La Stratégie globale en RDC et dans la région commence à porter ses fruits, constatent le Chef de la MONUSCO et l’Envoyée spéciale pour les Grands Lacs
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Conseil de sécurité
7137e séance – après-midi
LA STRATÉGIE GLOBALE EN RDC ET DANS LA RÉGION COMMENCE À PORTER SES FRUITS,
CONSTATENT LE CHEF DE LA MONUSCO ET L’ENVOYÉE SPÉCIALE POUR LES GRANDS LACS
Un an après la signature d’un accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération et la défaite militaire, en novembre dernier, du Mouvement du 23 mars (M23), l’espoir est permis en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région, la stratégie globale mise en place commençant à porter ses fruits.
Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), M. Martin Kobler, et l’Envoyée spéciale pour la région des Grands Lacs, Mme Mary Robinson, ont tous deux fait état, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, d’un « dynamisme » et d’un « espoir », même si la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est congolais reste précaire.
Après des décennies de guerre, la confiance entre les États de la région « reste fragile, mais c’est normal », a souligné M. Kobler, qui présentait le rapport* du Secrétaire général sur la MONUSCO. Le Représentant spécial a néanmoins senti un « dynamisme » et un « espoir » qui exigent de la MONUSCO et de l’équipe de pays qu’elles saisissent cette chance, peut-être la première depuis de nombreuses années, d’instaurer une paix durable.
Dans son rapport, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, « recommande vivement » au Conseil de sécurité de proroger « pour l’année à venir » le mandat de la MONUSCO « afin que nous puissions poursuivre notre entreprise de paix et de sécurité dans la région des Grands Lacs ».
De son côté, Mme Robinson qui présentait, en visioconférence à partir de Londres, le rapport** du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en République démocratique du Congo et dans la région, s’est dite convaincue que cet Accord offrait les meilleures perspectives pour la sécurité et pour l’amélioration des conditions de vie des habitants de la région, lesquels continuent à supporter le poids de la violence armée et de l’agression.
Signé par 11 pays d’Afrique le 24 février 2013 à Addis-Abeba, sous les auspices des Nations unies, de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), cet Accord-cadre prévoit un certain nombre d’engagements à mettre en œuvre en vue d’enrayer le cycle dévastateur de la violence.
Il engage notamment les autorités de la RDC à réformer leurs forces de sécurité afin de réaffirmer l’autorité de l’État dans l’est du pays, ainsi qu’à mener des réformes institutionnelles de fond. Les pays de la région s’engagent de leur côté à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de leurs voisins.
M. Kobler a déclaré que la défaite du M23, les opérations conjointes contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les Forces démocratiques alliées (ADF) ainsi que la sécurisation des territoires libérés contribuaient tous à l’émergence d’îlots de stabilité menant graduellement vers le rétablissement de l’autorité de l’État à l’est.
Le Chef de la MONUSCO a appelé à consolider les gains tout en sécurisant les zones où les groupes armés sont encore actifs. Mais la paix a un prix, a-t-il convenu, en indiquant que la Mission comptait réduire son budget et supprimer plus de 300 postes.
Des progrès relatifs ont été enregistrés au niveau national depuis l’adoption du Plan d’action pour la mise en œuvre de l’Accord-cadre, a noté Mme Robinson. Plusieurs questions cruciales subsistent, selon elle, qui nécessitent une attention urgente.
L’Envoyée spéciale a notamment souligné la nécessité de déployer davantage d’efforts pour consolider l’autorité de l’État dans tout le pays, renforcer la réforme du secteur de la sécurité, notamment l’armée, promouvoir la bonne gouvernance, la réconciliation, la tolérance et la démocratisation.
** S/2014/153
LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en République démocratique du Congo et dans la région (S/2014/153)
Dans ce rapport, le Secrétaire général indique qu’un an après l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération du 24 février 2013, la situation sur le terrain reste certes délicate mais s’est notablement améliorée.
Sur le plan militaire, le Gouvernement de la République démocratique du Congo est désormais en mesure de reprendre le contrôle des territoires tenus jusque-là par le M23 et a commencé à engager de nouvelles opérations contre les groupes armés étrangers opérant dans l’est du pays, dont les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). La défaite du M23 a par ailleurs entraîné la reddition spontanée d’éléments d’autres groupes armés, ce qui appelle à la mise en place de programmes efficaces de démobilisation, de désarmement et de réintégration aux niveaux tant national que régional.
Sur le plan politique, le Président Joseph Kabila a créé le Mécanisme de suivi national chargé de contrôler la mise en œuvre des engagements nationaux. Il a également ouvert les concertations nationales et institué un comité national de suivi, coprésidé par les présidents des deux chambres du Parlement.
Le Secrétaire général stigmatise alors le manque de moyens opérationnels du Mécanisme de suivi national, les retards intervenus dans l’application des recommandations des concertations nationales ainsi que l’absence de feuille de route harmonisée pour la mise en œuvre des réformes nationales. Les principaux points convenus par le Dialogue de Kampala exigent également une attention urgente et immédiate, tout comme la prise des mesures d’application de la loi d’amnistie récemment promulguée par le Président Joseph Kabila.
Avec l’adoption des critères et du plan d’action régionaux, la région dispose désormais des moyens de guider la mise en œuvre de ses engagements et de mesurer les progrès réalisés, affirme le Secrétaire général. La question du retour des réfugiés et des déplacés, avertit le Secrétaire général, demeure un facteur de conflictualité. Il félicite le Président angolais Edouardo dos Santos qui, à la présidence de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs, a pris l’initiative de convaincre ses homologues de régler des questions délicates.
Le Secrétaire général assure que son Envoyée spéciale continuera de piloter la promotion de la pleine mise en œuvre de l’Accord-cadre, à savoir, à appuyer le dialogue sur les questions régionales délicates, notamment les FDLR et le rapatriement des ex-combattants du M23 qui se trouvent dans les pays voisins; à encourager la Conférence internationale à collaborer avec le Mécanisme de suivi national; et à mobiliser les principaux pays de la région et les partenaires internationaux pour renforcer les moyens du Mécanisme conjoint de vérification élargi.
Elle continuera aussi à collaborer avec les organisations de la société civile, les gouvernements et les donateurs pour rendre opérationnelle la Plateforme des femmes pour l’Accord-cadre; et à mobiliser aux niveaux international et régional en vue de mettre en place un centre régional de formation sur les violences sexuelles et sexistes.
Rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (S/2014/157)
Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport, « recommande vivement » au Conseil de sécurité de proroger « pour l’année à venir » le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) « afin que nous puissions poursuivre notre entreprise de paix et de sécurité dans la région des Grands Lacs ».
Ce rapport porte sur les principaux faits nouveaux survenus depuis la publication de son précédent du 17 décembre 2013 (S/2013/757), notamment en ce qui concerne la tenue des engagements souscrits par la République démocratique du Congo (RDC) dans l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région et les progrès accomplis par la MONUSCO dans l’exécution de son mandat. Il fait également le point sur la reconfiguration de la MONUSCO et le transfert des responsabilités à l’équipe de pays des Nations Unies.
Le Secrétaire général observe que la stratégie globale qu’il présentait dans son rapport du 27 février 2013 au Conseil de sécurité (S/2013/119) a commencé à porter ses fruits. Un an après sa signature, écrit-il, l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération reste un pilier de la consolidation de la paix en RDC et demeure pour son peuple et pour la région un catalyseur du développement et de la reconstruction.
Une attitude ferme vis-à-vis des groupes armés visant à leur neutralisation, une action régionale résolue pour garantir le respect des engagements pris par les signataires de l’Accord-cadre et les efforts faits pour engager des réformes vitales en RDC demeurent, selon lui, les grands axes d’une stratégie qui doit être poursuivie avec détermination dans les mois à venir afin de consolider les acquis de 2013 et de lutter plus efficacement contre une violence qui reste omniprésente dans l’est du pays, mais aussi contre ses causes profondes.
M. Ban affirme que la défaite militaire du Mouvement du 23 mars (M23) au mois de novembre 2013 a marqué une étape importante vers le renforcement de la sécurité et de la stabilité dans l’est de la RDC. Cet événement a permis à l’État de reprendre possession de régions dont il avait perdu le contrôle depuis plus de deux ans et a conduit de nombreux autres groupes armés à déposer les armes.
Il reste cependant encore beaucoup à faire pour consolider ces acquis. D’anciens combattants du M23 n’ayant pas commis de crimes graves, en particulier ceux qui sont toujours en Ouganda et au Rwanda, doivent être démobilisés et réinsérés dans la société congolaise.
Il se félicite à cet égard de la loi d’amnistie récemment promulguée par le Président Joseph Kabila et encourage le Gouvernement à l’appliquer le plus rapidement possible afin d’accélérer le processus de réinsertion des ex-combattants. Il demande également au Gouvernement congolais de continuer à mettre au point le programme national de désarmement, de démobilisation et de réintégration en étroite coordination avec la communauté internationale des donateurs, dans un souci de cohérence avec le principe d’un processus essentiellement volontaire, de manière à favoriser sa rapide mise en œuvre, et prie les Gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda d’apporter leur collaboration au rapatriement de ces ex-combattants.
D’autres groupes armés dangereux continuent de s’en prendre à la population dans l’est de la RDC. Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les Forces démocratiques alliées (ADF) et autres groupes doivent être neutralisés, souligne-t-il. Il exhorte une nouvelle fois tous les signataires de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération à honorer leurs engagements.
Pour le Secrétaire général, la RDC a progressé par étapes dans la mise en œuvre des six points sur lesquels elle s’est engagée au titre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération. Le moment est venu, estime-t-il, d’accélérer le rythme de ces réformes.
Si des progrès tangibles étaient accomplis dans le règlement des principaux problèmes, comme la réforme du secteur de la sécurité, la décentralisation, la gestion des ressources naturelles et la lutte contre la corruption, qui sont souvent interdépendants, la population congolaise se rallierait au processus, et la confiance en l’avenir du pays et de ses institutions serait renforcée. Cela contribuerait à instaurer un climat politique propice à la tenue d’élections crédibles, transparentes et pacifiques, dans le respect du calendrier constitutionnel.
Il est capital que de nouvelles avancées soient faites dans les mois à venir, ajoute M. Ban, dont le Représentant spécial a mis en place à cette fin un mécanisme de coordination fonctionnelle au niveau des ambassadeurs, centré sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration, les élections et la réforme du secteur de la sécurité.
Il se montre particulièrement préoccupé par le fait que la réforme du secteur de la sécurité soit aussi lente, en dépit de l’importance que lui accorde le Président Kabila. La réforme de l’armée doit passer à la vitesse supérieure et être suffisamment ambitieuse pour amener les changements profonds qui permettront de faire de l’armée congolaise une force professionnelle et disciplinée capable de protéger la population et d’assurer l’intégrité territoriale du pays.
Il convient également, selon lui, de continuer à progresser en ce qui concerne l’expansion de l’autorité de l’État, la décentralisation, la préparation des élections et les réformes structurelles visant à renforcer la gouvernance politique et économique et à lutter efficacement contre la corruption, dont les effets pèsent sur le bien-être socioéconomique et la sécurité du peuple congolais au quotidien.
Déclarations
M. MARTIN KOBLER, Représentant spécial du Secrétaire général en République démocratique du Congo et Chef de la MONUSCO, a déclaré que la défaite du M23, les opérations conjointes contre les FDLR et les Forces démocratiques alliées (ADF) ainsi que la sécurisation des territoires libérés contribuent tous à l’émergence d’îlots de stabilité menant graduellement vers le rétablissement de l’autorité de l’État à l’est. M. Kobler a appelé à consolider les gains tout en sécurisant les zones où les groupes armés sont encore actifs.
Il s’est dit encouragé par la tenue en février 2014 du festival Amani (paix en swahili) qui a vu 11 000 Congolais et Rwandais danser et chanter ensemble à Goma. C’est à nous maintenant de gagner la paix avec énergie, conviction et persistance, a insisté le Chef de la MONUSCO. Il a dit avoir visité le triangle de la mort au Katanga où les groupes Maï-Maï/Bakata/Katanga ont incendié 80 villages, provoquant le déplacement de 400 000 civils. Il a donc décidé de renforcer la présence de la Mission au Katanga.
À l’aube d’un nouveau mandat, les priorités de la Mission demeurent les mêmes: la sécurité et la protection des civils; la stabilisation des zones affectées par un conflit; et l’appui au processus des réformes et à la mise en œuvre de l’Accord-cadre.
M. Kobler a souligné qu’à ce jour, la Force de la Mission et les Forces armées congolaises ont repris de nombreuses positions aux rebelles. Le message est clair: se rendre ou subir le feu. Mais, a-t-il prévenu, la Force de l’ONU doit se moderniser et devenir robuste, souple, mobile, bien formée et tout à fait capable de se déployer dans tout l’est de la RDC. Il faut une plus forte présence en Ituri, au Sud-Kivu et au Katanga. Le déploiement des forces spéciales égyptiennes au Katanga et la réaction des forces uruguayennes à l’attaque des Cheka à Pinga, démontrent combien une approche proactive peut prévenir des attaques contre les civils et comment les composantes et les unités de la Force peuvent travailler ensemble dans une même approche. Le mot d’ordre est « un seul mandat, une seule mission, une seule force ».
M. Kobler a tout de même prévenu que l’utilisation de la force est insuffisante sans un cadre politique. Le succès militaire sur le M23 ne sera pas viable sans la mise en œuvre des déclarations de Nairobi et sans la réintégration rapide dans la société des ex-combattants qui sont en Ouganda et au Rwanda. Il a appelé la communauté internationale et le Gouvernement congolais à trouver des solutions pour la structure et le financement du processus DDR.
Le Représentant spécial a promis un rapport spécifique sur la tolérance zéro s’agissant de la violence sexuelle. Il a aussi précisé que depuis décembre 2013, 268 enfants ont été retrouvés dans les groupes armés qui se sont rendus à l’armée congolaise au Nord-Kivu. Le plus jeune d’entre eux avait 10 ans.
S’agissant de la stabilisation des zones libérées, il a indiqué que les autorités du Nord-Kivu ont identifié sept projets supplémentaires prêts à se transformer en îlots de stabilité. Aujourd’hui, a-t-il rappelé, deux tiers du personnel de la MONUSCO basé à Kinshasa est en train d’être déployé à l’est. Cette nouvelle configuration ne signifie pas une prolongation du mandat de la MONUSCO, bien au contraire, c’est un premier pas vers la sortie.
Pour ce qui est de l’appui à la mise en œuvre du processus des réformes, le Chef de la MONUSCO a dit avoir créé un groupe de coordination, au niveau des ambassadeurs, pour harmoniser les positions des donateurs dans quatre domaines: DDR, élections, réforme du secteur de la sécurité et stabilisation. Il faut que la force d’intervention rapide des Forces armées congolaises puisse très vite remplacer la Brigade d’intervention de la MONUSCO. Sur le plan électoral, la Commission indépendante vient de présenter au Parlement une feuille de route pour les scrutins locaux, municipaux et provinciaux.
M. Kobler a appelé la communauté internationale à soutenir la RDC dans sa route vers la démocratie. Il a appelé l’opposition à signer le Code de conduite des partis politiques et le Gouvernement à respecter les libertés d’opinion, d’expression et de réunion de toutes les forces politiques. La Mission, a-t-il indiqué, a déjà mis en place un groupe de travail sur les incidents électoraux pour surveiller la situation.
Après des décennies de guerre, a-t-il avoué, la confiance entre les États de la région reste fragile, mais c’est normal. Le Représentant spécial a tout de même dit voir un dynamisme et un espoir qui exigent de la MONUSCO et de l’équipe de pays qu’elles saisissent cette chance, peut-être la première depuis de nombreuses années, d’instaurer une paix durable. Mais la paix a un prix, a-t-il convenu, en indiquant que la MONUSCO compte réduire son budget et supprimer plus de 300 postes. La faculté de faire un bon travail requiert de bonnes ressources, a-t-il tout de même prévenu.
Mme MARY ROBINSON, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, qui s’exprimait de Londres par visioconférence, a affirmé qu’un an après la signature de l’Accord-cadre, elle demeurait convaincue qu’il offrait les meilleures perspectives d’espoir pour la sécurité et pour l’amélioration des conditions de vie des habitants de la région, lesquels continuent à supporter le poids de la violence armée et de l’agression.
En effet, au cours de la dernière année, l’espérance s’est levée avec la défaite du Mouvement rebelle M23, suivie de la conclusion du dialogue de Kampala entre les parties.
Les Forces armées de la République démocratique du Congo(FARDC), soutenues par la Brigade d’intervention de la Force de la MONUSCO, poursuivent leurs efforts pour libérer l’est du pays des groupes armés, a-t-elle dit. Elle a cependant souligné que la situation en RDC et dans la région restait précaire et délicate et nécessitait des actions à plusieurs niveaux pour maintenir l’élan actuel et obtenir des résultats significatifs.
Une bonne façon de maintenir l’élan actuel est de veiller à ce que le « Cadre de l’espoir », un document qui définit la vision de l’ONU et une approche « différente » pour un vrai changement susceptible de mener à la paix, à la sécurité et au progrès économique, tienne ses promesses d’aligner les actions internationales avec les dynamiques positives qui émergent dans la région et qui renforcent les objectifs de l’Accord-cadre.
Selon elle, la présidence angolaise actuelle de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs offre des perspectives importantes pour faire avancer la cause de la paix et de la stabilité dans la région. À cet égard, a-t-elle ajouté, le Président José Eduardo dos Santos a engagé un dialogue politique avec les Présidents Paul Kagame, Joseph Kabila, Yoweri Museveni et Jacob Zuma sur les groupes armés illégaux tels que les FDLR et les ADF au cours duquel ils ont convenu d’un plan pour s’attaquer à ces sources d’insécurité en RDC et dans la région.
Entre autres, il a été convenu que les chefs d’état-major des cinq pays impliqués dans le dialogue se réunissent et examinent les moyens de soutenir les plans de la RDC pour traiter la question des FDLR.
Les FARDC, soutenues par la Brigade d’intervention de la MONUSCO, font des progrès importants dans leurs opérations contre l’ADF, a-t-elle expliqué, précisant que les opérations avaient commencé contre les FDLR. Les engagements du Président Kabila à Luanda pour contrer la menace des FDLR de manière globale à la fin de l’année et l’ultimatum de son gouvernement lancé le 24 février aux FDLR ainsi que les mesures prises récemment par les FARDC sont des signes encourageants, a poursuivi Mme Robinson.
Mme Robinson a par ailleurs mis l’accent sur l’importance de la mise en œuvre des aspects sociaux et économiques de l’Accord-cadre. La paix, a-t-elle réitéré, ne peut s’enraciner sans preuves tangibles sur le terrain selon lesquelles les emplois et les entreprises sont en mesure de s’épanouir, sans que les gens sentent une différence dans leur vie.
Elle a ensuite indiqué que son bureau convoquerait la conférence sur l’investissement du secteur privé conjointement avec la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, la Communauté de développement de l’Afrique australe(SADC), l’Union africaine, en étroite collaboration avec l’Union européenne, la Banque mondiale, les agences des Nations Unies, des pays de la région et avec l’appui des institutions bilatérales et multilatérales.
Cette conférence visera à promouvoir une compréhension commune du rôle du secteur privé dans l’évolution du pilier économique de l’Accord-cadre, à inspirer des recommandations pour des actions politiques à l’adresse des décideurs et à créer un espace pour les acteurs publics et privés des pays signataires pour identifier des entreprises et des possibilités d’investissement.
Les piliers sociaux et économiques de l’Accord-cadre ont également enregistré quelques réalisations avec la mise en place de la plateforme des femmes, qu’elle a lancée le 28 janvier. La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs a ouvert un centre de formation régionale sur la violence sexuelle et sexiste à Kampala, en Ouganda, le 16 février, pour la formation du personnel de sécurité dans la région.
Des progrès relatifs ont été enregistrés au niveau national depuis l’adoption du Plan d’action pour la mise en œuvre de l’Accord-cadre, a poursuivi Mme Robinson. Elle s’est félicitée du fait que le Président Kabila et le Gouvernement de la RDC aient promulgué une loi d’amnistie, laquelle ne s’appliquera pas aux responsables de crimes et violations graves des droits de l’homme.
Plusieurs questions cruciales demeurent et nécessitent une attention urgente, a-t-elle également dit, soulignant la nécessité de déployer davantage d’efforts pour consolider l’autorité de l’État dans tout le pays, renforcer la réforme du secteur de la sécurité, notamment l’armée, promouvoir la bonne gouvernance, la réconciliation, la tolérance et la démocratisation.
Malgré les modestes progrès enregistrés au cours de la dernière année, un long chemin reste à parcourir pour atteindre les objectifs de l’Accord-cadre. La situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC reste fragile, a-t-elle observé, appelant à trouver les moyens et le courage de lutter contre toutes les causes sous-jacentes des conflits, promouvoir la réconciliation et lutter contre les obstacles qui entravent le retour volontaire des réfugiés dans la sécurité et la dignité.
Bien que des efforts doivent rester concentrés sur la stabilisation de la RDC, il convient aussi d’être conscient de l’impact de l’évolution de la situation en République centrafricaine et au Soudan du Sud, deux pays signataires de l’Accord-cadre, a-t-elle affirmé, se déclarant très préoccupée par la persistance des rapports faisant état de violations flagrantes des droits de l’homme dans ces pays ainsi que de la situation sécuritaire qui y prévaut.
M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a affirmé que l’élan s’était ralenti, les progrès étant limités tant sur les fronts politique que militaire, et a évoqué une situation explosive. Les prochains mois seront cruciaux, a-t-il estimé. Il faudra voir, selon lui, comment la résolution 2098 (2013) sera traduite dans les faits pour renforcer le processus de paix et protéger les civils dans les zones libérées.
La loi d’amnistie est une étape positive en matière de réconciliation nationale, mais elle doit s’accompagner de mesures appropriées, a-t-il en outre jugé. Le problème rencontré concerne, selon lui, la position de la RDC et de l’ONU à l’égard de la menace que font peser les FDLR, responsables du génocide contre les Tutsis. Cette menace, a-t-il dit, persiste en dépit du mandat de la MONUSCO qui a bénéficié de moyens extraordinaires avec la création de la Brigade internationale d’intervention. Il est grand temps que le Gouvernement de la RDC change d’attitude à l’égard des FDLR, a-t-il déclaré.
Le représentant rwandais a mis l’accent sur l’absence de volonté notoire de la part de la MONUSCO, selon lui, pour faire face aux groupes armés dans la région. M. Gasana a expliqué notamment que les FDLR comptaient 3 640 hommes disposant d’armes d’infanterie, des effectifs qui risquent d’augmenter en raison de leurs opérations de recrutement.
Le représentant a conclu en rappelant que le mois prochain sera commémoré le vingtième anniversaire du génocide contre les Tutsis. Il n’y aurait pas de plus grand symbole pour les victimes que la défaite et l’élimination une fois pour toutes des FDLR, a affirmé M. Gasana.
M. IGNACE GATAVA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo) a affirmé que son pays faisait sien l’appel lancé par les chefs d’État et de gouvernement des pays signataires de l’Accord-cadre à l’issue de la réunion de haut niveau du mécanisme régional de suivi qui s’est tenue à Addis-Abeba le 31 janvier 2014.
Les pays de la région ont en effet appelé à coopérer et à prendre les mesures nécessaires pour neutraliser les groupes armés, combattre l’impunité pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, violences sexuelles liées aux conflits et autres violations flagrantes des droits de l’homme, et à mener des actions appropriées contre les personnes visées par le régime de sanctions des Nations Unies.
La RDC, a-t-il dit, est déterminée à assumer sa part de responsabilité afin que la paix et la concorde reviennent dans la région. À cet effet, dès le lendemain de la signature de l’Accord-cadre, le Gouvernement congolais s’est attelé à remplir ses obligations, a-t-il assuré.
Ainsi, le Gouvernement poursuivra les efforts engagés pour parachever la réforme du secteur de sécurité. L’assainissement des structures et du personnel de l’armée, des services de sécurité et de la police, le recrutement dans les forces de défense des jeunes congolais issus de toutes les provinces du pays, la réouverture des académies militaires, la formation, avec le concours des partenaires bilatéraux, des forces spéciales et des unités d’appui, avec comme objectif prioritaire l’opérationnalisation de la Force de réaction rapide, sont, a-t-il ajouté, autant d’actions concrètes déjà engagées, et que le Gouvernement compte renforcer, afin de rendre la défense du territoire plus efficace et de mieux assurer l’autorité de l’État.
Le délégué a rappelé notamment que LE Président de la RDC, M. Joseph Kabila, avait promulgué, le 11 février dernier, la loi qui amnistie les faits d’insurrection, les faits de guerre et les délits politiques commis sur le territoire congolais entre le 18 février 2006 et le 20 décembre 2013.
De même, il y a un mois, après son grand oral devant la chambre basse du Parlement, le Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a rencontré les partis et regroupements politiques. Ce rendez-vous qui consacrait le démarrage effectif du cycle électoral 2014-2016, s’est soldé par l’adoption à l’unanimité du nouveau Code de conduite des partis politiques et des candidats. À la date du 10 février, ce Code avait recueilli 233 signatures des partis politiques.
Dans le cadre du DDR, le délégué a rappelé que, le 26 décembre 2013, le Conseil des Ministres avait adopté le troisième Plan national. L’identification des combattants des groupes armés du Nord-Kivu, regroupés dans les sites de Bweremana et Kanyaruchinya est achevée, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le processus de décentralisation entrera bientôt dans sa phase exécutoire avec la mise en place du nouveau Gouvernement, avec en toile de fond la mise en place progressive des nouvelles provinces, la dévolution des services financiers de l’administration centrale à celles des provinces et la mise sur pied de la Caisse nationale de péréquation.
Répondant à l’intervention de son collègue rwandais, il a affirmé que c’étaient les Congolais eux-mêmes qui souffraient des FDLR. Comment peut-on imaginer qu’un gouvernement puisse soutenir ces criminels, a-t-il dit. Le Rwanda doit renoncer à son cynisme à l’égard de la population congolaise qui souffre. La RDC, a dit le représentant, a perdu plus de 6 millions de personnes depuis le début de la guerre. Elle ne peut pas soutenir les FDLR, a-t-il insisté, soulignant que le Représentant spécial pouvait en témoigner.
Pour le représentant congolais, le Rwanda utilise l’argument des FDLR comme un prétexte pour déstabiliser l’est de la RDC. Il a pris à témoin la communauté internationale et les membres du Conseil de sécurité. « Mon pays ne peut être ainsi accusé publiquement. »
Le renouvellement du mandat de la MONUSCO, a voulu le représentant, devra se faire selon l’esprit des paragraphes 9, 10, 11 et 12 de la résolution 2098 (2013) par laquelle le Conseil de sécurité avait décidé de poursuivre et parachever sa « brigade d’intervention », ce qui, a-t-elle précisé, permettra de réduire la menace que représentent les groupes armés pour l’autorité de l’État et la sécurité des civils dans l’est de la RDC et de préparer le terrain pour les activités de stabilisation.
Le second mandat de la brigade d’intervention, qui va bientôt commencer, devrait consacrer le couronnement des efforts déjà entrepris pour ramener la paix en RDC et dans toute la région des Grands lacs, a conclu le représentant.
Reprenant la parole, le représentant du Rwanda a regretté un élément de langage de son homologue congolais en précisant qu’il n’était pas question de « fêter » le génocide du Rwanda le 7 avril prochain mais de « commémorer » cet événement.
Réagissant, le représentant de la RDC a dit comprendre la remarque de son homologue rwandais en convenant qu’il s’agissait d’un événement triste et inacceptable. Il a néanmoins exigé de l’Ambassadeur du Rwanda du respect pour les autorités de la RDC et celles d’autres pays. Le fait que le Rwanda siège au Conseil de sécurité ne lui donne aucun droit d’offenser la RDC ou d’autres pays.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel