Soixante-neuvième session
14e séance – matin
AG/DSI/3508

La Première Commission entame son débat sur les armes classiques

Les délégations expriment leurs exigences sur la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes et demandent un débat sur les armes létales autonomes

« Il y a près de 500 millions d’armes légères et de petit calibre (ALPC) en circulation en Afrique, causant une insécurité qui coûte des milliards de dollars par an à son économie, sans parler de la perte de vies humaines.  Ces armes sont les plus meurtrières au monde, n’épargnant aucun continent », a affirmé la représentante de Djibouti, reprenant un sentiment partagé par de nombreuses délégations sur les effets délétères du commerce illicite de ces armes.  De nombreux conflits qui ont secoué le continent africain ces dernières décennies ont été alimentés par le flux de ces armes, aggravant les violences, la criminalité organisée et les violations flagrantes des droits de l’homme, et provoquant des flux de réfugiés et de personnes déplacées, a ajouté l’Éthiopie.  Les terroristes et autres organisations criminelles font près de 600 000 morts tous les ans, des carnages et autres bains de sang en Afrique et au Moyen-Orient, a précisé pour sa part le représentant du Nigéria. 

Pour la France, c’est le détournement de ces armes, depuis les stocks existants jusqu’aux marchés illégaux, qui menace la sécurité régionale et internationale.  Ce trafic est également lié à l’activité de groupes armés et criminels, a ajouté la délégation colombienne.  La circulation illicite des armes légères et de petit calibre profite surtout aux chefs de guerre, aux trafiquants de drogues, aux groupes rebelles qui déstabilisent des gouvernements légitimes ou dévalisent les convois humanitaires, a poursuivi le représentant de la République démocratique du Lao.  

Mais quelle que soit l’origine de ces armes, il est inacceptable qu’elles tombent dans les mains de groupes non étatiques, a estimé la délégation du Belarus, se prononçant pour une meilleure gestion des stocks, qui permettrait à son avis de renforcer le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

Avant de parvenir à l’éradication totale du trafic illicite, il faudra commencer par lutter contre les causes de ces phénomènes, a estimé de son côté le représentant de Cuba, déplorant que ce Traité qui entrera en vigueur en décembre prochain ne soit pas à la hauteur des attentes.  Pour cette délégation, cet instrument est en effet déséquilibré, favorable aux exportateurs d’armes, avec des critères d’évaluation subjectifs et facilement manipulables.  Pour le rendre le plus efficace possible, il faudrait que les grands pays exportateurs et importateurs d’armes qui n’ont pas encore rejoint ce Traité y adhèrent, a souligné le Bangladesh. 

Malgré ces lacunes, la grande majorité des délégations se sont néanmoins félicitées de l’entrée en vigueur prochaine du Traité, 15 mois à peine après son adoption.  C’est un succès en soi, a estimé la représentante roumaine.  Ce Traité est un « nouveau chapitre dans les efforts de la communauté internationale pour assurer la plus grande transparence et responsabilisation dans le commerce international des armes », a précisé la Lituanie.

D’après d’autres délégations, la mise en œuvre de cet instrument devra répondre à certaines attentes.  Les pays du Groupe arabe ont ainsi estimé que le Traité devra respecter non seulement la Charte des Nations Unies, mais aussi le droit souverain de chaque État à assurer sa sécurité, sa défense, son refus de l’occupation et le droit à l’autodétermination des peuples occupés.  Il faudra également respecter le droit souverain des États d’importer et d’exporter des armes, tout en soulignant la responsabilité des pays exportateurs d’armes, a encore dit le représentant de ce Groupe, appuyé par celui de la Colombie pour qui, il faut faire une différence entre le commerce illicite et le commerce légal.  Le Traité devra également assurer la transparence, la responsabilisation dans les transferts et permettre la prévention du trafic, en particulier vers les groupes armés, a renchérit le représentant de Moldavie. 

Cette mise en œuvre devra toutefois se doter de mécanisme de contrôle.  Le représentant du Kazakhstan a estimé que chaque pays devrait avoir son propre mécanisme de contrôle, appelant à un renforcement des capacités des États qui n’en disposent pas.  Pour le Myanmar, le Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects devrait fournir les bases d’une coopération dans ce domaine.  Pour sa part, l’Afrique du Sud a estimé que sans une coopération internationale, la plupart des questions soulevées par les États, sont les déplacements de populations civiles et les menaces pour le développement durable, ne seraient jamais correctement abordées.

S’agissant des autres armes classiques et particulièrement des mines antipersonnel, les délégations ont rappelé qu’elles provoquaient également d’importants dégâts dans le monde.  Pour les délégations des Pays-Bas et du Sénégal, il faut honorer sans tarder l’engagement pris par les États Membres d’éliminer toutes les mines antipersonnel d’ici à 2025, sur la base d’une coopération et d’une assistance aux pays particulièrement concernés.  Sur cette question, la Déclaration et le Plan d’action de Maputo adoptés lors de la troisième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction de l’emploi des mines antipersonnel, tenue en juin dernier à Maputo, offrent des lignes directrices claires, a poursuivi la Slovénie.  Le Japon, un des principaux promoteurs des programmes de déminage dans le monde, auxquels il a versé près de 580 millions de dollars dans 50 pays et régions, a réaffirmé son engagement à poursuivre l’aide aux pays dans le besoin.  La Chine, pour sa part, a déclaré avoir accordé une assistance en matière de déminage à 40 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et fourni une formation au déminage à l’Afghanistan et au Cambodge. 

Les États-Unis, État non partie au Traité d’Ottawa sur les mines antipersonnel, ont décidé de changer de politique dans ce domaine.  En juin dernier, a indiqué son représentant, le Gouvernement américain a annoncé son intention de ne plus produire ou acquérir des munitions contraires à ladite Convention.  Cette nouvelle politique englobe également la péninsule de Corée où les États-Unis ne déploieront, ne faciliteront et n’encourageront pas le déploiement de telles munitions, a précisé le représentant.  La délégation de la Finlande, pays qui a adhéré à la Convention d’Ottawa, a également assuré que son pays poursuivrait la destruction totale de tous les stocks de ces armes.  Pour sa part, l’Inde a interrompu leur production et observe un moratoire sur leur transfert.

Autre sujet évoqué au cours du débat, le développement et l’usage d’armes létales autonomes, nommément les drones armés.  Le Nigéria, au nom du Groupe des États d’Afrique, a fait savoir que ces systèmes posaient des questions éthiques, de droit international et de droit international humanitaire.  Pour autant il ne faut pas oublier le danger de prolifération, qui risque de se retourner contre les pays producteurs, a prévenu le Pakistan, qualifiant ces armes « d’atteinte à la souveraineté des États ».  Son représentant s’est prononcé pour l’examen de cette question dans le cadre de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques.  De son côté, la République de Corée a plaidé pour une approche équilibrée de cette question afin de parvenir à une compréhension commune de ces nouvelles technologies et de leurs implications.

La Première Commission continuera demain à 10 heures en salle 4 son débat thématique consacré aux armes conventionnelles.  

DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR

Groupe de questions relatives aux armes classiques

M. SIDDHARTHA NATH (Inde) a fait part de sa profonde préoccupation face au trafic des armes légères et de petit calibre (ALPC) et à leur transfert à des acteurs non étatiques ou des organisations terroristes.  Appuyant le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, il a réclamé sa mise en œuvre complète et effective, ainsi que celle de l’instrument international de traçage.

Le représentant a par ailleurs soutenu la Convention sur l’interdiction de l’emploi de certaines armes classiques, la qualifiant de « forum universel rassemblant dans la même enceinte producteurs et principaux utilisateurs ».  Il s’est également prononcé pour la Convention d’interdiction des mines antipersonnel et a rappelé que son pays avait interrompu leur production et observait un moratoire sur leurs transferts.  « L’Inde soutient les deux principaux instruments de promotion de la transparence que sont le Registre des Nations Unies sur les armes conventionnelles et les rapports annuels des Nations Unies sur les dépenses militaires », a-t-il indiqué, avant de souligner le « système solide et efficace de contrôle des armes » mis en place par son pays. 

S’exprimant au nom du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a présenté le projet de résolution intitulé « Confiance régionale et mesures de confiance: activité du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale ».  Il a rappelé que ce texte avait été adopté par consensus les années précédentes et appelé les États Membres à faire de même cette année.  Il a indiqué que le texte réaffirmait la détermination du Comité à se joindre aux efforts des Nations Unies pour lutter contre « les maux qui touchent notre région ».  Il a cité notamment la lutte contre le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre, la xénophobie, le terrorisme, la piraterie, le trafic d’êtres humains et la prévention des conflits

M. ROBERT WOOD (États-Unis) a affirmé que le Traité sur le commerce des armes devait être mis en œuvre de manière transparente et inclusive, tout en reconnaissant que tous les pays n’ont pas le même niveau au regard des systèmes nationaux de contrôle d’armes.  Il a par ailleurs estimé que tous les États intéressés et les membres de la société civile devraient participer à la première conférence des États parties que le Mexique souhaite organiser avec le concours des États-Unis. 

En tant que Haute partie contractante à la Convention sur certaines armes conventionnelles, les États-Unis estiment que cet instrument a permis d’examiner toutes les préoccupations des États en matière de sécurité nationale, a ajouté le représentant, précisant que ceux-ci attendaient avec impatience la prochaine conférence des Hautes Parties contractantes en novembre, qui devrait établir un programme de travail pour 2015 et adopter des mesures pour l’universalisation de ladite Convention et la mise en œuvre de tous ses protocoles.

Le représentant a également indiqué que son pays avait changé de politique en ce qui concerne les mines antipersonnel.  En juin dernier, mon gouvernement a annoncé qu’il ne produirait ni n’acquérerait plus aucune munition antipersonnel qui contreviendrait à la Convention d’Ottawa, a-t-il annoncé, précisant que cette politique serait appliquée à la péninsule de Corée.  Les États-Unis ne déploieront donc plus, ni ne faciliteront ou n’encourageront le déploiement de munitions contraires à la Convention d’Ottawa dans cette région et participeront en outre à la destruction des stocks actuels, a dit le représentant.  Sur ce dernier point, il a assuré que les États-Unis finançaient déjà à hauteur de plus de 2,3 milliards de dollars le déminage et la destruction des mines antipersonnel dans plus de 90 pays.   

M. CHUKA UDEDIBIA (Nigéria), au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.  Il a salué l’entrée en vigueur prochaine du Traité sur le commerce des armes et appelé les États qui n’ont pas encore signé et ratifié le texte à le faire au plus vite pour renforcer son universalisation.  Il a demandé une diminution des dépenses militaires et appuyé une réorientation des ressources « pour lutter contre la pauvreté et soutenir le développement socioéconomique ».  Il a souligné les questions d’éthiques et de droit humanitaire que posaient les systèmes d’armes létaux autonomes.  En conclusion, il a présenté le projet de résolution intitulé « Centre régional pour la paix et le désarmement en Afrique », rappelant les grandes lignes du texte, en particulier l’appel aux soutiens financiers pour aider les États africains à lutter contre le trafic illicite des armes.

M. AMR FATHI ALJOWAILY (Égypte) au nom des États arabes, a déclaré qu’alors que le Traité sur le commerce des armes entrera prochainement en vigueur, sa mise en œuvre devra respecter non seulement la Charte des Nations Unies, mais aussi le droit souverain de chaque État à assurer sa sécurité, son autodéfense, son refus de l’occupation par la force et le droit à l’autodétermination des peuples occupés.  Il faudra également respecter le droit souverain des États d’importer et d’exporter des armes, tout en soulignant la responsabilité des pays exportateurs d’armes, a encore dit le représentant. 

Il a ensuite souligné le pouvoir destructeur des mines antipersonnel, appelant les fabricants de ces armes à pleinement coopérer pour le déminage de ces armes, y compris en fournissant les cartes d’emplacement de ces mines.  Par ailleurs, compte tenu des problèmes que pose aujourd’hui l’usage des armes létales autonomes, la communauté internationale devrait mettre en place un mécanisme de contrôle, a indiqué le représentant.   

Mme IVIAN DEL SOL DOMINGUEZ (Cuba) a déploré le développement des systèmes d’armes létaux autonomes, affirmant que les effets de ces armes étaient « dévastateurs ».  Elle a dénoncé le déséquilibre entre les pays industrialisés et les pays en développement en matière de production et de commerce d’armes classiques, estimant qu’il incombait aux États industrialisés de limiter et d’encadrer leur commerce.  Elle a plaidé pour l’adoption de mesures plus efficaces pour lutter contre le trafic des armes légères et de petit calibre, rappelant ses « graves » conséquences économiques, sociales et humanitaires qui compromettent la capacité de développement de nombre de pays et a soutenu le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, réclamant toutefois « des progrès plus concrets en matière de coopération internationale ». 

« Pour parvenir à l’éradication du trafic illicite, il faut lutter contre les causes de ces phénomènes », a-t-elle estimé, avant de déplorer que le Traité sur le commerce des armes qui entrera en vigueur en décembre ne soit « pas à la hauteur des attentes ».  Il s’agit d’« un instrument déséquilibré, favorable aux exportateurs des armes classiques, qui créé des privilèges pour ces États ».  « Les critères d’évaluation des transferts d’armes sont subjectifs et par conséquent facilement manipulables », a-t-elle précisé.

En conclusion, elle a apporté son soutien à la Convention sur l’interdiction de l’emploi de certaines armes classiques et réclamé l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant pour interdire les systèmes d’armes létaux autonomes.   

M. VLADIMIR GERASIMOVICH (Belarus) a jugé inacceptable que des armes légères et de petit calibre tombent dans les mains de groupes non étatiques.  Il faudra sans doute examiner la question des licences de vente de ces armes, a estimé le représentant, ajoutant qu’une meilleure gestion des stocks permettrait de renforcer le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

Dans ce contexte, le représentant a exprimé l’intérêt de son pays à coopérer avec les États de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en ce qui concerne la gestion des stockages de ce type d’armes. 

M. JEAN-HUGUES SIMON-MICHEL (France) s’est associé à la déclaration faite au nom de l’Union européenne pour saluer les avancées majeures réalisées cette année dans le domaine du désarmement conventionnel et de la maîtrise des armements.  Rappelant que les armes légères et de petit calibre (ALPC) sont les armes qui font actuellement le plus de victimes dans le monde, il a souligné leur effet de déstabilisation et de frein au développement des États les plus vulnérables.  Saluant l’entrée en vigueur du Traité, le délégué a indiqué que la France appuyait la candidature de Genève pour accueillir le siège du secrétariat.  Pour son pays, a-t-il affirmé, la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes sera déterminante: c’est ce qui a incité la France à organiser, les 2 et 3 octobre derniers à Paris, un séminaire destiné à désigner, en partenariat avec les pays d’Afrique et avec les organisations régionales africaines, les besoins en matière de mise en œuvre du traité, a-t-il indiqué.

Le détournement des ALPC depuis des stocks existants jusqu’aux marchés illégaux menace, selon lui, la sécurité régionale et internationale.  Dans ce contexte, la France se félicite de l’adoption par consensus du document final de la cinquième réunion biennale (BMS5) des États en application du Programme d’Action des Nations Unies sur les ALPC.  À titre national, la France réalise des projets de sécurisation des dépôts d’armes et de destruction des munitions en excès au Mali, en Côte d’Ivoire, en République centrafricaine, en Guinée et au Sud-Soudan, a indiqué le représentant. 

S’agissant des pourparlers dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC/CCW) sur la question des systèmes d’armes létaux autonomes (SALA/LAWS), M. Jean-Hugues SIMON-MICHEL a affirmé que la France soutiendrait un renouvellement du mandat pour une nouvelle réunion d’experts en 2015.  Toujours dans le cadre de la CCAC, la France coordonnera en 2015, en liaison avec la Moldavie, les discussions sur la question des engins explosifs improvisés, a ajouté le représentant, précisant qu’en tant que président sortant des hautes parties contractantes, la France introduira cette année à la Première Commission la résolution sur la CCAC/CCW qui, espère-t-il, sera adoptée par consensus.

M. BOSTJAN JERMAN (Slovénie) a émis l’espoir que la première Conférence des Etats parties chargée de l’examen du Traité sur le commerce des armes organisée l’an prochain au Mexique adopterait des décisions permettant la pleine mise en œuvre du Traité, y compris la décision sur le lieu d’implantation de son secrétariat permanent.  Le prochain défi est la course aux prochaines 50 ratifications toujours l’année prochaine, a indiqué le représentant, qui a appelé les États qui ne l’avaient pas encore fait à ratifier le Traité le plus tôt possible, ou, au moins, le signer avant son entrée en vigueur.

M. Jerman a par ailleurs affirmé que la Convention d’interdiction des mines antipersonnel.  La troisième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur l’interdiction de l’emploi des mines antipersonnel, tenue en juin dernier à Maputo, et l’adoption de la Déclaration de Maputo ainsi que le Plan d’action de Maputo, offraient des lignes directrices aux travaux à entreprendre dans ce domaine d’ici à la quatrième Conférence d’examen en 2019.  « Nous croyons pouvoir faire des étapes vers notre objectif final qui est un monde exempt de mines antipersonnel et des souffrances qu’elles causent », a conclu le représentant. 

M. SARMAD MUWAFAQ MOHAMMED AL-TAIE (Iraq) a déclaré que son pays subissait de plein fouet les conséquences néfastes des armes légères et de petit calibre et des mines antipersonnel.  Il est impossible pour l’Iraq d’investir dans le développement avec la présence de ces armes, a-t-il déploré, précisant néanmoins que son pays était partie à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel et à la Convention sur certaines armes classiques.

L’Iraq a également lancé un programme de déminage avec l’appui de partenaires extérieurs, a-t-il dit, avant de préciser que, s’agissant des armes à uranium, ce pays devait compter encore sur l’aide de la communauté internationale et des institutions spécialisées des Nations Unies.

Après avoir salué la décision de la Croatie d’accueillir la première Conférence d’examen de la Convention sur les armes à sous-munitions l’année prochaine à Dubrovnik, M. TOSHIO SANO (Japon) a rappelé que depuis 1998, le Japon a, en tant qu’un des principaux promoteurs de programme d’action contre les mines, fourni une aide de près de 580 millions de dollars aux activités anti mines dans 50 pays et régions.  Ces activités comprennent les opérations de déminage, de sous-munitions et d’engins explosifs non explosés, l’éducation au risque et des projets d’aide aux victimes.  Il a cité le succès du programme anti mines en Colombie auquel a participé l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), en coopération  avec le Gouvernement japonais et la population touchée.  Il a renouvelé l’engagement de son pays à poursuivre son aide aux pays dans le besoin.       

M. SUN LEI (Chine) a salué le « rôle irremplaçable » de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques pour s’attaquer aux conséquences humanitaires des mines antipersonnel et d’autres armes classiques.  Il a indiqué que la Chine avait accordé une assistance en matière de déminage à 40 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et, qu’en 2014, avait accueilli une formation au déminage pour l’Afghanistan et le Cambodge.  Alors que les engins explosifs improvisés sont devenus un outil majeur des organisations terroristes, le représentant de la Chine a réaffirmé la volonté de son pays de renforcer la communication et la coopération avec tous les pays concernés afin de garantir un strict contrôle sur les explosifs et matières chimiques qui pourraient entrer dans la fabrication de telles armes.

Il a par ailleurs souligné que son pays accordait une grande importance aux inquiétudes humanitaires liées au recours à des armes létales autonomes, appelant à approfondir les discussions sur leur nécessaire contrôle.  Par ailleurs, il a réaffirmé la nécessité d’une approche holistique dans ce domaine qui pourrait s’attaquer à la fois aux causes et aux conséquences du commerce illicite des armes légères.  La Chine appuie tous les efforts internationaux visant à réguler le commerce international des armes et a joué un rôle constructif dans la négociation du Traité sur le commerce des armes, a conclu le représentant.               

M. IBRAHIMA SORY SYLLA (Sénégal) a souscrit aux déclarations faites au nom du Mouvement des Non-Alignés et du Groupe des Etats d’Afrique, affirmant que la situation au Sahel, et plus particulièrement au Mali, restait, à son avis, une source de préoccupation pour toute la sous-région.  Cette région reste confrontée à des menaces multiformes comme la prolifération et le trafic illicite des armes conventionnelles et de drogues, ainsi qu’à l’activisme des groupes terroristes, a-t-il indiqué.

Pour y faire face, l’Afrique de l’Ouest a pris un certain nombre d’initiatives visant à harmoniser la législation communautaire et susciter une synergie d’action dans la lutte contre la circulation illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC), a expliqué le représentant.  D’après certaines sources, a précisé le représentant, il y aurait 30 millions d’armes légères en circulation en Afrique, au sud du Sahara, avec 8 à 10 millions s’y ajoutant tous les ans. 

Le représentant a par ailleurs déclaré qu’en tant que membre de la Commission Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), son pays avait adopté en 2006 une convention contre la prolifération des ALPC.  Il s’est également félicité de la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, tout en estimant qu’il fallait veiller à une approche équilibrée de sa mise en œuvre pour éviter que seuls les intérêts des pays producteurs d’armes soient respectés et protégés.

Le Sénégal salue en outre l’adoption, par consensus, d’un document final lors de la cinquième réunion biennale d’examen de la mise en œuvre du programme d’action (POA), qui comporte une série de recommandations favorisant l’application de ce programme aux niveaux national, régional et international, y compris la gestion des stocks et les mesures de sécurisation physique des armes à feu, a poursuivi le représentant.  Pour ce qui est des mines antipersonnel, la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa représente une priorité pour le Sénégal qui estime qu’il faut notamment renforcer l’assistance technique et financière aux pays touchés par ce problème pour faciliter l’exécution des programmes de déminage, a conclu le représentant.  .

M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a exprimé l’espoir que l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes entraînera une diminution du commerce illicite et des dégâts infligés par les armes légères et de petit calibre dans le monde.  La Colombie, qui a signé et est sur le point de ratifier le Traité, estime qu’il faut reconnaître le droit des États à l’emploi légitime de la force, a affirmé le représentant, estimant que tout pays avait le droit d’acheter des armes sur le marché international pour assurer sa sécurité.

Soulignant qu’il fallait faire la différence entre le commerce illicite et le commerce légal, le représentant a souligné que le commerce illicite était essentiellement lié à la délinquance ou à l’activité des groupes armés.  À son avis, il faut déployer des efforts au niveau régional visant à intensifier l’échange d’informations pour éviter la prolifération d’armes aux mains d’acteurs non étatiques.

M. FARUK HOSSAIN (Bangladesh) a salué la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, rappelant les conséquences catastrophiques du trafic illicite des armes légères et de petit calibre et souhaitant que le Traité sur le commerce des armes contribue à renforcer les contrôles et à réduire les souffrances qui découlent de ces trafics.  Il a appelé les grands exportateurs et importateurs d’armes qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre le Traité pour en faire l’instrument le plus efficace possible.  Il a salué les résultats de la cinquième Conférence biennale d’examen du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, soulignant que les États comme le Bangladesh avaient besoin de la coopération internationale pour lutter contre ces trafics.  Il a rappelé que la transparence était « indispensable » et s’est prononcé pour le rôle central du Registre des Nations Unies sur les armes classiques.

Rappelant que son pays était partie à la Convention sur l’interdiction de l’emploi de certaines armes classiques et à la Convention d’interdiction des mines antipersonnel, le représentant s’est inquiété de l’apparition des systèmes d’armes létaux autonomes, insistant sur la nécessité d’encadrer leur usage par des normes internationales.  Il a également appelé les États Membres à réduire leurs dépenses militaires pour réorienter celles-ci vers le développement socioéconomique. 

M. THEO PETERS (Pays-Bas) a estimé que la première réunion d’experts qui s’est tenue au mois de mai 2014 sur les Systèmes d’armes létaux autonomes s’est traduite par un échange fructueux entre les États et la société civile.  Il a souligné que le droit international et le droit international humanitaire restaient le point de repère de toute discussion sur cette question et appelé à approfondir les questions éthiques liées à l’utilisation de telles armes, en ajoutant la nécessité d’examiner  également la question du niveau d’autonomie et de contrôle humain.

Il a qualifié de mitigés les résultats de la dernière Réunion biennale des États parties au programme d’action sur les armes légères, regrettant l’absence de références claires à la synergie entre le Traité sur le commerce des armes, les normes pour la sécurité physique des stocks, les résolutions du Conseil de sécurité relatives aux embargos et l’assistance en matière de transferts de technologie.  Faisant référence à l’engagement des États membres d’éliminer toutes les mines antipersonnel avant 2025, il a réaffirmé l’urgence d’avancer sur cette question par le biais d’une coopération et d’une assistance aux pays particulièrement concernés.  Il s’est dit particulièrement inquiet d’informations faisant état d’utilisation d’armes à sous-munitions par l’état islamique, avant d’exhorter tous les États participants à des opérations  militaires dans la région de s’abstenir de recourir à de telles armes.        

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) s’est dit très inquiet de la tendance au développement de nouveaux types d’armes comme les systèmes d’armes létaux autonomes (SALA).  Il a estimé que cette nouvelle génération d’armes risquait de poser de nombreux problèmes, dont certains d’ordre  éthique, alors que l’intervention humaine n’est plus nécessaire pour le recours à de telles armes. 

Il a appelé à ne pas perdre de vue le risque de voir proliférer de telles armes qui pourraient finir par se retourner contre les pays producteurs.  Se prononçant pour l’interdiction de la production de ces armes qui sont par nature illégales, contraires à l’éthique et inhumaines, le représentant a également condamné le recours à des drones armés qu’il a défini comme une atteinte à la souveraineté nationale.

M. Akram a par ailleurs rappelé que de nombreux civils ont été tués par des drones avant d’appeler à tout mettre en œuvre pour éviter que cette technologie ne tombe entre les mains d’acteurs non-étatiques.  Le représentant du Pakistan s’est dit préoccupé par l’absence de consensus lors de l’adoption finale du Traité sur le commerce des armes, estimant que l’histoire de la régulation des armes montrait la nécessité d’une approche exhaustive prenant en compte les priorités et intérêts sécuritaires de tous les États.  

M. AIDAS SUNELAITIS (Lituanie) s’est félicité de l’entrée en vigueur prochaine du Traité sur le commerce des armes qu’il a qualifié de « nouveau chapitre dans les efforts de la communauté internationale pour assurer la plus grande transparence et responsabilité dans le commerce international des armes ».  Il a salué le consensus qui s’est dégagé après la cinquième Conférence biennale d’examen du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, en particulier pour ce qui a trait à la gestion des stocks d’armes dans les pays en conflit et sortant de conflit.  Il a également rappelé l’importance du Registre des Nations Unies sur les armes classiques, estimant qu’il faisait partie de l’architecture du contrôle des armes, avec le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action pour éliminer le commerce illicite des armes légères.

Rappelant que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe était un exemple du contrôle des armes conventionnelles et des mesures de confiance entre États, il a déploré « l’annexion illégale de la Crimée par la Fédération de Russie et son déploiement militaire dans l’est de l’Ukraine » qui met à mal cette architecture sécuritaire.  Faisant part de sa vive préoccupation face « aux transferts d’armes et d’équipements à des groupes armés illégaux », il a appelé la Fédération de Russie « à cesser ses livraisons, à sécuriser sa frontière et à mettre fin de toute urgence à tout soutien à ces groupes armés illégaux ».

Mme MARITZA CHAN (Costa Rica) a félicité les États parties à la Convention sur les armes à sous-munition de 2008 pour l’engagement qu’ils ont pris d’éliminer ces armes de leurs arsenaux compte tenu de leur impact humanitaire épouvantable.  Mon pays est honoré d’avoir présidé la cinquième réunion d’États parties à San José en Septembre 2014, et fier d’accueillir la première sous-région exempte d’armes à sous-munition du monde en Amérique centrale, avec l’accession du Belize à la Convention, a précisé la représentante, déplorant par ailleurs le fait que ces armes soient toujours utilisées, notamment en Syrie, et en dépit du cadre juridique international existant.

Le Costa Rica est également préoccupé par les conséquences potentielles de l’utilisation des drones armés, problème qui devra être soulevé à son avis dans le contexte du droit international.  La représentante a par ailleurs salué l’adoption du Traité sur le commerce des armes et sa prochaine entrée en vigueur en décembre 2014, soulignant les synergies entre ce Traité et d’autres instruments complémentaires comme le UNPoA sur les ALPC.

M. ISRAIL U. TILEGEN (Kazakhstan) a déclaré, que tout en reconnaissant le droit légitime de tout État à l’autodéfense, son pays estime nécessaire la mise en place de mécanismes de contrôle de toutes les armes conventionnelles dans le cadre d’un traité international de traçage.  Cet instrument devrait, à son avis, avoir pour objectif d’élaborer des normes pour mesurer et identifier efficacement tout commerce illicite d’armes conventionnelles, de manière transparente et inclusive.

Le Kazakhstan, qui a combattu la criminalité au niveau national en retirant des milliers d’armes de la circulation, est aujourd’hui chef de file dans sa région pour établir des législations nationales en matière de traçage, a indiqué le représentant, affirmant qu’il importait que chaque pays dispose d’un mécanisme de contrôle des armes, ce qui n’est pas souvent le cas.  Dans ce contexte, il a appelé à une coopération internationale pour renforcer les capacités des États déficitaires en la matière. 

M. VYKI JARUIAHO (Finlande) a estimé que la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes témoignait de la volonté de la communauté internationale de réguler le commerce des armes.  Il a salué le rôle de la société civile et des organes des Nations Unies dans la phase de négociation du Traité et a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité pour permettre son universalisation.  Le représentant s’est félicité du résultat de la cinquième Conférence biennale d’examen du programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, appelant à « plus de synergie » entre le programme et le Traité sur le commerce des armes.

Il a par ailleurs réaffirmé l’engagement de son pays à poursuivre ses efforts de coopération  internationale pour la mise en œuvre du programme.  Rappelant l’adhésion de la Finlande aux Conventions d’interdiction des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions, le représentant a indiqué que son pays s’engageait à poursuivre la destruction totale de tous ses stocks.  Il a en conclusion salué l’ouverture de discussions sur les systèmes d’armes létaux autonomes au sein de la Convention sur l’interdiction de l’emploi de certaines armes classiques.

Mme NAIDOO (Afrique du Sud) a affirmé que le Traité sur le commerce des armes comblait un vide dans le système international de contrôle des armes conventionnelles, précisant que sa mise en œuvre supposait que les États parties se dotent d’une législation nationale efficace sur le contrôle et les transferts des armes conventionnelles, de systèmes de contrôle d’armes et de lignes directrices officielles, ainsi que d’inspecteurs nationaux et de mesures punitives en cas de transgression de la loi.  L’Afrique a un intérêt tout particulier dans la mise en œuvre du Traité, et sa délégation souhaite que les structures nécessaires à cette fin soient mises en place sans tarder, a-t-elle ajouté.

En tant que pays signataire de la Convention sur les armes à sous-munitions (CCM), l’Afrique du Sud s’engage à pleinement appliquer toutes ses dispositions, a poursuivi la représentante, indiquant que l’instrument avait été envoyé au Parlement pour ratification.  Par ailleurs, la délégation sud-africaine estime que le Programme d’action relatif aux armes légères (PoA) comprenait les mesures centrales et universellement acceptées pour combattre et éliminer le trafic illicite des ALPC.  Sa mise en œuvre est aussi essentielle aujourd’hui qu’en 2001, a-t-elle affirmé, déplorant toutefois que de nombreux États butent encore sur des mesures essentielles comme la gestion des stocks de ces armes ou la mise en place de systèmes de contrôle au niveau national.

Sans une coopération internationale, la plupart des questions soulevées par les États, notamment les déplacements de populations civiles et les menaces pour le développement durable, ne seront jamais correctement abordées, a averti Mme Naidoo.

M. GUJUBO GUTULO (Éthiopie) a salué les efforts visant à renforcer la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, rappelant « les conséquences tragiques » de leur circulation, « en particulier sur les populations les plus vulnérables comme les enfants et les femmes ».  Il a affirmé que de nombreux conflits qui ont secoué le continent africain ces dernières décennies ont été « alimentés par le flux de ces armes, aggravant les violences, la criminalité transnationale organisée et les violations flagrantes des droits de l’homme, et provoquant des flux de réfugiés et de personnes déplacées ».

Dans ce contexte, il a souligné que l’importance de la mise en œuvre « totale et effective » du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, citant en exemple le Centre régional sur les armes légères qui coordonne les actions au niveau régional et apporte son soutien aux États dans leurs efforts de contrôler la circulation de ces armes.

Le représentant a par ailleurs rappelé que son pays avait longtemps souffert des conséquences des mines antipersonnel, en raison des guerres qui se sont déroulées sur son territoire depuis la seconde guerre mondiale.  Il a également rappelé l’adhésion de l’Éthiopie à la Convention d’interdiction des mines antipersonnel, la destruction de tous les stocks de ce type d’armes et ses efforts pour finir de déminer une zone d’environ 58 km². 

M. AHN YOUNG-JIP (République de Corée) a affirmé que le commerce illicite des armes conventionnelles avait été associé aux pires et graves crimes de guerre et crises humanitaires de ces dernières années.  Ce commerce a également eu des effets sur les activités des Nations Unies, a-t-il estimé, saluant pour cette raison l’adoption du Traité sur le commerce des armes qui constitue, à son avis, un jalon dans la lutte contre ce phénomène.  L’entrée en vigueur de cet instrument viendra compléter la résolution 2117 du Conseil de sécurité sur les armes légères et de petit calibre et le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, a dit le représentant, dont le pays est l’un des premiers signataires de ce Traité. 

Le représentant a également affirmé que la Convention sur certaines armes classiques a constitué, ces 30 dernières années, le fondement pour le contrôle des armes, permettant de respecter l’équilibre délicat entre les conséquences humanitaires et les préoccupations légitimes de sécurité.  S’agissant des armes létales autonomes, M. Young-Jip a estimé qu’il fallait adopter une approche équilibrée afin de parvenir à une compréhension commune des nouvelles technologies dans ce domaine et de leurs implications. 

M. VLAD LUPAN (Moldavie) a réaffirmé que le Traité sur le commerce des armes devrait non seulement assurer la transparence et la responsabilisation dans les transferts des armes conventionnelles, mais permettre également la prévention des trafics de ces armes, en particulier aux entités séparatistes non reconnues.  Il s’agit d’un point très important pour mon pays dans le contexte sécuritaire complexe et dangereux actuel de la région, a-t-il indiqué, en soulignant que l’objectif de la République de Moldova était de développer et de renforcer ses capacités nationales dans le contrôle des armes et l’adapter aux normes internationales.  

Il a estimé par ailleurs que la crise qui se déroule à l’extérieur et à l’intérieur de l’Ukraine constituait une épreuve pour les instruments de contrôle des armes et les Nations Unies.  Nos efforts devraient se porter sur la mise en œuvre et le renforcement des engagements pris au niveau de l’ONU et des organisations régionales, a-t-il indiqué, citant en exemple l’Accord sur les principes et procédures d’application du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.  Il faudrait faire preuve de bonne volonté politique pour résoudre les problèmes et atténuer les tensions, permettant ainsi de stabiliser la situation dans cette région, a-t-il conclu.

M. YE GYAW MRA (Myanmar) s’est dit préoccupé par « les graves menaces que font peser les armes conventionnelles pour l’humanité ».  Après avoir rappelé le droit des États à importer ou exporter des armes pour leurs besoins sécuritaires, il a souligné la responsabilité des États dans le contrôle de ces flux d’armes, en particulier pour s’assurer qu’elles ne tombent pas entre les mains d’acteurs non-étatiques ou de groupes terroristes.  Il a également indiqué que son pays, en collaboration avec le Centre pour la paix et le désarmement en Asie, avait mis en place son propre système de marquage, traçage, stockage et contrôle des transferts d’armes légères et de petit calibre. 

Il a par ailleurs apporté le plein soutien de son pays au Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, saluant un « instrument multilatéral significatif pour renforcer la coopération et l’assistance internationale, en particulier dans le renforcement des capacités des Etats ».  « C’est d’une importance cruciale pour que les pays en développement puissent remplir pleinement leurs obligations et assurer la mise en œuvre du Programme d’action », a-t-il ajouté.

M. MAYTHONG THAMMAVONGSA (République démocratique populaire lao) a rappelé l’adhésion de son pays aux principaux traités régulant le commerce international des armes conventionnelles, en particulier la Convention sur l’interdiction de l’emploi de certaines armes classiques et la Convention sur les armes à sous-munitions.  Il a réitéré l’intention de son pays de rejoindre la Convention d’interdiction des mines antipersonnel et s’est félicité de l’entrée en vigueur en décembre prochain du Traité sur le commerce des armes.

« La République démocratique populaire lao fait partie des pays qui ont été les plus bombardés, avec deux millions de tonnes de bombes déversées sur son territoire entre 1964 et 1973 », a-t-il précisé, avant de déplorer la présence d’explosifs rémanents de guerre dans 14 des 17 régions du Lao. « Cette situation interdit l’accès à la plupart des terres agricoles, remet en cause ou retarde les constructions d’infrastructures publiques et ajoutent des coûts aux investissements dans les zones contaminées », a-t-il affirmé, avant de condamner fermement l’usage de toutes les formes d’armes à sous- munitions et d’appeler tous les États qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre la Convention sur les armes à sous-munitions dans les plus brefs délais.

En conclusion, il a déploré la circulation illicite des armes légères et de petit calibre qui servent « les chefs de guerre, les trafiquants de drogues, les groupes rebelles qui déstabilisent des gouvernements légitimes ou dévalisent les convois humanitaires », réaffirmant son plein appui au Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.

Mme SAADA HASSAN (Djibouti) a indiqué que de nombreux pays africains souffraient de manière disproportionnée des effets pernicieux des transferts irresponsables d’armes. Il y a près de 500 millions d’armes légères et de petit calibre en circulation  en Afrique, causant une insécurité qui coûte des milliards de dollars par an à son économie, sans parler des vies humaines, a-t-elle déploré, précisant que ce type d’armes faisait le plus de victimes au monde, n’épargnant aucun continent.

Dans ces conditions, elle s’est félicitée de la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, précisant que la mise en place d’un traité international régissant le transfert d’armes classiques, lié aux impératifs de sécurité, devait se faire de manière équilibrée et objective, afin d’assurer que les intérêts de tous les États sont respectés, voire protégés.  En tant que pays appartenant à une région touchée, Djibouti et ses voisins ne ménagent aucun effort pour appliquer le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, a assuré la représentante.  

M. CHUKA C. UDEDIBIA (Nigéria) a salué « l’engagement remarquable » de la communauté internationale pour s’attaquer à la circulation des armes légères et de petit calibre, via son Programme d'action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite de ces armes. Rappelant que ces armes faisaient près de 600 000 morts chaque année, le représentant a mis l’accent sur « les carnages et bains de sang qui sont le fait de terroristes et autres organisations criminelles en Afrique et au Moyen-Orient ».

« Au Nigéria, le coût de la terreur, alimenté par l’acquisition illicite et la circulation d’armes conventionnelles, est énorme, et le groupe terroriste Boko Haram a tué plus de 13 000 personnes, détruit des communautés entières et pris des otages par centaines », a-t-il poursuivi, avant de s’inquiéter de l’expansion de ces actions aux pays voisins comme le Cameroun, le Tchad et  Niger. Dans ces conditions, le représentant a souligné la création conjointe  avec ces pays, d’une Force multinationale d’intervention pour coordonner la lutte et renforcer la sécurisation des frontières.  Il a également salué l’entrée en vigueur prochaine du Traité sur le commerce des armes, souhaitant  que « sa mise en œuvre effective » en fasse « un outil efficace de régulation internationale pour tenir à l’écart les terroristes, insurgés et autres extrémistes violents ».

M. JOERG SCHMIDT (Suisse) a déclaré que la première Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes devrait asseoir cet instrument sur des bases solides, efficaces et inclusives.  Compte tenu du rôle clef que jouera le futur secrétariat dans la mise en œuvre du Traité, celui-ci devra siéger dans un lieu où les pays importateurs et exportateurs, du Nord et du Sud, disposent d’une représentation permanente, a estimé le représentant, indiquant que son pays proposait Genève comme ville d’accueil.  

Le représentant a également indiqué que le Plan d’action adopté à la Troisième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel devait à présent être mis en œuvre, précisant que des efforts renouvelés étaient nécessaires en ce sens de la part des États affectés, notamment au vu de la multiplication des prorogations des délais de déminage, et de la part des États donateurs. 

Le représentant a par ailleurs souligné que le développement de systèmes d’armes létaux autonomes soulevait des questions fondamentales que son pays partageait avec de nombreux autres États.  Il a également fait état du soutien apporté par la Suisse à l’adoption d’un nouveau mandat d’examen de cette question dans le cadre de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques.

Mme NARCISA DACIANA VLĂDULESCU (Roumanie) a rappelé que son pays avait ratifié le TAC en mars dernier et que les instruments de ratification avaient été déposés en avril, soit un an après l’adoption de ce Traité par l’Assemblée générale, encourageant tous les États à en faire de même.  Consciente des difficultés que peut poser la mise en œuvre du TAC dans certains pays, la Roumanie est prête à leur apporter son concours, compte tenu de son expérience et de son expertise dans ce domaine, a déclaré la représentante, précisant que son pays faisait déjà partie de l’équipe d’experts internationaux du Groupe de travail chargé du programme de sensibilisation du Conseil sur l’exportation d’armes conventionnelles et du Programme de sensibilisation de l’Union européenne sur le TAC.

L’entrée en vigueur du Traité à peine 15 mois après son adoption, le 25 décembre 2014, constitue un succès en soi, a affirmé la représentante, qui a souligné toutefois l’importance de son universalisation.  À son avis, il faudra également s’assurer de sa mise en œuvre effective par tous les États, a-t-elle dit, en particulier ceux qui sont exportateurs et importateurs d’armes.  Mme  Vladulescu a par ailleurs salué la proposition de l’Allemagne d’accueillir la deuxième série de consultations officieuses dans le cadre des préparatifs de la première Conférence des États parties au TAC à laquelle la Roumanie sera présente.

M. THOMAS HAJNOCZI (Autriche) s’est dit honoré d’assurer la présidence du « Réseau de sécurité humaine », un groupe de travail transrégional et informel qui fait la promotion d’actions internationales « centrées sur la prévention, axées sur l’humain et tenant compte des disparités entre les sexes et du contexte propre à chaque État ».  « Cette approche est essentielle pour un engagement international responsable sur le problème des armes conventionnelles  - les armes qui continuent de causer des souffrances humaines partout sur la planète », a-t-il déclaré.  « La prévention des souffrances humaines et la prise en charge de victimes de conflits ou de violence armés doivent être au cœur de nos efforts », a-t-il indiqué, avant de saluer l’entrée en vigueur prochaine du Traité sur le commerce des armes, qui représente « une importante contribution à la sécurité humaine, aux droits de l’homme et au développement » et d’appeler à son universalisation.  Il a rappelé que son pays avait proposé d’accueillir le Secrétariat du Traité dans sa capitale, Vienne. 

Dénonçant les souffrances inhumaines et aveugles infligées par les mines antipersonnel et des armes à sous-munitions, le représentant a appelé à l’universalisation des conventions d’interdiction de ces armes.  Il a fait part de sa préoccupation quant aux récents rapports faisant état de l’usage d’armes à sous-munitions en Ukraine et appelé « toutes les parties à la retenue ».En conclusion, le représentant s’est inquiété de l’usage croissant de munitions à base d’uranium enrichi, attirant l’attention sur les études récentes qui montrent les dommages des radiations sur les personnes et sur l’environnement.

M. JOHN QUINN (Australie) a indiqué que son pays avait versé deux millions de dollars au Mécanisme de financement des Nations Unies pour la coopération en matière de réglementation des armements afin d’appuyer la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes et du programme d’action sur les armes légères.  Il a affirmé que l’Australie était engagée à soutenir la mise en œuvre de la résolution 2117 du Conseil de sécurité sur les armes légères et le programme d’action sur les armes légères afin de prévenir les activités illicites de leur commerce.

Il a salué les résultats de la Troisième Conférence d’examen de la Convention sur les mines antipersonnel qui s’est tenue à Maputo, avant de préciser que le plan d’action de Maputo pour 2014-2019 fournirait un outil solide pour aider les États membres à s’acquitter de leurs obligations en ce domaine. Il a précisé que l’Australie a participé en juin 2014 au Costa Rica à la Cinquième Réunion des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions. Le représentant a par ailleurs estimé que la Conférence des Nations Unies sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques avait démontré cette année sa pertinence en tant que mécanisme multilatéral d’examen des questions émergentes relatives à cette question. Il s’est enfin félicité de la tenue en mai 2014 d’une réunion informelle d’experts sur la question des Systèmes d’armes létaux autonomes.  

M. HERRAIZ ESPANA (Espagne) a rappelé que les armes conventionnelles faisaient chaque année près d’un demi-million de morts et s’apparentaient à de véritables armes de destruction massive.  Rappelant les conséquences de leur circulation et trafic illicite sur la stabilité des États et sur les populations civiles, le représentant s’est félicité de l’entrée en vigueur en décembre prochain du Traité sur le commerce des armes.  Il a souligné que l’universalisation et la mise en œuvre effective du traité étaient les deux éléments clefs du succès.

Il a par ailleurs réaffirmé l’appui de son pays au Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, en particulier les conclusions de la cinquième Conférence biennale d’examen du Programme et la mise en œuvre de l’Instrument international de traçage.  Il a également apporté le soutien de son pays aux instruments spécifiques des Nations Unies, en particulier le Registre des armes conventionnelles et le système de rapports normalisés sur les dépenses militaires.  En conclusion, il a rappelé l’adhésion de son pays aux conventions sur les mines antipersonnel et sur les armes à sous-munitions et appelé à leur universalisation.

 

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