En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session
56e séance plénière – matin – après-midi
AG/11588

L’Assemblée célèbre le 25e anniversaire de la Convention sur les droits de l’enfant: « rien ne révèle mieux l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants »

« Rien ne révèle mieux l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants. »  C’est peut-être cette phrase de l’ancien Président Nelson Mandela qui symbolise le mieux le vingt-cinquième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant que l’Assemblée générale a célébré aujourd’hui, en relevant les progrès enregistrés ces dernières années mais en reconnaissant aussi les échecs et l’énormité de la tâche qu’il reste à accomplir.  « Vous avez beaucoup fait pour des enfants mais vous devez faire mieux pour tous les enfants », a lancé Teyise Dlamini, une jeune fille du Swaziland, qui représentait les enfants du monde au cours de cette célébration.

En effet, les progrès sont là: le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a été divisé par deux et dans le monde en développement, 9 enfants sur 10 vont à l’école primaire.  La moins responsable de ces avancées n’est pas la Convention relative aux droits de l’enfant, « le Traité des droits de l’homme le plus rapidement et le plus largement ratifié de l’histoire » qui a stipulé, pour la première fois, que tous les enfants, quels que soient leur sexe, leur ethnie, leur statut économique, leur croyance religieuse ou leur handicap, sont dépositaires de droits innés au même titre que les adultes.

Malgré cela, le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) n’a pas caché les échecs: environ 17 000 enfants de moins de 5 ans meurent aujourd’hui de causes qui peuvent être évitées; 250 millions d’enfants en âge d’être scolarisés ne savent ni lire ni écrire; environ 120 millions de filles d’une vingtaine d’années, soit une fille sur 10, ont été victimes de violence sexuelle; et près de 570 millions d’enfants vivent dans une pauvreté extrême. 

À ce sombre tableau, d’autres touches de noirceur ont été ajoutées par les Représentantes spéciales du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, et sur la violence à l’encontre des enfants.  « Les enfants ont beaucoup de raisons d’être impatients voire en colère », a prévenu la Rapporteuse spéciale sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants.  Elle s’est inquiétée que 25 ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant, il y ait encore des gens qui vendent et achètent des enfants, qui les exploitent et qui s’en servent comme des marchandises, sans compter le fait que le développement des technologies de l’information et des communications a facilité le travail des prédateurs sexuels.

« Chaque jour les droits des enfants sont violés à la maison, à l’école, dans leur environnement social et spécialement dans les sociétés déchirées par la guerre », s’est en effet emportée Teyise Dlamini, la jeune swazie.  « Chaque jour, nous entendons des histoires de violence contre les enfants, et même de violence sexuelle, et dans de nombreux pays, les gens continuent à attribuer cette violence à la culture et aux pratiques traditionnelles. »

La lutte contre la violence contre les filles n’est qu’une face de la pièce parce que les garçons grandissent aussi dans un environnement qui ne leur apprend pas à respecter les femmes.  Nous avons besoin de programmes pour apprendre aux garçons comment se comporter, comment respecter les filles, a-t-elle asséné.

« Investir dans les enfants et les jeunes doit être au centre des discussions sur le financement du programme de développement pour l’après-2015 », a répondu le Président de l’Assemblée générale.  « C’est le moment de renouveler la vision de la Convention.  C’est le moment de porter les enfants et leurs droits au cœur de notre réflexion sur le développement, la paix et la sécurité, en particulier le programme de développement durable pour l’après-2015 », a renchéri le Haut-Commissaire adjoint aux droits de l’homme. 

Dans l’élaboration du futur programme, a voulu la Présidente du Comité des droits de l’enfant, les enfants doivent pouvoir se faire entendre.  Nous devons créer une culture de participation dans toutes les tranches d’âge, en démantelant tous les obstacles à l’accès à l’information, et faire en sorte que notre travail soit conforme à la réalité sur le terrain.  « Rien ne révèle mieux l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants », a conclu la Présidente en citant Nelson Mandela, l’ancien Président sud-africain et  prix Nobel de la paix. 

Après une dizaine de déclarations, l’Assemblée a tenu une table ronde sur le thème « 25 ans après la Convention relative aux droits de l’enfant: le monde est-il meilleur pour les enfants? »

L’Assemblée générale poursuivra demain vendredi, à 10 heures, ses travaux et examinera le rapport du Conseil de sécurité. 

SÉANCE DE HAUT NIVEAU À L’OCCASION DU VINGT-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT

Déclarations

M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que la Convention relative aux droits de l’enfant constitue un document de référence pour la promotion et la protection des enfants dans le monde.  Elle reflète notre engagement collectif à veiller à ce que tous les enfants, dans toutes les sociétés, aient droit à un bon départ dans la vie.

Durant ces 25 dernières années, la Convention a créé de nouvelles perspectives sur la place et le rôle des enfants dans la société et fait figure de base pour de nouvelles législations.  Ses dispositions assurent non seulement des soins spécifiques et de l’assistance aux enfants, elles encouragent aussi leur pleine participation dans leurs communautés et toutes les décisions qui les concernent.

En 2002, l’Assemblée générale avait tenu une session extraordinaire pour examiner les progrès enregistrés depuis le Sommet mondial pour les enfants de 1990 et donner un nouvel élan aux engagements mondiaux.  Les enfants avaient décrit leur vision d’un monde digne: un monde où les droits fondamentaux sont respectés, un monde sans exploitation, sans abus, sans violence, sans guerre ni pauvreté.  Ils avaient parlé d’un monde caractérisé par l’accès à la santé et à l’éducation et par un environnement prospère.

Alors que nous regardons en arrière, nous devons réfléchir: « dans quelle mesure allons-nous faire de cette vision une réalité? »  Nous devrions nous sentir encouragés par l’amélioration significative des conditions de vie des enfants dans le monde, a estimé le Président.  Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) se sont focalisés sur les efforts nationaux et internationaux pour appuyer des initiatives importantes en faveur des enfants.

Par exemple, les taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans ont été divisés par deux grâce aux campagnes de vaccination et l’amélioration de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Davantage d’enfants vont à l’école primaire comme en atteste le taux de 9 sur 10 dans les pays en développement.  L’extrême pauvreté et la faim ont reculé.

Mais d’importantes disparités demeurent, a reconnu le Président.  Les enfants nés dans les familles pauvres, ceux qui vivent dans les pays en conflit ou postconflit ou ceux qui grandissent dans des communautés marginalisées n’ont pas les mêmes chances de réaliser leur plein potentiel. 

Dans de nombreux pays du monde, les filles ont un accès limité à l’éducation et risquent le mariage précoce et forcé.  La malnutrition infantile reste un problème sérieux de même que le travail, le trafic et la prostitution des enfants.

Nous devons continuer d’investir dans les droits de tous les enfants dans le monde sans distinction de sexe ou d’ethnie, de race, de handicap ou de statut économique.  Les enfants sont la base fondamentale de « L’avenir que nous voulons ».  La société a tout à gagner lorsqu’elle renforce leur capacité à mûrir et à devenir des adultes engagés, réactifs et productifs. 

La date butoir pour la réalisation des OMD approche rapidement, a prévenu le Président.  Nous devons maintenant tirer parti du succès engrangé jusqu’ici et veiller à ce que les droits de l’enfant et son bien-être soient pleinement pris en compte dans le programme de développement pour l’après-2015.

Les propositions du Groupe de travail sur la réduction des inégalités, la fin de la violence contre les enfants et la lutte contre la pauvreté donnent une base solide pour aller de l’avant.  Il est aussi important de maintenir une approche holistique et de s’occuper des autres facteurs qui pourraient saper les acquis comme la pauvreté, la violence, les conflits, l’absence de l’état de droit et la mauvaise gouvernance.

Également importante est la nécessité d’assurer la mobilisation des ressources qui seront nécessaires pour mettre en œuvre un programme de développement vraiment transformateur qui mette en avant le bien-être de tous les peuples, en particulier les enfants. 

Investir dans les enfants et les jeunes doit être au centre des discussions sur le financement du programme de développement pour l’après-2015.  Au niveau mondial, ceci devrait se traduire par des partenariats nouveaux et innovants entre les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les institutions financières.

Des engagements financiers fermes, au niveau national, seront tout aussi cruciaux au fur et à mesure que l’économie croît et les demandes d’interventions sociales se diversifient de plus en plus.  Les engagements nationaux en faveur des enfants seront tout aussi importants comme la croissance économique et les demandes pour que des interventions sociales deviennent plus diversifiées.  Les gouvernements doivent assurer que les dividendes de la croissance soient partagés équitablement parmi les groupes et les générations, en se concentrant sur les besoins des plus vulnérables.

Vingt-cinq ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant, nous devons nous demander « est-ce que le monde est un endroit plus favorable aux enfants? » 

M. ANTHONY LAKE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), s’exprimant également au nom du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a posé la question suivante: qu’ont en commun le célèbre auteur de livres pour enfants, docteur Seuss, et la Convention relative aux droits de l’enfant?  « Une personne reste une personne quelle que soit sa taille », a écrit le docteur Seuss.

La santé, l’âme et l’intelligence d’une société se mesurent à l’aune de la façon dont les droits de l’homme de ses plus jeunes et petits citoyens sont reconnus, a déclaré M. Lake.  C’est la raison pour laquelle la Convention a été le Traité des droits de l’homme le plus rapidement et le plus largement ratifié de l’histoire.  Pour la première fois, il y était stipulé que tous les enfants, quels que soient leur sexe, leur ethnie, leur statut économique, leur croyance religieuse ou leur handicap, sont dépositaires de droits innés au même titre que les adultes.

Sans action, les droits consacrés dans la Convention ne restent que lettre morte, a rappelé M. Lake.  Au cours des 25 dernières années, les droits se sont transformés en résultats.  Des millions d’enfants en plus survivent aujourd’hui à leur cinquième anniversaire, sont vaccinés contre la polio et jouissent d’un accès amélioré à l’éducation, l’assainissement, l’eau ou l’alimentation.

« Mais pour des millions d’enfants, la vie n’est pas meilleure », a souligné le Directeur exécutif.  Environ 17 000 enfants de moins de cinq ans meurent aujourd’hui de causes qui peuvent être évitées; 250 millions d’enfants en âge d’être scolarisés ne savent ni lire ni écrire; environ 120 millions de filles d’une vingtaine d’années, soit une fille sur 10, ont été victimes de violence sexuelle; et près de 570 millions d’enfants vivent dans une pauvreté extrême. 

À l’heure actuelle, a déploré M. Lake, les menaces posées aux enfants augmentent.  Ainsi les enfants syriens ont-ils dû fuir loin de leurs maisons.  Non seulement les enfants sont pris dans des conflits brutaux, mais ils voient leurs écoles ciblées et utilisées à des fins militaires.  Ailleurs, des enfants voient leurs amis et leurs proches mourir d’Ebola. 

Face aux crises humanitaires, il ne faut toutefois pas perdre courage, a-t-il déclaré.  Chaque enfant protégé, chaque droit gagné comptent.  « Il est de notre devoir de montrer à chaque enfant le meilleur de l’humanité, soit la coopération et non les conflits, l’humanité et non la haine, la réconciliation et non la vengeance. »

Le message central de la Convention est de préparer les enfants d’aujourd’hui à devenir les adultes et les dirigeants de demain, a conclu M. Lake. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ, Haut-Commissaire adjoint aux droits de l’homme, a posé trois questions: le monde est-il plus sain pour les enfants?  Les enfants sont-ils plus autonomisés qu’en 1989?  Jouissent-ils d’une meilleure santé?  D’après ce que nous voyons dans les médias, il est difficile de voir un changement positif.  Les enfants sont pris dans des conflits armés où ils sont blessés et tués.  Les enfants blessent et tuent d’autres enfants.  Ils sont kidnappés dans les écoles, noyés en mer dans une tentative de fuir un conflit, exploités au travail, leurrés sur Internet pour rejoindre des groupes armés, ou victimes des pédophiles. 

Les filles sont forcées de se marier, empêchées d’aller à l’école et victimes de pratiques nuisibles.  Les enfants sont victimes d’intimidations sur Internet à cause d’un handicap, d’une origine ethnique, d’une orientation sexuelle ou d’une toute autre différence.  Certains se suicident et d’autres se privent de nourriture pour se conformer aux diktats de la beauté. 

Le tableau de l’enfance moderne est sombre, a conclu le Haut-Commissaire adjoint qui s’est aussi attardé sur les « bonnes nouvelles », s’agissant de l’accès à l’éducation et à la santé.  Dans de nombreux pays, il n’est pas interdit de recruter des enfants et grâce aux médias en ligne, les enfants peuvent apprendre, jouer, étudier et socialiser.  Nous n’avons que partiellement exploré une petite fraction des chances que cette technologie offre pour autonomiser les enfants. 

La technologie a conduit à des développements impressionnants depuis l’adoption de la Convention à savoir la réelle reconnaissance du droit des enfants à être entendus et à participer aux décisions qui les concernent.  Les enfants ont trouvé leur voix dont la légitimité est désormais reconnue.  Qu’ils réclament leur droit à l’éducation ou la réforme de leur communauté, les enfants expriment de plus en plus leurs points de vue et prennent plus souvent la direction des mouvements sociaux.  Aujourd’hui si la violence surgit, l’enfant peut plus facilement qu’en 1989, déposer plainte et demander réparation.

Ces développements positifs sont fragiles, a prévenu le Haut-Commissaire adjoint, et les inégalités entre les États et à l’intérieur des États persistent.  Beaucoup restent à faire contre la mortalité infantile car en 2013, 6,3 millions d’enfants mourraient encore avant l’âge de 5 ans.  Avec les technologies et les connaissances disponibles, cette situation est « inexcusable », a tranché le Haut-Commissaire adjoint.  Cessons de croire que la mortalité infantile est inévitable, a-t-il dit, indiquant que son Bureau et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) viennent de publier un guide technique sur les droits de l’homme basé sur une approche de prévention de la mortalité infantile. 

La Convention relative aux droits de l’enfant et le principe selon lequel les enfants ont des droits, ont permis des améliorations concrètes, ces 25 dernières années et le Comité des droits de l’enfant y a joué un rôle moteur.  Aujourd’hui, a poursuivi le Haut-Commissaire adjoint, nous sommes obligés de regarder vers l’avenir.  C’est le moment de renouveler la vision de la Convention.  C’est le moment de porter les enfants et leurs droits au cœur de notre réflexion sur le développement, la paix et la sécurité, en particulier le programme de développement durable pour l’après-2015.  Notre avenir dépend de nos enfants et de notre respect pour leurs droits, a conclu le Haut-Commissaire adjoint. 

Mme LEILA ZERROUGUI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a jugé qu’il est important de jeter un regard rétrospectif sur les accomplissements afin d’améliorer la protection des enfants.  Elle s’est félicitée que la Convention ait inspiré de nombreux changements positifs aux niveaux juridique et politique, ainsi qu’un cadre régissant leurs besoins fondamentaux tels que l’éducation et la santé en tant que droits inaliénables, et non pas un privilège dont seul un petit nombre peut jouir.  Pour autant, la Représentante spéciale a noté que les progrès réalisés en 25 ans demeuraient inégaux, soulignant que les enfants continuent d’être tués, mutilés en période de conflit, et recrutés comme soldats, et privés de l’accès à la santé et à l’éducation. 

Alors que se profile le quinzième anniversaire du Protocole facultatif à la Convention des droits de l’enfant, Mme Zerrougui a insisté sur le fait qu’il offrait une base solide pour la mise en place de cadres juridique, politique et opérationnel aux niveaux national et international.  Elle a ainsi rappelé qu’en vertu de ce Protocole, les États sont tenus d’interdire l’enrôlement obligatoire des moins de 18 ans et de garantir que ceux-ci ne sont pas parties prenantes aux combats.  En conséquence, elle a lancé un appel aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait, à ratifier ce Protocole.

La Représentante spéciale a dit avoir lancé la campagne « Des enfants, pas des soldats », laquelle vise à mettre un terme au recrutement des enfants soldats par les forces armées gouvernementales d’ici à la fin de 2016.  Ce projet, a-t-elle déclaré, a permis d’enregistrer des progrès significatifs avec notamment la signature d’un plan d’action par plusieurs pays, y compris le Yémen, le Soudan du Sud, et le Tchad qui se sont engagés à extirper des rangs de leur armée les enfants.  Elle a assuré que cette ambition était réalisable dans les deux prochaines années à condition de travailler ensemble, en partageant expertises et ressources.

Mme MARTA SANTOS PAIS, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence à l’encontre des enfants, a déclaré que c’est avec une vive émotion qu’elle participe à cette importante session de commémoration.  « J’étais ici, il y a 25 ans, témoin de l’adoption formelle de la Convention, un moment de joie immense qui célébrait le résultat révolutionnaire d’un long processus de négociations auquel j’ai eu le privilège de participer », a-t-elle déclaré.  « Mon mandat m’expose au pire et au meilleur de l’humanité. »  Le pire étant certainement, s’est-elle expliquée, les innombrables enfants exposés à la violence, vendus et exploités ou encore abusés sexuellement.  Toutes les cinq minutes, un enfant meurt de la violence qui lui a été infligée, a-t-elle rappelé.

La Convention reconnait le droit des enfants à vivre à l’abri de toutes les formes de violence.  Cependant, a fait observer la Représentante spéciale, seuls 10% des enfants dans le monde sont protégés par des législations nationales contre la violence, y compris dans les foyers.  Or, à la petite enfance, l’impact de la violence est souvent irréversible et au-delà de cet impact, la violence coûte cher à la société, a prévenu la Représentante spéciale.  Grâce aux nombreux progrès drainés par la Convention, les enfants vivent dans une plus grande sécurité, en meilleure santé et sont plus éduqués.  « Mais ce monde meilleur n’est pas encore suffisant.  Le meilleur moyen d’aller de l’avant est de se mettre autour d’une table avec les enfants. »

Mon mandat m’expose aussi au meilleur de l’humanité, qui vient souvent des enfants eux-mêmes, a confié la Représentante spéciale.  Dans les situations les plus désespérées, les enfants révèlent l’espoir d’un monde meilleur.  En cette année de commémoration du vingt-cinquième anniversaire de la Convention, nous avons une occasion en or de faire un saut qualitatif dans la protection des enfants contre la violence et de mettre la Convention sous les projecteurs.  Placer l’élimination de la violence contre les enfants dans le programme de développement pour l’après-2015 peut aussi nous faire avancer.  Que le bien-être de l’enfant ne soit plus un rêve mais une cause pour chacun d’entre nous, a-t-elle conclu.

Mme KIRSTEN SANDBERG, Président du Comité des droits de l’enfant, a déclaré que novembre 1989 a été une date historique, une première dans la reconnaissance des enfants comme détenteurs de droits, dans un traité international.  Cela a été un tournant dans la lutte contre les graves abus des droits de l’homme commis contre les enfants, non seulement avec des actes de charité mais en plaidant pour un changement systémique, car les enfants avaient des droits qui devaient être respectés.

Depuis, la Convention a permis d’améliorer la vie d’enfants, dans des mesures variables, dans tous les États parties et au-delà.  La situation de la plupart des États a été examinée au moins deux fois par le Comité et ces États ont pris des mesures conformément aux recommandations du Comité, s’est félicitée Mme Sandberg, en appelant toutefois à mettre encore mieux en œuvre ces recommandations. 

Créer « L’avenir que nous voulons » dépendra de la façon dont nous agissons maintenant, a-t-elle dit.  Elle a ajouté que, pour que la Convention sur les droits de l’enfant et ses protocoles facultatifs continuent à apporter de réelles améliorations dans la vie des enfants, la participation de tous, y compris des enfants, est essentielle.  Elle a rappelé à cet égard que le Comité avait organisé, le 24 septembre, un dialogue direct en ligne avec 28 enfants de 14 pays, âgés de 11 à 17 ans, pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire de la Convention.

Le droit des enfants à participer dépasse leur droit à être entendus sur les sujets les concernant, a souligné Mme Sandberg.  « Je parle du droit des enfants à être des agents actifs dans la vie des communautés à tous les niveaux, en famille, à l’école ou dans la communauté au sens large », a dit Mme Sandberg, évoquant la perspective « unique » des enfants, qu’on ne peut pas se permettre d’ignorer.

Faire sentir aux enfants que leurs idées sont immatures ou irréalistes leur fait penser qu’ils ne sont pas les bienvenus et leur donne envie de se désengager, alors qu’ils sont des membres importants de nos sociétés et qu’ils méritent qu’on interagisse avec eux, selon leurs capacités, tout au long de leur enfance et de leur adolescence, a ajouté Mme Sandberg.  C’est cela qui leur permettra d’apporter une contribution positive à la communauté une fois qu’ils seront adultes, a-t-elle souligné.

À titre d’exemple, elle a cité des enfants d’un État dont la situation vient d’être examinée par le Comité, où un service de transport scolaire pour enfants handicapés a été instauré.  Ce service utilisait des bus jaune-vif, différents des autres.  Les enfants n’ont pas tardé à faire savoir que la perception de la différence avec les enfants handicapés avait été involontairement renforcée.  Les enfants, a insisté la Présidente, sont parfaitement capables de suggérer des idées qui, avec le soutien des adultes, peuvent être des solutions efficaces, ce que le Comité a pu constater durant le dialogue en ligne du 24 septembre, a dit Mme Sandberg.

La Présidente a appelé à faire évoluer la Convention avec les enfants et avec les générations qui viendront, pour créer un avenir et un présent qui honorent les normes et les buts fixés il y a 25 ans.  Elle a souligné que dans le programme de développement pour l’après-2015, les enfants doivent se faire entendre et que leur opinion et leurs droits doivent y être reflétés.

Nous devons créer une culture de participation dans toutes les tranches d’âge, en démantelant tous les obstacles à l’accès à l’information, et faire en sorte que notre travail soit conforme à la réalité sur le terrain, a précisé Mme Sandberg, avant de citer Nelson Mandela: « Rien ne révèle mieux l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants ». 

Mme MAUD DE BOER-BUQUICCHIO, Rapporteuse spécial sur la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, a estimé que, 25 ans après l’adoption de la Convention, « les enfants ont beaucoup de raisons d’être impatients et même en colère ».  En 2014, il y a encore des gens qui vendent et achètent des enfants, qui les exploitent et s’en servent comme des marchandises, s’est-elle indignée. 

Plusieurs formes d’exploitation des enfants se sont aggravées depuis 1989.  Le développement des technologies de l’information et des communications a facilité le travail des prédateurs sexuels.  Des millions de documents pédophiles sont en ligne, mettant en scène des dizaines de milliers d’enfants.  En même temps, les victimes sont de plus en plus jeunes et les images de plus en plus graphiques et violentes, a-t-elle constaté.

Par ailleurs, a poursuivi la Rapporteuse spéciale, la prostitution des enfants reste un problème important dans de nombreux pays.  La sexualisation précoce, la dissémination d’images sexualisées d’enfants, la violence et l’influence des pairs en sont des causes profondes.  De même, le tourisme sexuel des enfants a augmenté, du fait du développement de ce secteur, de la quasi-inexistence de mesures préventives et d’une pénalisation inadéquate des délits. 

Par ailleurs, même s’il devient de plus en plus difficile d’adopter illégalement un enfant, la demande a continué d’augmenter, créant les conditions d’un commerce lucratif.  Mme de Boer-Buquicchio a également dénoncé le trafic « abject » des organes qui va chercher des victimes parmi les enfants les plus pauvres et les plus vulnérables.

Aujourd’hui les enfants risquent plus qu’auparavant d’être vendus ou prostitués, a insisté l’experte.  Si la pauvreté, les crises humanitaires, le sous-développement, les inégalités, les normes sociales et les familles brisées ou dysfonctionnelles contribuent à ce phénomène transnational, il y a également une demande accrue de relations sexuelles avec des enfants. 

La Rapporteuse spéciale a toutefois estimé que les principes consacrés par la Convention, s’ils sont respectés, devraient permettre d’améliorer le sort des enfants dans le monde.  À cet égard, les discussions sur le programme de développement pour l’après-2015 offrent l’occasion de faire véritablement progresser la Convention en instituant des indicateurs clairs de progrès.  L’année prochaine, le Protocole facultatif à la Convention concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants célèbrera son quinzième anniversaire, a-t-elle rappelé.

« Vous vous demandez sans doute comment une fille de Mahamba au Swaziland est arrivée jusqu’ici? » a lancé aux délégations Mademoiselle TEYISE DLAMINI, représentante des enfants.  « C’est ma mère et je souhaite à tout le monde d’avoir une mère comme la mienne. »  Ma mère, a-t-elle raconté, est une femme célibataire.  Depuis mes trois ans, elle a été ma mère et mon père, pour moi et mon frère.  C’était un travail pénible mais elle était déterminée à faire en sorte que nous ayons une vie meilleure que la sienne, elle qui avait eu un enfant très jeune et qui avait sacrifié tant de choses.  Ma mère a bâti sa vie autour de notre bien-être.

À la maison, a poursuivi la jeune fille, elle nous a enseigné le respect de soi, du travail et nous a inculqué l’égalité des chances et l’importance de l’école.  Elle m’a encouragée, a-t-elle dit, à être courageuse et à distinguer le bien du mal.  Voir le combat de ma mère pour nous offrir tout ce dont nous avons besoin m’encourage à travailler dur tous les jours.  Aujourd’hui, a-t-elle affirmé, je suis forte, ambitieuse et confiante, et je réaliserai mon rêve de devenir un leader de la société et d’offrir une vie meilleure aux enfants, en particulier les jeunes filles.

Tous les enfants n’ont pas eu accès à l’école.  Toutes les filles n’ont pas pu réaliser leurs droits et tous les enfants ne connaissent même pas ces droits.  Je souhaite que tout le monde ait une mère comme la mienne, a insisté la jeune fille qui a confié que toutes les semaines, à la radio, elle anime un programme d’autonomisation des jeunes qui débat des questions affectant tous les enfants et les jeunes comme le VIH, le mariage précoce et la violence entre les enseignants et les élèves.  J’essaie d’apprendre à mes auditeurs, a-t-elle dit, qu’ils ont le droit de ne pas être frappés à l’école, de ne pas être sexuellement abusés et de ne pas travailler quand ils devraient étudier.

J’ai entendu aujourd’hui de nombreux dirigeants parler des progrès engrangés ces 25 dernières années.  Je fais partie de ces enfants.  J’ai été vaccinée, je suis allée à l’école et mon école a des toilettes mais pas de savons.  J’ai de l’eau potable et un dispensaire à côté.  Je peux parler des questions qui me concernent et être entendue même à l’Assemblée générale des Nations Unies.  C’est cela mon histoire mais elle n’est pas celle de tous les enfants, a prévenu la jeune fille.

Chaque jour, a-t-elle en effet confirmé, les droits des enfants sont violés à la maison, à l’école, dans leur environnement social et spécialement dans les sociétés déchirées par la guerre.  La jeune fille a cité l’exemple du droit à l’éducation et en particulier celui des enfants handicapés.  Nous avons besoin d’installations dans toutes les écoles publiques pour que tous les enfants puissent jouer ensemble, apprendre ensemble, où ils vivront ensemble plus tard.  Alors seulement, nous verrons les talents de chaque enfant éclorent.

Chaque jour, a-t-elle poursuivi, nous entendons dans les médias des histoires de violence contre les enfants, et même de violence sexuelle, et dans de nombreux pays, les gens continuent à attribuer cette violence à la culture et aux pratiques traditionnelles.

Les donateurs, a-t-elle accusé, investissent peu pour prémunir les filles contre la violence.  C’est important mais ce n’est qu’une face de la pièce parce que les garçons grandissent aussi dans un environnement qui ne leur apprend pas à respecter les femmes.  Nous avons besoin de programme pour apprendre aux garçons comment se comporter, comment respecter les filles.

Mon message aujourd’hui, a dit la jeune fille, est que vous avez beaucoup fait pour les enfants mais vous devez faire mieux pour tous les enfants.  Des millions d’enfants crient toujours au secours 25 ans après l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Maintenant que vous regardez vers les 25 prochaines années et le programme de développement pour l’après-2015, vous avez entre vos mains l’occasion de faire en sorte que les enfants réalisent leurs rêves dans un monde prospère et pacifique.  Notre monde doit avoir pour fondation des enfants en bonne santé, vivant dans la sécurité et éduqués.  Il doit se fonder sur des filles autonomisées, enregistrées à la naissance, inscrites à l’école, inspirées par des mentors et prospères dans leur rôle de leader.

J’espère, a conclu la jeune fille, que vous entamerez cette nouvelle ère en nous écoutant, nous et pas la version des adultes de ce qu’ils pensent que nous sommes.  Les décisions qui concernent les enfants et les jeunes doivent commencer avec des débats avec ces enfants et ces jeunes.

Je veux que vous vous souvenez de cela quand vous parlez avec vos gouvernements sur les lois, les politiques et les programmes pour les jeunes et les enfants.  Et spécialement lorsque quelqu’un vous dit « Ahhhh, mais nous ne pouvons pas permettre cela! »  Ainsi, vous pouvez répondre et leur dire ce que Teyise vous a dit: « Bantfwana bangumliba loya embili », ce qui signifie « les enfants sont l’avenir ».

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. JIDDOU JIDDOU (Mauritanie) a noté que des avancées remarquables avaient été obtenues pour les enfants africains depuis 10 ans comme en témoignent le déclin de la mortalité des enfants de moins de 5 ans, une meilleure scolarisation et un meilleur accès à l’eau potable et à l’hygiène publique dans tout le continent.  Mais, a-t-il reconnu, c’est encore en Afrique que le taux de mortalité des moins de 5 ans est le plus élevé au monde puisque la moitié des 6,6 millions de morts à cet âge intervient sur le continent.  Plus de la moitié des enfants non scolarisés en Afrique tout comme le tiers des enfants souffrant d’un retard de croissance et les 3,1 millions de moins de 15 ans sont infectés par le VIH.

Les enfants africains doivent donc impérativement demeurer une priorité et bénéficier de davantage d’attention et d’investissements, a dit M. Jiddou.  Il faut s’attaquer aux causes et symptômes des abus, des négligences, de l’exploitation et de la violence à l’encontre des enfants, a-t-il dit.

Nous reconnaissons les changements remarquables mais il reste encore beaucoup à faire dans de nombreux pays africains qui font face à la pauvreté, à l’instabilité politique, aux crises économiques et financières, aux changements climatiques et au manque de financement, autant d’obstacles qui compliquent la tâche de répondre aux besoins des enfants, notamment handicapés.

Dans les conflits armés, a poursuivi le représentant, les enfants sont particulièrement vulnérables, en tant que réfugiés, témoins de la violence, orphelins ou non scolarisés.  Dans ce contexte, le Groupe africain salue la campagne « Des enfants pas des soldats », qui vise à mettre un terme et à prévenir l’enrôlement des enfants dans les forces gouvernementales.  Plus généralement le Groupe africain loue l’UNICEF et promet de rester engagé à ses côtés.  L’Afrique peut être à la hauteur de sa réputation mais, a prévenu le représentant, les ressources sont la clef de l’excellence et l’UNICEF n’aura jamais assez de ressources pour appliquer des stratégies globales dans le monde entier.

M. Jiddou s’est aussi dit inquiet que les écoles et les hôpitaux soient parfois des cibles militaires.  C’est très grave car les enfants se voient privés de leurs droits fondamentaux à l’éducation et à la santé, s’est-il indigné.  Il a appelé la communauté internationale à continuer à se coordonner pour mettre un terme à toutes les formes de violence contre les enfants et assurer leur bien-être, leur accès à la santé et à l’éducation.

De leur côté, les États africains se sont déclarés déterminés à prendre les mesures et initiatives qui s’imposent pour garantir la protection et l’épanouissement de tous les enfants.  Les chefs d’État et de gouvernement africains ont adopté une position commune en 2001, au Caire en Égypte, et en 2007, un exercice d’examen qui a permis de constater qu’il faut encore fournir un travail important, d’où l’appel à une action accélérée pour l’avènement d’une Afrique favorable aux enfants, lancé en 2008.

À l’échelle du continent, la question du mariage précoce est une source d’inquiétude et les États s’y attaquent individuellement et collectivement.  Le Groupe des États d’Afrique estime que le mariage précoce ne fait qu’aggraver les problèmes d’accès à la santé et à l’éducation, les violences sexistes, les abus, l’exploitation, la malnutrition et le manque de perspective d’avenir.

Les enfants d’Afrique sont toujours vulnérables en raison de plusieurs facteurs, comme les conflits, les inégalités, le chômage, le VIH/sida, Ebola, la pauvreté, la faim, l’analphabétisme, la mauvaise qualité de l’éducation, les crises économiques et financières, les changements climatiques, l’accès limité à l’information et les discriminations.  C’est pourquoi il est indispensable de faire avancer les droits de l’enfant afin de lui permettre d’exploiter pleinement ses capacités, a-t-il dit.

Au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, M. MASOOD KHAN (Pakistan) a commencé par féliciter Malala Yousafzai et Kailash, lauréats du prix Nobel de la Paix 2014 pour leur contribution extraordinaire à la promotion et à la protection des droits de l’enfant.  Il a fait remarquer que ces droits sont au cœur du processus en cours sur le programme de développement pour l’après-2015.  Il reste beaucoup de chemin à parcourir pour protéger pleinement les droits de l’enfant, a reconnu M. Khan.  Aujourd’hui, près de 57 millions d’enfants ne vont toujours pas à l’école primaire et 69 millions d’entre eux ne sont pas inscrits au secondaire.  Près de 700 millions d’enfants vivent dans une pauvreté extrême et environ 168 millions d’entre eux travaillent.  De plus, les enfants représentent plus de la moitié de la population totale des réfugiés.  Des millions d’entre eux sont pris dans des conflits et deviennent victimes d’abus sexuels.  

Les États d’Asie et du Pacifique estiment qu’il faut redoubler d’efforts pour relever les défis pendant ces 15 prochaines années.  Les priorités doivent être l’élimination de la pauvreté, la promotion de l’éducation et de la santé, et le développement holistique des enfants.  À cette fin, la prochaine Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement devrait prêter une attention particulière aux ressources nécessaires au bien-être des enfants.  

Au nom du Groupe des États d’Europe orientale, M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a estimé que les lacunes dans la mise en œuvre de la Convention et les autres défis mondiaux exigent un engagement plus fort en faveur de la protection et de l’autonomisation des enfants.  Nous devons nous efforcer d’élever les normes des soins de santé donnés aux enfants.  La violence contre eux demeure aussi un défi majeur.  Nous devons faire plus pour traiter des causes de cette violence, en particulier dans les situations de conflit.  Les enfants handicapés sont particulièrement vulnérables à la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion, a poursuivi le représentant. 

L’éducation, a dit à son tour le représentant, est importante pour l’autonomisation des enfants.  Beaucoup a été fait mais les inégalités généralisées dans lesquelles vivent les enfants les plus pauvres et les plus vulnérables est une barrière énorme à la réalisation de leur plein potentiel.  Le représentant a salué l’UNICEF et a réitéré le ferme engagement de son Groupe en faveur de la promotion des droits de l’enfant.  Nous devons viser un programme de développement pour l’après-2015 ambitieux et fondé sur les droits, ce qui est fondamental pour faire en sorte que les enfants se sentent en sécurité et aient la chance de réaliser leurs droits.  Nous devons continuer à mettre en œuvre les instruments existants et trouver des moyens novateurs de faire avancer les droits des plus marginalisés.  « Efforçons nous d’être à la hauteur des attentes de ceux qui forgeront notre avenir demain », a conclu le représentant.

Au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC) M. FERNANDO CARRERA CASTRO (Guatemala) s’est félicité de l’entrée en vigueur, le 14 avril dernier, du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant établissant une procédure de présentation de communications.  Même si la région a enregistré des progrès importants, elle doit encore impérativement aider les enfants vivant dans une pauvreté extrême et réduire les inégalités en matière d’accès à la santé et à l’éducation et dans d’autres domaines essentiels.  Ces questions, a poursuivi le représentant, devront être inscrites dans le programme de développement pour l’après-2015, sans oublier les enfants handicapés, autochtones, d’ascendance africaine et migrants.

Rappelant que sa région est composée essentiellement de pays à revenu intermédiaire, le représentant a fait remarquer que les crises économiques et politiques, les catastrophes naturelles, la violence, le crime organisé et le trafic de stupéfiants affectent les groupes les plus vulnérables de la population.  Il a donc dit accorder la plus grande importance à la coopération internationale, y compris les efforts entrepris dans le cadre des Nations Unies et de l’UNICEF en particulier, pour appuyer les politiques nationales.  À cet égard, il a insisté sur la participation des communautés et des enfants marginalisés et à risque et sur la sensibilisation de l’opinion publique au sort des enfants. 

Au nom du Groupe des pays d’Europe occidentale et autres, M. HEIKO THOMS, (Allemagne), a exprimé sa satisfaction devant les progrès accomplis en 25 ans.

Il a salué l’action du Comité des droits de l’enfant et des titulaires de mandat pour leur travail inlassable, ainsi que l’UNICEF et toutes les autres institutions onusiennes.

La Convention est une vision de notre monde qui ne peut expirer dans le temps, une vision selon laquelle les enfants pourront vivre en exploitant au mieux leur potentiel sans violence ni discrimination, a souligné M. Thoms.

Mais, a-t-il reconnu, il y a encore beaucoup de difficultés à relever: d’ici à la fin de cette session, environ 3 500 enfants seront morts, pour la plupart, de causes totalement évitables; toutes les 10 minutes une adolescente est tuée; 11% des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans; le travail des enfants est trop répandu; beaucoup d’enfants ne reçoivent pas d’éducation formelle et 230 millions d’enfants n’ont jamais eu de certificat de naissance.

Dans ce contexte, il est particulièrement pertinent que le prix Nobel de la Paix ait été octroyé à deux défenseurs des droits de l’enfant cette année, dont un enfant, a dit M. Thoms.  Ce prix souligne que la société civile joue un rôle essentiel.  Quand les États œuvrent de concert avec la société civile, ils peuvent engranger des succès pour les enfants.

Les nouvelles technologies et les approches novatrices du développement offriront aux enfants un monde meilleur, a-t-il ajouté, et en s’appuyant sur l’expertise et le savoir-faire ainsi que la culture de tous, nous pourrons arriver à mettre durablement en œuvre la Convention sur les droits de l’enfant.  C’est de cette façon que nous pourrons protéger les générations futures, promouvoir leurs droits et créer des sociétés prospères, a conclu le représentant.

Table ronde sur le thème: « 25 ans après la Convention relative aux droits de l’enfant: le monde est-il meilleur pour les enfants? »

La Reine Silvia de Suède, coprésidente de la table ronde, a rappelé que le premier Congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des enfants s’était tenu en 1996 à Stockholm.  La Reine a créé, il y a 15 ans, une fondation pour relever ces défis, et a lancé, récemment avec le Roi, une plateforme mondiale pour l’enfance.  Il faut mettre les enfants au cœur du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle dit, et les prendre en compte à la prochaine Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  La Reine a dit avoir remis, il y a deux semaines, le Prix mondial de l’enfance à Malala Yousafzai, colauréate du prix Nobel de la Paix 2014.  Elle a d’ailleurs cité Malala: « Un enseignant, un livre, un crayon: voilà les outils qui permettent à chacun de nous de changer le monde ».

L’autre coprésidente de la table ronde, Mme Laura Vargas Carillo, Directrice du Système national pour le développement intégral de la famille du Mexique, a noté que la Convention relative aux droits de l’enfant était « à la croisée des chemins ».  D’après elle, il faut évaluer ensemble les progrès réalisés grâce à ce traité « révolutionnaire » et prendre la mesure des défis qu’il reste à relever.  Investir dans les enfants est un moyen d’éradiquer la pauvreté et de garantir un développement durable, a-t-elle ajouté, en préconisant de se doter d’un projet ambitieux et réaliste, doté des ressources.  Les cibles liées aux droits des enfants doivent rester prioritaires.

La Modératrice Mme Jaysa Jalbout, du Centre pour l’éducation de la Brookings Institution, a introduit quatre panélistes.

Le Liban est le premier pays où des enfants et des jeunes ont exprimé leur opinion dans des rapports officiels, a indiqué Ehab Monzer, un jeune membre du Conseil libanais pour l’enfance, qui milite notamment pour leur participation dans les sphères politiques et qui lutte contre la discrimination.  Bertha Condori Sinani, jeune fille ayant grandi au sein d’une famille nombreuse pauvre, a évoqué son action au sein du Mouvement ATD Quart Monde en Bolivie.  M. Thomas Chandy, représentant de Save the Children en Inde, a salué la réduction de la mortalité infantile en Inde, grâce notamment aux soins prénataux développés à domicile et à d’autres initiatives innovantes.

La Fondation du secteur privé en Ouganda, représentée par son Directeur, M. Gideon Badagawa, s’est élevé contre le travail des enfants et a exigé des plantations de cannes à sucre qu’elles renoncent à recruter des enfants et qu’elles creusent des puits pour donner aux enfants en bas âge l’opportunité de passer plus de temps avec leurs mères.  Pour inciter le secteur privé à investir davantage dans l’éducation des enfants, sa Fondation a engagé un partenariat avec le Gouvernement, l’UNICEF et l’organisation Save the Children

La Convention relative aux droits de l’enfant est le Traité le plus ratifié au monde, a rappelé le Premier Ministre de la Suède, M. Stafan Lofven.  Ce qui n’empêche pas que seuls 9% des enfants du monde disposent d’une protection juridique contre la violence domestique.  Ayant lui-même grandi dans un orphelinat, il a évoqué les enfants enrôlés dans les forces armées, ceux qui travaillent ou sont victimes de trafic, il a parlé de « vérités scandaleuses ».  « Trop d’enfants mènent des vies qui leurs interdisent de sourire. »  D’après lui, il faut faire des progrès durables dans l’éducation, « l’arme la plus efficace dans la lutte contre la pauvreté ».

En tant que Ministre de la famille et de la jeunesse de l’Autriche, Mme Sophie Karmasin, a noté avec fierté que les châtiments corporels sont interdits dans la législation de son pays.

La Première Dame de la Pologne, Mme Anna Komorowska, constatant que dans certains endroits du monde, les droits des enfants sont gravement et systématiquement bafoués, a lancé un « cri de protestation contre les abus » et proposé de créer « un porte-parole mondial » pour les défendre.  Mme Aynur Sofiyeva, Directrice adjointe du Comité national pour la famille, les femmes et les enfants de l’Azerbaïdjan, lui a emboîté le pas en évoquant la stratégie de la famille de son pays et défendu l’intégration des droits des enfants dans les programmes de développement de sa région.

Ensuite, Mme Laurence Rossignol, Secrétaire d’État à la famille et aux personnes âgées de la France, a indiqué que la France est déterminée à faire progresser les droits de l’enfant « pour elle-même et pour les autres nations ».  Elle a résumé son approche en citant la philosophe Hannah Arendt: « Protéger l’enfant du monde tout en lui en donnant l’accès ».  Aucun grand défi ne sera relevé en ignorant le respect des droits de l’enfant, a-t-elle ajouté en se prononçant pour une éducation « sans violence et sans humiliation ».

Un jeune représentant de l’Iraq a vu sa jeunesse s’envoler quand son père a été assassiné sous ses yeux.  Il a évoqué les souffrances de son peuple et sa soif de paix.  Comme tous les enfants, « nous voulons que l’avenir soit beau ».  À l’inverse, une jeune fille représentant l’Arabie saoudite a reconnu que les enfants de son pays étaient très protégés.  L’éducation joue un rôle essentiel dans l’épanouissement de l’enfant, a renchéri le représentant du Qatar, qui a affirmé que l’enfant qatari avait une « vie digne ».  Pour le représentant de SOS Enfants du Bénin, il faut se montrer à la hauteur des défis que représentent la croissance démographique et les changements climatiques. 

« Pourquoi tous les États Membres n’ont-ils pas ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant? » a demandé la représentante de New Future, ONG de Harlem à New York, et Ambassadrice de bonne volonté pour l’Afrique.  Son homologue de World Vision a salué le lancement, par l’UNICEF ce matin, du programme « Imagine ».

La représentante du Mexique a souligné que son pays présentait cette année à l’Assemblée générale une initiative pour lutter contre le harcèlement des enfants.  Après elle, Mme Maria Estela Ortiz Rojas, Secrétaire exécutive du Conseil national de l’enfance du Chili, a cité en exemple les systèmes d’éducation universelle, de protection sociale et de santé, y compris de la petite enfance de son pays.  Pour un développement humain de qualité, il faut investir dans les jeunes et les enfants, a-t-elle dit, rejointe en cela par le représentant de l’Union européenne qui a mis l’accent sur le droit à l’éducation. 

Se référant au débat « très polarisé » qui a eu lieu hier à la Troisième Commission sur la résolution annuelle concernant les droits de l’enfant, le représentant des Philippines a souhaité que les pays revoient les réserves qu’ils ont émises à la Convention.  Il a souligné que le typhon Haiyan avait affecté 5,9 millions d’enfants philippins en 2013.

Deux jeunes coordonnateurs du Comité sur les droits de l’enfant de la Turquie ont noté que des enfants déplacés de Syrie avaient trouvé refuge dans leur pays.  Aux Maldives, ce sont les changements climatiques qui sont la principale menace pour l’avenir des enfants, a dit une jeune représentante de ce pays.

La Colombie a introduit un mandat constitutionnel stipulant que les droits de l’enfant priment sur tous les autres droits, a précisé sa représentante, en insistant sur le fait qu’il ne faut pas impliquer les enfants dans les conflits armés.  À ce sujet, son homologue du Congo a déploré que trop d’enfants dans le monde sont « battus, humiliés, spoliés, utilisés comme esclaves sexuels ou comme boucliers dans les conflits ».  Quant au représentant de la République de Corée, il a dit qu’il fallait « rompre le cercle vicieux » de la pauvreté dans les pays en développement.  À leur tour, les organisations australienne et américaine Forum Endeavor et Planned international ont défendu les droits de l’enfant.  

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