Appels appuyés à la Troisième Commission en faveur d’un objectif de développement durable distinct sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
L’idée d’inclure un objectif distinct sur l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles parmi les objectifs de développement durable pour l’après-2015 a été fortement appuyée par les délégations qui sont intervenues aujourd’hui, devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles et au deuxième jour de son examen des questions relatives à la promotion de la femme.
« La seule façon de parvenir à un développement durable est de s’assurer que les hommes et les femmes ont les mêmes opportunités de participation économique, sociale et politique », a ainsi déclaré le représentant de Cabo Verde pour qui, « loin de constituer une simple option », l’égalité des sexes, est « une obligation morale qui s’impose à tous les États ».
L’expérience de la Finlande démontre que lorsque les hommes et les femmes participent sur un pied d’égalité au développement d’un pays, l’économie nationale est d’autant plus vigoureuse, a affirmé le représentant de ce pays.
De nombreuses délégations ont en outre encouragé à saisir l’occasion de l’examen, 20 ans après, de l’exécution du Programme d’action de la Conférence mondiale sur les femmes, adopté en septembre 1995 à Beijing, pour réduire la disparité entre les sexes et favoriser le développement politique, économique et social des femmes.
Dans le sillage de la Conférence sur les droits de l’homme, à Vienne en juin 1993, celle de Beijing a consolidé la notion selon laquelle les femmes et les filles sont aussi des sujets de droit, à égalité avec les hommes et les garçons, dans tous les domaines de la vie privée et publique.
Dans un rapport* sur le suivi et la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, le Secrétaire général propose, de son côté, que les cibles et indicateurs tenant de la problématique hommes-femmes soient intégrés dans tous les objectifs d’un nouveau cadre de développement.
Partant du constat que pendant longtemps, le modèle de développement traditionnel, au lieu de réduire les disparités, les avait aggravées, l’Équateur a opté pour un nouveau paradigme du développement, qui fait passer l’être humain avant le capital.
Les pays aux prises avec un conflit, comme l’Iraq et la Libye, ont expliqué qu’en dépit des difficultés actuelles qui menaçaient leur stabilité et la sécurité de leur population respectives, ils s’efforçaient de veiller à la promotion de la femme.
La Libye, qui a adopté en février 2014 une résolution en faveur des victimes de violence sexuelle, notamment de viols commis pendant la « révolution » de 2011, a en particulier salué l’adoption de la résolution 2106 (2013) du Conseil de sécurité qui dénonce l’utilisation du viol comme arme de guerre.
L’Iraq a appelé pour sa part la communauté internationale à faire cesser les « atrocités innommables » perpétrées contre les femmes des minorités en particulier par l « ’État islamique d’Iraq et du Levant ».
Plusieurs délégations ont mis en exergue le rôle des femmes en tant qu’agents du développement; le Rwanda a fait observer que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été lancés alors que le Rwanda se battait encore avec les effets dévastateurs du génocide d’avril 1994, surtout sur les femmes.
« Le pays a pu s’appuyer sur la force des femmes pour bâtir son avenir et les femmes se sont avérées être la force motrice du développement durable », a encore affirmé le Rwanda.
L’Envoyée spéciale du Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, Mme Amanda Ellis, s’est félicitée du fait que son pays eût été l’un des premiers à ratifier le Traité sur le commerce des armes, lequel vise, en autres, les armes utilisées dans des actes graves de violence sexiste.
Pour sensibiliser la population à la violence endémique contre les femmes, le Chef d’État de la Namibie a déclaré le 6 mars 2014 « Journée nationale de prières » pour la faire cesser.
Avec un décès pour 100 000 naissances seulement, le Bélarus a pu se hisser à la tête de la liste mondiale dans la réalisation de l’Objectif 4 du Millénaire pour le développement visant à réduire la mortalité infantile.
En Mongolie, grâce à l’éducation publique sexuelle et reproductive dans le cadre des objectifs du développement, 99% des femmes et des hommes en âge de procréer connaissent le planning familial et 53% des femmes utilisent une méthode moderne de contraception.
Les délégations ont également décrit les efforts déployés par les États Membres en vue de l’élimination de la violence sexiste. Le Canada, par exemple, assimile celle-ci à un obstacle à l’autonomisation politique et économique des femmes et insiste sur le fait que la violence « équivaut non seulement à la violation de leurs droits fondamentaux mais aussi à un comportement qui nuit au développement durable ».
La Troisième Commission poursuivra mercredi 15 octobre à 10 heures son débat général sur la promotion de la femme.
* A/69/182
PROMOTION DE LA FEMME (A/68/121) [point 28]
-- Promotion de la femme (A/69/38, A/69/211, A/69/222, A/69/224, A/69/256,
A/69/368, A/69/369 et A/69/396)
-- Suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/69/182 Et A/69/346)
Suite du débat général
M. MICHAEL GRANT (Canada) a affirmé que son pays travaillait sur les plans bilatéral et multilatéral pour promouvoir le leadership ainsi que la participation entière et égale des femmes dans tous les aspects de la vie sociale, économique et politique, ce qui est essentiel pour accroître la stabilité, la démocratie et la prospérité dans le monde. Dans ce cadre, le Canada contribue depuis longtemps à faire cesser la pratique des mariages précoces, forcés et d’enfants. Il s’efforce également d’œuvrer en faveur de l’émancipation économique des femmes et l’importance de leur participation au renforcement de la paix et de la sécurité internationales.
Il déploie aussi des efforts pour lutter contre la discrimination et la violence contre les femmes et les filles. Cette année, la résolution parrainée par le Canada sur cette question met l’accent sur la violence en tant qu’obstacle à l’autonomisation politique et économique de celles-ci, et sur le fait qu’elle équivaut non seulement à la violation de leurs droits fondamentaux mais aussi à un comportement qui nuit au développement durable, notamment dans le contexte de la discussion qui se poursuit sur le programme de développement pour l’après-2015.
Le représentant a vigoureusement appuyé l’inclusion d’un objectif distinct qui se rapporte à l’autonomisation des femmes et des filles et qui met l’accent sur les facteurs structurels de cette inégalité. Pour M. Grant, la promotion des femmes et des filles sert d’agent multiplicateur aux fins d’autres objectifs du développement, y compris la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, que le Canada perçoit comme étant un élément clef du programme de développement, accroît l’efficacité des efforts collectifs et contribue à la réalisation du développement durable.
Dans les situations de conflit, il a condamné les campagnes de violence sexuelle contre les femmes et les enfants, y compris celles qui sont menées aujourd’hui en Syrie et en Irak. L’effet sur les victimes est dévastateur en soi, a-t-il dit, mais il détruit aussi la cohésion des familles et des collectivités. M. Grant a condamné le recours au viol comme arme de guerre et a exigé que les coupables soient identifiés et rendent compte de leurs actes, et que les survivants reçoivent l’aide dont ils ont besoin pour réintégrer leur famille et leur collectivité.
Il a rappelé que le 6 octobre dernier, le Ministre canadien des affaires étrangères avait annoncé devant le Parlement l’adoption de nouvelles mesures face « aux actes odieux de violence sexuelle et aux autres violations des droits de la personne commis contre les femmes et les enfants par l’État de l’Irak et du Levant ». Ces mesures comprennent des contributions au mécanisme Justice Rapid Response et au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour aider à dénoncer les violences sexuelles et autres violations des droits de la personne et à faire enquête sur ces situations.
M. TSHAMANO MILUBI (Afrique du Sud) s’est inquiété du fait que la mise en œuvre des objectifs du Caire ne soit pas à la hauteur des espoirs des États Membres. Il a constaté que les femmes sont les plus touchées par les catastrophes humanitaires, mais qu’on s’attend à ce qu’elles continuent néanmoins de s’occuper de leurs enfants et de leur mari. Il a ensuite souligné que les femmes avaient un rôle important à jouer dans le domaine de la paix et de la sécurité.
Sur le plan national, le représentant a affirmé que les femmes d’Afrique du Sud assumaient beaucoup trop de fardeaux. Le Gouvernement a développé des programmes pour favoriser leur emploi et intégrer le respect de leurs droits au sein du cadre législatif. Une loi contre les violences sexuelles et le harcèlement sexuel a établi une bonne plateforme pour répondre à l’ampleur de ce fléau, a-t-il précisé, et des tribunaux pour la protection des enfants ont par ailleurs été réintroduits dans le pays.
Un Ministère des femmes a en outre été créé cette année. Le représentant a par ailleurs constaté que les femmes rurales ont beaucoup à contribuer en matière de développement et a engagé les États Membres à déployer plus d’efforts pour les appuyer.
MME MILDRED GUZMAN (République dominicaine) a mis en avant l’importance de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing pour tous les pays. Ils ont aidé la République dominicaine à inclure, explicitement, les droits et les intérêts des femmes dans les textes législatifs, ce qui a représenté l’un des jalons les plus significatifs pour garantir l’égalité des sexes au sein de sa société.
D’autre part, la politique publique de prévention et de pénalisation de la violence à l’égard des femmes, tant dans la vie privée que publique, a jeté les bases de nouvelles normes, dont la concrétisation a bénéficié de l’appui d’un large éventail de secteurs, à travers des campagnes éducatives et médiatiques. Elle a souligné à cet égard que son pays avait été le premier à proposer à l’Assemblée générale la célébration, le 25 novembre de chaque année, de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
D’autre part, un quota de 25% de représentation électorale de femmes a été inclus pour la première fois dans la législation, avant de passer à 33% aux élections municipales et législatives, alors que le pourcentage des électrices s’élève à 50,68%, soit légèrement supérieur à celui des hommes. Le développement des femmes rurales bénéficie aussi de mesures visant à la création de petites et moyennes entreprises, dont 80% sont dirigées par des mères célibataires, tandis que des banques solidaires accordant aux femmes des crédits et microcrédits ont aussi vu le jour. Le Gouvernement a ainsi octroyé, au cours des deux dernières années environ 1 300 milliards de dollars dont 65% à des femmes entrepreneurs âgées de moins de 50 ans.
M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) s’est inquiété de la vulnérabilité de nombreuses femmes qui se trouvent dans des situations de crise humanitaire, s’alarmant notamment du fait que la traite des femmes, notamment celles issues de communautés minoritaires, avait augmenté de manière notable ces derniers mois. Sur le plan national, il a souligné qu’un décret présidentiel avait été signé au mois de juin qui impose une peine de cinq ans d’incarcération pour les crimes de harcèlement sexuel.
En outre, la mutilation génitale féminine, « une des pires forme de violence perpétrée à l’encontre des femmes », est entièrement pénalisée par la législation égyptienne et le Ministère de la santé a promulgué un décret ministériel qui interdit cette pratique. Un projet de loi sur la violence faite aux femmes est en cours d’élaboration et un décret présidentiel appuie, par ailleurs, la création d’un bureau régional pour les États arabes d’ONU-Femmes.
M. Khalek a ensuite reconnu que la signalisation des cas de violence faite aux femmes continue d’être un défi pour son pays, imputant cette situation au manque d’information sur les droits de la victime. Le Gouvernement a par conséquent lancé des campagnes de sensibilisation, augmenté le nombre de femmes officiers de police et mis sur pied une ligne téléphonique à l’intention des victimes de violence, y compris de mutilation génitale féminine planifiée.
Des programmes de renforcement des systèmes de santé dans les zones rurales ont également été établis. La société civile joue également un rôle crucial pour appuyer les efforts déployés par le Gouvernement pour mettre un terme aux mutilations génitales féminines. Il a notamment parlé de la campagne Kamla, qui a été créée par une coalition d’organisations non gouvernementales et lancée dans 11 gouvernorats du pays. Il a précisé que suite à celle-ci plus de 1 700 familles s’étaient engagées à abandonner cette pratique néfaste.
MME OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) a indiqué que le programme national pour l’égalité des sexes mis en place par son pays visait à combattre la violence contre les femmes, à appuyer le développement des femmes rurales, à promouvoir la participation politique et l’autonomisation économique des femmes, tout en leur garantissant un accès égal à la technologie et autres ressources. Ce programme, qui s’applique dans 21 provinces, est coordonné par le Comité sur l’égalité des sexes présidé par le Premier Ministre.
En outre, le Gouvernement de la Mongolie accorde une attention particulière à l’amélioration de la santé maternelle. Grâce à divers programmes, le pays devrait atteindre l’objectif de 50 décès pour 100 000 naissances en 2015. Du fait de l’éducation publique sexuelle et reproductive, 99% des femmes et des hommes en âge de procréer connaissent le planning familial et 53% des femmes utilisent une méthode moderne de contraception.
Enfin, a poursuivi Mme Enkhtsetseg, la Mongolie a adopté en 2011 une loi pour combattre la traite des êtres humains et mettre l’accent sur les droits des victimes. Elle a aussi signé un accord de coopération à ce sujet avec la région administrative chinoise de Macao.
Mme ZAHRAA SALMAN (Iraq) a déclaré que les femmes irakiennes avaient énormément souffert sous la dictature précédente mais qu’elles participaient désormais pleinement aux diverses processus politique et économique national et occupaient des postes de prise de décisions. Sur le plan international, l’Iraq a récemment défendu à Genève son rapport périodique devant le Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Le Ministère des affaires sociales a élaboré des programmes éducatifs pour sensibiliser à cet instrument international important.
Le Gouvernement œuvre également au renforcement des capacités des femmes et les aide à trouver un emploi. Des services ont été mis en place pour contrôler les fléaux de la traite humaine, de la prostitution et du trafic de drogues. Des institutions ont aussi été créées pour pallier à la violence à l’égard des femmes et un quota a été fixé pour les femmes au Parlement.
Le 10 juin dernier, le pays a été témoin d’une agression d’envergure des groupes terroristes contre les villes iraquiennes et des atrocités innommables ont été commises dans plusieurs régions par l’État islamique de l’Iraq et au Levant suite auxquelles des femmes, notamment appartenant à des minorités, ont été enlevées, brutalisées, déportées, déplacées, tuées. Depuis, le Gouvernement tente d’apporter une assistance aux femmes et lutte pour éliminer la menace de l’État islamique de l’Iraq et au Levant.
Mme MALAK M. SALIM (Libye) a salué l’adoption de la résolution 2106 (2013) du Conseil de sécurité qui dénonce l’utilisation du viol comme arme de guerre. Elle a affirmé que son pays faisait face à des défis extraordinaires en raison notamment de la détérioration de la situation sécuritaire et du trafic d’armes. Malgré ces défis, a-t-elle dit, les femmes libyennes jouent un rôle important pour appuyer le développement du pays, renforcer les institutions et contribuer au respect de l’état de droit. Elles participent également activement aux activités des institutions de la société civile et d’organisations non gouvernementales, a précisé la déléguée.
La représentante a ensuite condamné la violence faite aux femmes, notamment en période de conflit et de redressement après un conflit. Elle a fait savoir que son gouvernement avait adopté, en février 2014, une résolution à l’intention des victimes de violences sexuelles, notamment de viols commis pendant la « révolution 2011 ». Le Gouvernement libyen s’est également prononcé en faveur de la création d’un fonds pour la compensation des victimes.
La représentante a par ailleurs appuyé l’inclusion, au sein du programme de développement pour l’après-2015, d’un objectif à part entière sur l’autonomisation des femmes. La délégation libyenne s’est aussi inquiétée de la détérioration de la situation des femmes palestiniennes.
MME RANIA TALAL ABDUL-BAQI (Arabie saoudite) a souligné que son pays s’était joint au consensus autour de la résolution 66/216 sur la femme et le développement, car, a-t-elle dit, ce n’est qu’en investissant dans le développement des femmes et des filles qu’on arrivera à avoir un effet multiplicateur dans la production, l’efficacité, et une croissance économique soutenue dans tous les secteurs, en particulier l’agriculture, l’industrie et les services. La déléguée a également insisté sur l’accès égal à l’éducation et à la formation professionnelle à tous les niveaux, surtout dans les mondes des affaires, du commerce, de l’administration, des technologies de l’information et des télécommunications.
L’Arabie saoudite n’a épargné aucun effort aux fins d’inclure les femmes dans tous les programmes de développement, sur un pied d’égalité avec les hommes, tout en préservant son identité arabo-musulmane. Elle s’est enorgueillie du fait que les Saoudiennes aient démontré qu’elles pouvaient être productives au sein de leur société et communiquer comme il se doit avec d’autres communautés. Elles occupent les postes les plus élevés dans les secteurs éducatif, culturel, politique, juridique et médiatique, a précisé la représentante, insistant sur la présence de femmes dans le processus national de prise de décisions, notamment au sein de la choura, le conseil consultatif, alors qu’elles ont aussi acquis le droit de vote et de se porter candidates aux élections municipales.
Des femmes sont aussi dans la diplomatie et fortement présentes dans les délégations aux conférences internationales. L’Arabie saoudite appuie par ailleurs ONU-Femmes à hauteur de deux millions de dollars. Elle a réaffirmé l’appui aux femmes défenseurs des droits de l’homme du Royaume, comme le prévoit la loi, à condition que celles-ci respectent les droits d’autrui et ne perturbent pas la sécurité, l’ordre public ou la morale, conformément à l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
M. WILFRIED INOTIRA EMLUVA (Namibie) a déclaré que son pays avait associé ses forces avec des partenaires régionaux et internationaux pour promouvoir l’égalité des sexes. Diverses lois ont été adoptées pour réparer des injustices économiques et sociales résultant de pratiques culturelles historiques discriminatoires. En matière d’éducation, la Namibie a institué une politique qui vise à prévenir les grossesses précoces et à retenir à l’école les mères adolescentes. Par ailleurs, le Gouvernement a mis en place des programmes de microfinancement et de formation pour appuyer les petites et moyennes entreprises gérées par des femmes rurales.
La Namibie a également créé un plan d’action national pour lutter contre la violence sexiste, a expliqué M. Emluva. Des campagnes de sensibilisation pour prévenir et éliminer la violence contre les femmes et les filles s’adressent à toutes les parties prenantes: chefs traditionnels, hommes d’église, police, soldats, professeurs, dirigeants communautaires, et visent à « encourager les hommes et les garçons à prendre leurs responsabilités en changeant leur comportement basé sur des stéréotypes sexistes négatifs ». Le chef de l’État a déclaré le 6 mars 2014 « journée nationale de prières » pour que cesse la violence croissante contre les femmes.
M. KAI SAUER (Finlande) a souligné que l’éducation des femmes et des filles était essentielle pour réduire la mortalité maternelle et infantile. Il a toutefois constaté que l’absence de services de santé sexuelle et reproductive les empêchait de participer pleinement au développement de leur pays. Le droit à la santé sexuelle et reproductive doit par conséquent être pris en compte par le programme de développement pour l’après-2015. Il a estimé que toutes les écoles doivent avoir des toilettes distinctes pour les garçons et pour les filles. La création de lieux sûrs est capitale, a-t-il souligné.
Le représentant a poursuivi en affirmant que l’expérience de la Finlande démontrait que lorsqu’hommes et femmes participaient sur un pied d’égalité au développement d’un pays, l’économie nationale était d’autant plus vigoureuse. Il s’est inquiété de l’impact de l’accès inéquitable aux terres et des changements climatiques sur la situation des femmes dans de nombreux pays.
Le délégué a par ailleurs estimé que les équipes de négociations en faveur de la paix devraient compter davantage de femmes. Il a aussi appelé les hommes à s’impliquer davantage dans la promotion des femmes.
MME ILLA MAINALI (Népal) a affirmé que l’autonomisation des femmes continuait d’être une des priorités du programme de développement de son pays, tout en reconnaissant que la pleine réalisation de l’égalité entre les sexes au Népal continue d’être un défi. Elle a réclamé l’inclusion d’un objectif à part entière sur l’égalité entre les sexes au sein du programme de développement pour l’après-2015.
La représentante a ensuite indiqué que le Népal s’était doté d’une stratégie quinquennale et d’un plan d’action pour enrayer la violence faite aux femmes, lesquels ont notamment permis de renforcer l’accès à la justice et d’adopter une politique de tolérance zéro à l’égard de ce fléau.
Le Gouvernement déploie également de nombreux efforts pour réviser les lois discriminatoires, et un plan d’action a été mis sur pied en 2012 pour combattre la traite des êtres humains. Mme Mainali a appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour promulguer des lois qui pénalisent la traite. Elle a aussi demandé des efforts coordonnés et concertés aux niveaux national, régional et international pour combattre la violence faite aux femmes migrantes et protéger leurs droits.
M. DIYAR KHAN (Pakistan) a déclaré que le monde se trouvait à un tournant critique pour les femmes avec l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), d’une part, et les discussions autour du futur programme de développement durable, d’autre part. Il a constaté que ce n’est qu’en faisant ce double exercice que la communauté internationale arrivait à la conclusion que certaines questions relatives aux femmes n’avaient pas été dûment incluses dans les OMD, et qu’il s’avérait en conséquence essentiel de rectifier le tir en prenant, cette fois, pleinement en compte leurs droits d’une manière plus efficace dans l’après-2015.
La violence contre les femmes est une question sérieuse relevant des droits de l’homme et le Parlement pakistanais a adopté plusieurs lois pour protéger les femmes contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, la pénalisation du viol et des crimes d’honneur, a-t-il dit. Ainsi, le mariage forcé est désormais interdit et sévèrement pénalisé, tout autant que celui des mineurs. Dans le domaine politique, il y a 17 sénatrices sur 100 et 30% des sièges municipaux sont réservés aux femmes. En outre, le programme d’appui financier vise à l’autonomisation économique des femmes, et l’accès à la terre est également perçu comme un moyen d’émancipation économique. Il a espéré que le programme de développement pour l’après-2015 examinera toutes ces questions comme il se doit.
M. FREDERICK SHAVA (Zimbabwe) a appelé les États Membres à profiter de la célébration du vingtième anniversaire de la Déclaration de Beijing pour renforcer leurs efforts en faveur de l’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes, en veillant notamment à l’application des législations pertinentes et en répondant au causes premières de la violence faite aux femmes. Il a expliqué que des défis en matière de capacité et de financement entravaient l’application des lois dans les pays développés qui ne peuvent, par conséquent, « distinguer le développement économique national des objectifs et idéaux en matière d’égalité entre les sexes ».
Le Zimbabwe déploie néanmoins de nombreux efforts pour que le manque d’information ne représente pas un obstacle à la mise en œuvre des cadres juridiques destinés à émanciper les femmes. M. Shava s’est notamment félicité des succès rencontrés dans la sensibilisation aux lois sur l’héritage, la violence domestique et la famille. Il s’est également enorgueilli du fait que la parité avait été atteinte dans le domaine de l’éducation primaire et secondaire et que d’importantes avancées avaient été réalisées pour l’atteindre au niveau tertiaire.
M. Shava a ensuite souligné la nécessité de créer davantage de perspectives d’emploi pour les femmes en zones rurales. Il a aussi parlé de l’importance de l’éducation dans le domaine agricole et de l’accès des femmes rurales à des technologies qui réduisent le travail. Il a expliqué que l’exode rural avait laissé de nombreuses femmes rurales sans main-d’œuvre pour effectuer les tâches agricoles.
Le représentant du Zimbabwe s’est par ailleurs préoccupé de la persistance de la violence à l’encontre des femmes et a souligné l’importance que revêt l’éducation pour enrayer le phénomène. Il a précisé que cette éducation devait cibler aussi bien les femmes que les hommes. Il a aussi appelé au renforcement des efforts destiné à appuyer l’indépendance économique des femmes, y voyant une mesure de protection critique contre l’abus, les femmes ayant une capacité financière plus à même de pouvoir s’extirper d’un environnement abusif.
MME NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a affirmé que le développement durable ne pourrait être réalisé sans l’égalité des sexes et l’autonomisation de la moitié de la population mondiale. Finalement, ces deux questions commencent donc à occuper la place qui leur échoit au cœur du programme international pour un développement socioéconomique inclusif.
Notant les progrès significatifs accomplis depuis la Conférence mondiale sur les femmes, qui s’est déroulée en septembre 1995 à Beijing, la représentante a toutefois noté que la tâche qu’il restait à accomplir représentait un défi de taille car la discrimination à l’égard des femmes demeure réelle dans toutes les parties du monde. En outre, des questions persistantes, ou émergentes comme les conflits armés, la crise économique, les crises sociales, l’insécurité alimentaire et les effets des changements climatiques, ont des conséquences préjudiciables sur la vie des femmes.
D’autre part, la violence à l’égard des femmes et des filles reste une réalité et est illustrée par un rapport récent de l’UNICEF soulignant qu’une fille sur 4 âgée entre 15 et 19 ans est victime de violence. Elle a dès lors soutenu l’accent mis sur l’égalité des sexes et l’autonomisation féminine par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs du développement durable.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a rappelé que son pays avait conjointement fondé, avec les États-Unis, l’initiative « The Equal Futures Partnership » lancée en septembre 2013 en vue de la promotion de la participation politique et de l’autonomisation économique de la femme. Ainsi, le Pérou s’est engagé à mettre sur pied des mécanismes garantissant l’élection de femmes et la promotion de leur inclusion financière dans les programmes sociaux du Gouvernement actuel, à travers le Plan national d’égalité des sexes (2012-2017), qui vise en particulier à atteindre les buts du développement durable pour les deux sexes.
Concernant la lutte contre le fémicide, une loi a été adoptée fin 2011 pénalisant ce « crime intime en tant qu’homicide dans le cadre d’une relation de couple ». Cette loi a été amendée l’année dernière pour alourdir les sentences, les portant à 15 ans, voire à l’emprisonnement à vie s’il existe deux ou plusieurs autres circonstances aggravantes.
Il a ensuite salué l’inclusion d’un objectif séparé pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le programme de développement durable au-delà de 2015, ce qui ne manquera pas, selon lui, d’obliger à une analyse des problèmes et à la prise de mesures plus concrètes dans ce sens. Il a rappelé que, le 10 octobre, la Journée internationale de la fille a été célébrée dans la chambre du Conseil économique et social (ECOSOC), organisée par l’organisation non gouvernementale « Groupe de travail sur les filles », sous le parrainage des délégations du Canada, de la Turquie et du Pérou.
M. KIRADIT SACHDEV (Thaïlande) a affirmé que son pays avait entrepris des efforts au niveau national pour combattre la violence contre les femmes. Des mémorandums d’accord ont été déjà signés dans 31 provinces pour renforcer le rôle des communautés à cet égard. Des mesures sont sur le point d’être adoptées en vue de prévenir le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Au niveau international, la Thaïlande va accueillir, en novembre prochain, une réunion intergouvernementale d’experts sur les meurtres sexistes de femmes et de filles, en vue de faire des recommandations pratiques pour enrayer ce phénomène.
La Thaïlande souhaite que ces questions, y compris les mutilations génitales féminines et la fistule obstétricale, soient inscrites clairement dans le programme de développement pour l’après-2015.
Par ailleurs, a assuré le représentant, la Thaïlande a fait « des progrès remarquables pour enquêter, juger et condamner » les trafiquants dans des cas de traite des femmes et des filles. Des directives et des procédures opérationnelles ont été élaborées pour identifier les victimes et les réhabiliter. Enfin, la Thaïlande présidera la cinquante-neuvième session de la Commission de la condition de la femme qui se tiendra en mars 2015.
M. PALITHA KOHONA (Sri Lanka) a affirmé que, selon les statistiques de l’ONU sur les femmes pour 2014, son pays se situait au quatre-vingt-dix-septième rang parmi 187 pays, avec un indice de développement humain de 0,691. Il se place au soixante-quatorzième rang pour ce qui est de l’égalité des sexes. La Banque mondiale relève en outre que 97,2% des filles ont terminé l’école primaire, et,d’après l’UNICEF, les femmes âgées de 15 à 24 ans ont un taux d’alphabétisation de 98,6%. Le taux de mortalité maternelle a fortement diminué et l’usage de contraceptifs a augmenté.
M. Kohona a expliqué que le Gouvernement avait pris diverses mesures pour autonomiser économiquement les femmes, surtout les femmes rurales, à travers le microcrédit. Reflétant un changement d’attitude, une étude démographique a révélé que « 90% des femmes contrôlent le revenu familial, soit conjointement avec leur mari, soit seules ».
Avec la fin du conflit au Sri Lanka, le nombre de foyers dirigés par des femmes a beaucoup augmenté. Des programmes d’assistance ont été mis en place pour les aider à cultiver leurs jardins et à s’occuper du bétail et les protéger de l’exploitation et de la violence sexuelle et sexiste.
MME IRINA VELICHKO (Bélarus) a affirmé que le quatrième plan national d’action (2011-2015) pour l’égalité des sexes avait permis de réduire la mortalité maternelle. Avec un décès pour 100 000 naissances seulement, le Bélarus, a-t-elle dit, est à la tête de la liste mondiale pour cet Objectif du Millénaire pour le développement (OMD).
Elle s’est félicitée du fait que la situation des femmes s’améliorait au Bélarus grâce à une législation solide, par exemple, dans le monde du travail. Elle a cependant reconnu une différence salariale dans certains domaines, bien que la tendance soit à plus d’égalité salariale. D’autre part, des chambres de crise ont été créées pour aider les femmes en difficulté et leur nombre s’accroît pour ne laisser aucune femme démunie.
Elle a fait état des défis que constituent notamment la baisse du nombre de mariages, la hausse de celui des divorces et le recul des naissances. Le soutien aux valeurs traditionnelles, comme l’institution de la famille, est la garantie de la stabilité des sociétés, a-t-elle affirmé, en exhortant à la prise en compte de la famille dans le prochain programme de développement pour l’après-2015.
MME SOMAIA BARGHOUTI, observatrice de l’État de Palestine, a constaté que deux décennies après l’adoption de la Déclaration de Beijing, les femmes du monde entier continuaient de faire face à de nombreux obstacles au respect et à la réalisation de leurs droits. Elle a dénoncé les « conditions tragiques » dans lesquelles vivent les femmes palestiniennes en raison de l’occupation israélienne.
Elle a notamment pointé du doigt la construction de colonies de peuplement et la violation des droits des Palestiniens. La situation dans la bande de Gaza est catastrophique, a-t-elle dit, et l’impact des 50 journées « d’agression barbare » de cet été fut « au-delà de l’horreur » sur les femmes palestiniennes.
Elle a rappelé le bilan élevé parmi la population civile palestinienne, puis a souligné que des milliers de femmes et d’enfant continuaient de vivre dans les écoles qui avaient servi d’abris pendant les combats.
L’observatrice s’est inquiétée de l’impunité dont bénéficie Israël pour ces « crimes » et a souligné que l’occupation militaire israélienne demeurait le principal obstacle à la jouissance des droits des femmes palestiniennes.
MME AZZA AL-BUSAIDI (Oman) a affirmé qu’au cours des 40 dernières années, la femme omanaise avait occupé des postes importants aux côtés de l’homme. Elle est aussi électrice et éligible, jouit de ses biens comme elle l’entend et à droit à l’éducation et à la santé. Le relèvement de l’âge du mariage a permis une réduction sensible du taux de natalité, actuellement à 3,3%. L’éducation des femmes a certainement contribué à la réduction à la baisse de l’espacement des naissances.
Le 17 octobre est la Journée de la femme omanaise et le Gouvernement suit de près les conférences et séminaires internationaux sur un aspect ou un autre des droits et libertés de la femme pour intégrer les décisions qui en émanent dans sa législation. Elle a conclu que la politique omanaise se fonde sur une réalité inéluctable, à savoir que le progrès de la femme ricoche sur la société toute entière.
M. FAYAD M. AL-KHAYARIN (Qatar) a constaté que la persistance de la violence contre les femmes entravait la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), s’inquiétant notamment du fait qu’une femme sur 3 est victime de cette violence. Il a expliqué que les femmes qataries jouissaient du plein respect de l’ensemble de leurs droits et que le Gouvernement appuyait le principe d’égalité entre les sexes en fournissant notamment des emplois décents aux femmes. Il a aussi souligné que le Qatar avait adhéré à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Le représentant a ensuite fait savoir qu’une étude avait récemment été lancée pour cerner l’ampleur de la violence faite aux femmes au Qatar. Il a assuré que les citoyennes bénéficient d’une éducation de qualité et les femmes qataries peuvent participer au marché du travail. Il a souligné le lien indissociable entre les femmes et leur famille. Le représentant a ensuite dénoncé les souffrances des femmes palestiniennes qui vivent sous occupation israélienne.
M. JISHENG XING (Chine) a plaidé pour que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes figure comme un objectif séparé dans le programme de développement durable pour l’après-2015 de même que pour le renforcement de l’assistance technique aux pays en développement en vue d’une promotion et d’une protection accrues de la femme.
Le délégué a salué les projets d’activités en vue de la commémoration du vingtième anniversaire de la Conférence de Beijing et a salué le travail de l’ONU-Femmes. Il a demandé à la communauté internationale de fournir l’assistance voulue aux pays en développement, dans le respect de leurs choix souverains. La Chine a quant à elle amélioré les lois sur les conditions de travail pour les femmes et a allongé le congé de maternité. Elle continuera à garantir la participation des femmes par le renforcement de leurs droits et intérêts, a-t-il assuré.
M. TALGAT ILIYAS (Kazakhstan) a plaidé pour l’inclusion, au sein du programme de développement pour l’après-2015, d’un objectif à part entière sur l’émancipation des femmes. Il a affirmé que le Kazakhstan s’était doté d’une commission sur les politiques démographiques qui guide le processus d’examen de la mise en œuvre des objectifs de Beijing.
Le Kazakhstan participe en outre à l’examen sous-régional de diverses activités dans le domaine de la parité. Plusieurs lois sur la protection des enfants, la lutte contre la traite, et la participation équitable des femmes sur le marché du travail, entre autres, ont été adoptées par le Gouvernement.
Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de promouvoir la santé des mères et d’assurer l’autonomisation politique des femmes. En la matière, il a déclaré que le Kazakhstan comptait deux femmes ministres, et que les femmes occupaient 20% des postes de prise de décisions. Le représentant a aussi plaidé pour une meilleure planification urbaine. Il a jugé nécessaire de repenser les programmes de développement afin de mettre en avant la promotion des femmes.
MME MARY ANN DANTUONO, observatrice du Saint-Siège, s’est dite « particulièrement alarmée » par l’impact de la violence, y compris sexuelle, contre les femmes qui se trouvent dans des conflits et des guerres dans de nombreux pays et régions du monde, récemment au Moyen-Orient. Le Saint-Siège demande à tous les États et à l’ensemble de la communauté internationale de prendre toutes les mesures nécessaires pour acheminer l’aide humanitaire aux victimes de la violence, et protéger les femmes et les enfants des abus et de la traite.
L’observatrice a par ailleurs reconnu qu’il restait beaucoup à faire pour résoudre les inégalités entre les sexes, qui découlent souvent de la pauvreté. À cet égard, elle a souligné le rôle important que jouent les femmes pour réduire la pauvreté.
Elle a souhaité attirer l’attention sur la lutte contre la faim et la soif, le manque d’accès à une eau salubre et à des services médicaux de base, à l’éducation et à des opportunités d’emploi. Selon le Saint-Siège, la promotion des femmes passe aussi par la promotion de « meilleures conditions pour les mères ».
MME AMANDA ELLIS, Envoyée spéciale du Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, a reconnu les défis particuliers auxquels sont confrontées les femmes autochtones, les femmes du Pacifique, les femmes asiatiques, les femmes handicapées ou migrantes. Avec cette diversité à l’esprit, le Gouvernement a lancé « Whanau Ora », une initiative d’inspiration maorie pour aider toutes les familles néozélandaises dans le besoin avec des services sociaux et de santé, et lutter contre la violence conjugale.
À cet égard, la Nouvelle-Zélande est un partenaire clef dans le Programme de prévention de la violence conjugale du Pacifique. Elle appuie également le Partenariat parlementaire du Pacifique pour renforcer le nombre de femmes parlementaires dans la région.
Par ailleurs, a poursuivi Mme Ellis, son pays est fier d’avoir été l’un des premiers pays à ratifier le Traité sur le commerce des armes, qui vise, en autres, les armes utilisées dans des actes graves de violence sexiste. Près de 15 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, elle a regretté que trop peu de missions de paix de l’ONU incluent des femmes à des postes de haut niveau, que ce soit dans leur conception ou leur direction.
M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a estimé que, pendant longtemps, le modèle de développement traditionnel, au lieu de réduire les disparités, les avait aggravées, poussant son pays à relever, en 2007, le défi d’un changement de paradigme du développement et à privilégier l’être humain en le plaçant au-dessus du capital. En adoptant une nouvelle approche du développement, il s’agissait non seulement de rechercher à répondre aux besoins de base, mais aussi à réaliser une vie digne, de qualité dans tous les cycles de la vie, et en paix et harmonie avec la nature, comme le stipule la notion du « bien-vivre ».
Dans le cadre de la réforme démocratique, les droits des femmes et des filles ont été intégrés de façon transversale. Un plan national d’élimination de la violence à l’égard des enfants, des adolescents et des femmes est mis en œuvre de manière intersectorielle et pluridisciplinaire, tandis que des campagnes médiatiques d’envergure visent à débarrasser le pays du machisme, en l’assimilant à une forme de violence.
Dans le domaine de la santé, la stratégie nationale de planification familiale et de prévention des grossesses précoces privilégie une démarche fondée sur l’orientation et le respect des droits reproductifs et de la sexualité de sorte à modifier, progressivement, les paramètres culturels sur cette question. Pour les femmes autochtones, les soins de santé et procréatifs sont dispensés en fonction de leurs pratiques culturelles de façon intégrale. Le représentant a déclaré, en conclusion, que tous ces acquis n’auraient pas été possibles sans la lutte acharnée des femmes équatoriennes, dans toute leur diversité.
M. MARCELO SCAPPINI (Paraguay) a loué « la valeur des femmes paraguayennes dans la défense de la patrie, de la culture et de la langue vernaculaire ». Reconnaissant toutefois qu’elles restaient l’un des secteurs les plus vulnérables de la société, il a souligné que le Paraguay avait déjà exécuté deux « plans d’égalité des opportunités entre les femmes et les hommes », et qu’un troisième plan était en cours d’exécution jusqu’en 2017. Parmi les objectifs de ce plan figurent « une vie exempte de violence » et un environnement sain et durable.
Le représentant a souligné que la participation des femmes dans les secteurs de l’éducation et du travail avait augmenté. Il leur reste toutefois à occuper davantage de postes politiques. Le « Plan national de développement 2014-2030 » a pour objectif principal la réduction de la pauvreté et le développement social, en aidant les familles vivant dans une pauvreté extrême. Le but est également de renforcer le rôle fondamental des femmes dans la famille et la communauté. En outre, une loi de 2000 contre la violence conjugale renforce la prévention et la répression de la violence sexiste.
Mme PAMELA LUNA TUDELA (Bolivie) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, s’agissant notamment de la mise en œuvre de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, y compris leur participation accrue à la vie politique du pays.
À cet égard, la nouvelle loi électorale votée par la Bolivie reconnaît la parité entre les sexes, s’est félicitée la représentante, soulignant que l’Assemblée constituante de son pays était composée à 34,5% de femmes, dont des femmes d’origine autochtone.
L’accès à l’éducation, la santé sexuelle et de la procréation ainsi que l’accès aux services de base sont également des questions primordiales pour favoriser l’autonomisation des femmes, a poursuivi la représentante, précisant que le Programme de développement pour l’après-2015 devra incorporer des indicateurs permettant de mesurer l’évolution de l’égalité entre les sexes.
S’agissant de la violence dont sont victimes les femmes, en mars 2013, a-t-elle dit, le Gouvernement de la Bolivie a adopté une loi intégrale pour garantir aux femmes une vie dénuée de violences établissant des mécanismes et des mesures politiques de prévention et de protection.
Une société plus juste et inclusive pour parvenir au développement durable passera nécessairement par la réduction des disparités entre les sexes et l’autonomisation des femmes, a déclaré en conclusion la représentante.
M. RY TUY (Cambodge) a déclaré qu’au cours des 30 années écoulées, le Cambodge avait continué à s’attaquer progressivement à plusieurs questions d’ordre socioéconomique tout en posant des jalons dans le domaine du développement. De la même façon, l’égalité des sexes est l’un de ses concepts prioritaires au cœur des stratégies et lois nationales, avec la mise en œuvre de son troisième plan stratégique.
Dans cet élan, l’Association des Cambodgiennes entrepreneurs a été mise sur pied en 2012, et dans le domaine de l’enseignement, l’éducation est devenue obligatoire pendant neuf années. D’autre part, a-t-il précisé, des bourses d’études sont offertes aux élèves issus de familles pauvres, en particulier aux filles et des dortoirs ont été créés pour les étudiantes.
La proportion de fonctionnaires femmes est passée de 32% en 2007 à 37% en 2013, et 14,7% des sénateurs sont des femmes. Le Cambodge a aussi amendé un mémorandum d’entente de coopération bilatérale avec la Thaïlande et le Viet Nam aux fins de l’élimination de la traite des femmes et des filles et de secours aux victimes.
Mme PAULINA FRANCESCHI (Panama) a affirmé que dans l’enseignement supérieur, les femmes représentaient 72,5% des étudiantes, contre 27% d’hommes mais que dans bien d’autres domaines, beaucoup de femmes se heurtaient toujours à des situations discriminatoires, violentes, de marginalisation et dégradantes. Ainsi, le salaire féminin est inférieur et les niveaux de participation politique sont encore faibles, bien qu’une femme ait occupé la fonction suprême du pays et la vice-présidence.
Elle a énuméré une douzaine de lois censées rendre les femmes plus visibles et à leur permettre la pleine jouissance de leurs droits, en particulier la loi de 2012 sur l’égalité des chances; celle adoptée, l’année suivante, sur la prévention de la violence sexiste et de réforme du Code pénal de sorte à y inclure une définition du fémicide, et pénaliser la violence contre les femmes.
Un autre texte reconnaît par ailleurs le droit personnel de la femme à la stérilisation. La représentante a admis que la participation politique et dans le processus de prise de décisions laissait encore à désirer, de même que la reconnaissance de la contribution économique des femmes, le manque de ressources budgétisées pour la mise en œuvre de programmes tendant au renforcement des institutions chargées d’assister les femmes à tirer le meilleur parti de leur potentiel.
Le pays s’est aussi doté d’indicateurs et procède à une collecte plus suivie des données ventilées par sexe par le truchement d’un système national de statistiques axé sur l’égalité des sexes et d’un système international de statistiques criminelles.
En conclusion, elle a déclaré qu’aucun développement durable ni aucune réalisation de l’ordre du jour pour l’après-2015 ne seraient possibles sans la participation pleine et active de la femme au développement.
À l’approche du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des discussions en vue de l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, a déclaré Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya), la mise en œuvre de l’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes et la réduction des violences à l’encontre des femmes sont des priorités de plus en plus pressantes.
L’engagement du Kenya en faveur de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes figure dans la constitution même du pays, a rappelé la représentante. À cet égard, elle s’est félicitée du deuxième Plan à moyen terme (2013-2017), adopté par le Kenya, qui met l’accent sur la priorité pour le pays de réduire les disparités entre hommes et femmes.
Afin de faire face à la sous-représentation politique des femmes, le Gouvernement kenyan a pris des mesures efficaces, a souligné la représentante. La Constitution du Kenya demande en effet qu’un tiers des représentants politiques au Parlement et au Gouvernement soient des femmes. À l’heure actuelle, les femmes représentent 25% des représentants parlementaires du pays, a précisé la déléguée, soit une augmentation de 9,9% par rapport à 2007.
S’agissant de l’accès des femmes à la santé, a poursuivi la représentante, le Kenya a développé des politiques de santé favorisant l’accès des femmes à des soins de base, notamment via la gratuité des soins de santé maternelle.
Le Kenya a également voté des lois pour améliorer la prévention de la traite des femmes et des filles, notamment via l’augmentation des peines encourues à une période de 30 ans.
En conclusion, le représentant a appelé à une mise en œuvre accélérée des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avant 2015 afin de faire avancer l’égalité des sexes sur le terrain.
M. USMAN SARKI (Nigéria) a souligné que si on leur en donne l’occasion, les femmes peuvent s’avérer être des négociatrices habiles, des dirigeants communautaires crédibles et des entrepreneurs dans le monde des affaires. Il a estimé qu’un nombre plus important de femmes doivent siéger au sein des parlements afin d’attirer davantage l’attention sur les questions les concernant et leur permettre de participer encore plus aux processus de prise de décision. Le représentant a souligné que l’émancipation des femmes devait commencer dans les foyers, les salles de classe ainsi que dans les fora religieux. M. Sarki a ensuite annoncé que le Nigéria était en train d’amender sa politique nationale sur le genre afin d’atteindre la parité au sein du Gouvernement d’ici à 2020. En outre, s’est-il félicité, une femme occupe pour la première fois dans l’histoire du pays le poste de président de la cour d’appel, et la Cour suprême compte à présent trois femmes juges.
M. Sarki s’est ensuite inquiété de la persistance de la violence sexiste et a indiqué que le Nigéria avait promulgué une loi qui pénalise le harcèlement sexuel sur le lieu du travail et au sein des enceintes éducatives. Une politique de protection des victimes de la traite a également été mise en œuvre, un projet de loi sur l’élimination de toute les formes de violence faite aux femmes est en cours d’élaboration et la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes demeure une priorité pour le Gouvernement. Plusieurs programmes d’octroi de fonds ont par ailleurs été élaborés à l’intention des femmes.
Le représentant a également parlé du lancement de l’initiative « Growing Girls and Women » qui permet d’assurer le traitement des femmes et des filles qui souffrent de fistule vésicovaginale. Il a indiqué que le Gouvernement nigérian avait doublé les ressources octroyées au Centre national des femmes d’Abuja. Enfin, M. Sarki a estimé que la question de la promotion de la femme ne devait pas se limiter à la seule dimension des droits de l’homme, mais également prendre en compte les dimensions politique et économique.
Le Soudan a entrepris de grandes avancées en faveur des droits de la femme, a déclaré M. RAHMATALLAH MOHAMMED OSMAN (Soudan). La femme soudanaise participe désormais au parlement et peut présenter sa candidature à la présidence du pays, s’est-il félicité.
La Loi sur la stratégie de lutte contre la violence des femmes votée par le pays en 2003 fournit des mécanismes de mise en œuvre de l’autonomisation des femmes, a ajouté le représentant, précisant que des services sociaux existaient pour apporter une assistance aux victimes de violences.
Une conférence régionale sur la traite des personnes aura lieu l’an prochain à laquelle participera le Soudan, a ajouté le représentant.
Le programme du Gouvernement soudanais en faveur de l’autonomisation des femmes s’articule autour de six axes prioritaires, à savoir la santé, l’environnement, l’accès à l’éducation, la participation au développement économique, la participation aux processus de prise de décisions, la prévention contre les conflits et le respect des droits.
S’agissant de la participation au développement économique, le délégué s’est félicité de la mise en œuvre du projet de fonds de roulement pour les femmes dans le secteur informel, de la création d’une caisse d’épargne pour les femmes, d’une structure de microcrédit et d’une fédération pour les femmes d’affaires.
Constatant, en conclusion, le retard du Soudan sur la question de l’autonomisation des femmes, liée en partie aux mauvaises conditions climatiques, le représentant a exhorté la communauté internationale à envisager ce problème de manière globale, en prenant compte les problématiques des pays les moins avancés.
Mme FOROUZANDEH VADIATI (République islamique d’Iran) a affirmé que selon l’index du développement humain de l’ONU, les femmes et les filles iraniennes ont réalisé d’importants progrès dans les domaines de l’éducation, de la recherche, de la science, de l’emploi et de la santé et cela en dépit des sanctions unilatérales imposées à l’encontre de son pays.
Cette augmentation de 67% sur l’index du développement de l’Iran n’a pu être réalisée qu’en autonomisant les femmes, a-t-elle souligné. Des « améliorations magnifiques » ont notamment été réalisées dans le domaine de la pauvreté, de l’élimination de la faim, de l’éducation et de la santé et plusieurs programmes ont par ailleurs été lancés pour renforcer l’émancipation des femmes.
Mme Vadiati a ensuite appelé les États Membres à réfléchir aux causes qui expliquent la mise en œuvre partielle du Plan d’action de Beijing, s’inquiétant notamment du fait que les femmes et les filles ont été touchées de manière disproportionnée par la crise économique, l’insécurité alimentaire, les changements climatiques, la violence, l’extrémisme et le terrorisme, entre autres.
Elle a notamment dénoncé le fait que les femmes et les enfants subissent de plein fouet l’impact de sanctions unilatérales injustes. La représentante s’est également préoccupée de l’irruption d’un extrémisme violent, s’alarmant en particulier du fait que des femmes et des filles occidentales sont en train de rejoindre certains groupes. Elle a condamné le fait que des femmes chrétiennes et yézidis sont explicitement prises pour cibles par ces groupes, ces dernières étant souvent tuées ou vendues aux militants comme butin de guerre.
M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) s’est alarmé de l’augmentation récente de l’extrémisme violent et de ses conséquences dévastatrices pour les femmes et les filles des pays concernés. Il a souligné que la violence faite aux femmes représentait un des plus importants défis actuels, affirmant que près de la moitié de femmes tuées en 2012 avaient été assassinées par un partenaire intime ou un membre de leur famille.
M. Pedersen a salué le leadership dont a fait preuve l’Union africaine pour mettre un terme aux mutilations génitales féminines. Il a aussi insisté sur la nécessité de mettre un terme aux mariages précoces.
Si rien n’est fait, a-t-il souligné, 39 000 filles seront mariées de force chaque jour pendant la prochaine décennie. Le représentant s’est aussi préoccupé du fait que 65 millions de filles en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisées. Il a souligné que l’éducation ne se limitait pas au fait de savoir lire ou écrire, mais devait également prendre en compte l’éducation à la sexualité. Chaque femme et chaque fille doit avoir le droit de contrôler son corps et sa sexualité et personne d’autre, a-t-il souligné, pour ensuite plaider en faveur d’un accès universel aux droits sexuels et reproductifs.
Enfin, M. Pedersen s’est inquiété des violences que subissent les défenseuses des droits de la femme ainsi que du faible taux de représentation des femmes au sein des parlements.
Mme GEORGINA MSEMO (République-Unie de Tanzanie) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et de l’égalité entre les sexes.
La nouvelle Constitution de la Tanzanie qui a été approuvée la semaine dernière par l’Assemblée constituante du pays, s’est félicitée Mme Msemo, garantit notamment l’égalité des sexes entre hommes et femmes.
Plusieurs mesures ont également été prises par le pays afin d’éliminer la violence contre les femmes et les filles, notamment l’adoption d’une loi spécifique ainsi que la mise en œuvre d’une stratégie multisectorielle nationale et d’un réseau féminin de police permettant d’accroitre la capacité d’action de la police tanzanienne contre les violences sexuelles.
Un Bureau d’égalité des sexes au travail et dans les stations de police a également été créé, s’est réjouie la représentante.
Les efforts de son gouvernement sur la question de l’égalité des sexes, s’est enfin félicitée la représentante, ont conduit à une réduction des mutilations génitales de 18% à 15% des femmes entre 2005 et 2010.
Mme MAYA DAGHER (Liban) a réclamé l’inclusion d’un objectif à part entière sur l’émancipation des femmes au sein du programme de développement pour l’après-2015. Elle s’est inquiétée du fait que la violence faite aux femmes et la discrimination dont elles sont victimes se poursuivent sans relâche dans plusieurs parties du monde, entravant la réalisation de leurs droits les plus fondamentaux. La représentante a notamment dénoncé le fait que la violence sexuelle était utilisée comme arme de guerre.
Mme Dagher a ensuite annoncé qu’au mois d’avril dernier, après près de trois ans de délibération, le Parlement libanais avait promulgué une loi sur la protection des femmes victimes de violence domestique. Elle a expliqué que cette loi prévoyait l’ouverture d’abris à l’intention des victimes et la nomination d’un procureur dans chaque gouvernorat, chargé de recevoir les plaintes et de mener des enquêtes.
Des unités spécialisées dans la famille ont également été créées au sein des forces de sécurité internes. Elle a souligné que l’adoption de cette loi marquait une avancée importante pour l’élimination de la violence faite aux femmes au Liban.
La représentante a ensuite rappelé que le Liban accueillait actuellement près de 1,3 million de réfugiés syriens, dont une majorité de femmes et de filles. Elle a appelé la communauté internationale à partager ce fardeau afin d’aider le Liban à honorer ses engagements.
Mme NICOLE ROMULUS (Haïti) a déclaré que les femmes représentaient 52% de la population haïtienne. La déléguée a souligné le rôle important que les femmes jouent dans le développement du pays tant sur le plan global que familial. Les efforts effectués pour améliorer leur situation sont considérables et beaucoup de voix se sont élevées en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. Ces efforts visent à les protéger contre les violences physiques et sexuelles mais entendent aussi garantir leur droit à l’éducation, à la santé et à une vie décente.
La représentante a expliqué que dans les foyers, qu’elles soient seules ou accompagnées, les femmes étaient principalement responsables des travaux domestiques, notamment de l’éducation des enfants et de la survie de tous les membres de la famille. De surcroît, elles mènent une lutte quotidienne pour leur indépendance et pour les « associations féministes en Haïti, le combat vers l’égalité des sexes est toujours d’actualité », a-t-elle dit, ajoutant que les femmes avaient un accès limité aux emplois sécurisés et décents, 60% des femmes actives ayant un emploi informel.
Pour Mme Romulus, pourtant, « face aux difficultés économiques, face aux catastrophes naturelles, face aux actes de violence dont elles sont parfois victimes, les femmes font toujours preuve d’une force et d’une résistance hors du commun ». Et de préciser que plus de 50% d’entre elles exercent une activité économique, principalement dans le commerce, l’hôtellerie, les services communautaires et l’agriculture, le taux le plus élevé étant dans la région caribéenne.
Dans le secteur industriel de la sous-traitance, elles représentent le trois quart de la force de travail, surtout dans le domaine de l’assemblage électronique et de l’habillement, phénomène qui trouve sa justification, selon la représentante dans l’offre d’une main d’œuvre à bon marché.
M. RUBÉN ZAMORA (El Salvador) s’est inquiété de la forte proportion de femmes (35%) à travers le monde victimes de violences conjugales physiques ou sexuelles.
El Salvador, s’est félicité le représentant, a réalisé des avancées importantes concernant la mise en œuvre de l’égalité entre hommes et femmes, dont l’adoption d’une loi d’égalité en 2011, d’une politique nationale de la femme en 2012 et d’une loi spéciale pour une vie sans violence pour les femmes, également en 2012.
Dans le domaine de la santé, le Programme ville-femmes du Salvador, adopté en 2011, garantit l’accès aux femmes à des soins de santé de qualité, a souligné le délégué. Ce programme prend également en compte la prévention des violences sexuelles ainsi que le développement de la santé reproductive et la promotion de l’autonomisation économique des femmes.
Mme INTISAR ABDULLAH (Yémen) a souligné que l’héritage culturel islamique permettait de renforcer le respect des droits des femmes dans son pays. Elle a expliqué que le cadre législatif yéménite avait été renforcé afin de promouvoir le respect des droits des femmes. Un Haut Conseil pour les femmes a été mis sur pied et le Ministère des droits de l’homme accorde la priorité à la situation des femmes dans le pays. En outre le Comité national des femmes a élaboré une stratégie pour éliminer la violence et la discrimination dont sont victimes les femmes au Yémen.
La représentante s’est aussi félicitée du fait que son pays comptait à présent deux femmes juges et qu’une politique de quota imposait que 30% des candidats des listes électorales soient des femmes. L’âge minimum pour le mariage a été revu à la hausse et un projet de loi permettra par ailleurs de pénaliser les discriminations sur la base du sexe. La représentante a ensuite appelé à la pleine jouissance des droits des femmes palestiniennes.
M. YIGIT CANAY (Turquie) a affirmé que de nombreuses réformes législatives avaient été lancées pour améliorer la situation de femmes dans le pays, notamment l’adoption d’une loi sur la violence domestique. Des centres de services à l’intention des victimes opèrent 24 heures sur 24 dans l’ensemble du pays.
Le représentant s’est préoccupé de l’impact des pratiques traditionnelles sur le respect de droits des femmes. Il a également souligné qu’un plan d’action national sur la lutte contre la violence domestique avait été lancé dans le but de renforcer la sensibilisation, d’octroyer des services de protection et de mettre des abris à disposition des victimes. Il a précisé que 129 abris opéraient actuellement dans l’ensemble du pays.
Le représentant a ensuite dénoncé les affirmations d’une délégation concernant les souffrances que subit la population syrienne. Il a indiqué que 33 000 enfants sont nés dans les camps de réfugiés établis en Turquie et que près de 60 000 enfants réfugiés y sont par ailleurs scolarisés.
M. AMJAD AL-MOUMANI (Jordanie) a fait état de la volonté de son pays de voir les femmes contribuer efficacement à l’économie et à la vie politique jordaniennes.
Au titre des actions entreprises par son pays en faveur de l’égalité des sexes, s’est félicité le représentant, la Jordanie a récemment adopté une stratégie nationale pour les femmes jordaniennes, sous la forme d’un cadre de partenariat entre le Gouvernement et les institutions travaillant pour la promotion des femmes dans le pays.
Parmi les avancées tangibles de cette stratégie, il a fait état de l’augmentation du nombre de représentantes politiques. Le Parlement jordanien compte désormais 18 femmes sur 165 représentants, soit le nombre le plus élevé jamais atteint par le pays. Il a également affirmé que 48,5% des électeurs jordaniens sont des femmes.
La Jordanie travaille instamment, a affirmé le représentant, à l’amélioration du taux d’inscription des femmes à l’école et aux universités, qui est d’ores et déjà en augmentation.
Sur le plan économique, 14,5% de l’ensemble de la main-d’œuvre nationale est composée de femmes, un taux qui passe à 20% s’agissant spécifiquement du personnel des organisations non gouvernementales jordaniennes.
En conclusion, le délégué a insisté sur l’importance de l’autonomisation des femmes pour la société jordanienne, dont les valeurs sont parfaitement en accord avec cet objectif.
M. DAVID BEYI (Burkina Faso) a dit être préoccupé par les diverses formes de violence dont les femmes et les filles continuent d’être victimes, notamment la traite, les mutilations génitales féminines et les mariages précoces et forcés. Il a expliqué que le Burkina Faso avait introduit des modules sur les mutilations génitales dans les programmes d’enseignement et qu’un numéro vert avait également été mis en place pour dénoncer cette pratique. Il a souhaité que la Troisième Commission puisse parvenir à l’adoption consensuelle d’une nouvelle résolution sur les mutilations génitales féminines.
M. Beyi a ensuite indiqué que son gouvernement avait mis en œuvre un programme conjoint de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles et dont la seconde phase, qui couvre la période 2014-2015, est en cours de réalisation. Un service de sécurité et de prise en charge offre des services aux victimes de violence basée sur le genre.
Le représentant a également affirmé que l’adoption, en 2009 et 2012 respectivement, de deux lois portant régime foncier rural avait marqué un tournant décisif en matière d’accès sécurisé des femmes à la terre. Il s’est aussi félicité du fait que le taux de scolarisation des filles au Burkina Faso était passé de 30,3% en 2000 à 78,1% en 2012.
Le représentant a aussi souligné que la mise en œuvre du Programme spécial de création d’emplois pour les jeunes et les femmes permettra, d’ici à la fin 2014, de doter plus de 3 510 groupements de femmes en technologies de production et de transformation, en vue de créer 50 000 emplois à leur profit. Un fonds d’appui à l’entreprenariat féminin a par ailleurs été élaboré avec une allocation financière d’environ 10 millions de dollars, a-t-il ajouté.
M. MASNI ERIZA (Indonésie) a dénoncé le cycle de discrimination et de violence dont sont victimes les femmes. Il a estimé que l’application de mesures de discrimination positive devait se faire par l’intermédiaire d’une approche systématique et coordonnée, pour ensuite insister sur la nécessité d’adopter des cadres juridiques et politiques solides, de mettre en œuvre des systèmes de suivi ainsi que des mesures préventives et de protection des victimes de la violence.
M. Eriza a expliqué que l’application, par son gouvernement, du Plan d’action national sur les droits de l’homme pour la période 2011-2014 avait permis d’améliorer la prévention de la violence domestique et la qualité des services de protection élaborés à leur intention. Un cadre juridique robuste a été mis en place pour combattre la traite des êtres humains, protéger les droits des enfants et abolir les mutilations génitales féminines. En outre 44 ministères ont adopté un système de budgétisation sexospécifique.
Le représentant a aussi fait savoir qu’un mémorandum d’accord avait été signé par le Ministère de la promotion de la femme, la police nationale et le Procureur, entre autres, afin de renforcer l’accès des femmes et des filles victimes de violence à la justice. L’Indonésie dispose également d’une équipe spéciale chargée d’évaluer les efforts déployés pour mettre un terme à la traite.
M. Eriza a aussi souligné qu’en 2013, son gouvernement avait établi 510 unités de services à l’intention des femmes et des enfants au sein des commissariats de police du pays, ainsi que 67 unités de crises dans les hôpitaux policiers du pays. Il a ensuite appelé ONU-Femmes et l’UNICEF à aligner leur programme de pays aves les besoins, les priorités et les capacités des pays dans lesquels ils opèrent.
Mme LAURIA NGUELE MAKOUELET (Congo) a déclaré que les Congolaises, qui représentent près de 51,4% de la population totale et 58,3% de la production rurale, contribuent à la sécurité alimentaire. Or, cette position de la femme congolaise n’est reflétée ni dans son statut économique ni dans son statut politique au sein de la société. En conséquence, des programmes de promotion de la femme tentent d’améliorer le statut des femmes rurales en se penchant sur la question critique foncière pour faciliter l’accès des femmes à la propriété foncière, aux moyens de financement comme les microcrédits, à l’alphabétisation et au renforcement des capacités de gestion par des programmes de formation ciblés.
De nombreuses initiatives consacrant l’autonomisation de la femme ont pu influencer favorablement la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-elle ajouté, en citant la mise en place de fonds de soutien à l’agriculture, la réhabilitation des pistes rurales, la gratuité de l’accès à l’éducation primaire et aux manuels scolaires, les recrutements d’enseignants, la gratuité d’accès au traitement du paludisme pour les enfants de moins de cinq ans, ainsi que celle de la césarienne et des traitements du VIH/sida.
D’autre part, la révision du cadre juridique et l’appui direct aux associations féminines viennent conforter la politique du Gouvernement en matière d’égalité des sexes. Elle a précisé, par ailleurs, que les mutilations génitales féminines étaient interdites depuis la promulgation d’une loi en juin 2010 portant sur la protection de l’enfant.
Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a réitéré sa position qui veut que la promotion de la femme est un facteur indispensable à la réalisation des droits de l’homme et du développement économique et a pris note des recommandations contenues dans les rapports sur l’élimination de la violence et la reconnaissance du processus consultatif développé par ONU-Femmes et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Elle a rappelé qu’il y a vingt ans, le Rwanda semblait condamné à échouer en tant que nation après le génocide contre les Tutsis qui a fait près d’un million de morts.
Pourtant, le pays a réussi à inverser le cours de l’histoire et à recommencer à zéro grâce à la résilience de sa population, des femmes plus particulièrement. Elle a souligné que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient été lancés alors que le Rwanda se battait encore avec les effets dévastateurs du génocide, surtout sur les femmes. Le pays a pu s’appuyer sur la force des femmes pour bâtir son avenir, celles-ci ayant été la force motrice du développement durable.
La représentante a ensuite affirmé que les femmes, qui représentent 57% de la population active âgée de 20 à 44 ans, avaient été autonomisées lorsqu’elles ont dû assumer le rôle de chefs pour répondre aux besoins des familles et communautés dévastées. Elle a ajouté qu’aujourd’hui, cette réalité se traduisait par le fait que les femmes occupaient 64% des sièges parlementaires, soit le taux mondial le plus élevé; tandis qu’elles sont propriétaires de 43,1% des entreprises dans la capitale rwandaise.
Au niveau de l’enseignement, les filles sont plus nombreuses que les garçons dans le primaire, soit 98% contre 95% respectivement. Enfin, une couverture de santé universelle a eu pour résultat une réduction de la mortalité maternelle et infantile ainsi qu’une baisse considérable du taux de transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant.
M. FERNANDO WAHNON FERREIRA (Cabo Verde) a considéré qu’assurer l’égalité et l’équité des sexes, loin de constituer une simple option, était une obligation morale qui s’imposait à tous les États, ainsi qu’un choix judicieux car aucun pays ne peut prétendre se développer et réaliser la paix ainsi que la cohésion sociale en laissant de côté une partie importante de sa société, représentée par les femmes et les filles.
« La seule façon de parvenir à un développement durable est de s’assurer que les hommes et les femmes ont les mêmes opportunités de participation économique, sociale et politique », a-t-il dit, avant de décrire les mesures prises pour le renforcement du cadre juridique de son pays pour réduire l’écart entre hommes et femmes et atténuer les inégalités. Le Code de la famille de 1997 reconnaît les mêmes droits concernant la gestion du ménage et l’éducation des enfants, alors que le Code du travail de 2007 comporte des dispositions légales pour protéger les droits des femmes tout au long de la grossesse et prévoit un congé de maternité de soixante jours.
En matière de santé sexuelle et reproductive, deux ans seulement après son indépendance en 1975, Cabo Verde a adopté un programme de protection maternelle qui a contribué de manière décisive à la réduction de la mortalité maternelle. Ce programme comprend l’accès libre et gratuit aux centres de planification familiale ainsi que la possibilité d’interruption volontaire de grossesse au cas où celle-ci est non désirée, tandis que la loi sur l’avortement a été adoptée en 1987.
D’autre part, 15 des 72 députés sont des femmes et au niveau municipal, seul un maire sur 22 est une femme. Une loi spéciale contre la violence fondée sur le genre vise à donner effet au principe d’égalité des sexes et établit des mesures de prévention et de répression de la violence faite aux femmes, ainsi que des mécanismes de protection et d’assistance aux victimes, y compris la protection des droits au travail, à l’accès à la justice, l’aide sociale et l’orientation et l’insertion professionnelle.
Mme DRAGANA ANDELIĆ (Bosnie Herzégovine) a exhorté les pays n’ayant toujours pas signé ou ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes à le faire dans les plus brefs délais.
La Bosnie-Herzégovine a adopté une démarche proactive dans le domaine de l’autonomisation des femmes à tous les niveaux de gouvernement, s’est félicitée la représentante, citant notamment l’adoption par son pays d’un plan d’action sur les femmes paix et sécurité, d’un plan d’action pour l’amélioration de la condition des femmes en milieu rural et d’un programme pour les victimes de violences sexuelles liées à la torture.
Elle a manifesté sa volonté d’accroître la participation des femmes à la prévention des conflits dans le monde et aux actions entreprises par les Nations Unies en faveur du maintien de la paix. Dans le cas de la Bosnie-Herzégovine, a précisé la représentante à titre d’exemple, sur 47 officiers de police actuellement déployés au Libéria, au Soudan du Sud et à Chypre dans le cadre des missions des Nations Unies, 10 sont des femmes.
La représentante s’est inquiétée du niveau actuel inacceptable de crises humanitaires et de réfugiés dans le monde et de leurs conséquences dramatiques sur les femmes et les filles.
En conclusion, la déléguée a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts dans la lutte contre les disparités entre les sexes.
M. CRISTIÁN BARROS (Chili) a affirmé la nécessité de dresser un état des lieux des avancées contre les disparités entre les sexes à l’occasion des 20 ans de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des discussions en vue de l’élaboration du Programme de développement pour l’après-2015.
Le représentant s’est félicité de l’entrevue récente, à New York, entre la Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet, et la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phmuzile Mlambo-Ngcuka, rencontre qui s’est soldée par un accord sur l’organisation en février 2015 d’une manifestation de haut niveau dans la capitale chilienne portant sur la participation des femmes aux processus de prises de décision politique.
Par ailleurs, le délégué a appelé à la révision, au renforcement et à l’adoption de nouvelles lois contre la discrimination dont sont victimes les femmes à travers le monde.
À ce titre, le Chili a conçu un plan national contre la violence à l’égard des femmes, dont le représentant prévoit qu’il sera mis en œuvre en 2015. Dans la même veine, il a annoncé qu’un projet de loi parlementaire était actuellement à l’étude au Chili, dont l’une des dispositions a trait à la promotion de la parité entre hommes et femmes au niveau de la représentation politique.
Le représentant a également annoncé un projet de loi sur les droits sexuels et reproductifs, visant à renforcer l’accès aux soins reproductifs des femmes, en vue d’aligner la législation du Chili aux standards internationaux en la matière.
M. MATEO ESTRÉMÉ (Argentine) a souligné que l’élimination de la pauvreté sera impossible à moins d’assurer l’émancipation des femmes. Il a appelé les délégations à ne pas se borner à réitérer les positions maintes fois répétées, mais à réfléchir aux problèmes actuels. Il a parlé de l’adoption du consensus de Montevideo qui, a-t-il expliqué, a permis de promouvoir les droits de femmes et des filles dans la région. Il a ensuite appelé les États Membres à conclure des accords concrets pour promouvoir les femmes.
Le représentant a ensuite affirmé que son pays accordait la priorité à l’élimination de la violence faite aux femmes et appuyait notamment l’adoption de politiques précises pour enrayer la violence contre les femmes âgées. Il s’est inquiété du fait qu’aucun pays n’avait atteint la parité et a souligné l’importance que revêt l’éducation ainsi que la représentation des femmes au sein des parlements.
Il a aussi fait savoir que les Argentines étaient davantage représentées dans l’éducation supérieure et que des progrès avaient été accomplis pour améliorer leur santé.
Droits de réponse
Le représentant d’Israël s’est déclaré outré par la déclaration de haine professée par l’observatrice de l’État de Palestine à l’égard de son pays sur la question de l’autonomisation des femmes, dénonçant une instrumentalisation politique de cette question. Le représentant a ajouté qu’en l’absence d’un système de protection, les roquettes lancées quotidiennement par le Hamas auraient fait de nombreuses victimes civiles.
En réponse, l’observatrice de l’État de Palestine a affirmé qu’elle ne répondrait pas à de telles distorsions et calomnies et a conclu en citant le communiqué prononcé aujourd’hui même par le Secrétaire général, faisant suite à sa visite de Gaza. Israël est une force d’occupation qui doit se soumettre au droit international, a déclaré en conclusion l’observatrice.