Les délégations s’inquiètent du détournement des technologies de l’information et des communications devant la Première Commission
La Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale a tenu cet après-midi son débat thématique consacré aux autres mesures de désarmement et de sécurité internationale au cours duquel elle a entendu 19 délégations, dont certaines ont présenté des projets de résolution.
Un certain nombre de délégations ont exprimé leurs inquiétudes face au détournement des technologies de l’information et des communications à des fins autres que pacifiques. Celles-ci sont utilisées pour déstabiliser les États, y compris leurs infrastructures militaires, a observé la délégation de l’Indonésie, au nom du Mouvement des non-alignés, qualifiant ces pratiques de contraires à la Charte des Nations Unies, et en particulier à l’Article 2 sur la résolution pacifique des différends entre États, a précisé pour sa part la délégation de l’Égypte, au nom de la Ligue des États arabes.
Ces technologies devraient au contraire être un outil de promotion du développement et non d’interception des télécommunications à des fins d’espionnage, a dit le représentant du Suriname, au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud, considérant qu’il s’agissait là d’une menace à la sécurité et une sérieuse violation des droits politiques, civiles et humains, du droit international et de la souveraineté des États. La confiance entre États et la sécurité internationale sont directement érodées par la cybercriminalité et le cyberterrorisme, et donc la militarisation du cyberespace, a estimé la représentante de la Chine. L’Internet ne doit pas être utilisé pour s’ingérer dans les affaires internes des autres États, a-t-elle ajouté, appelant à l’instauration d’un système de gouvernance mondiale.
Les délégations ont par ailleurs affirmé qu’il appartenait à la communauté internationale de se saisir des défis ainsi définis. Pour la Fédération de Russie, les Nations Unies doivent assumer un rôle de premier plan dans ce domaine. Le représentant de ce pays a ainsi observé que, l’an dernier, le Groupe d’experts gouvernementaux sur la sécurité de l’information avait fait la démonstration qu’en dépit des divergences, un terrain d’entente était possible.
De l’avis de la délégation espagnole, il n’est pas question de contrôler ou de limiter l’utilisation de l’Internet, mais de trouver l’équilibre entre liberté et sécurité, pour construire un cyberespace libre et sécurisé qui contribue à la stabilité et à la sécurité dans le monde.
Une étape a été franchie avec la reconnaissance que les accords internationaux et la Charte des Nations Unies s’appliquaient aux États dans le cyberespace, a, pour sa part, affirmé le représentant de l’Australie, pour qui il est maintenant temps d’appliquer le droit international dans le cyberespace, notamment par l’adoption de mesures de confiance et de renforcement de la coopération internationale.
La Première Commission commencera demain à 15 heures à se prononcer sur les projets de résolution qui lui sont présentés.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTES AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR
Autres mesures de désarmement et sécurité internationale
Déclarations
M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie), au nom des pays du Mouvement des non-alignés, s’est déclaré inquiet que les technologies de l’information et des communications (TIC) puissent être utilisées à des fins contraires à la paix et à la sécurité, notamment à déstabiliser les États, y compris leurs infrastructures militaires. Le Mouvement, qui soutient le multilatéralisme, présentera un projet de résolution pour que les questions relatives aux TIC soient examinées dans un cadre multilatéral, a indiqué le représentant.
Celui-ci a également déclaré que le MNA estimait nécessaire de respecter les normes environnementales dans les mesures de désarmement, annonçant que ses membres présenteraient aussi un projet de résolution sur la question.
Le Mouvement des non-alignés, qui soutient l’adoption de mesures de confiance en matière de désarmement, présentera par ailleurs un autre projet de résolution sur le sujet, a poursuivi le représentant, affirmant que les ressources dégagées par le désarmement devaient être employées dans les politiques de développement.
Enfin, en tant que fervent défenseur de la réduction des budgets militaires au profit du développement, le Mouvement des non-alignés présentera un projet de résolution à ce propos, a indiqué le représentant, invitant les États à adopter tous ces projets sans vote.
M. AMR FATHI ALJOWAILY (Égypte), au nom de la Ligue des États arabes, a estimé que l’utilisation des TIC devait se faire dans le respect de l’article 2 de la Charte des Nations Unies sur la résolution pacifique des conflits entre États. Les États arabes soutiennent l’établissement de mesures de confiance, afin de prévenir toute utilisation négative des TIC, a-t-il déclaré, soulignant que ces mesures devaient être prises dans le cadre de discussions multilatérales et dans un processus de renforcement des capacités, afin que chacun puisse être capable d’identifier les menaces potentielles et prendre part à la gestion des infrastructures liées, notamment l’Internet.
Le Groupe des pays arabes est prêt à participer à des délibérations sur ces sujets, a assuré le représentant. Il a également estimé que le cyberespace devait être préservé de la militarisation et ne servir que les besoins pacifiques des États.
S’exprimant au nom de la CARICOM, Mme SHORNA-KAY RICHARDS (Jamaïque) a axé son intervention sur la place des femmes dans les efforts de désarmement, se félicitant de l’adoption de la résolution lors de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale sur les « Femmes, le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes ».
Après avoir rappelé que les femmes et les filles souffraient de manière disproportionnée des violations des droits humains en période de conflit, en particulier des violences sexuelles, la représentante a apporté son soutien au nouveau projet de résolution sur « les femmes, le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes » présenté au cours de cette session par Trinité-et-Tobago. Elle a constaté avec satisfaction que la nouvelle mouture du texte faisait état des dernières avancées, citant en particulier l’introduction de dispositions relatives aux violences faites aux femmes dans le Traité sur le commerce des armes qui entrera en vigueur en décembre prochain, et celles portant sur la collecte de données qui permettront de mieux évaluer les conséquences des violences sexistes découlant du trafic illicite de la prolifération des armes légères et de petit calibre. Elle a appelé les États membres à adopter ce projet de résolution par consensus, se félicitant de l’augmentation ces dernières années de la représentation des femmes au sein de la Première Commission.
S’exprimant au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), Mme KITTY SWEEB, (Suriname) a rappelé que les technologies de l’information et des télécommunications devaient être « un outil de promotion du développement » et pas d’utilisation par les États ou les acteurs non étatiques, en violation du droit international et des droits de l’homme. Elle a indiqué que le dernier sommet des chefs de gouvernement de l’UNASUR à Paramaribo, en août dernier, avait fermement rejeté l’interception des télécommunications à des fins d’espionnage, considérant qu’elles constituaient une menace à la sécurité et une sérieuse violation des droits politiques, civiles et humains, du droit international et de la souveraineté des États. Elle a précisé que le sommet avait décidé d’accélérer le développement de projets de cyberdéfense et de connexions plus sûres et de renforcer le développement des technologies au niveau régional.
« Conscients du développement des capacités offensives dans le cyberespace dans le cadre des doctrines militaires, les États membres de l’UNASUR partagent les préoccupations croissantes quant à la vulnérabilité des infrastructures critiques et de l’escalade possible de conflits déclenchés par des cyber attaques », a affirmé la représentante, avant de défendre le renforcement des normes internationales encadrant les technologies de l’information et des télécommunications. Dans ce contexte, elle a salué les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur les développements dans les domaines des technologies de l’information et des télécommunications qui concluent que le droit international et la Charte des Nations Unies s’appliquent dans le cyberespace et sont essentiels pour le maintien de la paix et de la stabilité et la promotion d’un accès pacifique et ouvert à l’information.
M. SIDDHARTA NATH (Inde) a présenté le projet de résolution L.13 intitulé « Rôle de la science et des technologies dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement ». Il a rappelé que les progrès des sciences et des technologies étaient un facteur critique du développement économique et social des États. Il a estimé que la coopération internationale dans ce domaine devait être renforcée, via des transferts de technologies et le partage de l’information, ce qui est la raison d’être de ce projet de résolution qui prévoit d’inscrire cette question à l’ordre du jour de la prochaine Assemblée générale. « La communauté internationale a exprimé sa préoccupation quant à la mauvaise utilisation des technologies de l’information et des télécommunications, pour des activités criminelles ou hostiles, ou le développement de systèmes d’armes létaux autonomes », a-t-il indiqué, avant d’estimer qu’il y avait « un besoin de suivre les évolutions négatives dans ce domaine, mais que les progrès destinés à des applications civiles devaient être encouragés ».
« Il est impératif d’encadrer les transferts internationaux de biens et de technologies destinés à des applications militaires », a-t-il affirmé, avant d’appeler les États Membres à soutenir ce projet de résolution pour répondre « au besoin de dialogue et d’approche commune de ces questions ».
M. TOSHIO SANO (Japon) a estimé que tous les pays devraient présenter leurs rapports nationaux relatifs aux mesures de désarmement nucléaires au Bureau des affaires militaires, comme le recommande le Secrétaire général. En tant que coauteur d’un projet de résolution présenté par le Mexique sur la question, la délégation japonaise espère que le texte sera adopté sans vote, a-t-il déclaré.
Le représentant a par ailleurs indiqué que la particularité du Japon, seul pays à avoir été bombardé avec des armes nucléaires, lui confère une responsabilité particulière en matière de désarmement nucléaire. C’est pour cette raison que mon pays contribue au programme de bourses sur le désarmement et qu’il a financé une exposition à New York et à Genève sur le nucléaire, a indiqué le représentant, affirmant que le Japon avait foi dans l’éducation en la matière.
M. CHRISTOPHER L. BUCK (États-Unis) a présenté le projet de résolution L.45 intitulé « Respect des accords et des engagements relatifs à la non-prolifération, le contrôle des armes et le désarmement et leurs engagements ». Il a indiqué que ce texte représentait « une contribution utile pour approfondir le consensus international sur la nécessité de respecter les accords et engagements qui constituent la clef de l’architecture de la sécurité internationale ». « C’est une condition du désarmement », a-t-il précisé, indiquant que des modifications minimes avaient été apportées au texte, pour souligner notamment l’impact du non-respect des engagements sur la stabilité et la sécurité internationale
« Sans confiance dans le respect des accords et engagements, l’autorité et les bénéfices des accords multilatéraux et bilatéraux et des obligations y afférant sont affaiblis, rendant le monde plus dangereux », a-t-il estimé, invitant les États Membres à soutenir ce texte.
Mme CLAUDIA YURIRIA GARCÍA GUIZA (Mexique), présentant le projet de résolution sur l’étude des Nations Unies sur les mesures de désarmement, a indiqué que le texte demandait au Secrétaire général de mettre à jour la base de données sur les mesures prises dans le désarmement et la non-prolifération, sans incidence financière.
Elle a également précisé que le Mexique, en coopération avec l’Organisme pour l'interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL) a offert un stage de formation en sensibilisation aux questions de désarmement à des diplomates latino-américains et des Caraïbes.
Mme IVIAN DEL SOL DOMINGUEZ (Cuba) a déclaré que les projets de résolutions présentés devant cette commission et relatives aux mesures de désarmement et sécurité internationales étaient d’une grande importance, précisant que sa délégation appuyait tous les projets de résolution présentés par le Mouvement des non-alignés, notamment celui sur l’utilisation d’armement et de munition à uranium appauvri, de nombreuses études ayant montré les effets à long terme sur la santé et l’environnement.
Cuba appuie le projet de résolution sur les normes environnementales en matière de désarmement, car l’existence d’armes de destruction massive, et notamment les armes nucléaires et chimiques, constituait à son avis une des principales menaces pour l’environnement.
Cuba juge aussi « primordial » le multilatéralisme dans les mesures de désarmement, a poursuivi la représentante, affirmant que l’impasse où se trouvent les mécanismes de désarmement en raison du manque de volonté politique montrait le caractère indispensable du multilatéralisme. Cuba, qui est aussi opposée à la course aux armements au détriment du développement, réaffirme par ailleurs sa proposition de création d’un fonds géré par les Nations Unies qui collecterait les ressources dégagées par le désarmement pour les investir dans le développement des pays, a indiqué la représentante.
Mme XIAO YUE (Chine) a souligné que le développement rapide des technologies de l’information et des télécommunications avait un effet profond sur le développement économique et social, en créant de nouvelles opportunités pour la civilisation humaine. Elle s’est toutefois dite préoccupée par le développement parallèle de la cybercriminalité et le cyberterrorisme, et plus généralement par la militarisation du cyberespace, avec pour conséquence l’érosion de la confiance entre les États et la sécurité internationale.
Appelant au développement d’un cyberespace pacifique, sécurisé, coopératif et ouvert, la représentante a estimé que la communauté internationale devait adhérer à plusieurs principes: le principe de paix –la Charte des Nations Unies et les principes du droit international s’appliquent au cyberespace ; le principe de souveraineté –les États doivent se respecter et ne pas utiliser Internet pour s’ingérer dans les affaires internes des autres États ; le principe de co gouvernance –les États doivent travailler ensemble pour gérer et distribuer de manière équitable les bénéfices liés au développement d’Internet afin de créer un système de gouvernance mondiale d’un cyberespace multilatéral, démocratique et transparent, le principe des bénéfices universels – chacun doit pouvoir bénéficier des opportunités créées par Internet et la coopération internationale, régionale et sous-régionale doit être encouragée.
La représentante a par ailleurs salué les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux (GEG) sur la sécurité de l’information, estimant que ce GEG constituait « une plateforme importante pour renforcer la compréhension mutuelle et explorer les possibilités de normes internationales ». Elle a précisé que le GEG devait aussi « se concentrer sur les moyens de convertir le principe de paix en normes de conduite respectées par toutes les parties ».
En conclusion, elle a rappelé que la Chine, en coopération avec la Fédération de Russie, avait présenté à l’Assemblée générale un projet de Code international de conduite sur la sécurité de l’information. « Nous sommes prêts à travailler avec tous les États à son amélioration », a-t-elle déclaré.
Mme SAHEBZADA AHMED KHAN (Pakistan) a souligné les implications sur la paix et la sécurité mondiales de l’utilisation faite de certaines nouvelles technologies, soulignant les développements récents dans le domaine des armes conventionnelles, notamment celles qui évitent les risques de pertes humaines pour les États qui les utilisent. À titre d’exemple, elle a cité le recours de plus en plus fréquent et indiscriminé à de nouvelles armes comme les drones. Pour le Pakistan, a-t-elle indiqué, l’utilisation de drones armés, en particulier contre des populations civiles, représente une violation du droit international, de la Charte des Nations Unies, du droit humanitaire international et des droits de l’homme. Elles sont en outre contraires au respect de la souveraineté des États, à moins que ceux-ci y consentent expressément. La représentante a déclaré craindre une prolifération de la technologie des drones, et encore plus la menace potentielle de voir des acteurs non étatiques et des terroristes s’emparer de cette technologie.
Mme Khan a également dénoncé la prolifération des armes létales autonomes qui pourraient changer la nature même des conflits armés. Les mêmes arguments appliqués aux drones sont valables pour cette catégorie d’armes, a-t-elle précisé.
M. HENK COR VAN DER KWAST (Pays-Bas) a affirmé que face à l’utilisation croissante de l’Internet, avec trois milliards d’utilisateurs aujourd’hui, le cyberespace ouvrait des possibilités énormes de gains dans un monde toujours plus connecté. Mais pour que l’Internet puisse continuer à être un vecteur de développement et d’innovation il faut développer des moyens plus sûres pour faire des affaires en ligne et protéger les gens de la cybercriminalité, a-t-il prévenu.
Estimant qu’il fallait également promouvoir la stabilité et la sécurité internationales dans ce domaine, le représentant a notamment cité les attaques digitales sur les infrastructures stratégiques des États (aéroports, ports et autres). Il a également salué la multitude d’initiatives bilatérales, multilatérales et régionales prises actuellement dans ce domaine qui sont de nature à renforcer la transparence, la confiance et la stabilité dans ce domaine. Pour sa délégation, la question de la cybersécurité ne peut pas trouver de réponse dans le vide, mais doit être abordé en conjonction avec d’autres questions comme la liberté et les possibilités de croissance économique en ligne.
Affirmant que seule la concertation permettra que la pièce essentielle du socle sociétal du XXIe siècle reste sûre, libre et ouverte, le représentant a annoncé que son pays accueillera la Conférence mondiale sur le cyberespace les 16 et 17 avril 2015 à La Haye.
M. JOHN QUINN (Australie) a rappelé que l’Internet bénéficiait aujourd’hui à l’ensemble de la communauté internationale –gouvernements, société civile, individus, secteur privé- et qu’il avait permis à des millions de personnes d’accéder à de nouvelles opportunités. Il a souligné que ces aspects positifs s’accompagnaient de nouveaux défis et d’une volonté de plus en plus clairement affichée d’encadrer les activités dans le cyberespace. « Nous avons franchi une étape importante, en reconnaissant que les accords internationaux et la Charte des Nations Unies s’appliquaient aux États dans le cyberespace », s’est-il félicité, avant de défendre une nouvelle étape pour faire appliquer le droit international dans le cyberespace.
Le représentant a rappelé que l’Australie participait à ces travaux, via le Groupe d’experts gouvernementaux sur la sécurité dans le cyberespace. Il a souligné « la longue expérience des mesures de transparence et de confiance » de la Première Commission en matière de sécurité et de désarmement et appelé à la mise en place de telles mesures pour le cyberespace. « Il y a urgence à identifier et élaborer des mesures spécifiques sur lesquelles il y a un consensus entre les États », a-t-il estimé, soulignant qu’elles auraient « un impact direct et positif sur la sécurité régionale et internationale ». En conclusion, il a salué l’organisation d’une série de conférences internationales dans le cadre du « Processus de Londres », pour développer la coopération internationale dans ce domaine, appelant les États à participer à la Conférence mondiale sur le Cyberespace prévue en avril 2015 aux Pays-Bas.
Mme LYDIA LAU (Singapour) a regretté la lenteur des progrès dans le domaine du désarmement, ce qu’elle explique en partie par le fait que les puissances nucléaires et les autres pays continuent à avoir des désaccords sur l’importance à accorder au désarmement et à la non-prolifération. Néanmoins, la volonté politique affichée à l’occasion du processus d’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes lui semble encourageante, a-t-elle poursuivi.
La représentante a par ailleurs estimé que la sécurité mondiale aurait forcément des répercussions sur l’économie internationale, souhaitant que des mesures rapides et efficaces soient prises sur le plan multilatéral pour sortir les discussions sur le désarmement de l’impasse actuelle.
Singapour, qui reste très attachée au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), continuera à ne ménager aucun effort pour arriver au désarmement nucléaire, à la non-prolifération et à limiter l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, a assuré Mme Lau, précisant que sa délégation soutenait les initiatives relatives aux questions humanitaires liées à l’utilisation non discriminatoire des mines antipersonnel et d’autres armes conventionnelles.
M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a déploré que les technologies de l’information et des communications (TIC) soient de plus en plus utilisées pour porter atteinte à la souveraineté des États et s’ingérer dans leurs affaires intérieures. C’est pour cette raison qu’il est urgent de prévenir la confrontation sur le terrain des TIC, a dit le représentant. L’une des réponses à apporter à ce défi serait justement le renforcement de la coopération internationale, et les Nations Unies ont un rôle primordial à jouer dans ce domaine, a-t-il précisé.
Le représentant a par ailleurs souligné que les conclusions du rapport du Groupe d’experts gouvernementaux de l’an dernier avaient démontré qu’il était possible de trouver un terrain d’entente en dépit des divergences de vue et de conception. Il est donc à espérer que le nouveau Groupe de travail, dont le mandat et la composition ont été élargis, y compris aux questions relatives aux TIC, parviendra à faire des recommandations pratiques, a-t-il ajouté.
Présentant le projet de résolution sur les développements dans les domaines de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale, le représentant a également rappelé que ce projet de résolution annuel était adopté par consensus depuis 1998. Cependant, la Fédération de Russie a pris en considération les avis des autres délégations afin de proposer un texte équilibré cette année, qui apporte des amendements techniques au texte de l’an dernier, a précisé le représentant, saluant également la création du nouveau Groupe d’experts gouvernementaux.
M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie), présentant au nom d’un groupe de pays un projet de résolution intitulé « Sécurité internationale et le statut de zone exempte d’armes nucléaires de la Mongolie », a déclaré que le texte avait fait l’objet de larges consultations.
La Mongolie, dont la spécificité est d’avoir deux États voisins dotés de l’arme nucléaire, a adopté une législation qui en fait une zone exempte de ces armes, a-t-il indiqué, précisant que cette initiative avait été soutenue et saluée par l’Assemblée générale. Le représentant a exprimé l’espoir que le projet de texte serait adopté sans vote, comme les années précédentes.
M. ERICK MWEWA (Zambie) a dénoncé les mauvaises utilisations de la science et des nouvelles technologies (TIC), notamment par des groupes terroristes qui utilisent les TIC pour promouvoir leurs idées. Les applications technologiques peuvent également être récupérées dans le domaine militaire où elles posent une menace pour la sécurité internationale, a-t-il affirmé, relevant toutefois que celles-ci pouvaient également être mises au service du désarmement et de la sécurité, notamment pour assurer le suivi des engagements pris par les États dans ces domaines.
Sur le plan national, le représentant a précisé que son pays avait adopté une loi sur les TIC pour favoriser un cadre règlementaire propice à leur développement. La loi comporte notamment des dispositions réglementaires pour les cafés Internet, la détection des crimes, la sensibilisation et le renforcement des mécanismes de protection des groupes vulnérables.
S’agissant de la sécurité internationale, la représentante appelle à un renforcement de la coopération régionale et internationale dans le domaine des sciences et de la technologie pour améliorer la transparence, les mesures de confiance et prévenir d’éventuels conflits. Cela s’applique notamment à la question de la sécurité des installations nucléaires et à la détection d’activités illégales d’enrichissement d’uranium, a précisé le représentant.
M. JULIO HERRAIZ ESPANA (Espagne) a rappelé que le cyberespace offrait des opportunités qui profitaient à des millions de personnes, facilitait la promotion de l’intégration politique et sociale sur toute la planète et représentait un élément central de la croissance économique et de la prospérité. Soulignant la grande dépendance des États à l’Internet, pour ce qui est de leurs systèmes financiers, de leurs infrastructures sécuritaires et électriques, en passant par leurs réseaux de transport et leurs administrations publiques, le représentant a souligné la vulnérabilité des États dans le cyberespace et les risques liées à une utilisation malicieuse d’Internet susceptible de menacer la sécurité des États, leurs intérêts économiques et leurs droits fondamentaux.
« La cybersécurité doit être la priorité des gouvernements et il appartient aux États de se préparer eux-mêmes à répondre aux cyberattaques, en déployant les compétences et les ressources nécessaires à cette fin», a-t-il déclaré. « Il n’est pas question de contrôle ou de limite de l’utilisation libre d’Internet, mais de trouver l’équilibre entre liberté et sécurité, pour construire un cyberespace libre et sécurisé qui participe à la stabilité et la sécurité globale », a-t-il poursuivi.
Pour y parvenir, le représentant s’est prononcé pour un renforcement de la coopération, appelant les États Membres à redoubler d’efforts dans ce sens. Appuyant également « un débat institutionnel destiné à établir des normes internationales, à identifier les bonnes pratiques et la régulation internationale permettant d’assurer la paix et la sécurité dans l’utilisation des technologies de l'information et des télécommunications », le représentant a salué les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur la sécurité dans le cyberespace, auxquels l’Espagne a contribué.
Mme CHARLENE ROOPNARINE (Trinité-et-Tobago) a présenté le projet de résolution intitulé « Femmes, désarmement, non-prolifération et contrôle des armes » (L.47). Après avoir rappelé que ce texte invitait la Première Commission et l’Assemblée générale à reconnaitre le rôle des femmes dans les processus de décision liés au désarmement, à la non-prolifération et au contrôle des armes, la représentante a appelé les États Membres à soutenir le texte.
« Cette résolution transcende la notion de femme victime de conflits armés ou de violences armées et propose un soutien à leur participation et à leur contribution au processus de désarmement et de contrôle des armes », a-t-elle déclaré, avant d’indiquer que la version 2014 de ce texte reflétait les derniers développements dans ce domaine, qu’elle réitérait l’engagement des États Membres en faveur d’un plus grand rôle des femmes sur ces questions et qu’elle soulignait un certain nombre d’initiatives concrètes destinées à donner la priorité au leadership des femmes dans le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes.
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