En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session,
1re et 2e séances – matin et après-midi
AG/SHC/4097

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales plaide pour des mesures collectives reposant sur la solidarité et l’inclusion

La personne et la réalisation de ses droits sociaux doivent figurer au centre du développement, a affirmé aujourd’hui, dans un message lu devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires, qui ouvrait les travaux de sa soixante-neuvième session, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo.

  Fort des progrès enregistrés depuis le Sommet sur le développement social, en 1995, et au stade actuel de la réflexion sur l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, M. Hongbo a également exhorté à prendre « des mesures collectives reposant sur la solidarité et l’inclusion ». 

Le Secrétaire général adjoint a annoncé que, lors du prochain cycle d’examen de sa politique en 2015-2016, la Commission du développement social relèverait le défi de « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain ».

Rejoignant le plaidoyer d’une quarantaine d’intervenants au débat général sur le développement social, entamé aujourd’hui, lesquels ont mentionné les conclusions du Groupe de travail ouvert sur le programme de développement pour l’après-2015 sur les 17 objectifs proposés, M. Hongbo a rappelé l’engagement solennel des États Membres en faveur de la promotion et de la protection des droits des peuples autochtones. 

Le Secrétaire général adjoint a précisé que cet engagement, réitéré à l’occasion de la première Conférence mondiale sur ces peuples, tenue par l’Assemblée générale les 22 et 23 septembre derniers, se traduisait par la mise en place de plans d’action pour le développement, de stratégies et d’autres mesures, en coopération avec les peuples autochtones eux-mêmes, afin d’arriver à la concrétisation de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée en septembre 2007.

      Lors de la discussion, les intervenants ont également mis l’accent sur la réduction des inégalités, l’élimination des discriminations à l’égard de tous les groupes vulnérables, l’appui aux efforts des pays en développement en matière de développement durable surtout face à des crises imprévisibles et dévastatrices comme celle de la maladie à virus Ebola. 

La promotion de l’éducation et la création d’emplois décents sont des facteurs qui contribuent à la lutte contre la pauvreté, a confirmé le représentant du Brésil, après avoir constaté que les pays qui, comme le sien, avaient investi dans l’inclusion sociale après la crise financière de 2008 « récoltent à présent les fruits de leur politique ».

La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), dont environ la moitié de la population de ses États membres vit avec moins de 1,25 dollar par jour, a appuyé les recommandations du Secrétaire général visant à la création d’un mécanisme de coordination au sein du système des Nations Unies pour répondre efficacement aux exigences d’assistance technique dans le contexte du nouvel ordre mondial pour le développement. 

Pour le Groupe des États d’Afrique, l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes devait être la première des priorités du programme de développement durable pour l’après-2015, d’où la nécessité de renforcement de l’autonomie de toutes les personnes vulnérables par le biais d’une croissance économique créatrice d’emplois décents et facilitant la protection sociale des plus pauvres.

Le Mexique, pour sa part, a appelé à une « quantification multidimensionnelle de la pauvreté » de sorte à favoriser une planification de politiques publiques efficaces, reposant sur la transparence et la reddition de comptes.

Plusieurs délégations ont appuyé la proposition du Secrétaire général d’établir un mécanisme onusien de coordination afin de combler les lacunes et de répondre aux besoins en assistance technique des 650 millions de personnes handicapées dans le monde.

D’autres pays, comme l’Afrique du Sud, se sont prononcés en faveur de l’adoption d’une convention des Nations Unies sur les droits de l’homme des personnes âgées, à caractère juridiquement contraignant.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), un jeune sur 5 est touché par une maladie mentale, tandis que le suicide est la deuxième cause de décès dans la tranche des 15 à 29 ans dans le monde, et la première en Australie, a déclaré une jeune représentante de ce pays, appelant à donner plus de visibilité à cette grave problématique.

  D’autres jeunes, de la Suède, des Pays-Bas et de la Pologne ont insisté sur le taux de chômage inacceptable des jeunes dans toutes les régions du monde.  La jeune déléguée polonaise a signalé que l’inclusion effective ou non des jeunes dans l’après-2015 constituera un « véritable test pour le multilatéralisme ».

En outre, un représentant de la Division des politiques sociales et du développement social a présenté quatre rapports* du Secrétariat au titre du développement social.

Présidée cette année par la nouvelle Représentante permanente du Timor-Leste, Mme Sofia Mesquita Borges, la Troisième Commission a par ailleurs confirmé son bureau élu le 18 juin dernier, également composé de Mme Johanna Nilsson (Suède), M. Kurt Davis (Jamaïque) et M. Pierre Faye (Sénégal), comme Vice-Présidents, et de M. Ervin Nina (Albanie) en tant que Rapporteur. 

Demain, la Troisième Commission rependra ses travaux à 10 heures pour poursuivre et achever son débat général sur le développement social.

 

* A/69/157, A/69/61–E/2014/4, A/69/187, A/69/180

** A/69/183

 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

--    Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/69/157)

--    Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/69/61-E/2014/4 et A/69/187)

--    Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement (A/68/180)

--    L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d ‘Action (A/69/183)

 

Déclarations liminaires

M. JEAN-PIERRE GONNOT de la Division des politiques sociales et du développement social, a indiqué que le rapport du Secrétaire général sur la  « Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale » (A/69/157) donnait un aperçu des discussions de la cinquante-deuxième session de la Commission du développement social. 

Il a précisé que le rapport mettait l’accent sur le rôle que jouent les gouvernements pour créer un environnement favorable à l’émancipation des individus et des communautés afin de leur permettre de s’extirper de la pauvreté, d’obtenir un travail décent et de réaliser l’intégration sociale.  Le rapport souligne que le processus d’émancipation peut accélérer les progrès réalisés dans le cadre de la mise en œuvre du Sommet mondial pour le développement social ainsi que pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et appuyer le programme de développement pour l’après-2015.

Il a aussi souligné que le rapport mettait en exergue la nécessité de comprendre les facteurs sociaux qui permettent de réaliser le développement social.  Le rapport conseille aux États Membres d’adopter des mesures politiques émancipatrices, notamment en investissant dans l’éducation, la formation professionnelle et la santé, en mettant l’accent sur la transparence et la responsabilité institutionnelle, en facilitant la participation et en éliminant la discrimination.

Passant au rapport du Secrétaire général sur la « Préparation et célébration du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille en 2014 » (A/69/61–E/2014/4), il a expliqué que celui-ci contenait des exemples de politiques familiales misent en œuvre par plusieurs gouvernements.  Le rapport souligne que faire de la famille le noyau des efforts de développement social est un moyen efficace pour s’attaquer à certains des défis les plus persistants rencontrés dans le domaine du développement, notamment le transfert intergénérationnel de la pauvreté et de l’inégalité.

En outre, les difficultés croissantes rencontrées en matière de formation familiale pour les jeunes et l’instabilité croissante des familles nécessitent une réponse urgente.  Le Secrétaire général, dans ce rapport, observe que l’ajout d’une perspective familiale au programme de développement pour l’après-2015 permettrait de contribuer à l’autonomisation et à la réduction de l’inégalité.

Il a également passé en revue les grandes lignes du rapport du Secrétaire général sur la « Réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et autres objectifs de développement adoptés au niveau international pour les personnes handicapées: un programme de développement qui tienne compte de la question du handicap pour 2015 et au-delà » (A/69/187).

Afin de promouvoir l’application de la résolution 68/3, il y est préconisé de promouvoir l’intégration d’objectifs et d’indicateurs mesurables sur le handicap dans le programme de développement pour l’après-2015.  Le rapport propose également l’institutionnalisation d’un rapport périodique mondial sur le handicap et le développement et la création d’un mécanisme de suivi systématique.  Le système de l’ONU est également appelé à établir un système pour répondre aux besoins d’assistance technique.

Il a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur la « Suite donnée à la Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement » (A/69/180).  Il a expliqué que celui-ci illustrait la façon dont la discrimination fondée sur l’âge entravait la pleine mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  Le rapport s’attarde notamment sur l’abus dont sont victimes certaines femmes âgées.

M. VENKATA SUBBARAO ILAPAVULURI, de la Division pour les politiques et les systèmes d’apprentissage de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a présenté le rapport de la Directrice générale de l’Organisations des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture sur « l’alphabétisation enjeu vital: définir les futurs programmes d’action » (A/69/183) en vue d’établir un partenariat international dans ce domaine.  Il propose cinq axes stratégiques pour faire progresser l’alphabétisation, qui est entendue comme un processus d’apprentissage vital pour le développement.  Le monde a connu une évolution fulgurante en matière d’alphabétisation.

Des difficultés subsistent, les femmes constituant les deux tiers de la population totale d’analphabètes, et même les pays dits développés comptent de nombreuses personnes illettrées.  Le rapport souligne que l’alphabétisation concerne toutes les catégories de personnes et l’UNESCO entend renforcer son rôle aux fins d’anticiper les défis à venir, a-t-il insisté.

L’UNESCO va également faciliter le dialogue international sur ce sujet et recueillir des données ventilées.  Elle apportera également un appui pour la conception et la mise en place de programmes complets d’alphabétisation féminine par le biais de systèmes mobiles d’apprentissage par l’utilisation de nombreux moyens novateurs.

Il a mis en exergue les prix d’alphabétisation que l’UNESCO décerne depuis 1996 et le plaidoyer qui vise à nouer des partenariats multipartites.  Il s’est félicité que le rapport du Groupe de travail ouvert sur le programme de développement pour l’après-2015 intègre l’alphabétisation dans les programmes d’éducation et encourage l’UNESCO à persévérer dans cette tâche.

M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général à la coordination de la politique et aux affaires interinstitutions, a lu le message de M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires interorganisations des affaires économiques et sociales, lequel met l’accent sur la préoccupation croissante actuelle au sujet des questions humanitaires et sociales dans le monde, avec à la fois l’émergence et la résurgence d’une violence et d’une discrimination choquantes, la propagation d’une maladie meurtrière et l’existence de vagues massives de personnes qui fuient leur foyer à la recherche de sûreté, de bien-être et d’un avenir meilleur.

Il exhorte à prendre des mesures collectives reposant sur la solidarité et l’inclusion.  À l’approche de la date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et au vu des débats autour du programme de développement pour l’après-2015, les États Membres sont tombés d’accord sur un point: les personnes, leur progrès social et la réalisation de leurs droits sociaux doivent figurer au centre du développement. 

Il rappelle que la Conférence sur le développement durable Rio+20 et ses processus de suivi ont mis en relief l’importance de traiter, sur un pied d’égalité, les trois piliers du développement durable et de tirer les enseignements de l’évaluation des OMD pour s’assurer que personne, avec ou sans handicap, ne soit laissé pour compte.

Le Sous-Secrétaire général souligne, par ailleurs, que le document final du Groupe de travail ouvert sur les objectifs du développement durable appelle à la promotion de l’inclusion sociale, économique et politique de tous, indépendamment de l’âge, du sexe, du handicap, de la race, de l’appartenance ethnique, de l’origine, de la religion ou du statut économique.

Le Groupe de travail recommande en outre la collecte de données de grande qualité, fiables et ventilées, ainsi que des données et informations ventilées par revenu, sexe, âge, groupe ethnique, statut migratoire, handicap, lieu géographique et autres caractéristiques susceptibles d’aider à ce que nul ne soit laissé en marge.

Il insiste sur l’importance de l’inclusion dans les travaux cruciaux de la Troisième Commission et sur l’attention qu’elle accorde à la promotion et à la protection du bien–être des femmes, des réfugiés, des autochtones, des personnes âgées, des personnes handicapées et autres groupes sociaux, ainsi qu’au renforcement de la justice pénale.

Il fait remarquer que le monde a progressé dans la réalisation d’une vision d’un développement juste, équitable et inclusif.  Des jalons importants ont été posés dans la lutte contre l’extrême pauvreté, la réduction de l’écart entre garçons et filles dans la scolarisation primaire, tandis que la prévention et le traitement des grandes maladies ont été améliorés et l’accès aux sources d’eau potable et la participation politique des femmes ont été élargis.

Grâce à l’investissement dans le capital humain, la production agricole, la création d’emplois et dans des politiques de marché de travail actives, il a été démontré qu’il est possible d’arriver à une croissance durable et que l’idéal de la promotion d’institutions inclusives favorise la participation, l’autonomisation et l’inclusion sociale.

 Le programme de développement pour l’après-2015 sera bâti sur ces leçons, assure-t-il, en soulignant l’importance des engagements pris en matière de développement, notamment lors des différentes conférences internationales tenues sous l’égide de l’ONU à Copenhague, Beijing et New York, notamment, qui ont édifié des plateformes ambitieuses pour l’autonomisation des femmes, des jeunes et d’autres groupes sociaux.

Il conclut en observant qu’à l’occasion de la tenue récente de la première Conférence mondiale des peuples autochtones, les États Membres ont réaffirmé, de manière solennelle, leur engagement en faveur de la promotion et de la protection des droits de ces peuples à travers la mise en place de plans d’action pour le développement, de stratégies et d’autres mesures, en coopération avec les peuples autochtones eux-mêmes, afin d’arriver à la concrétisation de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Enfin, durant son cycle d’examen de sa politique 2015-2016, la Commission pour le développement social relèvera le défi de « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain ».  Les résultats des travaux de la Troisième Commission constitueront ainsi des instruments en termes d’orientation, ajoute le Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et aux affaires interinstitutions du Département des affaires économiques et sociales.          

 

Débat général

Mme INGRID SABJA DAZA (Bolivie), intervenant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a souligné que les États Membres favorisaient l’adoption de  politiques d’autonomisation, lesquelles font partie du pilier social du programme de développement post-2015.  Des structures nationales favorables à l’émancipation doivent être mises en place et l’ONU doit appuyer les initiatives lancées, a–t-elle ajoutée. 

Faisant observer que l’année 2015 marquera le vingtième anniversaire du Sommet mondial pour le développement social, elle a appelé les États Membres à lancer des initiatives en cette occasion.  Elle a souligné le fait que la pauvreté est un problème complexe qui ne peut être résolu par le biais de la seule croissance économique et qu’il faut promouvoir la participation active des acteurs.

Le Groupe des 77 et la Chine est particulièrement préoccupé par l’impact de la crise économique sur la lutte contre la pauvreté.  La représentante a aussi appelé au renforcement des partenariats, pour ensuite réclamer une approche plus cohérente afin d’intégrer les engagements pris au niveau international.  Elle a notamment parlé de la nécessité de favoriser un accès équitable aux marchés et d’accorder la priorité aux besoins des pays en développement.

La déléguée de la Bolivie a aussi insisté sur la situation des jeunes, pour ensuite se féliciter des initiatives lancées pour célébrer l’Année internationale de la famille.  Elle a aussi appelé les États Membres à trouver des moyens plus appropriés pour assurer la pleine jouissance des droits des personnes âgées.

M. CHARLES P. MSOSA (Malawi), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a déclaré que l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes devait être la première des priorités du programme de développement durable pour l’après-2015.  Il a précisé que la Position commune africaine sur le programme de développement pour l’après-2015 soulignait, entre autres, la nécessité de renforcer l’autonomie de toutes les personnes vulnérables par le biais d’une croissance économique créatrice d’emplois décents et facilitant la protection sociale des plus pauvres.

Après avoir énuméré les plans d’action mis en place par l’Union africaine pour améliorer la politique familiale à l’échelle du continent, il a insisté sur l’importance d’une prise en charge améliorée des personnes âgées.  « Le cadre politique qui contraint tous les pays membres de l’Union africaine à appliquer des politiques du vieillissement sert déjà de guide pour la formulation des mesures nationales destinées à améliorer le bien-être des personnes âgées », a-t-il indiqué, ajoutant que ces dernières devaient être consultées dans le cadre du processus de prise des décisions les concernant directement.

En ce qui concerne le handicap, le représentant du Malawi a affirmé que la Décennie africaine des personnes handicapées, qui s’est déroulée de 1999 à 2009, avait donné l’élan à l’exécution, dans les pays du Continent, du Programme d’action des Nations Unies relatif aux personnes handicapées.  « Pendant cette décennie, nous avons mis l’accent sur le renforcement de la coopération régionale en matière de participation, d’éducation, de formation et d’emploi », a-t-il précisé à ce sujet.  

Le représentant a toutefois reconnu qu’en dépit des efforts engagés, l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées en Afrique demeurait un enjeu majeur, certaines parmi les plus gravement malades ne survivant pas en raison du manque d’aide et de ressources. 

Sur les jeunes, le représentant a déclaré que la Décennie de la jeunesse africaine (2009-2018) constituait le cadre privilégié de réalisation des objectifs figurant dans la Charte africaine de la jeunesse, en particulier l’appui soutenu à la mise en œuvre de plans et politiques transversaux de développement de la jeunesse.  

De nouveau, il a admis que si, en Afrique, au cours des 15 dernières années, le taux d’éducation supérieur avait triplé, « les universités restent des lieux d’enseignement et non pas de recherche ».  « Or l’Afrique a besoin d’être compétitive à l’échelle globale », a-t-il insisté. 

Le représentant a ensuite attiré l’attention sur le décalage existant entre les forts de taux croissance des économies africaines et la persistance de la « crise du développement » qui continue d’entraver l’essor du continent.  Il a expliqué cette situation par la permanence des conflits, les conséquences néfastes des changements climatiques, la pandémie de VIH/sida et celle, plus récente, d’Ebola.  « Le Groupe des États d’Afrique salue l’adoption, en septembre dernier, des deux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale sur cette crise et appelle à apporter des réponses n’entraînant pas l’isolation et la stigmatisation des personnes infectées par le virus comme des pays les plus durement touchés par l’épidémie », a déclaré le délégué. 

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCÍA (Costa Rica), qui s’exprimait au nom des pays membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a rappelé que, selon le Département des affaires économiques et sociales, 1,2 milliard d’êtres humains vivaient toujours dans la plus extrême pauvreté. 

« Parmi eux, 870 millions sont mal nourris », a-t-il ajouté, soulignant que la faim et la pauvreté constituaient deux des violations les plus graves des droits de l’homme.  « Les éradiquer est par conséquent un enjeu éthique, politique, social autant qu’économique », a insisté l’orateur. 

Selon les pays membres de la CELAC, a-t-il dit, des mesures supplémentaires doivent être prises pour la promotion de stratégies de développement inclusives visant une distribution plus équitable des dividendes économiques et l’accès du plus grand nombre aux services sociaux de base. 

Se disant d’avis que la lutte contre l’extrême pauvreté passe par l’amélioration du bien-être des plus pauvres, le représentant a ensuite appelé les gouvernements et les sociétés à renouveler leurs engagements en faveur de la pleine intégration sociale des citoyens, de la reconnaissance de leurs droits fondamentaux, y compris au développement, et de leur participation accrue à la vie de la cité.  

Après avoir encouragé les États Membres, les organisations pertinentes de l’ONU, les commissions régionales ainsi que les acteurs de la société civile et du secteur privé à célébrer en 2015 le vingtième anniversaire du Sommet mondial de Copenhague pour le développement social, il a abordé les questions de coopération internationale. 

Le représentant a jugé à cet égard indispensable de réformer le système économique et financier pour permettre notamment aux pays développés d’honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement.  Il a en outre demandé que les pays, guidés par le principe fondamental d’appropriation nationale, continuent d’élaborer et mettre en œuvre de nouvelles formes de coopération internationale, plus participatives et solidaires.  « Nous avons démontré avec nos programmes de coopération Sud-Sud et triangulaire que si la volonté politique est là, beaucoup peut être fait et ce même avec des ressources limitées », a-t-il encore déclaré. 

Sur la situation des personnes vulnérables, en particulier les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées, il a assuré que la CELAC combattait leur exclusion des efforts nationaux de développement en renforçant « constamment » leurs droits.

Enfin, il a dit un mot sur les maladies non transmissibles qui, a-t-il déclaré, sont liées à la pauvreté et représentent une menace au développement socioéconomique des pays de la région.  « Nous saluons l’inclusion dans le document final issu de la Réunion de haut niveau qui s’est tenue les 9 et 10 juillet derniers, de propositions tendant à faire de la réduction du nombre de morts prématurées dues à des maladies non transmissibles un objectif spécifique du développement durable », a affirmé le représentant. 

 M. ELLISTON RAHMING (Bahamas), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que les efforts déployés par les Petits États insulaires en développement (PEID) dans le domaine du développement étaient mis à mal par l’impact croissant des changements climatiques.  Il a souligné que ce facteur figurait au sein de la Voie à suivre adoptée lors de la Conférence de Samoa, souhaitant que les priorités des PEID soient intégrées au sein du programme de développement pour l’après-2015. 

M. Rahming a ensuite indiqué que lors de la trente-cinquième session des chefs de Gouvernement de la CARICOM, qui s’est tenue au mois de juillet, à Antigua-et-Barbuda, ces derniers avaient adopté un plan stratégique pour la période 2015-2019 qui identifie huit priorités stratégiques dans les domaines de la création d’emploi, de la production de capital humain, de promotion de la santé et de l’éducation, entre autres.

À cette occasion, une Commission sur le développement des ressources humaines a été mise sur pied, laquelle devrait entamer ses travaux au mois de novembre.  Les  dirigeants de la CARICOM ont aussi adopté une Déclaration sur le programme international de développement pour l’après-2015, qui insiste notamment pour que l’élimination de la pauvreté demeure un objectif central du programme. 

Au mois d’août dernier, a enchaîné le représentant, le Comité ministériel de la CARICOM sur le développement social et humain a par ailleurs approuvé un plan stratégique pour réduire d’au moins 20% le nombre de grossesses chez les adolescentes pendant la période 2014-2019.

Le délégué s’est aussi dit préoccupé des défis que rencontrent les  jeunes en matière de pauvreté, de recherche d’emploi, et de santé mentale.  Il a expliqué que la CARICOM continuait de mettre en œuvre avec succès son Plan d’action pour le développement de la jeunesse et qu’au mois de janvier dernier, le Secrétaire général de la CARICOM avait utilisé les médias sociaux pour permettre aux jeunes de la région de partager leurs perspectives.  Des consultations nationales ont également été organisées au mois de juin, à Saint-Kitts-et-Nevis, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de réduction de la violence par et à l’encontre des jeunes.

M. Rahming a ensuite relevé que d’ici à 2050, le monde compterait près de deux milliards de personnes âgées, une situation, a-t-il noté, qui aura un impact notable sur le développement social et économique.  La CARICOM s’est dotée, depuis 1999 déjà, d’une feuille de route sur la santé et le vieillissement.

Le représentant a aussi évoqué la tenue, en décembre 2014, en Haïti, d’une réunion ministérielle sur les droits des personnes handicapées dans les Caraïbes.  Il a précisé que cet événement avait débouché sur l’adoption de la Déclaration de Pétion-Ville qui appelle au renforcement des cadres législatifs pour renforcer les services sociaux et la protection des personnes âgées.

M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie),au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que l’ASEAN privilégiait une politique de développement axée sur les populations, dans le but de déboucher sur une meilleure gouvernance et protection de l’environnement et afin de privilégier l’émancipation des femmes, entre autres. 

Il a expliqué que l’ASEAN promouvait une croissance forte et un développement inclusif, et veillait à éliminer la marginalisation et l’exclusion.  Outre la protection sociale, l’ASEAN est déterminée à promouvoir la justice sociale, pour les femmes, les enfants et les personnes handicapées notamment. 

Dans cette optique, un cadre stratégique sur le bien-être social a été adopté pour la période 2011-2015, et une Décennie pour les personnes handicapées a été lancée.

Une conférence a par ailleurs été organisée au mois d’avril aux Philippines dans le but de renforcer la capacité des gouvernements à améliorer les services accordés aux personnes handicapées.  Une réunion de haut niveau sur le vieillissement et le développement devrait se tenir prochainement à Tokyo, au Japon.

Le représentant a aussi fait savoir que l’ASEAN convoquait, tous les deux ans, une réunion spéciale sur les jeunes et s’est félicité de la participation de plus en plus active de ces derniers.  Un programme de bénévolat des jeunes a par ailleurs été lancé, lequel a permis le recrutement 97 bénévoles dans l’ensemble de la région.

    M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana), qui s’exprimait au nom des États membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a réaffirmé la validité des objectifs fixés, il y a 20 ans, lors du Sommet mondial sur le développement social de Copenhague.  Dans de nombreux pays, y compris ceux de la SADC, la pauvreté et l’absence de développement social intégré et inclusif restent toutefois encore des défis à relever par les gouvernements.

    En 2003, la SADC a proposé une feuille de route sur 15 ans pour le développement stratégique régional tant au plan social qu’économique.  Cette feuille de route avait identifié des secteurs prioritaires comme l’éradication de la pauvreté, la lutte contre le VIH/sida, la parité entre les sexes ou encore la sécurité alimentaire et le développement durable.  Le représentant impute les résultats mitigés au manque de ressources tant en termes de capacités que financières. 

    Il salue les recommandations du Secrétaire général dans son récent rapport relatives au besoin de créer un mécanisme de coordination au sein du système des Nations Unies pour répondre efficacement aux exigences d’assistance technique, y compris le développement de capacités adéquates, en particulier dans le contexte du nouvel ordre mondial pour le développement.  Pour le représentant il ne fait pas de doute que seule une aide de ce type de la part des Nations Unies et d’autres partenaires internationaux permettra aux pays de la SADC de réduire les écarts entre leurs politiques nationales et leur mise en œuvre et de faciliter la réalisation des Objectifs de développement acceptés au plan international.

L’élimination de la pauvreté reste le plus grand défi à relever par les pays de la SADC avec près de la moitié de leur population qui vit avec moins de 1,25 dollar par jour.  Depuis l’adoption du Plan d’action de Dar es-Salaam sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, il y a 10 ans, des progrès marginaux mais réguliers ont été enregistrés, a expliqué le représentant.  Cependant la crise financière et économique mondiale, l’insécurité alimentaire mondiale et les effets dévastateurs des changements climatiques ont sapé la portée de ces progrès.

La SADC a également réussi à faciliter l’accès aux médicaments antirétroviraux, ce qui s’est traduit par une baisse du taux de mortalité des personnes touchées par le VIH/sida.  Toutefois le coût élevé de ces médicaments n’est pas soutenable pour les gouvernements de la région qui espèrent que leurs partenaires internationaux sauront rapidement trouver une solution durable à cette question. 

S’agissant du chômage des jeunes, autre problème de la SADC, le représentant a expliqué que les gouvernements misaient sur l’éducation et sur la qualité de l’éducation pour former une force de travail qualifiée.  Reste que les économies des pays de La SADC ne sont souvent pas en mesure de les absorber, ce qui signifie qu’il va falloir transformer ces économies  par la valeur ajoutée et l’exploitation des ressources.  Les pays de la SADC comptent sur le soutien de leurs partenaires internationaux pour pouvoir faire face à ces multiples défis au développement.  Ces partenariats ont un rôle essentiel à jouer quant au développement social de la région, a affirmé le représentant.

M. THOMAS MAYR-HARTING (Union européenne) a indiqué que l’Union européenne était en passe de sortir de la crise économique et financière mais que celle-ci avait encore des effets sur la croissance.  Par sa durée et sa profondeur, cette crise a lourdement pesé dans beaucoup de pays du monde, mais aussi en Europe, en particulier dans les pays ayant des programmes d’ajustement structurel. 

Ainsi, a-t-il noté, le chômage est intolérablement élevé dans de nombreuses parties de l’Europe, notamment parmi les jeunes, ce qui suscite de grandes inquiétudes.  Dans ce contexte, le programme global de politique européenne « Emploi, croissance et investissement » vise à s’attaquer, pendant les cinq prochaines années, aux effets négatifs de la crise qui touche d’une manière disproportionnée les personnes dans des situations vulnérables. 

La Stratégie 2020 de l’Europe, qui aspire à une croissance intelligente, durable et inclusive, se concentre sur l’emploi, l’éducation et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale à la fois.  L’Union européenne a en outre établi un tableau comparatif des indicateurs sociaux et de l’emploi aux fins d’identifier, le plus tôt possible, les déséquilibres dans l’Union économique et monétaire.

En 2013, le Conseil de l’Union européenne a adopté une recommandation établissant une « Garantie jeunes » de sorte que tous les jeunes de moins de 25 ans reçoivent une offre d’emploi de qualité, une éducation continue, un apprentissage ou un entraînement adéquat quatre mois après le début de leur période de chômage ou abandon de l’enseignement formel.  L’Union européenne s’efforce également d’œuvrer à la promotion de l’emploi des jeunes à l’étranger par l’échange de leçons apprises et de bonnes pratiques, en particulier par le biais du Programme mondial d’action des jeunes et de l’Envoyé du Secrétaire général pour la jeunesse.

Il a ensuite exhorté à redoubler d’efforts pour achever la réalisation des Objectifs du Millénaire pour développement (OMD) d’ici à 2015, notamment par la conclusion de partenariats mondiaux solides, dans la perspective du programme de développement pour l’après-2015.  La bonne gouvernance et des sociétés paisibles, deux éléments reconnus par la population mondiale comme des priorités essentielles pour le développement social, doivent être d’importantes composantes du nouveau cadre de travail, a proposé le délégué de l’Union européenne, avant d’estimer que les conclusions du Groupe de travail ouvert sur les objectifs du développement durable constituaient une base utile pour amorcer les négociations intergouvernementales conduisant au sommet de septembre 2015.

Il a encouragé à édifier ce programme sur une seule série d’objectifs mondiaux orientés vers l’action de tous les pays.  Il a assuré que l’Union européenne et ses États membres étaient pleinement disposés à appuyer le processus et à s’engager dans des discussions sur les moyens de sa mise en œuvre, y compris le financement pour faire du programme de développement pour l’après-2015 une réalité.  Ce programme doit être transformateur et reposer sur une approche fondée sur les droits de l’homme pour faire en sorte que personne ne rate le coche.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a jugé particulièrement opportun que l’ONU aborde les questions sociales alors que les répercussions de la crise économique et financière se font encore ressentir.  Pour que personne ne soit laissé pour compte, l’Italie a mis en place un Observatoire national sur le handicap, d’une part, et, au niveau mondial, un Réseau international sur les personnes handicapées. 

Il a insisté sur la participation et l’inclusion de ces personnes, ainsi que leur accessibilité aux espaces publics et aux transports.  Il a renvoyé, à cet égard, à la conclusion du Groupe de travail ouvert sur le programme de développement pour l’après-2015, qui appelle à dûment inclure les personnes handicapées.  Le représentant de l’Italie a également défendu les droits des personnes âgées de même que ceux de la femme et a annoncé que l’Exposition universelle 2015 (Expo Milan) porterait en particulier sur la sécurité alimentaire des femmes.  Il a mis l’accent sur l’attachement de l’Italie à l’institution de la famille dans le système juridique.  

Mme TERRI ROBL (États-Unis) a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 mette l’accent sur les plus vulnérables, la lutte contre la pauvreté et la promotion de la résilience.  Elle s’est inquiétée du phénomène de la violence contre les personnes âgées, qui, a-t-elle relevé, est souvent sous-estimé.  Des solutions efficaces doivent être trouvées, a-t-elle dit.

Elle a salué les travaux du centre des abus contre les personnes âgées.  La représentante a aussi mis l’accent sur la nécessité de pleinement intégrer la situation des personnes handicapées au programme de développement pour l’après-2015.  Elle a fait savoir que son gouvernement avait créé deux postes de haut niveau pour veiller à ce que les programmes d’assistance et de réponse humanitaire accordent une attention particulière à la situation des personnes handicapées.

La représentante a aussi insisté sur la nécessité de dispenser une éducation de qualité afin de permettre aux filles, notamment, d’intégrer le marché du travail.  La déléguée a par ailleurs appelé à une plus grande rationalisation des travaux de la Troisième Commission.

M. NIKOLAI RAKOFSKY (Fédération de Russie) a demandé à accorder la même importance à la mise œuvre des documents issus des différentes conférences des Nations Unies et a mis en exergue le rôle primordial de la Commission sur le développement social.  La Fédération de Russie a d’ailleurs déposé sa candidature pour siéger au sein de cette Commission en 2015.

 Il a réitéré la détermination de son pays à améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la population et à aplanir les inégalités, par la création d’emplois, l’augmentation de la productivité de 50% et la lutte contre la pauvreté.  Il a défendu avec vigueur le principe d’égalité entre toutes les catégories sociales.  Les efforts se sont intensifiés, par exemple, en faveur du développement des personnes handicapées, notamment avec un programme d’accès financé à hauteur de 5 milliards de dollars.

Les départs à la retraite représentent actuellement 23% et passeront à 30% en 2030, ce qui fait que le Plan mondial d’action de Madrid pour les personnes âgées représente une base de travail vitale pour la Fédération de Russie.  D’autre part, les jeunes bénéficient d’une aide au logement et à l’emploi et reçoivent également une éducation prônant le respect d’autrui, la tolérance, la solidarité entre générations et la réussite du modèle familial traditionnel.

 Il n’existe pas une recette unique ou un seul modèle de développement, a conclu le représentant, qui a encouragé au partenariat et à l’échange en matière de développement social.

Mme DAYLENIS MORENO GUERRA (Cuba) a dénoncé l’injustice de l’ordre politique et économique mondial, s’alarmant notamment de l’accroissement du fossé des inégalités.  Elle a constaté que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’avaient pas été atteints dans de nombreux pays, pour ensuite dénoncer les limites du transfert de technologies et de l’accès aux marchés, « tandis que le monde investit de plus en plus dans les dépenses militaires ». 

La représentante a affirmé que Cuba avait réussi à atteindre et dépasser les OMD, et cela en dépit du blocus unilatéral et injuste dont est l’objet son pays.  Elle a notamment indiqué que son pays connaissait le taux de mortalité infantile le plus faible au monde, qu’il ne comptait aucun analphabète, que tous les enfants cubains avaient accès à la vaccination et que deux tiers du budget de l’État étaient consacrés à l’éducation, à la santé, à la culture, aux sports et à la recherche scientifique, notamment.  Au cours des 50 dernières années, Cuba a par ailleurs assuré, libre de frais, la formation de 38 000 médecins originaires de 121 pays.

La représentante a affirmé que si les pays développés honoraient leur engagement en matière de développement, il serait possible de réaliser le développement avec relativement peu de ressources.  Pour sa part, Cuba continuera de partager le capital humain qui a été créé par la Révolution.

Mme LAURA JOHN, Représentante des jeunes d’Australie, a expliqué qu’avant de venir assister à cette session de l’Assemblée générale elle avait mené une consultation nationale sur tout le territoire australien pendant l’été, ce qui lui a donné l’occasion de rencontrer plus de 10 000 jeunes dont elle vient défendre les aspirations pour l’avenir ici.  Parmi les nombreux  défis que connaissent les jeunes dans le monde comme la pauvreté, les conflits et les discriminations, elle a décidé de mettre l’accent sur la santé mentale qui reste encore souvent un sujet tabou et pourtant « très présent dans la génération d’aujourd’hui ». 

Évoquant l’exemple d’une jeune femme « qui se sentait invisible ou jugée par les autres une fois qu’elle expliquait sa situation mentale », elle a rappelé que d’après les statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), un jeune sur cinq est touché par des problèmes mentaux et le suicide est la deuxième cause de décès dans la tranche des 15-29 ans dans le monde, et la première cause en Australie.  La communauté internationale commence à reconnaître l’ampleur du problème de la santé mentale chez les jeunes, a reconnu Mme John, en voulant pour preuve que le thème fixé pour la Journée internationale de la Jeunesse de cette année est« Questions liées à la santé mentale ».  

Pour la représentante de la jeunesse australienne, il faut aujourd’hui travailler ensemble pour mieux intégrer la santé mentale dans l’approche holistique de la santé.  « Il faut être conscient du fait qu’une bonne santé mentale est essentielle à la bonne santé, et qu’elle permet aux personnes de pleinement participer au plan politique, social et économique à leurs sociétés », a-t-elle souligné. 

Elle a insisté sur le fait que la santé mentale soit incorporée dans les cadres de santé plus larges tant au plan national, que régional et international.  À titre d’exemple, elle a cité l’initiative australienne « Headspace », qui soutient plus de 45 000 personnes touchées par des problèmes mentaux à travers des actions de conseil, d’éducation et des services d’emploi.  Ce programme doit compter 100 centres d’ici à 2017 sur tout le territoire australien et aider 80 000 jeunes par an. 

Elle a également fait état des services de soutien en ligne qui sont accessibles aux jeunes.  Si les investissements dans la santé mentale sont cruciaux, elle préconise toutefois de miser sur la prévention à travers l’éducation « qui reste notre meilleur outil ».  À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le 10 Octobre, elle a lancé un appel aux États Membres pour sensibiliser leurs populations sur l’importance de la santé mentale.

M. MAYANK JOSHI (Inde) a souhaité que la dimension sociale du développement social soit renforcée de manière inclusive et a jugé nécessaire de lancer une action mondiale concertée pour combattre la pauvreté.  Il a expliqué que le douzième plan quinquennal de l’Inde mettait l’accent sur une croissance plus rapide, durable et inclusive.  Le Gouvernement entend ainsi veiller à ce que les retombées de la croissance économique atteignent l’ensemble de la population, notamment les zones rurales où vivent 65% de la population.

Alors que les femmes et les enfants représentent 70% de la population du pays, l’Inde s’est par ailleurs fixé comme objectif d’assurer la sexospécificité de ses programmes de développement et de privilégier les initiatives favorables aux enfants, en accordant la priorité aux plus pauvres et aux plus vulnérables.

Poursuivant, M. Joshi a fait savoir que l’Inde s’était dotée du plus important programme d’argent pour emploi au monde, le système national de garantie d’emploi rural Mahatma Gandhi.  Il a également indiqué que depuis l’opérationnalisation, en 2009, de la loi sur le droit à l’éducation, la plupart des enfants du pays étaient à présent scolarisés au niveau primaire.

Le représentant a expliqué que les jeunes âgés entre 15 et 29 ans représentaient 27,5% de la population et y a vu une « occasion sans précédent » pour faire avancer le développement du pays.  L’Inde s’efforce donc de fournir de bonnes perspectives d’emploi ainsi qu’une bonne éducation et formation professionnelle à cette tranche de la population.

Mme ARINO YAGUCHI (Japon) a souligné qu’il incombait aux gouvernements de créer un environnement propice à l’émancipation des personnes et a insisté sur l’importance de prendre en considération la dimension sociale du développement.  La représentante a ensuite fait savoir que le Japon avait ratifié, le 20 janvier 2014, la Convention relative aux droits des personnes handicapées et participé pour la première fois à la Convention des États parties qui s’est tenue au mois de juin.  À cette occasion, le Japon a notamment appelé la communauté internationale à prendre en compte les besoins des personnes handicapées dans le cadre des efforts de réduction des risques de catastrophe.

Abordant ensuite la question des jeunes, Mme Yaguchi a indiqué que le Programme des volontaires des Nations Unies et l’Université Kwansei Gakuin avaient élaboré un système de bénévolat au niveau universitaire. Elle a formé l’espoir que la participation des jeunes à la société par l’intermédiaire du bénévolat permette de favoriser leur émancipation et que le « pouvoir de la jeunesse » puisse appuyer la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

La représentante s’est, par ailleurs, inquiétée de l’impact de la maladie à virus Ebola sur le développement des pays d’Afrique de l’Ouest touchés.  Elle a indiqué que le Japon avait contribué à hauteur de 5 millions de dollars pour appuyer la lutte contre  cette maladie.  Le Japon a également coprésidé la cinquième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique et s’est engagé à verser près de 32 milliards de dollars pour appuyer la croissance du continent africain.

Mme SIMONE FEHR, représentante des jeunes de la (Suisse) a mentionné la Déclaration issue du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement adoptée en septembre 2013 par l’Assemblée générale, et a rappelé que les États Membres y avaient exprimé leur volonté de protéger les droits fondamentaux des enfants migrants compte tenu de leur vulnérabilité.  Elle a néanmoins noté que ces enfants sont détenus, maltraités et exploités alors qu’ils ont désespérément besoin d’une protection spéciale. 

Elle a fait état du sort « d’innombrables enfants migrants non accompagnés victimes de graves violations des droits de l’homme et qui se voient dénier les droits humains les plus élémentaires, pourtant universellement reconnus ».  La déléguée a ajouté que la Suisse avait, elle aussi, vu arriver sur son territoire un plus grand nombre d’enfants migrants non accompagnés et a souhaité prendre part à la recherche d’une solution appropriée à la fois juste et durable.

Soulignant la nécessité d’une action urgente, elle a exhorté la communauté internationale à rappeler « un principe connu depuis longtemps: les enfants migrants devraient toujours être traités d’abord et avant tout comme des enfants ».  Elle a mis en relief de nombreux sujets préoccupants dans ce contexte, comme les maigres perspectives d’avenir et la sécurité humaine défaillante dans les pays d’origine, la protection insuffisante dans les pays tant de transit que de destination, et l’intégration inadéquate, voire inexistante, dans les pays de destination.

La représentante suisse a toutefois indiqué que la migration offre également des possibilités car elle peut être un facteur de développement durable, une source de prospérité et une promesse d’avenir.  Elle a en conséquence invité à une collaboration étroite entre tous les acteurs, y compris les enfants concernés. 

Mme Fehr a précisé, en conclusion, que dans sa ville natale, elle donnait des cours à titre bénévole à des enfants migrants qui suivent un programme obligatoire d’aide à l’intégration qui mettent l’accent sur l’acquisition des compétences linguistiques et sur les apprentissages devant permettre à ces enfants de comprendre leur nouvel environnement.  

M. NIMROD BARKAN (Israël) a notamment dit la fierté de son pays d’avoir, ces deux dernières années, présidé le Bureau de la Conférence des États parties à la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Il a souligné la nécessité de lier protection des droits humains et développement, ajoutant que l’appréhension des défis du handicap nécessitait une pleine et active collaboration entre les gouvernements, la société civile et les citoyens.

Le représentant israélien a ensuite déploré le fait que les personnes âgées étaient souvent les plus exclues et les plus durement touchées par les inégalités de revenus et d’accès aux soins de santé.  « D’ici à 2050, le nombre de personnes âgées aura doublé, atteignant 20% de la population mondiale. »  Pour Israël, « la population âgée est une fontaine de sagesse ».  « Le Gouvernement a ainsi créé un ministère dédié au renforcement des capacités des seniors », a également indiqué M. Barkan, qui a salué la nomination de Mme Rosa Kornfeld-Matte en tant que première Experte Indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme. 

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a déclaré qu’à 500 jours de la date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il restait encore de nombreux défis à relever car les progrès n’ont pas été uniformes selon les domaines et les régions.  Il a encouragé à mettre l’accent sur les raisons qui se cachent derrière les inégalités persistantes, en particulier dans le contexte des discussions autour du futur programme de développement pour l’après-2015.

Il a invité à « combattre les causes structurelles de la pauvreté et de l’inégalité », ajoutant qu’il importe d’ériger l’ouverture socioéconomique en vecteur de l’édification de sociétés plus prospères au sein desquelles les groupes vulnérables jouissent de leurs droits de l’homme dans le cadre d’un état de droit.  Il a plaidé pour que priment les principes de transparence et de reddition de comptes dans les politiques publiques pour le développement, ce qui en optimisera les résultats en faveur des populations les plus nécessiteuses. 

Il a aussi encouragé à une quantification multidimensionnelle de la pauvreté et ce afin de favoriser une planification de politiques publiques efficaces.  En termes de partenariat international, le délégué mexicain a indiqué que son pays apportait un appui technique à plus d’une douzaine de nations d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine pour mettre au point des méthodologies de quantification et d’évaluation de la pauvreté.     

Fournir un accès universel à une éducation de haute qualité doit être l’une des priorités absolues des États Membres, a insisté en introduction M. Sánchez, représentant des jeunes de la Thaïlande, soulignant qu’en dépit des avancées obtenues, grâce notamment au plan d’action mondial concernant l’éducation pour tous d’ici à 2015 et aux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), un grand nombre d’actions restait à prendre en matière d’égalité d’accès au droit à l’éducation pour l’ensemble des jeunes partout dans le monde.

Rappelant que le plan d’action mondial concernant l’éducation pour tous d’ici à 2015 avait été initié en Thaïlande en 1990, le représentant des jeunes de la Thaïlande s’est félicité de la tenue récente dans son pays de la première d’une série de conférences régionales sur l’éducation pour la région Asie-Pacifique sous la tutelle de l’UNESCO, dont l’objectif est de garantir une éducation équitable pour tous d’ici à 2030.

De la même façon, les gouvernements doivent tout mettre en œuvre afin de garantir à l’ensemble de leurs citoyens l’accès à des services de santé de base et à des établissements de santé, a ajouté le représentant, précisant que le gouvernement thaïlandais garantissait des soins de santé universel à ses concitoyens depuis 2001.

Un tel succès n’a pu être obtenu que par la coopération de l’ensemble des acteurs impliqués, y compris les responsables politiques, les travailleurs de la santé et les militants associatifs, s’est félicité le délégué, selon qui une société juste où chacun jouit des mêmes droits d’accès à une certaine qualité de vie passe nécessairement par un accès universel aux soins.

Prenant appui sur sa propre expérience de participation à de nombreux projets de développement communautaire à travers la Thaïlande, le représentant a ensuite affirmé que les jeunes devaient avant tout adopter la perspective des populations locales concernées afin de concourir efficacement à leur développement social.

Rappelant en conclusion que l’avenir du monde dépend de la jeunesse, il a affirmé la volonté des jeunes de prendre des décisions et des actions de façon à changer le statu quo.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a constaté que les pays qui avaient investi dans l’inclusion sociale après la crise financière de 2008 récoltaient à présent les fruits de leur politique, faisant notamment observer que la promotion de l’éducation et la création d’emplois décents étaient des facteurs qui contribuaient à la lutte contre la pauvreté.  Il a ensuite relevé que d’ici à 2050, 30% de la population aurait 60 ans ou plus et a souligné l’importance de prêter attention à la situation des personnes âgées.

Il a regretté que trop peu de textes internationaux prennent en considération ces dernières.  Il a aussi constaté que les débats sur l’élaboration d’une convention sur les droits des personnes âgées faisaient face aux mêmes objections rencontrées lors de l’élaboration de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Le représentant a ensuite appelé les États Membres à appuyer l’éducation et la mobilité des jeunes handicapés.  C’est investir dans l’avenir, a-t-il notamment affirmé.  Il a aussi appelé les États Membres concernés à signer le Traité des Amériques destiné à faciliter l’accès des personnes handicapées aux travaux publics.

Le représentant du Brésil s’est ensuite attardé sur la question de la famille et a estimé qu’il fallait centrer les efforts politiques sur  la situation des personnes les plus vulnérables qui vivent en leur sein.  Il s’est notamment inquiété des défis que rencontrent les femmes dans le cadre familial, à commencer par la violence domestique et le travail domestique non rémunéré. 

Le délégué a, de même, appelé les États Membres à adopter une définition souple de la famille.  Si le Gouvernement brésilien avait choisi de ne pas aider les familles monoparentales ou avec des parents d’un même sexe, s’est-il expliqué, le Brésil n’aurait jamais réussi à extirper 36 millions de personnes de la pauvreté et aurait créé encore plus de discrimination.

M. LIBRAN CABACTULAN (Philippines) a préconisé une approche centrée sur l’autonomisation en matière de planification des politiques en vue d’un développement durable inclusif et équitable.  Il a appuyé le document final de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les droits des personnes handicapées, et mis en exergue l’approche adoptée par le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport sur l’intégration de cette thématique dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a néanmoins souligné la nécessité de recueillir davantage d’informations et de données sur les législations, les politiques et les pratiques dans ce domaine compte tenu du fait que seuls 21 pays et 10 entités des Nations Unies ont fourni des renseignements sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du développement agréés au niveau international et sur les Objectifs du Millénaire pour le développement concernant les personnes handicapées.

M. LIN SHILIE (Singapour) a déclaré que son pays, qui est un de ceux dont la population vieillit le plus vite en Asie, adhérait entièrement à la mise en œuvre du Plan international d’action sur le vieillissement de Beijing.  Un comité ministériel se consacre à cette question avec une double approche: fournir des soins de qualité accessibles aux personnes âgées et faire en sorte que les seniors restent en bonne santé, actifs et en sécurité dans la société.  « Une vieille personne est un trésor pour la famille », a dit M. Shilie en citant un dicton chinois.

Fin 2015, Singapour offrira à tous ses citoyens une couverture maladie universelle, a assuré le représentant.  Les individus âgés de plus de 80 ans n’auront pas besoin de payer de premiums.  De même, de nouvelles maisons de retraite, des unités de jour supplémentaires et des formules de soins à domicile et de suivi médical sont prévues.  En outre, des programmes d’éducation continue et des opportunités de bénévolat et d’emplois sont ouverts aux seniors.

Une loi a été adoptée en 2012 pour demander aux employeurs de proposer à leurs employés qui partent à la retraite à l’âge de 62 ans de rester trois ans de plus.  De plus, les sociétés qui réemploieront des employés de plus de 67 ans recevront des bénéfices.  En juin dernier, Singapour a lancé une campagne intitulée « Exploiter la richesse de l’expérience » qui met en valeur l’expérience des travailleurs plus âgés.  C’est la raison pour laquelle il est important d’inclure ces questions dans les nouveaux objectifs de développement durable.

Mme MONIA ALSALEH (Syrie) a indiqué que malgré les attaques sur l’infrastructure syrienne provoquées par des « groupes terroristes appuyés par des États arabes », son gouvernement poursuivait la mise en œuvre de ses programmes de politiques sociale et ses efforts humanitaires.  Un projet cible en particulier la situation des femmes et des enfants dans le but de favoriser la croissance économique.

La représentante a ensuite affirmé que les États voisins qui appuyaient les groupuscules armés opérant en Syrie exerçaient des pressions coercitives illégitimes sur son pays, endiguant ainsi le développement social du pays et l’émancipation de la personne.  Elle a indiqué qu’en 2010 la Syrie n’avait aucune dette extérieure et faisait à présent face à un important niveau d’inflation.

 La délégué a ensuite regretté qu’un récent rapport sur la situation dans son pays n’eût pas examiné l’impact des « mesures coercitives unilatérales » ni l’expansion du terrorisme en Syrie.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 accorde une place plus importante à la situation des personnes handicapées.  Il a annoncé la tenue, dans 15 jours, en Iran, de la première conférence nationale sur l’entrepreneuriat des personnes handicapées.

M. Dehghani a aussi expliqué que l’Iran attachait une grande importance au rôle que peut jouer le sport pour émanciper les personnes handicapées.  Il s’est enorgueilli du fait que l’Iran avait récolté 10 médailles d’or lors des Jeux paralympiques de 2012.  Il a ajouté qu’à cette occasion, Mme Zahra Nemati a obtenu la première médaille d’or jamais décernée au niveau paralympique à une femme iranienne.

M. Dehghani a ensuite indiqué que son pays faisait actuellement face à un vieillissement important de sa population et qu’un plan stratégique sur le vieillissement était en cours d’élaboration.

Mme JOANNA BLOSSNER (Suède) a indiqué qu’elle prenait la parole au nom des enfants et de la jeunesse de son pays, et des 700 000 jeunes qui sont engagés dans plus de 80 organisations de la jeunesse. 

Les mariages forcés et les grossesses précoces forcent les filles à quitter tôt l’école et les empêchent de jouir de tous leurs droits.  La mortalité maternelle est la cause la plus fréquente du décès des filles âgées de 15 à 19 ans dans les pays en développement.  « Ça suffit ! », s’est exclamée la représentante, ajoutant que 65 millions de filles ne sont pas scolarisées dans le monde.  « Investir dans les filles est l’une des meilleures façons de réduire la pauvreté, d’améliorer la santé et de faire progresser l’égalité. »

De même, si le rôle des jeunes et de leurs organisations en tant qu’acteurs du changement est pris au sérieux, et s’ils sont inclus dans le processus de prise des décisions, des progrès durables peuvent être réalisés.  Mme Blossner a préconisé également de se pencher sur la question des droits et de l’autonomisation des femmes et des enfants dans le contexte de la migration.  Pour garantir des conditions de travail décentes, le droit de s’organiser est important, a affirmé Mme Blossner.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a déclaré qu’alors que l’on célèbre cette année les 20 ans de l’Année internationale de la famille, il est de la responsabilité commune de faire prendre en compte l’importance stratégique de la famille dans le programme de développement post-2015.  Aucune politique efficiente en faveur des couches vulnérables de la société ne peut se réaliser sans la consolidation de la cellule familiale, a-t-il dit. 

Pour M. Seck, la lutte contre toutes les formes de discrimination fondées sur l’âge et le sexe doit également être une priorité.  Ainsi la participation active des femmes, des jeunes, des personnes handicapées aux mécanismes du processus de prise de décisions doit s’imposer à tous les niveaux de même que la prise en compte systématique de leur intégration sociale dans le prochain agenda de développement pour l’après-2015.  Par ailleurs, la promotion du vieillissement actif doit s’accompagner d’un cadre d’échanges sur la mise en place d’un instrument international juridiquement contraignant pour la protection des droits des personnes âgées, a-t-il également déclaré.

M. Seck a ensuite présenté quelques mesures adoptées par son pays en faveur des groupes sociaux vulnérables, dans le but d’améliorer leurs conditions de vie et éradiquer la pauvreté qui les touche.  Ainsi le Sénégal a adopté la carte de l’égalité des chances qui permet d’accéder à des avantages dans les domaines de la santé, de l’éducation, du transport, de l’emploi et de la réadaptation. 

Près de 50 000 de ces cartes ont été distribuées, a-t-il chiffré.  Le Sénégal a également mis en place la couverture maladie universelle, dont le but est d’assurer l’accès aux soins à 80% de sa population.  Le pays s’est aussi doté du Projet d’appui à la promotion des aînés depuis 2007, d’un Fonds national de promotion des jeunes et d’une agence nationale pour l’emploi des jeunes.  Il y a aussi le Projet crédit femme, le Fonds de l’entreprenariat féminin ou encore le Fonds d’impulsion de la microfinance, tous destinés à l’autonomisation de la femme au Sénégal.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a déclaré que le vieillissement de la population et les changements démographiques représentaient des défis socioéconomiques majeurs globaux que son pays abordait de manière holistique.  La Slovénie considère en effet que les différents mécanismes développés pour répondre à ses défis doivent être cohérents et combler les lacunes et fossés entre les politiques disponibles et la réalité.  Protéger ces personnes est une des responsabilités de l’État, a encore affirmé le représentant.  M. Logar a ensuite passé la parole à un jeune slovène au nom de sa délégation.

Le jeune représentant a déclaré que l’éducation était un droit humain fondamental.  Les jeunes prennent de plus en plus conscience du fait que l’éducation formelle offre des opportunités de savoirs, alors que l’éducation non formelle est un facteur favorisant la réalisation des potentiels et la créativité de jeunes.  Ces deux modes d’éducation sont donc complémentaires et holistiques, a-t-il dit, invitant à reconnaître le rôle de l’éducation non formelle.  Il a également observé que les jeunes étaient souvent victimes de travail précaire ou sous-payé.

L’une des manières de mettre fin à cette situation est de prendre des mesures suffisantes qui promouvraient des opportunités égales, des rémunérations justes ou encore des conditions de travail et de sécurité sociale équitables, a plaidé le jeune représentant.  Enfin, la question de la participation des jeunes aux processus de prise de décisions est un autre défi qu’il faut aussi relever.  Car, a-t-il conclu, il ne pourra y avoir de paix, de prospérité et de progrès, sans l’égale participation des jeunes du monde entier.

M. JILT VAN SCHAYIK, délégué jeune des Pays-Bas, a souligné qu’en dépit de leurs  différences culturelles, les jeunes avaient les même ambitions et aspirations pour leur avenir.  Il a indiqué qu’un de ses amis kenyan avait créé une organisation non gouvernementale pour aider les jeunes de son pays et a cité d’autres exemples d’initiatives lancées par des jeunes.

Si autant de jeunes peuvent avoir autant d’impact sur leur société, pourquoi ne peuvent-ils pas faire entendre leurs voix, a-t-il lancé.  Il a dit être un sur 1,8 milliard de jeunes dont la voix n’a jamais été entendue.  Le délégué a appelé l’ONU à assurer la pleine participation de tous les jeunes, « et pas uniquement celle des jeunes citadins éduqués ». 

Il a ensuite annoncé qu’il avait lancé un projet pour parcourir à vélo la distance entre les Pays-Bas et l’Afrique du Sud.  Il ne peut y avoir prospérité et progrès sans pleine participation des jeunes du monde entier, a-t-il souligné.

Mme MARÍA CLARISA SOLÓRZANO-ARRIGADA (Nicaragua) a déclaré que le développement avait, depuis toujours, constitué l’objectif fondamental de la politique publique;  « un développement humain durable, complémentaire et solidaire qui satisfait réellement les besoins sociaux trop longtemps reportés », a-t-elle ajouté, réaffirmant la volonté sans faille du gouvernement du Président Daniel Ortega de parfaire la transformation intégrale du pays, engrangé depuis les sept années écoulées. 

Elle a expliqué que le modèle nicaraguayen de développement humain reposait sur plus de 39 programmes ayant favorisé la lutte contre la pauvreté et la pauvreté extrême.  Le pays a enregistré par ailleurs des victoires contre l’inégalité, l’exclusion, la faim et la malnutrition et ce grâce à la restitution des droits dans des secteurs aussi divers que la santé, l’éducation et l’alimentation.

Les avancées dans le domaine de la faim et la malnutrition ont, du reste, été reconnues par l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) lors de sa conférence annuelle de juin 2013 et dans son dernier rapport qui classe le Nicaragua parmi les trois pays d’Amérique latine et des Caraïbes affichant les meilleurs résultats dans cette région. 

La déléguée a en outre salué la politique de son pays en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, notamment par le renforcement du noyau familial, la prévention de la violence à l’égard des femmes et la promotion et protection effective des droits de la femme.  Des commissariats de la femme ont été mis en place dans toutes les municipalités et la santé et l’éducation sont gratuites, s’est réjouie l’oratrice, qui a également évoqué l’existence de programmes et de maisons maternels et infantiles sur tout le territoire.

À cet égard, elle a indiqué que le « Prix Las Américas » 2011 des Nations Unies avait été décerné à son pays pour sa stratégie nationale de maisons maternelles.  Le pays a en outre réussi à réduire le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, lutté positivement contre le trafic des stupéfiants, la criminalité organisée et la traite des personnes.    

M. RAJA REZA BIN RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) a appelé les États Membres à adopter des  politiques capables de donner aux individus les moyens de trouver des solutions aux défis rencontrés en matière de développement.  Il a indiqué que l’adoption d’une loi sur le développement des familles avait permis à la Malaisie d’élaborer, en 2011, une politique familiale qui prend en compte l’évolution du noyau familial en aidant notamment les couples à concilier leur vie familiale et professionnelle.

Une politique nationale cible par ailleurs les jeunes, laquelle accorde une attention particulière à la création d’entreprise et au bénévolat.  Le Gouvernement malaisien a créé une plateforme pour faciliter la participation des jeunes aux débats qui les intéressent directement.

Le représentant a ensuite précisé que le bénévolat des jeunes prenait de l’importance dans son pays, près de 2,5 millions de jeunes malaisiens ayant pris part à de telles activités, notamment dans des zones reculée du pays.  Un autre programme a par ailleurs permis à près de 70 jeunes Malaisien de prendre soin des personnes âgées dans la ville de New York, aux États-Unis.  Le Gouvernement malaisien s’est aussi doté d’un plan d’action pour faire face au phénomène du vieillissement de la population.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a estimé que la communauté internationale pouvait mieux faire par rapport aux objectifs qu’elle s’est fixée dans le domaine du développement social car la pauvreté, l’exclusion et les disparités sont encore trop criantes.  Elle a salué le processus tendant à la définition du programme pour l’après-2015 au centre duquel doivent se trouver les objectifs de développement durable, récemment approuvés à l’issue d’un processus de négociation ouvert, transparent et inclusif. 

Elle a rappelé que lors de la dernière session de la Commission pour le développement social, l’autonomisation avait été le thème central des discussions.  À l’instar du Secrétaire général de l’ONU, elle a affirmé que les mesures tendant à l’égalité des chances et à l’élimination des obstacles à la participation, de même que les politiques en faveur des personnes aux prises avec les affres de la pauvreté et de l’exclusion seraient déterminantes dans les politiques publiques.  Elle a souligné, dans ce contexte, que la croissance économique n’était pas une fin en soi mais bien un moyen dans la réalisation du développement durable, sur un pied d’égalité.

Elle a encouragé, à cet égard, à l’établissement de structures  institutionnelles et de mécanismes de participation à caractère démocratique, axés sur la consultation et susceptibles de favoriser l’émancipation des personnes.  Il s’agit en outre de garantir une ouverture financière, dans des conditions dignes et équitables, et de veiller à l’élimination de toutes les formes de discrimination et d’exclusion, a-t-elle encore soutenu.

La représentante a rappelé que cette année marquait le vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille et a invité à saisir cette occasion pour la promotion du bien-être socioéconomique des sociétés, consolider la solidarité entre générations, et progresser dans la reconnaissance, la protection et l’attention aux besoins spécifiques de la famille, dans ses différentes formes.  « Il n’existe pas un modèle unique de famille et il convient d’ajuster la manière dont les Nations Unies abordent ce thème sur la base des exigences de la réalité et de l’évolution inévitable des sociétés », a-t-elle dit, en énumérant à cet égard les besoins des différents types de familles, y compris des familles de couples du même sexe. 

Mme ISABELA BANY, déléguée de la jeunesse de la Pologne, a rappelé les demandes du  mouvement Solidarność qui avaient permis de jeter les bases de la démocratie dans son pays et a souligné que le développement ne pouvait advenir sans émancipation sociale.  La déléguée a indiqué que les jeunes ne voulaient pas être relégués à un rôle d’observateurs. 

Elle s’est inquiétée du fait que la part de chômage chez les jeunes était de 44%.  La déléguée a ensuite souligné que le programme de développement pour l’après-2015 démontrait que les priorités énoncées à l’époque du mouvement Solidarność n’étaient pas obsolètes.  Elle a appelé au suivi du programme d’action pour les jeunes et à l’élargissement du recrutement des jeunes au sein des grandes organisations internationales.

Lui emboîtant le pas, M. Kamil Pruchnik, également délégué de la jeunesse de la Pologne, a parlé de la situation des pays à revenu intermédiaire et du piège dans lequel ils se trouvent lorsqu’ils perdent leur compétitivité résultant d’une main-d’œuvre peu chère, par exemple.  Il a fait observer que ceux parmi ces pays qui échappent à ce piège sont ceux qui investissent dans le capital humain.  Il a encouragé les États membres à mettre l’accent sur leurs capacités humaines et à renforcer leurs infrastructures.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) s’est inquiété de l’escalade des conflits et de l’augmentation des flux de réfugiés dans le monde, entre autres.  Il a appelé à la mise en place d’institutions transparentes et à l’élimination des stéréotypes.  Il a parlé des initiatives lancées par son pays, notamment de l’adoption d’une politique d’appui à l’intention des personnes âgées.

Une autre initiative permet aux chômeurs et à d’autres personnes marginalisées d’avoir accès à des programmes de formation spéciaux.  Des programmes de développement sont mis sur pied au niveau municipal, les systèmes d’éducation du pays ont été améliorés et un poste de médiateur pour la protection des droits de l’enfant est sur le point d’être créé.

Le représentant a aussi indiqué que des politiques concrètes avaient été adoptées pour appuyer la situation des personnes handicapées.  Le Kazakhstan accorde par ailleurs la priorité aux dépenses éducatives et promeut l’emploi des jeunes dans le secteur public notamment.

M. NEGASH KEBRET (Éthiopie) a souligné l’importance du développement social pour assurer une croissance économique inclusive.  Il a indiqué que son gouvernement accordait des services de protection sociale à ses citoyens et promouvait par ailleurs l’accès à un emploi décent.  Le représentant a aussi souligné que les chocs socioéconomiques pouvaient être atténués par l’adoption de mesures qui utilisent au mieux les ressources humaines.

Le délégué a ensuite estimé qu’une attention particulière devait être accordée à la situation des personnes handicapées.  L’Éthiopie déploie de nombreux efforts pour harmoniser sa législation nationale aux dispositifs de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Le représentant a notamment indiqué que des cours étaient dispensés en langage des signes ainsi qu’en braille. 

Il s’est ensuite félicité du fait qu’entre 2010 et 2014, le nombre de bénévoles dans le pays était passé de 4 à 14 millions.  Le taux d’alphabétisation devrait par ailleurs atteindre 95% en 2014, tandis que le taux de mortalité infantile a fortement baissé. 

Des efforts notables demeurent toutefois nécessaires pour diminuer le taux de mortalité maternelle, a-t-il admis.  Le représentant a aussi souligné que la croissance des pays devait appuyer le développement rural, zone où vivent une majorité de pauvres.

Mme NICHOLA NOKULUNGA SABELO (Afrique du Sud) a indiqué que le développement social demeurait un problème clé pour de nombreux pays en développement, même si des progrès significatifs avaient été enregistrés.  L’épidémie de la maladie à virus Ebola montre la fragilité des systèmes de santé et le principe de responsabilité partagée et différenciée ne saurait être négligé à cet égard, a-t-elle dit.

Les Sud-Africains sont également loin d’avoir éliminé la pauvreté mais le Gouvernement s’efforce de mettre en place un cadre législatif et des stratégies de lutte contre les disparités.  Le programme social national s’articule autour de logements subventionnés et d’aide á l’accès aux prestations sociales, aux services de santé et d’éducation de base ainsi qu’à l’eau et à l’assainissement.  Pour améliorer les problèmes liés à l’emploi des jeunes, des efforts sont déployés pour créer des emplois pour les jeunes.

Elle a souligné, par ailleurs, la nécessité d’une convention des Nations Unies sur les droits de l’homme des personnes âgées.  Elle a reconnu les différentes formes de famille, première cellule du développement, et appelé à se montrer responsable face aux défis du développement social.  

M. DIA A. A. ABUBAKER (Libye) a constaté que la communauté internationale faisait face à plusieurs défis qui ont un impact sur le développement social des pays, notamment l’épidémie Ebola et les activités terroristes de l’État islamique en Iraq et au Levant.  Il s’est inquiété du fait que la croissance dans son pays avait fortement baissé et a appelé les autorités à redoubler d’efforts pour combler les écarts visant à combattre la pauvreté, à promouvoir l’émancipation des femmes et à autonomiser les jeunes, entre autres.  Il a expliqué que son gouvernement cherchait à mettre en œuvre des programmes de formation des jeunes et de réinsertion à l’intention des anciens combattants.

Le représentant a, de même, souligné que depuis 2011, la Libye faisait face à de grands problèmes qui ont mis à mal nombre de ses institutions et qui ont eu un impact néfaste sur les moyens de subsistance de la  population.  Il a appelé au lancement d’un processus de réconciliation nationale.  Il a jugé nécessaire d’endiguer la corruption et de mettre l’accent sur le développement des zones rurales.  Des mesures de protection doivent également être envisagées pour les personnes les plus vulnérables de la société, a-t-il ajouté.

Mme AMINA SALEMN AL MALIKI (Qatar) s’est félicitée des rapports, conclusions et recommandations du Secrétaire général et a appelé à accorder la priorité, dans les discussions sur l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, à l’autonomisation de l’individu, en particulier des catégories marginalisées de la société.  Le Qatar a basé le développement social de l’individu sur une réforme de ses textes législatifs pour garantir une vie digne à toutes les composantes de la société, et l’émergence d’une société civile forte et active.

Elle a mis en exergue le rôle crucial de la famille dans le développement social et a fait état des efforts divers du Qatar en vue de la consolidation de la famille, issus de la Conférence sur la famille qui a abouti à l’Appel de Doha sur cette question.

La promotion des personnes handicapées est un autre cheval de bataille du Gouvernement qatari qui a mis en place des services d’enseignement et de développement socioéconomique des femmes et des jeunes handicapés.  De même, l’Initiative pour tous est un autre programme tendant à garantir l’accès de tous les enfants à un enseignement de qualité.

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