Le regain de violence et la crise humanitaire au Darfour exigent une « réponse réadaptée », affirme le Chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU
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Conseil de sécurité
7159e séance – matin
LE REGAIN DE VIOLENCE ET LA CRISE HUMANITAIRE AU DARFOUR EXIGENT UNE « RÉPONSE
RÉADAPTÉE », AFFIRME LE CHEF DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a affirmé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que la crise humanitaire au Darfour, aggravée par un regain de violence et des déplacements massifs de population, constituait « l’une des plus importantes à l’échelle mondiale », et a proposé ainsi une « réponse réadaptée ».
« Une fois de plus, le Darfour se trouve à la croisée des chemins », a déclaré M. Ladsous, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).
« Depuis le début de cette année 2014, de nouvelles dynamiques sont apparues avec un impact considérable sur la population », a-t-il déclaré, en estimant que « cette situation devrait, par conséquent, nous conduire à réadapter notre réponse ».
« En particulier, la coopération à différents niveaux, d’abord entre l’Union africaine et les Nations Unies, ensuite entre la MINUAD et le Gouvernement du Soudan et, enfin, entre la MINUAD et l’équipe de pays des Nations Unies, doit être intensifiée pour soutenir les activités de la Mission », a expliqué le Secrétaire général adjoint.
Dans son rapport, M. Ban Ki-moon présente un état actualisé et une analyse du conflit et de la situation politique et opérationnelle au Darfour, ainsi que les résultats obtenus par la MINUAD et les mesures qu’elle a prises pour atteindre les priorités stratégiques exposées dans son rapport spécial du 25 février 2014 (S/2014/138) et renforcer et rationaliser ses opérations, comme le Conseil le lui avait demandé dans sa résolution 2148 (2014).
Pour M. Ladsous, « au Darfour, plus qu’ailleurs, les efforts de médiation doivent bénéficier de tout le soutien politique nécessaire et l’implication des acteurs majeurs doit être cohérente et constante en vue d’un dialogue constructif menant à une paix durable ».
« À cet égard, l’appui politique du Conseil de sécurité des Nations Unies ainsi que de celui du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine aux efforts en cours du Médiateur en chef conjoint en vue de convaincre les parties en présence d’entamer des négociations directes, et les mouvements rebelles à rejoindre le processus de paix, est d’une importance capitale. »
Le Secrétaire général adjoint constate qu’« après une période d’accalmie relative, le Darfour connaît actuellement un regain de violence », la situation étant « marquée par des déplacements massifs de populations ». « Elle est aussi caractérisée par des discordes apparentes parmi les alliés locaux du pouvoir soudanais, exacerbées par leurs rivalités politiques croissantes », poursuit-il, en évoquant également « le contexte économique très difficile de la région ».
Dans son exposé, M. Ladsous a souligné que cette violence avait entraîné une « détérioration de la situation humanitaire au Darfour ». « Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime à plus de 370 000 le nombre des personnes déplacées depuis le mois de janvier, parmi lesquelles plus de 260 000 n’ont toujours pas pu, jusqu’à présent, regagner leur foyer », a-t-il dit.
Au total, selon les estimations de l’OCHA, le Darfour compte actuellement plus de 2 millions de personnes déplacées. « Comme le souligne le rapport du Secrétaire général, si la plupart des personnes nouvellement déplacées ont pu recevoir au moins une forme d’assistance, les restrictions de mouvement imposées par les belligérants n’ont pas permis à l’aide humanitaire de leur parvenir rapidement et en quantité suffisante », a-t-il affirmé. De même, « ces restrictions de mouvement n’ont également pas permis à la MINUAD de s’acquitter comme nous l’aurions souhaité de son mandat de protection des civils face à l’insécurité croissante ».
« Dans ce contexte difficile, la MINUAD a mis l’accent sur des actions concrètes et des mesures reflétant les priorités de l’examen stratégique » décrites dans le rapport spécial du 25 février du Secrétaire général et approuvé, le 3 avril 2014, en vertu de la résolution 2148 (2014).
Ces priorités stratégiques, a-t-il rappelé, sont la protection des civils, la facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire et sécurité et sûreté du personnel humanitaire; la médiation entre le Gouvernement et les mouvements armés non signataires sur la base du Document de Doha pour la paix au Darfour, compte tenu de la démocratisation en cours du pays; l’appui au règlement des conflits communautaires par la médiation, y compris grâce à l’adoption de mesures visant à s’attaquer aux causes profondes de ces conflits, en collaboration avec l’équipe de pays des Nations Unies.
En ce qui concerne les priorités stratégiques de la Mission, M. Ladsous s’est félicité de la proposition faite par le Médiateur en chef conjoint de développer, en collaboration avec l’Union africaine, un cadre commun pour les négociations politiques.
Par ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre de l’examen stratégique, la Mission et le Département des opérations de maintien de la paix ont procédé à une analyse approfondie des tâches de la composante police qui a permis de restructurer son commandement et son dispositif de contrôle et de réduire l’effectif actuel de 723 policiers, de quatre membres d’unités de police constituées et de quatre postes d’administrateur (police).
De son côté, le représentant du Soudan, M. Mohamed Osman Alnor, a noté que le rapport du Secrétaire général faisait allusion à la décision de son gouvernement d’ouvrir un dialogue national sans exclusive qui porterait sur la paix et la sécurité, les réformes politiques et la démocratisation, les réformes économiques et l’identité nationale.
Il a souligné qu’il était indispensable pour le Conseil de sécurité de continuer à appuyer ce processus et à encourager les mouvements armés encore non signataires à déposer les armes et à rejoindre ce dialogue politique inclusif, « dont le succès est la seule garantie de paix et de stabilité ».
À cet égard, il s’est félicité de l’ouverture, hier à Addis-Abeba, de consultations entre le Gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord.
Abordant la question des violences intercommunautaires qui secouent actuellement le Darfour, il a assuré que son gouvernement s’efforçait de les atténuer et de se pencher sur leurs causes profondes.
Par ailleurs, le représentant soudanais s’est élevé contre la description qui est faite dans le rapport de la « force d’appui rapide », assimilée à une milice. Cette force, a-t-il précisé, est, au contraire, totalement intégrée au sein des forces armées régulières.
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD
Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine – Nations Unies au Darfour (S/2014/279)
Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, présente, dans ce rapport, un état actualisé et une analyse du conflit et de la situation politique et opérationnelle au Darfour.
Il présente également les résultats obtenus par l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD)et les mesures qu’elle a prises pour atteindre les priorités stratégiques exposées dans son rapport spécial du 25 février 2014 (S/2014/138) et renforcer et rationaliser ses opérations, comme le Conseil le lui avait demandé dans sa résolution 2148 (2014).
Le Secrétaire général explique que l’on assiste actuellement à une flambée de violence qui déstabilise le Darfour à trois niveaux qui entretiennent des liens étroits.
Premièrement, la détérioration de la situation économique a avivé les conflits intertribaux pour l’accès aux terres et aux ressources. Dans certaines régions, en particulier au Darfour méridional et septentrional, ces conflits ont été fomentés par des personnalités politiques de premier plan pour régler d’anciennes rivalités politiques.
Deuxièmement, le déploiement dans la région d’une milice fidèle au Gouvernement, la Force d’appui rapide, a gravement compromis la sécurité des populations, de leurs biens et de leurs modes de subsistance, en particulier au Darfour méridional et, de plus en plus, au Darfour septentrional.
Troisièmement, les conditions de sécurité continuent de se dégrader sous le coup des attaques perpétrées par des groupes rebelles contre les forces gouvernementales et des bombardements aveugles menés par les Forces armées soudanaises dans les zones contrôlées par les rebelles.
Pour tous les observateurs, la MINUAD s’est heurtée, de toute évidence, à des difficultés dans l’exécution de son mandat. Néanmoins, le Secrétaire général croit fermement qu’en travaillant en collaboration en vue d’atteindre des objectifs opérationnels et stratégiques concrets, l’Union africaine, l’ONU, les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, la direction et le personnel de la MINUAD, l’équipe de pays des Nations Unies et les autres partenaires peuvent contribuer davantage à instaurer la paix au Darfour et à protéger les personnes à risque.
La collaboration totale du Gouvernement soudanais est fondamentale pour progresser dans la réalisation de ces objectifs, affirme-t-il.
En ce qui concerne les priorités politiques stratégiques révisées de la Mission, M. Ban se félicite de la proposition faite par le Médiateur en chef conjoint, tendant à élaborer, de concert avec l’Union africaine, un cadre commun pour les négociations politiques au titre du dialogue national.
Le Secrétaire général se dit fermement convaincu qu’un dialogue national est nécessaire pour assurer le développement économique et politique du Soudan et que, dans le même temps, la mise en œuvre du Document de Doha pour la paix au Darfour demeure nécessaire pour remédier aux causes profondes du conflit régional.
Il regrette que les années d’efforts consentis en vue de la signature du Document de Doha pour la paix au Darfour n’aient pas suscité de la part des mouvements signataires et de l’ensemble de la communauté internationale le même degré d’engagement en faveur de sa mise en œuvre.
L’application des dispositions du Document de Doha peut apporter des solutions aux causes profondes du conflit au Darfour, dont les questions de réforme foncière et de retour, de développement économique et social, de justice et d’état de droit.
Il demande aux parties signataires et aux partenaires internationaux de redoubler d’efforts en vue de sa mise en œuvre et de saisir, dans le même temps, toutes les occasions au niveau national pour se pencher sur les questions plus larges d’ouverture politique.
Le mandat de la MINUAD ne peut être exécuté sans la pleine collaboration du Gouvernement soudanais. C’est pourquoi le Secrétaire général lui demande de permettre à la Mission et au personnel humanitaire et des secours au Darfour d’avoir un accès total aux zones de conflit.
Enfin, le Secrétaire général souligne que dans les prochains mois, la MINUAD, le Secrétariat de l’ONU, la Commission de l’Union africaine et les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police seront appelés à faire davantage, en partenariat avec le Gouvernement soudanais, pour mettre en œuvre les résultats de l’examen stratégique et rationaliser la Mission.
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