggéré la représentante.
La dissuasion sur le terrain doit être renforcée et c’est pourquoi, il faudrait réexaminer le mandat de la MINUSS pour qu’elle puisse assurer, en priorité, la protection des civils. Tous les efforts devront être entrepris pour accélérer le déploiement d’une équipe régionale chargée d’assurer la protection des observateurs du cessez-le-feu et de dissuader les forces gouvernementales et les rebelles de reprendre les agressions.
Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a remercié la Haut-Commissaire et le Conseiller spécial d’avoir réaffirmé que l’impunité n’avait pas droit de cité pour les crimes graves commis au Soudan du Sud, que sa délégation condamne dans les termes les plus vigoureux. L’Argentine a déclaré qu’elle appuyait les enquêtes ouvertes par la Commission d’enquête de l’Union africaine, par la MINUSS et le Bureau de la Haut-Commissaire pour faire la lumière sur les allégations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Dans ce contexte, a estimé Mme Perceval, il est indispensable de déterminer l’identité des commanditaires en plus de celle des exécutants. Elle a ensuite estimé que le Conseil de sécurité devait prendre une décision afin d’augmenter les effectifs de la Mission, comme le demande le Secrétaire général. Elle a également plaidé pour le déploiement rapide au Soudan du Sud de la force de protection de l’IGAD.
Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a affirmé que les propos poignants de la Haut–Commissaire aux droits de l’homme, Mme Navanethem Pillay, et du Conseil spécial pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, illustrent à la fois la gravité de la situation au Soudan du Sud et la volonté des Nations Unies de mettre en œuvre l’initiative du Secrétaire général « Les droits d’abord ». Elle a condamné dans les termes les plus fermes les attaques qui ont fait des centaines de victimes civiles, notamment des femmes et des enfants, à Bentiu et à Bor, avant d’appuyer pleinement la médiation de l’IGAD.
La représentante a ensuite lancé u appel pressant aux parties pour qu’elles « commencent à aborder, « de bonne foi et sans plus tarder, les questions de fond », en soulignant que le tableau dressé par Mme Pillay et M. Dieng, cet après-midi, « était effrayant ». Elle a ensuite appelé le Président Salva Kiir et l’ancien Vice-Président Rick Machar à « rejeter toutes les attaques dirigées contre des civils, et à s’engager pour que ceux qui ordonnent ces attaques ou les exécutent soient amenés à rendre compte de leurs actes. La lutte contre l’impunité est une priorité, a-t-elle encore souligné.
Sa délégation se félicite de la publication, lundi prochain, du rapport final de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) sur les violations des droits de l’homme. Le Luxembourg se félicite également du lancement de la Commission de l’Union africaine, sous la conduite de l’ancien Président nigérian, M. Olusegun Obasanjo, qui vient d’effectuer sa première mission au Soudan du Sud. La représentante a condamné vigoureusement le recrutement d’enfants, les meurtres et mutilations d’enfants, les violences sexuelles et les attaques contre les écoles et les hôpitaux ou leur utilisation à des fins militaires.
M.JOON OH (République de Corée) a jugé inacceptables les tueries commises au Soudan du Sud ces derniers mois. La réunion du Conseil de sécurité sur le vingtième anniversaire du génocide au Rwanda a été l’occasion de redire « plus jamais ça », a-t-il rappelé. « Nous appelons le Président Salva Kiir et l’ancien Vice-Président Riek Machar à condamner publiquement les attaques contre les civils et à prendre des mesures pour les faire cesser », a-t-il dit. Le représentant s’est aussi inquiété de la précarité de la situation de plus d’un million de personnes déplacées, surtout avec l’arrivée de la saison des pluies. Les bases de la MINUSS sont déjà saturées, a-t-il fait remarquer à cet égard. Il a aussi encouragé l’IGAD à poursuivre ses efforts de médiation. Le représentant a par ailleurs expliqué que les combats sur les champs pétroliers menaçaient d’étendre le conflit à toute la région. Seule une solution politique, a-t-il estimé, peut contribuer à rétablir une situation normale.
Notre réponse ne sera ni la défensive ni le déni, a assuré M. FRANCIS MADING DENG (Soudan du Sud). Il a souligné qu’il incombait, en premier lieu, aux gouvernements de protéger les civils sans discrimination, qu’elle soit fondée sur l’appartenance ethnique ou toute autre considération, ne saurait justifier que l’on place un gouvernement démocratiquement élu sur un pied d’égalité politique et juridique avec un groupe rebelle qui recourt à la violence pour renverser le pouvoir. Le Président sud-soudanais avait assuré à la Haut-Commissaire et au Conseiller spécial que s’ils disposaient d’un peu plus de temps au cours de leur visite, il leur donnerait l’accès sur l’ensemble du pays pour évaluer l’ampleur de la violence et comprendre de manière plus approfondie la situation et « qui fait quoi ».
Le Gouvernement du Soudan du Sud sait bien, a affirmé le représentant, que personne ne prend les armes pour tuer et être tué lui-même sans cause, ni grief. C’est la raison pour laquelle il n’a cessé de réaffirmer son engagement en faveur du dialogue avec les rebelles pour mettre rapidement fin à la violence et promouvoir la paix, l’unité et la réconciliation nationale. Or, les propos des deux émissaires de l’ONU selon lesquelles les deux parties recrutent des enfants soldats est un autre exemple de cette « équivalence morale » qui brouille la réalité et qui pointe sur la nécessité d’établir les responsabilités là où elles doivent l’être. On sait bien que depuis 2003, a dit le représentant, l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) n’enrôle plus les enfants, comme l’ont reconnu d’ailleurs les organismes pertinents des Nations Unies. En revanche, « l’Armée blanche » des rebelles prouve bien qu’ils continuent à enrôler et à déployer des enfants.
Le Président Salva Kiir, a poursuivi le représentant, a dûment condamné les violations des droits de l’homme et créé, ainsi, un Comité de haut niveau chargé d’enquêter sur les allégations et de traduire en justice les auteurs. Le Président a clairement prévenu que quiconque s’attaquerait à un membre de la communauté s’attaquerait à lui-même. Le Gouvernement a aussi accueilli les bras ouverts la Commission d’enquête de l’Union africaine et toutes ses initiatives contrastent clairement avec la situation des droits de l’homme dans les zones contrôlées par les rebelles où les abus massifs et les massacres à motivation ethnique sont devenus une partie intégrante de leur stratégie de guerre, à peine condamnée par leur leadership.
Le représentant a jugé « très regrettable » que l’attaque des jeunes contre la base de l’ONU à Bor soit placée sur un pied d’égalité avec les atrocités commises par l’armée rebelle à Bentiu et à Malakal. Il a affirmé que les autorités locales avaient dûment informé la Mission de l’ONU de l’intention des jeunes de manifester et que la SPLA avait collaboré avec la Mission pour rétablir le calme. C’est la preuve que le Gouvernement du Soudan du Sud voit en la MINUSS un partenaire essentiel, a souligné le représentant. Il a dit apprécier l’appui concerté de la communauté internationale au processus de paix de l’IGAD et de l’Union africaine. Il a d’ailleurs prôné le renforcement de cet appui. Plus que jamais, son pays a besoin d’un appui au renforcement de ses capacités, a-t-il ajouté. Retirer cet appui pour des raisons de financement ou comme mesure punitive ne ferait qu’aggraver la crise, a-t-il prévenu. Les Nations Unies doivent envisager de maintenir un ferme appui au renforcement des capacités même si c’est en en dehors de la Mission. Il faut aussi des mécanismes de renforcement de la confiance entre le Gouvernement du Soudan du Sud et la Mission, a estimé le représentant, en soulignant que ce dont le Soudan du Sud a besoin c’est de la compréhension, de la compassion et un appui pour édifier une nation qui puisse garantir la paix, la sécurité, la stabilité et le développement pour tous.
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