En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session,
40e et 41e séances – matin et après-midi
AG/SHC/4117

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés lance un cri d’alarme sur les limites du système humanitaire

« L’année écoulée a été l’une des plus difficiles de l’histoire du HCR », souligne M. Guterres

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. António Guterres, a lancé aujourd’hui devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, un cri d’alarme et un appel à la volonté politique pour répondre au niveau sans précédent des personnes réfugiées et déplacées.

Le système humanitaire a atteint ses limites face à la multiplication des crises, dont quatre crises majeures de niveau 3 cette année, et aux plus de 51 millions de personnes déplacées ou réfugiées dans le monde (dont 11,7 millions de réfugiés relevant du mandat du HCR), a-t-il déclaré, en présentant son rapport*, lequel porte sur la période du 1er juillet 2013 au 30 juin 2013.

« L’année écoulée a été l’une des plus difficiles de l’histoire du HCR », souligne M. Guterres dans son rapport.  Le nombre de personnes forcées chaque jour à quitter leur domicile en raison de la guerre ou de la violence est en augmentation exponentielle: 14 000 en 2011, 23 000 en 2012 et 32 000 en 2013.  La multiplication des conflits, ainsi que les pressions exercées par les changements climatiques, la croissance démographique, l’urbanisation, l’insécurité alimentaire et la rareté de l’eau signifient que la tendance à la hausse des déplacements va se poursuivre.

Seules des interventions politiques, et l’arrêt ou la prévention des conflits pourront résoudre ces crises.  Faute de vision politique, tout ce que la communauté internationale pourra faire c’est de réagir aux crises et trouver des montants de plus en plus importants pour en assumer les coûts, a-t-il dit.

Plaidant pour une approche à long terme des donateurs, il a souligné que « la totalité des budgets humanitaires internationaux atteint seulement 10 % de ce qui est disponible pour la coopération au développement ».  Mais, a-t-il ajouté, dans le contexte actuel de multiplication des conflits, les fonds de développement ne sont pas accessibles suffisamment vite quand c’est nécessaire, et les acteurs humanitaires doivent pallier l’absence d’aide structurelle.

Il a suggéré que le barème des quotes-parts soit utilisé pour financer un fonds spécial de réaction aux crises de niveau 3, c’est-à-dire des crises humanitaires soudaines de grande ampleur exigeant une mobilisation à l’échelle du système. 

Par ailleurs, alors que le système humanitaire actuel est surtout une création occidentale, il a noté que les valeurs humanitaires sont universelles, et il a espéré que le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul en 2016 le reconnaîtra.  Par exemple, il n’y a rien dans le droit international des réfugiés qui ne soit déjà contenu dans la tradition et le droit islamiques, a-t-il expliqué.

M. Guterres a ensuite souligné l’énormité des crises actuelles et de la crise des réfugiés, avec en particulier le conflit syrien: les Syriens représentent actuellement la plus grosse population sous mandat du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), avec des afflux massifs dans les pays voisins, au Liban, en Jordanie, en Turquie, et jusqu’en Égypte.  L’Iraq est en outre embourbé pleinement dans le conflit syrien, au point qu’il est difficile de séparer les deux crises.

Les nouveaux conflits ont également créé de nombreux réfugiés en Afrique, où il a cité la République centrafricaine, le Soudan du Sud, le Nigéria, le Mali, et la Libye, ainsi que leurs voisins, sans oublier l’Europe et la crise ukrainienne, ou l’Asie avec l’Afghanistan.

De leur côté, depuis le début de l’année, plus de 80 travailleurs humanitaires ont perdu la vie.

M. Guterres s’est félicité que l’asile soit largement préservé et respecté, alors même que 86 % des réfugiés sont dans des pays en développement, contre 70 % il y a 10 ans.  Il faut que les coûts soient partagés, a-t-il souligné.

Enfin il a renouvelé son appel à faire disparaître l’apatridie d’ici 10 ans, alors qu’au moins 10 millions de personnes restent apatrides actuellement.

Plusieurs délégations, comme le Portugal, l’Éthiopie ou le Soudan du Sud, ont remarqué la distinction qui existe, au regard du droit international, entre le statut des personnes déplacées et celui des « réfugiés », en termes de protection.  Alors que le Soudan proposait la création d’une agence en faveur des personnes déplacées, M. Guterres a préféré plaider pour la création d’un poste de représentant spécial du Secrétaire général qui pourrait s’en faire l’avocat.

Les pays africains ont réclamé un appui moral et financier pour l’Afrique en particulier, et les pays hôtes de réfugiés en général, vu la rareté des ressources, un appel auquel a fait écho le Pakistan, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde.

Enfin l’Inde, parmi plusieurs autres, a demandé de différencier la situation des demandeurs d’asile de celle des migrants, soulignant que la migration internationale devait être promue de façon non discriminatoire et ordonnée.  

La Troisième Commission poursuivra jeudi après-midi son débat général sur les réfugiés, avant d’étudier plusieurs propositions de résolution.

* A/69/12

 

Rapport du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux déplacés et questions humanitaires

(A/69/12, A/69/12/Add.1 et A/69/339) [point 61]

Déclaration liminaire, suivie d’une discussion interactive

M. ANTÓNIO GUTERRES, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a résumé son rapport (A/69/12) en expliquant que son organisation n’avait plus les moyens de réagir aux désastres engendrés par les conflits, et que le système humanitaire avait atteint ses limites.

Il a résumé en quelques chiffres l’augmentation exponentielle du nombre de personnes forcées chaque jour à quitter leur domicile en raison de la guerre ou de la violence: 14 000 en 2011, 2,3 000 en 2012 et 3,2 000 en 2013.  Fin 2013, il y avait 51 millions de personnes déplacées, et il y en aura sûrement plus fin 2014.

La multiplication des conflits, ainsi que les pressions exercées par les changements climatiques, la croissance démographique, l’urbanisation, l’insécurité alimentaire et la rareté de l’eau signifient que la tendance à la hausse des déplacements va se poursuivre – mais chaque nouvelle crise montre clairement que le système a atteint ses limites, a déclaré M. Guterres.

« À ceux qui provoquent et prolongent les conflits, en laissant les humanitaires nettoyer les dégâts, il est temps de dire stop, nous ne pouvons plus ramasser les morceaux », a dit M. Guterres.  « Bien que les financements aient augmenté, les besoins ont encore bien plus progressé, et l’écart se creuse », a-t-il expliqué, préconisant diverses solutions, avec le recours à de nouveaux bailleurs de fonds et des partenariats encore plus nombreux avec le secteur privé.

« La totalité des budgets humanitaires internationaux atteint seulement 10 % de ce qui est disponible pour la coopération au développement », a-t-il ajouté, mais dans le contexte actuel de multiplication des conflits, les fonds de développement ne sont pas accessibles suffisamment vite quand c’est nécessaire, et les acteurs humanitaires doivent pallier l’absence d’aide structurelle.

« Les agences de développement, les donateurs et les institutions financières internationales doivent travailler ensemble pour améliorer la flexibilité et la complémentarité entre les interventions à court et à long terme, et être sur le terrain dès le tout début des crises », a plaidé le Haut-Commissaire.

Il a suggéré que le barème des quotes-parts soit utilisé pour financer un fonds spécial de réaction aux crises de niveau 3, c’est à dire des crises humanitaires soudaines de grande ampleur déclenchées par des catastrophes naturelles ou des conflits, qui requièrent une mobilisation à l’échelle du système.  Le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) a demandé une étude sur la faisabilité de ce projet, a-t-il dit.

Par ailleurs, alors que le système humanitaire actuel est surtout une création occidentale, il faut un partenariat réellement universel, car les valeurs humanitaires sont universelles, même si elles s’expriment différemment selon les cultures. 

Par exemple, il n’y a rien dans le droit international des réfugiés qui ne soit déjà contenu dans la tradition et le droit islamiques, a-t-il expliqué, espérant que le Sommet humanitaire mondial d’Istanbul en 2016 permette d’arriver à une approche véritablement universelle des principes et valeurs humanitaires.

M. Guterres a ensuite évoqué l’énormité des crises actuelles et de la crise des réfugiés, avec en particulier le conflit syrien: les Syriens représentent actuellement la plus grosse population sous mandat du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), avec des afflux massifs dans les pays voisins, au Liban, en Jordanie, en Turquie, et jusqu’en Égypte.

Mais le plus inquiétant c’est que l’Iraq est embourbé pleinement dans le conflit syrien, au point qu’il est difficile de séparer les deux crises.  Il y a plus de 1,9 million de personnes déplacées en Iraq, et 180 000 Iraquiens ont trouvé refuge dans d’autres pays, dont la moitié ces dix derniers mois.

Les nouveaux conflits ont également créé de nombreux réfugiés en Afrique, le continent le plus difficile pour les capacités du HCR.  Il a évoqué 410 000 déplacés en République centrafricaine, et 420 000 réfugiés de ce pays dans d’autres pays.  Au Soudan du Sud 1,4 millions de personnes ont changé de région, et 467 000 ont fui en Éthiopie, en Ouganda, au Soudan et au Kenya.

L’insécurité au Nigéria fait 650 000 personnes déplacées et 54 000 réfugiés.  Il y a encore 140 000 réfugiés maliens en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso.

En Afrique du Nord le conflit en Libye a déplacé 287 000 personnes dans le pays, et entraîné une hausse des morts en mer.  Enfin l’Ukraine compte 442 000 déplacés dont 213 000 ont demandé de l’aide en Fédération de Russie, et 8 000 ailleurs en Europe.

Quant à l’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Somalie, et beaucoup d’autres, ces crises ne reçoivent ni l’attention ni les ressources suffisantes.

De leur côté plus de 80 travailleurs humanitaires ont perdu la vie depuis le début de l’année, dont un fonctionnaire du HCR en République centrafricaine.

En revanche l’asile est largement préservé et respecté, a précisé M. Guterres, ce qui est remarquable surtout dans les pays aux ressources limitées. Aujourd’hui 86 % des réfugiés sont dans des pays en développement, contre 70 % il y a 10 ans.  Il faut que les coûts soient partagés, a-t-il souligné.

Certes, les contributions volontaires au HCR ont atteint des niveaux sans précédent, 2,9 milliards de dollars en 2013, et probablement plus de 3 milliards en 2014, et le HCR s’attache à réduire ses coûts structurels.

Mais le volume des opérations est trois fois supérieur par rapport à celui d’il y a quelques années, avec une augmentation de 30 % des personnels dans le monde et une réduction de 30 % à Genève.

Le HCR s’attache aussi à renforcer les partenariats avec le Programme alimentaire mondial, l’UNICEF et d’autres agences de l’ONU, et le dialogue structurel avec les ONG et la Croix Rouge.

La coordination déjà engagée en Syrie avec la Banque Mondiale et le programme de développement de l’ONU sous-tend un plan régional pour les réfugiés et la résilience, qui sera lancé en décembre par plus de 150 partenaires et pays hôtes sous l’égide du HCR et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Pour ce qui est du mandat de protection, il est encourageant de voir que le monde a commencé à modifier son approche de l’apatridie, a jugé M. Guterres, notant que de plus en plus de pays modifient leurs lois.  Mais au moins 10 millions de personnes restent apatrides et M. Guterres a dit compter sur l’appui de tous les États pour faire disparaître l’apatridie en dix ans.

Une autre priorité est la protection en mer, surtout en Méditerranée, dans le golfe d’Aden ou la baie du Bengale, que des centaines de désespérés essaient de traverser chaque semaine en s’en remettant à des trafiquants.

La protection des femmes et enfants est une autre priorité.  La moitié des réfugiés ont moins de 18 ans.  Le HCR se concentre sur leur instruction, les soins psychosociaux et un soutien ciblé pour les enfants à besoin spéciaux, ainsi que l’enregistrement des naissances.

Il y a eu des efforts, mais les résultats sont encore modestes dans la lutte contre l’impunité et en faveur des victimes de violences sexuelles et sexistes.

Globalement l’an dernier les nouveaux déplacements ont dépassé les solutions dans un rapport d’environ 4 à 1, et plus de 6 millions de personnes se trouvent en situation d’exil prolongé.

Certains progrès sont encourageants, a toutefois dit le Haut-Commissaire, évoquant diverses opérations dans plusieurs pays africains, y compris dans la Corne de l’Afrique, en Asie du Sud-Ouest et en Amérique latine.

Enfin, indiquant que le HCR essayait de devenir une organisation de moins en moins ciblée sur le soin et l’entretien, il a annoncé une politique d’alternative aux camps, afin d’offrir aux réfugiés des vies dignes et productives, ce qui sera bénéfique tant pour les réfugiés que pour les pays hôtes.

Il a conclu son exposé en lançant un appel à l’arrêt et la prévention des conflits, seules à mêmes de résoudre ces crises.  En l’absence d’une vision politique, tout ce que la communauté internationale pourra faire c’est de réagir aux crises et trouver des montants de plus en plus importants pour en assumer les coûts, a-t-il dit.

L’action humanitaire ne suffit pas, la solution, comme toujours, ne peut être que politique, a conclu M. Guterres.

Dialogue interactif 

Les nombreuses délégations qui ont participé au dialogue avec le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Antonio Guterres, ont abordé plusieurs sujets sur la situation des réfugiés et des déplacés dans le monde, allant des partenariats, au financement des actions humanitaires et du développement, à la mise en place de mécanismes nouveaux et aux solutions durables pour les réfugiés de longue date.

Le Japon et l’Union européenne ont demandé ce que le HCR attendait des États Membres, tandis que le Bélarus a fait état d’un « déficit de décision » dans le monde. 

L’Iraq a affirmé qu’il continuait à venir en aide aux Iraquiens contraints de fuir leur région suite aux attaques de l’État islamique en Iraq et au Levant et a demandé quels étaient les meilleurs moyens envisagés par les partenaires humanitaires internationaux pour aider les déplacés.  Le Bélarus a fait observer qu’il recevait des demandes d’asile croissantes et a souhaité un renforcement du Bureau du HCR à Minsk. 

Comment contribuer à une action plus efficace dans la protection des déplacés, a voulu savoir le Portugal, qui, à l’instar de l’Éthiopie et du Soudan du Sud, a remarqué la distinction qui existe, au regard du droit international, entre le statut des personnes déplacées et celui des « réfugiés », en termes de protection.  Quels mécanismes pourraient être mis en place pour mieux protéger les déplacés?

Le Soudan a remercié M. Guterres pour sa visite et a souligné que son gouvernement déployait tous ses efforts pour assister les réfugiés du Soudan du Sud mais que leurs besoins dépassaient les capacités modestes du pays.  La délégation a dit encourager les réfugiés à retourner spontanément au Darfour, mais a noté que les opérations de retour et de réinstallation étaient complexes, nécessitant une augmentation des quotas et une simplification des procédures.  Le Soudan a organisé une réunion régionale sur les réfugiés de la Corne de l’Afrique, a ajouté la délégation, exhortant à l’application de la Déclaration de Khartoum.

Le Soudan du Sud a déclaré que la paix est le meilleur moyen de résoudre la question du déplacement.  Il faut couper le mal à la racine et identifier les causes, a-t-il affirmé, en invitant à relier l’humanitaire au développement.  La délégation s’est dite satisfaite de la manière dont les Nations Unies ont ouvert des camps dans son pays.  La gestion a été efficace mais aujourd’hui la situation y est « atroce », a fait remarquer le délégué.  Il a affirmé que les réfugiés étaient mieux reconnus et aidés que les déplacés. 

Il a proposé la création d’une agence spéciale pour les déplacés, dont la formule serait à déterminer dans le futur.  Où en sommes-nous pour aider les déplacés à l’intérieur, a-t-il voulu savoir, rappelant que l’Union africaine avait rédigé des principes pour les déplacés fondés sur les normes du droit coutumier africain.  Examinons-nous ces principes ou la Convention africaine pour la protection des déplacés à l’intérieur, par exemple, pour les rendre universels?

L’Union européenne a salué les efforts pour trouver des solutions aux réfugiés de longue date, tout en mettant l’accent sur les solutions que ceux-ci peuvent apporter aux communautés d’accueil.  Le délégué a demandé quels étaient les résultats obtenus par le HCR et de la collaboration avec la Croix-Rouge.  Il a salué la Stratégie pour l’éducation du HCR, et a déploré l’augmentation alarmante du nombre d’enfants réfugiés et déplacés.   

Le Japon a félicité le HCR pour les efforts de rationalisation.  S’agissant des problèmes de financement du développement et des opérations humanitaires, il a rappelé que dans les années 1990, des fonds avaient été créés à cet effet.  Il a voulu savoir comment le HCR et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) coopéraient, avant d’encourager à saisir les grandes occasions que constitueront la célébration du soixante-dixième anniversaire de la création de l’ONU, l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015 ainsi  que le processus d’Istanbul.  Qu’attendez-vous des États Membres, a demandé le représentant au Haut-Commissaire?

Pays qui, avec le Kenya, accueille le plus de réfugiés en Afrique, l’Éthiopie a souligné, à l’instar de M. Guterres, l’écart entre la tâche titanesque du HCR et les moyens modestes dont il dispose.  Le financement fait défaut et certains programmes du HCR sont sous-financés, a dit le délégué, en insistant cependant sur la décision de son pays de continuer à ouvrir ses portes aux réfugiés, notamment dans un esprit d’hospitalité et en vue de maintenir la tradition d’accueillir ceux qui sont dans le besoin.  « Nous ne fermons jamais nos portes aux réfugiés », a-t-il réaffirmé, ajoutant que le défi des financements était gigantesque.  Il a salué la nouvelle initiative globale du HCR en Somalie et a rappelé l’existence du Document d’engagement d’Addis-Abeba.

La République arabe syrienne a loué les efforts remarquables du HCR pour aider les réfugiés.  Elle a notamment attiré l’attention du Haut-Commissaire sur les rapports des Nations Unies alléguant des problèmes graves d’insécurité dans les camps accueillant des réfugiés syriens dans les pays voisins, avec des viols, des violences sexuelles, des recrutements d’enfants par des groupes terroristes et des lavages de cerveau, et ce sous la supervision de personnes supervisant les camps.

Quelle mesure prend le HCR pour garantir la sécurité dans ces camps et mettre fin à de telles violations, a demandé la représentante syrienne.  Elle a prié le HCR de mentionner la présence de groupes terroristes armés en Syrie, première raison de la fuite de la population.  Elle a ensuite relevé que les fonds alloués aux pays voisins étaient plus substantiels que ceux fournis à la Syrie.

La Norvège a appuyé l’appel du Haut-Commissaire en vue d’une protection accrue des enfants réfugiés.  Comment le système international peut-il contribuer à la lutte contre les difficultés que traverse actuellement la communauté humanitaire et quelle serait la bonne architecture pour que ce système fonctionne?

Le représentant de l’Algérie a rappelé l’appui du HCR aux efforts de son pays pour accueillir quelque 23 500 réfugiés syriens et un grand nombre d’Afrique subsaharienne, du Mali et du Niger.  Mentionnant le paragraphe 80 du rapport du HCR sur le caractère essentiel de l’aide humanitaire et de l’aide au développement, lesquelles ne peuvent se substituer aux solutions politiques », il a demandé des précisions sur les activités du Groupe de recherche de solutions établi en 2013.

La Suède a traité de l’apport de solutions durables aux réfugiés.  « Cette époque extraordinaire exige une solidarité extraordinaire pour faire face au déplacement à l’échelle mondiale », a affirmé la déléguée, qui a appelé d’autres pays à ouvrir leurs frontières aux réfugiés.  Que faire de plus, à titre individuel et collectif, pour améliorer l’installation temporaire et le retour des réfugiés? 

Le représentant de la Lettonie a noté que son pays était contributeur volontaire au HCR. Par ailleurs il a noté qu’il n’y avait 173 apatrides dans son pays.  Enfin il a mentionné les besoins d’assistance des réfugiés ukrainiens et demandé ce que prévoyait pour eux le HCR à l’approche de l’hiver.

Le représentant de Papouasie-Nouvelle-Guinée a demandé au Haut-Commissaire de développer la question des changements climatiques, particulièrement inquiétant pour les pays du Pacifique Sud.  Il a demandé si le Haut-Commissariat se penchait sur la question et prévoyait un document cadre pour réagir si certaines populations se trouvent sous la mer.  Il a aussi regretté que le rapport présenté n’évoque pas les déplacés internes et les réfugiés climatiques.

Le représentant du Myanmar a souligné que la traite des êtres humains est un phénomène actif dans la région du Myanmar, qui menace particulièrement le sort des réfugiés.  Il a demandé comment intensifier la coopération du HCR avec d’autres agences de l’ONU et d’autres agences internationales pour combattre efficacement la traite des êtres humains dans la région de la baie du Bengale. 

Le représentant de l’Érythrée a noté l’appel lancé à résoudre les causes premières du problème des réfugiés.  Mais il a constaté un certain flou dans le mandat du HCR: parfois des camps de transit deviennent des camps de réfugiés, a-t-il dit.  Il y a souvent un panachage de migrants et de réfugiés, donc quel mécanisme le HCR dispose-t-il pour résoudre ce problème, a-t-il demandé. 

D’autre part, ces centres deviennent parfois des centres de recrutement pour des groupes armés, et certains groupes politiques se rendent aussi dans ces camps pour y diffuser leur propagande, a-t-il regretté.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a répondu que la communauté internationale devait examiner la générosité du peuple iraquien, qui accueille plus de 200 000 réfugiés syriens.  Cet exemple doit être répété et attirer davantage de générosité, a-t-il dit.  Pour ce qui est de la coordination entre le Gouvernement et les organisations internationales, il a noté que l’installation d’un nouveau gouvernement devrait y être favorable, alors qu’à un moment le centre de coordination avait été transféré à Irbil.  Il a assuré que le HCR était en contact avec le Gouvernement pour améliorer le sort tant des réfugiés que des déplacés.

En réponse au Bélarus, il s’est félicité de sa bonne coordination avec le HCR.

Il a jugé que la capacité de réaction internationale avait régressé récemment, vu la multiplication des conflits.  En outre, les victimes de déplacements sont avant tout dans les pays en développement, qui sont aidés mais il faut davantage de solidarité et de partage, a-t-il souligné.

Sur la question des personnes déplacées, il a souligné que la responsabilité incombait aux États concernés, mais il a plaidé contre la création d’une nouvelle agence pour gérer la question.  En revanche, il faut améliorer la coordination entre les différentes entités concernées, et faire mieux entendre la voix de la communauté internationale.

Il s’est dit favorable à l’idée d’un représentant spécial du Secrétaire général avec un rôle clair en matière de plaidoyer pour soutenir les actions en faveur des personnes déplacées.  Cela permettrait également de garantir qu’il y ait des principes directeurs en matière de personnes déplacées, a fait valoir M. Guterres.

Il a répondu au représentant du Soudan que le HCR entendait soutenir l’aide au retour des réfugiés.

Pour ce qui est du trafic d’êtres humains, il a estimé que c’était une grande priorité du HCR même si cela ne relève pas techniquement de son mandat.  D’une part, il faut prévenir ces activités de trafic, permettre davantage de mobilité humaine légale, et voir pourquoi les gens sont contraints de se déplacer.  Mais il faut aussi lutter plus efficacement contre les auteurs des trafics et protéger les victimes, a dit M. Guterres, en déplorant que le trafic de drogues soit plus réprimé que le trafic d’êtres humains, qui est pourtant un crime bien pire, évoquant par exemple le vol d’organes d’Érythréens dans le désert du Sinaï.

Au délégué européen qui avait demandé comment progresser vers des solutions plus globales, il a présenté plusieurs initiatives récentes, et plaidé pour un changement de culture dans l’approche du développement.  Il a cité l’exemple du Liban, pays à revenu intermédiaire qui n’a pas accès à la plupart des programmes de développement, alors que cela pourrait contribuer à la stabilisation.

Décrivant le programme de réduction des dépenses du HCR, il a affirmé que les coûts de fonctionnement étaient passés de 14 % à 6 %, les coûts de personnels ont également été réduits, tandis que partenariats et externalisation sont encouragés.  Mais la notion de priorité crée de nombreux dilemmes souvent insupportables, a-t-il dit, évoquant des coupes claires dans de nombreuses opérations dans le monde.  « Nous sommes déjà au-delà des limites », a-t-il dit, demandant plus de capacités et de ressources, ou l’implication d’autres acteurs.

Pour ce qui est du Sommet humanitaire, il a souhaité qu’il permette d’améliorer les capacités pour rassembler tous les efforts de l’espace humanitaire.

Il a salué la politique de portes ouvertes de l’Éthiopie, le pays qui avec le Kenya, accueille le plus de réfugiés en Afrique.  Mais il a fait état de nombreux problèmes pour les opérations du HCR en Éthiopie et en Afrique, suite aux réformes d’économiques internes à l’organisation.  Malheureusement, pour toutes les crises en Afrique les fonds affectés ne correspondent pas aux besoins, a-t-il déploré.

Le Haut-Commissaire a rappelé que la Syrie fut récemment encore le deuxième pays au monde à accueillir le plus de réfugiés, citant en particulier le cas des Palestiniens. C’est pour cette raison que la communauté internationale a la responsabilité de soutenir les Syriens en Syrie et hors de la Syrie, a-t-il dit.

Pour ce qui est de la protection des enfants, il a assuré que beaucoup avait été fait et que le HCR intensifiait sa coopération avec la Turquie et l’Iraq pour remédier aux problèmes.

En réponse à la représentante syrienne, il a souligné qu’il était inacceptable de voir des activités d’embrigadement dans les camps, mais estimé que la coopération avec les pays concernés s’était améliorée en la matière.  Enfin, il a souligné que le HCR avait le meilleur système d’enregistrement jamais utilisé pour les réfugiés ne se trouvant pas dans des camps, et il s’est félicité qu’aucun réfugié syrien n’ait péri du froid l’an dernier.  Il y a plus de trois millions de réfugiés syriens, et ils sont une priorité pour le HCR, a dit M. Guterres.

M. Guterres s’est par ailleurs félicité que tous les fonds de la Suède soient non affectés.  Il a souligné l’importance de recevoir des enveloppes non conditionnées qui peuvent être utilisées pour diverses crises et améliorer les capacités de réaction.

Sur la Lettonie, il s’est dit encouragé par ce qui est fait en faveur des apatrides.  L’approche à long terme, et la volonté du Gouvernement, sont deux conditions absolument nécessaires, a-t-il souligné.  Quant à la crise en Ukraine, il a rappelé que le HCR était très impliqué dans le soutien aux capacités du Gouvernement pour l’aider à faire face à cette crise, surtout en direction des familles vulnérables, mais il a souhaité une volonté politique des gouvernements.

Concernant les changements climatiques, il a indiqué que le mandat du HCR se limitait aux victimes de conflits ou de persécutions, mais il a convenu que d’autres facteurs avaient une incidence, et il a salué les initiatives prises pour combler les lacunes de protection envers les populations qui échappent au mandat du HCR.  Il a appelé la communauté internationale à innover pour les populations menacées d’apatridie en raison de la disparition de leurs territoires.

Il a engagé le Gouvernement du Myanmar à répondre favorablement à la campagne contre l’apatridie.

Enfin, il a déploré les problèmes faisant que parfois les camps de réfugiés ne soient pas strictement humanitaires.  Le HCR doit préserver l’impartialité de son action, et tout faire pour protéger cette nature des camps face aux groupes armés ou politiques, a dit M. Guterres.

Débat général

M. SIDI MOHAMED BOUBACAR (Mauritanie), au nom du Groupe des États d’Afrique, a affirmé que dans les annales du HCR, 2014 serait considérée comme une année où plus de 50 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, le chiffre le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale.  Cela est d’autant plus tragique que la moitié est constituée d’enfants, a-t-il déploré, ajoutant qu’il était extrêmement alarmant que la population des réfugiés augmente rapidement dans le continent africain, alors que celui-ci traverse des crises multiples, la crise de la dette ainsi que la menace de l’Ebola et d’autres maladies. 

Notant que 3,5 millions de réfugiés (38 % du total mondial) se trouvent en Afrique, il a rappelé les prévisions alarmantes du HCR qui établit à 11 millions le nombre de personnes dont il sera chargé fin 2014, y compris des apatrides et des rapatriés.  Il a salué le Haut-Commissaire pour avoir lancé une étude sur la contribution des pays africains en tant qu’hôtes des réfugiés, et a espéré qu’elle sera rapidement achevée pour être soumise au Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.  Il n’y aura pas de solutions sans une analyse et une résolution des causes premières de ces crises, a estimé M. Boubacar, en appelant à un appui moral et financier soutenu à l’Afrique.

Il a encouragé le HCR à poursuivre ses activités sur les solutions durables, tout en s’efforçant de trouver des solutions applicables aux situations de réfugiés de longue date.  M. Boubacar a réaffirmé la position africaine que le rapatriement volontaire, l’intégration locale et la réinstallation des réfugiés sont les trois solutions durables viables.  Il a aussi rappelé le principe de responsabilité partagée et jugé déconcertant que la notion de refuge prolongé soit devenue presque une norme, expliquant qu’à cause de la situation économique en Afrique, les conflits persistent depuis plusieurs années ce qui a pour conséquence des déplacements prolongés.

M. Boubacar a notamment attiré l’attention sur le problème de la malnutrition et sur la rareté des ressources, soit 2,6 milliards de dollars fin août 2014, dont à peine 834 millions du montant réservé pour l’Afrique a été effectivement reçu.  Le déficit de financement s’élève en conséquence à 70 %, et les opérations les plus sous-financées sont celles de la République centrafricaine (36 %) et du Soudan du Sud (30 %).

M. Boubacar a cité le Secrétaire général de l’ONU lors de son intervention à l’occasion de la Journée internationale des réfugiés, pour qui « les pays pauvres accueillent plus de déplacés que les pays riches ».  Un engagement renouvelé et un partage de la responsabilité entre tous les États mènera à la solution de la question des réfugiés et déplacés en Afrique. 

M. RAMADHAN MWINYI (République-Unie de Tanzanie) s’est inquiété de la détérioration de la situation en Afrique sub-saharienne en raison de la situation au Soudan du Sud, en République centrafricaine et dans certaines parties de la République démocratique du Congo (RDC), entre autres.

Il s’est plus particulièrement préoccupé du fait que l’Afrique sub-saharienne connaissait une baisse de financement qui handicape les efforts des pays hôtes et qui contredit les principes de responsabilité et de partage des charges.  Il a souligné que les pays en développement ont contribué plus que leur part et ce en dépit de leurs propres défis économiques.

Le représentant s’est ensuite interrogé du fait que le HCR ait continué de procéder à des inscriptions et à la détermination du statut de réfugié dans plus de 60 pays.  Il s’est opposé à la trop forte dépendance des États envers l’agence notant que les procédures d’inscription et autres relèvent du fonctionnement du gouvernement du pays hôte.

M. Mwinyi a expliqué que les pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) avaient reconnu la nécessité d’harmoniser leurs lois sur les réfugiés dans le but d’établir un cadre régional politique en la matière.  La SADC, a-t-il de nouveau souligné, est donc préoccupée par la poursuite de la dominance et de la dépendance à l’égard du HCR pour effectuer des fonctions qui  devraient être exécutées par l’État hôte.

Il a appelé le HCR a établir un plan d’action assorti d’un calendrier pour renforcer les capacités des pays hôtes dans les domaines des inscriptions, de la détermination du statut de réfugié et de la constitution de bases de données nationales.  Il n’est pas logique et on ne saurait justifier que des États hôtes continuent de dépendre du HCR pour effectuer des fonctions qui ont des implications sécuritaires, a-t-il affirmé.

Le représentant a ensuite parlé du Plan stratégique indicatif de la SADC en matière de coopération sécuritaire, précisant que celui-ci comprend une stratégie pour appuyer la réintégration sociale des réfugiés.  Il a aussi affirmé que la Tanzanie avait décidé de naturaliser 162 156 réfugiés burundais.  Vu les implications budgétaires de cette initiative qui, a-t-il dit, ouvre les portes à l’intégration locale, il a appelé la communauté internationale à appuyer son financement.  Il a déclaré que cette initiative aurait d’importantes implications pour d’autres programmes d’intégration locale dans le monde.

M. THOMAS MAYR-HARTING (Union européenne) a appelé les États Membres à faire davantage pour prévenir les déplacements  forcés et répondre à la situation de ceux qui en sont affectés.  À l’approche du Sommet mondial sur l’aide humanitaire de 2016, il les a également engagés à réaffirmer les principes humanitaires de base et la nécessité de respecter le droit international humanitaire.

Il s’est dit encouragé de constater qu’en dépit des besoins incroyablement élevés, l’appui financier du HCR avait atteint un niveau record avec près de trois milliards de dollars en contributions en 2014.  Le budget de près de 6,3 milliards de dollars pour l’année à venir indique clairement que de nombreux besoins demeurent inassouvis, a-t-il toutefois fait observer.

M. Mayr-Harting a jugé nécessaire de combler l’écart entre les acteurs humanitaires et de développement afin de contribuer à une meilleure protection et assistance des personnes déplacées de force.  Au final, a-t-il estimé, une meilleure synergie entre les programmes d’urgence, de développement et de protection profitera à la fois aux déplacés et à leurs communautés d’accueil.  En la matière, l’Union européenne aide actuellement la Jordanie et le Liban à combler les écarts entre les acteurs humanitaire et de développement.

Le délégué a ensuite souligné qu’en 2013, le nombre de demandeurs d’asile avait atteint 450 000, le nombre record depuis dix ans.  Le nombre de personnes qui ont péri en mer Méditerranée a également connu une hausse dramatique cette année, a-t-il déploré, jusqu’à 3 000 migrants ayant perdu la vie alors qu’ils cherchaient à regagner l’Europe dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure.

Il a notamment dénoncé la noyade délibérée, en septembre, de plus de 500 migrants, y compris 100 enfants.  M. Mayr-Harting a parlé du lancement, l’an dernier, par l’Italie du programme de sauvetage Mare Nostrum qui a permis d’amener 100 000 migrants à bon port.  Le délégué s’est aussi soucié de la situation des réfugiés mineurs, précisant que l’an dernier, ces dernies représentaient plus d’un quart des demandeurs d’asile en Europe.

Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a déclaré que son pays contribuait à hauteur d’un milliard de dollars pour 2014 en faveur du HCR.  Elle a relevé qu’avec quatre crises de niveau 3, l’organisation avait été particulièrement sollicitée en 2014. Mais il faut garantir que ces activités ne dépassent pas l’exercice du HCR.  Aucune agence ne peut relever à elle seule ces défis, a dit la représentante en appelant à une coordination accrue entre les différents acteurs humanitaires.

Elle a salué l’action sur les coûts du HCR et son évolution vers un processus fondé sur les résultats plutôt que les ressources, en plaidant pour des indicateurs fiables et correctement suivis.

M. GRIGORY LUKYANTSEV (Fédération de Russie) a estimé que la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole de 1967 étaient les instruments les plus importants relatifs à cette question, et qu’ils ne devaient en aucun cas être modifiés.  Il a appuyé tous les efforts du HCR visant à rationaliser et restructurer ses activités, ainsi que le renforcement du rôle du Haut-Commissariat dans la fourniture d’une assistance au renforcement des capacités des États Membres.

Il a considéré nécessaire d’élaborer des approches plus rationnelles en cas de réinstallation dans des situations de refuge prolongé.  Il a attiré l’attention sur le problème de l’apatridie majeure non réglée en Lettonie et en Estonie, ce qui, selon lui, est inacceptable.

Face à l’augmentation alarmante des réfugiés dans le monde, il a déclaré que l’Europe connaissait aussi des mouvements massifs de personnes.  Ainsi, plus de 80 000 personnes sont arrivées d’Ukraine sur le territoire de la Fédération de Russie, dont plus de 450 000 ont demandé un statut temporaire ou une autre formule de résidence. 

Il a signalé que des membres du personnel du HCR avaient effectué une visite sur place pour se rendre compte des conséquences humanitaires de la crise ukrainienne qui a déclenché des déplacements massifs dans cette partie de l’Europe.  Il a assuré M. Guterres de l’appui de son pays, qui est à la fois bailleur de fonds et partenaire. 

M. GUILLERMO RISHCHYNSKI (Canada) a exprimé l’engagement de son pays à sauver les civils réfugiés, en particulier les plus vulnérables.

Le représentant a noté que depuis début 2014, le groupe de l’État islamique d’Iraq et du Levant avait pris pour cible plusieurs communautés religieuses.  Le Canada s’inquiète du fait que ces groupes religieux minoritaires, une fois déplacés, soient encore plus menacés.

D’autre part, il a exprimé la préoccupation du Canada devant les refoulements de populations réfugiées ou déplacées, et il a demandé d’accorder une priorité à une recherche de solutions durables pour régler la question des déplacements prolongés.

Après avoir mentionné que les problèmes de sécurité pesant sur les réfugiés étaient en outre exacerbés par l’épidémie de la maladie à virus Ebola, une problématique mondiale qui nécessite une action internationale concertée, le représentant canadien a exprimé l’inquiétude de son pays devant le nombre disproportionné d’enfants parmi les personnes déplacées et les réfugiés.  Il a demandé que tout soit fait pour leur permettre de jouir de leur enfance en sécurité et avec une possibilité d’instruction ou d’apprentissage.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a relevé que 90 % du personnel du HCR travaillait sur le terrain et a appelé les autres agences de l’ONU à suivre cet exemple.  Il a ensuite expliqué qu’en raison de l’augmentation du flux de réfugiés qui se rendent au Brésil, le HCR avait récemment ouvert un deuxième bureau à Sao Paulo, le principal point d’entrée des réfugiés dans le pays. 

Le représentant a précisé que depuis l’année dernière, le Brésil avait octroyé des visas à 5 000 demandeurs d’asile et que l’allégement des procédures d’obtention de visa serait prolongé au-delà de 2015.  Des politiques précises ont également été lancées pour répondre à la situation des Syriens, des Syro-Palestiniens » et des Libanais, notamment l’adoption d’un décret pour accélérer les réunifications familiales.

Le Brésil accueillera par ailleurs, au mois de décembre, une réunion ministérielle pour marquer le trentième anniversaire de la Déclaration de Carthagène sur les réfugiés au cours de laquelle sera adopté un plan d’action destiné à renforcer le cadre de protection des réfugiés, des personnes déplacées et des apatrides dans la région.  Un projet de loi sur les apatrides sera également présenté prochainement devant le Congrès du Brésil.

M. Patriota a condamné le traitement infligé à des enfants et des adolescents qui ont été arrêté et détenu en raison de leur statut ou de leur entrée illégale dans des pays de transit ou de destination.  Il a en revanche salué la création, par le HCR et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Plan régional pour les réfugiés et la résilience.

M. MAYANK JOSHI (Inde) a insisté sur l’importance de créer des politiques et des conditions favorables au rapatriement précoce et à la réintégration des réfugiés dans leur société.  Il a également estimé qu’au vu de la limite des ressources dont il disposait, le HCR devait prêter davantage d’attention à son mandat de base qui est de s’occuper des réfugiés par opposition aux  personnes relevant de sa compétence.  Le représentant a aussi souligné que le HCR ne devait se préoccuper de personnes déplacées qu’avec le soutien des autorités nationales.

M. Joshi a ensuite appelé la communauté internationale à répondre aux causes sous-jacentes des déplacements, insistant sur le lien entre la pauvreté et le problème des réfugiés.  Il a dénoncé la violence croissante perpétrée à l’encontre de chercheurs d’asile par des acteurs non étatiques, notamment dans les situations de conflit armé.  Il a affirmé que cette situation était aggravée par les problèmes liés à l’obtention de l’accès pour l’acheminement de l’aide humanitaire et a appelé les États Membres à intensifier leur collaboration afin de répondre à cette situation.

Le représentant a par ailleurs estimé qu’il ne fallait pas examiner la situation des demandeurs d’asile et des migrants sous un même angle, soulignant que la migration internationale devait être promue de façon non discriminatoire et ordonnée.  Selon lui, maintenir une distinction claire entre les migrants économiques et les réfugiés est dans l’intérêt de ces derniers.

M. Joshi a aussi souligné que la Convention de 1951 et le Protocole de 1967 ne prenaient pas en considération le phénomène des flux migratoires massifs ni la migration mixte.  En l’absence de tout ajustement pour prendre en compte ces réalités, a-t-il averti, l’Inde continuera d’éprouver des difficultés pour adhérer au cadre juridique actuel.

M. CHYAPAN BANRUNGPHONG (Thaïlande) a affirmé que 130 000 personnes déplacées vivaient actuellement dans neuf abris temporaires en Thaïlande.  Il a parlé de la nécessité de renforcer les consultations et de préparer le terrain à la perspective d’un possible rapatriement volontaire sur la base des principes internationaux humanitaires.

Le représentant de la Thaïlande a ensuite insisté sur l’importance de renforcer la coopération régionale afin de répondre aux mouvements irréguliers des personnes par les mers, précisant que cette question était particulièrement importante pour la région Asie-Pacifique.

Il a jugé nécessaire de répondre à ces flux de manière à en éliminer les causes, tout en maintenant l’option d’un retour en toute sécurité sur la table.  Le représentant a également souligné qu’il n’existait pas de solution à « taille unique » car chaque situation est différente.

M. OMAR RABI (Maroc) a rendu un hommage particulier à l’esprit de dévouement et d’abnégation du personnel du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.  Il a fait part de sa préoccupation quant aux causes croissantes des déplacements des personnes et des situations d’urgence, qui mettent à rude épreuve les capacités d’intervention du HCR et de ses partenaires.

Le continent africain est particulièrement touché par les flux de déplacement, dont le chiffre est en hausse perpétuelle.  Il a salué les pays d’Afrique sub-saharienne qui, en dépit de leurs difficultés, continuent à accueillir un nombre important de réfugiés et de déplacés.  Il a invité la communauté internationale à appuyer le HCR et a souligné la nécessité d’une plus grande solidarité pour aider les pays d’Afrique de l’Ouest dans la lutte contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola.

Il s’est réjoui par ailleurs de la Déclaration finale du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissaire pour les réfugiés adoptée à l’issue du segment de haut niveau de sa dernière session sous le thème « Renforcer la coopération internationale, la solidarité, les capacités et l’action humanitaire pour les réfugiés en Afrique ».

L’un des éléments cardinaux pour toute intervention en faveur des réfugiés est le recensement et l’enregistrement, sans aucune politisation de cette tâche, a encore déclaré le délégué marocain, qui a par ailleurs appelé l’attention sur les situations dangereuses à travers les liens qui se tissent entre terroristes à travers les camps de réfugiés. 

M. TARO TSUTSUMI (Japon) s’est inquiété des crises de niveau 3 qui sévissent actuellement en Afrique et au Moyen-Orient.  Il a affirmé que son gouvernement avait versé 50 millions de dollars pour appuyer l’aide d’urgence au Moyen-Orient.  Il a insisté sur la nécessité d’empêcher l’extrémisme de s’implanter tout en répondant promptement à la situation humanitaire de la région.  Le Japon s’est en outre engagé à verser 17 millions de dollars lors de la Conférence humanitaire de levée de fonds pour le Soudan du Sud.

M. Tsutsumi a par ailleurs expliqué que son gouvernement  était en train d’élaborer de nouvelles directives en matière d’aide publique au développement afin de mettre l’accent sur la croissance économique de bonne qualité, le respect de l’état de droit et la création de sociétés pacifiques et stables.

Mme HILDE KLEMETSDAL (Norvège) a affirmé que jamais, dans l’histoire du HCR, il n’y avait eu autant de personnes déplacées dans leur propre pays, ce qui exerce une pression sans précédent sur ses capacités et tous ses partenaires, sans parler des pays et communautés d’accueil des réfugiés et des déplacés, dont les possibilités ont atteint leur limite.

Elle a invité à construire des partenariats tant à l’intérieur de la communauté humanitaire qu’à l’extérieur en vue de trouver des solutions communes et durables.

Comme la protection demeure un défi sérieux, en particulier dans les situations de conflit, Mme Klemetsdal a déclaré que de nombreuses réponses différenciées s’imposaient pour améliorer la protection des femmes, des hommes, des garçons et des filles affectés par les conflits.  La réponse la plus efficace consisterait en l’application des obligations en vertu du droit international humanitaire, moins de personnes se voyant forcées à quitter leurs foyers et à perdre leurs moyens de subsistance.

L’éducation conduit au renforcement de la protection des enfants par l’accès également aux soins de santé, et à des installations d’eau et d’assainissement, a-t-elle remarqué, annonçant que la Norvège serait l’hôte d’une conférence sur cette question.  La déléguée a ensuite abordé la problématique des personnes déplacées par les catastrophes naturelles dues aux changements climatiques dont le chiffre a atteint 22 millions en 2013 et qui ne manquera pas d’augmenter dans le futur.  Elle a mentionné, à cet égard, l’Initiative Nansen visant à l’élaboration d’un agenda sur la protection des personnes déplacées dans ce contexte.  

Mme MONIA AL-SALEH (République arabe syrienne) a affirmé que son pays avait accueilli, au fil du temps, un nombre important de réfugiés, ce qui faisait de lui le deuxième pays d’accueil au monde, traitant également les réfugiés comme des Syriens.  Aujourd’hui, la Syrie fait face à une situation et à un conflit fabriqué de toutes pièces, a-t-elle dit. 

Le Gouvernement syrien, en collaboration avec ses partenaires et la société civile syrienne, s’efforce de trouver des solutions humaines aux réfugiés et déplacés qui subissent les conséquences d’une conspiration de certains États et de groupes terroristes armés qui cherchent à détruire le pays.

Il y a plusieurs mois, le Gouvernement syrien avait mis en garde contre la diminution du financement de l’assistance humanitaire, ce qui constitue à l’heure actuelle une entrave à l’acheminement de l’aide aux réfugiés.

La Syrie a exhorté les Nations Unies à faire preuve de transparence et de s’abstenir de toute politisation du dossier humanitaire.  La Jordanie, la Turquie et le Liban ont des camps de réfugiés qui ont été convertis en camps militaires visant à la déstabilisation de la Syrie.  Certains camps ne disposent pas d’écoles et sont des foyers de réseaux de traite des personnes et de trafic d’enfants.

Elle a appelé à enquêter sur ces crimes graves si le HCR a sincèrement l’intention d’aider les personnes se trouvant dans ces camps.  La déléguée a aussi dénoncé le retrait des cartes d’identité de certains Syriens réfugiés pour les empêcher de retourner chez eux.  Un grand nombre de réfugiés dans les pays voisins désirent rentrer chez eux, a-t-elle noté, en encourageant à les assister au retour.  Elle a à nouveau regretté le complot contre la Syrie qui vise à la transformer en émirat islamique. 

M. MESBAH ANSARI DOGAHEH (République islamique d’Iran) a affirmé que son pays accueillait la plus importante population de réfugiés en situation prolongée au monde, pour majorité des Iraquiens et des Afghans.  Il a précisé que 97 % d’entre eux vivaient dans des zones urbaines et seulement 3 % dans des camps.  Le Gouvernement iranien leur fournit nombre de services en dépit du fait que les sanctions illégitimes imposées contre le pays ont non seulement des conséquences pour les citoyens iraniens, mais également pour les activités humanitaires de l’Iran.

Le représentant a ensuite fait savoir que les Afghans représentaient 70 % de la population réfugiée de la région.  Outre l’accueil accordé à 800 000 ressortissants afghans, l’Iran a lancé une procédure de régularisation à l’intention des Afghans en situation irrégulière.  Il a insisté sur l’importance de prendre au sérieux la reconstruction de l’Afghanistan et de répondre aux causes premières du problème de réfugiés dans la région.  Il a parlé de la session consultative qui s’est tenue en septembre 2014 en marge de la réunion du Comité exécutif du Programme du HCR au sujet de la Stratégie de solutions pour les réfugiés afghans.

M. Ansari a expliqué que le Gouvernement iranien avait déployé de nombreux efforts dans le cadre de la Stratégie de solutions pour les réfugiés afghans en Asie du Sud-Ouest, en  mettant notamment l’accent sur le renforcement de l’accès à l’éducation et de la distribution de permis de travail.  M. Ansari a formulé l’espoir que cette Stratégie de solutions constituera une des principales priorités nationales du nouveau Gouvernement afghan afin de rendre le rapatriement volontaire plus attractif et plus durable.

Le représentant de l’Iran a par ailleurs regretté que la communauté internationale n’ait pas, selon lui, déployé suffisamment d’efforts pour appuyer le rapatriement volontaire des réfugiés afghans.  Il a aussi constaté que le nombre d’admission dans les pays de réinstallation sont très bas comparé au nombre important de réfugiés et aux problèmes qui en découlent.

M. KAMEL CHIR (Algérie) a relevé qu’au cours de l’année écoulée, la communauté internationale avait été témoin de la détérioration de la situation humanitaire de beaucoup de nations, avec 51 millions de réfugiés dans le monde, un nombre record depuis la Seconde Guerre mondiale.  Il a particulièrement dit son inquiétude devant la situation en Afrique sub-saharienne où le nombre de réfugiés a atteint 2,9 millions, tandis que celui des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays est passé de 10,4 millions à 12,5 millions en deux ans.  Il a aussi relevé les situations d’urgence de niveau 3 en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Syrie. 

Il a appelé à ne pas perdre de vue les situations des réfugiés de longue durée et a insisté sur le fait que la priorité devrait être la recherche de solutions durables en s’attaquant parallèlement aux causes profondes et à la création de conditions propices au retour volontaire dans la sûreté et la dignité des réfugiés.

M. Chir a affirmé à cet égard que la majeure partie des réfugiés de longue durée vivaient principalement dans des pays en développement, ce qui représente un lourd fardeau pour leur développement socioéconomique.  Après avoir remercié tous les pays d’accueil en Afrique pour leur sacrifice et leur décision d’ouvrir leurs frontières, le représentant algérien a appelé à une solidarité internationale renforcée et à un appui soutenu à ces pays hôtes, mettant l’accent sur le principe de « responsabilité partagée » et sur la contribution des bailleurs de fonds.

Il a évoqué la tradition hospitalière de l’Algérie et a rappelé que son pays continuait d’accueillir dans la Wilaya de Tindouf l’une des trente situations de réfugiés de longue durée dans le monde.  Il a précisé qu’il s’agissait de réfugiés sahraouis du territoire non autonome du Sahara occidental, qui attendent leur rapatriement volontaire dans des conditions sûres et dignes dans le cadre de la mise en œuvre d’une solution durable à leurs souffrances, basée sur le plein exercice de leur droit à l’autodétermination.

Tout en réitérant l’engagement continu de l’Algérie à fournir l’appui nécessaire aux réfugiés sahraouis, il a invité la communauté internationale et les donateurs à assister les programmes du HCR en faveur de ces réfugiés, qui dépendent entièrement de l’assistance internationale.  Il a noté avec satisfaction que dans le cadre du programme de mesures d’établissement de la confiance tendant à l’organisation de visites de familles entre les réfugiés sahraouis vivant dans les camps de Tindouf en Algérie et leurs familles au Sahara occidental, plus de 20 700 personnes avaient bénéficié de ce programme depuis sa création en 2004.

M. AHMED EL-SHANDAWILY (Égypte) a demandé de respecter les principes de solidarité internationale et de partenariat effectif pour partager la responsabilité de la protection des réfugiés.  Il a également déclaré que les pays développés devraient être encouragés à accueillir plus de réfugiés.

Pour les pays sortant de conflit, il faut fournir une aide leur permettant de reconstruire leurs institutions et les systèmes de fourniture de services de base, en prêtant une attention particulière aux femmes et aux enfants, a-t-il souligné.

Enfin, il a évoqué la présence en Égypte de centaines de milliers de Syriens, qui s’ajoutent à plus de deux millions de citoyens soudanais et palestiniens.  L’Égypte n’a pas ménagé ses efforts pour accueillir ces réfugiés, mais elle compte encore sur l’aide du HCR et des organisations de l’ONU concernées pour essayer de répondre à leurs besoins les plus pressants.  « Nous réitérons la nécessité de résoudre la crise actuelle de façon pacifique, pour assurer la stabilité, la sécurité, la démocratie et le développement durable », a dit le représentant.

Mme ZAYTOON ABDULLAH (Iraq) a affirmé que l’occupation de certaines régions de l’Iraq par l’État islamique d’Iraq et du Levant avait provoqué le déplacement de près de 1,8 million d’Iraquiens.  Malgré l’ampleur des défis, le Gouvernement de l’Iraq, en coopération avec le Gouvernement du Kurdistan, a déployé de nombreux efforts pour atténuer leurs souffrances et rétablir le contrôle de l’État afin de leur permettre de regagner leur foyer. 

La représentante a ensuite salué la tenue d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme pour attirer l’attention de la communauté internationale sur les atteintes aux droits de l’homme commises par l’État islamique d’Iraq et du Levant et sur la résolution qui a été adoptée à cette occasion.

Elle a également expliqué que le Gouvernement iraquien avait mis sur pied une Commission des déplacés.  Des équipes ont notamment été déployées dans l’ensemble du pays pour procéder à l’inscription des déplacés où qu’ils se trouvent.  La représentante a aussi assuré qu’en dépit des difficultés actuelles, le Gouvernement avait continué de venir en aide aux 220 000 réfugiés syriens qui se trouvent sur son territoire.

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a déclaré que les conflits au Moyen-Orient et en Afrique avaient provoqué de nouvelles vagues de déplacement de personnes en quête de sécurité.  La situation des enfants dans le contexte de réfugiés souffrent de malnutrition, de problèmes d’accès à l’éducation et à la santé, et sont victimes d’abus et de violences.  Les incidences de violences sexuelle et sexiste sont aussi en hausse, alors que des milliers de personnes recourent à des solutions désespérées au péril de leur vie, en s’embarquant dans des bateaux de fortune en mer.

Le Pakistan, pour sa part, accueille la plus grande population réfugiée au monde, qui s’est installée dans toutes les régions, surtout dans ses deux provinces frontalières avec l’Afghanistan.  La troisième génération de ces réfugiés vit au Pakistan alors que la communauté internationale diminue son assistance.  Les ressources du pays ont été mises à mal à cause des nombreux efforts déployés, des opérations antiterroristes et des inondations.  Il attend avec espoir le jour où tous les réfugiés afghans seront en mesure de retourner chez eux dans la dignité. 

Le représentant a appelé le HCR et la communauté internationale à épauler l’Afghanistan durant cette période de transition pour l’aider à créer un environnement propice au retour des réfugiés.  Il importe de multiplier les appuis humanitaires dans la sous-région, a-t-il dit, rappelant les promesses de millions de dollars faites à ces réfugiés au titre de l’assistance humanitaire.  

Mme FERDOSA ABDULKADIR (Éthiopie) a affirmé que la Corne de l’Afrique avait connu une augmentation de réfugiés l’an dernier et que l’Éthiopie continuait de maintenir une politique de porte ouverte à leur égard.  En 2004, une loi a été promulguée pour assurer la création d’un cadre administratif et juridique et divers programmes ont par ailleurs été lancés pour faciliter leur rapatriement volontaire et veiller au bon voisinage avec les communautés d’accueil.

La représentante a expliqué que son pays comptait une importante population de réfugiés somaliens hébergés dans 25 camps établis sur le territoire.  Un projet a été mis sur pied pour leur permettre de vivre à l’extérieur des camps et plus d’un millier de réfugiés somaliens ont pu s’inscrire à l’université.  

De nombreuses bourses ont également été octroyées pour leur permettre d’achever leurs études.  La représentante a aussi souligné que plusieurs réfugiés somaliens avaient récemment décidé de regagner volontairement leur patrie.  Elle a précisé que l’Éthiopie accueillait la plus importante population de réfugiés en Afrique et a appelé la communauté internationale à appuyer les programmes de pays du HCR.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a déclaré que l’assistance et la protection des réfugiés n’avaient rien de nouveau, mais que leur nombre avait dramatiquement augmenté, alors que dans certains endroits, on observe une montée d’un sentiment xénophobe.  Pour atténuer les phénomènes des réfugiés et personnes déplacées, il importe de mieux coordonner le travail du HCR, avec un souci plus marqué pour le développement, a préconisé le délégué.

En outre, la communauté internationale devrait adopter des mesures pratiques pour le développement durable afin d’arriver à des solutions aux causes sous-jacentes aux problèmes des réfugiés comme la pauvreté, les conflits et le manque de développement de base.

Il a encouragé au renforcement des capacités des pays d’accueil et à une intensification des partenariats entre les donateurs, les pays d’origine, d’accueil et de transit des réfugiés.  Les contributions annuelles de la Chine ont augmenté de manière significative, a-t-il ajouté, soulignant que plusieurs milliards de yuans avaient été offerts pour aider la Syrie, alors que 234 millions de yuans avaient été débloqués pour la lutte contre l’épidémie Ebola, ainsi que pour des aides aux Kurdes et dans d’autres régions du monde en proie à des situations difficiles.

M. ANDREW KIHURANI (Kenya) a souligné que le Kenya hébergeait plus de 600 000 réfugiés de 36 nationalités, ce qui en fait le plus grand pays hôte en Afrique.  « Un grand nombre de réfugiés viennent de Somalie, et sont là à cause de facteurs n’ayant rien à voir avec un conflit, mais plutôt à cause de facteurs économiques ou climatiques.  Malheureusement, les mêmes facteurs qui ont conduit à leur déplacement sont aussi devenus réalité dans d’autres pays hôtes.

L’afflux de réfugiés au Kenya a non seulement débordé les capacités des camps, mais aussi dégradé l’environnement et puisé dans les capacités du Kenya d’agir comme pays hôte.  « La concurrence pour l’accès à des ressources rares est un facteur de plus en plus important de déstabilisation dans les communautés où sont implantés de camps de réfugiés », a-t-il expliqué, ce qui peut engendrer de la violence et de nouvelles dégradations environnementales presqu’irréversibles.

Il a cité l’exemple de la nappe phréatique de Dadaab, dans le nord-est du Kenya, qui n’est plus à 850 mais à 250 mètres de profondeur, tandis que la forêt a pratiquement disparu en raison de la surexploitation.

Mentionnant la reprise des affrontements au Soudan du Sud, il a affirmé qu’ils avaient entraîné le retour au Kenya, ainsi qu’en Ouganda et en Éthiopie, de réfugiés qui étaient rentrés chez eux après l’accord de paix de 2005.  Aujourd’hui, le surpeuplement du camp de Kakuma qui avait été prévu pour recevoir 700 000 réfugiés mais en accueille désormais 170 000, conduit le gouvernement kényan à envisager d’en ouvrir un deuxième.

Il a aussi noté que les violences en République démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine, au Tchad et en Libye entraînaient des déplacements de populations sans susciter l’attention que celles-ci méritent.

Enfin, il a souligné que plusieurs pays africains revenus à la paix manquaient d’infrastructures pour accueillir les retours de réfugiés.  Il a notamment lancé un appel aux investissements en Somalie, afin de faire la promotion d’un développement pour tous apte à dissuader les jeunes réfugiés récemment rentrés chez eux de basculer dans l’extrémisme.

M. HAMAD MUSA (Soudan) a affirmé que son pays accueillait, depuis des décennies, de nombreux réfugiés.  Une Commission pour les réfugiés y existe d’ailleurs depuis 1968 et le Soudan est un modèle à suivre en matière d’accueil de réfugiés, a-t-il déclaré.  Le représentant a fait savoir qu’en 2014, la loi sur les réfugiés avait été mise à jour afin de l’harmoniser avec les instruments internationaux. 

Le délégué du Soudan a ensuite regretté que la communauté internationale n’aide pas les réfugiés qui choisissent de quitter les camps pour s’installer en zone urbaine.  Il a jugé nécessaire d’améliorer les conditions de vies dans les camps et d’appuyer la fourniture de services de base dans les villes.

Le représentant a aussi indiqué que 180 000 personnes avaient récemment fui le Soudan du Sud pour se rendre au Soudan.  Le Gouvernement soudanais a adopté une attitude « civilisée et humaine » à leur égard, les considérant notamment comme des citoyens, a-t-il dit.

Il a ensuite expliqué que le Soudan était un pays de transit pour la traite.  Face à ce fléau, la loi sur la traite a été amendée dans le but de la renforcer et une Conférence régionale de lutte contre la traite de personnes dans la Corne de l’Afrique a été organisée au mois d’octobre.  Le représentant a aussi appelé les bailleurs de fonds à appuyer les programmes de rapatriement volontaire.

Mme KATHRIN NESCHER (Liechtenstein) a affirmé qu’en prenant en compte les « chiffres hallucinants » des réfugiés et déplacés dans le monde, le temps moyen de déplacement interne s’élevait à 17 années.  Ce type de déplacement est un problème de développement, a-t-elle affirmé, appelant les États à mettre en place des politiques pour le déplacement avant qu’il ne se produise. 

Elle a insisté sur le projet de Directives de Lucens pour la protection des écoles et des universités de l’utilisation militaire pendant les conflits armés, et prévenu que la récente Conférence de Berlin sur la situation des réfugiés syriens avait bien montré que la prochaine génération syrienne risquait de devenir « une génération perdue » si l’éducation des enfants réfugiés ne devenait pas une priorité, et si rien n’était fait pour résoudre le conflit en Syrie.

Elle a encouragé à saisir l’occasion offerte par les négociations sur le programme du développement pour l’après-2015 pour s’attaquer résolument à la question de la lutte contre l’extrême pauvreté.  À une époque où les crises deviennent chaque fois plus graves et dangereuses, elle a affirmé que cette aggravation était le résultat de « notre échec collectif à résoudre et à prévenir les conflits », et a appelé à appliquer les recommandations du Haut-Commissaire pour les réfugiés, en particulier en passant d’une assistance humanitaire à une assistance à long terme au développement pour les déplacés internes. 

M. CHOONG-HEE HAHN (République de Corée) a souligné que la concomitance de quatre crises de niveau 3 ne devait pas faire oublier les autres crises, ni les centaines de milliers de personnes menacées par l’insécurité alimentaire en Somalie, ou les milliers de réfugiés et personnes déplacées en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique latine.

Il a appelé tous les États à fournir aux pays africains l’aide nécessaire pour faire face aux crises de réfugiés, expliquant que pour sa part la République de Corée avait déjà décidé d’augmenter son aide humanitaire au continent.

M. Hahn a également rappelé à la Troisième Commission le principe de non-refoulement, jugeant inquiétant de voir des réfugiés et demandeurs d’asile nord-coréens rapatriés contre leur volonté, et il a appelé le HCR à veiller à la bonne application de ce principe, consacré dans la Convention relative au statut des réfugiés de 1951.

Enfin il a appelé le HCR à veiller à la bonne application sur le terrain des principes de partenariat avec les organisations non gouvernementales, notamment en évitant de doublonner les analyses de besoins ou la coordination des fournitures de service.

Décrivant la République de Corée comme un exemple vivant de succès de l’aide au développement, il a affirmé que son pays était prêt à prendre sa part de l’aide au développement et à l’éducation afin d’éviter l’avènement d’une « génération perdue ».

Mme GIZEM SUCUOĞLU (Turquie) a appelé à la recherche de solutions pour répondre aux causes profondes des crises actuelles et des flux de réfugiés qu’elles engendrent.  Elle s’est inquiétée des difficultés financières auxquelles fait face le HCR.  À l’approche du sommet humanitaire mondial, qui se tiendra à Istanbul en 2016, elle a appelé la communauté internationale à adopter une approche plus viable qui mette l’accent sur une protection immédiate, la fourniture de services et la création de bonnes conditions de vie.

Elle a dénoncé les attaques racistes dont sont victimes certains réfugiés dans leur pays d’accueil et a jugé nécessaire de mieux sensibiliser les populations d’accueil au sujet des situations que ces derniers fuient.

La représentante a ensuite parlé de la population de réfugiés syriens qui se trouve dans son pays et a affirmé que la Turquie continuait de maintenir sa politique de porte ouverte à leur égard.  Elle a appelé la communauté internationale à partager davantage les responsabilités pour leur venir en aide.

M. USMAN SARKI (Nigéria) a noté qu’en dépit des progrès réalisés pour trouver des solutions durables, avec le retour ou l’intégration sur place de nombreux réfugiés, des crises prolongées ou nouvelles en Afrique provoquent des déplacements internes massifs, entraînant une nouvelle hausse du nombre de nouveaux réfugiés, pour la quatrième année consécutive.

M. Sarki a relevé que le Nigéria faisait partie des pays qui accueillent des réfugiés, ce qui le rend sensible aux dangers associés à ces situations.  En effet, des trafics d’armes légères posent de graves dangers pour la paix et la sécurité dans diverses parties du monde, et pèsent sur la protection de ceux qui en ont le plus besoin, a-t-il dit.

Enfin, il a souligné que les dirigeants africains avaient adopté la Convention de l’Union africaine sur la protection et l’aide aux personnes déplacées en Afrique, le continent où se concentrent plusieurs des plus complexes situations de déplacements forcés, afin de renforcer le cadre juridique et réglementaire de ces crises aux niveaux national et régional.

Mme CHRISTINE ELISABETH LOEW (Suisse) a constaté que le HCR était confronté à une des périodes les plus difficiles de son histoire, le nombre de personnes ayant besoin de sa protection étant plus élevé que jamais.  Elle a jugé inacceptable que persistent et se multiplient les déplacements forcés en violation du droit international humanitaire. 

Elle a condamné avec la plus grande fermeté les attaques délibérées contre le personnel humanitaire ainsi que le refus de l’accès aux populations vulnérables.  Elle a appelé l’ensemble des acteurs pouvant avoir une influence sur le respect des normes universelles à tout mettre en œuvre pour que cessent les violations des droits fondamentaux des populations civiles, « en particulier les exactions ciblant spécifiquement les femmes et les enfants ».

La représentante a ensuite salué les efforts entrepris par le HCR pour la mise à disposition de personnel expérimenté au sein du système de l’ONU, ainsi que l’initiative de recrutement de jeunes talents lancé par le Haut-Commissaire et le renforcement des capacités pour les réponses d’urgence.

M. XAVIER LASSON MENDOZA (Équateur) a rappelé sa longue tradition d’accueil, notamment dans les années 70 et 80 lors des dictatures militaires dans plusieurs nations latino-américaines.  L’Équateur reçoit en moyenne 1 040 demandes d’asile par million d’habitants alors qu’il offre refuge à 60 000 personnes issues de plus de 70 pays.  Le pays ne restreint pas la liberté de mouvement des réfugiés qui ne sont pas cantonnés dans des camps, conformément aux dispositions de la Constitution de 2008.

De plus, les structures institutionnelles chargées des réfugiés dans plusieurs grandes villes ont été élargies aux localités où des services de proximité sont fournis à travers des brigades mobiles, en particulier dans les provinces frontalières avec la Colombie.  D’autres services d’éducation et de santé sont aussi entièrement mis à la disposition des réfugiés. 

Ainsi, plus de 27 000 enfants et jeunes étrangers étudient dans les écoles et universités équatoriennes et plus de 65 000 personnes ont été traitées dans des centres de santé publique.  Toutes les conditions d’asile et de refuge sont justifiées par la nécessité de protéger des personnes, a-t-il dit, en soulignant que son pays avait accordé l’asile au cybermilitant australien fondateur de WikiLeaks, M. Julian Assange, mais que celui-ci n’avait pu exercer sa liberté puisqu’il est bloqué depuis plus de deux années pour des raisons indépendantes du contrôle de l’Équateur.  Il a ensuite appelé les pays impliqués dans cette affaire à assumer leur responsabilité au regard du droit international relatif aux droits de l’homme. 

M. FAKHRI ALIYEV (Azerbaïdjan) a constaté que les déplacements forcés étaient devenus beaucoup plus complexes ces dernières années.  Il a appelé la communauté internationale à adopter une approche plus cohérente pour mettre un terme aux pratiques illégales et à permettre aux réfugiés de regagner leurs foyers. 

Il a affirmé que l’Azerbaïdjan comptait une des populations de déplacés les plus importantes au monde suite, notamment, à l’occupation par l’Arménie de 5 % du territoire azéri.  L’Azerbaïdjan a déployé de nombreux efforts pour améliorer les conditions de vie des personnes déplacées.  Des abris leur ont été octroyés et le statut de réfugié a été consacré en 1998 pour aider ces derniers à faire face aux nombreux défis qu’ils affrontent.

Plus de 50 décrets ont été pris et 20 lois ont été adoptées, et, en 2007, l’Azerbaïdjan a réussi à fermer le dernier camp de personnes déplacées.

Mme MAJA ŠIMUNIĆ (Croatie) a préconisé d’établir une corrélation entre l’action humanitaire et le développement, qui s’avère chaque fois plus efficace sur le terrain.  Le déplacement est l’une des conséquences les plus complexes d’un conflit, et le développement reste un des meilleurs outils de prévention et de réduction des risques de conflit, a-t-elle dit.

Dans ce cadre, les suggestions de solutions durables pour les crises de réfugiés ont indéniablement un solide potentiel de développement et doivent être partie intégrante des programmes et réponses internationaux.  De la même façon, a-t-elle dit, il ne fait aucun doute que le renforcement des capacités des pays d’accueil et de retour est d’une extrême importance.  Dans cette optique, elle a conseillé l’adoption d’une approche de synergie dans la coopération entre les gouvernements, les organisations internationales et la société civile, ainsi que dans la promotion de la coopération régionale.

Mme ŠIMUNIĆ a ensuite appelé à relever les défis monumentaux en matière de violence sexuelle et sexiste qui ne fait que s’accroître, ainsi que de recrutement forcé des enfants.  La période post-retour doit donc être mise à profit pour transformer les sociétés en remédiant aux inégalités ancrées, en veillant à l’autonomisation des femmes et en leur garantissant un rôle de chef de file et d’acteurs des changements démocratiques au sein de leurs communautés. 

Mme ANA ILIĆ (Serbie) a affirmé que son pays comptait la plus importante population de personnes en situation de déplacement continu en Europe avec notamment 43 000 réfugiés et 200 000 personnes déplacées.  L’intégration locale a permis de réduire le nombre de réfugiés et la « Déclaration conjointe pour mettre un terme aux déplacements et trouver une solution durable pour les réfugiés et les personnes déplacées vulnérables », signée en 2011 à Belgrade par la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, le Monténégro et la Serbie, est d’une importance capitale pour assurer le plein respect des droits des réfugiés.

Mme Ilić a ensuite parlé de la création, en 2012, avec la collaboration du HCR et de ces quatre pays, entre autres, du Programme d’hébergement régional, précisant que la moitié des 584 millions d’euros nécessaires à sa mise en place avaient été promis. 

La représentante de la Serbie a souligné que le problème des réfugiés dans la région ne pourrait être résolu que suite au lancement d’un processus et non pas en imposant des décrets ou des date butoirs « arbitraires ». 

Elle a dénoncé le fait que le rapport du HCR recommande de retirer le statut de réfugié aux personnes déplacées de Croatie entre 1991 et 1995.  Formulée sans prendre en compte les positions des pays d’accueil et des associations de réfugiés, cette recommandation ne contribue aucunement à identifier une solution durable à la situation de ces personnes, a-t-elle dit.

Mme Ilić a également déclaré que la Serbie comptait 200 000 « personnes déplacées du Kosovo et Metohija ».  Selon le HCR, 12 145 d’entre elles ont choisi de regagner le Kosovo, a dit la représentante, qui s’est également inquiétée du fait que seulement 4 000 auraient réussi à s’y réinstaller de manière durable en raison notamment de problèmes liés à l’occupation illégale de leurs terres et de leurs domiciles et d’attaques physiques à leur encontre.  Pour la Serbie, il conviendrait de permettre aux personnes déplacées de choisir entre le rapatriement et l’intégration locale.

Mme Ilić a aussi appelé les Institutions provisoires d’administration autonome et la présence internationale au Kosovo et Metohija à retirer les obstacles au retour des déplacés.  Elle a ensuite fait savoir qu’au mois d’octobre la Serbie et les parties prenantes internationales avaient entamé des consultations dans le but d’établir un groupe de travail sur les personnes déplacées du Kosovo et Metohija.  La Serbie est par ailleurs disposée à envisager des propositions pour l’intégration socioéconomique des déplacés les plus vulnérables.

Mme HELEN OBREGON du Comité international de la Croix-Rouge, a affirmé que si la communauté internationale voulait freiner la tendance à la hausse du nombre de personnes déplacées dans leur propre pays, il conviendrait de relever deux défis pressants: une meilleure prévention et résolution des conflits et une protection accrue des civils affectés par les conflits armés.  Trop souvent, les civils sont ciblés de façon délibérée et tous les États ont l’obligation de respecter toutes les règles du droit international humanitaire, même si la responsabilité première en incombe aux parties au conflit.  Elle a répété le fait que le CICR était disposé à aider les États à le faire. 

Les personnes déplacées à l’intérieur ont besoin d’une aide rapide dans les zones de combats et reculées et elles représentent une grande proportion des personnes ayant reçu une assistance de base fournie par le CICR.  Les personnes concernées sont les mieux à même de décider ce qu’elles veulent faire, par exemple, retourner chez elles dès que les raisons ayant provoqué le déplacement n’existent plus.

Le CICR établit un dialogue confidentiel avec toutes les parties prenantes, notamment avec les entités non étatiques, pour leur rappeler leurs obligations humanitaires.  Le CICR insiste sur son statut neutre et sur la mise en confiance pour faire avancer le dialogue.  Les partenaires de la société civile sont des acteurs et partenaires clefs qui se connaissent.  L’intervenante a aussi défendu le travail des organismes publics ainsi que la protection des structures de base. 

Mme ANNE CHRISTENSEN, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a constaté que le nombre actuel de personnes déplacées était en train de dépasser les capacités des gouvernements, des organisations humanitaires et des communautés d’accueil.  Elle s’est notamment inquiétée du sort des 15,4 millions de personnes réfugiées et déplacées en Afrique subsaharienne et des millions de personnes qui ont fui leur domicile en Syrie.

Elle a parlé des efforts déployés par les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, notamment ceux du Croissant-Rouge arabe syrien lequel, a-t-elle souligné, continue d’être le principal acteur humanitaire en Syrie.

Mme Christensen a ensuite averti que les changements climatiques et l’urbanisation provoqueront une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et que cette tendance engendrera sans doute encore plus de déplacements.  Une hausse du niveau de la mer d’un mètre provoquerait le déplacement d’entre 25 et 30 millions de personnes rien qu’au Bangladesh, s’est-elle alarmée.

La représentante a jugé nécessaire de renforcer les capacités de résilience des réfugiés et de leurs communautés d’accueil, ainsi que les partenariats entre les acteurs humanitaires et de développement.

Vu l’ampleur du nombre de déplacements dans le monde, la représentante a par ailleurs déploré le fait que le document du Groupe de travail sur le programme de développement pour l’après-2015 ne comporte plus un objectif sur les personnes déplacées et réfugiées.  Si aucun objectif ne peut être défini, la question des déplacements doit au moins être intégrée dans le programme au niveau des indicateurs, a-t-elle estimé.

Droits de réponses

Le Maroc a affirmé que, dans son intervention, il avait sciemment évité de politiser le débat en mentionnant des situations précises mais qu’il devait répondre à son homologue algérien.  Il a signalé que les camps de Tindouf étaient les seuls au monde à ne pas être confiés au HCR mais à un groupe armé.  De la même manière, les populations de Tindouf sont les seules au monde à ne pouvoir bénéficier d’un recensement, l’enregistrement étant un préalable à l’octroi de l’assistance du HCR.

Il a rappelé que le Conseil de sécurité avait demandé à plusieurs reprises au pays concerné d’accorder la possibilité d’un recensement.  En outre, le Conseil de sécurité est saisi de la question du Sahara et a considéré comme sérieuse et crédible la proposition avancée par le Maroc.  « Notre espoir et celui des populations des camps de Tindouf consiste à arriver à une solution consensuelle », a-t-il conclu.

L’Arménie a répondu à l’Azerbaïdjan en déclarant que le Haut-Commissaire était toujours bienvenu et respecté en Arménie.  L’aide peut être assurée par les gouvernements mais lorsque cela n’est pas fait, la communauté internationale doit intervenir, a affirmé le représentant.  Il a regretté que le sort des réfugiés devienne un instrument de propagande politique et de rhétorique anti-arménienne.  Il a dénoncé la distorsion des chiffres et des statistiques sur les déplacés et les réfugiés et s’est demandé combien de fois faut-il revenir sur ces arguments.

Une solution viable a été le modus operandi du Gouvernement arménien, preuve en est le plan d’action pour le logement 2012-2013, de même que l’accès aux services sociaux et à l’emploi offert à la population qui a dû fuir l’agression de l’Azerbaïdjan.  L’Arménie accueille aussi des réfugiés syriens.

Le représentant de l’Algérie a dit prendre la parole car son pays avait été mentionné par le Maroc.  Il a souligné que son pays avait régulièrement signifié sa disponibilité à reprendre les opérations de recensement, sans aucune contrainte administrative, militaire ou politique.  Il a rappelé que cette mission relevait de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), et a fait un bref historique de la situation depuis la décision d’organiser un référendum.  Le meilleur moyen de vérification consiste en ce que le Maroc cesse de s’opposer à la composante des droits de l’homme au sein de la MINURSO.

Le représentant de l’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie d’avoir violé de nombreux principes du droit international en occupant et en continuant d’occuper le Haut-Karabakh.  Il a appelé à la libération des territoires occupés, au retour des déplacés et à l’établissement de relations entre son pays et l’Arménie.

Le représentant du Maroc a affirmé que le recensement ne faisait aucunement partie de la solution politique pour le Sahara occidental.  Il a cité un rapport de Human Rights Watch selon lequel l’Algérie aurait cédé l’administration des camps de Tindouf à un mouvement de libération, pour ensuite souligner que la proposition d’autonomie élaborée par le Maroc avait été qualifiée de juste par la communauté internationale. 

Le représentant a aussi souligné que les droits les plus élémentaires des populations de Tindouf étaient violés au quotidien et a rappelé à l’Algérie les responsabilités qui lui incombaient en tant que pays hôte.

Le représentant de l’Arménie a affirmé que le massacre d’Arméniens en Azerbaïdjan avait contraint la moitié de cette population à prendre la fuite pour l’Arménie.

Reprenant la parole, le représentant de l’Algérie a réitéré le fait que le recensement était une étape indissociable du processus politique pour trouver une solution à la situation du Sahara occidental.  Il a ensuite appelé le Maroc à cesser de s’opposer à l’élargissement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) pour que celui-ci comporte un volet « droits de l’homme ».

Le représentant de l’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie de faire fi des résolutions du Conseil de sécurité et de s’opposer au retour des déplacés.

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