L’Assemblée générale lance la Décennie internationale des populations d’ascendance africaine et discute de la revitalisation de ses travaux
L’Assemblée générale a décidé ce matin de lancer officiellement la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine allant du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2024. L’Assemblée a aussi parlé aujourd’hui de la revitalisation de ses travaux et pourvu les sièges vacants de plusieurs organes subsidiaires.
L’Assemblée a donc adopté sans vote la résolution intitulée « Programme d’activités relatives à la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine* ».
Elle a ainsi décidé de nommer le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Coordonnateur de la Décennie, « en collaboration et en concertation étroites » avec les personnes concernées.
Les États devront prendre des mesures concrètes et pratiques pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance auxquels font face les personnes d’ascendance africaine, en tenant compte de la situation particulière des femmes, des filles et des jeunes hommes, grâce à une série d’activités décrites dans le programme annexé à la résolution.
À sa soixante-huitième session, l’Assemblée avait déjà décidé que cette Décennie aurait pour thème « Personnes d’ascendance africaine: considération, justice et développement ».
« La Décennie peut nous aider à abattre le mur des stéréotypes et des stigmatismes qui trop souvent entrave les personnes d’ascendance africaine », a déclaré le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kahamba Kutesa de l’Ouganda.
C’est le Brésil qui compte la plus grande population d’ascendance africaine en dehors de l’Afrique, a fait remarquer son représentant, estimant que cette population à plus de 100 millions de personnes. « Plus de 300 ans d’esclavage ont laissé des traces visibles dans la société », a-t-il reconnu.
Le 6 novembre dernier, la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a informé l’Assemblée que les activités de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine nécessiteront une ponction d’un million de dollars sur le Fonds de réserve pour 2014-2015.
Préoccupé par ces incidences financières, le délégué de l’Union européenne a souhaité que le Programme d’activités soit mené « de façon responsable ».
Ses homologues d’Israël et du Canada se sont dissociés des références à la Déclaration et au Programme d’action de Durban qui figurent dans le préambule de la résolution car la Conférence qui a donné lieu à ces textes « a dégénéré », « s’est politisée » et a fait « la promotion de l’antisémitisme », selon les mots du représentant canadien.
L’Assemblée générale s’est aussi penchée ce matin sur la question de la revitalisation de ses travaux. Son Président a souligné que le Groupe de travail spécial créé en septembre dernier s’est efforcé d’explorer de nouvelles façons d’amplifier la voix et l’impact de l’Assemblée, conformément à son mandat et aux réalités du monde actuel.
Le Mouvement des pays non alignés, a averti le représentant de l’Algérie, s’opposera à toute approche cherchant à saper ou à minimiser les réalisations de l’Assemblée, à diminuer son rôle actuel ou remettre en question sa pertinence et sa crédibilité.
Le processus de sélection et de nomination du Secrétaire général de l’ONU a inspiré les commentaires de plusieurs intervenants, dont le Cambodge, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui ont souhaité une participation plus active de l’Assemblée.
Toujours soucieux des contraintes budgétaires, le délégué de l’Union européenne a estimé qu’il fallait « dépenser plus sagement ». Il a recommandé, tout comme les représentants de la Fédération de Russie et des États-Unis, d’examiner plus souvent les points à l’ordre du jour sur une base biennale ou triennale, de les recouper, voire de les éliminer.
Enfin, l’Assemblée générale a procédé à une série de nominations au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), au Comité des contributions, au Comité des placements, à la Commission de la fonction publique internationale et au Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit.
L’Assemblée tiendra une Réunion de haut niveau le jeudi 20 novembre à 10 heures pour célébrer le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant. À 15 heures, elle examinera la situation en Afghanistan.
ADOPTION DE LA RÉSOLUTION SUR LE PROGRAMME D’ACTIVITÉS RELATIVES À LA DÉCENNIE INTERNATIONALE DES PERSONNES D’ASCENDANCE AFRICAINE (A/69/L.3)
Explications de position
Le représentant du Brésil a rappelé que son pays compte la plus grande population d’ascendance africaine en dehors de l’Afrique, estimant cette population à plus de 100 millions de personnes. Plus de 300 ans d’esclavage ont laissé des traces visibles dans la société, a-t-il dit, indiquant que les Brésiliens d’ascendance africaine vivent toujours à la périphérie des grands centres, disposent de revenus plus faibles, alors, selon les statistiques, leurs enfants sont plus vulnérables à la violence. La promotion de l’égalité raciale au Brésil vise à préserver la moitié de la population nationale des conséquences de siècles d’esclavage. Le représentant a précisé que le Brésil a mis en place des programmes de discrimination positive visant à éliminer l’extrême pauvreté, tels que les transferts de fonds, la fourniture de nourritures et autres biens ou encore la fixation d’un salaire minimum.
« Sur les 10 dernières années, le Brésil a enregistré des progrès, puisque 36 millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté, créant une classe moyenne dont 75% est d’ascendance africaine, alors qu’en 2002 les Africains-Brésiliens ne représentaient que 38% de la classe moyenne. En conclusion, le représentant a espéré que le programme relatif à la Décennie internationale sera l’occasion de promouvoir le riche héritage culturel des peuples d’ascendance africaine.
Au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Italie s’est dite convaincue du bien-fondé de la lutte internationale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Ce n’est qu’à travers le dialogue entre tous les États que la Décennie internationale connaîtra le succès, la volonté politique étant essentielle à cet égard. Toutefois, a souligné la représentante, les incidences financières de la résolution sont une source de préoccupation importante et c’est pour cette raison que l’Union européenne souhaite que le Programme d’activités soit mené « de façon responsable » sous la houlette du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Le représentant d’Israël a reconnu que la résolution contient des éléments importants mais s’est dissocié des références à la Déclaration et au Programme d’action de Durban. Il y a 13 ans, a-t-il rappelé, « la majorité des pays étaient demeurés silencieux alors que la Conférence de Durban devenait la plateforme du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance contre le peuple d’Israël ».
À son tour, le représentant du Canada s’est opposé aux références faites à la Déclaration et au Programme d’action de Durban, adoptés à l’issue d’une Conférence qui « a dégénéré », qui « s’est politisée » et qui a fait « la promotion de l’antisémitisme ».
APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ONU ET REVITABLISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Déclarations
M. SADRI BOUKADOUM (Algérie), au nom du Mouvement des pays non-alignés, a souligné que la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale est plus un processus politique qu’une question de procédure qui a pour objectif de renforcer le rôle de l’Assemblée générale en tant qu’instance principale de prise de décisions et qu’organe le plus représentatif aux Nations Unies. Le processus doit être conduit de manière transparente, inclusive et efficace.
Le Mouvement des pays non alignés, a averti le représentant, s’opposera à toute approche cherchant à saper ou à minimiser les réalisations de l’Assemblée générale, à diminuer son rôle actuel ou remettre en question sa pertinence et sa crédibilité. C’est la volonté politique qui est la clef de la mise en œuvre effective des résolutions de l’Assemblée générale, a insisté le représentant.
M. Boukadoum a, une nouvelle fois, exprimé la préoccupation de son Mouvement face aux tentatives répétées du Conseil de sécurité d’empiéter les pouvoirs et les prérogatives de l’Assemblée générale. L’Article 24 de la Charte, a-t-il insisté, ne donne au Conseil aucune compétence dans les questions examinées par l’Assemblée et le Conseil économique et social (ECOSOC). Par ailleurs, a fait observer le représentant, nous attendons toujours les rapports spécifiques que l’Assemblée a demandés au Conseil.
Convaincu que les activités du Comité spécial de la Charte contribueront à l’ensemble du processus de revitalisation de l’Assemblée, le représentant a appuyé les deux propositions de ce dernier de créer un groupe de travail à composition non limitée pour étudier la bonne application de la Charte s’agissant des relations fonctionnelles entre les organes de l’ONU et de rédiger un document de travail sur le renforcement du rôle de l’Organisation et l’amélioration de son efficacité.
M. Boukadoum n’a pas manqué de soulever la question de la sélection et de la nomination du Secrétaire général de l’ONU. Au nom de son Mouvement, il a souligné la nécessité d’une participation plus active, plus effective et plus efficace de l’Assemblée générale au processus, conformément à la Charte, au Règlement intérieur et aux six résolutions pertinentes. Le Mouvement juge d’ailleurs important que ces résolutions soient appliquées à la nomination du prochain Secrétaire général. Le Mouvement demande donc l’organisation en temps voulu d’auditions et de réunions de l’Assemblée avec les candidats et encourage le Président de l’Assemblée générale à jouer un rôle proactif dans ce processus.
Le Mouvement souligne, à cet égard, l’importance d’assurer l’efficacité du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, y compris le raffermissement de sa mémoire institutionnelle. Un effort particulier devrait être fait pour mettre en œuvre les résolutions existantes et pour identifier les voies et moyens de poursuivre progressivement et avec détermination cet objectif. Si les prérogatives du Président de l’Assemblée n’ont pas changé, son rôle et ses activités ont évolué au fil des ans. Le Président doit s’adapter aux activités, conférences et initiatives croissantes de l’Assemblée, assumer des fonctions protocolaires, représenter l’Assemblée dans le monde et rendre plus connu et plus visible le travail de l’Assemblée. Ces activités énormes et en constante augmentation exigent des ressources humaines et financières, a insisté le représentant. Le Mouvement rappelle que la résolution 68/307 de l’Assemblée demande au Secrétaire général de soumettre des propositions dans le cadre du projet de budget 2016-2017.
M. GERTON VAN DEN AKKER, Union européenne, a souhaité que l’Assemblée générale, seul organe intergouvernemental universel, parvienne à « concilier légitimité et efficacité dans un contexte de défis mondiaux émergents ». En même temps, a-t-il réitéré, il est impératif de prendre des mesures concrètes, à tous les niveaux, pour « dépenser plus sagement » et « garantir la pérennité de l’ONU sans dépasser les limites budgétaires fixées ». Cette remarque vaut pour toutes les activités des Nations Unies, qu’il s’agisse du maintien de la paix ou de construction, a-t-il insisté. Il faut trouver des façons novatrices et créatives de travailler pour mieux remplir les mandats et utiliser les ressources de façon judicieuse.
Le processus de revitalisation de l’Assemblée générale a déjà produit des résultats positifs, a reconnu M. Den Akker. Il a mentionné les débats thématiques qui facilitent des discussions plus fouillées sur des questions d’actualité intéressant l’ensemble de la communauté internationale. Il a apprécié le caractère interactif de ces débats qui permet d’engager avec l’Assemblée les organisations internationales et régionales et d’autres groupes en dehors du système des Nations Unies. L’Union européenne invite d’ailleurs le Président de l’Assemblée à envisager avec les États Membres la possibilité d’un dialogue avec une plus vaste gamme de parties prenantes.
Le délégué a salué la pratique des séances d’information officieuses régulières organisées par le Secrétaire général sur ses priorités, ses voyages et ses activités les plus récentes. Pour ce qui est de la relation entre l’Assemblée générale et les autres organes de l’ONU, l’Union européenne considère qu’améliorer la transparence et la coopération demeure un objectif important. Les États devraient avoir des informations sur les réunions organisées entre les Présidents de l’Assemblée, du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et des organes subsidiaires.
Enfin, sur les méthodes de travail, M. Den Akker a rappelé qu’il fallait rationnaliser l’ordre du jour de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC pour éliminer les doublons et promouvoir la complémentarité. Il s’est dit d’avis qu’il serait bon de penser à examiner plus souvent les points à l’ordre du jour sur une base biennale ou triennale, de les recouper ou de les éliminer, tout en introduisant une « clause de rendez-vous » avec l’accord précis des États concernés.
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. RY TUY, (Cambodge) a tout d’abord déploré que l’ASEAN s’exprime après l’Union européenne, ce qui n’est pas conforme au protocole. Il a ensuite salué l’adoption de la résolution 68/307 sur l’importance et les bénéfices de la coopération entre l’Assemblée et les fora régionaux et internationaux. « L’année 2015 sera spéciale non seulement pour l’ONU mais aussi pour l’ASEAN qui célébrera sa création. »
Le représentant s’est félicité de la décision de l’Assemblée d’organiser les élections des membres non permanents du Conseil de sécurité et des membres du Conseil économique et social six mois avant qu’ils ne prennent leurs fonctions. « Nous espérons que les membres élus, en particulier les pays en développement petits et moyens, disposeront ainsi de plus de temps pour se préparer à leurs nouvelles responsabilités. »
En ce qui concerne la sélection et la nomination du Secrétaire général, il a accueilli favorablement l’appel d’un certain nombre d’États Membres en faveur d’une amélioration de la transparence, via par exemple un échange de vues sur les personnalités en lice, sans que l’on ait à modifier la Charte. « Nous espérons que le Groupe de travail ad hoc se mettra d’accord sur des mesures concrètes pendant cette session, ce qui nous mettrait dans les temps pour la sélection du prochain Secrétaire général. » M. Tuy a aussi espéré que le Président de l’Assemblée générale jouera un rôle actif dans ce processus.
Il a appelé de ses vœux le renforcement de la mémoire institutionnelle du Cabinet du Bureau du Président de l’Assemblée. Notant que la dotation budgétaire de ce Cabinet est restée la même depuis 1998, soit 300 000 dollars, hormis quelques ajustements en raison de l’inflation, il a indiqué que le Président, peu importe son pays d’origine, ne devrait pas être entravé par des considérations financières dans la conduite de ses éminentes fonctions.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) a jugé que l’Assemblée générale, malgré la perception d’une certaine inaction, travaillait avec diligence à la réalisation de ses tâches. Son leadership sur les objectifs tels que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) témoigne de sa vitalité normative et de sa créativité. Le représentant a relevé que le Groupe de travail sur la revitalisation avait réussi à avancer de six mois les élections des membres du Conseil de sécurité et de l’ECOSOC.
« Au lieu d’un discours centré sur les contradictions, nous devrions mettre l’accent sur les priorités pour promouvoir un ordre du jour commun », a fait valoir le représentant. Il a souhaité que l’Assemblée laisse une empreinte indélébile sur la paix et la sécurité. Il a souligné le rôle essentiel qu’elle peut jouer dans l’élaboration d’un nouvel ordre du jour sur le développement durable pour promouvoir l’égalité et stimuler la croissance économique dans le monde, « ce qui la placerait au centre du processus de prise de décisions et renforcerait sa structure ».
Pour sa part, le Conseil de sécurité, lorsqu’il examine des questions thématiques telles que les changements climatiques, la violence sexuelle ou les femmes et les enfants dans les conflits armés, devrait travailler en partenariat étroit avec les fora intergouvernementaux, a estimé le représentant. De même, la cohérence entre les deux organes doit être améliorée, notamment en rendant plus substantielles les réunions mensuelles entre leur Président. Il faut aussi permettre à l’Assemblée de contribuer aux travaux du Conseil de sécurité.
La réforme du Conseil de sécurité est une occasion historique pour l’Assemblée générale, a insisté le représentant. « Cette fois ci, nous ne pouvons pas nous tromper dans le processus de réforme », a-t-il dit, en proposant à l’Assemblée de se concentrer sur les questions d’une meilleure représentation et du droit de veto. Le Pakistan s’oppose à la création de nouveaux sièges permanents au Conseil et estime que la réforme du Conseil de sécurité doit refléter les aspirations et les intérêts de chacun, et pas seulement de quelques-uns. « Des mesures appropriées doivent être prises pour éviter une mise en œuvre sélective des résolutions, que ce soit par dessein ou par défaut », a conclu par ailleurs le représentant.
M. HIROSHI MINAMI (Japon) s’est tout d’abord félicité de l’avancement des élections des membres non permanents du Conseil de sécurité et des membres du Conseil économique et social, ce qui devrait permettre de répondre aux légitimes préoccupations des membres nouvellement élus. Jugeant crucial de renforcer l’équité au sein du système des Nations Unies, il a rappelé que la liste des orateurs durant la semaine du débat général devait être plus fidèle à la réalité. « Des pays comme le mien, où le Chef de l’État a un rôle honorifique et le Chef de Gouvernement assume le pouvoir politique, doivent être pris en tant que tels. » Il a marqué son appréciation que l’Assemblée générale, cette année, ait, dans une certaine mesure, considéré cet argument.
Rappelant l’importance de se conformer à la discipline s’agissant du temps de parole, M. Minami a dit sa grande appréciation que le Président Kutesa commence chaque réunion à l’heure. Le délégué a souhaité une rationalisation des travaux de l’Assemblée, indiquant qu’il y avait à ce titre encore un long chemin à parcourir. « Des sessions à une heure avancée de la nuit sont devenues plus fréquentes dans certaines Commissions », a-t-il relevé, en espérant que cette situation sera résolue le plus rapidement possible. Conscient des contraintes budgétaires auxquelles l’ONU fait face, il a appelé les États Membres à appuyer les activités du Président autant que possible.
M. ASOKE MUKERJI (Inde) a déclaré qu’il était essentiel d’examiner les questions liées à la tendance à empiéter sur les mandats de l’Assemblée générale et à la transformation du Conseil de sécurité en un organe plus réactif. Il s’est particulièrement dit préoccupé par le fait que le Conseil continue de se pencher sur des questions qui relèvent traditionnellement de la compétence de l’Assemblée générale, sapant le rôle et l’autorité de cette dernière. L’équilibre entre les principaux organes des Nations Unies, tel que consacré par la Charte, doit être respecté et maintenu, a insisté le représentant.
Il a ajouté que l’Assemblée générale, qui est la voix de la communauté internationale, doit avoir son mot à dire dans la sélection du Secrétaire général de l’ONU. Des efforts pour mettre en place une procédure plus inclusive et transparente pour cette sélection doivent être entrepris sans retard. M. Mukerji a aussi demandé que l’Assemblée générale et les autres entités du système de l’ONU reflètent les meilleures pratiques dans leur fonctionnement quotidien. Ceci exige l’examen de la manière avec laquelle l’Assemblée générale travaille, y compris les élections à la Cour internationale de Justice (CIJ) qui viennent juste de se terminer.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a appuyé les initiatives « réalistes » qui visent à augmenter l’efficacité et à organiser de façon harmonieuse les travaux de l’Assemblée générale. Évoquant l’ordre du jour « surchargé » de l’Assemblée, il a proposé d’examiner certains points sur une base biennale ou triennale et d’effacer ceux qui ne sont plus d’actualité. Il a également proposé de limiter le nombre de manifestations de haut niveau qui se tiennent en marge du débat général. Toute réforme doit se baser sur le respect du partage des prérogatives entre les principaux organes de l’ONU, comme le prévoit la Charte, a ajouté le représentant. Il a souhaité qu’une étude soit menée sur le besoin de renforcer la mémoire institutionnelle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale.
M. AMR ELHAMAMY (Égypte) a souligné le besoin d’une Assemblée générale forte, afin que ce « Parlement des nations » puisse jouer un rôle de tout premier plan dans la gouvernance mondiale. Il a jugé que le principal obstacle à la revitalisation des travaux de l’Assemblée est l’empiètement continu et sans précédent du Conseil de sécurité sur les prérogatives de cette dernière. « Le Conseil essaye constamment de redéfinir son domaine de compétence en interprétant toujours plus largement les questions constituant une menace à la paix et à la sécurité internationales, y compris des questions déjà soumises à l’attention de l’Assemblée et de l’ECOSOC. » Il a invité le Groupe de travail ad hoc à identifier les zones de chevauchement entre ces deux organes.
Le délégué a ensuite réitéré la nécessité pour le Cabinet du Président de l’Assemblée générale de disposer de ressources financières adéquates tirées du budget ordinaire de l’ONU, et ce, afin que tous les États Membres aient les mêmes chances d’assumer avec succès la Présidence de l’Assemblée. Il a expliqué que les contributions volontaires constituent un mode de financement « imprévisible, erratique et préjudiciable » à la mémoire institutionnelle du Cabinet. En ce qui concerne la sélection du prochain Secrétaire général, il a invité le Président de l’Assemblée à y jouer un rôle actif. « Ce processus de sélection doit être transparent et ouvert à tous les États Membres au stade précoce de l’identification des candidats », a-t-il conclu.
Membre du Groupe de travail ad hoc, M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a déclaré que ce Groupe ne peut pas tout faire. Il garde toute son importance mais la revitalisation de l’Assemblée est « fondamentalement » un processus politique qui exige une grande volonté politique de la part de tous et une mise en œuvre « sincère » des résolutions existantes sur ladite revitalisation. La résolution A/68/307 adoptée par consensus le 10 septembre dernier reflète, a dit le représentant, la disposition des États d’aller de l’avant dans la réforme de l’Assemblée générale et de soutenir son fonctionnement en tant qu’organe principal des Nations Unies. Pour le représentant, l’Assemblée générale doit affirmer son rôle légitime dans la paix et la sécurité. Il s’est dit préoccupé par les empiètements du Conseil de sécurité dans les questions qui relèvent traditionnellement de l’Assemblée générale dont tous les Membres doivent faire entendre leur voix sur les questions relatives à la paix et la sécurité internationales.
M. RAJA ZAIB SHAH (Malaisie) a exprimé sa préoccupation face à la faible mise en œuvre de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale qui a handicapé cette dernière et a sapé son efficacité. Nous devons dès lors envisager de nouvelles délibérations sur l’idée d’adopter tous les deux ans ou tous les trois ans seulement certaines des résolutions, ce qui pourrait améliorer le travail et promouvoir un meilleur ordre du jour. Le représentant a appelé ceux qui sont favorables à cette idée de donner l’exemple. L’augmentation des points à l’ordre du jour conduit à l’augmentation des activités du Président de l’Assemblée générale. À cet égard, le représentant a souligné la nécessité d’allouer des ressources au Cabinet du Président, avant de toucher, à son tour, à la question de la transparence dans la sélection et la nomination du Secrétaire général. Le représentant a appelé à la mise en œuvre des résolutions pertinentes sur cette question.
M. OSCAR LEÓN GONZÁLEZ (Cuba) a déclaré que le but du processus de revitalisation devait être de restaurer et de consolider le rôle central de l’Assemblée générale en tant qu’organe principal de délibération, d’adoption des politiques et de représentativité, tel que défini par la Charte de l’ONU. Il a défendu la liberté des États d’y aborder les questions qui les intéressent. Pour restaurer la confiance de la communauté internationale et la crédibilité de l’Assemblée vis-à-vis de l’opinion publique, il faut revitaliser « le seul organe où il n’y a pas de lutte hégémonique, où tous ont la même voix et le même droit de vote, et où le droit de veto obsolète n’existe pas ».
D’après le représentant, le problème principal de l’Assemblée tient au fait que ses nombreuses résolutions ne sont pas appliquées. Soulignant ensuite la nécessité de trouver un équilibre entre les organes principaux des Nations Unies, il a dénoncé la propension croissante du Conseil de sécurité à aborder des thèmes qui relèvent de la compétence de l’Assemblée. Il a demandé au Conseil de respecter strictement le mandat que lui confèrent la Charte et les résolutions de l’Assemblée. La revitalisation de l’Assemblée ne peut pas être un « processus bureaucratique », a ajouté M. Rodriguez, car il s’agit d’une « question politique ».
Mme CAROL HAMILTON (États-Unis) a rappelé l’importance unique de l’Assemblée générale dans le monde d’aujourd’hui, laquelle doit néanmoins renforcer la transparence de ses travaux, rationaliser son ordre du jour et améliorer ses méthodes de travail. Elle a en particulier demandé la suppression des questions « caduques » du programme de travail afin que l’Assemblée puisse consacrer plus de temps aux questions pressantes et d’actualité. Elle a estimé que les questions de la sélection du Secrétaire général ou de la dotation budgétaire du Cabinet du Bureau du Président ne devraient pas être la priorité du Groupe de travail spécial. La question de la sélection du Secrétaire général a déjà été traitée et l’équilibre entre le Conseil et l’Assemblée est clairement défini par l’article 97 de la Charte, a estimé la représentante.
M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a indiqué qu’améliorer les pratiques et les méthodes de travail des grandes Commissions, renforcer le rôle du Cabinet du Président de l’Assemblée générale, le doter d’une structure permanente afin de préserver la mémoire institutionnelle de l’Assemblée, lui permettre de s’acquitter efficacement des fonctions qui lui sont confiées, consolider son rôle et son autorité et rationaliser davantage l’ordre du jour de l’Assemblée générale sont autant d’objectifs stratégiques sur lesquels il importe de continuer à travailler.
La concrétisation de ces objectifs permettra de faire du principal organe délibérant, un organe fort, crédible, efficace et capable d’être à la hauteur des nouveaux défis du XXIe siècle et de contribuer à l’édification d’un monde pacifique, plus prospère et plus juste, a poursuivi le représentant. Ce chantier doit être mené dans le respect des dispositions de la Charte et de l’équilibre établi notamment entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité afin de préserver une relation harmonieuse entre ces deux principaux organes et éviter les interférences et les empiètements, a-t-il continué.
M. Laassel a ajouté que cet effort de revitalisation devra être accompagné par la recherche de moyens à même de rendre plus efficace le travail des différents organes subsidiaires de l’Assemblée générale et notamment les Grandes Commissions. « Nous ne devrions pas perdre de vue qu’à travers la revitalisation de l’Assemblée générale et la réforme du Conseil de sécurité, la communauté internationale ambitionne de rétablir et de renforcer la confiance dans le multilatéralisme et par là dans les Nations Unies, comme cadre adéquat pour assurer une prise en charge inclusive et équitable des intérêts et des aspirations légitimes de l’ensemble des États Membres », a-t-il estimé.
Mme NOUR ZARROUK (Tunisie) a considéré que la revitalisation de l’Assemblée générale était l’un des piliers de la réforme globale des Nations Unies dont elle est le principal organe délibérant. Elle a rappelé son rôle dans la codification du droit international et estimé que le renforcement de l’Assemblée passe par le traitement des points d’intérêt commun et qu’il se doit d’accompagner les défis émergents. L’Assemblée doit continuer à organiser des discussions thématiques et accorder une attention suffisante à leur suivi.
Si la Charte de l’ONU attribue la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales au Conseil de sécurité, la Tunisie pense, a dit la représentante, que cette responsabilité « n’est pas exclusive ». Elle a, à son tour, souhaité une amélioration substantielle du contenu des rapports annuels du Conseil de sécurité. Elle a insisté sur l’importance des rencontres périodiques entre les Présidents des organes principaux. Concernant les méthodes de travail, elle a noté que de nombreuses mesures ont été prises mais elle a proposé d’approfondir la discussion concernant certaines recommandations, notamment la rédaction de résolutions plus courtes et plus pragmatiques, l’échange des meilleures pratiques ou la planification des réunions de haut niveau. Enfin, elle a insisté sur l’importance d’améliorer l’élection des directeurs exécutifs au sein du système des Nations Unies, en tenant compte du principe de la répartition géographique équitable.
M. WANG MIN (Chine) a déclaré qu’une situation internationale qui change constamment nécessite une réponse unie de la communauté internationale représentée par l’Assemblée générale. À cet égard, les États Membres en général et les pays en développement en particulier espèrent que l’Assemblée améliore son fonctionnement, rationalise ses travaux et fait du développement une priorité. La session actuelle doit se concentrer sur le programme de développement pour l’après-2015. L’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social devraient améliorer la division de travail. Le représentant a aussi noté les résultats obtenus par l’Assemblée générale dans l’amélioration de ses méthodes de travail avant d’exprimer son appui aux appels en faveur d’une plus grande dotation financière au Cabinet du Président de l’Assemblée générale.
M. ILYA ADAMOV (Bélarus) a jugé important que chaque État, « petit comme grand », puisse donner son avis par voie de vote sur la sélection du prochain Secrétaire général. Il s’est félicité que l’ONU veille à l’équilibre entre les genres dans le recrutement de son personnel, avant de s’étonner que cet équilibre n’ait jamais été reflété dans le choix des différents Secrétaires généraux. « Il est temps qu’une femme occupe le plus haut poste de l’ONU », a-t-il conclu.
M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), au nom de son pays et de la Namibie, a tout d’abord remercié le Président de l’Assemblée générale pour l’avoir nommé, aux côtés de l’Ambassadeur de Namibie, coprésident du Groupe de travail spécial sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale. « Je prends note de ce qui a été dit aujourd’hui afin de guider nos futurs travaux ». Il a indiqué qu’il ne partait pas « de rien, bien au contraire », citant notamment la résolution 68/307 adoptée le 10 septembre dernier. « Nous nous tenons à la disposition des États Membres pour des consultations, des échanges de vues et l’exploration de nouvelles idées dans les mois qui viennent. »
Nominations aux organes subsidiaires
L’Assemblée générale a nommé MM. Pavel Chernikov (Fédération de Russie), Ali Ali Kurer (Lybie), Dietrich Lingenthal (Allemagne), Fernando de Oliveira Sena (Brésil) et David Traystman (États-Unis) au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).
Elle a nommé les personnalités suivantes membres du Comité des contributions pour un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2015: MM. Fu Daopeng (Chine), Kunal Khatri (Royaume-Uni), Nikolay Lozinskiy (Fédération de Russie), Henrique da Silveira Sardinha Pinto (Brésil), Thomas Sclesinger (Autriche) et Dae-Jong Yoo (République de Corée). De plus, elle a nommé M. Mohamed Elshakshuki (Libye) membre de ce Comité pour un mandat prenant immédiatement effet et s’achevant le 31 décembre 2016.
Au Comité des placements, l’Assemblée a confirmé le renouvellement, par le Secrétaire général, des mandats de MM. Masakazu Arikawa (Japon), Madhav Dhar (Inde), Nemir Kirdar (Iraq), Michael Klein (États-Unis) et Ivan Pictet (Suisse), ainsi que la transformation du mandat de membre ad hoc de M. Gumersindo Oliveros (Espagne) en mandat de membre ordinaire pour une durée d’un an à compter du 1er janvier prochain.
Les personnes suivantes ont été nommées membres de la Commission de la fonction publique internationale pour un mandat de quatre ans à compter du 1er janvier 2015: Mme Marie-Françoise Bechtel (France), M. Emmanuel Oti Boateng (Ghana), Mme Carleen Gardner (Jamaïque), M. Kingston Papie Rhodes (Sierra Leone), qui a aussi été nommé Président de la Commision, et M. Eugeniusz Wyzner (Pologne).
L’Assemblée a ensuite nommé MM. Christopher Mihm (États-Unis) et Richard Quartei Quartey (Ghana) membres du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit pour un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2015.
Enfin, s’agissant de la nomination de membres du Corps commun d’inspection, le Président a rappelé que l’Assemblée devra, au cours de la présente session, pourvoir les sièges vacants à l’expiration en décembre 2015 des mandats des inspecteurs suivants: MM. Cihan Terzi (Turquie), Gérard Biraud (France), Papa Louis Fall (Sénégal) et Istvan Posta (Hongrie). Le Président a informé l’Assemblée que le représentant de la Mauritanie, en tant que Président du Groupe africain pour le mois de novembre, avait demandé le report de l’élection du candidat au siège alloué aux États africains. Il a toutefois annoncé que le Groupe des États d’Europe orientale avait choisi la Roumanie, et le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, le Canada et l’Allemagne. Il appartient maintenant à ces pays de présenter leurs candidats.
Après avoir procédé aux consultations appropriées avec son homologue du Conseil économique et social (ECOSOC) et avec le Secrétaire général, en sa capacité de Président du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, le Président de l’Assemblée présentera la liste des candidats au Corps commun d’inspection pour un mandat de cinq ans à compter du 1er janvier 2016. Cet organe subsidiaire de l’ONU comprend 11 inspecteurs au total.