Assemblée générale: célébration du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille et divergences sur l’acception du mot « famille »
L’Assemblée générale a célébré, ce matin, le vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille au cours d’une séance où une vingtaine d’orateurs ont défendu leur acception du mot « famille ». L’Assemblée a aussi adopté sans vote une résolution* sur la coopération entre l’ONU et le Conseil de l’Europe.
L’Année internationale de la famille a été célébrée en 1994 sur le thème « Famille: ressources et responsabilités dans un monde en mutation » et avec pour slogan « bâtir la plus petite démocratie au cœur de la société ». Aujourd’hui, le Vice-Président de l’Assemblée générale a souligné que les préparatifs du vingtième anniversaire de l’Année internationale se sont focalisés sur trois thèmes majeurs à savoir la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale; l’établissement de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle; et la promotion de l’intégration sociale et de la solidarité intergénérationnelle.
Nous devons faire plus, a dit le Vice-Président, pour encourager des politiques sociales et économiques répondant aux besoins de la famille. Maintenant que le monde s’attèle à la formulation du programme de développement pour l’après-2015, n’oublions pas, a-t-il insisté, le rôle vital de la famille dans nos sociétés d’aujourd’hui et de demain. En effet, une myriade d’objectifs de développement, dont ceux contre la pauvreté et les inégalités, pour l’éducation et la santé, exigent que l’on mette un accent plus prononcé sur la famille, tout en sachant, a précisé le représentant du Brésil, qu’une vision unidimensionnelle de la famille risque d’exclure à jamais de la société des millions de personnes, en les privant de leur citoyenneté et d’un meilleur avenir au XXIe siècle.
Le représentant a argué que si son pays n’avait pas visé toutes les sortes de familles -monoparentale, sans enfant, de même sexe, sans parent- il n’aurait pas réussi à sortir de la pauvreté 36 millions de Brésiliens. Les droits de l’homme sont universels et doivent être universellement promus et protégés, a-t-il souligné, rejoints en cela par ses homologues des États-Unis, de l’Union européenne et de la Norvège pour laquelle « ce qui constitue une famille a évolué et continue d’évoluer ». La représentante norvégienne a appelé à la reconnaissance de la diversité du concept de la famille, y compris quand celle-ci inclut des parents de même sexe. « Nous ne voulons abandonner personne sur le bord de la route », a renchéri son homologue des États-Unis.
Le représentant du Bélarus a rétorqué que « les normes du droit international continuent de reconnaître comme naturelle la famille basée sur le mariage entre un homme et une femme en âge d’être mariés, pour procréer et élever des enfants ». Il a dénoncé ceux qui estiment que cette vision du « caractère sacré » du mariage est démodée et « les tentatives visant à brouiller les points de référence moraux qu’offre traditionnellement la famille », « à redéfinir le rôle de la famille dans la société » et à « tester les limites du possible ».
L’imposition à d’autres des notions d’identité et d’orientation sexuelles a été catégoriquement rejetée par le représentant de l’Égypte. Dans la mesure où mon pays respecte les choix des autres s’agissant de leurs culture, lois et religion, il s’attend à la réciprocité, a taclé le représentant égyptien devant des notions qui « ne sont pas universellement acceptées et qui ne sont reflétées dans aucun instrument international des droits de l’homme ».
Toujours aujourd’hui, l’Assemblée générale a adopté une résolution sur la coopération entre l’ONU et le Conseil de l’Europe dans laquelle elle demande de nouveau que cette coopération soit renforcée en ce qui concerne la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la promotion de la démocratie, de l’état de droit et de la bonne gouvernance à tous les niveaux, sans discrimination d’aucune sorte. Le représentant de l’Union européenne a regretté que la résolution ne contienne pas un paragraphe reflétant l’appel de nombreux pays pour un moratoire sur la peine de mort.
L’Assemblée générale poursuivra ses travaux vendredi 5 décembre pour se prononcer sur les recommandations de sa Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.
CÉLÉBRATION DU VINGTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DE LA FAMILLE
Déclarations
M. MASOOD KHAN (Pakistan), Vice-Président de l’Assemblée générale, a déclaré que l’Année internationale de la famille a aidé à sensibiliser l’opinion publique sur les questions familiales. L’Année a fait connaître les tendances socioéconomiques et démographiques affectant les familles. Elle a aussi stimulé les efforts pour répondre aux défis auxquels font face les familles par des politiques publiques efficaces.
Le suivi des réalisations de l’Année internationale de la famille a recommandé des actions spécifiques pour faire en sorte que la famille soit à la fois participante et bénéficiaire des efforts de développement.
Les résolutions ont reconnu que les familles sont souvent mises au défi de donner un appui économique et émotionnel à leurs membres. Maintenir des connections intergénérationnelles fortes dans un monde de plus en plus mobile et compétitif constitue une autre difficulté pour beaucoup de familles tout comme la lutte pour un équilibre entre travail et engagements familiaux.
Dans ce contexte, les familles ont besoin d’un soutien efficace à travers des politiques publiques et des programmes, ce qui est la responsabilité des gouvernements en partenariat avec la société civile, le secteur privé et les familles elles-mêmes.
Les préparatifs du vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille ont reconnu ces défis et focalisé sur trois thèmes majeurs à savoir la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, l’établissement de l’équilibre entre le travail et la famille et la promotion de l’intégration sociale et la solidarité intergénérationnelle.
L’Assemblée générale a recommandé des actions dans ces trois secteurs et a reconnu que des politiques et programmes visant les familles, comme les envois de fonds, contribuent à la réduction de la pauvreté en général; des politiques d’emploi décent et d’équilibre entre famille et travail sont essentielles non seulement pour le bien-être économique et le développement de l’enfant mais aussi pour l’égalité des sexes; et que des politiques de promotion de soutien et d’échanges intergénérationnels sont essentielles pour rapprocher les générations.
Nous devons faire plus pour encourager des politiques sociales et économiques qui répondent aux besoins des familles, en particulier celles qui sont les plus vulnérables. Nous devons assurer des opportunités aux membres de la famille et les aider à assumer leurs responsabilités sociales tant pour les jeunes que les personnes âgées.
L’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme sont des priorités de cette session de l’Assemblée générale et feront l’objet d’un débat thématique de haut niveau, le 6 mars 2015.
À cet égard, un plus grand effort doit être orienté vers l’implication de tous les membres de la famille dans la lutte pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de la femme. Ces valeurs prennent racine dans le foyer quand les filles et les garçons sont traités sur un pied d’égalité et ont les mêmes chances d’accéder à l’éducation. Éduquer les garçons dans le respect de leur mère et de leur sœur conduit à des sociétés où les femmes sont traitées avec respect non seulement en pratique mais dans la loi.
La campagne « Heforshe » -« Lui pour elle »- qui vient d’être lancée, consacre l’importance de l’implication des hommes dans la lutte pour l’égalité entre les sexes. Cette campagne a en outre renforcé le rôle des garçons et des hommes dans la réalisation de cette égalité. Maintenant que le monde s’attèle à la formulation du programme de développement pour l’après-2015, n’oublions pas, a insisté le Vice-Président, le rôle vital de la famille dans nos sociétés d’aujourd’hui et de demain, car une myriade d’objectifs de développement, dont ceux contre la pauvreté et les inégalités, pour l’éducation et la santé, exigent que l’on mette un accent plus prononcé sur la famille.
Mme CHARLOTTA SCHLYTER, Union européenne, a reconnu le rôle crucial des parents et des familles pour améliorer l’avenir des enfants et des jeunes et pour s’occuper des personnes âgées, de même que leur contribution essentielle au renforcement des sociétés. Un programme transformateur pour l’après-2015 requiert l’engagement des personnes à tous les niveaux de la société, y compris au niveau des familles et des politiques inclusives, a-t-elle ajouté.
À travers l’Union européenne, et dans le monde entier, les familles ont changé et continuent de changer avec le temps, car « la famille est une entité vivante, dynamique », a souligné Mme Schlyter. À cet égard, les États de l’Union européenne estiment qu’il faut continuer de reconnaître cette diversité, comme ce fut le cas lors des diverses conférences des Nations Unies dans les années 90 et lors des processus de suivi.
M. GERGELY PRŐHLE (Hongrie) a jugé essentiel de renforcer les fondations de la famille en vue d’assurer la transmission des valeurs et de préserver le vivre-ensemble. Si certains pays doivent lutter contre la surpopulation, d’autres pays comme les pays européens doivent faire face au vieillissement de leur population, a-t-il dit. Il a indiqué que la Hongrie protégeait l’institution du mariage en tant qu’union d’un homme et d’une femme et la famille en tant que pilier de la nation. « La Hongrie protège le fœtus depuis le moment de la conception », a ajouté le délégué.
Il a affirmé que l’engagement en faveur du mariage et de la famille ne constituait pas un jugement de ceux qui ne partageaient pas cet engagement. « Il ne faut pas avoir peur de revendiquer nos valeurs chrétiennes », a-t-il déclaré, ajoutant que ces valeurs célébraient « la beauté de la vie ». Relevant que les personnes mariées vivaient plus longtemps et en meilleure santé, le délégué de la Hongrie a indiqué que le fait que des mariages se soldent par des échecs et qu’il existe des familles dysfonctionnelles ne sauraient discréditer ces institutions, dont il a souligné, en conclusion, le rôle fondamental.
M. ANAS E. AL SALOOM (Koweït) a déclaré que la communauté internationale a reconnu l’importance des programmes et des politiques familiales parce que la famille est le pivot de la société humaine et la fondation du développement social. Les stratégies pour le bien-être de la famille sont des stratégies pour le bien-être de la société, a insisté le représentant qui a ajouté que la Constitution du Koweït consacre la famille comme la base de la religion, de la société et de l’amour de la patrie. En 2008, une loi a rendu obligatoire les tests prénuptiaux pour protéger les générations futures des maladies. Le Gouvernement envisage désormais la création de tribunaux de la famille au sein desquels travailleront des psychologues. Le Koweït est aussi attaché aux droits de l’enfant et des personnes handicapées et appelle les États Membres à mettre en œuvre des stratégies familiales qui accordent la priorité aux jeunes, aux personnes âgées et aux personnes handicapées.
M. ALEXANDER PANKIN (Fédération de Russie) a déclaré que la famille était l’institution fondamentale de la société et l’instrument de lutte contre l’isolement social et les inégalités. D’après lui, le soutien de la famille fait partie des priorités sociales de l’ONU car elle est liée à ses objectifs d’autonomisation des femmes et d’égalité entre les sexes. L’union des hommes et des femmes est une condition fondamentale de la stabilité de la société, a insisté le représentant. Il a évoqué une résolution récente de l’Assemblée générale sur la protection de la famille, « cellule fondamentale et naturelle de la société », et noté que la dernière Déclaration ministérielle de la Conférence Asie-Pacifique allait en ce sens.
La Fédération de Russie a adopté une série de mesures pour protéger encore plus la famille et améliorer la qualité de vie et les droits des familles dans le processus de développement social. Le pays cherche à protéger les enfants de la pauvreté et des problèmes. Des programmes nationaux prévoient des subventions à partir de la naissance du deuxième enfant, ainsi que des aides en matière de transport et de logement pour les familles nombreuses. « La solidité de la famille traditionnelle est la pierre angulaire d’une société harmonieuse », a-t-il résumé.
Mme ALYA AHMED AL-THANI (Qatar) a souligné la nécessité de fournir une aide aux familles, compte tenu notamment des conséquences de la crise économique. « Il faut élaborer des programmes globaux visant à satisfaire les besoins de tous les membres de la famille et à promouvoir la solidarité intergénérationnelle ». Elle a appelé à la préservation d’un équilibre harmonieux entre le travail et la vie familiale. Il a détaillé les actions de son pays pour aider les familles, mentionnant la Stratégie globale élaborée pour la période allant de 2011 à 2016. Soulignant le rôle fondamental de la famille dans le développement d’une société, elle a indiqué que la famille devait faire partie intégrante du programme de développement pour l’après-2015. La déléguée a insisté sur la position constante de son pays en faveur de la protection de la famille.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a fait observer que « les normes du droit international continuent de reconnaître comme naturelle la famille basée sur le mariage entre un homme et une femme en âge d’être mariés, pour procréer et élever des enfants ». Il a donc dénoncé les gouvernements qui estiment que cette vision du « caractère sacré » du mariage est démodée. La famille, a averti le représentant, est aujourd’hui confrontée à un véritable défi. Il a dénoncé « les tentatives visant à brouiller les points de référence moraux qu’offre traditionnellement la famille » et « à redéfinir le rôle de la famille dans la société ». Selon lui, les progrès réalisés ces dernières décennies en matière de « libération » ont apparemment incité certains gouvernements à « tester les limites du possible » en matière de famille. Il s’est étonné de voir « la permissivité extrême » dans certaines parties du monde « résonner » avec l’aggravation d’une animosité extrême et de la haine dans d’autres parties du monde.
Réitérant le « caractère sacré » de la famille, M. Dapkiunas a appelé tous les États à élever la voix pour défendre les valeurs familiales par l’action et la mobilisation. « Nous devons donner à la famille tout l’appui qu’elle mérite dans nos stratégies politiques et sociales », a-t-il martelé. Dans cet esprit, le renforcement de la famille doit être reconnu comme étant l’un des objectifs clefs du développement durable. Les frontières nationales ne sont pas immunes à « l’influence corruptrice du relativisme en matière de questions familiales », a-t-il conclu.
Tirant les leçons de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a indiqué que la famille devait se voir accorder la plus haute priorité si l’on voulait aboutir à des progrès significatifs dans l’éradication de la pauvreté, la promotion de l’éducation et la réduction de la mortalité infantile et maternelle. Il a encouragé la Commission du développement social à établir un mécanisme adéquat de suivi de la célébration de l’Année internationale des familles afin de guider les politiques familiales au niveau national. Il a détaillé la stratégie de son pays, mentionnant notamment le Plan national d’action pour l’amélioration du statut de la femme pour la période 2006 à 2016 qui vise à renforcer le rôle de la famille dans la société; l’égalité entre les sexes étant un élément. Le délégué a indiqué que l’année dernière, le Président kazakh avait proclamé le « Jour de la famille » en vue de renforcer les traditions familiales.
Mme VALERIE BRUELL-MELCHIOR (Monaco) a déclaré que ce vingtième anniversaire doit être l’occasion de formuler des politiques générales capables d’optimiser le rôle de la famille. La conciliation entre vie professionnelle et vie familiale doit être une priorité, notamment pour assurer l’épanouissement et le bien-être de tous les membres de la famille. À Monaco, le Gouvernement fait en sorte que les femmes bénéficient d’une protection sociale adéquate pour qu’elles puissent mieux concilier vie privée et vie professionnelle, grâce aux congés de maternité, aux allocations familiales, aux horaires flexibles et à l’aménagement du temps de travail.
De manière générale, les services offerts incluent les congés parentaux, les crèches, les garderies et les gardes d’enfants malades à domicile. Ces prestations sont complétées par des allocations à toutes les familles et, en particulier, aux familles à faible revenu, monoparentales, formées de jeunes couples ou encore ayant des besoins spécifiques ou souffrant de handicap. Ces politiques s’étendent également aux personnes âgées qui peuvent bénéficier, selon leurs besoins, d’un soutien médico-social ou d’un accueil temporaire de convalescence après un séjour hospitalier. Pour conserver l’unité familiale, l’accueil des couples est favorisé en résidence de retraite comme le maintien des résidents dont l’état de santé se dégraderait, une stabilité très appréciée par des familles déjà éprouvées.
Pour M. AMR ABOULATTA (Égypte), la famille est l’élément central naturel et fondamental de la société. Il a constaté que, pendant les travaux de la Troisième Commission chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires, certains États Membres avaient tenté d’introduire des notions d’identité et d’orientation sexuelles dans les projets de résolution sur la famille et les enfants, et « de les imposer à d’autres États ».
L’Égypte, a-t-il insisté, s’oppose à ces démarches, car de telles notions ne sont pas universellement acceptées et ne sont reflétées dans aucun instrument international des droits de l’homme. La référence à ces notions est contre-productive et contraire au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, consacré par la Charte des Nations Unies. L’Égypte respecte les droits de l’homme de tous les individus sur son territoire et sans discrimination fondée sur la couleur, l’origine, le sexe, la religion ou l’idéologie, a assuré le représentant. Mais, dans la mesure où elle respecte tout autant les choix des autres États Membres, leurs culture, lois, religion, elle s’attend à la réciprocité. En conclusion, le représentant a demandé aux États Membres « d’abandonner toutes ces notions controversées et d’aborder de façon pratique les questions liées à la famille ».
Mme MARCELA ORDONEZ (Colombie) a affirmé que la famille, « noyau de la société », faisait l’objet d’une protection constitutionnelle en Colombie. Soulignant que la famille sera un acteur clef dans l’application du programme de développement pour l’après-2015, elle a indiqué que ce programme devrait viser à satisfaire les besoins spécifiques des familles, parmi lesquels elle a cité l’accès à un emploi décent et à la santé. La déléguée a souligné la difficulté de parvenir à un consensus sur les questions familiales, dans la mesure où il n’y a pas de modèle familial unique. Elle a souligné la nécessité de prendre en compte l’évolution des sociétés et les multiples formes qu’empruntent désormais les familles, « qu’elles soient composées de parents célibataires, de grands-parents assumant l’éducation des enfants ou de parents de même sexe ». Cette prise en compte permettra de promouvoir les droits de l’homme et de nourrir le programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle conclu.
M. RASHID BAYAT MOKHTARI (Iran) a déclaré que la politique de développement de la famille devrait être incluse dans le programme de développement pour l’après-2015, lequel devrait inciter les États et le système des Nations Unies à prendre en compte le rôle de la famille comme contributeur majeur du développement durable. En Iran, la famille est l’unité fondamentale de la société et le cœur de la croissance et de l’édification de l’être humain. L’article 10 de la Constitution stipule que « puisque la famille est l’unité fondamentale de la société, toutes les lois, règles et programmes pertinents doivent tendre à faciliter la formation de la famille et à sauvegarder son caractère sacré ainsi que la stabilité des relations familiales sur la base de la loi et de l’éthique de l’Islam ».
Conformément à ses valeurs religieuses et culturelles, et à ses obligations internationales, le Gouvernement iranien s’engage, a dit le représentant, à poursuivre ses efforts pour assurer protection et promotion de l’institution « famille ». Après avoir cité quelques mesures, le représentant a estimé qu’au moment où la communauté internationale vit le moment historique de l’élaboration du programme de développement durable pour l’après-2015, l’intégration du renforcement des politiques familiales devient « inévitable, un Must ».
Mme CAROL HAMILTON (États-Unis) a indiqué que la famille jouait clairement un rôle important au sein de la société. Tout en restant fondamentaux, la nature et le rôle de la famille s’adaptent avec le temps. « Le développement social dans le monde exige des familles stables et fortes de tous types », afin notamment de lutter contre la pauvreté et de préserver l’équilibre entre travail et vie privée, a-t-elle ajouté. Les États-Unis considèrent comme familles tous types de familles aimantes dirigées par une mère et un père, par un seul parent, par des parents de même sexe, ou par des grands-parents, ou autres. « L’ONU doit reconnaître les différentes formes que peut prendre une famille », a estimé la représentante. « Dans nos travaux, nous ne voulons laisser personne sur le bord de la route », a-t-elle conclu.
M. MASNI ERIZA (Indonésie) a, citant Confucius, rappelé que la « force d’une nation émane de l’intégrité des familles ». Il a souligné le rôle fondamental des familles pour la réussite des efforts contre l’élimination de la pauvreté et souhaité que ce rôle soit consacré dans le programme de développement pour l’après-2015. « Il est temps d’intégrer la famille en tant qu’unité fondamentale du processus de développement durable », a-t-il affirmé. Le délégué de l’Indonésie a détaillé les efforts de son pays pour la promotion de la famille, mentionnant notamment l’instauration d’un « Jour de la famille » et le soutien particulier apporté aux familles rurales. Se félicitant des différentes manifestations prévues pour le vingtième anniversaire de l’Année internationale de la famille, il a, en conclusion, encouragé les États Membres à redoubler d’efforts afin d’assurer le suivi de cette Année et renforcer la coopération internationale y afférente.
M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré qu’un des défis les plus importants de notre temps est l’augmentation de la pauvreté et des inégalités dans et entre les pays. Ces problèmes dont les racines sont à la fois nationales et internationales est « complexe et multidimensionnel ». Aujourd’hui, les femmes chefs de famille représentent 25% des ménages dans la plupart des pays, a souligné le représentant. Dans ce contexte de pauvreté et d’inégalités, a-t-il poursuivi, le programme de développement pour l’après-2015 offre l’occasion de faire des ajustements et de corriger les priorités pour les décennies à venir. Pendant la dernière décennie, le Brésil a connu une baisse sans précédent des inégalités grâce à un cadre de stabilité économique, à l’accès au crédit, à la promotion du travail décent, à l’expansion des systèmes de protection sociale et à l’investissement dans les capacités humaines.
Le programme le plus connu, « Family Stipend » est précisément centré sur les femmes chefs de familles. Le succès de ce programme démontre que si le Brésil n’avait pas visé toutes les sortes de familles, -monoparentale, sans enfant, de même sexe, sans parent- il aurait été impossible de sortir 36 millions de Brésiliens de la pauvreté et de les emmener vers la classe moyenne. Les mesures n’auraient jamais réussies si le Brésil n’avait pas une vision ouverte de la famille. Tous les individus sont détenteurs de droits et de libertés fondamentales quelle que soit la manière dont leur famille est constituée, a insisté le représentant. L’ONU, s’est-il dit convaincu, peut défendre toutes les personnes qui en ont besoin et reconnaître les vulnérabilités au-delà des différences culturelles et des spécificités nationales. Les droits sont universels et doivent être universellement promus et protégés. Une vision unidimensionnelle de la famille risque d’exclure à jamais de la société des millions de personnes, en les privant de leur citoyenneté et d’un meilleur avenir au XXIe siècle.
Mme ISELINE LARSEN (Norvège) a indiqué que son pays avait travaillé activement pour mettre au point des objectifs de développement durables pour l’après-2015, dans le cadre d’une approche fondée sur les droits de l’homme. Si la famille est une unité fondamentale qui permette de préserver les traditions et la culture au sein des sociétés, « ce qui constitue une famille a évolué et continue d’évoluer ». Aucune famille ne doit faire l’objet de discriminations. Pour la Norvège, il faut continuer de reconnaître la diversité du concept de la famille, y compris quand celle-ci inclue des parents de même sexe.
Après avoir dit qu’il fallait sauvegarder les droits reproductifs de la femme au sein de la famille, la représentante a salué la campagne d’ONU-Femmes pour l’égalité des sexes, qui est une source de richesse pour les familles. Elle a rappelé que les États ont également célébré cette année le vingt-cinquième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant. Les droits de l’enfant et des jeunes doivent être respectés au sein de la famille, notamment en matière de santé et d’éducation. La famille doit être « le lieu le plus sûr pour les enfants », a-t-elle insisté, regrettant qu’un rapport récent du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ait révélé que de nombreux enfants dans le monde étaient victimes de sévices corporels. La Norvège, a-t-elle annoncé, va lancer dans quelques semaines un nouveau plan d’action intitulé « Une bonne enfance dure toute la vie », afin de lutter contre la violence dans les foyers.
Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a espéré que la réunion de ce jour permettra aux États et aux Nations Unies de reconnaître le rôle de la famille dans l’élaboration et la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015. « La famille est l’un de ces biens intangibles dont les sociétés et les États ont besoin », a-t-il dit. Faisant siens les mots du pape François, il a indiqué que la famille était un rempart contre la fragmentation sociale et dans le droit fil du rapport du Secrétaire général, il a dénoncé le fait que la famille fasse rarement l’objet d’initiatives publiques importantes. M. Auza a affirmé que les politiques d’autonomisation de la femme et de promotion des droits de l’enfant aboutiraient à de meilleurs résultats si elles s’inséraient dans une approche intégrée centrée sur la famille. Il a jugé urgent que le programme de développement pour l’après-2015 crée un environnement favorable au renforcement de la famille. « Nous appelons les institutions internationales, les États et les structures de la société civile à promouvoir l’autonomisation de la famille en évitant, comme l’a dit le pape François, les pièges tendus par certains concepts idéologiques. »