La Représentante du Secrétaire général pour la Côte d’Ivoire affirme que le pays demeure sur la voie de la paix et de la stabilité durables
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Conseil de sécurité
7102e séance – matin
LA REPRÉSENTANTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LA CÔTE D’IVOIRE AFFIRME QUE LE PAYS
DEMEURE SUR LA VOIE DE LA PAIX ET DE LA STABILITÉ DURABLES
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la Côte d’Ivoire a indiqué, ce matin devant le Conseil de sécurité, que ce pays, en dépit d’une situation sécuritaire encore fragile, continuait de faire des progrès et demeurait sur la voie de la paix et de la stabilité durables.
Chef de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), Mme Aïchatou Mindaoudou, qui présentait, par vidéoconférence depuis Abidjan, le rapport du Secrétaire général sur la Mission, couvrant la période des six derniers mois de 2013, a mis en garde la communauté internationale face à la résurgence de discours haineux dans certains médias, qui n’est pas sans rappeler les faits similaires ayant conduit à la crise de 2010.
Dans l’ensemble, la Représentante spéciale a salué les réformes socioéconomiques engagées par le Gouvernement ivoirien et qui commencent à donner des résultats tangibles, notamment avec une croissance économique bonne, un afflux d’investissements étrangers et un secteur privé qui renaît.
Elle a relevé que cette tendance positive s’expliquait par la stabilité politique du pays, ainsi que par le soutien financier de la communauté internationale.
Témoignant de cette embellie économique, le Représentant permanent de la Côte d’Ivoire, M. Youssoufou Bamba, s’est félicité d’un taux de croissance de 8% réalisé en 2013 et des prévisions qui situent le pays à 9% pour l’année 2014.
Il a précisé que la Côte d’Ivoire confortait sa place de premier producteur mondial de cacao avec 1 449 millions de tonnes de fèves de cacao pour la campagne 2012-2013, soit 40% du total mondial.
En matière de sécurité, la Représentante spéciale a salué des avancées dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, avec la date butoir de juin 2015 qui a été arrêtée pour la fin du désarmement des ex-combattants.
Faisant état de la dernière actualité dans ce domaine, M. Bamba a annoncé que 1 288 militaires des Forces de défense et de sécurité (FDS), les forces armées de l’ancien régime, sont rentrés d’exil le 24 janvier dernier. Il a par ailleurs précisé que 32% des objectifs de la Réforme des secteurs de la sécurité (RSS) avaient été réalisés et que 44% étaient en cours de réalisation.
Mme Mindaoudou a, pour sa part, noté que les défis sécuritaires restaient d’actualité et que la situation demeurait fragile. Elle a fait mention d’incidents intercommunautaires et de violences ethniques, ainsi que des vols à main armée et des activités du crime organisé qui, a-t-elle dit, apparaissent comme des obstacles à la paix et la sécurité. Elle a aussi déclaré que l’absence de clarification sur le statut des Dozos, ces chasseurs traditionnels, constituait une menace pour la stabilité du pays.
Sur cette question, M. Bamba a précisé que ces Dozos, qui avaient participé à certains combats pendant la crise postélectorale, devraient bientôt reprendre leurs activités traditionnelles. Il a en outre souligné que la mise en place du Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO) avait permis de réduire les phénomènes de grand banditisme, comme en témoigne l’indice de sécurité reconnu par l’ONU, lequel est passé de 3,8 à 1,3 pour la Côte d’Ivoire.
Les problèmes sécuritaires sont surtout localisés dans l’ouest du pays, a précisé la Représentante spéciale, qui s’est inquiétée de la circulation illégale des armes et des activités de groupes proches de l’ancien régime et d’anciens combattants, notamment le long de la frontière avec le Libéria.
Elle a salué, à cet effet, la coopération entre les Gouvernements de Côte d’Ivoire et du Libéria, d’une part, et celle entre l’ONUCI et la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), d’autre part, des partenariats, a-t-elle précisé, qui font qu’aucune attaque majeure n’aura été enregistrée le long de la frontière depuis un an.
Elle a également appelé la communauté internationale à rester en alerte et entièrement engagée pour faire en sorte « que le temps du chaos, de la violence et de l’insécurité en Côte d’Ivoire soit profondément enfoui dans le passé ».
Dans le cadre des réformes institutionnelles, elle a ensuite salué les mesures gouvernementales visant à renforcer l’inclusion politique, y compris par des actes de conciliation en direction de l’opposition, notamment par la libération de personnalités proches de l’ancien Président Laurent Gbagbo.
Le Gouvernement, a-t-elle souligné, a pris des mesures pour résoudre les questions qui étaient les causes profondes de la crise ivoirienne. À ce propos, le rapport du Secrétaire général souligne que, le 23 août dernier, l’Assemblée nationale a adopté des lois qui accordent aux propriétaires ruraux 10 années de plus pour faire constater leur droit sur les terres du domaine coutumier et qui simplifient les procédures de naturalisation d’autre part.
En outre, la nouvelle loi sur la nationalité accorde aux ressortissants étrangers de sexe masculin le droit d’acquérir la nationalité ivoirienne par le mariage, droit précédemment réservé aux ressortissantes étrangères. Par ailleurs, l’Assemblée a adopté des dispositions octroyant la nationalité ivoirienne aux étrangers résidant en Côte d’Ivoire depuis 1972, ainsi qu’à leurs enfants.
Mme Mindaoudou a également indiqué que le dialogue entre le Gouvernement et l’opposition, intervenant dans le contexte du Cadre permanent du dialogue, continuait malgré le refus de participation de l’ancien parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI). Elle s’est félicitée de la réunion historique qui a eu lieu entre le FPI et le parti au pouvoir, le Rassemblement des républicains (RDR), en décembre dernier, une première depuis 10 ans.
Au sujet des droits de l’homme, la Représentante spéciale a noté que le Gouvernement avait prolongé le mandat de la Cellule spéciale d’investigation et d’examen, dont le rôle est d’enquêter sur les crimes commis au cours de la crise postélectorale de 2011.
Elle a affirmé en outre que le Président, M. Alassane Ouattara, avait demandé au Ministre de la justice d’envisager de faciliter la libération de davantage de prisonniers incarcérés après la crise postélectorale, et avait appelé au retour des exilés proches de l’ancien régime, des signes allant dans le sens de la réconciliation nationale.
Au 5 décembre dernier, environ 75 000 réfugiés ivoiriens vivaient toujours à l’étranger, dont 55 000 au Libéria, note en outre le Secrétaire général dans son rapport.
Mme Mindaoudou a ensuite rappelé l’importance du respect des droits de l’homme dans le contexte du processus de réconciliation nationale. Elle a plaidé pour la fin de l’impunité, précisant que tout auteur de violations des droits de l’homme devrait être poursuivi en justice, quel que soit son bord politique. Elle a par ailleurs dit sa préoccupation face au retard accusé dans les enquêtes menées concernant plusieurs affaires graves, dont le meurtre de sept soldats de la paix de l’ONU en juin 2012 et l’attaque contre le camp de déplacés de Nahibly en juillet 2012.
L’ONUCI, a-t-elle ensuite dit, est en voie de reconfigurer sa composante militaire dans le pays. Ainsi, en consultation avec le Gouvernement, la Mission a continué à préparer le retrait et la reconfiguration de sa présence militaire, soit un total de 8 669 militaires, un nombre qui sera ramené à 7 137 militaires d’ici au 30 juin 2014 et concentré dans les zones à haut risque.
La composante de police, quant à elle, forte de 1 241 personnes, compte 435 policiers déployés dans tout le pays et 806 autres affectés à des unités de police constituées déployées dans les localités d’Abidjan, de Bouaké, de Daloa, de Guiglo, de Yamoussoukro et de Tai.
Elle a par ailleurs fait part des inquiétudes des populations qu’elle a rencontrées dans l’ouest du pays en ce début d’année, et qui lui ont exprimé leur vœu de voir les causes de la crise ivoirienne être résolues au plus vite.
Enfin, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2015, à laquelle M. Ouatarra a déjà fait acte de candidature, Mme Mindaoudou a rappelé qu’il était important d’œuvrer, maintenant, à la mise en place d’un environnement propice à un scrutin pacifique, notamment à travers des réformes électorales, du désarmement et de la réforme du secteur de la sécurité.
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