Le Conseil de sécurité appelle toutes les parties en Syrie à lever immédiatement le siège des zones peuplées
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Conseil de sécurité
7116e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ APPELLE TOUTES LES PARTIES EN SYRIE
À LEVER IMMÉDIATEMENT LE SIÈGE DES ZONES PEUPLÉES
Il demande aux autorités syriennes d’autoriser immédiatement un accès
humanitaire sûr et sans entrave aux organismes humanitaires des Nations Unies
Le Conseil de sécurité, en adoptant ce matin à l’unanimité une résolution sur l’accès humanitaire, a demandé à toutes les parties en Syrie de « lever immédiatement le siège des zones peuplées » dans le pays, dont la vieille ville de Homs, tout en exprimant son « intention de prendre des mesures supplémentaires » en cas de non-respect de ses dispositions.
Par la résolution 2139 (2014), le Conseil de sécurité a ainsi prié le Secrétaire général de lui faire rapport dans les 30 jours sur l’application du texte et exigé également que toutes les parties, en particulier les autorités syriennes, « autorisent immédiatement un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave aux organismes humanitaires des Nations Unies et à leurs partenaires ».
Pour le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, « si cette résolution est « mise en œuvre de bonne foi, une partie des souffrances de la population sera allégée ». Cette résolution n’aurait pas dû être nécessaire car, a-t-il fait remarquer, « l’assistance humanitaire ne doit pas être négociée ».
M. Ban, qui s’est en particulier dit « choqué » par le fait que les parties assiègent des zones civiles comme tactiques de guerre, les a exhortées à « respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire ».
Dans cette résolution, présentée par l’Australie, la Jordanie et le Luxembourg, le Conseil « exige que toutes les parties autorisent l’acheminement de l’aide humanitaire, y compris l’aide médicale, cessent de priver les civils de denrées alimentaires et de médicaments indispensables à leur survie, et permettent l’évacuation rapide, en toute sécurité et sans entrave, de tous les civils qui souhaitent partir ».
De même, il « exige que toutes les parties mettent fin immédiatement à toutes formes de violence, quels qu’en soient les auteurs, s’abstiennent de toute violation du droit international humanitaire et de toute violation des droits de l’homme » et qu’elles « mettent immédiatement fin à toutes attaques contre les civils, ainsi qu’à l’emploi sans discrimination d’armes dans des zones peuplées, tels que les tirs d’obus et les bombardements aériens ».
Le Conseil de sécurité « condamne fermement l’augmentation du nombre d’attaques perpétrées par des organisations et des personnes associées à Al-Qaida, des entités affiliées à ce réseau et d’autres groupes terroristes », demandant aux autorités syriennes et aux groupes d’opposition de s’engager à les combattre et à les neutraliser. Il exige enfin que tous les combattants étrangers « se retirent immédiatement de Syrie ».
« La persistance d’une situation humanitaire d’une telle envergure met en péril la sécurité et la stabilité dans la région », a prévenu le représentant jordanien, au cours des explications de vote. Selon lui, « cette résolution ne doit pas affecter négativement le volet politique du conflit mais devrait, au contraire, le renforcer et le réaffirmer ».
Plusieurs délégations ont insisté sur le fait que le Conseil de sécurité envisageait d’adopter des mesures supplémentaires en cas de non-respect de la résolution. « Au cas où le Gouvernement syrien ne répond pas à l’appel de la communauté internationale, nous prendrons les mesures qui s’imposeront », a ainsi averti le délégué de la France.
Son homologue des États-Unis a demandé aux membres du Conseil de sécurité et à la communauté internationale de faire pression sur Damas et à tout autre acteur responsable de la situation de respecter la résolution.
Le représentant de la Fédération de Russie a, quant à lui, fait observer que le texte ne contenait aucun élément prévoyant un recours automatique à des sanctions. « Si cela avait été le cas, le Conseil de sécurité n’aurait pas été en mesure d’adopter la résolution », a-t-il dit.
Le délégué russe s’est par ailleurs félicité de ce que la résolution 2139 (2014) contienne des « dispositions très fermes contre le terrorisme » et a plaidé en faveur de l’adoption par le Conseil de sécurité d’un texte portant spécifiquement sur cette question.
Nombre d’États ont jugé que la situation humanitaire en Syrie ne pourrait être réglée qu’avec la réalisation de progrès politiques notables sur la base du Communiqué de Genève et du consentement mutuel des Syriens.
À l’instar du Chili, plusieurs se sont réjouis du paragraphe du dispositif qui souligne la nécessité de mettre fin à l’impunité des auteurs de violations du droit international humanitaire et des violations des droits de l’homme, en rappelant que ces derniers devraient être traduits en justice.
Le Nigéria et le Rwanda ont, pour leur part, regretté l’absence d’un consensus qui aurait permis l’inclusion d’un paragraphe appelant les États à ne pas transférer d’armes aux parties syriennes.
Enfin, le délégué de la Syrie, qui a accusé certains États, y compris au sein du Conseil de sécurité, de soutenir les groupes terroristes, a assuré que, depuis le début de la crise, son gouvernement avait souhaité une amélioration de la situation humanitaire des Syriens, tout en recherchant à rétablir la paix et la sécurité dans tout le pays.
Il a de même déclaré que les autorités syriennes étaient disposées à s’engager dans un processus politique reposant sur le dialogue avec toutes les forces politiques, y compris avec l’opposition armée qui serait prête à déposer les armes.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Texte du projet de résolution S/2014/115
Le Conseil de sécurité,
Rappelant ses résolutions 2042 (2012), 2043 (2012) et 2118 (2013), et les déclarations de son président des 3 août 2011, 21 mars 2012, 5 avril 2012 et 2 octobre 2013,
Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Syrie, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies,
Consterné par le niveau inacceptable de la violence qui s’intensifie en Syrie et par les plus de 100 000 morts, dont plus de 10 000 enfants, dont ont fait état le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies et son Représentant spécial pour le sort des enfants en temps de conflit armé,
Se déclarant vivement alarmé par la nette et rapide détérioration de la situation humanitaire en Syrie, en particulier la situation désastreuse dans laquelle se trouvent des centaines de milliers de civils piégés dans les zones assiégées en majorité par les forces armées syriennes, mais aussi, pour certaines, par des groupes d’opposition, et la situation tout aussi désastreuse de plus de 3 millions de personnes vivant dans des zones difficiles d’accès, et déplorant les difficultés qu’il y a à faire parvenir l’assistance humanitaire à tous les civils qui sont dans le besoin en Syrie, et l’échec de cette entreprise,
Soulignant qu’il faut respecter les principes directeurs des Nations Unies en matière d’aide humanitaire d’urgence et qu’il importe que cette aide soit fournie en fonction des besoins, sans préjugés ou motivations politiques, saluant l’action de l’Organisation des Nations Unies et de l’ensemble du personnel humanitaire et médical en Syrie et dans les pays voisins, et condamnant tous les actes et toutes les menaces de violence visant le personnel des Nations Unies et les acteurs humanitaires, dont beaucoup ont déjà été tués, blessés ou détenus,
Se déclarant gravement préoccupé par l’augmentation du nombre de réfugiés et de déplacés résultant du conflit en Syrie, qui a un effet déstabilisant sur toute la région, et soulignant qu’il apprécie les efforts remarquables et admirables que font les pays de la région, notamment le Liban, la Jordanie, la Turquie, l’Iraq et l’Égypte, pour accueillir plus de 2,4 millions de réfugiés ayant fui la Syrie sous l’effet du déchaînement de violence, tout en étant conscient de l’ampleur considérable des conséquences politiques, socioéconomiques et financières de la présence d’importants groupes de population dans ces pays, et soulignant que toutes les parties doivent respecter le caractère civil des camps de réfugiés et de déplacés et y préserver la sécurité,
Se félicitant des promesses d’un montant total de 2,5 milliards de dollars des États-Unis faites à la deuxième conférence internationale d’annonce de contributions humanitaires pour la Syrie, tenue au Koweït le 15 janvier 2014, remerciant les États Membres et les organisations régionales et sous-régionales qui se sont engagées à fournir leur assistance humanitaire aux personnes qui en ont besoin partout en Syrie, y compris aux déplacés, ainsi qu’à celles qui ont trouvé refuge dans les pays voisins, et appelant tous les États Membres à veiller à verser en temps utile les sommes promises et à continuer d’apporter un soutien à la hauteur des besoins humanitaires croissants,
Appelant toutes les parties à mettre immédiatement fin à toutes formes de violence qui ont infligé des souffrances aux habitants de la Syrie, à préserver la diversité de la société syrienne qui fait sa richesse et le patrimoine culturel du pays, et à prendre les mesures nécessaires pour protéger les sites du patrimoine mondial qui se trouvent en Syrie,
Condamnant fermement la multiplication des attentats terroristes perpétrés par des organisations et des personnes associées à Al-Qaida, aux entités qui lui sont affiliées et à d’autres groupes terroristes, qui ont fait de nombreuses victimes et d’importants dégâts, et appelant de nouveau toutes les parties à s’engager à mettre un terme aux attentats perpétrés par ces organisations et ces personnes, tout en réaffirmant que le terrorisme constitue, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, l’une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité internationales, et que tous les actes de terrorisme sont des crimes injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le lieu, l’époque et les auteurs,
Regrettant que la déclaration de son président du 2 octobre 2013 (S/PRST/2013/15) n’ait pas eu l’effet escompté et n’ait pas encore donné lieu à des progrès significatifs sur le terrain, et que l’action humanitaire reste entravée partout en Syrie, tout en condamnant tous les cas de refus d’accès aux populations et rappelant que les refus arbitraires d’accès humanitaire et la privation des civils de biens indispensables à leur survie, notamment en entravant intentionnellement l’acheminement des secours, peuvent constituer une violation du droit international humanitaire,
Soulignant également que la situation humanitaire continuera de se détériorer tant que la crise n’aura pas trouvé de règlement politique, réaffirmant qu’il approuve le Communiqué de Genève du 30 juin 2012 [annexe II de la résolution 2118 (2113)] et exigeant que toutes les parties s’emploient à appliquer immédiatement et intégralement le Communiqué, qui vise à mettre fin sans tarder à tous les actes de violence et à toutes les violations des droits de l’homme et du droit international, et à faciliter le processus politique dirigé par les Syriens lancé le 22 janvier 2014 à Montreux en vue d’une transition qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien et lui permette de décider en toute indépendance et de manière démocratique de son propre avenir,
1. Condamne fermement les violations généralisées des droits de l’homme et du droit international humanitaire perpétrées par les autorités syriennes, ainsi que les atteintes aux droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire commises par des groupes armés, y compris toutes les formes de violence sexuelle et sexiste, ainsi que toutes les violations et exactions graves commises contre des enfants, en contravention du droit international applicable, telles que l’enrôlement et l’emploi d’enfants, le meurtre et la mutilation, le viol, les attaques perpétrées contre des écoles ou des hôpitaux, l’arrestation arbitraire, la détention, la torture, les mauvais traitements et l’utilisation comme boucliers humains, comme décrit dans le rapport du Secrétaire général sur les enfants et le conflit armé en Syrie (S/2014/31);
2. Exige que toutes les parties mettent fin immédiatement à toutes formes de violence, quels qu’en soient les auteurs, s’abstiennent de toute violation du droit international humanitaire et de toute violation des droits de l’homme et atteinte à ces droits, réaffirme les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, et appelle l’attention sur le fait que certaines de ces violations pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité;
3. Exige également que toutes les parties mettent immédiatement fin à toutes attaques contre les civils, ainsi qu’à l’emploi sans discrimination d’armes dans des zones peuplées, tels que les tirs d’obus et les bombardements aériens, tels que l’emploi de barils d’explosifs, et de méthodes de guerre qui sont de nature à causer des maux superflus ou des souffrances inutiles, rappelle à cet égard l’obligation de respecter et de faire respecter le droit international humanitaire en toutes circonstances, et rappelle également, en particulier, l’obligation de faire la distinction entre populations civiles et combattants et l’interdiction de mener des attaques sans discrimination ou des attaques contre les populations ou les installations civiles;
4. Exige en outre que toutes les parties, en particulier les autorités syriennes, mettent intégralement en œuvre les dispositions de la déclaration de son président en date du 2 octobre 2013 (S/PRST/2013/15), notamment en facilitant l’expansion des activités de secours humanitaire, conformément aux dispositions applicables du droit international humanitaire et aux principes directeurs des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire d’urgence;
5. Demande à toutes les parties de lever immédiatement le siège des zones peuplées, notamment dans la vieille ville de Homs (Homs), à Noubl et Zahra (Alep), à Madamiyet Elsham (périphérie rurale de Damas), à Yarmouk (Damas), dans la Ghouta orientale (périphérie rurale de Damas), Darayya (périphérie rurale de Damas), exige que toutes les parties autorisent l’acheminement de l’aide humanitaire, y compris l’aide médicale, cessent de priver les civils de denrées alimentaires et de médicaments indispensables à leur survie, et permettent l’évacuation rapide, en toute sécurité et sans entrave, de tous les civils qui souhaitent partir, et souligne que les parties doivent se mettre d’accord sur des pauses humanitaires, des jours de tranquillité, des cessez-le-feu localisés et de trêves afin que les organismes humanitaires puissent avoir un accès sûr et sans entrave à toutes les zones touchées en Syrie, rappelant qu’utiliser la famine contre les civils comme méthode de combat est interdite par le droit international humanitaire;
6. Exige que toutes les parties, en particulier les autorités syriennes, autorisent immédiatement un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave aux organismes humanitaires des Nations Unies et à leurs partenaires d’exécution, y compris à travers les lignes de conflit et à travers les frontières des pays voisins, afin de veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne par les routes les plus directes aux personnes qui en ont besoin;
7. Demande instamment à toutes les parties, en particulier aux autorités syriennes, de prendre toutes les mesures appropriées pour faciliter les efforts déployés par l’Organisation des Nations Unies, ses institutions spécialisées et tous les acteurs humanitaires engagés dans des activités de secours, de fournir une assistance humanitaire immédiate aux personnes touchées en Syrie, notamment en facilitant immédiatement un accès humanitaire sûr et sans entrave aux populations ayant besoin d’aide dans toutes les zones sous leur contrôle, et encourage la poursuite de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies, ses institutions spécialisées et toutes les parties concernées, y compris les organisations de la société civile syrienne, en vue de faciliter l’accès et l’acheminement de l’aide sur tout le territoire syrien;
8. Exige que toutes les parties respectent le principe de neutralité du corps médical et facilitent le libre passage, dans toutes les zones, du personnel médical, du matériel, des transports et des fournitures connexes, y compris des articles chirurgicaux, rappelle qu’en vertu du droit international humanitaire, les blessés et les malades doivent recevoir, dans toute la mesure possible et dans les plus brefs délais, des soins médicaux et l’attention qu’exige leur condition et que le personnel médical et humanitaire, ainsi que les installations et les transports connexes, doivent être respectés et protégés, et se dit profondément préoccupé, à ce propos, par le retrait des fournitures médicales des convois humanitaires;
9. Exige également de toutes les parties qu’elles prennent toutes les mesures voulues pour protéger les civils, y compris les membres des communautés ethniques, religieuses et confessionnelles, et souligne à cet égard que c’est aux autorités syriennes qu’incombe au premier chef la responsabilité de protéger la population du pays;
10. Exige en outre de toutes les parties qu’elles démilitarisent les installations médicales, les écoles et les autres établissements civils, évitent d’établir des positions militaires dans des zones habitées et s’abstiennent de lancer des attaques dirigées contre des installations civiles;
11. Condamne fermement la détention arbitraire et la torture de civils en Syrie, notamment dans les prisons et autres lieux de détention, ainsi que les enlèvements, les rapts et les disparitions forcées, et exige l’arrêt immédiat de ces pratiques et la libération de toutes les personnes arbitrairement détenues, prioritairement les femmes et les enfants, de même que les malades, les blessés et les personnes âgées, et y compris le personnel des Nations Unies et les journalistes;
12. Demande instamment à toutes les parties de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer la sûreté et la sécurité des membres du personnel de l’Organisation des Nations Unies, de ses institutions spécialisées, et de tout autre organisme participant à l’action humanitaire, sans compromettre leur liberté de circulation et d’accès, souligne que c’est aux autorités syriennes qu’incombe au premier chef la responsabilité à cet égard et met également l’accent sur la nécessité de ne pas entraver cette action;
13. Souligne qu’il faut mettre fin à l’impunité des auteurs de violations du droit international humanitaire et des violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits et réaffirme que ceux qui ont commis de telles violations ou atteintes en Syrie ou en sont responsables de quelque manière que ce soit doivent être traduits en justice;
14. Condamne fermement l’augmentation du nombre d’attaques perpétrées par des organisations et des personnes associées à Al-Qaida, des entités affiliées à ce réseau et d’autres groupes terroristes, qui font de nombreuses victimes et des dégâts considérables, exhorte les groupes d’opposition à continuer de rejeter ces organisations et les personnes responsables de graves violations du droit international humanitaire commises dans les secteurs tenus par l’opposition, demande aux autorités syriennes et aux groupes d’opposition de s’engager à combattre et neutraliser les organisations et les personnes associées à Al-Qaida, les entités affiliées à ce réseau et les autres groupes terroristes, exige que tous les combattants étrangers se retirent immédiatement de Syrie et réaffirme que le terrorisme constitue, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, l’une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité internationales, et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le lieu, l’époque et les auteurs;
15. Souligne que la situation humanitaire continuera de se détériorer en l’absence d’une solution politique, se félicite à cet égard de la Conférence de Genève sur la Syrie qui s’est ouverte à Montreux le 22 janvier 2014 et exige que toutes les parties œuvrent en faveur de l’application intégrale des dispositions du Communiqué de Genève en date du 30 juin 2012 pour parvenir à organiser une véritable transition politique qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien et lui permette de décider en toute indépendance et de manière démocratique de son propre avenir, et souligne également que, pour progresser rapidement sur la voie d’une solution politique, il faudrait assurer la pleine participation de tous les groupes et de toutes les couches de la société syrienne, y compris les femmes, et que c’est le seul moyen viable qui peut être envisagé pour régler pacifiquement la situation en Syrie, et que l’application de la présente résolution revêt une importance capitale pour ce qui est de répondre aux besoins humanitaires de la population syrienne;
16. Engage vivement tous les États Membres à apporter ou à accroître leur soutien aux appels humanitaires lancés par l’Organisation des Nations Unies pour répondre aux besoins grandissants des personnes touchées par la crise, à fournir ce soutien en coordination avec les organismes compétents des Nations Unies en veillant à ce que toutes les contributions annoncées soient versées, et engage aussi vivement tous les États Membres à épauler les pays d’accueil voisin, sur la base du principe du partage des charges, pour leur permettre de faire face aux besoins humanitaires croissants, y compris en leur apportant un appui direct;
17. Prie le Secrétaire général de lui faire rapport sur l’application de la présente résolution par toutes les parties en Syrie, et plus particulièrement sur l’application des paragraphes 2 à 12, dans les 30 jours suivant son adoption et tous les 30 jours par la suite, et exprime son intention de prendre des mesures supplémentaires au vu du rapport du Secrétaire général en cas de non-respect de la présente résolution;
18. Décide de rester activement saisi de la question.
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, s’est félicité de l’adoption de cette résolution, en rappelant que nous sommes tous très conscients de la situation désespérée que les Syriens endurent depuis longtemps. Cette résolution s’appuie sur la déclaration adoptée l’année dernière et renforce l’engagement du Conseil de sécurité de protéger les populations civiles et d’assurer les secours. Si cette résolution est mise en œuvre de bonne foi, au moins certaines souffrances de la population pourront être atténuées, a-t-il déclaré. M. Ban s’est dit très préoccupé par la situation qui prévaut dans le pays où, s’est-il alarmé, 50% de la population ont besoin d’une assistance urgente. Deux millions et demi de personnes ont fui le pays et les civils continuent d’être les principales victimes du conflit et la cible d’attaques indiscriminées, notamment dans les zones peuplées, a-t-il ajouté.
Le Secrétaire général a aussi évoqué les violences sexuelles et sexistes perpétrées à l’encontre des femmes et des filles. Il a également accusé des milices d’être responsables des innombrables assassinats et disparations et du déplacement à large échelle des Syriens. Il a aussi pointé du doigt le recrutement d’enfants et l’emploi de tactiques de guerre en zone civile. Ces actes odieux doivent immédiatement cesser, a martelé le Secrétaire général, qui a ensuite exhorté toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. M. Ban a ensuite salué le travail du personnel humanitaire des Nations Unies, le Croissant-Rouge arabe syrien et les autres partenaires pour leur courage et le leur dévouement. Il s’est toutefois dit très inquiet de la situation de millions de personnes qui, faute d’accès, n’ont toujours pas pu recevoir l’aide humanitaire. Notant que les fonds manquent cruellement, il a appelé la communauté internationale à honorer ses engagements.
Pour le Secrétaire général, la résolution adoptée aujourd’hui n’aurait pas dû être nécessaire car, a-t-il souligné, l’assistance humanitaire ne doit pas être négociée. Il a également dit être particulièrement choqué par le fait que les deux parties assiègent des zones civiles en tant que tactiques de guerre. Il a signalé que 2 millions de personnes se trouvaient dans des zones contrôlées par le Gouvernement syrien et 45 000 autres dans des zones contrôlées par l’opposition.
Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a rappelé que sa délégation avait, ces dernières semaines, avec celles de l’Australie et de la Jordanie, œuvré en vue de bâtir un consensus sur une résolution forte qui permette de changer la donne sur le terrain. En adoptant ce texte, le Conseil de sécurité, a-t-elle dit, envoie un message clair et uni à toutes les parties au conflit en Syrie afin que l’accès humanitaire à tous les Syriens dans le besoin soit garanti, les sièges des villes où les civils sont pris au piège soient levés, et les sauvageries insensées, les bombardements indiscriminés, l’emploi de barils d’explosifs qui ont pour seul but de terroriser les populations civiles, cessent.
Avec le vote unanime d’aujourd’hui, le Conseil de sécurité assume ses responsabilités, a-t-elle estimé, en ajoutant qu’il incombait désormais aux parties au conflit en Syrie, et au premier chef aux autorités syriennes, de mettre en œuvre pleinement et sans délai les dispositions de la résolution 2139 (2014) et de la déclaration présidentielle du 2 octobre dernier. De même, les autorités syriennes doivent sans tarder endosser le Communiqué de Genève du 30 juin 2012.
En cas de non-respect de la présente résolution, le Conseil exprime son intention de prendre des mesures supplémentaires pour soutenir l’indispensable action humanitaire en Syrie, a déclaré Mme Lucas.
M. GARY QUINLAN (Australie) a fait observer qu’en adoptant la résolution 2139 (2014) à l’unanimité, les États Membres ont reconnu que la situation humanitaire en Syrie était désespérée. Le pays s’est désintégré, la moitié de la population a besoin d’aide, un tiers des habitations ont été détruites et plus de 60% des hôpitaux ont été soit détruits soit endommagés, a-t-il rappelé. À ce jour, 3 millions de personnes ont fui le pays et au moins 250 000 personnes essaient de survivre depuis un an dans des villes et zones assiégées, sans accès à des vivres, ni à des soins médicaux, a-t-il ajouté. M. Quinlan a regretté que le Conseil de sécurité ait eu à attendre aussi longtemps pour agir comme il l’a fait aujourd’hui, alors que la population civile en Syrie vivait une situation indescriptible.
Le représentant, après avoir rappelé les principales dispositions de la résolution, a souligné que toutes les parties au conflit doivent maintenant accorder la priorité aux intérêts de leurs citoyens syriens. Les Forces armées syriennes doivent cesser leurs attaques systématiques et indiscriminées contre les civils, de même que le bombardement aérien d’Alep et l’emploi de barils d’explosifs. Le représentant a également insisté pour que l’aide humanitaire parvienne à toutes les personnes qui se trouvent dans le besoin par les voies les plus directes.
M. Quinlan a ensuite engagé les groupes de l’opposition à respecter, eux aussi, l’appel lancé par la résolution pour que cessent les violations des droits de l’homme et pour faciliter la livraison de l’aide humanitaire dans les zones qu’ils contrôlent. Le Conseil de sécurité estime qu’Al-Qaida n’avait pas sa place en Syrie et appelle à ce que tous les combattants étrangers quittent le pays, a-t-il rappelé.
Pour l’Australie, a poursuivi M. Quinlan, la seule solution durable au conflit syrien est une transition politique. Dénonçant les violations flagrantes du droit international humanitaire et des droits de l’homme, il a souligné que ces actes ne doivent pas rester impunis. Il a ainsi appelé le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale de la situation en Syrie. Il a par ailleurs fait observer que la résolution 2139 (2014) ne pourra profiter au peuple syrien qui si elle est entièrement mise en œuvre. Cette responsabilité, a-t-il précisé, incombe en premier lieu aux autorités syriennes. Les États Membres de l’ONU et, en particulier du Conseil de sécurité, doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour exercer des pressions sur les autorités syriennes et les groupes de l’opposition afin d’assurer la mise en œuvre de la résolution, a-t-il insisté.
M. ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a rappelé que son pays était coauteur, avec le Luxembourg et l’Australie, du texte de la résolution que le Conseil de sécurité vient d’adopter. Le délégué jordanien a estimé que certains des crimes commis dans le conflit syrien pouvaient être considérés comme des crimes contre l’humanité. Il a en outre mis l’accent sur la question des réfugiés, dont un grand nombre sont accueillis par la Jordanie.
La persistance de la situation humanitaire d’une telle envergure met en péril la sécurité et la stabilité dans la région, a prévenu le représentant jordanien. Cette résolution ne doit pas affecter négativement le volet politique du conflit, mais devrait au contraire le renforcer et le réaffirmer, a-t-il fait observer. Le représentant jordanien a en outre insisté sur l’importance pour les parties au conflit à mettre en œuvre pleinement et immédiatement les dispositions obligatoires de la résolution, à lever sans délai le siège imposé à certaines villes et régions du pays et à cesser les agressions contre les civils.
M. GÉRARD ARAUD (France) a salué l’adoption d’une résolution « urgente et indispensable ». Ce texte exige notamment du Gouvernement syrien « ivre de sa propre violence », le respect du droit international et la levée du siège et l’appelle également à venir en aide à toutes les populations qui se trouvent dans le besoin, a rappelé le représentant de la France. M. Araud a émis l’espoir que la résolution 2139 (2014) mette fin à la « surdité » du Gouvernement syrien face aux demandes d’accès de la communauté humanitaire.
« Le régime syrien tente de faire croire qu’il est un partenaire fiable, mais les évacuations de Homs, entre autres, nous prouvent le contraire », a accusé M. Araud qui a notamment dénoncé la mise en œuvre tardive des évacuations et leur suivi « tragique ». Il a aussi affirmé que les trêves du Gouvernement syrien sont imposées dans le cadre d’une politique délibérée de « mourir de faim ou de se rendre ».
Le délégué de la France a également dénoncé l’emploi de barils explosifs. L’emploi de ces armes n’est pas un détail comme l’ont exprimé certains, a-t-il soutenu. Il n’a aucun justificatif militaire et vise au contraire à tuer des civils. Pour les milliers de civils qui fuient terrorisés, ce n’est pas un détail, a-t-il souligné. Pour M. Araud, le Conseil de sécurité, en adoptant cette résolution, a su éviter le « déshonneur du silence ».
Le délégué a ensuite tenu à préciser que le Conseil de sécurité envisage d’adopter des mesures supplémentaires en cas de non-mise en œuvre du texte. « Au cas où le Gouvernement syrien ne répond pas à l’appel de la communauté internationale, nous prendrons les mesures qui s’imposeront », a-t-il averti. Le Conseil de sécurité, a-t-il fait remarquer, sera saisi d’un rapport sur cette question dans les 30 prochains jours ». La France, a souligné M. Araud, sera à ce rendez-vous. Le représentant a par ailleurs accusé le Gouvernement syrien de porter la responsabilité de l’échec des négociations de Genève en refusant d’accepter l’ordre du jour proposé par le Représentant spécial conjoint, M. Lakhdar Brahimi. Les criminels, a prévenu M. Araud, devront payer pour leurs crimes.
Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) s’est réjouie que le Conseil de sécurité ait, enfin, réussi à s’exprimer clairement à l’unanimité sur la situation humanitaire en Syrie. Cette résolution, qui était attendue depuis longtemps, constitue une mesure nécessaire afin de faire face à la réalité en Syrie, a-t-elle déclaré.
La représentante américaine a fait état de la situation humanitaire en Syrie, qualifiée de « véritable tragédie », et qui est, selon elle, le résultat d’actions prises intentionnellement par certains individus, au nombre desquels, a-t-elle précisé, le régime syrien présidé par Bashar Al-Assad, les éléments des forces syriennes qui pilonnent des quartiers et des groupes qui, au nom de la révolution, ont imposé une nouvelle terreur aux Syriens.
Mme Power a déploré le fait que le Conseil de sécurité ait dû attendre trois années pour reconnaître des faits réels et bien établis et décider de répondre sur la base de principes humanitaires. Cette résolution est une étape importante, a-t-elle affirmé, car elle exige des actions spécifiques et concrètes et envisage un engagement à agir en cas de non-respect.
L’objectif de la résolution, a-t-elle expliqué, est de faire en sorte que l’aide puisse être reçue par les personnes qui en ont besoin et que des civils ne soient pas tués. La représentante des États-Unis a demandé aux membres du Conseil de sécurité et à la communauté internationale de faire pression sur Damas et à tout autre acteur responsable de la situation de respecter la résolution.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que le Conseil de sécurité avait commencé à se pencher sur la situation humanitaire en Syrie qu’après « l’échec des tentatives de changement de régime ». Il a également indiqué que la résolution 2139 (2014) n’avait pu être adoptée que lorsque son pays avait insisté pour inclure dans le texte certaines propositions afin d’établir un équilibre.
Le représentant a ensuite fait observer que le siège commençait à être levé dans plusieurs zones du pays, notamment au sud de Damas. Certaines communautés sont parvenues à un accord pour faire cesser les hostilités et des projets de reconstruction sont en cours, a-t-il assuré. Le délégué a également évoqué le lancement d’une campagne de vaccination contre la poliomyélite et l’envoi de 50 convois humanitaires dans la région d’Homs. Les convois et les travailleurs humanitaires continuent, a-t-il regretté, d’être la cible d’attaques.
M. Churkin a tenu à souligner que le dispositif de la résolution prévoit que l’aide humanitaire soit acheminée sans entrave et sans condition et a insisté sur la nécessité pour les agences humanitaires de respecter les règles en vigueur. Le représentant de la Fédération de Russie a également fait observer que la résolution ne contenait aucun élément qui prévoit le recours automatique à des sanctions. Si cela avait été le cas, le Conseil de sécurité n’aurait pas été en mesure d’adopter la résolution, a-t-il fait remarquer.
Par ailleurs, M. Churkin a argué que la situation humanitaire en Syrie ne pourrait être réglée qu’avec la réalisation de progrès politiques notables sur la base du Communiqué de Genève et du consentement mutuel des Syriens. Il s’est ensuite félicité de ce que la résolution 2139 (2014) contienne des dispositions très fermes contre le terrorisme. Il a appelé les groupes de l’opposition à appuyer la lutte contre le terrorisme en Syrie et à allier leurs forces à celles du Gouvernement syrien pour enrayer le fléau. M. Churkin a également voulu que le Conseil de sécurité envisage un texte portant spécifiquement sur la question de la lutte contre le terrorisme en Syrie.
M. MARL LYALL GRANT (Royaume-Uni) a affirmé que la présente résolution montrait que le Conseil de sécurité n’était pas tout à fait indifférent face à la situation humanitaire épouvantable qui se poursuit en Syrie. Il a estimé que le Président syrien Bashar Al-Assad était responsable de la plus grande crise humanitaire mondiale.
Le représentant britannique a dit espérer que l’adoption de la présente résolution permettra d’agir sur le terrain et d’atténuer les terribles souffrances que subit la population syrienne. Il a demandé que le régime syrien lève le siège des zones assiégées et permette aux Nations Unies et à leurs partenaires d’acheminer l’aide humanitaire.
M. Lyall Grant a rappelé que le Conseil de sécurité avait l’intention de prendre des mesures supplémentaires si la résolution n’était pas respectée. Le Royaume-Uni, avec ses partenaires, va intensifier son appui dans le cadre du processus de Genève II pour le règlement du conflit, a assuré le représentant britannique.
Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a insisté sur le fait que près de la moitié de la population syrienne avait besoin urgent d’aide humanitaire. Elle a relevé que la situation humanitaire avait quelque peu progressée dans certaines parties du pays, en se félicitant notamment d’un cessez-le-feu à Homs, de la levée du siège du camp de Yarmouk, ainsi que de l’ouverture d’un centre de distribution humanitaire à Alep. Elle s’est toutefois dite très préoccupée par la poursuite des violations du droit international humanitaire. Des massacres sectaires « épouvantables » continuent d’être perpétrés et la population civile continue d’être prise pour cible, a-t-elle dénoncé.
La résolution adoptée aujourd’hui met l’accent sur l’accès sans limite de l’aide humanitaire, a estimé Mme Perceval, qui a insisté pour que les responsables de crimes graves soient tenus responsables de leurs actes. La déléguée a par ailleurs prévenu que la résolution 2139 (2014) ne pouvait être utilisée comme tentative de recours unilatéral à la force ou à la militarisation pour mettre un terme au conflit en Syrie. L’Argentine, a-t-elle dit, appuie l’appel au dialogue lancé par le Pape François pour trouver une issue à la crise.
M. LIU JIEYI (Chine) a affirmé que son pays était profondément préoccupé par la situation humanitaire qui continue de s’aggraver en Syrie et qui ne peut continuer ainsi. Le Conseil de sécurité a une responsabilité essentielle dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales pour réagir, a-t-il rappelé, en notant que cette résolution était le résultat d’efforts conjoints de la part de ses membres.
La résolution 2139 (2014) réaffirme le respect de l’indépendance et de l’intégrité et de l’unité territoriales de la Syrie, a-t-il notamment expliqué. Cette résolution, a-t-il ajouté, envoie un message très important pour l’amélioration de la situation humanitaire dans le pays.
Le représentant chinois a exhorté toutes les parties au conflit à placer l’intérêt de la nation au-dessus de tout et à tout faire pour mettre en oeuvre pleinement la résolution qui vient d’être adoptée. Il a émis l’espoir que les parties concernées vont agir comme le demande la résolution 2139 (2014) en vue d’aboutir notamment à un règlement par le dialogue.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a insisté sur l’importance d’appuyer toute tentative de paix qui ambitionne de mettre un terme aux souffrances du peuple syrien. L’adoption de la résolution 2139 (2014), s’est-elle félicitée, est un « pas gigantesque » dans la bonne direction. Mme Ogwu a toutefois regretté l’absence de consensus concernant l’inclusion d’un paragraphe qui aurait appelé les États à ne pas transférer d’armes aux parties syriennes. La déléguée n’en a pas moins estimé que l’adoption de cette résolution démontrait l’engagement du Conseil à mettre un terme aux souffrances des Syriens.
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a estimé que la résolution 2139 (2014) envoyait un message clair à toutes les parties en conflit en Syrie. Le représentant chilien a déclaré que sa délégation accordait une valeur toute particulière à la disposition du texte soulignant la nécessité de mettre fin à l’impunité de violations du droit international humanitaire et des violations des droits de l’homme, en rappelant que ceux qui commettent ces violations en Syrie ou en sont responsables de quelque manière que ce soit doivent être traduits en justice, notamment devant la Cour pénale internationale (CPI).
La résolution doit être acceptée dans toutes ses dispositions, a poursuivi le délégué du Chili, en précisant que, dans le cas contraire, le Conseil de sécurité devra envisager des mesures supplémentaires. Il s’est dit convaincu que seul un règlement politique permettra de mettre fin à la situation humanitaire. Il est essentiel, a rappelé M. Errázuriz, de faire cesser la militarisation du conflit, tel que stipulé dans le Communiqué de Genève du 30 juin 2012.
M. OH JOON (République de Corée) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2139 (2014), en estimant toutefois que son adoption avait tardé. Il a exprimé l’espoir que l’unité manifestée aujourd’hui par le Conseil de sécurité sera la preuve de son efficacité à l’avenir. Après avoir passé en revue les grandes lignes du texte, le délégué de la République de Corée a fait observer que l’adoption de cette résolution ne suffira pas pour mettre un terme au conflit. C’est pourquoi il a exhorté les parties au conflit à participer de manière sérieuse au processus de négociation en cours.
M. EUGÈNE RICHARD GASANA (Rwanda) a affirmé que son pays s’était prononcé en faveur de la présente résolution, car il était consterné par la situation humanitaire en Syrie. Il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit, a-t-il rappelé, en mettant l’accent sur l’importance du processus de Genève II. Sa délégation regrette que le Conseil de sécurité ne soit pas parvenu à inclure une disposition sur la responsabilité des pays qui fournissent des armes aux belligérants dans le texte final.
Le délégué a dit souhaiter que l’appel du Secrétaire général, qui a demandé que le conflit cesse d’être alimenté par des livraisons d’armes, soit entendu. M. Gasana a estimé que, ces trois dernières années, l’inaction du Conseil de sécurité avait gravement entaché sa crédibilité.
M. BANTE MANGARAL (Tchad) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2139 (2014) et a dit espérer que la mise en œuvre de ses dispositions permettra à la population syrienne d’accéder à l’aide humanitaire dont elle est injustement privée. Il a également appelé le Gouvernement syrien à ouvrir la voie à de « véritables négociations » afin de parvenir à une résolution de la crise. Le délégué a également encouragé le Conseil de sécurité à poursuivre ses efforts. Il a ensuite souligné que l’adoption de la résolution 2139 (2014) est un appel à la responsabilisation des parties afin qu’elles prennent part au dialogue dans le but de mettre un terme aux souffrances.
Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a exprimé l’espoir que l’adoption de la résolution 2139 (2014) permettra de mettre un terme à une des situations humanitaires les plus effroyables qui aient jamais existé. Ce texte, a-t-elle souligné, doit être une lueur d’espoir pour ceux qui sont assiégés et pour ceux qui assistent, impuissants, devant leurs proches qui sont morts à cause du manque de soins et de nourriture. La déléguée a également espéré que le texte permettra d’opérer un changement tangible sur le terrain.
Elle a souligné qu’il appartient maintenant aux parties de démontrer leur volonté de mettre en œuvre la résolution. Mme Murmokaitė a aussi appelé le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires au cas où les parties au conflit ne respecteraient pas les dispositions du texte. L’impunité doit prendre fin, a insisté la représentante. Le Conseil de sécurité doit ainsi utiliser tous les outils dont il dispose pour mettre un terme au conflit, y compris la saisine de la Cour pénale internationale.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que, depuis le début de la crise, le Gouvernement syrien avait souhaité une amélioration de la situation humanitaire de son peuple et avait recherché à rétablir la paix et la sécurité dans tout le pays. Son gouvernement, a-t-il assuré, a pris un certain nombre de mesures administratives permettant aux Nations Unies et à certains organismes humanitaires de mener à bien leurs actions.
Il a dénoncé l’attitude qu’il a qualifiée de « sadique », de certains États, qui ont exprimé par exemple leur frustration face à l’évolution de la situation humanitaire sur le terrain. Il a fustigé une campagne provocatrice encourageant des groupes armés terroristes qui suivent les ordres d’États qui les parrainent.
Il a expliqué que certains États membres du Conseil de sécurité s’étaient opposés, à huit reprises, à l’adoption de déclarations à la presse condamnant les actes terroristes en Syrie.
Le délégué a dénoncé également l’utilisation de civils comme otages humanitaires ou boucliers humains pour empêcher, a-t-il dit, l’acheminement de l’aide humanitaire apportée par le Gouvernement syrien. Les mesures coercitives et sanctions imposées par certains États ont des effets négatifs sur la vie des Syriens, a-t-il soutenu.
Le représentant syrien a en outre déclaré que son gouvernement était disposé à s’engager dans un processus politique reposant sur le dialogue avec toutes les forces politiques, y compris avec l’opposition armée, prête à déposer les armes.
La résolution 2139 (2014), qui vient d’être adoptée, souligne sans équivoque l’existence d’un terrorisme international soutenu par Al-Qaida après que celle-ci eut été niée pendant longtemps, s’est-il félicité avant de conclure.
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