La Première Commission entame son débat thématique sur les armes de destruction massive
Les délégations saluent la destruction des armes chimiques syriennes et demandent à ce que des mesures soient prises pour éviter que les terroristes puissent en acquérir
La Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale a entamé ce matin son débat thématique consacré aux armes de destruction massive, au cours duquel elle a entendu 19 délégations qui ont toutes exprimé leur rejet de ce type d’armes. La communauté internationale devait tirer des leçons des deux guerres mondiales qui ont fait des millions de morts, causés notamment par des armes chimiques, a estimé la représentante du Qatar. À son avis, la meilleure solution est de ne pas en fabriquer et de faire en sorte que les terroristes ne puissent pas en acquérir.
L’existence et l’utilisation d’armes chimiques et biologiques n’ont rien de moins qu’un crime contre l’humanité, dont il faut se prémunir en les éliminant complètement, a estimé de son côté le représentant du Surinam, au nom de l’Union des Nations de l’Amérique du Sud. Pour sa part, le représentant de la République de Corée a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elles prennent des mesures de prévention contre l’acquisition de ces armes et des technologies nécessaires à leur fabrication par des groupes non étatiques et a exprimé sa préoccupation qu’on ait retrouvé dans un ordinateur de l’État islamique des données sur la manière de fabriquer des armes biologiques.
S’agissant des armes chimiques en Syrie, la plupart des délégations se sont félicitées de la destruction de l’arsenal chimique syrien dans un délai inférieur à celui fixé par le Conseil de sécurité. Le représentant de la Norvège, au nom des pays nordiques, a salué les conditions « sans précédent » dans lesquelles la Syrie a détruit ses stocks et « l’excellente » coopération internationale affichée par ce pays. Il est maintenant temps que les autres États parties à la Convention d’interdiction des armes chimiques, en particulier les États-Unis, la Fédération de Russie et la Libye, en fassent de même, a dit le représentant. Pour le Mexique, la destruction de ces armes par la Syrie est un « évènement inédit et historique », alors que la Fédération de Russie a estimé que cette question pouvait être désormais suivie de manière ordinaire au sein de l’Organisation sur l’interdiction des armes chimiques. En revanche, les inconstance et contradictions de la Syrie dans ses déclarations suscitaient des interrogations et des préoccupations quant à la sincérité de ses dirigeants à renoncer entièrement à son programme sur les armes chimiques, a indiqué le représentant des États-Unis.
Dans le même ordre d’idées, la responsabilité du régime syrien dans l’utilisation de gaz chlorés sur des populations civiles a été mise en cause par le représentant des pays de l’Union européenne, alors que le délégué de la France a invité la Syrie à achever « de manière irréversible » le démantèlement de son programme chimique. Pour la délégation du Japon, il faudra également détruire les installations servant à la production de ces armes pour assurer le démantèlement complet de ces arsenaux.
Les délégations ont également plaidé pour une universalisation des conventions internationales relatives aux armes de destruction massive. Le représentant du Cuba a affirmé soutenir toute initiative en ce sens, tout en tenant compte du droit des États de recourir à la biologie à des fins pacifiques. Le représentant de l’Inde s’est déclaré favorable à une transparence et objectivité accrues concernant les critères et modalités d’inspection, affirmant qu’aucun ne doit être sanctionné pour le dynamisme de son industrie chimique.
Avant la tenue de ce débat, la Première Commission a entendu les directeurs des Centres régionaux de paix et de sécurité des Nations Unies présenter leurs activités de l’année passée.
M. Marco Kalbush du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique a indiqué que son centre a continué d’accorder son appui technique aux pays africains, en particulier pour les mises en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, de la Convention de Kinshasa sur les armes légères et de la feuille de route de l’Union africaine sur la non-prolifération et la lutte contre le terrorisme. Le Centre a aussi fourni des formations à 750 experts gouvernementaux dans les domaines de la gestion et de sécurisation des stocks d’armes légères et de munitions.
Le Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes dirigé par Mme Carolyne-Melanie Regimbal, a également entrepris des activités dans 15 pays de la région, dont une formation sur la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité et le Traité sur le commerce des armes. Cette formation a eu pour but de préciser les obligations découlant du traité, en particulier en matière d’importation, d’exportation, de contrôle et d’évaluation des risques, a-t-elle indiqué, précisant plus 50 000 armes légères et de petit calibre et 62 tonnes de munitions avaient été détruites dans la région.
Pour sa part, M. Xiaoyu wang, Directeur du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique, a indiqué avoir organisé une série de conférences sur les défis de la non-prolifération au XXIème siècle et sur la cybercriminalité avec des représentants de 25 pays de la région Asie-Pacifique. Le centre s’est aussi illustré dans le renforcement des capacités nationales avec des séminaires sur la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes, du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et d’un atelier sur les conventions d’interdiction des armes chimiques et biologiques.
Par ailleurs, en début de séance aussi, le représentant de la Fédération de Russie a tenu à rectifier les propos qui lui ont été faussement attribués dans un communiqué de presse en anglais publié hier sur le site Internet des Nations Unies. En réalité, l’Ukraine et la Fédération de Russie sont deux pays souverains, deux pays frères, unis par des liens historiques, socioéconomiques et familiaux, a-t-il dit.
La Première Commission poursuivra ce débat le lundi 27 octobre, à 10 heures, en salle de réunion 4.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTES AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR
Autres armes de destruction massive
Déclarations
M. XIAOYU WANG, Branche régionale du Bureau du désarmement, a rappelé que les coûts de fonctionnement des Centres régionaux pour la paix et le désarmement étaient financés par le budget des Nations Unies, mais que leurs activités dépendaient des contributions volontaires des États Membres. Il a remercié les États qui ont participé à ces financements et permis la mise en œuvre d’activités techniques, juridiques et politiques aux niveaux régional et sous-régional.
Il a par ailleurs précisé qu’au cours de l’année écoulée, les Centres régionaux avaient concentré leurs programmes sur le renforcement des capacités des États et des organisations régionales, avec trois domaines de prédilection dont le premier concernait l’assistance technique pour la mise en œuvre des instruments juridiques à l’échelle régionale, principalement le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects; le deuxième se rapportait à la promotion du dialogue et des mesures de confiance, via des ateliers et séminaires sur les armes de destruction massive et les armes conventionnelles; le troisième avait trait à la sensibilisation du grand public aux défis du désarmement et de la non-prolifération.
En conclusion, M. Wang a indiqué que les Centres régionaux avaient aussi déployé des efforts particuliers pour renforcer la coordination et les liens entre les États Membres et les organes des Nations Unies.
Poursuivant en sa capacité de Directeur du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique (UNRCPD), M. XIAOYU WANG a passé en revue les grandes actions menées au cours de l’année dans la région Asie-Pacifique. Dans le domaine du renforcement de la confiance entre les États, il a cité notamment l’organisation d’une conférence sur les défis de la non-prolifération au XXIe siècle en République de Corée, ainsi que la tenue d’une série d’ateliers sur la cybercriminalité, en Chine, avec 70 représentants venus de 25 pays de la région Asie-Pacifique. Dans le domaine du renforcement des capacités des États, il a cité la tenue d’un séminaire sur la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects au Myanmar, ainsi que l’organisation de la deuxième réunion régionale sur la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes aux Philippines, et la tenue d’ateliers sur les conventions d’interdiction des armes chimiques et biologiques au Népal. Enfin, dans le domaine de la promotion de la paix, via l’éducation, le représentant a cité l’initiative pilote lancée au Népal et visant à intégrer aux programmes scolaires des contenus appuyant la résolution pacifique des conflits, une culture de paix et de non-violence.
M. MARCO KALBUSH, Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, a déclaré que son centre avait continué d’accorder son appui technique aux pays africains, en particulier dans la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, en coordination avec les autres agences spécialisées de l’ONU. Le centre a aussi aidé à la mise en œuvre de la Convention de Kinshasa sur les armes légères et de la Feuille de route de l’Union africaine sur la non-prolifération et la lutte contre le terrorisme. Pour mener ses activités, le centre a augmenté ses effectifs de 12 personnes, dans le strict respect du principe de la répartition géographique équitable, a-t-il dit.
Le centre a aussi fourni des formations à 750 experts gouvernementaux provenant de 30 pays, en matière de gestion et de sécurisation des stocks d’armes légères et de munitions. Il a également mené une campagne pour la ratification du Traité sur le commerce des armes. Des séminaires ont aussi été organisés pour aider les pays africains à la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité, avec un échange entre experts gouvernementaux. Depuis le début de ces formations, deux pays africains ont présenté leurs rapports nationaux initiaux. Le centre travaille également en faveur du désarmement général, en coopération avec l’Union africaine et dans le cadre de l’Agenda 63, a-t-il indiqué.
Mme CAROLYNE-MELANIE REGIMBAL, Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes, a indiqué que son centre a mené 50 activités dans 15 pays différents. Outre les activités classiques sur les armes légères et de petit calibre, les experts ont assuré des formations sur la résolution 1540 du Conseil de sécurité et le Traité sur le commerce des armes. Cette formation a eu pour but de préciser les obligations découlant du Traité, en particulier en matière d’importation, d’exportation, de contrôle et d’évaluation des risques. Les autorités de ces pays ont également reçu une formation théorique sur les définitions, les cadres normatifs et les classifications conventionnelles. Des certificats ont été délivrés à la fin de cette formation, a-t-elle indiqué.
Le centre a en outre lancé de nouveaux programmes pour la mise en œuvre de la résolution 1540, axé notamment sur les dangers de prolifération des armes légères et de petit calibre, la gestion des stocks ou la piraterie maritime. Le centre fournit en outre une assistance aux États pour l’adoption de législations conformes à cette résolution.
Mme Regimbal a également indiqué que le centre avait surpassé les objectifs de son plan de gestion des stocks des armes légères et de petit calibre. Ainsi plus de 50 000 de ces armes et 62 tonnes de munitions ont été détruites, outre l’assistance octroyée à 13 États pour la destruction indépendante de leurs stocks. Une formation a également été donnée à 10 000 agents de sécurité dans le cadre de la lutte contre le trafic d’armes dans la région des Caraïbes.
M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) faisant référence à un communiqué de presse publié hier sur le site des Nations Unies, a déclaré que la déclaration faite hier par sa délégation a été déformée et ne correspondait pas à ce qui a été prononcé et traduit. Le communiqué de presse indiquait « en dépit du cessez-le feu entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, les États-Unis ont soutenu un coup d’État inconstitutionnel en Ukraine ». Or, il fallait comprendre « après que les ministres des affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et de la Pologne aient signé en février un accord sur la situation politique en Ukraine, cet accord a été violé le lendemain ». Il fallait aussi lire « les Etats-Unis et l’Union Européenne ont soutenu un coup d’état anti constitutionnel en Ukraine et aidé les forces ultra nationalistes à accéder au pouvoir à Kiev ». L’essentiel est que la Fédération de Russie n’est pas partie au conflit, a-t-il insisté. Il a dit comprendre que des forces hostiles souhaitent déformer la réalité. Mais l’Ukraine et la Fédération de Russie sont deux pays souverains, deux pays frères, unis par des liens historiques, socioéconomiques et familiaux, a-t-il indiqué, en demandant que le communiqué de presse soit modifié.
M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie), qui parlait au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a réaffirmé la nécessité d’éliminer toutes les armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires, et de prévenir l’émergence de nouveaux types d’armes de destruction massive. Il a soutenu la nécessité de surveiller la situation et lancer des actions internationales dans ce sens. Le représentant a appelé tous les États parties dotés de ces armes à détruire complètement leurs arsenaux dans les délais impartis et a invité les États qui n’ont pas encore signé ou ratifié la Convention à le faire le plus tôt possible. Le Mouvement des pays non alignés, a précisé M. Isnomo, souligne l’importance de parvenir et de maintenir un haut niveau de préparation de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques pour fournir à temps l’aide et la protection nécessaires contre l’utilisation ou la menace d’utilisation des armes chimiques, y compris l’aide aux victimes des armes chimiques.
Par ailleurs, a estimé le représentant, le Mouvement des pays non alignés reconnaît que le manque de système de vérification pose un défi à l’efficacité de la Convention, appelant à la reprise des négociations multilatérales pour la conclusion d’un protocole juridiquement contraignant non-discriminatoire assorti de mesures de vérification. Il a souligné la nécessité d’améliorer, sans restriction, la coopération internationale, l’aide et les échanges des toxines, des équipements d’agents biologiques et de la technologie à des fins pacifiques, sans discrimination aucune, en conformité avec la Convention.
Il a également invité tous les États Membres à soutenir les efforts internationaux pour empêcher les terroristes de se doter d’armes de destruction massive et d’en acquérir la technologie nécessaire à leur fabrication. Les pays du Mouvement des non alignés mettent également en garde contre la pratique constante du Conseil à vouloir utiliser son pouvoir pour imposer aux États Membres la mise en œuvre de ses décisions, estimant que la question de l’acquisition d’armes de destruction massive par des acteurs non étatiques devait être traitée d’une manière inclusive par l’Assemblée générale, prenant en considération l’avis de tous les États Membres.
M. AMR FATHI ALJOWAILY (Égypte), au nom du Groupe arabe, a déclaré qu’il était indispensable de créer un monde exempt de toute arme de destruction massive. Le désarmement nucléaire reste la priorité des priorités, a-t-il souligné, appelant à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Le Groupe arabe a pris des mesures pratiques pour universaliser le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-il indiqué, tandis qu’Israël continue de refuser de rejoindre cet instrument.
La création de cette zone est une responsabilité collective, a-t-il poursuivi, invitant les autres parties à respecter leurs obligations émanant du Plan d’action de la Conférence d’examen de 2010. Les Nations Unies ont à présent la responsabilité de réaliser ce plan d’action et de faire pression sur le seul acteur qui refuse de le faire, a-t-il affirmé, appelant les autres délégations à adopter le projet de résolution qui sera proposé à cet effet.
Mme JULIETTE BABB-RILEY (Barbade), s’exprimant au nom de la CARICOM, a déclaré que l’usage d’armes de destruction massive était injustifiable. Avec la récente utilisation de ces armes en Syrie aucun pays ne devrait rester indifférent face à cette menace, alors que les capacités techniques et tactiques des groupes terroristes sont devenues plus sophistiquées, a-t-elle prévenu, avant d’affirmer que l’acquisition de ces armes par ces groupes devait être combattue par une ferme volonté politique et une coopération permanente de la communauté internationale.
Les États Membres doivent renforcer les mesures de prévention et s’assurer que ces groupes ne peuvent pas les acquérir, ni leurs vecteurs, ni les technologies permettant de les produire, a-t-elle poursuivi, estimant indispensable la prise de mesures de prévention de ce risque, en coopération avec les acteurs privés et les industries.
Mme Babb-Riley a également déclaré que la région de la CARICOM avait fait des progrès dans la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité. Ce programme, mis en place en coordination avec le Département des affaires du désarmement, l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, l’Interpol et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime est d’une importance capitale et devrait bénéficier du plus large soutien pour permettre aux États membres de la CARICOM de tenir leurs engagements, a conclu la représentante.
S’exprimant au nom du Danemark, de la Finlande, de l’Islande et de la Suède, Mme MAY-ELIN STENER (Norvège), s’est félicitée de la destruction de l’arsenal chimique de la Syrie, soulignant les conditions « sans précédent » dans lesquelles cette mission a été menée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Elle a salué les « extraordinaires efforts » des membres de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques qui ont réalisé un travail « essentiel » pour la communauté internationale. Elle a également souligné « l’excellente » coopération internationale dans la mise en œuvre de cette mission, citant les navires fournis par le Danemark et la Norvège pour transporter l’arsenal chimique, l’équipe nucléaire, radiologique, biologique et chimique mis à disposition par la Finlande et la « contribution inestimable » de la Chine, de la Russie et du Royaume-Uni.
Elle a par ailleurs fait part de la vive préoccupation des pays nordiques à propos des rapports internes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques faisant état de l’usage répété de chlore sur des populations civiles depuis avril dernier, indiquant que ces attaques avaient été lancées avec des hélicoptères et que seul le régime syrien en disposait. Elle a réclamé que les auteurs de ces crimes de guerres soient tenus pour responsables de ces actes et a appelé la Syrie à coopérer avec les Nations Unies sur cette question.
La représentante a également invité les États parties à la Convention d’interdiction des armes chimiques, en particulier les États-Unis, la Fédération de Russie et la Libye, à remplir leurs obligations en détruisant leurs stocks. Elle a aussi appelé les États qui n’ont pas encore signé et ratifié la Convention à le faire au plus vite. Enfin, elle a insisté sur la nécessité d’utiliser l’expertise de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, appelant à maintenir le personnel d’inspection qui a acquis désormais une solide expérience.
Abordant la Convention sur les armes biologiques, la représentante s’est prononcée pour son universalisation, estimant qu’elle était l’une des pierres angulaires du régime international de non-prolifération des armes biologiques et bactériologiques. Elle a notamment demandé que des efforts soient déployés pour renforcer sa mise en œuvre au niveau des États, les mesures de confiance entre les États parties et la coopération pratique entre les scientifiques et la communauté du désarmement.
Mme NICOLE HEW A KEE (Suriname), s’exprimant également au nom de l’Union des Nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), a condamné l’existence d’armes chimiques et biologiques et a réitéré que leur utilisation est un crime contre l’humanité. Les conséquences catastrophiques de leur utilisation devront être prévenues par leur complète élimination, a-t-elle indiqué, réaffirmant la nécessité de résoudre cette question conformément au droit international, de manière impartiale et transparente.
Elle s’est dite préoccupée face à la possible utilisation de gaz de chlore dans des attaques contre les populations civiles cette année en Iraq et a condamné l’attaque contre la mission d’établissement des faits créée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Mme Kee a appelé les États qui n’avaient pas encore adhéré à la Convention sur les armes chimiques à le faire sans tarder, et ceux dotés d’armes chimiques à respecter leurs obligations et à détruire leurs arsenaux dans les délais impartis et à se joindre à la Convention sans condition.
Elle a, par ailleurs, affirmé que les dispositions de la Convention devaient être appliquées de manière à ne pas entraver le développement économique ou technologique des États parties et la coopération internationale dans le domaine des activités chimiques à des fins non interdites par la Convention.
Mme CLARA GANSLANDT, Union européenne, a condamné dans les termes les plus vifs l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, qui constitue une violation du droit international, un crime de guerre et un crime contre l’humanité. La représentante a rappelé que l’Union européenne contribuait à hauteur de 17 millions d’euros au plan de destruction des armes chimiques syriennes. Cependant, il reste encore du travail à faire, a-t-elle déclaré, en faisant part de sa préoccupation concernant l’utilisation systématique et répétitive d’armes chimiques toxiques depuis le mois d’avril, comme l’a confirmé le deuxième rapport de la mission d’enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. « Nous restons déterminés à sanctionner les responsables de ces actes horribles », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter que la Convention sur les armes chimiques était une des composantes clefs de la non-prolifération et du désarmement. Sa stricte application et son intégrité doivent être entièrement garanties.
Elle a affirmé par ailleurs que l’Union européenne attachait la plus haute priorité au renforcement de la Convention sur les armes biologiques, en faisant des efforts spécifiques pour convaincre les Etats membres à ratifier sans tarder cet instrument. Elle a souligné que l’Union européenne continuerait à promouvoir les efforts internationaux destinés à empêcher l’acquisition et l’utilisation par des terroristes d’armes de destruction massive. Pour cela, l’UE soutiendra activement l’adoption de la résolution biennale sur « la prévention de l’acquisition par des terroristes de sources radioactives », présentée par la France et l’Allemagne, a indiqué la représentante.
M. VENKATESH VARMA (Inde), a renouvelé l’attachement de son pays au désarmement mondial dans le cadre de la Convention sur la mise au point, la production, le stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CIAC) et de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (CIAB).
Le représentant s’est félicité de la destruction par son pays de l’intégralité de son arsenal chimique dans le respect des délais prévus par la CIAC. M. Varma a appelé tous les États parties à la Convention actuellement détenteurs d’armes chimiques à suivre l’exemple de son pays dans les plus brefs délais, insistant sur l’importance de parvenir à une ratification universelle de la CIAC.
M. Varma a rappelé que l’Inde, dont l’industrie chimique est particulièrement florissante, faisait l’objet d’un nombre important d’inspections de la part de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, qui ont confirmé l’attitude irréprochable de son pays dans ce domaine. M. Varma s’est prononcé en faveur d’une plus grande transparence et objectivité dans les critères et modalités d’inspection, insistant sur le fait que son pays ne devait pas être sanctionné pour le dynamisme de son industrie chimique.
Le représentant a par ailleurs appelé à un renforcement de la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction (CIAB), estimant que seul un mécanisme de vérification convenu au niveau multilatéral serait à même de contrôler efficacement la mise en œuvre de la Convention par les États parties. Rappelant que son pays avait établi un cadre légal de prévention contre l’utilisation de la science et de la technologie biologique à des fins abusives, le représentant a réaffirmé l’engagement de l’Inde à respecter les normes internationales concernant le contrôle des agents chimiques et biologiques.
M. YOUNG-JIP AHN (République de Corée), après s’être félicité de la destruction de l’arsenal chimique syrien, il s’est dit préoccupé par les allégations d’utilisation de gaz chloré en Syrie. Il a dans ce contexte invité l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques à vérifier que les déclarations des autorités syriennes correspondent à la réalité.
Le représentant a ensuite invité les États non parties à la Convention sur les armes biologiques à adopter rapidement cet instrument, en particulier la République populaire démocratique de Corée. Il est également préoccupant qu’on ait retrouvé dans un ordinateur de l’État islamique des données sur la manière de fabriquer des armes biologiques, a affirmé le représentant, appelant au renforcement du régime de cette Convention.
Mme GARCIA GUIZA (Mexique) a affirmé qu’un système de paix et de sécurité internationales ne pouvait soutenir l’existence des armes de destruction massive, qui ont des effets indiscriminés et inhumains. Pour sa délégation, a-t-elle ajouté, la Convention sur les armes biologiques et la Convention sur les armes chimiques constituaient les instruments permettant la destruction et l’élimination de ces armes. Mme Guiza a néanmoins affirmé que même si des avancées ont été enregistrées en ce qui concerne la destruction et la non-prolifération, beaucoup restait à faire pour parvenir à un monde exempt de ce type d’armes.
Elle s’est également félicitée de la destruction de l’arsenal chimique syrien avant les délais prévus par la résolution du Conseil de sécurité, la qualifiant d’« évènement inédit et historique », estimant que le Gouvernement syrien semblait disposé à coopérer et apporter des informations complémentaires sur la question. Quant à l’usage de gaz chloré en Syrie, cette information nécessitait une enquête et la responsabilisation de ceux qui se sont livrés à de tels actes, a-t-elle estimé.
La représentante a aussi déploré que les États parties à la Convention sur les armes biologiques ne soient pas parvenus à des accords à minima pour élaborer des outils de vérification de la mise en œuvre de cet instrument. Il est impératif que les États obtiennent des certitudes juridiques et politiques sur la conformité à cette Convention et la destruction des armes biologiques, a conclu Mme Guiza.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a salué l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2118 qui a donné mandat au Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques de mener à son terme l’opération de destruction des armes chimiques en Syrie. Cependant, les États-Unis sont préoccupés par l’usage par la Syrie d’armes chimiques au mépris de ses obligations en vertu de cette même résolution, a-t-il signalé, saluant à cet égard le professionnalisme et l’impartialité de la mission d’enquête de l’OPCW, laquelle dans son rapport a mis clairement en cause la responsabilité du Gouvernement syrien dans les attaques systématiques et répétées à l’arme chimique d’avril à mai 2014.
La Syrie, a affirmé le représentant, fait preuve d’inconstance et de contradiction dans ses déclarations, ce qui soulève des interrogations et des préoccupations sur sa sincérité à renoncer entièrement a son programme sur les armes chimiques. M. WOOD a insisté sur la nécessité de s’assurer que la Syrie se conforme à ses obligations en vertu de la Convention avant de boucler ce dossier, car, a-t-il ajoute, il ne faut pas également perdre de vue la menace que font peser les armes biologiques, qu’elles soient entre les mains des Etats ou d’organisations non-étatiques.
M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a rappelé son soutien à l’universalisation des traités internationaux et des conventions d’interdiction des armes chimiques et biologiques. « Ce sont des instruments fondamentaux pour la paix et la stabilité internationales », a-t-il déclaré, avant de réaffirmer l’attachement de son pays au respect de ses obligations en matière de destruction de ses stocks d’armes chimiques et d’appeler tous les États parties à la Convention d’interdiction des armes chimiques à en faire de même. Il a aussi enjoint les États qui ne sont pas parties à la Convention à la rejoindre dans les plus brefs délais.
Il a souligné « l’avancée substantielle » réalisée dans le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie, rappelant qu’elle avait été rendu possible par « un accord politique entre la Syrie, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Fédération de Russie ».
« La Syrie a confirmé sa volonté de prendre une décision historique, dans des délais très courts et un contexte très spécifique », a-t-il affirmé. « Des représentants des Nations Unies et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ont souligné à maintes reprises le haut niveau de coopération avec la Syrie », a ajouté le représentant avant d’estimer que le dossier syrien n’était « plus une urgence ». « Cette question doit être suivie désormais de manière ordinaire au sein uniquement de l’OIAC et nous mettons en garde contre les tentatives de politisation du dossier », a-t-il précisé.
Abordant ensuite les questions liées à la Convention sur les armes biologiques, il a déploré que le texte ne prévoie pas de mécanismes de contrôle du respect des obligations des États parties. Rappelant qu’il n’y avait plus eu de véritables négociations sur son renforcement depuis 2001, il a affirmé que la Fédération de Russie avait lancé en mai dernier une consultation auprès des États parties pour proposer la reprise des discussions sur un protocole additif à la Convention. « Les résultats ont donné lieu à une réunion d’experts en août et des consultations sur la reprise de négociations multilatérales vont se poursuivre; une décision pourrait être prise lors de la Conférence d’examen de la Convention programmée en 2016 », a-t-il précisé.
Le représentant a estimé qu’un « élément crucial du régime international de non-prolifération des armes biologiques était « le respect du Protocole de Genève de 1925 ». Il a appelé à son universalisation et à la levée des réserves émises par certains États.
Mme DEL SOL (Cuba) s’est déclarée en faveur d’un contrôle international strict en matière de vérification de la destruction totale de ces armes chimiques, estimant en outre qu’il fallait prévenir la production de nouvelles armes de ce type. Elle a également dit soutenir toute initiative internationale visant à l’universalisation de la Convention sur la mise au point, la production, le stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction (CIAC). Dans ce contexte, elle s’est félicitée de la destruction totale des armes chimiques syriennes, saluant par ailleurs la coopération de ce pays. Il est important en outre que les autres pays qui détiennent ce type d’armes les détruisent dans les délais prévus et cessent d’en reporter le processus, a-t-elle déclaré.
La représentante a également dit appuyer l’application de la Convention sur les armes bactériologiques et à toxines, précisant par ailleurs qu’il fallait en faire une application équilibrée, notamment pour ce qui concerne l’article 10 de l’instrument prévoyant l’utilisation de la biologie à des fins pacifiques. Si on veut lutter contre la prolifération de ces armes, il faut cesser toute prolifération verticale et démarche sélective, a-t-elle précisé.
M. TOSHIO SANO (Japon), notant que la Convention sur les armes chimiques avait contribué considérablement à la paix et à la sécurité dans les efforts d’élimination de ces armes, a estimé qu’il était essentiel de renforcer les efforts visant à garantir l’universalité de cet instrument. À cet égard, il a souligné l’importance de fournir l’assistance technique et l’expertise nécessaires pour encourager les États n’étant pas encore parties à le ratifier. Il a salué en outre les efforts des principaux États détenteurs d’armes chimiques pour détruire leurs stocks, démarche qui, à son avis, cadre bien avec l’objectif fondamental de la Convention.
Le représentant a réaffirmé à ce propos sa conviction qu’il était urgent de détruire les stocks d’armes, ainsi que les installations servant à leur production en Syrie. À cette fin, le délégué a annoncé une contribution de 18 millions de dollars faite par son pays aux Nations Unies et à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, se félicitant que les matières chimiques déclarées aient été enlevées de la Syrie et que le processus de leur destruction soit en voie d’être achevé. En outre, il a affirmé que son pays prenait au sérieux ses obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques, et s’engageait, tant sur le plan humain que financier, dans le processus de destruction de ce type d’armes abandonnées en Chine.
Mme ABDULRAHMAN AL-THANI (Qatar) a déclaré que la communauté internationale devait tirer des leçons des deux guerres mondiales qui ont fait de millions de morts, causés notamment par des armes chimiques. La meilleure solution est de ne pas fabriquer, a-t-elle indiqué.
La situation sécuritaire actuelle ne peut se résoudre par une course aux armements, mais au contraire par des actions axées sur le développement, a affirmé la représentante, estimant que la sécurité ne pouvait être atteinte tant que les pays cherchaient à se doter d’armes de destruction massive. Elle a également déclaré, qu’étant donné la situation au Moyen-Orient, il n’était pas impossible que des groupes terroristes puissent se fournir en armes de destruction massive, lançant un appel aux États pour qu’ils endiguent ce risque.
M. JEAN-HUGUES SIMON-MICHEL (France) a indiqué que la responsabilité du régime syrien dans l’emploi du chlore comme arme chimique en 2014 ne faisait guère de doutes. La Syrie doit assurer la communauté internationale de l’achèvement et de l’irréversibilité du démantèlement de son programme chimique, a-t-il dit. Il s’est par ailleurs félicité de l’écho favorable réservé à la proposition de la France de mettre en place un mécanisme de revue par les pairs dans le cadre de la Convention d’interdiction des armes chimiques.
Le représentant a également souligné que les programmes balistiques iraniens et nord-coréens progressaient en violation des résolutions du Conseil de sécurité. Il a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour renforcer l’efficacité des arrangements multilatéraux, notamment le Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques.
Enfin, M. Simon-Michel a souhaité présenter la résolution biennale coparrainée par la France et l’Allemagne, relative cette année à la prévention de l’acquisition de sources radioactives par des terroristes.
M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a qualifié les armes de destruction massive comme étant des armes non conçues pour la légitime défense, raison pour laquelle son pays était partie à la Convention d’interdiction des armes chimiques et à la Convention sur les armes biologiques.
Il a salué l’appui de l’Union européenne pour la création d’une autorité nationale veillant à la mise en œuvre efficace de ces instruments et le soutien du Centre régional pour la paix et le désarmement d’Amérique latine et du Bureau du désarmement des Nations Unies. Il a invité les États qui n’ont pas encore rejoint la Convention d’interdiction des armes chimiques à le faire dans les délais les plus brefs. Le représentant a également réaffirmé le soutien de son pays à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, ainsi qu’à la résolution 1540 du Conseil de sécurité qui vient « compléter les dispositifs existants ».