En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session,
5e et 6e séances – matin et après-midi
AG/SHC/4099

Le Chef de l’ONUDC préconise une action mondiale intégrée, globale et coordonnée pour traiter tous les aspects de l’offre et de la demande de drogues

Le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yury Fedotov, a proposé aujourd’hui devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires, une action mondiale intégrée, globale et coordonnée pour traiter tous les aspects de l’offre et de la demande de drogues.

Les approches de lutte contre ce fléau doivent être capables de s’attaquer aux défis, y compris la violence criminelle en Amérique centrale, et le lien entre la drogue, la criminalité et le terrorisme, qui déstabilisent des régions comme l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, a-t-il déclaré, en ouvrant le débat général de la Troisième Commission sur la prévention du crime et justice pénale et le contrôle international des drogues. 

M. Fedotov a annoncé que deux grandes réunions de haut niveau, le treizième Congrès sur la prévention du crime et justice pénale, en avril 2015 à Doha, et la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème international de la drogue, prévue en septembre 2016, s’attaqueraient aux défis de la criminalité transnationale organisée, des drogues illicites et de la corruption. 

Le Président de la cinquante-septième session de la Commission des stupéfiants, M. Khaled Shamaa, est ainsi venu faire le point devant la Troisième Commission sur les préparatifs de cette session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2016.

Il ressort des consultations en cours que la session extraordinaire s’articulera autour d’un débat général et de plusieurs débats interactifs, et qu’une attention spéciale sera octroyée à la participation des délégués de la jeunesse, a précisé M. Shamaa.

Selon le rapport du Secrétaire général sur la coopération internationale face au problème mondial de la drogue, la superficie totale des cultures illicites de pavot à opium était de 296 720 hectares en 2013, le niveau le plus élevé depuis 1998.

La plus forte hausse a été observée en Afghanistan, où la superficie des cultures de pavot à opium a augmenté de 36%.  La production potentielle d’opium en 2013 est estimée à 6 883 tonnes, soit le même niveau qu’en 2008.

Le Pakistan, qui a lancé un appel appuyé en faveur de la réduction de la demande, a signalé qu’en 2013, son pays avait saisi 105 000 kilos de haschisch, soit 80% de plus que l’année précédente, tandis que les saisies d’héroïne ont augmenté de 186% pour atteindre 4 800 kilos.  Il a averti que les pays qui cherchaient à légaliser les stupéfiants risquaient de provoquer une hausse de la demande sur le marché international.

Le Sénégal a relevé pour sa part que, selon l’ONUDC, 50 tonnes de cocaïne transitaient chaque année par l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe où la revente atteint une valeur de 2 milliards de dollars, ce qui constitue une « manne » pour les organisations criminelles qui financent des activités terroristes en Afrique de l’Ouest et au Sahel.

Selon le dernier rapport mondial sur les drogues, 183 000 personnes ont succombé à l’abus de drogue en 2012, soit environ 500 morts par jour, ou un mort toutes les trois minutes. 

« Chaque année, seul un toxicomane sur 6 a accès à des traitements sur la dépendance », a déploré M. Fedotov.  L’accent mis sur le respect des lois ne doit pas forcément criminaliser les consommateurs mais s’attaquer aux vrais criminels, aux barons de la drogue, a-t-il affirmé, en préconisant une démarché axée sur la santé, et d’accorder la priorité à la promotion de moyens de subsistance différents et alternatifs.

Singapour, qui applique la peine capitale aux trafiquants de drogues, a catégoriquement rejeté l’argument de l’Union européenne pour qui ce délit ne constitue pas un des « crimes les plus graves », tels que définis dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.   

Illustrant la complexité d’une approche globale de la lutte contre le trafic des substances psychotropes, mise en relief par plusieurs intervenants, l’Inde a défendu la production et l’exportation licites de l’opium.  Ce pays a précisé qu’il s’agissait, pour lui, d’un ingrédient nécessaire à la fabrication de médicaments antidouleur.

Au sujet des cultures alternatives, la Malaisie, qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est félicitée du fait que les projets mis en œuvre par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) aient permis aux agriculteurs de plusieurs pays de l’ASEAN, du Myanmar notamment, d’augmenter leurs gains licites.

Certains intervenants ont également souhaité que le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui doit se tenir à Doha en avril 2015, débouche sur l’adoption de recommandations pour identifier et recouvrir les biens illicites, et répondre au problème de la cybercriminalité et autres activités criminelles émergentes relatives notamment à la propriété culturelle. 

Enfin, plusieurs délégations ont encouragé à revoir à la hausse le budget accordé à l’ONUDC. 

La Troisième Commission achèvera son débat général sur ce sujet demain à partir de 10 heures.

--    PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE (A/69/86, A/69/88, A/69/89, A/69/92 et A/69/94)

--    CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES (A/69/111 et A/69/87-E/2014/80)

Déclarations liminaires

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a, lors de la présentation annoncé que deux grandes Réunions de haut niveau, le treizième Congrès sur la prévention du crime et justice pénale, en avril 2015, et la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème international de la drogue, prévue pour septembre 2016, s’attaqueront aux défis de la criminalité transnationale organisée, des drogues illicites et de la corruption.  D’autre part, les discussions actuelles autour du programme de développement pour l’après-2015 ont mis en exergue la corrélation entre la sécurité, la justice et l’état de droit ainsi que l’édification d’un monde meilleur et plus équitable.

M. Fedotov s’est dit fermement convaincu que ces événements charnières représentent des occasions cruciales et nécessaires pour faire progresser la coopération mondiale dans ces domaines de manière significative et coordonnée.

L’ONUDC est tout à fait disposé à continuer son appui technique aux États Membres dans cet esprit, mais a besoin de flux de ressources prévisibles et stables.  Il a cependant noté un accroissement des contributions volontaires, bien que souvent réservées à des activités spécifiques, et a appelé à la révision des activités stratégiques et de la cohérence opérationnelle de l’ONUDC, ainsi que l’efficacité et la transparence dans la prestation de services.

Les objectifs du développement durable proposés par le Groupe de travail ouvert sur le programme de développement pour l’après-2015 incluent un objectif sur la promotion de sociétés pacifiques et inclusives, qui donne à tous l’accès à la justice et édifie des institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux.  Parmi les objectifs clefs: mettre fin au trafic et à toutes formes de violence à l’encontre des enfants, réduire les flux financiers et d’armes illégales, renforcer le recouvrement et la restitution de biens volés.   

À l’approche de la session extraordinaire sur la drogue, il a fait remarquer que les consultations allaient bon train à l’échelle mondiale, avec l’organisation de nombreuses manifestations dans toutes les régions, consultations qu’il a mises au crédit de la Commission des stupéfiants, chargée par l’Assemblée générale de mener un processus préparatoire inclusif. 

L’ONUDC appelle à un rééquilibrage de l’approche concernant les drogues, notamment en privilégiant les questions relatives à la santé, en insistant sur le respect des dispositions des instruments internationaux à cet égard, en particulier celle relative à la drogue.  Il a encouragé à jeter des ponts entre différents domaines pour faire face au problème complexe de la toxicomanie et, à cet égard, l’ONUDC œuvre chaque fois plus étroitement avec les organisations de la société civile.  En 2013, l’Office a d’ailleurs travaillé avec 382 organisations non gouvernementales dans le monde pour répondre aux besoins complexes en matière de santé et d’assistance sociale.

Chaque année, seul un toxicomane sur six a accès à des traitements sur la dépendance, a déploré le Directeur exécutif de l’ONUDC.  L’accent mis sur le respect des lois ne doit pas forcément criminaliser les consommateurs mais s’attaquer aux vrais criminels, aux barons de la drogue, a-t-il affirmé.  La promotion de moyens de subsistance différents et alternatifs doit aussi constituer une priorité.

Il faut s’efforcer de faire face à tous les aspects de l’offre et de la demande et examiner de plus près les défis dans les pays et les régions qui n’en n’ont pas les moyens de faire face aux méfaits de l’utilisation des drogues sur la santé.

M. Fedotov a proposé que les approches de lutte soient capables de s’attaquer aux défis, y compris la violence criminelle en Amérique centrale, et le lien entre la drogue, la criminalité et le terrorisme, qui déstabilisent des régions comme l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.  Les stratégies doivent en particulier répondre aux niveaux record de la culture de l’opium et de la production de l’héroïne en l’Afghanistan, ce qui sape le développement du pays et a des répercussions sur la région toute entière et au-delà. 

Par ailleurs, les solutions doivent tenir compte des connexions avec la corruption, et s’inscrire dans le contexte des interventions en matière de développement. 

M. Fedotov a aussi annoncé la parution, dans un mois, du deuxième rapport sur la traite des personnes, dans le cadre du Plan mondial d’action de lutte contre la traite des personnes.

Il a indiqué par ailleurs que lors de l’examen de la Réunion de haut niveau de la Déclaration politique des Nations Unies et du Plan d’action sur le problème de la drogue, tenue en 2014, plus de 1 300 participants issus de 129 pays, ainsi que des organisations internationales et onusiennes, de la communauté scientifique, de la société civile et des médias avaient participé aux différentes sessions et activités en marge de la Réunion de haut niveau. 

M. KHALED SHAMAA (Égypte), intervenant en sa capacité de Président de la cinquante-septième session de la Commission des stupéfiants, a présenté le rapport des travaux de cette session (A/69/87-E/2014/80).  Il a indiqué que les États Membres avaient adopté, à l’issue du segment de haut niveau de cette session, une Déclaration ministérielle conjointe qui énonce notamment les priorités à mettre en œuvre pour réduire l’offre et la demande et renforcer la coopération judiciaire internationale.

Au cours de sa cinquante-septième session, la Commission a également adopté la résolution 57/7 qui porte sur la session spéciale sur le problème mondial de la drogue que l’Assemblée générale a décidé de convoquer en 2016, et dans laquelle figure une série de recommandations pour la préparation et le déroulement de cet évènement.

M. Shamaa a affirmé que le Conseil économique et social (ECOSOC) avait approuvé ces recommandations.  Il  a aussi précisé qu’en vertu de cette résolution, la Commission des stupéfiants serait appelée à diriger le processus en répondant à toutes les questions organisationnelles et substantives « d’une manière non limitée ».

Dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 57/5, a-t-il poursuivi, la Commission des stupéfiants a créé le site Internet ungass2016.org pour faciliter un dialogue inclusif et servir de source d’information pour les États Membres.  La Commission organisera également un segment spécial consacré aux préparatifs de la session spéciale lors de sa reprise de session le 3 décembre 2014.

Il a indiqué que de nombreuses voix s’étaient dites favorables à l’adoption d’une approche pratique en ce qui concerne la mise en œuvre des politiques existantes, le partage des preuves et de l’expertise et la « prise en compte des réalités actuelles ».  M. Shamaa a fait savoir qu’il avait été proposé de porter autant d’attention aux aspects sanitaires qu’aux aspects pénaux de la question, et de faire par ailleurs le lien entre le problème de la drogue, le développement et les droits de l’homme.

Il a aussi précisé qu’il avait été suggéré de tenir dans le cadre de cette session spéciale de l’Assemblée générale, un débat général et plusieurs débats interactifs et d’accorder une attention spéciale à la participation des délégués de la jeunesse.

Débat général

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est félicité des informations riches contenues dans les rapports.En revanche, il a fait remarquer que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime(ONUDC) s’était vu confier beaucoup de tâches mais que le niveau de ses ressources était insatisfaisant.  Il a souligné que la CARICOM avait requis des ressources adéquates, prévisibles et stables, y compris une augmentation de celles provenant du budget ordinaire, qui demeurent essentielles.  M. Rattray a vivement exhorté les États Membres et d’autres organisations à continuer de fournir des contributions volontaires, non réservées. 

Au niveau régional, il a rappelé l’adoption, l’année dernière en Haïti, de la Stratégie de la CARICOM sur le crime et la sécurité, précisant que la région risquait d’être sous l’influence de la criminalité transnationale organisée.Le trafic de stupéfiants, le commerce illégal des armes, le blanchiment d’argent, la corruption, la traite humaine et les fraudes en ligne ne sont que certaines des ramifications d’opérations de gangs et d’organisations qui s’élèvent à des milliards de dollars.Dans certains cas, les avoirs de ces organisations dépassent de loin ceux de certains pays, a-t-il dit, ajoutant que les ressources consacrées par les pays de la région à lutter contre ce fléau auraient pu servir à d’autres priorités, notamment la réalisation des objectifs de développement.

Pour cette raison, la CARICOM a lancé un partenariat avec l’ONUDC en vue de l’exécution du Programme régional de l’ONUDC (2014-2016), d’appui à la Stratégie de la CARICOM sur le crime et la sécurité.

M. Rattray a salué, d’autre part, le Traité « historique » sur le commerce des armes qui entrera en vigueur le 25 décembre prochain, en particulier compte tenu du fait que les États de la CARICOM sont des pays de transit du trafic des armes légères et de petit calibre.

Il a pris note du travail de la Commission des stupéfiants chargée des préparatifs de la session extraordinaire sur le problème international des drogues, que tiendra l’Assemblée générale en 2016, et a recommandé un processus inclusif de tous les États Membres, « pas uniquement ceux qui ont une présence à Vienne ».Il a aussi appuyé la proposition de fournir une assistance aux pays les moins avancés dans le processus préparatoire, jugeant que les pays de la CARICOM pourraient en bénéficier. 

Mme CHARLOTTE OMOY MALENGA (République démocratique du Congo), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a noté les « graves difficultés » de la région en termes de prévention de la criminalité.La pauvreté, le chômage, des systèmes judiciares défaillants et des taux élevés de contamination par le VIH/sida, outre les inégalités de développement, sont à la racine de ces problèmes, a fait valoir Mme Malenga.

Les pays de la région (Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Seychelles, Afrique du Sud, Swaziland, République-Unie de Tanzanie, Zimbabwe, Zambie et RDC) s’inquiètent également du fait que les criminels profitent des avancées obtenues dans l’ouverture des frontières.

Faute de plateforme d’échange d’informations entre les autorités de la région, elles ont en outre des difficultés pour mettre sur pied des mesures de lutte et de prévention de la criminalité, en dépit de divers protocoles de coopération sur les extraditions, la lutte contre la corruption, etc.

Mme Malenga a conclu en estimant que la lutte contre la criminalité était un « pilier central » du programme de développement, et en assurant que la SADC s’engageait à renforcer son investissement dans ce domaine.

M. DATUK HUSSEIN HANIFF (Malaisie), intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné que la coopération entre les États Membres était essentielle pour traduire les délinquants en justice et détruire leurs abris.  Il a indiqué que l’ASEAN convoquait une réunion ministérielle pour superviser la mise en œuvre des activités de lutte contre la criminalité transnationale et examiner de nouveaux projets.

 En juin de cette année, un plan d’action a été notamment adopté pour lutter contre le terrorisme, la traite des êtres humains et le trafic criminel.  Des progrès ont par ailleurs été réalisés en ce qui concerne la rédaction d’une convention de l’ASEAN contre la criminalité transnationale organisée.  Il s’est félicité de la coopération croissante entre l’ASEAN et le Japon, notamment de la tenue de dialogues pour identifier les moyens visant à combattre la cybercriminalité et le terrorisme.

Le représentant s’est inquiété de l’augmentation des activités terroristes dans le monde et a appelé les États Membres à renforcer leur riposte.  Il a fait savoir qu’une convention régionale de lutte contre le terrorisme avait été mise sur pied par l’ASEAN pour garantir la sécurité de la région.  Il a ajouté que les États de l’ASEAN s’étaient fixés pour objectif de débarrasser la région de drogues d’ici à 2015.

Le représentant s’est ensuite félicité du fait que les projets mis en œuvre par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avaient permis aux agriculteurs de plusieurs pays de l’ASEAN, du Myanmar notamment, d’augmenter leurs gains licites.

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) au nom de la Communauté d’États indépendants (CEI), a souligné la tendance au renforcement de l’influence des groupes de criminalité transnationale organisée.  Il s’est ému des nouvelles activités des groupes terroristes qui écoulent les armes et les drogues.

Il est impossible de lutter contre ce phénomène, et contre la corruption, sans efforts multilatéraux concertés, a-t-il dit.  Il a souligné, à cet égard, l’importance de la coopération entre la CEI et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  En 2014, sur l’initiative du Bélarus, des manifestations ont été organisées dans plusieurs capitales, à l’occasion de la journée contre la traite des personnes.  Il a fermement appuyé le rôle essentiel de l’ONUDC, surtout en matière d’assistance dans la lutte contre les différentes formes de criminalité. 

M. THOMAS MAYR-HARTING (Union européenne) a estimé que la criminalité transnationale devait être combattue de manière holistique et intégrée au niveau national, régional et international.  Il a estimé que ce phénomène ne pouvait être combattu que grâce à un système judiciaire efficace et à la coopération des États en matière de respect de l’ordre.  Il a appuyé la proposition de créer un mécanisme d’examen de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, soulignant que celui-ci devrait privilégier l’échange de meilleures pratiques et identifier les besoins en assistance technique.

M. Mayr-Harting a expliqué que l’Union européenne avait mis sur pied une stratégie destinée à renforcer la coopération au sein de l’Union et avec des pays tiers pour les trois prochaines années.  L’accent sera notamment porté sur la lutte contre le trafic de drogues et d’armes, la migration irrégulière, la criminalité cybernétique et les produits de contrefaçon ayant le potentiel d’être nuisibles à la santé et la sécurité.

Il a annoncé que l’Union européenne avait ratifié le Protocole relatif aux armes à feu de la Convention en mars 2014 et adopté une stratégie pour renforcer le commerce licite et réduire les diversions vers des entités criminelles.  Un plan d’action opérationnel pour la période 2014-2017 permettra notamment de lancer des opérations policières pour démanteler les sources et voies d’approvisionnement illicites en armes à feu.

Le délégué a également abordé le problème de la corruption et a estimé que la création d’un mécanisme d’examen de la Convention des Nations Unies contre la corruption pourrait être utile.  Il a aussi engagé l’Assemblée générale à adopter, au cours de cette session, une résolution sur le commerce illicite des espèces sauvages, faisant notamment observer que ce secteur est extrêmement profitable pour les réseaux criminels et a un grave impact sur le développement durable, la biodiversité et la stabilité régionale.

M. Mayr-Harting a affirmé que le problème de la drogue préoccupait la majorité des citoyens de l’Union européenne.  Une Stratégie contre la drogue de l’Union européenne a été adoptée pour la période 2013-2020.  Le délégué s’est toutefois inquiété du fait que certains États continuaient d’imposer la peine de mort pour des crimes liés à la drogue, alors, a-t-il ajouté, que ces crimes ne tombent pas dans la catégorie des crimes les plus graves.

Après avoir salué la tenue prochaine de la session spéciale de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue, M. Mayr-Harting a souligné que la question des alternatives à l’incarcération en constituait un des principaux sujets.  Il a ensuite parlé de la Stratégie 2012-2016 de l’Union européenne pour éliminer la traite des êtres humains, laquelle met l’accent sur le respect de la victime et de ses droits.

Le délégué s’est aussi préoccupé de l’impact continu de la piraterie sur la sécurité, notant que le phénomène prend de l’ampleur en Afrique de l’Ouest.  L’Union européenne aide sept pays africains à renforcer la sécurité des voies maritimes dans le Golfe de Guinée et s’est par ailleurs dotée de sa propre stratégie de sécurité maritime.

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a réaffirmé l’attachement de son pays aux initiatives de l’ONU contre la criminalité et pour la justice pénale.  « Nous savons d’expérience quel fléau représente le crime organisé, et qu’il peut être vaincu », a déclaré M. Cardi.

Il a ajouté qu’une nouvelle fois l’Italie parrainerait dans les jours qui viennent la résolution de l’Assemblée générale sur le renforcement de la lutte contre le crime et de la justice pénale, avec trois objectifs principaux: consensus sur la lutte contre le crime transnational, mise en œuvre de tous les instruments des Nations Unies liés à cette action, et confirmation du soutien des États Membres aux activités d’assistance technique de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

M. WILLIAM BROWNFIELD (États-Unis) a déclaré que la question de la drogue faisait partie des questions complexes aux ramifications multiples.  Il a souligné que les traités internationaux sur cette question étaient des instruments souples, capables de faire face aux questions émergentes.

Le mois dernier, l’Organisation des États américains (OEA) a adopté une résolution sur les politiques en matière de drogues, reflet d’un consensus dans le continent sur trois domaines: une approche axée sur la santé, une politique de justice permettant l’équité et la lutte contre l’impunité.

La session extraordinaire de 2016 sur la drogue représente une occasion idéale de consultation et d’adoption du plan mondial sur le contrôle des drogues, sans amendement, a souligné le délégué, qui a ensuite salué le partenariat de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime(ONUDC) sur la mise en œuvre des projets en matière de lutte contre la corruption et sa collaboration accrue avec les organisations de la société civile.  La coopération internationale aide à tirer des enseignements des expériences des différents pays, a-t-il conclu.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a réclamé le renforcement et l’application de tout un éventail de conventions relatives à la criminalité transnationale organisée.  Il s’est particulièrement inquiété du problème de trafic illégal d’organes.  Il a aussi jugé nécessaire de revoir à la hausse le budget accordé à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Le représentant a ensuite insisté sur l’importance de renforcer le cadre juridique international et d’élaborer une convention sur l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) dans le cadre d’activités criminelles.  Des nouvelles mesures sont aussi nécessaires pour combattre le commerce illicite d’espèces sauvages.  Le représentant a ensuite souligné que la coopération entre les États, la société civile et les médias de masse était essentielle à la lutte contre la criminalité transnationale organisée. 

Le délégué russe a poursuivi son intervention en se félicitant de la tenue prochaine de la session spéciale de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue.  Il a estimé que les « méthodes controversées de lutte contre la drogue » ne doivent pas devenir une norme internationale.  Il faut suivre des méthodes scientifiques démontrées pour soigner la toxicomanie, a affirmé le représentant qui s’est opposé à la légalisation des drogues.

Il a ensuite salué le travail de l’ONUDC en Afghanistan et a évoqué l’adoption récente, par le Conseil de sécurité, d’une résolution inédite sur le problème de la drogue dans ce pays.  Le délégué a par ailleurs appelé la communauté internationale à réagir de manière urgente au commerce de drogues synthétiques.

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a déclaré qu’indépendamment de leur niveau économique, de la superficie ou du nombre d’habitants, tous les pays, sans exception, sont vulnérables aux différents délits, y compris leurs formes émergentes et la prévention de la criminalité continue de représenter une des tâches indispensables dans la conjoncture mondiale actuelle. 

Le terrorisme, le trafic des stupéfiants, la traite des personnes, le blanchiment d’argent et la contrebande d’armes exigent une coopération internationale fondée sur le plein respect de la souveraineté, conformément aux législations nationales et à l’intégrité territoriale des États. 

Mettant un bémol, le représentant a affirmé que la lutte contre ces délits « passe d’abord par la lutte contre le sous-développement et par la mise en place d’un nouvel ordre économique mondial plus juste, démocratique et équitable ».  Il a rejeté toutes tentatives d’exagérer les dimensions de ces phénomènes sous prétexte qu’ils affectent la stabilité et la paix internationales alors qu’en réalité, ils servent des visées nationales spécifiques.

Multidimensionnel, le problème de la drogue exige des politiques de contrôle des drogues axées sur le bien-être de la personne et sur une perspective de prévention de la violence et du délit.  La consommation des drogues pose en outre un problème de santé publique qui requiert des efforts soutenus de prévention, traitement, réhabilitation et réinsertion sociale.

Cuba a réitéré son engagement pris, en janvier 2014 à la Havane, lors du deuxième Sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), de coopérer pleinement avec la région et la communauté internationale dans la lutte contre le problème international de la drogue.

M. MAYANK JOSHI (Inde) a expliqué que son gouvernement avait récemment adopté une politique nationale de lutte contre les stupéfiants et les substances psychotropes.  Un système de suivi en ligne des substances psychotropes a également permis de renforcer les systèmes de contrôle du pays.

M. Joshi a ensuite souligné que l’Inde continuait de produire et d’exporter de l’opium de manière licite, précisant qu’il s’agissait d’un ingrédient nécessaire à la fabrication de médicaments antidouleur.  Il a expliqué qu’en raison d’une augmentation de la demande pour ces médicaments, son gouvernement avait récemment retiré les « barrières  réglementaires » qui entravaient leur disponibilité.  Il a souligné que cela était conforme au principe d’équité qui figure dans les conventions de contrôle des stupéfiants de l’ONU.

M. Joshi a ensuite indiqué que le terrorisme demeurait une grave menace pour l’Inde et que son gouvernement cherche à renforcer la coopération pour combattre le financement du terrorisme et la contrefaçon monétaire.  Il a estimé que l’ONU devait exhorter les États Membres à adopter une tolérance zéro à l’égard du terrorisme.  Le représentant a également constaté que la cybercriminalité représente un défi d’envergure croissant qui nécessite une plus importante coopération au niveau international.  Il a ensuite indiqué que l’Inde avait récemment renforcé sa la loi sur la prévention du blanchiment d’argent.

M. NAOTO HISAJIMA (Japon) a expliqué que son gouvernement accordait une attention particulière à la lutte contre la traite des personnes et appuie plusieurs projets en Asie du Sud-Est.  Le Plan d’action pour combattre la traite des personnes est une nouvelle fois en cours de révision. 

Le représentant s’est ensuite inquiété de l’augmentation de la production et du commerce de méthamphétamines et de nouvelles substances psychoactives, en Afrique de l’Ouest notamment, et a appelé au renforcement de la coopération internationale pour faire face au phénomène.  Il a ensuite annoncé la candidature du Japon à la Commission des stupéfiants.

M. Hisajima a jugé nécessaire de renforcer les capacités de chaque  État Membre pour les aider à faire face au problème de la cybercriminalité et a parlé de la tenue, au mois de mai à Singapour, du premier dialogue entre le Japon et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la cybercriminalité.

Mme NADIA KALB (Autriche) a insisté sur la nécessité de lancer un processus préparatoire inclusif en prévision de la tenue de la session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au problème mondial de la drogue.  Elle a estimé que davantage d’efforts sont nécessaires pour mettre en œuvre la Déclaration politique et le Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.

Elle a formé l’espoir que la session spéciale de l’Assemblée générale permettra de créer l’élan politique nécessaire à l’approche de la date butoir de 2019.  Cette session spéciale, a-t-elle ajouté, doit être un évènement historique qui permette de répondre au problème de la drogue sur la base de la responsabilité commune et partagée.

M. JAKRIT RUANGKAJORN (Thaïlande) a salué le thème choisi pour le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, prévu en avril au Qatar, qui inscrit cette action dans le cadre des progrès économiques et sociaux.

La délégation a souligné les contributions de son pays sur deux aspects spécifiques.  Elle a ainsi cité le lien entre la prévention du crime et les droits de l’enfant, qui fera l’objet, le 21 novembre, d’une discussion d’experts de haut niveau, à l’initiative de la Thaïlande et de l’Autriche, afin d’étudier les suites données aux mesures présentées PAR ces deux pays. 

D’autre part, concernant la criminalité liée au genre, la Thaïlande travaille avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à la préparation du Groupe d’experts intergouvernementaux qui discutera des moyens de prévenir, enquêter, poursuivre et sanctionner les meurtres de femmes et de filles.  Ce Groupe doit se réunir le mois prochain en Thaïlande.

Mme MONIA ALSALEH (République arabe syrienne) a déclaré que son pays avait toujours veillé à adhérer aux instruments internationaux contre la traite des personnes et avait adopté une loi qui oblige à prendre des mesures pénalisant ce délit.  La Syrie était l’un des pays les plus sûrs de la région et ne connaissait pas ce phénomène grave, qui a été amené par des groupes terroristes armés infiltrés et soutenus par d’autres pays.  Ils se sont arrogés tous les droits et ont procédé systématiquement à la destruction des bâtiments, de cultes, de sites culturels et institutionnels.

Elle a lancé un appel solennel à la prévention et à l’interdiction de la circulation des terroristes aux frontières et à faire cesser leurs activités.

D’un autre côté, l’utilisation des mercenaires et des djihadistes a créé des problèmes jamais vus jusqu’à présent, notamment l’émergence de mafias de la traite des organes humains, qui se font passer pour des organisations humanitaires venues porter secours aux réfugiés. 

Ce trafic ignoble se déroule au vu et au su des autorités des pays voisins concernés.  La représentante syrienne a noté que des rapports du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme faisaient état d’une exploitation éhontée et sans scrupules des femmes et des filles syriennes réfugiées dans des camps de pays voisins.  Elle a exhorté ces pays à faire cesser ces exactions.

Elle a prié l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) de s’engager d’une manière plus transparente à enquêter sur les agissements des mercenaires et des mobiles de leurs crimes.

M. LIANG HENG (Chine) a formé l’espoir que la session spéciale de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue puisse être l’occasion pour les États Membres de renforcer le consensus et la coopération nécessaire pour répondre à ce défi.  Il a également souhaité que le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui doit se tenir au Qatar en 2015, débouche sur l’adoption de recommandations pour identifier et recouvrir les biens illicites, et répondre au problème de la cybercriminalité et d’autres activités criminelles émergentes relatives notamment à la propriété culturelle. 

Il s’est, par ailleurs, félicité du bon fonctionnement du Mécanisme d’examen de la mise en œuvre de la Convention contre la corruption et appelé les États Membres à en respecter les principes.

M. Heng a ensuite indiqué que l’année 2014 était une année importante pour son pays en ce qui concerne le contrôle des stupéfiants. Les activités d’interdiction des drogues ont été renforcées dans le but d’établir un plan d’action en vue de combattre le fléau.  Parmi les objectifs, il a notamment évoqué le renforcement, d’ici à 2020, de la sensibilisation du public au sujet des activités de contrôle des stupéfiants, de l’adoption d’un système scientifiquement démontré pour appuyer la réhabilitation, et du renforcement de la lutte contre le commerce transfrontalier de drogues et la fabrication de stupéfiants à domicile.

Des efforts notables ont également été déployés pour combattre la corruption et améliorer la gouvernance, a enchaîné le représentant.  Les coupables ont été pénalisés et le 20 octobre, a-t-il ajouté, la quatrième Session du Comité central du dix-huitième Congrès du Parti communiste chinois accordera une attention particulière au respect de l’état de droit.

En outre, la réunion des signataires du Mémorandum d’accord du Mékong sur le contrôle des stupéfiants, qui s’est tenue au mois de mai à Beijing, a permis de renforcer la coopération dans la sous-région.  Le représentant a également indiqué qu’une opération conjointe menée pendant six mois par la Chine et 20 autres pays avait permis de fermer quatre sites Internet de pornographie infantile et d’appréhender 250 suspects.

M. Heng a aussi annoncé l’adoption, au mois de septembre, à l’issue de la quatrième Réunion internationale des experts sur le retour de la propriété culturelle, de la Déclaration de Dunhuang sur la protection et le rapatriement des biens culturels exportés de manière illicite.

Mme CLARISA SOLÓRZANO (Nicaragua) a assuré que le Gouvernement de son pays avait mis sur pied des politiques de sécurité pour contrecarrer la criminalité organisée, faisant du Nicaragua l’un des pays les plus sûrs d’Amérique latine, grâce à des efforts de coordination avec les forces de l’ordre, l’armée, la société civile et les organismes publics.  Le modèle préventif s’est avéré être l’un des meilleurs de la région en matière de sécurité des citoyens.  Le taux d’homicide est le deuxième plus bas de l’Amérique latine. 

L’Assemblée nationale examine à présent un projet de loi sur la traite humaine et des fonds sont débloqués pour le service aux victimes.  S’agissant de la lutte contre la drogue, la prévention se fait en collaboration avec les étudiants et des milliers de jeunes sont mobilisés dans les établissements scolaires, ce qui fait une véritable différence avec la situation dans d’autres pays.

La stratégie de « contention » permet de faire barrage à la circulation de milliers de tonnes de drogues dans la région de l’Amérique centrale.  Cette réussite est le résultat d’un travail de coopération étroite entre la police, l’armée, les douanes et la police des frontières, ce qui est crucial compte tenu de la situation géographique du Nicaragua qui l’expose à être un pays de transit des drogues.  

M. BRYAN YIP (Singapour) a indiqué que selon le rapport mondial sur les drogues, 183 000 personnes ont succombé à l’abus de drogues en 2012, soit environ 500 morts par jour, ou un mort toutes les trois minutes.  Il a expliqué que les toxicomanes n’étaient pas les seuls à souffrir de leur dépendance qui provoque également des difficultés financières et met à mal les liens familiaux des toxicomanes, a-t-il déploré.  Ceux-ci vont même jusqu’à malmener les membres de leurs familles qui refusent de leur donner de l’argent pour acheter des stupéfiants.

Il s’est opposé à la déclaration d’une délégation qui a affirmé que les crimes liés à la drogue n’étaient pas répertoriés dans la catégorie des crimes les plus graves et qui s’est inquiétée de l’application de la peine de mort pour de tels crimes.  M. Yip a affirmé que cette position ne reposait sur aucun fondement du droit international. 

Il a souligné que le trafic de drogues volait aux victimes leur vie, leur liberté et leur sécurité, détruisait les familles et la société dans leur ensemble.  Pour le représentant de Singapour, l’application de la peine de mort est une question de justice pénale qui relève de la compétence des États concernés.

Le représentant a par ailleurs affirmé qu’il était simpliste de penser que la décriminalisation de la drogue permettrait de faire baisser les taux de criminalité, de démanteler les réseaux criminels et d’améliorer la qualité de vie des toxicomanes.  Les drogues illicites sont nuisibles et leurs effets néfastes sur la société ne sauraient être tolérés, a-t-il dit.  M. Yip a indiqué qu’en 2013 le taux de criminalité à Singapour avait atteint son niveau le plus bas en 30 ans, un résultat rendu possible, selon lui, grâce à l’appui de la population à la politique de tolérance zéro sévère qui est appliquée dans son pays.

M. Yip a expliqué que cette politique reposait avant tout sur l’éducation et la prévention et un système de réhabilitation efficace, ainsi qu’en autorisant les forces de l’ordre à saisir de nouvelles drogues illicites, notamment les substances psychoactives.  En 2013, a-t-il notamment indiqué, Singapour a saisi 72 kilos d’héroïne, ce qui représente une augmentation de 150% par rapport à il y a cinq ans.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a espéré que le treizième Congrès sur la prévention du crime et justice pénale, qui aura lieu à Doha en avril 2015, reconnaîtra pleinement la corrélation entre ces questions, les politiques de justice pénale, l’état de droit et le développement durable.

L’état de droit, a-t-il dit, se traduit par « état des droits », et est un outil dont l’État se sert pour promouvoir et protéger les droits de tous les citoyens et leur accès, sur un pied d’égalité, à la justice.  Il a rappelé à cet égard les conclusions du processus préparatoire de la région d’Amérique latine et des Caraïbes issues de la réunion de San José de février 2014. 

Le représentant a rejeté l’approche erronée dans le débat sur la criminalité transnationale organisée qui consiste à considérer la violence et la criminalité comme issues du sous-développement et laisse entendre que l’instabilité émane des régions les plus pauvres du monde.  Il conviendrait, au contraire, d’analyser les causes profondes du sous-développement.

Le treizième Congrès des Nations Unies sur la prévention du crime et la justice pénale devrait clairement s’attacher à cette question, a-t-il estimé.

Le représentant a ensuite attiré l’attention sur la nécessité d’une réglementation des technologies de l’information et des communications ainsi que du renforcement légal de l’Internet, notamment dans la sphère privée.  Il a insisté pour que le droit à la vie privée soit pleinement respecté dans l’ère numérique.

L’examen de haut niveau sur la Déclaration et le Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue a révélé qu’aucune solution ne sera possible sans la participation active des pays consommateurs de drogue.

Il a inscrit la question de la drogue dans le contexte des politiques publiques de santé et a considéré qu’il ne fallait pas pénaliser les usagers par des peines de prison.  Il a encouragé à adopter une démarche globale sur l’offre et la demande et à renforcer les stratégies de prévention et de soins aux niveaux national et international.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a affirmé que le centre de production illicite d’opium le plus important au monde se trouvait en Afghanistan, pays frontalier du sien.  Au fil des ans, l’Iran a construit un des plus fermes systèmes de riposte de la région, qui a permis, en 2014, 74% des saisies d’opium dans le monde.  L’Iran dépense des millions de dollars dans le domaine du contrôle des frontières, et au cours des trois dernières décennies, 3 700 membres de ses forces de l’ordre ont été tués et 12 000 autres blessés au cours d’opérations de lutte contre les stupéfiants.

M. Dehghani a aussi souligné que l’utilisation croissante de voies maritimes pour acheminer des drogues et des produits chimiques illicites vers et depuis sa région représentait un défi croissant.  Pour y faire face, a-t-il dit, des équipements plus sophistiqués sont nécessaires.  Il a ajouté que l’Iran avait réussi à saisir 7,5 tonnes de drogue qui transitaient par des voies maritimes grâce au partage d’information avec ses voisins.

En matière de réduction de la demande, le représentant a expliqué que 80% des services et soins sont fournis par des organisations non gouvernementales.  Il a aussi affirmé que l’échec à honorer le principe de responsabilité partagé pour contenir le problème de la drogue à son origine était la cause de l’augmentation des cultures et de la production de drogue au cours de l’année écoulée.

Il a appelé la communauté internationale à appuyer des projets de moyens de subsistance alternatifs en Afghanistan.  Il a dénoncé le fait qu’à ce jour, aucune mesure n’ait été prise pour fournir une assistance financière et technique aux pays concernés.  En outre, le partage d’informations laisse beaucoup à désirer, a dit le délégué iranien.

Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a déclaré que son pays était résolument engagé à lutter contre la criminalité organisée et avait mis en œuvre une stratégie de prévention, de sanctions et de réadaptation.  Elle a mis tous ses espoirs dans la session extraordinaire de 2016 de l’Assemblée générale consacrée au problème mondial de la drogue et appelé à un débat de fond qui soit inclusif, participatif et transparent entre les États Membres, l’ONU et la société civile. 

Il s’agit en particulier de faire en sorte que les stratégies de contrôle d’offre et de la demande soient en harmonie avec la situation réelle sur le terrain.  Le Mexique souhaite favoriser un débat constructif dans la perspective de la session extraordinaire, qui s’appuie sur les réalités de chaque pays.  Il importe de prendre en compte les résultats obtenus par les réunions régionales préparatoires, a-t-elle enfin souligné.

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné qu’une bonne gouvernance sécuritaire, un système judiciaire indépendant et des stratégies qui intègrent la répression et la prévention étaient nécessaires pour combattre le fléau de la drogue et du crime.  Il a indiqué que son gouvernement avait adopté une stratégie multidimensionnelle pour y faire face.  Plusieurs réformes législatives ont été adoptées, tandis que le code pénal a été amendé, de même que des lois relatives à la corruption et au blanchiment d’argent.

Le représentant a affirmé que la lutte contre la drogue reposait sur trois piliers fondamentaux, à savoir la diminution de la demande par l’intermédiaire de programmes de prévention, le partage plus fluide des informations pour éradiquer les cultures prohibées et les produits chimiques, et la création de programmes économiques et de cultures de substitution.  Il importe aussi d’accorder à ces dernières un accès privilégié aux marchés, a-t-il ajouté.

Le représentant s’est ensuite inquiété de l’essor des activités criminelles en Atlantique et a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour y faire face.  Le représentant a aussi averti que les activités criminelles organisées étaient un important facteur de déstabilisation dans le Sahel et a engagé la communauté internationale et l’ONU à ne pas négliger cette région.

M. RAJA R. ZAIB SHAH (Malaisie) a affirmé que les programmes de lutte contre la criminalité de son pays étaient constamment révisés afin de faire face aux évolutions.  Il a expliqué que son gouvernement mettait actuellement l’accent sur la traite et la cybercriminalité, entre autres.  Il a appelé les États Membres à renforcer leur coopération et le partage d’information, relevant que la coopération bilatérale s’avère particulièrement efficace.

Il a expliqué que la Malaisie avait récemment signé un mémorandum d’accord avec le Canada sur la sécurité afin de renforcer leur lutte contre la criminalité et le terrorisme, et qui accorde une attention particulière à la traite des personnes et à la criminalité maritime.

Le représentant a ensuite dénoncé les « actes irresponsables » des extrémistes qui agissent au nom d’une religion.  La Malaisie a adopté une directive spéciale pour gérer les crises terroristes et renforcer ses efforts antiterroristes. 

Passant au problème de la drogue, le représentant a réclamé des efforts concertés, notamment des arrangements bilatéraux et multilatéraux qui permettent de favoriser l’assistance technologique et la création de cultures de substitutions, entre autres.

Il a expliqué que la Malaisie était un pays de consommation et de transit.  Une politique nationale a été adoptée en 1996 et un plan stratégique antidopage a par ailleurs été mis en œuvre depuis 2011.  Un mémorandum d’accord a, de même, été signé avec le Singapour pour combattre le commerce de substances psychotropes.

M. MIGUEL CAMILO RUÍZ BLANCO (Colombie) a affirmé que l’un des combustibles des conflits dans le monde était le problème mondial des drogues, ce qui a poussé la Colombie à promouvoir un débat sérieux, technique et objectif sur les approches et les résultats de la « Guerre contre les drogues ».

Il a appelé de ses vœux une « discussion ouverte, participative, transparentes et dénuée d’idéologisme » pour dûment analyser les différents scénarii dans la lutte contre le problème mondial de la drogue.  Il a appelé à une ouverture d’esprit pour rechercher et mettre en œuvre des politiques novatrices en la matière et cité, à cet égard, les résultats de la récente Assemblée générale extraordinaire de l’Organisation des États américains (OEA) qui s’est déroulée au Guatemala, dont le document final a démontré le consensus de l’hémisphère en vue de la formulation et du suivi de politiques intégrales face à ce fléau.

Il a aussi indiqué que la Déclaration ministérielle issue de l’examen de haut niveau de l’application de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale face au problème mondial de la drogue avait donné un élan remarquable au processus préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur cette problématique. 

M. KAMEL CHIR (Algérie) a déclaré que la criminalité transnationale organisée était chaque fois plus complexe et exigeait une approche intégrée à tous les niveaux, national, régional et international, en prenant en compte les facteurs socioéconomiques sous-jacents.  Il a prôné l’autonomisation des personnes pour empêcher qu’elles ne sombrent dans la criminalité.

Il s’est félicité de la mobilisation des dirigeants africains pour faire face aux défis multiples de la criminalité, contraints d’affecter des ressources substantielles du budget du développement humain pour renforcer leur sécurité publique.  M. Chir a également salué les nombreuses mesures mises en œuvre par plusieurs États du continent dans le cadre du Plan africain de lutte contre la drogue et la prévention du crime.    

Il a réitéré l’engagement de l’Algérie à combattre toutes les formes de criminalité par le renforcement des cadres juridiques nationaux et l’engagement dans les mécanismes de coopération régionale et internationale, en particulier par le biais de l’échange d’information, l’assistance juridique mutuelle et l’extradition, conformément aux instruments nationaux et internationaux. 

Il a précisé que l’Office algérien de lutte contre la drogue jouait un rôle clef dans la mise en œuvre des politiques publiques, notamment dans les secteurs de l’information et de la prévention.  Un plan quinquennal stratégique (2011-2015) est en cours d’exécution.  Ce plan repose sur la prévention, le traitement et la répression, a-t-il dit.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a déclaré que la prévention du trafic des drogues devait viser, en premier lieu, à réduire l’offre et la demande, sur la base d’une stratégie internationale intégrée.  Il a appelé à la création d’un système de coopération à niveaux multiples avec les institutions des Nations Unies.

Le Tadjikistan a adopté une Stratégie 2013-2020 de lutte contre les stupéfiants.  La Commission d’exécution de mise en œuvre, placée directement sous la houlette du président du pays, coopère avec des organes similaires dans les pays voisins. 

Le Tadjikistan œuvre aussi à l’application des dispositions des différents Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et protocoles s'y rapportant, a-t-il conclu. 

M. DIA A. A. ABUBAKER (Libye) s’est inquiété de la consommation de stupéfiants dans le monde, y voyant une menace réelle pour l’humanité et la prospérité des femmes et des enfants.  Il a appelé la communauté internationale à aider les pays producteurs à se débarrasser de ces cultures.  

Le représentant a expliqué que la Libye était un pays de transit pour les drogues.  Des lois pénalisent les trafiquants de drogues qui, a-t-il affirmé, sont des armes de destruction massive.  La Libye s’est aussi dotée de programme de prévention et des programmes de sensibilisation sont également élaborés à l’intention des familles et des enfants.

Le représentant a ensuite de nouveau appelé l’ONU et la communauté internationale à aider les pays en développement à combattre le fléau de la drogue.

M. IBRAHIM FAISAL AL-DAI (Koweït) a appuyé les recommandations du Secrétaire général sur la prévention du crime et la justice, ainsi que le rôle de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  En 2006, le Koweït a adhéré à la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée, ainsi qu’à la Convention mondiale sur la corruption.  

Le représentant a exhorté à lutter sans merci contre la corruption,  ajoutant que son pays avait aussi établi une unité contre le blanchiment d’argent à la Banque du Koweït.  S’agissant de la session extraordinaire de 2016, il a proposé de mettre notamment l’accent sur les cultures alternatives et sur la garantie de moyens de subsistance dignes. 

Dans le cadre des efforts nationaux, il a mis l’accent sur l’existence d’un forum annuel de la société civile koweïtienne sur la lutte contre les stupéfiants, très populaire auprès de la jeunesse, et sur l’enregistrement d’une association de lutte contre la corruption.  Il a aussi indiqué que le taux de décès liés aux stupéfiants avait diminué et que le Koweït n’avait pas de cultures de drogues.

M. SAHEBZADA AHMED KHAN (Pakistan) a indiqué qu’en tant que pays de transit dans la plus importante région de culture du pavot au monde, le Pakistan subissait de plein fouet les effets destructifs et déstabilisateurs de l’abus et du trafic de drogue.  Il a expliqué qu’en 2013, les forces de lutte contre les stupéfiants de son pays avaient saisi 105 000 kilos de haschisch, soit 80% de plus que l’année précédente, tandis que les saisies d’héroïne ont augmenté de 186% pour atteindre 4 800 kilos.

M. Khan a fait savoir que la Pakistan avait maintenu son statut de pays non cultivateur de pavot en 2013, mais s´est inquiété du fait que cette culture avait augmenté de 30% dans la région.

Le représentant a affirmé que le problème de la drogue ne pourrait être résolu à moins de répondre à la question de la demande, arguant notamment que la tendance actuelle qui cherche à légaliser les stupéfiants dans certains pays risque de provoquer une hausse de la demande sur le marché international.

Le représentant a aussi souligné que la lutte contre la drogue et le crime nécessitait une stratégie internationale intégrée et a attaché beaucoup d’importance à la coopération du Pakistan avec les pays de la région et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

M. FODÉ SECK (Sénégal) a expliqué que compte tenu de sa position stratégique, l’Afrique de l’Ouest constituait une zone particulièrement exposée aux trafics illicites de toutes sortes qui, a-t-il affirmé, sont la principale source d’instabilité dans la sous-région.  Il a souligné que selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, 50 tonnes de cocaïne transitaient chaque année par l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe où la revente atteint une valeur de 2 milliards de dollars.

Il a souligné que cette « manne financière » dépassait parfois les budgets de la sécurité nationale de nombreux pays de la région, et que ces flux illicites permettaient également aux organisations criminelles de financier des activités terroristes en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel.  M. Seck s’est aussi alarmé du fait que la sous-région était devenue un important marché local de consommation avec environ 1,1 million de consommateurs de cocaïne.

Le représentant du Sénégal a invité l’ONUDC à accompagner les pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la mise en œuvre du Programme régional pour l’Afrique de l’Ouest 2010-2014.  Il a aussi estimé que les expériences entamées par l’ONUDC à travers l’Initiative de l’Afrique de l’Ouest » devraient être étendues à l’ensemble des pays de la sous-région afin d’éliminer les chaînes d’infiltration.

M. Seck a ensuite affirmé que sur le plan national, son gouvernement avait renforcé les moyens de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants et la Comité interministériel de lutte contre la drogue.  La législation a également été renforcée et le Sénégal organise par ailleurs des conférences régionales sur l’harmonisation des législations des États d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.

Le représentant a enfin salué la décision du Secrétaire général de créer une équipe spéciale sur la criminalité transnationale organisée et le trafic de drogue.

Mme FIRDOSA ABDULKADIR IBRAHIM (Éthiopie) a fermement appuyé le renforcement du programme de prévention du crime et justice pénale pour combattre la criminalité organisée sous toutes ses formes.  L’Éthiopie a pris des mesures en matière de justice pénale pour bâtir une société fondée sur la bonne gouvernance et le développement. 

La région de la Corne de l’Afrique est particulièrement touchée par la traite humaine et l’Éthiopie a mis en place un cadre national de prévention et de répression de la traite des femmes et des enfants, ainsi que le trafic irrégulier des migrants. 

S’agissant de la lutte contre la corruption, la déléguée a souligné que la Commission nationale contre la corruption traduisait les auteurs de cette pratique devant la justice, y compris de hauts fonctionnaires.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), « un pays qui a souffert des années de violences et de troubles sociaux dus au trafic de drogues et au terrorisme », a vanté les succès de la Stratégie nationale de lutte contre les drogues 2012-2016, qui a permis de réduire le trafic et la consommation de drogues tout en réintégrant les producteurs de cultures illégales dans l’économie légale.

« En 2013 le Pérou a réussi à éradiquer 17,5% des cultures illégales de coca, un chiffre qui selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime représente une rupture historique et fait de nous le premier pays andin où les taux d’éradication sont exponentiels », a noté M. Meza-Cuadra.

« Dans certaines régions comme la vallée du Monzon a été mis en place un plan de post éradication visant à aborder le problème du point de vue du développement alternatif, avec trois axes: l’inclusion sociale, l’investissement de l’État et la défense de l’environnement.  Nous avons enregistré des avancées importantes car c’est la première fois que nos cultures alternatives dépassent les cultures illicites », a encore souligné M. Meza-Cuadra.

Il a toutefois conclu sur un appel à l’action collective de tous les gouvernements contre la drogue, car « le problème mondial de la drogue, de la corruption et du blanchiment d’actifs dépasse la capacité d’action des États individuels ».

M. THANT SIN (Myanmar), a jugé « décourageant » que, selon le rapport du Secrétaire général, la culture illégale du pavot ait atteint en 2013 son plus haut niveau depuis 2008.  Appelant à des efforts « encore plus concertés » de la communauté internationale pour faire la guerre au trafic de drogue, il a noté que « de sérieux efforts de réduction de l’offre devaient s’accompagner d’efforts tout aussi sérieux dans les politiques de réduction de la demande ».

Au Myanmar, la stratégie d’éradication des drogues repose sur trois tactiques: la réduction de l’offre de drogue, la réduction de la demande et l’augmentation des moyens de police antidrogue.  Pour prendre le relais du Plan d’élimination des drogues sur 15 ans qui a pris fin cette année, un nouveau plan sur cinq ans a été élaboré, et le nombre d’unités antidrogue de la police est passé de 26 à 50.

Mais aujourd’hui les autorités du Myanmar s’inquiètent aussi de la menace que représentent les stimulants de type amphétamine, et collaborent avec les pays voisins pour stopper l’entrée sur le territoire de produits chimiques précurseurs et éradiquer la production de ces drogues.

Tout en rappelant la participation de son pays au programme de l’ASEAN pour éliminer les drogues de l’Asie du Sud-Est d’ici à 2015, et le protocole d’accord conclu avec six pays pour la création d’une Sous-Région du Grand Mékong libre de drogues, il a prévenu que ces objectifs restaient difficiles, vu l’aide financière externe limitée ou inexistante.

Mme LARYSA BELSKAYA (Bélarus) a expliqué qu’un représentant de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime avait commencé à travailler pour la première fois dans son pays cette année.  Elle a affirmé que la criminalité avait baissé de 5,3% et qu’un programme de lutte contre la corruption avait permis de mieux coordonner les activités des institutions de l’État qui lutte contre la traite des êtres humains et le trafic d’organes, entre autres.  La représentante a ensuite souligné que le Bélarus était partie depuis 2013 à la Convention du Conseil de l’Europe sur la traite des êtres humains.

La représentante a souhaité que la question du trafic d’organes figure dans le prochain rapport de l’ONUDC sur la traite des êtres humains.  Elle a ensuite annoncé que le Bélarus organiserait, le 30 octobre, une séance parallèle sur la traite des êtres humains et le trafic d’organes.

M. AHMED HASSAN MALALLAH AL HAMMADI (Qatar) s’est inquiété du fait qu’en dépit des efforts déployés, la lutte contre la drogue et le crime demeurait un défi de taille.  Il a insisté sur la nécessité de coopérer aux niveaux régional et international afin de consolider l’état de droit et le développement, entre autres.  Le représentant a ensuite souligné que le Qatar avait établi un système de coopération avec les pays de la région pour lutter contre le problème de la drogue.  Des mesures ont été adoptées aux niveaux législatif et exécutif et des institutions pertinentes ont été créées, a-t-il précisé.

S’agissant de la tenue, à Doha, en 2015 du treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, le représentant a souhaité que celle-ci soit notamment l’occasion de renforcer la coopération entre les États dans ces domaines.  À cette occasion, a-t-il ajouté, le Qatar présentera un modèle contemporain des expériences acquises au niveau national dans ces domaines.

Le représentant du Qatar a ensuite souligné que l’élimination de la pauvreté et de la faim, le développement et la création de conditions socioéconomiques équitables étaient autant de moyens de faire face au problème de la drogue et du crime.  Il a souhaité que la question de la justice pénale fût intégrée au programme de développement pour l’après-2015.

M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a appelé à opérer des changements importants dans la stratégie internationale « traditionnelle » de lutte contre le problème mondial de la drogue, laquelle, à l’évidence, n’a pas abouti aux résultats escomptés.  Il a déclaré que bien que non producteur, l’Équateur n’en restait pas moins un pays de transit qui subissait les conséquences du contexte régional et international. 

D’un autre côté, l’Équateur a abandonné le traitement purement répressif de la consommation de drogue et se concentre désormais sur l’individu et sur le respect des droits de l’homme.  La « politique prohibitionniste, favorisée par des intérêts hégémoniques, a généré des coûts sociaux élevés, semé la violence et la mort dans les pays en développement, et devait en conséquence cesser, a déclaré le représentant, appelant les pays gros consommateurs à redoubler d’efforts et à assumer pleinement leur responsabilité face à la perpétuation de ce problème. 

La délégation a en outre appelé à ce que la session extraordinaire de 2016 constitue un véritable débat ouvert, qui inclut toutes les agences et entités des Nations Unies, et débouche sur une nouvelle stratégie globale.

Elle a appuyé, en conclusion, le droit traditionnel de mastiquer la feuille de coca en tant que manifestation culturelle du peuple bolivien, que la communauté internationale et l’ONU se doivent de respecter.

MGR BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est dit du même avis que le Secrétaire général quand celui-ci affirme dans son rapport que le trafic de drogues est devenu un défi multidimensionnel qui exige la pleine coopération de tous les États pour parvenir à une stratégie commune de lutte contre ce phénomène.  Pour autant, le trafic de drogue obéit à la loi de l’offre et de la demande.  Sans demande, il n’y a pas d’offre, a  déclaré l’observateur, ajoutant que la lutte contre la drogue passait aussi par des mécanismes de prévention et de lutte contre la consommation de ces produits.

Dans ce contexte, le Saint-Siège ne cessera de souligner le rôle premier et irremplaçable de la famille en tant qu’outil de prévention, de traitement, de réhabilitation ou de réintégration.  La famille est la cellule de base de la société et, en tant que telle, peut aider l’un de ses membres à ne pas tomber dans le piège ou à se soustraire de la drogue, a-t-il dit.

L’observateur a ensuite déclaré que sa délégation prenait note du rapport du Secrétaire général, de la Déclaration politique, du Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie équilibrée et intégrée de lutte contre le problème mondial de la drogue, de la résolution 56/12 de la Commission des stupéfiants et des conclusions du segment de haut niveau tenu par ladite Commission à sa cinquante-septième session.  

Au travers de ces documents, elle observe le lien très fort entre trafic de drogues, trafic d’êtres humains, trafic d’armes légères et de petit calibre, criminalité organisée et terrorisme et blanchiment d’argent.  Dans ce contexte, le Saint-Siège exhorte les États à renforcer leur coopération et leurs efforts afin de lutter efficacement contre le trafic d’êtres humains, car les populations et personnes devraient être protégées des effets de la drogue et de son commerce, a conclu son observateur.

M. MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a souscrit aux conclusions du rapport du Secrétaire général sur le problème mondial de la drogue, et au principe de responsabilité partagée.  La Bolivie a réussi des saisies de pavot plus importantes et a renforcé sa coopération avec les pays voisins, tout en réduisant les excédents de production de la feuille de coca grâce à la concertation et à la collaboration avec les producteurs.

En juin 2013, le Groupe d’action financière internationale a décidé de retirer la Bolivie des pays sous le coup de sanctions pour la production de coca.  Cela est dû à la tendance notée depuis trois années consécutives de la réduction progressive, et record cette année, de cette production.  Ont été saisies et brûlées 12,2 tonnes de cocaïne et un peu plus de 7 tonnes de cannabis.

Il a déploré le fait que le Gouvernement des États-Unis continue de pointer son pays du doigt, en dépit de ces progrès sans équivoque.  La Bolivie a aussi adopté un Plan national de réduction de la demande de stupéfiants, qui correspond aux normes internationales dans ce domaine.  

Il a enfin réaffirmé que la pratique de la mastication de la feuille de coca, médicinale, était ancestrale et traditionnelle.  Il a salué le fait que la réserve de la Bolivie à la Convention contre le trafic illicite de stupéfiants de substances psychotropes eût été respectée, reconnaissant ainsi la légitimité de la mastication de la feuille de coca et de son utilisation à des fins médicinales.  

M. ANDREW M. KIHURANI (Kenya) a appelé au renforcement de la coopération régionale et internationale pour combattre la criminalité transnationale organisée et la « sophistication croissante » de la cybercriminalité.  Il a affirmé que l’Afrique de l’Est et la Corne de l’Afrique avaient récemment connu une augmentation des quantités de drogues destinées à l’Europe et à l’Asie.  Les stratégies de lutte adoptées jusqu’à présent se sont avérées peu efficaces, aussi faut-il suivre une approche entière novatrice pour répondre à ces problèmes, a-t-il estimé.

M. Kihurani s’est ensuite inquiété de la prolifération d’armes légères et de petit calibre dans la Corne de l’Afrique.  Il a souligné que le Kenya investissait beaucoup d’efforts pour mettre un terme à cette prolifération et a rappelé l’action lancée au mois de septembre 2013 par les Forces de défense du Kenya qui opèrent au sein de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) pour retirer les forces des Chabab du port somalien de Kismayo.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour combattre le commerce illicite des armes.

Le représentant a expliqué que le Mouvement des Chabab était financé grâce aux revenus du commerce illicite de l’ivoire, aux détournements des envois de fonds internationaux et aux vols d’argent destinés à aider les communautés.  Il a annoncé que son gouvernement convoquerait, dans les mois qui viennent, une réunion de gouvernements et d’organisations non gouvernementales dans le but d’élaborer et de mettre en œuvre un plan d’action international de lutte contre le braconnage.

M. Kihurani a ensuite dit que le Kenya avait lancé la plus importante réforme de son système judiciaire depuis l’indépendance.  La compétence de chaque professionnel juridique a été évaluée, tous les postes à pourvoir dans le secteur judiciaire, y compris celui de président de la Cour suprême, ont été diffusés dans les médias, et le processus de recrutement a été mené par un panel indépendant.  Le Kenya a, à présent, un système judiciaire extrêmement indépendant et effectif, s’est-il félicité.

Le représentant a aussi parlé des efforts déployés pour assurer une bonne représentation des femmes dans les services de police et de sécurité, notamment au sein de l’initiative Nyumba Kumi qui vise à répondre au problème du terrorisme et de la radicalisation.  Il a par ailleurs fait savoir que la législation kényane prévoyait une peine de 30 ans d’incarcération pour les trafiquants d’êtres humains.

M. PETER EMUZE (Nigéria) a fait état du renforcement des agences gouvernementales chargées de traquer le trafic des stupéfiants, de même que les services douaniers et les forces de police aux frontières.  Des mesures audacieuses ont été prises par l’Agence nationale contre la drogue pour lutter contre la production de méthamphétamine, une substance neurotoxique, qui est en hausse dans le pays, et contre la culture du cannabis, nouveau phénomène à l’échelle régionale.  Il a attiré l’attention sur l’émergence de laboratoires clandestins de précurseurs et du recrutement par les cartels de drogues d’un grand nombre de jeunes sans emploi. 

Les autorités nigérianes ont réussi à établir qu’il existait un lien direct entre le syndicat local de méthamphétamine et d’autres cartels de la drogue qui opèrent dans d’autres régions, a-t-il révélé, avant de s’alarmer du détournement croissant des précurseurs chimiques utilisés dans la fabrication des stupéfiants.

Il a lancé un appel urgent visant au contrôle de ces précurseurs de sorte à endiguer ce phénomène.  Il a fait état d’un partenariat avec des agences chargées de la lutte contre la drogue aux États-Unis et au Royaume-Uni dans des opérations visant à débusquer les laboratoires clandestins.  Le Gouvernement du Nigéria espère que le principe de la responsabilité partagée continuera de prévaloir dans le contexte du combat contre la criminalité organisée et le trafic de drogues, a-t-il conclu.

M. ERVIN NINA (Albanie) s’est alarmé du fait que la traite des êtres humains connaissait la plus forte croissance parmi toutes les activités criminelles au monde.  Il a expliqué que le programme de lutte de l’Albanie se fondait sur la protection et le respect des droits des victimes et la pénalisation des trafiquants.  

Un plan stratégique de lutte pour la période 2014-2017 est en cours d’élaboration.  Le représentant a souligné que les moyens de répression doivent s’adapter aux nouvelles technologies.  L’Albanie a ainsi mis sur pied une application pour téléphone mobile afin de sensibiliser le public.

Le représentant a ensuite indiqué que l’Albanie connait un important problème de drogues.  Des efforts ont été renforcés pour contrer la production et la commercialisation illicite de cannabis.  Une opération a été récemment lancée au cours de laquelle de nombreuses cultures ont été détruites et plus de 1 000 personnes condamnées à des peines de prison.  Depuis cette opération, s’est-il félicité, l’Albanie n’est plus un pays producteur de cannabis.

Droit de réponse

Le représentant de l’Ukraine a fait savoir que son gouvernement ne reconnaissait pas la Communauté d’États indépendants (CEI) en tant qu’organisation internationale et ne reconnaissait donc pas les pouvoirs du Président de la CEI à en représenter les États membres auprès d’institutions internationales.  

Il s’est dissocié de la déclaration prononcée par le Bélarus en sa capacité de Président de la CEI.  Le représentant a appelé l’ONU â prendre des dispositions pour éviter de tels malentendus à l’avenir.  Il a précisé que sa délégation souscrit à la Déclaration de l’Union européenne.

 

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